Titre : Les Belles images
Éditeur : A. Fayard (Paris)
Date d'édition : 1928-08-09
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb327110547
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 09 août 1928 09 août 1928
Description : 1928/08/09 (N1247). 1928/08/09 (N1247).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k961545c
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-55958
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 09/04/2013
N° 1247 — 25 e Année
35 CENTIMES
t FAYARD et C'*, Editeurs
18 et 20
me dn Sï-Bothard, P1BIS (H*)
Chèque postal 388-84
Martino Casaleone, du pays do Caprimonte, en Corse,
était un propriétaire aise, âpre au travail comme au
profit, et passionné de la terre. Un chagrin le minait :
Bon fils avait quitté la maison. Celui-ci, Pietro, était parti
en 1902 pour accomplir son service militaire en France.
Il avait vite conquis du grade et, lorsqu’il venait en
permission, le père était le premier à s'en montrer fier
quand ils parcouraient le village.
...l’accueil que lui fit Martino qui s’en crut délivré. Hélas !
là-dessus Lena avoua à son père qu’elle avait approuvé
la demande du pêcheur, qu’ils B’étaient « promis » depuis
longtemps, et qu’elle n’aurait pas d’autre époux. Le père
crut suffoquer de colère et, dans son emportement, il
maltraita sa fille. Puis il envoya dire à ce Battesti assez
osé, que s’il avait l’audace de revenir, il serait reçu à
coups de fusil. Le prétendant aussi brutalement éconduit
ne se tint pas pour battu et, soit...
...était un fort mauvais sujet, de la race des vieux cor
saires. Pêcheur, il ne l’était que pour la façade, se livrant
en réalité au trafic de la contrebande. Avide, autoritaire,
violent, surtout quand il avait bu, il voua aux Casaleone
une haine sans merci aucune de sa déception de voir sa
femme déshéritée par l’intraitable paysan. Celui-ci, on
pense bien, avait rompu toute relation avec sa fille.
L’infortuné Maddalena, en butte aux brutalités de son
mari, encore...
...tant que vivrait ce scélérat de Scopa. Or, voici qu’un
jour, Martino reçut une lettre de son fils lui annonçant
la mort de sa femme. Pietro, passé dans la gendarmerie,
allait faire sa demande pour la Corse, afin de se rappro
cher du vieux père à qui il comptait confier son fils,
Julien, âgé de dix-sept ans, lequel, robuste et travail
leur, annonçait, lui, un vrai enfant de la terre. Et 6i
bon, si intelligent ! Cette nouvelle inespérée réjouit le
vieillard : il...
9 Août 1928
35 CENTIMES
ABONNEMENTS:
France : Un an... 17.50
— Six mois 9.50
Etranger: Un an. 30fr.
Chèque postal 888-84
Mais, son temps fini, le sergent Casaleone, au lieu de
s’en revenir au pays, s’était rengagé dans la Garde Répu
blicaine. Puis il avait épousé une Parisienne. Tous deux
étaient venus à Caprimonte et la jeune femme s’était
montrée gracieuse, mais un peu distante et effarée, comme
si elle avait échoué parmi des sauvages. Et on ne les avait
plus revus, car Madame ne pouvait souffrir la Corse.
Depuis, le père Casaleone se rongeait...
«.arrogance, soit qu’il ne crût point à ces menaces, il
revint rôder autour de la ferme Casaleone, qui se trouvait
à quelque distance du village, sur les premières pentes
delà montagne. Martino, à l’affût, le vit et, comme il
l’avait dit, H déchargea son fusil vers le provocateur
retranché parmi les oliviers. Il le manqua et, dans son
dépit, retourna sa fureur contre sa fille qui, accourue au
bruit, voulait le désarmer. Dès lors la vie ne fut plus
supportable...
...de la défection de son fils. H lui restait bien une fille,
Maddalena, qui l’entourait de soins et que, dans sa
rudesse paysanne, il chérissait autant que Pietro. Aussi
B’était-il juré qu’elle n’épouserait qu’un cultivateur. Or,
voici qu’un jour ce futun pêcheur, Battesti Scopa, qui vint
demander La main de Léna; lequel Battesti, encore,
était pauvre — ce qui était déjà fâcheux -— et sans
réputation — ce qui était plus grave. On comprend... /
...pour la pauvre Léna que son père tenait presque
séquestrée. Un beau jour, devenue majeure, elle réussit
à s’enfuir de la maison paternelle pour aller se réfugier
secrètement chez une parente de Battesti qui habitait
un village voisin et d’où elle envoya à son père les
a sommations respectueuses » la dispensant du consente
ment de celui-ci a son mariage, qui eut lieu peu après,
pour le malheur de la pauvre égarée. Ce Battesti, véri
tablement,...
...qu’elle ne pût en soupçonner toute la noirceur, ne tarda
pas à regretter cruellement son mariage. Par bonheur,
une fille lui naquit et elle ne vécut plus que pour sa
délicieuse petite Feliza. Quinze années passèrent, pesant
lourdement sur le père Casaleone, usé par ses chagrins
domestiques et par le dur labeur auquel, toujours aussi
âprement, il s’astreignait. Plus que jamais le bonhomme,
vieilli, déplorait l’absence de Bon fils.
...avait à peine connu la défunte et lui avait toujours
imputé l’abandon de son fils. Peu après arrivèrent Pietro
et Julien. Ce dernier était un beau garçon, à la pbysior
nomie honnête et franche, qui conquit aussitôt le grand-
père. Pietro avait été nommé brigadier à Borgozzo,
chef-lieu du canton dont Caprimonte faisait partie, et
situé à quelque 15 kilomètres, sur la mer. Julien ne
demandait qu’à s’initier au plus vite aux travaux
des champs...
Il connaissait les amères désillusions de Léna, et se
disait, non sans remords, qu’avec moins r de rigueur il
aurait pu la préserver de ce Battesti et la conserver auprès
de lui, épouse de quelque brave laboureur. Parfois, si
peu qu’iT allât au village, il lui arrivait d’entrevoir la
petite Féliza, et son cœur d’aïeul s’émouvait. Mais Bon
dépit toujours vif, sa honte d’avoir pour gendre un
homme publiquement décrié, étouffaient en lui tout
Gentiment de pitié...
...qui avaient toujours été l’objet de ses aspirations ata
viques. Le vieux Martino se sentait rajeuni devant cette
juvénile ardeur et, en rien de temps, Julien devint
un agriculteur accompli. Il savait, pour en avoir maintes
fois entendu parler par son père, car l’aïeul n’en soufflait
mot, qu’il avait une tante au village, mariée contre le
gré des siens, et, par déférence pour son grand-père, il
ne fit rien pour se rapprocher de cette parente exclue de
la famille. (Voir la suite page 2.) •
35 CENTIMES
t FAYARD et C'*, Editeurs
18 et 20
me dn Sï-Bothard, P1BIS (H*)
Chèque postal 388-84
Martino Casaleone, du pays do Caprimonte, en Corse,
était un propriétaire aise, âpre au travail comme au
profit, et passionné de la terre. Un chagrin le minait :
Bon fils avait quitté la maison. Celui-ci, Pietro, était parti
en 1902 pour accomplir son service militaire en France.
Il avait vite conquis du grade et, lorsqu’il venait en
permission, le père était le premier à s'en montrer fier
quand ils parcouraient le village.
...l’accueil que lui fit Martino qui s’en crut délivré. Hélas !
là-dessus Lena avoua à son père qu’elle avait approuvé
la demande du pêcheur, qu’ils B’étaient « promis » depuis
longtemps, et qu’elle n’aurait pas d’autre époux. Le père
crut suffoquer de colère et, dans son emportement, il
maltraita sa fille. Puis il envoya dire à ce Battesti assez
osé, que s’il avait l’audace de revenir, il serait reçu à
coups de fusil. Le prétendant aussi brutalement éconduit
ne se tint pas pour battu et, soit...
...était un fort mauvais sujet, de la race des vieux cor
saires. Pêcheur, il ne l’était que pour la façade, se livrant
en réalité au trafic de la contrebande. Avide, autoritaire,
violent, surtout quand il avait bu, il voua aux Casaleone
une haine sans merci aucune de sa déception de voir sa
femme déshéritée par l’intraitable paysan. Celui-ci, on
pense bien, avait rompu toute relation avec sa fille.
L’infortuné Maddalena, en butte aux brutalités de son
mari, encore...
...tant que vivrait ce scélérat de Scopa. Or, voici qu’un
jour, Martino reçut une lettre de son fils lui annonçant
la mort de sa femme. Pietro, passé dans la gendarmerie,
allait faire sa demande pour la Corse, afin de se rappro
cher du vieux père à qui il comptait confier son fils,
Julien, âgé de dix-sept ans, lequel, robuste et travail
leur, annonçait, lui, un vrai enfant de la terre. Et 6i
bon, si intelligent ! Cette nouvelle inespérée réjouit le
vieillard : il...
9 Août 1928
35 CENTIMES
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France : Un an... 17.50
— Six mois 9.50
Etranger: Un an. 30fr.
Chèque postal 888-84
Mais, son temps fini, le sergent Casaleone, au lieu de
s’en revenir au pays, s’était rengagé dans la Garde Répu
blicaine. Puis il avait épousé une Parisienne. Tous deux
étaient venus à Caprimonte et la jeune femme s’était
montrée gracieuse, mais un peu distante et effarée, comme
si elle avait échoué parmi des sauvages. Et on ne les avait
plus revus, car Madame ne pouvait souffrir la Corse.
Depuis, le père Casaleone se rongeait...
«.arrogance, soit qu’il ne crût point à ces menaces, il
revint rôder autour de la ferme Casaleone, qui se trouvait
à quelque distance du village, sur les premières pentes
delà montagne. Martino, à l’affût, le vit et, comme il
l’avait dit, H déchargea son fusil vers le provocateur
retranché parmi les oliviers. Il le manqua et, dans son
dépit, retourna sa fureur contre sa fille qui, accourue au
bruit, voulait le désarmer. Dès lors la vie ne fut plus
supportable...
...de la défection de son fils. H lui restait bien une fille,
Maddalena, qui l’entourait de soins et que, dans sa
rudesse paysanne, il chérissait autant que Pietro. Aussi
B’était-il juré qu’elle n’épouserait qu’un cultivateur. Or,
voici qu’un jour ce futun pêcheur, Battesti Scopa, qui vint
demander La main de Léna; lequel Battesti, encore,
était pauvre — ce qui était déjà fâcheux -— et sans
réputation — ce qui était plus grave. On comprend... /
...pour la pauvre Léna que son père tenait presque
séquestrée. Un beau jour, devenue majeure, elle réussit
à s’enfuir de la maison paternelle pour aller se réfugier
secrètement chez une parente de Battesti qui habitait
un village voisin et d’où elle envoya à son père les
a sommations respectueuses » la dispensant du consente
ment de celui-ci a son mariage, qui eut lieu peu après,
pour le malheur de la pauvre égarée. Ce Battesti, véri
tablement,...
...qu’elle ne pût en soupçonner toute la noirceur, ne tarda
pas à regretter cruellement son mariage. Par bonheur,
une fille lui naquit et elle ne vécut plus que pour sa
délicieuse petite Feliza. Quinze années passèrent, pesant
lourdement sur le père Casaleone, usé par ses chagrins
domestiques et par le dur labeur auquel, toujours aussi
âprement, il s’astreignait. Plus que jamais le bonhomme,
vieilli, déplorait l’absence de Bon fils.
...avait à peine connu la défunte et lui avait toujours
imputé l’abandon de son fils. Peu après arrivèrent Pietro
et Julien. Ce dernier était un beau garçon, à la pbysior
nomie honnête et franche, qui conquit aussitôt le grand-
père. Pietro avait été nommé brigadier à Borgozzo,
chef-lieu du canton dont Caprimonte faisait partie, et
situé à quelque 15 kilomètres, sur la mer. Julien ne
demandait qu’à s’initier au plus vite aux travaux
des champs...
Il connaissait les amères désillusions de Léna, et se
disait, non sans remords, qu’avec moins r de rigueur il
aurait pu la préserver de ce Battesti et la conserver auprès
de lui, épouse de quelque brave laboureur. Parfois, si
peu qu’iT allât au village, il lui arrivait d’entrevoir la
petite Féliza, et son cœur d’aïeul s’émouvait. Mais Bon
dépit toujours vif, sa honte d’avoir pour gendre un
homme publiquement décrié, étouffaient en lui tout
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...qui avaient toujours été l’objet de ses aspirations ata
viques. Le vieux Martino se sentait rajeuni devant cette
juvénile ardeur et, en rien de temps, Julien devint
un agriculteur accompli. Il savait, pour en avoir maintes
fois entendu parler par son père, car l’aïeul n’en soufflait
mot, qu’il avait une tante au village, mariée contre le
gré des siens, et, par déférence pour son grand-père, il
ne fit rien pour se rapprocher de cette parente exclue de
la famille. (Voir la suite page 2.) •
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