Titre : Les Belles images
Éditeur : A. Fayard (Paris)
Date d'édition : 1926-07-15
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb327110547
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 11090 Nombre total de vues : 11090
Description : 15 juillet 1926 15 juillet 1926
Description : 1926/07/15 (N1139). 1926/07/15 (N1139).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k9614397
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-55958
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 05/03/2013
No 1139 — 23* Année
30 CERTI1ES
I. FAYARD et C ie ,
18 et 20
rce du St-Bothard, PARIS (14 e )
Chèque postal 338-84
15 Juillet 1926
30 CENTIMES
ABONNEMENTS:
France ; Un an... 15 fev
— Six mois 8 fr.
Etranger : Un an. 22 fr.
Chèque postal 388-84
MAIN ROUGE,
YMER
-M. Séraphin Cabus ayant amassé une fortune considé
rable dans le commerce des salaisons, se retira, assez
jeune encore, pour jouir de ses rentes, en quoi il agissait
en toute légitimité, car ses millions avaient été gagnés,
après tout, pas plus malhonnêtement que tant d’autres,
en ces temps de fortunes vertigineuses. Mais là où
M. Cabus avait tort, c’était de prétendre en jouir seul, ce
qui lui semblait augmenter son plaisir. Célibataire et
sans charges, assurément il ne devait rien à personne...
...que, pour réaliser son rêve le plus cher, il aurait besoin
d’une avance de ceat mille francs. Séraphin n’hésita
pas et... il fit la sourde oreille, gratifiant son neveu de
Bages conseils, à défaut de bons billets : « Travaille et
patiente, le labeur est toujours victorieux ; tu eh vois en
moi un frappant exemple ! » Le jeune docteur n’insista
pas et parut vouloir suivre les conseils de son oncle,
sans pourtant renoncer à ses espérances. A quelque temps
de là, M. Cabus reçut une lettre portant, pour toute
signature, l’empreinte en rouge d’une main.
.. Après ce premier succès la Main-Rouge récidiverait, et
tout votre avoir y passerait ! — Rélas ! Mais que faire ?
— Déposez un plainte, puis tenez-vous cache quelque
temps. » Cabus adopta cette solution et, en grand secret,
il se rendit à la préfecture de police dont il connaissait
un haut fonctionnaire. Là, on opina dans le même sens
que Victor, et un inspecteur fut désigné pour être envoyé
au rendez-vous du 13. Sans retard, car on était le 10,
le rentier, à l’insu de ses domestiques, courut se réfugier
dans une villa de Sèvres...
Dans l’intervalle, le millionnaire avait pris la réso
lution de fuir en compagnie de son neveu (décidément,
un neveu pouvait être utile), qu’il supplia d’accepter.
Celui-ci, que rien ne retenait, consentit : « Fuir, je veux
bien : mais où ? — La Côte d’Azur ? —• Trop courue !
La montagne, plutôt. — Soit ! » Les deux voyageurs
improvisés passèrent la nuit en préparatifsX secretR et,
de bonne heure, sans rien dire à la servante d’occasion,
encore endormie, ils filèrent comme des malfaiteurs.
Et en route pour la Savoie !
...et nul n’avait aidé ses âpres débuts. Il avait bien un
neveu, qu’il voyait de temps en temps. Celui-ci, Victor
Coustallade, étudiant en médecine, vivait, pauvrement des
sacrifices de sa famille auxquels le millionnaire se gar
dait de prendre part. Toutes les largesses de l’onclc
Séraphin se bornaient à recevoir le jeune homme à sa
table deux fois par mois. Victor, digne et discret, ne sol
licitait pas les libéralités de l’égoïste qui, pourtant, tenait
assez à son neveu à cause de son humeur joviale-
Cependant celle-ci parut s’assombrir...
...au moment même où le carabin aurait eu lieu de se
réjouir, car il venait de soutenir brillamment sa thèse de
doctorat. Mais, désireux de s’établir, et comme docteur,
et comme chef de famille, il avait jeté les yeux sur la
fille d’un de ses maîtres, lequel s’intéressait beaucoup
à ce garçon d’avenir et l’avait reçu plusieurs fois en son
foyer modeste de savant désintéresse. Or, pauvre comme
il l’était, Victor n’osait se déclarer. Son oncle, surpris
de son air préoccupé, le questionna, et Victor finit par
tout lui avouer, osant même ajouter...
On ne parlait alors dans Paris, comme en bien d’autres
capitales, que d'une société secrète d’audacieux malfai
teurs qui, sous le nom de Compagnons de la Main-Rouge,
mettait en alerte les policiers des deux mondes, car
la redoutable association, venue d’Amérique, exerçait
ses méfaits partout. On comprendra l’émotion du rentier
que cette lettre mettait en demeure de verser à un com
pagnon de la Main-Rouge qui se trouverait, le 13 à
13 heures, sous le 13 e arbre de l’avcnre de l’Observa
toire...
...la 6omme de deux cent mille francs, une bagatelle
pour un multimillionnaire ! M. Cabus frémit. Une baga
telle ! Atterré, il demanda du tilleul. Donner deux cent
mille francs à ces bandits ? Jamais ! D’autre part, qu’ar
riverait-il s’il ne se soumettait pas à cette sommation ?
Il était en proie à mille terreurs et perplexités quand
Victor, dont c’était le jour, survint comme à l’ordinaire.
Voyant la mine bouleversée de son oncle, il s’informa,
le rentier lui communiqua le poulet. « Gardez-vous de
r’er, déclara Victor...
...nouvelle acquisition où il espérait vivre ignoré des te! -
ri blés compagnons. Le 13 venu, et à l’heure dite, un des
plus fins limiers de la préfecture se rendit au lieu assigné
après avoir apposté aux environs quelques solides argou-
sins. Mais pas plus sous le treizième arbre que sous aucun
autre, il ne vit paraître d’individu suspect. Le piège avait
dû être éventé par les terribles compagnons. Hélas !
l’infortuné Cabus devait en avoir une prompte assu
rance. Tandis qu’il se croyait tranquille dans sa villa
de Sèvres, il reçut, le 14...
...une nouvelle et plus terrifiante missive : « Tremble,
repu ! Tu prétends te jouer de la Main-Rouge î Tu la
dénonces à la police ? Ton heure est venue et tu ne glisseras
pas entre ses doigts ! Il riest retraite si bien cachée oil
la Main-Rouge ne murait t'atteindre pour le châtiment ! »
Comme l’y invitait son folâtre correspondant, Cabua
trembla. Et, dans son épouvante, il ne trouva d’autre
expédient que d’avoir recours à Victor à qui il téléphona
à son hôpital. Celui-ci accourut le soir même.
Ce ne fut que quand il se vit en face des glaciers éter
nels et des vaste horizons si calmes, que la victime de la
Main-Rouge sentit quelque apaisement, et la présence
de son neveu (quel garçon dévoué ! ) aidait à le rassurer.
Après quelques excursions solitaires autour de Chamo-
nix, ils firent choix d’un hôtel, haut perché, où ils décli
nèrent, bien entendu, un nom d’emprunt : MM. Bour
geois et fils. Le rentier, en cette altitude sereine, se sentit
mieux respirer. Il reprit goût au plaisir, aux bons repas,
voulut faire de l’« alpinisme »...
...s’équipa pour le ski, la luge, le bobsleigh et entreprit
l’ascension d’un des sommets des Praz. 11 va sans dire
que M. Cabus s’était prudemment armé et qu’un pistolet
du dernier modèle ne quittait point sa poche où, à la
moindre figure douteuse, sa main se portait frémissante.
En vue de cette ascension, un guide barbu et sûr lui fut
recommandé par la sollicitude de l’hôtelier et les trois
excursionnistes se mirent en route à l’aube d’un clair
matin. Comme ils sortaient, on remit à «M. Bourgeois»
une lettre sans adresse. (tfoir la suite page 2.)
30 CERTI1ES
I. FAYARD et C ie ,
18 et 20
rce du St-Bothard, PARIS (14 e )
Chèque postal 338-84
15 Juillet 1926
30 CENTIMES
ABONNEMENTS:
France ; Un an... 15 fev
— Six mois 8 fr.
Etranger : Un an. 22 fr.
Chèque postal 388-84
MAIN ROUGE,
YMER
-M. Séraphin Cabus ayant amassé une fortune considé
rable dans le commerce des salaisons, se retira, assez
jeune encore, pour jouir de ses rentes, en quoi il agissait
en toute légitimité, car ses millions avaient été gagnés,
après tout, pas plus malhonnêtement que tant d’autres,
en ces temps de fortunes vertigineuses. Mais là où
M. Cabus avait tort, c’était de prétendre en jouir seul, ce
qui lui semblait augmenter son plaisir. Célibataire et
sans charges, assurément il ne devait rien à personne...
...que, pour réaliser son rêve le plus cher, il aurait besoin
d’une avance de ceat mille francs. Séraphin n’hésita
pas et... il fit la sourde oreille, gratifiant son neveu de
Bages conseils, à défaut de bons billets : « Travaille et
patiente, le labeur est toujours victorieux ; tu eh vois en
moi un frappant exemple ! » Le jeune docteur n’insista
pas et parut vouloir suivre les conseils de son oncle,
sans pourtant renoncer à ses espérances. A quelque temps
de là, M. Cabus reçut une lettre portant, pour toute
signature, l’empreinte en rouge d’une main.
.. Après ce premier succès la Main-Rouge récidiverait, et
tout votre avoir y passerait ! — Rélas ! Mais que faire ?
— Déposez un plainte, puis tenez-vous cache quelque
temps. » Cabus adopta cette solution et, en grand secret,
il se rendit à la préfecture de police dont il connaissait
un haut fonctionnaire. Là, on opina dans le même sens
que Victor, et un inspecteur fut désigné pour être envoyé
au rendez-vous du 13. Sans retard, car on était le 10,
le rentier, à l’insu de ses domestiques, courut se réfugier
dans une villa de Sèvres...
Dans l’intervalle, le millionnaire avait pris la réso
lution de fuir en compagnie de son neveu (décidément,
un neveu pouvait être utile), qu’il supplia d’accepter.
Celui-ci, que rien ne retenait, consentit : « Fuir, je veux
bien : mais où ? — La Côte d’Azur ? —• Trop courue !
La montagne, plutôt. — Soit ! » Les deux voyageurs
improvisés passèrent la nuit en préparatifsX secretR et,
de bonne heure, sans rien dire à la servante d’occasion,
encore endormie, ils filèrent comme des malfaiteurs.
Et en route pour la Savoie !
...et nul n’avait aidé ses âpres débuts. Il avait bien un
neveu, qu’il voyait de temps en temps. Celui-ci, Victor
Coustallade, étudiant en médecine, vivait, pauvrement des
sacrifices de sa famille auxquels le millionnaire se gar
dait de prendre part. Toutes les largesses de l’onclc
Séraphin se bornaient à recevoir le jeune homme à sa
table deux fois par mois. Victor, digne et discret, ne sol
licitait pas les libéralités de l’égoïste qui, pourtant, tenait
assez à son neveu à cause de son humeur joviale-
Cependant celle-ci parut s’assombrir...
...au moment même où le carabin aurait eu lieu de se
réjouir, car il venait de soutenir brillamment sa thèse de
doctorat. Mais, désireux de s’établir, et comme docteur,
et comme chef de famille, il avait jeté les yeux sur la
fille d’un de ses maîtres, lequel s’intéressait beaucoup
à ce garçon d’avenir et l’avait reçu plusieurs fois en son
foyer modeste de savant désintéresse. Or, pauvre comme
il l’était, Victor n’osait se déclarer. Son oncle, surpris
de son air préoccupé, le questionna, et Victor finit par
tout lui avouer, osant même ajouter...
On ne parlait alors dans Paris, comme en bien d’autres
capitales, que d'une société secrète d’audacieux malfai
teurs qui, sous le nom de Compagnons de la Main-Rouge,
mettait en alerte les policiers des deux mondes, car
la redoutable association, venue d’Amérique, exerçait
ses méfaits partout. On comprendra l’émotion du rentier
que cette lettre mettait en demeure de verser à un com
pagnon de la Main-Rouge qui se trouverait, le 13 à
13 heures, sous le 13 e arbre de l’avcnre de l’Observa
toire...
...la 6omme de deux cent mille francs, une bagatelle
pour un multimillionnaire ! M. Cabus frémit. Une baga
telle ! Atterré, il demanda du tilleul. Donner deux cent
mille francs à ces bandits ? Jamais ! D’autre part, qu’ar
riverait-il s’il ne se soumettait pas à cette sommation ?
Il était en proie à mille terreurs et perplexités quand
Victor, dont c’était le jour, survint comme à l’ordinaire.
Voyant la mine bouleversée de son oncle, il s’informa,
le rentier lui communiqua le poulet. « Gardez-vous de
r’er, déclara Victor...
...nouvelle acquisition où il espérait vivre ignoré des te! -
ri blés compagnons. Le 13 venu, et à l’heure dite, un des
plus fins limiers de la préfecture se rendit au lieu assigné
après avoir apposté aux environs quelques solides argou-
sins. Mais pas plus sous le treizième arbre que sous aucun
autre, il ne vit paraître d’individu suspect. Le piège avait
dû être éventé par les terribles compagnons. Hélas !
l’infortuné Cabus devait en avoir une prompte assu
rance. Tandis qu’il se croyait tranquille dans sa villa
de Sèvres, il reçut, le 14...
...une nouvelle et plus terrifiante missive : « Tremble,
repu ! Tu prétends te jouer de la Main-Rouge î Tu la
dénonces à la police ? Ton heure est venue et tu ne glisseras
pas entre ses doigts ! Il riest retraite si bien cachée oil
la Main-Rouge ne murait t'atteindre pour le châtiment ! »
Comme l’y invitait son folâtre correspondant, Cabua
trembla. Et, dans son épouvante, il ne trouva d’autre
expédient que d’avoir recours à Victor à qui il téléphona
à son hôpital. Celui-ci accourut le soir même.
Ce ne fut que quand il se vit en face des glaciers éter
nels et des vaste horizons si calmes, que la victime de la
Main-Rouge sentit quelque apaisement, et la présence
de son neveu (quel garçon dévoué ! ) aidait à le rassurer.
Après quelques excursions solitaires autour de Chamo-
nix, ils firent choix d’un hôtel, haut perché, où ils décli
nèrent, bien entendu, un nom d’emprunt : MM. Bour
geois et fils. Le rentier, en cette altitude sereine, se sentit
mieux respirer. Il reprit goût au plaisir, aux bons repas,
voulut faire de l’« alpinisme »...
...s’équipa pour le ski, la luge, le bobsleigh et entreprit
l’ascension d’un des sommets des Praz. 11 va sans dire
que M. Cabus s’était prudemment armé et qu’un pistolet
du dernier modèle ne quittait point sa poche où, à la
moindre figure douteuse, sa main se portait frémissante.
En vue de cette ascension, un guide barbu et sûr lui fut
recommandé par la sollicitude de l’hôtelier et les trois
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