Titre : Les Belles images
Éditeur : A. Fayard (Paris)
Date d'édition : 1926-06-17
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb327110547
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 11090 Nombre total de vues : 11090
Description : 17 juin 1926 17 juin 1926
Description : 1926/06/17 (N1135). 1926/06/17 (N1135).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k961435q
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-55958
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 12/03/2013
...son père emmené par des archers que suivait Aniella
implorante. Le jeune homme se lit .violence pour ne pas
s’élancer sur le groupe et s’y livrer à quelque éclat. Mais,
hélas ! qu’eut-il pu tenter, lui tout seul, qui n’aggravât
la situation de son père en les perdant tous deux ! Confiant
qu'il serait aisé à celui-ci de démontrer son innocence,
il demeura caché et reprit sa course au îlong de la côte,
il s’arrêta enfin, vers la nuit, et, ayant caché sa barque,
il gagna la montagne pour se réfugier chez un frère de sa
mère où...
Cet homme, furieux du refus de Ruggiero, avait juré, t.,,t.
en se vengeant du vieillard, qu’AnioHa n’en serait pas moins
son épouse. Et,avec une habileté infernale, il avait lui-même
suscité la rébellion parmi les pêcheurs qu’il avait trahis
ensuite pour perdre Ruggiero et son lils, espérant que la
jeune fille, par leur trépas, resterait seule libre de ses déci
sions. Le vice-roi, sur les indications du délateur, avait
envoyé ses argousms sur le lieu d’assemblée des conspi
rateurs ainsi qu’à la maison des Ruggieri dont le père lui
avait été représenté...
...comme le plus ardent apôtre de l’indépendance. Aniella
était à ses ruches lorsque le tumulte de la soldatesque enva
hissant la maison l’attira du fond du jardin. Voyanl ces
hommes d’armes entraînant son père, elle se jeta à genoux,
criant grâce en proclamant l’innocence du pêcheur. Mais cos
gens l’écartèrent durement pour accomplir leur mission. La
pauvre enfant se résolut à les suivre, disposée à se jeter aux
pieds du vice-roi. Mais à Cefalù, elle apprit la capture des
autres pêcheurs parmi lesquels elle croyait son frère...
...il comptait attendre les événements en toute sécurité.
Huit jours après, son oncle, rentré de Cefalù, lui apprit que
les principaux rebelles avaient été mis à mort ou au cachot ;
parmi ceux-ci, son père condamné à la réclusion perpétuelle.
Quant à Aniella on ne savait ce qu’il en était advenu.
Damaso, atlerré, ne songea plus qu’à se venger, non pas
tant du gouvernement comme du misérable traître qui
lui avait livré son père et ses amis. Car il ne doutait pas qu’il
y eût un traître parmi les conjurés. Celui-ci n’était autre
qu’Antonello Ciprioti.
...et ses alarmes s’accrurent, car Damaso, lui, était bien
nllllié aux conjurés. Tous les prisonniers furent alors con
duits à Païenne. Elle y arriva elle-même en doux jours de
marche après s’être traînée,, épuisée de douleur et de
è fatigue, surja route brûlante. Et. malgré son exténuation,
elle voulut sans retard pénétrer dans le Palais-Royal.
Mais les gardes l’en éloignèrent brutalement. Accablée
de désespoir, elle se laissa tomber sur une borne. Soudain,
ello se sentit toucher à l’épaule. Levant les yeux, elle recon
nut AntoneHo.
• Je sais tout, lui dit le traître, et n’ai échappé moi-même
que par miracle au sort des malheureux : hélas ! ils sont per
dus ! Mon pauvre père ! sanglota Aniella. — Ecoutez,
j’ai quelques crédit auprès de certains juges, je veux rem
ployer, avec tout mon or, au salut de votre père. — Ah !
faites cela, et rien ne pourra me séparer de vous ! — En
attendant, qu’allez-vous devenir ? — Hélas ! je suis seule
ici, sans appui, car mon frère,., — Oui, dit le perfide, il est
emprisonné, lui aussi, bien que sou rôle paraisse douteux...
('Voir la suite page 2.)
En ce temps-là la Sicile était sourdement agitée par les
partis qui s’y disputaient la prédominance. Devenue l’apa
nage de la maison d’Aragon et gouvernée par un vice-roi,
nombroux étaient les Siciliens qui rêvaient l'affranchisse
ment de leur patrie. Parmi eux étaient le pêcheur Ruggiero
et son fils Damaso, dit.aussi Mascanio, l>eau jouvenceau de
vingt ans. Leur famille, autrefois, était riche et noble,
l’étranger l’avait ruinée, et aujourd’hui ils vivaient pauvre
ment. Mais ce n’était point tant de leur misère qu’ils souf
fraient..
Et elle-même s’ouvrit sans retard à celui-ci de l’aveu
de Ciprioti. Le pêcheur ne s’en laissa {joint éblouir car le
personnage, pour si peu qu’il le connût, en dépit de ses
[Vêtements cousus d’or, ne lui produisait pas une impres
sion avantageuse. Il s’informa donc sur les ports de la
côte où AntoneHo était connu, et il n’en apprit rien do favo
rable; on le disait violent, impérieux, débauché et peu scru
puleux sur les moyens de s’enrichir. Aussi lorsque le bel
lâtre, s’attendant au meilleur accueil, vit sa demande
repoussée par le pauvre pêcheur...
...comme du joug espagnol. Du reste, ils ne se mêlaient
à aucune agitation et vivaient paisibles en leur maison
de la côte au creux du merveilleux golfe de Palcrme. De
celte maison, la douce Aniella, fille de Ruggiero, était la
grâce et le sourire. Elle avait à peine dix-huit ans, mais,
depuis longtemps déjà, elle suppléait à sa mère défunte dans
les soins du ménagé et de la culture de ses orangers dont
elle distillait les fleurs suaves et vendait les fruits d’or ;
un rucher l’occupait aussi. Toute sa personne se ressentait
de la noblesse de sa race...
...fut-il suffoqué do dépit et de rage. Ruggiero, assuré nue
sa fille n’en serait pas inconsolable, lui enjoignit de ne plus
retourner à Cefalù. Elle obéit, se crut oubliée et oublia elle-
même. Là-dessus, une agitation s’aeeentua parmi les
pêcheurs. Un excitateur mystérieux, semant l’or par' ses
agents, soulevait les ressentiments contre le pouvoir. Anto-
nello se joignit aux mécontents. Ceux-ci, pleins d’enlhou-
, siasnje, voulurent mettre à leur tête le plus digne et honoré
d’entre eux, qu’ils jugeaient être Ruggiero.
...et si, ^parfois, quelque ambition assaillait les pêcheurs,
c’étaijt y uniquement pour Aniella. Cependant vivait à
Cefalù, la cité voisine, un riche personnage d’origine incer
taine, nommé AntoneHo Ciprioti. Il se livrait an commerce
et c’est à lui que, d’ordinaire, Aniella vendait ses essences,
ses oranges et son miel. Cet homme n’avait pu voir long
temps la gracieuse fille sans en être épris, et il-le lui dit.
Aniella, troublée, dans sa modestie, d’avoir pu inspirer
quelque attention à un si brillant prétendant, l’engagea à
parler à son père.
Mais le vieux pêcheur ayant appris qu’Antoneîio était
du mouvement préféra s’en tenir a l’écart, non sans con
seiller aux pêcheurs la méfiance. Néanmoins, Damaso,
son fils, demeura un des plus actifs parmi les reljelles. Un
jour que les conjurés se tenaient réunis en un Heu secret
de la côte, une troupe armée envahit l’assemblée. Damaso
eut le temps de sauter à la mer sans être vu, et, nageant
vers sa barque, il cingla à toutes rames vers sa maison. Mais
avant d’aborder il put voir du rivage, et avec quelle
horreur...
N° 1135 — 23 e Année
30 CWlItt
A. FAYARD et C ie , Editeurs
18 et 20
roe do St-Gothard, PABIS (14®)
Chèque posta] 388-84
17 Juin 1920
30 CflîlRH
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France : Un an... 15 fri
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Etranger : Un an. 22 fr.
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implorante. Le jeune homme se lit .violence pour ne pas
s’élancer sur le groupe et s’y livrer à quelque éclat. Mais,
hélas ! qu’eut-il pu tenter, lui tout seul, qui n’aggravât
la situation de son père en les perdant tous deux ! Confiant
qu'il serait aisé à celui-ci de démontrer son innocence,
il demeura caché et reprit sa course au îlong de la côte,
il s’arrêta enfin, vers la nuit, et, ayant caché sa barque,
il gagna la montagne pour se réfugier chez un frère de sa
mère où...
Cet homme, furieux du refus de Ruggiero, avait juré, t.,,t.
en se vengeant du vieillard, qu’AnioHa n’en serait pas moins
son épouse. Et,avec une habileté infernale, il avait lui-même
suscité la rébellion parmi les pêcheurs qu’il avait trahis
ensuite pour perdre Ruggiero et son lils, espérant que la
jeune fille, par leur trépas, resterait seule libre de ses déci
sions. Le vice-roi, sur les indications du délateur, avait
envoyé ses argousms sur le lieu d’assemblée des conspi
rateurs ainsi qu’à la maison des Ruggieri dont le père lui
avait été représenté...
...comme le plus ardent apôtre de l’indépendance. Aniella
était à ses ruches lorsque le tumulte de la soldatesque enva
hissant la maison l’attira du fond du jardin. Voyanl ces
hommes d’armes entraînant son père, elle se jeta à genoux,
criant grâce en proclamant l’innocence du pêcheur. Mais cos
gens l’écartèrent durement pour accomplir leur mission. La
pauvre enfant se résolut à les suivre, disposée à se jeter aux
pieds du vice-roi. Mais à Cefalù, elle apprit la capture des
autres pêcheurs parmi lesquels elle croyait son frère...
...il comptait attendre les événements en toute sécurité.
Huit jours après, son oncle, rentré de Cefalù, lui apprit que
les principaux rebelles avaient été mis à mort ou au cachot ;
parmi ceux-ci, son père condamné à la réclusion perpétuelle.
Quant à Aniella on ne savait ce qu’il en était advenu.
Damaso, atlerré, ne songea plus qu’à se venger, non pas
tant du gouvernement comme du misérable traître qui
lui avait livré son père et ses amis. Car il ne doutait pas qu’il
y eût un traître parmi les conjurés. Celui-ci n’était autre
qu’Antonello Ciprioti.
...et ses alarmes s’accrurent, car Damaso, lui, était bien
nllllié aux conjurés. Tous les prisonniers furent alors con
duits à Païenne. Elle y arriva elle-même en doux jours de
marche après s’être traînée,, épuisée de douleur et de
è fatigue, surja route brûlante. Et. malgré son exténuation,
elle voulut sans retard pénétrer dans le Palais-Royal.
Mais les gardes l’en éloignèrent brutalement. Accablée
de désespoir, elle se laissa tomber sur une borne. Soudain,
ello se sentit toucher à l’épaule. Levant les yeux, elle recon
nut AntoneHo.
• Je sais tout, lui dit le traître, et n’ai échappé moi-même
que par miracle au sort des malheureux : hélas ! ils sont per
dus ! Mon pauvre père ! sanglota Aniella. — Ecoutez,
j’ai quelques crédit auprès de certains juges, je veux rem
ployer, avec tout mon or, au salut de votre père. — Ah !
faites cela, et rien ne pourra me séparer de vous ! — En
attendant, qu’allez-vous devenir ? — Hélas ! je suis seule
ici, sans appui, car mon frère,., — Oui, dit le perfide, il est
emprisonné, lui aussi, bien que sou rôle paraisse douteux...
('Voir la suite page 2.)
En ce temps-là la Sicile était sourdement agitée par les
partis qui s’y disputaient la prédominance. Devenue l’apa
nage de la maison d’Aragon et gouvernée par un vice-roi,
nombroux étaient les Siciliens qui rêvaient l'affranchisse
ment de leur patrie. Parmi eux étaient le pêcheur Ruggiero
et son fils Damaso, dit.aussi Mascanio, l>eau jouvenceau de
vingt ans. Leur famille, autrefois, était riche et noble,
l’étranger l’avait ruinée, et aujourd’hui ils vivaient pauvre
ment. Mais ce n’était point tant de leur misère qu’ils souf
fraient..
Et elle-même s’ouvrit sans retard à celui-ci de l’aveu
de Ciprioti. Le pêcheur ne s’en laissa {joint éblouir car le
personnage, pour si peu qu’il le connût, en dépit de ses
[Vêtements cousus d’or, ne lui produisait pas une impres
sion avantageuse. Il s’informa donc sur les ports de la
côte où AntoneHo était connu, et il n’en apprit rien do favo
rable; on le disait violent, impérieux, débauché et peu scru
puleux sur les moyens de s’enrichir. Aussi lorsque le bel
lâtre, s’attendant au meilleur accueil, vit sa demande
repoussée par le pauvre pêcheur...
...comme du joug espagnol. Du reste, ils ne se mêlaient
à aucune agitation et vivaient paisibles en leur maison
de la côte au creux du merveilleux golfe de Palcrme. De
celte maison, la douce Aniella, fille de Ruggiero, était la
grâce et le sourire. Elle avait à peine dix-huit ans, mais,
depuis longtemps déjà, elle suppléait à sa mère défunte dans
les soins du ménagé et de la culture de ses orangers dont
elle distillait les fleurs suaves et vendait les fruits d’or ;
un rucher l’occupait aussi. Toute sa personne se ressentait
de la noblesse de sa race...
...fut-il suffoqué do dépit et de rage. Ruggiero, assuré nue
sa fille n’en serait pas inconsolable, lui enjoignit de ne plus
retourner à Cefalù. Elle obéit, se crut oubliée et oublia elle-
même. Là-dessus, une agitation s’aeeentua parmi les
pêcheurs. Un excitateur mystérieux, semant l’or par' ses
agents, soulevait les ressentiments contre le pouvoir. Anto-
nello se joignit aux mécontents. Ceux-ci, pleins d’enlhou-
, siasnje, voulurent mettre à leur tête le plus digne et honoré
d’entre eux, qu’ils jugeaient être Ruggiero.
...et si, ^parfois, quelque ambition assaillait les pêcheurs,
c’étaijt y uniquement pour Aniella. Cependant vivait à
Cefalù, la cité voisine, un riche personnage d’origine incer
taine, nommé AntoneHo Ciprioti. Il se livrait an commerce
et c’est à lui que, d’ordinaire, Aniella vendait ses essences,
ses oranges et son miel. Cet homme n’avait pu voir long
temps la gracieuse fille sans en être épris, et il-le lui dit.
Aniella, troublée, dans sa modestie, d’avoir pu inspirer
quelque attention à un si brillant prétendant, l’engagea à
parler à son père.
Mais le vieux pêcheur ayant appris qu’Antoneîio était
du mouvement préféra s’en tenir a l’écart, non sans con
seiller aux pêcheurs la méfiance. Néanmoins, Damaso,
son fils, demeura un des plus actifs parmi les reljelles. Un
jour que les conjurés se tenaient réunis en un Heu secret
de la côte, une troupe armée envahit l’assemblée. Damaso
eut le temps de sauter à la mer sans être vu, et, nageant
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