Presse et revues
8 pages
Titre : Les Belles images
Éditeur : A. Fayard (Paris)
Date d'édition : 1925-04-30
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb327110547
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 30 avril 1925 30 avril 1925
Description : 1925/04/30 (N1076). 1925/04/30 (N1076).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k9613765
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-55958
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 12/03/2013
30 Avril 1925
Cette lutte acharnée se termina mal pour les deux
adversaires. Quand on vint les séparer, le lynx avait
une patte cassée, et le jeune garçon souffrait terri
blement de l'œil droit que le petit faune avait mordu
avec fureur. « Il faut, suggéra le capitaine du yacht,
abattre le lynx qui est éclopé, et envoyer ce garçon
à t’infîrmerie. — Qu’on le transporte plutôt à mon
laboratoire...
Mais cette longue promiscuité avec son ancien
ennemi devenu son compagnon d’hôpital, avait
complètement réconcilié la bête sauvage avec Oculi
et ils devinrent deux inséparables. Le premier jour
que le jeune préparateur put sortir sur le pont,
l’oeil à découvert, il fut tout étonné de s’apercevoir
que sa vue était devenue extraordinairement per
çante; étant rentré vers le soir dans sa cabine, son
étonnement s’accrut lorsque le soleil se fut couché.
...de sa découverte; celui-ci, sceptique, envoya son
premier gabier contrôler le dire d’Oculi. Le gabier
revint, en riant, affirmer que l’enfant avait rêvé et
que rien de semblable à ce qu’il annonçait ne mena
çait le navire dan sa marche. Ce fut en vain eue le
jeune homme, sûr de lui, supplia le capitaine: on ne
voulut pas l’entendre. Une heure après, la coque du
yacht s’ouvrait sur les récifs...
En effet, il y voyait maintenant aussi bien dans
l’obscurité qu’en plein jour ; s’étant regardé dans la
giace, il réprima un cri : un de ses yeux, justement
celui qui avait été malade, était devenu phosphores
cent dans la nuit, comme ceux des félins. Peu (dési
reux de révéler aux^ autres cette étrange anomalie
qu’il ne pouvait s'expliquer, ignorant quelle opéra
tion son maître avait pratiquée sur lui...
...que seul Oculi avait aperçus avec son œil de lynx.
Le capitaine lui lit des excuses tardives, mais la
catastrophe était complète ; le docteur et son prépa
rateur, aidés du capitaine, purent sauver les armes
et la caisse qui contenait les fonds de l’expédition, et
conduire le canot jusqu’à la côte de l’île de Bornéo,
qui n’était pas très éloignée. Quant aux six hommes
qui composaient l'équipage, ils firent bande à
part...
...il prit la résolution do cacher chaque soir avant
le crépuscule cet œil inquiétant sous un bandeau et
de ne le laisser à découvert que pendant le jour. Le
lendemain matin, étant monté sur la grande vergue,
son œil perçant lui révéla à une grande distance,
dans la direction que suivait le Polype, l’existence
de récifs et de bas-fonds invisibles à la meilleure
vue humaine. Il alla sans tarder avertir le capi
taine...
...et gagnèrent la terre dans le second canot, en
emportant la caronade du bord et un baril de
poudre. « Méfions-nous d’eux, dit le capitaine: je les
crois désireux de s’emparer de la caisse. Ce nau
frage aura éveillé leur cupidité en leur assurant
l’impunité.» Et, ayant fait mettre i’or et les armes
en sûreté sur une hauteur crénelée de rochers
abrupts, il engagea ses deux compagnons à se tenir
sur leurs gardes. (Voir la suite page 2.)
Oculi aimait les voyages. Il ne fit aucune difficulté
pour suivre îe savant docteur d’Opt dans la croi
sière scientifique qu'il avait entreprise en Océanie
sur son yacht le Polype. Cet éminent naturaliste
s’était spécialisé dans la greffe animale; il avait
réussi, à plusieurs reprises, à transplanter les yeux
d’un poisson vivant dans les orbites d’un de ses
congénères aveugle. Et l’opération avait si heureu
sement réussi...
Il les endormit tous deux au chloroforme pour
tenter la greffe, de sorte que le jeune Ocuii ne se
douta pas que le docteur d'Opt avait transplanté un
des yeux du lynx. Après quelques jours d’observa
tion, le hardi naturaliste reconnut que l’opération
avait réussi; mais il ne permit à Oculi d’ôter le
bandeau protecteur qu’au bout d’un mois de traite
ment, époque à laquelle le lynx, maintenant borgne,
fut admis à marcher sur sa'patte rétablie.
Et, comme il avait besoin d’un petit préparateur,
Oculi s’était offert et avait été immédiatement
accepté. Son maître eut d'ailleurs en toute circons
tance à se louer de son intelligence et de sa bonne
volonté. Il ne trouvait à lui reprocher qu’un peu
trop de hardiesse dans la poursuite des bêtes sau
vages destinées à enrichir la collection du natura
liste. Cette ardeur juvénile, l’entraina un jour dans
un corps à corps avec un iynx.
VALVERANE
L’ŒIL DE LYNX, par
...dans la plupart des cas, que, deux fois sur cinq, la
vue était complètement rendue à la bête aveugle.
« Il n’y a pas de raison à priori, concluait le docteur,
pour qu'une telle opération ne réussise pas égale
ment chez les espèces supérieures, et j’irai m'en
assurer la où les animaux les pins rares, aussi bien
terrestres que marins, se rencontrent en abondance,
c’est-à-dire dans les Iles de la Sonde et l’archipel
malais. »
...car je pense les guérir tous deux, » dit le docteur
sans autrement s’expliquer. Le savant avait reconnu
que l’œil de son jeune collaborateur était perdu, et
l’idée lui était venue de tenter la greffe d’un œil sain
à la place dè l'organe condamné. Sans souffler mot
à personne d’une si iiardie tentative, il garda au
secret, dans une cabine transformée en chambre
noire, les deux patients qu’un double appareil de
plâtre condamnait à l’immobilité.
N° 1070-22 e Année
25 CENTIMES
A. FAYARD el C ie , Editeurs
18 et 20
me tin St-Gotlarfl, PAEIS (14 e )
Chèque Postal 388-84
W
m
61
(g
6S1
25 CENTIMES
ABONNEMENTS:
France; Un an,.. 12.50
— Six mois 7 fr.
Étranger: Un an. 18 fr.
Chèque Postal 388-84
Cette lutte acharnée se termina mal pour les deux
adversaires. Quand on vint les séparer, le lynx avait
une patte cassée, et le jeune garçon souffrait terri
blement de l'œil droit que le petit faune avait mordu
avec fureur. « Il faut, suggéra le capitaine du yacht,
abattre le lynx qui est éclopé, et envoyer ce garçon
à t’infîrmerie. — Qu’on le transporte plutôt à mon
laboratoire...
Mais cette longue promiscuité avec son ancien
ennemi devenu son compagnon d’hôpital, avait
complètement réconcilié la bête sauvage avec Oculi
et ils devinrent deux inséparables. Le premier jour
que le jeune préparateur put sortir sur le pont,
l’oeil à découvert, il fut tout étonné de s’apercevoir
que sa vue était devenue extraordinairement per
çante; étant rentré vers le soir dans sa cabine, son
étonnement s’accrut lorsque le soleil se fut couché.
...de sa découverte; celui-ci, sceptique, envoya son
premier gabier contrôler le dire d’Oculi. Le gabier
revint, en riant, affirmer que l’enfant avait rêvé et
que rien de semblable à ce qu’il annonçait ne mena
çait le navire dan sa marche. Ce fut en vain eue le
jeune homme, sûr de lui, supplia le capitaine: on ne
voulut pas l’entendre. Une heure après, la coque du
yacht s’ouvrait sur les récifs...
En effet, il y voyait maintenant aussi bien dans
l’obscurité qu’en plein jour ; s’étant regardé dans la
giace, il réprima un cri : un de ses yeux, justement
celui qui avait été malade, était devenu phosphores
cent dans la nuit, comme ceux des félins. Peu (dési
reux de révéler aux^ autres cette étrange anomalie
qu’il ne pouvait s'expliquer, ignorant quelle opéra
tion son maître avait pratiquée sur lui...
...que seul Oculi avait aperçus avec son œil de lynx.
Le capitaine lui lit des excuses tardives, mais la
catastrophe était complète ; le docteur et son prépa
rateur, aidés du capitaine, purent sauver les armes
et la caisse qui contenait les fonds de l’expédition, et
conduire le canot jusqu’à la côte de l’île de Bornéo,
qui n’était pas très éloignée. Quant aux six hommes
qui composaient l'équipage, ils firent bande à
part...
...il prit la résolution do cacher chaque soir avant
le crépuscule cet œil inquiétant sous un bandeau et
de ne le laisser à découvert que pendant le jour. Le
lendemain matin, étant monté sur la grande vergue,
son œil perçant lui révéla à une grande distance,
dans la direction que suivait le Polype, l’existence
de récifs et de bas-fonds invisibles à la meilleure
vue humaine. Il alla sans tarder avertir le capi
taine...
...et gagnèrent la terre dans le second canot, en
emportant la caronade du bord et un baril de
poudre. « Méfions-nous d’eux, dit le capitaine: je les
crois désireux de s’emparer de la caisse. Ce nau
frage aura éveillé leur cupidité en leur assurant
l’impunité.» Et, ayant fait mettre i’or et les armes
en sûreté sur une hauteur crénelée de rochers
abrupts, il engagea ses deux compagnons à se tenir
sur leurs gardes. (Voir la suite page 2.)
Oculi aimait les voyages. Il ne fit aucune difficulté
pour suivre îe savant docteur d’Opt dans la croi
sière scientifique qu'il avait entreprise en Océanie
sur son yacht le Polype. Cet éminent naturaliste
s’était spécialisé dans la greffe animale; il avait
réussi, à plusieurs reprises, à transplanter les yeux
d’un poisson vivant dans les orbites d’un de ses
congénères aveugle. Et l’opération avait si heureu
sement réussi...
Il les endormit tous deux au chloroforme pour
tenter la greffe, de sorte que le jeune Ocuii ne se
douta pas que le docteur d'Opt avait transplanté un
des yeux du lynx. Après quelques jours d’observa
tion, le hardi naturaliste reconnut que l’opération
avait réussi; mais il ne permit à Oculi d’ôter le
bandeau protecteur qu’au bout d’un mois de traite
ment, époque à laquelle le lynx, maintenant borgne,
fut admis à marcher sur sa'patte rétablie.
Et, comme il avait besoin d’un petit préparateur,
Oculi s’était offert et avait été immédiatement
accepté. Son maître eut d'ailleurs en toute circons
tance à se louer de son intelligence et de sa bonne
volonté. Il ne trouvait à lui reprocher qu’un peu
trop de hardiesse dans la poursuite des bêtes sau
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VALVERANE
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...dans la plupart des cas, que, deux fois sur cinq, la
vue était complètement rendue à la bête aveugle.
« Il n’y a pas de raison à priori, concluait le docteur,
pour qu'une telle opération ne réussise pas égale
ment chez les espèces supérieures, et j’irai m'en
assurer la où les animaux les pins rares, aussi bien
terrestres que marins, se rencontrent en abondance,
c’est-à-dire dans les Iles de la Sonde et l’archipel
malais. »
...car je pense les guérir tous deux, » dit le docteur
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que l’œil de son jeune collaborateur était perdu, et
l’idée lui était venue de tenter la greffe d’un œil sain
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