Titre : Les Belles images
Éditeur : A. Fayard (Paris)
Date d'édition : 1925-04-09
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb327110547
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 11090 Nombre total de vues : 11090
Description : 09 avril 1925 09 avril 1925
Description : 1925/04/09 (N1073). 1925/04/09 (N1073).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k9613731
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-55958
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 05/03/2013
La mère Bonifaci glissa entre les (lèvres bleuies et
contractées du blessé quelques gouttes d’un vulné
raire qui, à la grande Joie de Pia, parut le ranimer.
Elle baissa son visage anxieux sur lui, voulant
recueillir son premier mot... le dernier peut-être,
aussi!... « Silence’ » souffla seulement le blessé qui
retomba en syncope. La ferme des Bonifaci se ircu-
vant, avec le château Romanesi, en pleine campagne
déserte, nul, sauf Pia, n’avait vu la troupe fugitive.
■aÉfc.-J
...qu’un faible'appel de détresse venait du bois. Elle
courut vers la lisière et constata bientôt la dispa
rition du campement. Elle s’en retourna, en sou
pirant. Mais, soudain, elle s’arrêta, frémissante: une
fo,rme humaine, inerte et sanglante, gisait sur le
sol à distance. Elle y court, et son émoi redouble en
reconnaissant ce beau guenilleux qui, si respec
tueusement, l’avait défendue la veille contre les
entreprises d'un butor. Nul doute, hélas! que ce ne
fût à cause d’elle...
Le blessé inconnu fut pris pour un de ces chemi
neaux louant leurs bras do forme en ferme, à moins
qu’il ne fût quelque pillard détaché d’une bande.
Pourtant, ses traits démentaient d’aussi défavo
rables présomptions, et il fut secouru avec dévoue
ment par les Bonifaci et, surtout, leur fille. Grâce à
ces ( soins et sa constitution robuste, le bohémien
fut ^vite rétabli, et, reconnaissant, il implora les
fermiers de le garder à leur service, n’éprouvant
plus que répulsion...
...à reprendre sa vie vagabonde. 11 avait raconté, no
voulant pas dénoncer ses compagnons, que, ayant
fait un faux mouvement en coupant des scions pour
les corbeilles qu’il tressait, il était tombé sur son
couteau. Maître Bonifaci ayant justement besoin
d'un aide, et la mine de Myrthal lui revenant, il
agréa sa prière. Et, en vérité, il n’eut pas à s'en
repentir tout d’abord, tant le jeune homme appor
tait de zèle, de bon vouloir, d'intelligence, à tout ce
qu’il entreprenait. (Voir la suite page 2.)
N° 1073-22 e Année
25 CENTIMES
J. FAYARD et C”, Editeurs
18 et 20
me du St-Gotüard, PARIS (14 e )
Chèque Postal 388-84
9 Avril 1925
25 CENTIMES
ABONNEMENTS :
France: Un an.. 12.&0
, — Six mois 7 fr.
Etranger : Un an. 18 fr.
Chèque Postai 388-84
MYRTHAL LE BOHÉMIEN, par YMER
Un soir qu’elle s’en revenait chez elle, chargée de
fleurs des prés, Pia aperçut le campement des
bohémiens et, craignant ces douteux inconnus, elle
s’imposa un détour pour éviter leur rencontre. Mais
voilà qu’elle se trouva devant deux jeunes inconnus
que, à leurs haillons et leur mine, elle devina être
de ces gens, et elle hâta le pas. Mats l’un d’eux, une
espèce de gnome tout contrefait, à la figure haineuse
et sournoise, lui barrant le chemin: « Tu ne pas-
serds, la belle, lui dit-il rudement...
...et de deux yeux chargés de fureyr. Aussi rapide
que la foudre, l’arme s’abattit sur Myrthal qui,
poussant un grand cri, tomba sur le gazon déjà
trempé de son sang. Pia atteignait la maison à cet
instant, et il lui sembla percevoir cette plainte déchi
rante venant des bois assombris. Elle frissonna,
s’arrêta, l’oreille tendue; mais, n’entendant plus
rien, elle franchit le seuil. Cependant, le lâche meur
trier s’était enfui vers le campement où se| tenaient
deux vieillards d’aspect repoussant.
« Père, mère! leur dit-il. Fuyons vite! Je viens do
tuer mon frère! Myrthal est mort! — Ce n’était pas
ton frère, tu as bien fait! Il devenait insupportable
avec ses remontrances, et il aurait fini par nous
dénoncer tous! » En grande hâte, les vagabonds
! levèrent le camp et disparurent dans la nuit. Le len-
I demain, dès l’aube, Pia fut debout. Elle n’avait pu
i dormir, obsédée parce cri de la veille et qui, encore,
j avait hanté sa nuit. Oui, il lui avait semblé, de temps
à autre...
...que cette brute l’avait traîtreusement frappé à
mort! Car il était mort, n’est-ce pas?... Sa pâleur,
son immobilité, tout ce sang répandu, n’en témoi
gnaient que trop! Et c’étaient ses plaintes d’agonie
qui avaient troublé le sommeil de Pia... La jeune
fille s’était penchée sur lui et, en écartant le linge
ensanglanté pour épier une dernière palpitation,
elle retrouva ses pauvres marguerites rougies
auprès du fer assassin. A ses cris, on vint de la
ferme et la victime y fut transportée.
Et, d’une poigne énergique, il écarta et maintint le
malotru, ce dont Pia profita pour s’éloigner, tandis
que le’Nano, écumant de fureur, grondait en s’agi
tant: « Maudit Myrthal ! tu me le paieras! » La jeune
fille, qui avait couru, parut se raviser et, revenant
sur ses pas, elle détacha deux fleurettes de sa gerbe
et, les offrant gracieusement à son protecteur:
« Merci, Myrthal! » dit-elle. Et elle disparut, cette
fois, non sans avoir vu le jeune bohémien baiser
ses fleurs...
...et les glisser délicatement dans sa poitrine. La
nuit venait, rapide, sous l’épaisse frondaison; Myr-
thaî avait lâché Nano qui s’etait éclipsé en envelop
pant son compagnon d’un regard fielleux; et ce
derhier restait pensif, les yeux perdus du côté où il
avait vu s’éloigner la gracieuse apparition fleurie.
Tout à coup, un frôlement dans les buissons le tira
de sa rêverie, mais, avant qu’il eût pu se lever, il vit
luire trois éclairs jaillissant d’une lame...
...que si tu me donnes de tes fleurs! » Pia était
craintive, mais Aère; et, devant le ton si arrogant du
vagabond, elle serra ses fleurs, tournant machina
lement ses yeux implorateurs vers l’autre étranger
qui n’avait bougé ni dit un mot, ec celui-ci lui parut
bon et loyal. Or, l’autre, irrité du geste dédaigneux
de Pia, porta vers ses fleurs une main brutale.
Mais, aussitôt, son compagnon fut sur lui. « Arrête,
Nano! lui dit-il. Laisse en paix cette enfant! »
Des nomades venaient de faire halte en un bois,
non loin de la demeure de maître Bonifaci, le riche
fermier du comte Romanesi. Le bonhomme avait
une fille qu’il idolâtrait avec orgueil et à laquelle il
avait fait donner une éducation de fille de qualité,
sur les conseils mêmes du comte et do sa femme
qui portaient un vif intérêt à cette gracieuse enfant,
véritablement pleine de mérites. Mais Pia n’en
était pour cela aucunement vaniteuse.
contractées du blessé quelques gouttes d’un vulné
raire qui, à la grande Joie de Pia, parut le ranimer.
Elle baissa son visage anxieux sur lui, voulant
recueillir son premier mot... le dernier peut-être,
aussi!... « Silence’ » souffla seulement le blessé qui
retomba en syncope. La ferme des Bonifaci se ircu-
vant, avec le château Romanesi, en pleine campagne
déserte, nul, sauf Pia, n’avait vu la troupe fugitive.
■aÉfc.-J
...qu’un faible'appel de détresse venait du bois. Elle
courut vers la lisière et constata bientôt la dispa
rition du campement. Elle s’en retourna, en sou
pirant. Mais, soudain, elle s’arrêta, frémissante: une
fo,rme humaine, inerte et sanglante, gisait sur le
sol à distance. Elle y court, et son émoi redouble en
reconnaissant ce beau guenilleux qui, si respec
tueusement, l’avait défendue la veille contre les
entreprises d'un butor. Nul doute, hélas! que ce ne
fût à cause d’elle...
Le blessé inconnu fut pris pour un de ces chemi
neaux louant leurs bras do forme en ferme, à moins
qu’il ne fût quelque pillard détaché d’une bande.
Pourtant, ses traits démentaient d’aussi défavo
rables présomptions, et il fut secouru avec dévoue
ment par les Bonifaci et, surtout, leur fille. Grâce à
ces ( soins et sa constitution robuste, le bohémien
fut ^vite rétabli, et, reconnaissant, il implora les
fermiers de le garder à leur service, n’éprouvant
plus que répulsion...
...à reprendre sa vie vagabonde. 11 avait raconté, no
voulant pas dénoncer ses compagnons, que, ayant
fait un faux mouvement en coupant des scions pour
les corbeilles qu’il tressait, il était tombé sur son
couteau. Maître Bonifaci ayant justement besoin
d'un aide, et la mine de Myrthal lui revenant, il
agréa sa prière. Et, en vérité, il n’eut pas à s'en
repentir tout d’abord, tant le jeune homme appor
tait de zèle, de bon vouloir, d'intelligence, à tout ce
qu’il entreprenait. (Voir la suite page 2.)
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, — Six mois 7 fr.
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MYRTHAL LE BOHÉMIEN, par YMER
Un soir qu’elle s’en revenait chez elle, chargée de
fleurs des prés, Pia aperçut le campement des
bohémiens et, craignant ces douteux inconnus, elle
s’imposa un détour pour éviter leur rencontre. Mais
voilà qu’elle se trouva devant deux jeunes inconnus
que, à leurs haillons et leur mine, elle devina être
de ces gens, et elle hâta le pas. Mats l’un d’eux, une
espèce de gnome tout contrefait, à la figure haineuse
et sournoise, lui barrant le chemin: « Tu ne pas-
serds, la belle, lui dit-il rudement...
...et de deux yeux chargés de fureyr. Aussi rapide
que la foudre, l’arme s’abattit sur Myrthal qui,
poussant un grand cri, tomba sur le gazon déjà
trempé de son sang. Pia atteignait la maison à cet
instant, et il lui sembla percevoir cette plainte déchi
rante venant des bois assombris. Elle frissonna,
s’arrêta, l’oreille tendue; mais, n’entendant plus
rien, elle franchit le seuil. Cependant, le lâche meur
trier s’était enfui vers le campement où se| tenaient
deux vieillards d’aspect repoussant.
« Père, mère! leur dit-il. Fuyons vite! Je viens do
tuer mon frère! Myrthal est mort! — Ce n’était pas
ton frère, tu as bien fait! Il devenait insupportable
avec ses remontrances, et il aurait fini par nous
dénoncer tous! » En grande hâte, les vagabonds
! levèrent le camp et disparurent dans la nuit. Le len-
I demain, dès l’aube, Pia fut debout. Elle n’avait pu
i dormir, obsédée parce cri de la veille et qui, encore,
j avait hanté sa nuit. Oui, il lui avait semblé, de temps
à autre...
...que cette brute l’avait traîtreusement frappé à
mort! Car il était mort, n’est-ce pas?... Sa pâleur,
son immobilité, tout ce sang répandu, n’en témoi
gnaient que trop! Et c’étaient ses plaintes d’agonie
qui avaient troublé le sommeil de Pia... La jeune
fille s’était penchée sur lui et, en écartant le linge
ensanglanté pour épier une dernière palpitation,
elle retrouva ses pauvres marguerites rougies
auprès du fer assassin. A ses cris, on vint de la
ferme et la victime y fut transportée.
Et, d’une poigne énergique, il écarta et maintint le
malotru, ce dont Pia profita pour s’éloigner, tandis
que le’Nano, écumant de fureur, grondait en s’agi
tant: « Maudit Myrthal ! tu me le paieras! » La jeune
fille, qui avait couru, parut se raviser et, revenant
sur ses pas, elle détacha deux fleurettes de sa gerbe
et, les offrant gracieusement à son protecteur:
« Merci, Myrthal! » dit-elle. Et elle disparut, cette
fois, non sans avoir vu le jeune bohémien baiser
ses fleurs...
...et les glisser délicatement dans sa poitrine. La
nuit venait, rapide, sous l’épaisse frondaison; Myr-
thaî avait lâché Nano qui s’etait éclipsé en envelop
pant son compagnon d’un regard fielleux; et ce
derhier restait pensif, les yeux perdus du côté où il
avait vu s’éloigner la gracieuse apparition fleurie.
Tout à coup, un frôlement dans les buissons le tira
de sa rêverie, mais, avant qu’il eût pu se lever, il vit
luire trois éclairs jaillissant d’une lame...
...que si tu me donnes de tes fleurs! » Pia était
craintive, mais Aère; et, devant le ton si arrogant du
vagabond, elle serra ses fleurs, tournant machina
lement ses yeux implorateurs vers l’autre étranger
qui n’avait bougé ni dit un mot, ec celui-ci lui parut
bon et loyal. Or, l’autre, irrité du geste dédaigneux
de Pia, porta vers ses fleurs une main brutale.
Mais, aussitôt, son compagnon fut sur lui. « Arrête,
Nano! lui dit-il. Laisse en paix cette enfant! »
Des nomades venaient de faire halte en un bois,
non loin de la demeure de maître Bonifaci, le riche
fermier du comte Romanesi. Le bonhomme avait
une fille qu’il idolâtrait avec orgueil et à laquelle il
avait fait donner une éducation de fille de qualité,
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