Presse et revues
8 pages
Titre : Les Belles images
Éditeur : A. Fayard (Paris)
Date d'édition : 1924-05-22
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb327110547
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 11090 Nombre total de vues : 11090
Description : 22 mai 1924 22 mai 1924
Description : 1924/05/22 (N1027). 1924/05/22 (N1027).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k961327t
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-55958
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 05/03/2013
N° 1027—21 e Armée
25 CENTIMES
A. FAYARD etC”, Editeurs
18 et "20, rue du Saint (lulhavd
S CL 47
Chèque Postal 388-84 PARIS
22 Mai li>2 F
25 CENTIMES
ABONNEMENTS :
France : Un an... 12.50
— Six mois 7 fr.
Étranger: Un an. 18 fr.
Chèque Postal 388-84 PARIS
UN PATRON A TOUT FAIRE, par S- PANIA
il très doux, et Baptiste, naturellement paresseux,
en abusait pour en faire le moins possible. Il s’était
lié avec les gens de maison du voisinage, sortait très
souvent après dîner...
...et ne manquait pas une représentation de l'Edeti
Palace, le music-liall du lieu. Un soir, il fut passion
nément intéressé par les expériences du professeur
Glakson, fameux magnétiseur, qui étonna toute
l’assistunoe en obligeant, par la seule force de son
regard, les sujets pris parmi les spectateurs béné
voles, à exécuter tout ce qu’il leur commandait.
Ainsi il endormit un garçon épicier de la Grande-
Rue, le lit lever et lui commanda de danser...
...de chanter, de plier un journal, etc. Après quoi, il
le réveilla sans que le sujet se souvint de rien.
Rentré à la maison, Baptiste ne réva qu’auto-sugges-
tion, transmission de pensée, hypnotisme, etc. Le
lendemain matin, il apporta, comme d’habitude, le
chocolat de M. Bonbon et le Fanal (le la Haute-Dor
dogne. journal local, sur lequel son maître avait
l’habitude de faire un petit somme après avoir pris
son petit déjeuner.
Gomme il s’ôtait levé tard, Baptiste n'avait essuyé
que très sommairement la tasse et la soucoupe.
M. Bonbon, très méticuleux, le remarqua et lui en
lit doucement l’observation. Mais Baptiste, qui avait
horreur des observations, fut vexé et, d'un œil
furieux, regarda son maître fixement, en pensant :
« Essuyez-la donc vous-méme, votre tasse: » Ghoso
bizarre, Bonbon ne put soutenir son regard acéré,
battit de m oaupière...
...et, assez troublé, prit la tasse et l’essuya. «Oh!
songea Baptiste, s’il était sujet! Serait-ce possible? »
El, pour voir si le geste de M. Bonbon n’élait pas un
effet du hasard : « Et la soucoupe, essuyez-la aussi,
je vous l’ordonne! » pensa-t-il en èonVentrant sa
volonté. M. Bonbon prit la soucoupe et l'gssuya.
« Plus vite que ça! » commanda mentalement Baptiste.
M. Bonbon essuya plus vite. «Ça y est! se dit le valet
de chambre tout joyeux, je suis médium...
..'.et mop patron m’obéit! Quelle chance! » Il
pensa alors à tout le profit qu’il pourrait tirer
d’une semblable situation. « Seulement, réflécltlt-îl,
il ne faut pas qu'il se doute de l’empire que j ai sur
lui, ni de l’emploi que je vais en taire, car il serait
capable de tout raconter à son bon ami le docteur
Roche qui mettrait des bâtons dans les roues.
Al tendons, pour opérer, qu’il somnole, comme chaque
malin, sur le Fanal de la Haute-Dordogne. »
Apres avoir pris son chocolat accompagné de
solides tartines beurrées, M. Honbon s’était, pour
digérer, calé dans sa bergère et commençait à lire
l’article de fond de son journal favori. L’effet s’en
faisait aussitôt sentir par un ronflement régulier et
sonore. « II dort, allons-y!» pensa Baptiste. Et, d’un
geste large, il lit des passes magnétiques en concen
trant sa volonté. « Dormez! je le veux! je l’exige! je
l'ordonne ! » 11 t-il...
...comme il avait vu faire au professeur Glakson.
Puis, quand il jugea que son sujet était en état
d’hypnose : « Dormez-vous? interrogea-t-il. — Je,
dors! répondit calmement le rentier. — Alors, levez-
vous, » continua le médium improvisé. M. Bonbon se
leva. * Allez me chercher la flne Napoléon, avec un
petit verre... ei la boîte de cigares Hupmann! »
M. Bonbon exécuta ces ordres. « Bien: A votre
santé! ■> Baptiste but un verre cie line..
...et alluma un cigare. .Maintenant, aux choses
sérieuses! Vous m’avez attrapé hier parce que le
parquet n’était pas bien cire. Prenez le balai, le
béton de cire et la brosse. Bien! et maintenant,
frottez! » M. Bonbon s’escrimait sur le plancher,
tandis que, vautré dans sa bergère, le cigare au bec,
les jambes croisées, son domestique le regardait
faire d’un œil narquois...
...en excitant parfois son énergie faiblissante par un
regard d’acier. Après la salle à manger, ce fut le
tour de la chambre à coucher gueM. Bonbon rangea,
épousseta et aéra, puis lu cuisine qui fui passée au
chiffon mouillé après que le fourneau et les cuivres
eussent brillé d’un éclat inusité. << Allons, songea
Baptiste, en voila assez pour aujourd’hui, retournez
vous asseoir dans votre bergère, reprenez le fanal
de la Haute-Dordogne, endormez-vous...
...et réveillez-vous: je le veux! » M. Bonbon fertî
les yeux, puis les rouvrit. II regarda d’un air hébët?
autour de lui et vil son domestique souriant.
« Euh, s’écria-t-il, le Fanal était particulièrement
intéressant ee matin, mais je crois que je me suis
endormi! — Monsieur s’est repose un peu, répondit
imperturbablement Baptiste. J’en ai profité pour
donner un sérieux coup au salon, monsieur peut
voir... le parquet...
h! très bien... lit M. Bonbon, fous mes compli-
ts. Baptiste! — Monsieur peut jeter aussi un
coup d’œil sur sa chambre, sur la cuisine...» M. Bon
bon se montra enchanté, « Vous vous négligiez un
peu, fit-il doucement, mais je suis content de voir
que ce n’était que passager! — Oh! monsieur peut
avoir confiance en moi, s’écria Baptiste avec feu,
monsieur n'aura plus que des compliments à me
faire désormais. »
(Voir la suite page Z.)
25 CENTIMES
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18 et "20, rue du Saint (lulhavd
S CL 47
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25 CENTIMES
ABONNEMENTS :
France : Un an... 12.50
— Six mois 7 fr.
Étranger: Un an. 18 fr.
Chèque Postal 388-84 PARIS
UN PATRON A TOUT FAIRE, par S- PANIA
il très doux, et Baptiste, naturellement paresseux,
en abusait pour en faire le moins possible. Il s’était
lié avec les gens de maison du voisinage, sortait très
souvent après dîner...
...et ne manquait pas une représentation de l'Edeti
Palace, le music-liall du lieu. Un soir, il fut passion
nément intéressé par les expériences du professeur
Glakson, fameux magnétiseur, qui étonna toute
l’assistunoe en obligeant, par la seule force de son
regard, les sujets pris parmi les spectateurs béné
voles, à exécuter tout ce qu’il leur commandait.
Ainsi il endormit un garçon épicier de la Grande-
Rue, le lit lever et lui commanda de danser...
...de chanter, de plier un journal, etc. Après quoi, il
le réveilla sans que le sujet se souvint de rien.
Rentré à la maison, Baptiste ne réva qu’auto-sugges-
tion, transmission de pensée, hypnotisme, etc. Le
lendemain matin, il apporta, comme d’habitude, le
chocolat de M. Bonbon et le Fanal (le la Haute-Dor
dogne. journal local, sur lequel son maître avait
l’habitude de faire un petit somme après avoir pris
son petit déjeuner.
Gomme il s’ôtait levé tard, Baptiste n'avait essuyé
que très sommairement la tasse et la soucoupe.
M. Bonbon, très méticuleux, le remarqua et lui en
lit doucement l’observation. Mais Baptiste, qui avait
horreur des observations, fut vexé et, d'un œil
furieux, regarda son maître fixement, en pensant :
« Essuyez-la donc vous-méme, votre tasse: » Ghoso
bizarre, Bonbon ne put soutenir son regard acéré,
battit de m oaupière...
...et, assez troublé, prit la tasse et l’essuya. «Oh!
songea Baptiste, s’il était sujet! Serait-ce possible? »
El, pour voir si le geste de M. Bonbon n’élait pas un
effet du hasard : « Et la soucoupe, essuyez-la aussi,
je vous l’ordonne! » pensa-t-il en èonVentrant sa
volonté. M. Bonbon prit la soucoupe et l'gssuya.
« Plus vite que ça! » commanda mentalement Baptiste.
M. Bonbon essuya plus vite. «Ça y est! se dit le valet
de chambre tout joyeux, je suis médium...
..'.et mop patron m’obéit! Quelle chance! » Il
pensa alors à tout le profit qu’il pourrait tirer
d’une semblable situation. « Seulement, réflécltlt-îl,
il ne faut pas qu'il se doute de l’empire que j ai sur
lui, ni de l’emploi que je vais en taire, car il serait
capable de tout raconter à son bon ami le docteur
Roche qui mettrait des bâtons dans les roues.
Al tendons, pour opérer, qu’il somnole, comme chaque
malin, sur le Fanal de la Haute-Dordogne. »
Apres avoir pris son chocolat accompagné de
solides tartines beurrées, M. Honbon s’était, pour
digérer, calé dans sa bergère et commençait à lire
l’article de fond de son journal favori. L’effet s’en
faisait aussitôt sentir par un ronflement régulier et
sonore. « II dort, allons-y!» pensa Baptiste. Et, d’un
geste large, il lit des passes magnétiques en concen
trant sa volonté. « Dormez! je le veux! je l’exige! je
l'ordonne ! » 11 t-il...
...comme il avait vu faire au professeur Glakson.
Puis, quand il jugea que son sujet était en état
d’hypnose : « Dormez-vous? interrogea-t-il. — Je,
dors! répondit calmement le rentier. — Alors, levez-
vous, » continua le médium improvisé. M. Bonbon se
leva. * Allez me chercher la flne Napoléon, avec un
petit verre... ei la boîte de cigares Hupmann! »
M. Bonbon exécuta ces ordres. « Bien: A votre
santé! ■> Baptiste but un verre cie line..
...et alluma un cigare. .Maintenant, aux choses
sérieuses! Vous m’avez attrapé hier parce que le
parquet n’était pas bien cire. Prenez le balai, le
béton de cire et la brosse. Bien! et maintenant,
frottez! » M. Bonbon s’escrimait sur le plancher,
tandis que, vautré dans sa bergère, le cigare au bec,
les jambes croisées, son domestique le regardait
faire d’un œil narquois...
...en excitant parfois son énergie faiblissante par un
regard d’acier. Après la salle à manger, ce fut le
tour de la chambre à coucher gueM. Bonbon rangea,
épousseta et aéra, puis lu cuisine qui fui passée au
chiffon mouillé après que le fourneau et les cuivres
eussent brillé d’un éclat inusité. << Allons, songea
Baptiste, en voila assez pour aujourd’hui, retournez
vous asseoir dans votre bergère, reprenez le fanal
de la Haute-Dordogne, endormez-vous...
...et réveillez-vous: je le veux! » M. Bonbon fertî
les yeux, puis les rouvrit. II regarda d’un air hébët?
autour de lui et vil son domestique souriant.
« Euh, s’écria-t-il, le Fanal était particulièrement
intéressant ee matin, mais je crois que je me suis
endormi! — Monsieur s’est repose un peu, répondit
imperturbablement Baptiste. J’en ai profité pour
donner un sérieux coup au salon, monsieur peut
voir... le parquet...
h! très bien... lit M. Bonbon, fous mes compli-
ts. Baptiste! — Monsieur peut jeter aussi un
coup d’œil sur sa chambre, sur la cuisine...» M. Bon
bon se montra enchanté, « Vous vous négligiez un
peu, fit-il doucement, mais je suis content de voir
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faire désormais. »
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