Titre : Les Belles images
Éditeur : A. Fayard (Paris)
Date d'édition : 1924-04-10
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb327110547
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 11090 Nombre total de vues : 11090
Description : 10 avril 1924 10 avril 1924
Description : 1924/04/10 (N1021). 1924/04/10 (N1021).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k961321j
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-55958
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 05/03/2013
N° 1021—21 e Année
25 CENTIMES
ADMINISTRATION :
18 et 20, rne do Saint-Gothard
PARIS d'à:*)
Chèque Postal 388-84 PARIS
10 Avril 1924
25 CENTIMES
ABONNEMENTS:
France : Un an... 12.50
— Six mois 7 fr.
Étranger : Un an. 15 fr.
Chèque Postal 388-84 PARIS
LA CHEVELURE DE VOVftUD, par VftLVÉRftNE
Affligé d’une calvitie précoce, le sympathique
Vovaud, employé ponctuel d’une importante admi
nistration, avait pris de bonne heure l’habitude de
dissimuler sous des perruques l’infirmité qui empoi
sonnait son existence. Excellent camarade, mais très
ombrageux sur cet unique sujet, il avait cru sur
prendre des doutes parmi ses collègues sur l’authen
ticité de ses ornements capillaires. Pour couper
court à tous commentaires, il avait inventé un sub
terfuge ingénieux. Il s’était fait confectionner...
...Et je tiens contre qui voudra un pari dont l’enjeu
sera un banquet payé par le perdant à tous jnos
collègues du bureau. — Je tiens le pari, » dit Bidoîs.
Quant au brave Canasson, il courut avertir charita
blement Vovaud de ce qui se tramait contre lui.
Vovaud, prévenu, prit ses précautions en maintenant
sa perruque par un cordonnet invisible qui faisait le
tour de son menton... de sorte que le pêcheur do
perruques en fut pour ses frais, et l’hameçon...
Avisant Savournin, chauve comme un œuf, il sup
posa que c’était à lui qu’appartenait le trophée, et
l’en coifîa adroitement en passant derrière lui, sans
môme attirer son attention. « Tiens ! s’écria quel
qu’un, quel miracle vient de se produire! Voilà
Savournin devenu hirsute et Vovaud chau/e I...» Tous
les regards se tournèrent vers les deux intéressés,
en même temps que Vovaud portait à sa tête ses
mains tremblantes.
Hélas! ce même jour, un tremblement de terre se
produisit dans la région. La maison de Yamoto ne
s’effondra pas, mais en fut toute disloquée: une
poutre, malencontreusement redressée, vint enlever
la perruque du fiancé et l’éleva ensuite hors de la
portée de sa main, sous les yeux de la fiancée
horrifiée.
Sa confusion fut si profonde qu’il prit ses jambes
à son cou, et, rentré chez lui, envoya sa démission à
son directeur pour ne pius reparaître devant ses
collègues, malgré les instances du brave Canasson
venu chez lui pour le consoler. Le désolé Vovaud lui
annonça qu’il partait dès le lendemain pour le Japon,
et il fit comme il avait dit. Un do ses cousins avait
au Japon une affaire commerciale prospère. Vovaud,
ayant réalisé ses capitaux, les mit dans cette entre
prise...
...et fit en peu de temps d’appréciables bénéfices,
notamment sur les marchés, qu’il traita avec un
commerçant japonais du nom de Yamato. Inutile de
dire qu’il avait fait emplette d’une nouvellé per
ruque, mais, n’ayant pas eu le choix au départ, il
l’avait prise d’un blond ardent. Cette nuance, inusitée
chez la race jaune, éblouit la jeune Mitsouri, la
fille de Yamoto. Si bien que, peu après, on célébra
les fiançailles du blond Vovaud et de la brune Mit
souri dans la maison de campagne de Yamoto.
...par un habile spécialiste tout un jeu de per
ruques de mêmes teintes, mais d’inégales longueurs
de cheveux. Au début du mois, il mettait la plus
courte en disant qu’il avait été la veille chez le
coiffeur. Quelques jours après, il se coiffait de la
perruque un peu plus longue et parvenait ainsi par
gradation jusqu’à la fin du mois. « Vous voyez bien,
disait à ses autres collègues le gros JBidois, après
le départ de Vovaud, que notre ami ne porte pas
perruque; sans cela, ses cheveux ne pousseraient
pas.
...qu’il glissa du haut du balcon dans la tignasse
postiche ne put réussir à la soulever. Le fil cassa.
* J’ai perdu, dit Savournin, et je paye le banquet. »
Des invitations furent envoyées à tous les collègues.
Au dessert, avant le champagne, Savournin se leva
pour expliquer à tous les convives quels avaient été
l’enjeu et le pari, ce qui excita la gaieté générale.
Les vins fins circulèrent pendant qu’on servait les
fruits.
— Hum! répondait le maigre et bilieux Savour-
hin, qui était lui-même chauve comme un œuf, rien
n’est moins sûr... » Quant au brave Canasson, qui
était le seul à savoir à quoi s’en tenir sur la réelle
calvitie de Vovaud, il avait la bonté d’âme de
n’en rien révéler et de donner raison à Bidois.
« Hé bien, dit un soir Savournin, puisque nous
devons aller tous quatre samedi au théâtre, au par
terre, je me fais fort, en embauchant au balcon
un pêcheur de perruques, de démontrer la calvitie
de notre ami...
JII arriva qu’un extra, embauché pour le banquet,
accrocha par mégarde- avec le bouton de son habit
la perruque de Vovaud qu’il emporta sans s’en aper
cevoir tout d’abord et sans que Vovaud, déjà sous
l’influence des vins généreux, s’en doutât lui-même,
pas plus que ses voisins immédiats. Mais, dès que
l’extra comprit la gaffe qu’il avait commise en aper 7
cevant la perruque suspendue à son bouton, il réso
lut de la réparer au plus tôt.
Nouvelle fuite du déconfit Vovaud. Inutile de
que les fiançailles furent rompues, et Yamo
voulait faire payer cher à celui dont il avait
faire son gendre, son imposture capillaire dont le
ridicule rejaillissait sur sa fille, le chercha en vain
les jours suivants. Vovaud, désespéré, était allé
cacher sa calvitie dans la cabine d’un navire amé
ricain en partance pour la Californie.
Il aurait passé toute la traversée enfermé dans
cette cabine pour dissimuler à tous les regards l’ari
dité de son crâne poli, cause de tous ses majfieurs,
si le garçon mexicain qui lui apportait ses repas
n’avait eu pitié de lui. Cet homme portait une opu
lente barbe d’un noir de jais; il la vendit à Vovaud
pour qu’il s’en fît une chevelure.
(Voir la suite page 2.)
25 CENTIMES
ADMINISTRATION :
18 et 20, rne do Saint-Gothard
PARIS d'à:*)
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25 CENTIMES
ABONNEMENTS:
France : Un an... 12.50
— Six mois 7 fr.
Étranger : Un an. 15 fr.
Chèque Postal 388-84 PARIS
LA CHEVELURE DE VOVftUD, par VftLVÉRftNE
Affligé d’une calvitie précoce, le sympathique
Vovaud, employé ponctuel d’une importante admi
nistration, avait pris de bonne heure l’habitude de
dissimuler sous des perruques l’infirmité qui empoi
sonnait son existence. Excellent camarade, mais très
ombrageux sur cet unique sujet, il avait cru sur
prendre des doutes parmi ses collègues sur l’authen
ticité de ses ornements capillaires. Pour couper
court à tous commentaires, il avait inventé un sub
terfuge ingénieux. Il s’était fait confectionner...
...Et je tiens contre qui voudra un pari dont l’enjeu
sera un banquet payé par le perdant à tous jnos
collègues du bureau. — Je tiens le pari, » dit Bidoîs.
Quant au brave Canasson, il courut avertir charita
blement Vovaud de ce qui se tramait contre lui.
Vovaud, prévenu, prit ses précautions en maintenant
sa perruque par un cordonnet invisible qui faisait le
tour de son menton... de sorte que le pêcheur do
perruques en fut pour ses frais, et l’hameçon...
Avisant Savournin, chauve comme un œuf, il sup
posa que c’était à lui qu’appartenait le trophée, et
l’en coifîa adroitement en passant derrière lui, sans
môme attirer son attention. « Tiens ! s’écria quel
qu’un, quel miracle vient de se produire! Voilà
Savournin devenu hirsute et Vovaud chau/e I...» Tous
les regards se tournèrent vers les deux intéressés,
en même temps que Vovaud portait à sa tête ses
mains tremblantes.
Hélas! ce même jour, un tremblement de terre se
produisit dans la région. La maison de Yamoto ne
s’effondra pas, mais en fut toute disloquée: une
poutre, malencontreusement redressée, vint enlever
la perruque du fiancé et l’éleva ensuite hors de la
portée de sa main, sous les yeux de la fiancée
horrifiée.
Sa confusion fut si profonde qu’il prit ses jambes
à son cou, et, rentré chez lui, envoya sa démission à
son directeur pour ne pius reparaître devant ses
collègues, malgré les instances du brave Canasson
venu chez lui pour le consoler. Le désolé Vovaud lui
annonça qu’il partait dès le lendemain pour le Japon,
et il fit comme il avait dit. Un do ses cousins avait
au Japon une affaire commerciale prospère. Vovaud,
ayant réalisé ses capitaux, les mit dans cette entre
prise...
...et fit en peu de temps d’appréciables bénéfices,
notamment sur les marchés, qu’il traita avec un
commerçant japonais du nom de Yamato. Inutile de
dire qu’il avait fait emplette d’une nouvellé per
ruque, mais, n’ayant pas eu le choix au départ, il
l’avait prise d’un blond ardent. Cette nuance, inusitée
chez la race jaune, éblouit la jeune Mitsouri, la
fille de Yamoto. Si bien que, peu après, on célébra
les fiançailles du blond Vovaud et de la brune Mit
souri dans la maison de campagne de Yamoto.
...par un habile spécialiste tout un jeu de per
ruques de mêmes teintes, mais d’inégales longueurs
de cheveux. Au début du mois, il mettait la plus
courte en disant qu’il avait été la veille chez le
coiffeur. Quelques jours après, il se coiffait de la
perruque un peu plus longue et parvenait ainsi par
gradation jusqu’à la fin du mois. « Vous voyez bien,
disait à ses autres collègues le gros JBidois, après
le départ de Vovaud, que notre ami ne porte pas
perruque; sans cela, ses cheveux ne pousseraient
pas.
...qu’il glissa du haut du balcon dans la tignasse
postiche ne put réussir à la soulever. Le fil cassa.
* J’ai perdu, dit Savournin, et je paye le banquet. »
Des invitations furent envoyées à tous les collègues.
Au dessert, avant le champagne, Savournin se leva
pour expliquer à tous les convives quels avaient été
l’enjeu et le pari, ce qui excita la gaieté générale.
Les vins fins circulèrent pendant qu’on servait les
fruits.
— Hum! répondait le maigre et bilieux Savour-
hin, qui était lui-même chauve comme un œuf, rien
n’est moins sûr... » Quant au brave Canasson, qui
était le seul à savoir à quoi s’en tenir sur la réelle
calvitie de Vovaud, il avait la bonté d’âme de
n’en rien révéler et de donner raison à Bidois.
« Hé bien, dit un soir Savournin, puisque nous
devons aller tous quatre samedi au théâtre, au par
terre, je me fais fort, en embauchant au balcon
un pêcheur de perruques, de démontrer la calvitie
de notre ami...
JII arriva qu’un extra, embauché pour le banquet,
accrocha par mégarde- avec le bouton de son habit
la perruque de Vovaud qu’il emporta sans s’en aper
cevoir tout d’abord et sans que Vovaud, déjà sous
l’influence des vins généreux, s’en doutât lui-même,
pas plus que ses voisins immédiats. Mais, dès que
l’extra comprit la gaffe qu’il avait commise en aper 7
cevant la perruque suspendue à son bouton, il réso
lut de la réparer au plus tôt.
Nouvelle fuite du déconfit Vovaud. Inutile de
que les fiançailles furent rompues, et Yamo
voulait faire payer cher à celui dont il avait
faire son gendre, son imposture capillaire dont le
ridicule rejaillissait sur sa fille, le chercha en vain
les jours suivants. Vovaud, désespéré, était allé
cacher sa calvitie dans la cabine d’un navire amé
ricain en partance pour la Californie.
Il aurait passé toute la traversée enfermé dans
cette cabine pour dissimuler à tous les regards l’ari
dité de son crâne poli, cause de tous ses majfieurs,
si le garçon mexicain qui lui apportait ses repas
n’avait eu pitié de lui. Cet homme portait une opu
lente barbe d’un noir de jais; il la vendit à Vovaud
pour qu’il s’en fît une chevelure.
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