Titre : Les Belles images
Éditeur : A. Fayard (Paris)
Date d'édition : 1918-12-05
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb327110547
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 11090 Nombre total de vues : 11090
Description : 05 décembre 1918 05 décembre 1918
Description : 1918/12/05 (N745). 1918/12/05 (N745).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k961232z
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-55958
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 05/03/2013
5 Décembre 1918
N° 745 - 15 e Année
PROVi SQIREMEJfT B
2C CENTIMES
ADMINISTRATION :
18 et 20, rue du Saiat-Gothard
PARIS (14')
PROVISOIREMENT 0
20 CENTIMES ,
ABONNEMENTS ;
France;Un an... 10 fr.
~ Six mois 5 50
Étranger: Un an. 12 fr.
. *
4 *.
À\
I*
« V
LA VIEILLE AUX GRANDS PIEDS, par YMER
Il y avait, avant la guerre, à Remicourt-en-Valois,
non loin de la forêt de Villers-Cotterets, une pro
priété à vendre, la Moussière, depuis longtemps aban
donnée. Outre la maison de maître et ses jardins clos
de murs, elle comprenait, située à une assez grande
distance de celle-ci, une ferme exploitée par les
époux Bernoud, aidés par un enfant de l’Assistance
publique, le petit Jeannot, alors ftgé de douze ans. Il
y avait plus de cinq ans qu’aucun acquéreur ne
s’était présenté...
pour des destinations inconnues. Enfin, on ne s'oc
cupa bientôt plus de lui. D’ailleurs, des bruits de
guerre détournaient déjà l’attcalion de sa personne,
un beau jour, M. Dubois annonça à la femme Ber
noud qu’il allait s’absenter pour 1 longtemps, mais
que sa sœur, Mlle Agathe Dubois, allait venir se fixer
à ta Moussière. ,
... ne manquait pas une occasion d’y pénétrer, pré
textant des commissions à faire. Il avait plusieurs
fois remarqué que des pigeons partaient do la ter
rasse de la Moussière, volant tous à tire-d’aile dans la
même direction, et qu’ils ne revenaient jamais... Mais
d’autres soucis, hélas 1 allaient bientôt préoccuper
plus gravement les esprits que les hôtes de la Mous
sière : l’ennemi s’avançait et, débordant la forêt, il fut
vite à ltemicourt.
... lorsqu’un jour, alors que Jeannot gardait les oies
près de l’entrée, un étranger s’arrêta qui parut s’in
téresser vivement à la Moussière. Enfin, il s’adressa à
l’enfant, qui eut tôt fait d’aller chercher les clefs que
détenaient précisément les Bernoud. Tout parut au
gré de ce visiteur accommodant et, son inspection
terminée, il déclara aux fermiers qu’il allait revenir
bientôt, ses titres de propriété en poche. A quelques
jours de là, en effet. M. Dubois, tel ôtait le nom du
nouveau propriétaire...
pas besoin de se nommer pour que les fermiers
reconnussent la sœur de M. Dubois, tant elle lui res
semblait. Ils remarquèrent aussi qu’elle avait de
très grands pieds et, si peu qu’elle se montrât dans
le pays, les habitants l’eurent vite surnommée la
« vieille aux grands pieds ». Son exislence (ut tout
aussi renfermée et mystérieuse que celle de son frère.
lège, ni la Moussière, ni sa ferme ne subirent le
moindre dommage, encore qu’elles furent des pre
mières où l’ennemi s’établit. Ce qui n’empêchait pas
la pauvre Mlle Agathe d’aller partout se pldindre de
la méchanceté des Boches envers elle. Jeannot, à qui
l’attitude decello-ci paraissait bien équivoque...
... s'installa avec ses meubles à la Moussière. Il Ht
procéder à des travaux et aménagements divers,
entre autres un haut belvédère surmonté d’une ter
rasse. Souvent, Jeannot. très curieux, allait autour
des ouvriers, mais M. Dubois, bien gentiment, le
chargeait alors d’aller lui porter une lettre, cheVcher
un journal, ou toute autre commission, qu’il rétri
buait d’ailleurs largement, comme aussi les services
de la mère Bernoud qui s’occupait d ) son ménage.
Les travaux finis, M. Dubois se tint retiré dans sa ..
Comme lui, elle recevait assez fréquemment des
étrangers, en auto le plus souvent, et si quelque
curieux avait pu voir par delà les murs élevés de la
Moussière, il aurait constaté que ces visiteurs appor
taient des pigeons que, contrairement aux mœurs
de ces volatiles qui affectionnent les lieux élevés,
Mlle Agathe tenait enfermés dans des sous sols. Le
petit Jeannot, très éveillé, et que le mystère de la
’onsitcce intriguait...
... no cessait de l’épier, tout en jouant l’innocent.
Mais, sans doute, les officiers qui logeaient à la
Moussière durent-ils trouver que le gamin flairait un
peu trop souvent do leur côté, car, un beau jour,
Jeannot, malgré son jeune âgé, fut compris sur Sa
liste des odieuses déportations de civils et .expédié
en Allemagne avec de nombreux autres habitants.
Envoyé à Mayence, cet enfant fut jugé assez robuste
pour y être employé comme terrassier.
C’est là que, un jour qu’il travaillait sur la route,
il crut être renversé en reconnaissant dans une auto
arrêtée, et très entouré de personnages d’aspect
important qui écoutaient, ses propos avec la plus
extrême, attention, M. Dubois eu personne. Oh ! on
n’eût point fait admettre à Jeannot qu’il pouvait se
tromper sur une vaine, quoique frappante ressem
blance. Sans douie, ce que M. Dubois racontait à ses
auditeurs était désagréable, car lui, comme eux,
paraissait consterné.
Jeannot, qui avait réussi à s’approcher de l’auto,
ut voir, pour comble de surprise, qu^ la voiture
tait garnie de panie s à pigeons, semblables à ceux
u’il avait aperçus parfois, à 1 a Af'^' v yo Pl U s . i es
iangars de la Moussière EnflA? nt m-'ê 1,
on auto disparut vers l’hori*' 11
u'étaitsa France chérie qu’il le ?° r< l < 7_ a acIleter ' 1 ai
s’apprêtaient à libérer son vil»
comment il allait l’apprendre.
% „ i
H lY /
mkl
jmà
La nourriture du camp où Jeannot était cantonne
était Infecte, et parmi les pauvres captifs c’était a
qui s’ingénierait à l’améliorer. Jeannot, fort adroit, y
pourvoyait pour une large part;. 11 s’était fait une
fronde et, plus d’une fois, il avait réussi, déjouant la
rude surveillance des gardes, à abattre un lapin, un
faisan ou autre gibier, dont, en cachette, il se réga
lait avec quelques-uns de ses compatriotes. Un jour,
ii vit venir de loin un vol d'assez gros oiseaux.
fVoir la suite page 2d
N° 745 - 15 e Année
PROVi SQIREMEJfT B
2C CENTIMES
ADMINISTRATION :
18 et 20, rue du Saiat-Gothard
PARIS (14')
PROVISOIREMENT 0
20 CENTIMES ,
ABONNEMENTS ;
France;Un an... 10 fr.
~ Six mois 5 50
Étranger: Un an. 12 fr.
. *
4 *.
À\
I*
« V
LA VIEILLE AUX GRANDS PIEDS, par YMER
Il y avait, avant la guerre, à Remicourt-en-Valois,
non loin de la forêt de Villers-Cotterets, une pro
priété à vendre, la Moussière, depuis longtemps aban
donnée. Outre la maison de maître et ses jardins clos
de murs, elle comprenait, située à une assez grande
distance de celle-ci, une ferme exploitée par les
époux Bernoud, aidés par un enfant de l’Assistance
publique, le petit Jeannot, alors ftgé de douze ans. Il
y avait plus de cinq ans qu’aucun acquéreur ne
s’était présenté...
pour des destinations inconnues. Enfin, on ne s'oc
cupa bientôt plus de lui. D’ailleurs, des bruits de
guerre détournaient déjà l’attcalion de sa personne,
un beau jour, M. Dubois annonça à la femme Ber
noud qu’il allait s’absenter pour 1 longtemps, mais
que sa sœur, Mlle Agathe Dubois, allait venir se fixer
à ta Moussière. ,
... ne manquait pas une occasion d’y pénétrer, pré
textant des commissions à faire. Il avait plusieurs
fois remarqué que des pigeons partaient do la ter
rasse de la Moussière, volant tous à tire-d’aile dans la
même direction, et qu’ils ne revenaient jamais... Mais
d’autres soucis, hélas 1 allaient bientôt préoccuper
plus gravement les esprits que les hôtes de la Mous
sière : l’ennemi s’avançait et, débordant la forêt, il fut
vite à ltemicourt.
... lorsqu’un jour, alors que Jeannot gardait les oies
près de l’entrée, un étranger s’arrêta qui parut s’in
téresser vivement à la Moussière. Enfin, il s’adressa à
l’enfant, qui eut tôt fait d’aller chercher les clefs que
détenaient précisément les Bernoud. Tout parut au
gré de ce visiteur accommodant et, son inspection
terminée, il déclara aux fermiers qu’il allait revenir
bientôt, ses titres de propriété en poche. A quelques
jours de là, en effet. M. Dubois, tel ôtait le nom du
nouveau propriétaire...
pas besoin de se nommer pour que les fermiers
reconnussent la sœur de M. Dubois, tant elle lui res
semblait. Ils remarquèrent aussi qu’elle avait de
très grands pieds et, si peu qu’elle se montrât dans
le pays, les habitants l’eurent vite surnommée la
« vieille aux grands pieds ». Son exislence (ut tout
aussi renfermée et mystérieuse que celle de son frère.
lège, ni la Moussière, ni sa ferme ne subirent le
moindre dommage, encore qu’elles furent des pre
mières où l’ennemi s’établit. Ce qui n’empêchait pas
la pauvre Mlle Agathe d’aller partout se pldindre de
la méchanceté des Boches envers elle. Jeannot, à qui
l’attitude decello-ci paraissait bien équivoque...
... s'installa avec ses meubles à la Moussière. Il Ht
procéder à des travaux et aménagements divers,
entre autres un haut belvédère surmonté d’une ter
rasse. Souvent, Jeannot. très curieux, allait autour
des ouvriers, mais M. Dubois, bien gentiment, le
chargeait alors d’aller lui porter une lettre, cheVcher
un journal, ou toute autre commission, qu’il rétri
buait d’ailleurs largement, comme aussi les services
de la mère Bernoud qui s’occupait d ) son ménage.
Les travaux finis, M. Dubois se tint retiré dans sa ..
Comme lui, elle recevait assez fréquemment des
étrangers, en auto le plus souvent, et si quelque
curieux avait pu voir par delà les murs élevés de la
Moussière, il aurait constaté que ces visiteurs appor
taient des pigeons que, contrairement aux mœurs
de ces volatiles qui affectionnent les lieux élevés,
Mlle Agathe tenait enfermés dans des sous sols. Le
petit Jeannot, très éveillé, et que le mystère de la
’onsitcce intriguait...
... no cessait de l’épier, tout en jouant l’innocent.
Mais, sans doute, les officiers qui logeaient à la
Moussière durent-ils trouver que le gamin flairait un
peu trop souvent do leur côté, car, un beau jour,
Jeannot, malgré son jeune âgé, fut compris sur Sa
liste des odieuses déportations de civils et .expédié
en Allemagne avec de nombreux autres habitants.
Envoyé à Mayence, cet enfant fut jugé assez robuste
pour y être employé comme terrassier.
C’est là que, un jour qu’il travaillait sur la route,
il crut être renversé en reconnaissant dans une auto
arrêtée, et très entouré de personnages d’aspect
important qui écoutaient, ses propos avec la plus
extrême, attention, M. Dubois eu personne. Oh ! on
n’eût point fait admettre à Jeannot qu’il pouvait se
tromper sur une vaine, quoique frappante ressem
blance. Sans douie, ce que M. Dubois racontait à ses
auditeurs était désagréable, car lui, comme eux,
paraissait consterné.
Jeannot, qui avait réussi à s’approcher de l’auto,
ut voir, pour comble de surprise, qu^ la voiture
tait garnie de panie s à pigeons, semblables à ceux
u’il avait aperçus parfois, à 1 a Af'^' v yo Pl U s . i es
iangars de la Moussière EnflA? nt m-'ê 1,
on auto disparut vers l’hori*' 11
u'étaitsa France chérie qu’il le ?° r< l < 7_ a acIleter ' 1 ai
s’apprêtaient à libérer son vil»
comment il allait l’apprendre.
% „ i
H lY /
mkl
jmà
La nourriture du camp où Jeannot était cantonne
était Infecte, et parmi les pauvres captifs c’était a
qui s’ingénierait à l’améliorer. Jeannot, fort adroit, y
pourvoyait pour une large part;. 11 s’était fait une
fronde et, plus d’une fois, il avait réussi, déjouant la
rude surveillance des gardes, à abattre un lapin, un
faisan ou autre gibier, dont, en cachette, il se réga
lait avec quelques-uns de ses compatriotes. Un jour,
ii vit venir de loin un vol d'assez gros oiseaux.
fVoir la suite page 2d
Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 88.1%.
En savoir plus sur l'OCR
En savoir plus sur l'OCR
Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 88.1%.
-
-
Page
chiffre de pagination vue 1/8
- Recherche dans le document Recherche dans le document https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/search/ark:/12148/bpt6k961232z/f1.image ×
Recherche dans le document
- Partage et envoi par courriel Partage et envoi par courriel https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/share/ark:/12148/bpt6k961232z/f1.image
- Téléchargement / impression Téléchargement / impression https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/download/ark:/12148/bpt6k961232z/f1.image
- Mise en scène Mise en scène ×
Mise en scène
Créer facilement :
- Marque-page Marque-page https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/bookmark/ark:/12148/bpt6k961232z/f1.image ×
Gérer son espace personnel
Ajouter ce document
Ajouter/Voir ses marque-pages
Mes sélections ()Titre - Acheter une reproduction Acheter une reproduction https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/pa-ecommerce/ark:/12148/bpt6k961232z
- Acheter le livre complet Acheter le livre complet https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/indisponible/achat/ark:/12148/bpt6k961232z
- Signalement d'anomalie Signalement d'anomalie https://sindbadbnf.libanswers.com/widget_standalone.php?la_widget_id=7142
- Aide Aide https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/aide/ark:/12148/bpt6k961232z/f1.image × Aide
Facebook
Twitter
Pinterest