Titre : Les Belles images
Éditeur : A. Fayard (Paris)
Date d'édition : 1915-08-12
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb327110547
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 12 août 1915 12 août 1915
Description : 1915/08/12 (N572). 1915/08/12 (N572).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k961213n
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-55958
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 27/02/2013
N°572 - 12 e Année
10 CENTIMES
ADMINISTRATION :
18 *t 20, rue du Saint-Gotbtrd
PARIS (14’)
12 Août 1915
10 CENTIMES
«BONNEiENTS :
France : Un an... 6 fr.
— Six mois 3.60
Étranger : Un an. 8 fr.
ENTRE FRANÇAIS, par Luc LEGUEY
Quoique simple fermier, Pierre Fagot était le
plus riche du canton, mais exécré des paysans, à
qui, les années de mauvaise récolte, il prêtait de
l’argent en leur faisant signer des^ billots avec des
intérêts si considérables que, le plus souvent, le
prêt achevait de ruiner l’emprunteur.
Seulement, si André n’était pas très robuste, il
était, en revanche, très courageux. Aussi, après
avoir été une fois rossé, sans motif, par le fils de
l’usurier, il alla couper, dans les bois, un solide
bâton et, dès qu’il rencontra son ennemi, le gratifia,
à son tour, d’une magistrale raclée.
Or, un Jour, un petit cultivateur nommé Floret,
qui avait du peiner pendant des années pour se
libérer envers Pierre Fagot, ayant rencontré ce
dernier dans un champ, ne put contenir sa'colère
et roua si bien de coups son usurier, qu’il le laissa
tout meurtri sur la place.
Faisant partie de la même classe, et étant du
même village, lorsqu’ils partirent pour le service,
peu de temps avant la guerre, tous deux se trou
vèrent dans le même régiment. Sans cesse
ensemble, ils eurent de continuelles disputes qui,
presque toujours, se terminèrent par des batteries...
Le fermier craignait trop de voir la justice
mettre le nez dans ses affaires, pour aller se
plaindre. Seulement, il essaya de se venger en
excitant son fils Claude, un grand garçon de dix-
sept ans, contre André, le fils de Floret, qui était
du même âge, mais beaucoup moins vigoureux.
...où ils se pochaient réciproquement les yeux.
Un jour qu’ils se battaient ainsi, le capilaine
survint. Le lendemain, selon les exigences des
règlements militaires, on les conduisait sur le
terrain, et André blessait assez grièvement le fils
de l’usurier, d'un coup d’épée dans la poitrine.
Désolé d’un ; tel résultat, André qui, au fond,
avait un excellent cœur, alla voir son adver
saire à l’infirmerie, pour tenter une réconciliation;
mais, au lieu de prendre la main qui lui était ten
due, Claude jeta à la tête de son ennemi un bol de
tisane qu’il se disposait à boire.
Guéri de cette nouvelle blessure, Claude retourna
dans la tranchée, mais bien changé, cette fois, car
il eut à peine aperçu André, que, lui sautant au
cou, il l’embrassa avec effusion, en lui demandant
pardon de toutes ses méchancetés passées, ce qui
causa à André un bien grand bonheur. A partir
de cet instant, ils vécurent comme des frères...
Malgré cette brutalité, André se dit que;’une fois
guéri, Claude reviendrait peut-être à de meilleurs
sentiments, et il ne lui en garda pas rancune. Le
fils de l’usurier se rétablit, et bientôt, la guerre
ayant été déclarée, il put être assez solide pour
faire le coup de feu dans la tranchée...
... partageant le contenu des colis de provisions que
leur envoyaient leurs parents, mais sans que ces
derniers en sachent rien, car les jeunes gens
rêvaient de réconcilier aussi leurs pères, lorsqu’ils
seraient rentrés dans leur foyers après la guerre.
Des mois passèrent, puis tjn jour André fut griève
ment blessé. Relevé et transporté dans une ambu
lance, il y resta un mois. Aussitôt remis, il reçut...
... à côté de son généreux adversaire, qu’il ne
cessait de ha'ir. Au cours d’une charge, Claude
reçut à la jambe un éclat d’obus qui le renversa.
Oubliant tout, André le prit sur ses épaules, au
moment de la retraite, et le porta à l’ambulance,
lui évitant peut-être ainsi une mort certaine.
... un congé de huit jours, qu’il décida d’aller
passer chez son père, bien que ce dernier habitât
un village dans la zone des armées où, par consé
quent, tout séjour est interdit. Mais il ne sut pas
résister au désir d’aller embrasser son vieux père.
Le misérable Pierre Fagot, qui avait espéré que le
fils de son ennemi serait tué, entra dans une colère
terrible en le voyant passer. (Voir la suite page 2.)
Jm&jl
10 CENTIMES
ADMINISTRATION :
18 *t 20, rue du Saint-Gotbtrd
PARIS (14’)
12 Août 1915
10 CENTIMES
«BONNEiENTS :
France : Un an... 6 fr.
— Six mois 3.60
Étranger : Un an. 8 fr.
ENTRE FRANÇAIS, par Luc LEGUEY
Quoique simple fermier, Pierre Fagot était le
plus riche du canton, mais exécré des paysans, à
qui, les années de mauvaise récolte, il prêtait de
l’argent en leur faisant signer des^ billots avec des
intérêts si considérables que, le plus souvent, le
prêt achevait de ruiner l’emprunteur.
Seulement, si André n’était pas très robuste, il
était, en revanche, très courageux. Aussi, après
avoir été une fois rossé, sans motif, par le fils de
l’usurier, il alla couper, dans les bois, un solide
bâton et, dès qu’il rencontra son ennemi, le gratifia,
à son tour, d’une magistrale raclée.
Or, un Jour, un petit cultivateur nommé Floret,
qui avait du peiner pendant des années pour se
libérer envers Pierre Fagot, ayant rencontré ce
dernier dans un champ, ne put contenir sa'colère
et roua si bien de coups son usurier, qu’il le laissa
tout meurtri sur la place.
Faisant partie de la même classe, et étant du
même village, lorsqu’ils partirent pour le service,
peu de temps avant la guerre, tous deux se trou
vèrent dans le même régiment. Sans cesse
ensemble, ils eurent de continuelles disputes qui,
presque toujours, se terminèrent par des batteries...
Le fermier craignait trop de voir la justice
mettre le nez dans ses affaires, pour aller se
plaindre. Seulement, il essaya de se venger en
excitant son fils Claude, un grand garçon de dix-
sept ans, contre André, le fils de Floret, qui était
du même âge, mais beaucoup moins vigoureux.
...où ils se pochaient réciproquement les yeux.
Un jour qu’ils se battaient ainsi, le capilaine
survint. Le lendemain, selon les exigences des
règlements militaires, on les conduisait sur le
terrain, et André blessait assez grièvement le fils
de l’usurier, d'un coup d’épée dans la poitrine.
Désolé d’un ; tel résultat, André qui, au fond,
avait un excellent cœur, alla voir son adver
saire à l’infirmerie, pour tenter une réconciliation;
mais, au lieu de prendre la main qui lui était ten
due, Claude jeta à la tête de son ennemi un bol de
tisane qu’il se disposait à boire.
Guéri de cette nouvelle blessure, Claude retourna
dans la tranchée, mais bien changé, cette fois, car
il eut à peine aperçu André, que, lui sautant au
cou, il l’embrassa avec effusion, en lui demandant
pardon de toutes ses méchancetés passées, ce qui
causa à André un bien grand bonheur. A partir
de cet instant, ils vécurent comme des frères...
Malgré cette brutalité, André se dit que;’une fois
guéri, Claude reviendrait peut-être à de meilleurs
sentiments, et il ne lui en garda pas rancune. Le
fils de l’usurier se rétablit, et bientôt, la guerre
ayant été déclarée, il put être assez solide pour
faire le coup de feu dans la tranchée...
... partageant le contenu des colis de provisions que
leur envoyaient leurs parents, mais sans que ces
derniers en sachent rien, car les jeunes gens
rêvaient de réconcilier aussi leurs pères, lorsqu’ils
seraient rentrés dans leur foyers après la guerre.
Des mois passèrent, puis tjn jour André fut griève
ment blessé. Relevé et transporté dans une ambu
lance, il y resta un mois. Aussitôt remis, il reçut...
... à côté de son généreux adversaire, qu’il ne
cessait de ha'ir. Au cours d’une charge, Claude
reçut à la jambe un éclat d’obus qui le renversa.
Oubliant tout, André le prit sur ses épaules, au
moment de la retraite, et le porta à l’ambulance,
lui évitant peut-être ainsi une mort certaine.
... un congé de huit jours, qu’il décida d’aller
passer chez son père, bien que ce dernier habitât
un village dans la zone des armées où, par consé
quent, tout séjour est interdit. Mais il ne sut pas
résister au désir d’aller embrasser son vieux père.
Le misérable Pierre Fagot, qui avait espéré que le
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terrible en le voyant passer. (Voir la suite page 2.)
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