Presse et revues
12 pages
Titre : Les Belles images
Éditeur : A. Fayard (Paris)
Date d'édition : 1913-03-20
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb327110547
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 20 mars 1913 20 mars 1913
Description : 1913/03/20 (N466). 1913/03/20 (N466).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k961130w
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-55958
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 14/02/2013
N°466. - 10 e Année
10 CENTIMES
ADMINISTRATION :
18 et 20, rne du Saint-Gothard
PARIS (14‘)
20 Mars 1913
10 CENTIMES
ABONNEMENTS :
France: Un an... 0 fr.
— Six mois 3.50
Étranger : Un an. 8 fr.
SARA, REINE DES GITANOS, par YIMER
...ma femme vous a donné l’hospitalité, à Dieu ne
plaise que je vous chasse, tant pis si cela attire la ruine
sur ce foyer ! Je ne puis me résoudre à jeter sur la
route une femme et un petit enfant. — Soyez bénis!
ditsimplement Barbara.Et prenantla main de la petite
Anicette endormie dans son berceau...
...la Bohémienne en examina les lignes menues et
roses,et ditgravement : « — Petite fille, tu seras reine I
Tu régneras sur un peuple étranger à tous et innom
brable !... — Assez, assez, femme 1 ordonna Anicet,
pas de sorcellerie !» Ace moment, un bruit de troupe
et d'armes retentit au dehors et, avant que Barbara
eût songé à se cacher...
...les gens de la maréchaussée parurent. La gitana,
alors, ôtant la pièce suspendue à son cou, la passa à
celui de sa fillette Sara, disant à Catherine qui la
regardait surprise : « — C’est pour porter bonheur à
mon enfant, car je vais mourir... Ces vils soldats nf
prendront point vivante Barbara, reine des Gitanos \j
(Voir la suite page 2.)
Vers la fin du xvi* siècle, un édit du gouverneur du
Dauphiné décréta l’expulsion de tous les individus
vivanlen bandes nomades, sous lesnoms de Bohémiens
etGitanos, répandus en grand nombre par toute la pro
vince. On accusait ces gens — et souvent à bon droit —
de pratiquer la magie, la sorcellerie le pillage, l’incen-
la monnlnû ni /lû ni>ftnan‘ftp Ir nnvla ot niiiroc fliAllY
Les Bohémiens étaient alors gouvernés par une
jeune reine nommée Barbara, qui, farouche et fière, ne
voulut pas se soumettre à l’édit. Et, tandis que la
plupart de ses sujets se dispersaient ou gagnaient les
provinces voisines, elle resta dans le pays...
nommée Sara. Pour tout insigne de sa royauté,
Barbara portait suspendue à son cou, par une chaînette,
une antique pièce d’or orientale aux caractères indé
chiffrables et percée à l’un de ses bords. Le gouverneur
du Dauphiné, sachant que Barbara, dont le renom de
s rcière était célèbre...
...n’avait pas quitté le territoire interdit, décida que
Q uiconque donneraitl’hospitalité àcette femmeréputée
angereuse, aurait ses biens confisqués. Barbara, alors,
gagna les montagnes, espérant échapper aux pour
suites et demandant le gîte aux p.àtres et bûcherons
qui. la plupart, ignoraient le décret du gouverneur.
L’un d’eux, pourtant, ayant repoussé cette inconnue
de mine farouche, celle-ci s’éloigna en proférant des
malédictions sur l’inhospitalière demeure. La nuit
même, le feu prit à la grange du paysan. Le prévôt
du pays, n’ayant pas de doute que la mendiante écon
duite ne fût l’auteur du sinistre et que cette femme ne
fût Barbara elle-même, lança les soldats à sa recherche.
La bonne Catherine, émue de pitié, fit entrer l’étran
gère, caressa son enfant, la fit asseoir et s’empressa de
servir du pain, du lait, du miel et des fruits, le tout
à profusion. Sur ces entrefaites, Anicet parut et, à la
vue de cette inconnue d’un aspect si étrange installée à
sa table, il tressaillit.
Un jour, en l’absence d’Anicet, Catherine vit venir
vers la maison une femme paraissant épuisée, mourant
de lassitude et de faim. Pour comble de détresse, cette
malheureuse portait un petit enfant. La femme, s’ap
prochant, demanda à Catherine, sur un ton suppliant,
de lui donner du pain et de l’eau.
f
En ce temps-là, vivait dans ces montagnes un jeune
méuage de charbonniers: Anicet, le mari, Catherine,
sa femme, et leur unique enfant, la petite Anicette,
ôgée de vingt mois. Ces braves gens, à force de travail
et d’économie, en étaient arrivés à une honnête aisance
et, depuis peu, Anicet charbonnait à son compte et
dans ses biens.
Le charbonnier avait appris l’incendie du village
voisin imputé à une vagabonde que l’on assurait être
Barbara, et il lui parut certain que cette dernière n’était
autreque l’étrangère à qui Catherine avait imprudem
ment ouvert sa maison.« — Je sais qui vous êtes, dit-il à
la gitana, mais ne craignez pas que je vous trahisse...
10 CENTIMES
ADMINISTRATION :
18 et 20, rne du Saint-Gothard
PARIS (14‘)
20 Mars 1913
10 CENTIMES
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France: Un an... 0 fr.
— Six mois 3.50
Étranger : Un an. 8 fr.
SARA, REINE DES GITANOS, par YIMER
...ma femme vous a donné l’hospitalité, à Dieu ne
plaise que je vous chasse, tant pis si cela attire la ruine
sur ce foyer ! Je ne puis me résoudre à jeter sur la
route une femme et un petit enfant. — Soyez bénis!
ditsimplement Barbara.Et prenantla main de la petite
Anicette endormie dans son berceau...
...la Bohémienne en examina les lignes menues et
roses,et ditgravement : « — Petite fille, tu seras reine I
Tu régneras sur un peuple étranger à tous et innom
brable !... — Assez, assez, femme 1 ordonna Anicet,
pas de sorcellerie !» Ace moment, un bruit de troupe
et d'armes retentit au dehors et, avant que Barbara
eût songé à se cacher...
...les gens de la maréchaussée parurent. La gitana,
alors, ôtant la pièce suspendue à son cou, la passa à
celui de sa fillette Sara, disant à Catherine qui la
regardait surprise : « — C’est pour porter bonheur à
mon enfant, car je vais mourir... Ces vils soldats nf
prendront point vivante Barbara, reine des Gitanos \j
(Voir la suite page 2.)
Vers la fin du xvi* siècle, un édit du gouverneur du
Dauphiné décréta l’expulsion de tous les individus
vivanlen bandes nomades, sous lesnoms de Bohémiens
etGitanos, répandus en grand nombre par toute la pro
vince. On accusait ces gens — et souvent à bon droit —
de pratiquer la magie, la sorcellerie le pillage, l’incen-
la monnlnû ni /lû ni>ftnan‘ftp Ir nnvla ot niiiroc fliAllY
Les Bohémiens étaient alors gouvernés par une
jeune reine nommée Barbara, qui, farouche et fière, ne
voulut pas se soumettre à l’édit. Et, tandis que la
plupart de ses sujets se dispersaient ou gagnaient les
provinces voisines, elle resta dans le pays...
nommée Sara. Pour tout insigne de sa royauté,
Barbara portait suspendue à son cou, par une chaînette,
une antique pièce d’or orientale aux caractères indé
chiffrables et percée à l’un de ses bords. Le gouverneur
du Dauphiné, sachant que Barbara, dont le renom de
s rcière était célèbre...
...n’avait pas quitté le territoire interdit, décida que
Q uiconque donneraitl’hospitalité àcette femmeréputée
angereuse, aurait ses biens confisqués. Barbara, alors,
gagna les montagnes, espérant échapper aux pour
suites et demandant le gîte aux p.àtres et bûcherons
qui. la plupart, ignoraient le décret du gouverneur.
L’un d’eux, pourtant, ayant repoussé cette inconnue
de mine farouche, celle-ci s’éloigna en proférant des
malédictions sur l’inhospitalière demeure. La nuit
même, le feu prit à la grange du paysan. Le prévôt
du pays, n’ayant pas de doute que la mendiante écon
duite ne fût l’auteur du sinistre et que cette femme ne
fût Barbara elle-même, lança les soldats à sa recherche.
La bonne Catherine, émue de pitié, fit entrer l’étran
gère, caressa son enfant, la fit asseoir et s’empressa de
servir du pain, du lait, du miel et des fruits, le tout
à profusion. Sur ces entrefaites, Anicet parut et, à la
vue de cette inconnue d’un aspect si étrange installée à
sa table, il tressaillit.
Un jour, en l’absence d’Anicet, Catherine vit venir
vers la maison une femme paraissant épuisée, mourant
de lassitude et de faim. Pour comble de détresse, cette
malheureuse portait un petit enfant. La femme, s’ap
prochant, demanda à Catherine, sur un ton suppliant,
de lui donner du pain et de l’eau.
f
En ce temps-là, vivait dans ces montagnes un jeune
méuage de charbonniers: Anicet, le mari, Catherine,
sa femme, et leur unique enfant, la petite Anicette,
ôgée de vingt mois. Ces braves gens, à force de travail
et d’économie, en étaient arrivés à une honnête aisance
et, depuis peu, Anicet charbonnait à son compte et
dans ses biens.
Le charbonnier avait appris l’incendie du village
voisin imputé à une vagabonde que l’on assurait être
Barbara, et il lui parut certain que cette dernière n’était
autreque l’étrangère à qui Catherine avait imprudem
ment ouvert sa maison.« — Je sais qui vous êtes, dit-il à
la gitana, mais ne craignez pas que je vous trahisse...
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