Titre : Les Belles images
Éditeur : A. Fayard (Paris)
Date d'édition : 1913-02-06
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb327110547
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 06 février 1913 06 février 1913
Description : 1913/02/06 (N460). 1913/02/06 (N460).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k9611242
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-55958
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 21/02/2013
N°460. — 10 e Année
10 CENTIMES
ADMINISTRATION :
18 it 20, rue du Saint-Gothard
PARIS (14*)
6 Février 1913
10 CENTIMES
ABONNEM'NTf ;
France : On on... 6 (r.
— Sin mois 3.50
Étranger : Un an. 8 tt.
ROYAUME DES TAUPES» par
quesnel
!
Il existait autrefois, en Millésîe, un peuple qui se
Croyait d’une essence tellement supérieure, qu’il con
sidérait que travailler, et principalement travailler la
terre, était une action indigne de lui. Les Millésiens
se .servaient pour ces travaux, des prisonniers qu’ils
faisaient pendant les guerres continuelles qu’ils
livraient sous de fallacieux prétextes à leurs voisins.
...donnait l'exemple de toutes \J les vertus. Et,
malgré son rang et son aisance, tous les membres de
Celte famille avaient appris à travailler la terre. Dulna,
connaissant ce fait, éprouvait un vif contentement
quand, au cours de ses excursions, elle voyait le
fils de cette famille, Labor, travailler dans son jardin.
Labor, de son côté, éprouvait une réelle sympathie
pour cette belle et loyale personne.
dette guerre fut atroce. Et,une fois de plus, les Mil-
lésuens, exercés aux combats sur lesquels était basée
leur existence, furent victorieux. Us firent un grand
nombre de prisonniers, devant aller grossir les légions
d’esclaves attachés à la culture des terres millé-
II apprit justement qu’une grande cérémonie était
préparée en Millésie : tous les prisonniers, nouveaux
esclaves, devaient défiler devant le roi Talpnès. Labor
mit cette circonstance à profit et, ayant franchi la
frontière, se trouvait danti la capitale millésionne le
jour de la cérémonie. Il était parvenu à fendre la foule
et se tenait au premier rang. Là, il verrait de près
tous les prisonniers..
Les Millésiens avaient toutefois une vénération
extrême pour leur roi, Talpaès, qu’ils considéraient
comme un dieu. Talpaès avait d’ailleurs cette opinion
de lui-même. Ainsi, au cours de certaines fêtes solen
nelles, dès que le roi prenait la parole, toute l’assistance
devait se prosterner. Tout homme ayant osé regarder
le monarque devait avoir les yeux crevés. Mais ce cas
était extrêmement rare, car tout le monde obéissait.
Talpaès avait une fille, Dulna, d’une douceur égale
à sa grande beauté. Tout en ayant un profond res
pect pour son père, elle ne partageait pas son orguejl
et surtout son mépris du travail, mépris grand qu’il
l’avait érigé comme loi, et inculqué dans l’esprit de
ses sujets. Dans le pays voisin vivait une famille no
table, qui, contrairement au roi Talpaès...
Or, pour un motif futile et d’ailleurs cherché, Tal
paès déclara la guerre à ce pays voisin. Labor, ainsi
que son père, qui avalent un haut grade dans l'ar
mée, partirent pour le champ de bataille.
qi |.. .
la guerre était déclarée. Elle pleura amèrement en
voyant les soldats partir, et sa pensée allait particu
lièrement au jeune Labor.
A la douleur de voir son pays vaincu, s’ajoutait
pour Labor celle de ne plus retrouver son père. Avec
l’angoisse que l’on comprend, il l’avait cherché long
temps parmi les blessés etles morts, mais en vain. Son
père était-il donc prisonnier des Millésiens, c’est-à-
dire malheureux esclave, condamné à travailler la
terre de ses ennemis!
Cette pensee épouvanta Labor. Il aua faire pe
son tourment au roi et lui dit qu’il voulait aller lui-
même en Millésie pour voir de ses yeux si son père
était bien réduit à la condition d’esclave, et chercher
à le sauver, quitte à mourir ou à partager ses chaînes.
U tressaillit quand, auprès de Talpaès gui affectait
une attitude théâtrale, il vit Dulna, qui, par défé
rence, avait accompagné le roi, mais à contre-cœur.
Soudain, une clameur enthousiaste monte de cette
foule.. La triste troupe des esclaves s’avance... Labor
a frémi... Son père est là; le visage haut et digne, il
s’avance, les pieds et les mains enchaînés...
A cet instant, Talpaès fait un signe... il va parler;
alors, suivant la tradition, tousles Millésiens ce pros
ternent. Mais soudain, le roi bondit... il voit qu’un
homme n’a pas obéi... Labor, ignorant la coutume,
ne s’était pas prosterné. D’ailleurs, il ne quittait pas
des yeux son malheureux père qu’il encourageait
d’un tendre regard.
(Voir la suite page 2.)
10 CENTIMES
ADMINISTRATION :
18 it 20, rue du Saint-Gothard
PARIS (14*)
6 Février 1913
10 CENTIMES
ABONNEM'NTf ;
France : On on... 6 (r.
— Sin mois 3.50
Étranger : Un an. 8 tt.
ROYAUME DES TAUPES» par
quesnel
!
Il existait autrefois, en Millésîe, un peuple qui se
Croyait d’une essence tellement supérieure, qu’il con
sidérait que travailler, et principalement travailler la
terre, était une action indigne de lui. Les Millésiens
se .servaient pour ces travaux, des prisonniers qu’ils
faisaient pendant les guerres continuelles qu’ils
livraient sous de fallacieux prétextes à leurs voisins.
...donnait l'exemple de toutes \J les vertus. Et,
malgré son rang et son aisance, tous les membres de
Celte famille avaient appris à travailler la terre. Dulna,
connaissant ce fait, éprouvait un vif contentement
quand, au cours de ses excursions, elle voyait le
fils de cette famille, Labor, travailler dans son jardin.
Labor, de son côté, éprouvait une réelle sympathie
pour cette belle et loyale personne.
dette guerre fut atroce. Et,une fois de plus, les Mil-
lésuens, exercés aux combats sur lesquels était basée
leur existence, furent victorieux. Us firent un grand
nombre de prisonniers, devant aller grossir les légions
d’esclaves attachés à la culture des terres millé-
II apprit justement qu’une grande cérémonie était
préparée en Millésie : tous les prisonniers, nouveaux
esclaves, devaient défiler devant le roi Talpnès. Labor
mit cette circonstance à profit et, ayant franchi la
frontière, se trouvait danti la capitale millésionne le
jour de la cérémonie. Il était parvenu à fendre la foule
et se tenait au premier rang. Là, il verrait de près
tous les prisonniers..
Les Millésiens avaient toutefois une vénération
extrême pour leur roi, Talpaès, qu’ils considéraient
comme un dieu. Talpaès avait d’ailleurs cette opinion
de lui-même. Ainsi, au cours de certaines fêtes solen
nelles, dès que le roi prenait la parole, toute l’assistance
devait se prosterner. Tout homme ayant osé regarder
le monarque devait avoir les yeux crevés. Mais ce cas
était extrêmement rare, car tout le monde obéissait.
Talpaès avait une fille, Dulna, d’une douceur égale
à sa grande beauté. Tout en ayant un profond res
pect pour son père, elle ne partageait pas son orguejl
et surtout son mépris du travail, mépris grand qu’il
l’avait érigé comme loi, et inculqué dans l’esprit de
ses sujets. Dans le pays voisin vivait une famille no
table, qui, contrairement au roi Talpaès...
Or, pour un motif futile et d’ailleurs cherché, Tal
paès déclara la guerre à ce pays voisin. Labor, ainsi
que son père, qui avalent un haut grade dans l'ar
mée, partirent pour le champ de bataille.
qi |.. .
la guerre était déclarée. Elle pleura amèrement en
voyant les soldats partir, et sa pensée allait particu
lièrement au jeune Labor.
A la douleur de voir son pays vaincu, s’ajoutait
pour Labor celle de ne plus retrouver son père. Avec
l’angoisse que l’on comprend, il l’avait cherché long
temps parmi les blessés etles morts, mais en vain. Son
père était-il donc prisonnier des Millésiens, c’est-à-
dire malheureux esclave, condamné à travailler la
terre de ses ennemis!
Cette pensee épouvanta Labor. Il aua faire pe
son tourment au roi et lui dit qu’il voulait aller lui-
même en Millésie pour voir de ses yeux si son père
était bien réduit à la condition d’esclave, et chercher
à le sauver, quitte à mourir ou à partager ses chaînes.
U tressaillit quand, auprès de Talpaès gui affectait
une attitude théâtrale, il vit Dulna, qui, par défé
rence, avait accompagné le roi, mais à contre-cœur.
Soudain, une clameur enthousiaste monte de cette
foule.. La triste troupe des esclaves s’avance... Labor
a frémi... Son père est là; le visage haut et digne, il
s’avance, les pieds et les mains enchaînés...
A cet instant, Talpaès fait un signe... il va parler;
alors, suivant la tradition, tousles Millésiens ce pros
ternent. Mais soudain, le roi bondit... il voit qu’un
homme n’a pas obéi... Labor, ignorant la coutume,
ne s’était pas prosterné. D’ailleurs, il ne quittait pas
des yeux son malheureux père qu’il encourageait
d’un tendre regard.
(Voir la suite page 2.)
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