Titre : Les Ailes : journal hebdomadaire de la locomotion aérienne / directeur, rédacteur en chef, Georges Houard
Éditeur : [s.n. ?] (Paris)
Date d'édition : 1926-07-01
Contributeur : Houard, Georges (1893-1964). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb326846379
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 12981 Nombre total de vues : 12981
Description : 01 juillet 1926 01 juillet 1926
Description : 1926/07/01 (A6,N263). 1926/07/01 (A6,N263).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k9607283d
Source : Musée Air France, 2013-273367
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 03/08/2015
DANS CE MIEIM : SIX PAYS PARTICIPÈROAT «lkU'eCuNCOURS D'AVIONS ECONOMIQUES - TOKIO-COPENHAGUE EN 8 JOURS
Sixième Année. - N8 263. 50 Centimes Jeudi 1er Juillet 1926.
*
JOURNAL HEBDOMADAIRE DE LA LOCOMOTION AÉRIENNE
v *
f
Rédacteur en chef : Georges HOUARD
Rédaction, Administration : 40, Quai des Célestins, Paris IV-
TÉLÉPHONE i ARCHIVES 66-46 — CHÈQUES POSTAUX 1 PARIS 443-49
Abonnements d'un an i Franoe 1 18 fr. — Union postale 1 26 fr. — Autres pays 1 80 fr.
Organe Officiel du C.F.P.A6
* LE RECORD DE DISTANCE EN LIGNE DROITE
LES FRÈRES ARRACHART ONT VOLÉ
DE PARIS A BASSORAH
%
Sur leur avion Henry Potez à moteur Renault 600 CV, les deux pilotes
ont volé 26 h. 30 min. et parcouru environ 4.250 kms sans escale.
La performance du Capitaine Arra-
chart, dans son Circuit des Capitales
constituait, à mon sens, la plus belle de
ces dernières années. Plus de 7000 kms
en moins de trois jours C'était et cela
reste admirable Arrachart, cepen-
dant, vient de faire mieux.
D'une traite, d'un coup d'aile, il a
relié Paris aux rives du Golfe Persique :
Paris-Bassorah sans escale 1
L'événement frappe l'imagination et
son retentissement, à travers le monde,
sera considérable. Après le raid Paris-
Pékin en sept jours, le raid Paris-Basso-
rah en une journée et une nuit mar-
quera une nouvelle et glorieuse page de
l'Aviation Française.
G. H.
Le raid prodigieux.
C'est incontestablement un des plus beaux
exploits aéronautiques que viennent d'accom-
plir les deux frères Arrachart.
Le départ fut donné samedi matin, à l'aéro-
drome du Bourget, à 5 h. 05. Temps moyen...
Le gros avion, peint eu vert, prit un très beau
départ, en égard à sa charge formidable. En
dépit de son poids de 4.700 kgs, il décolla, après
avoir roulé un demi-kilomètre au plus... Les
frères Arrachart ne s'attardèrent pas en de
vaines évolutions : ils piquèrent droit en direc-
tion de l'Est: On resta toute la journée de samedi
sans nouvelles des aviateurs. Dimanche matin,
une--dépêche de Constantinople parvenait au
gous-Secrétariat d'Etat signalant le passage
de l'avion d'Arrachart, la veille à 19 heures,
sur les rives du Bosphore. L'avion à bonne hau-
teur se dirigeait vers le Golfe Persique.
Paris-Constantinople, sans escale, en 14 heures
de vol, cela constituait déjà une admirable per-
formance. Les frères Arrachart firent mieux,
beaucoup mieux 1
Accomplissant strictement leur programme,
ils atteignaient le Golfe Persique, 26 heures et
30 minutes après leur départ du Bourget et se
posaient à Bassorah 1
Les records battus.
Bassorah est à peu près à 4.250 kms de Paris.
Les frères Arrachart avaient donc battu et
largement le record de distance en ligne droite,
détenu par le capitaine Arrachart lui-même
et Lemaître dans leur vol d'Etampes à Villa-
Cisneros (3.166 kms). C'était là déjà un résultat 1
Du même coup, les deux aviateurs emportaient
la Coupe Renault qui exigeait un vol dé 50 kms
de plus que le record précédent. v
Les frères Arrachart ont battu non seulement
le record du monde de distance en ligne droite
— record officiel — mais le fameux record amé-
ricain de Kelly et Mac Ready. On sait que ce
record avait été établi, lors de la traversée du
continent américain, par 4.141 kms sur avion
Fokker à moteur Liberty et qu'il constituait
le plus long vol sans escale qui ait été jamais
accompli.
Dans leur vol de Paris à Bassorah, les deux
Arrachart ont réalisé une moyenne remarquable
qui est d'environ 160 kmsh. 1
Le matériel.
L'avion qui vient d'accomplir une si belle
performance est un Henry Potez. Cet appareil
— dit type 28 — s'apparente de très près au
type 25 qui fut décrit dans Les Ailes ; il s'en
distingue par quelques particularités, notam-
ment un fuselage sensiblement plus « ventru ».
Le moteur est un 600 CV Renault démulti-
plié. C'est une nouvelle victoire de la démulti-
plication. On peut attribuer à ce dispositif une
certaine part du succès par le fait qu'il a permis
d'utiliser une hélice de très grand diamètre —
4 m. 50 — d'un excellent rendement. C'est aussi
un succès pour notre ami Moulet dont les
pompes A.M. assuraient l'alimentation du
Renault.
Les 63 mètres carres de la voilure portaient
les 4.700 kgs que pesait l'appareil en ordre de
marche soit près de 75 kgs au mètre carré et
près de 8 kgs au CV, ce qui démontre l'excellent
rendement de la machine. Celle-ci emportait,
outre les deux pilotes et leur équipement, le
formidable approvisionnement de 3.400 litres
d'essence et de 320 litres d'huile, quantités
nécessaires pour mener à bonne fin l'audacieux
projet des frères Arrachart.
La gloire et le mérite d'avoir réussi un tel
exploit vont en même temps qu'aux pilotes —
qui affirmèrent leurs belles qualités de naviga-
teurs — au constructeur sympathique qu'est
M. Henry Potez, à.ses collaborateurs et aux
usines Renault.
En marge du raid.
Il est intéressant de noter que, si, au lieu de
se diriger vers le Golfe Persique, les frères Arra-
chart s'étaient orientés vers le Nord, ils seraient
arrivés à 10° du Pôle Nord. En se dirigeant vers
l'Equateur, ils auraient atteint et même dépassé
Dakar 1
COMBIEN
Le fait d'entretenir une Marine de
guerre implique la volonté d'un pays de
défendre ses frontières maritimes et ses
communications avec les pays d'outre-
mer. L'Aéronautique est considérée au-
jourd'hui, par toutes les nations du
monde, comme l'auxiliaire le plus pré-
cieux, comme l'auxiliaire indispensable
de la Marine.
Combien d'hydravions pourraient uti-
liser la Marine française si, brusque-
ment, un conflit éclatait? Combien d'hy-
dravions pourraient accompagner, de-
main, nos escadres, surveiller nos con-
vois, assurer la police et la défense de
nos côtes ?
Nous ne demandons pas à connaître
ce nombre, mais nous voudrions qu'il
fût connu de ceux qui ont pour mission
de veiller à la défense du pays.
Dites-vous que s'il est parfois plus simple
et plus commode d'acheter « Les Ailes » chez
le marchand de journaux, l'abonnement,
par contre, est le seul moyen d'assurer la
prospérité du journal.
LES ESTAFETTES AERIENNES en TCHÉCO -SLOVAQUIE
Nous réclamons Cil France l'adoption des
avions à petite puissance pour Ventraînement des
pilotes militaires. C'est déjà chose laite en Tchéco-
slovaquie... Voici une escadrille d'avions Avia,
type BH 11, à moteur Walter 60 CV équipés en
« avions de~ liaison )J. En temps de paix, ces petits
appareils servent à l'entraînement des pilotes;
en temps de guerre, ils constitueront une excellente
solution de l'avion-estafette.
L'AVIONNETTE ALBERT-SALMSuN DU LT l HURI: T -
Cette photographie a été prise à l'aérodrome
militaire de Longvic, près de Dijon, lors du départ
du lieutenant Thoret pour la dernière étape qui
devait le ramener à Villacoublay. L'avionnette
Albert CI le moteur Salmson 40 CV qui l'équipe
prendront part au Concours d'Avions Econo-
miques de. l'Association Française Aérienne où
deux appareils de ce type viennent d'être engagés.
Une avionnette Albert-Salmson participera éga-
lement, samedi et dimanche, à la Coupe Zénith.
LE CONCOURS D'AVIONS ECONOMIQUES
Six pays seront en ligne
Dix-sept avions, représentant six nations, sont engagés.
Le Concours d'Avions Economiques, organisé
par l'Association Française Aérienne, connaît
un premier et beau succès : celui des engage-
ments. A une époque où bien des épreuves
d'aviation réunissent péniblement quelques
rares engagements, où d'autres devant être
même supprimées faute de compétiteurs, il est
extrêmement satisfaisant de voir le concours
de l'A. F. A. grouper officiellement dix-sept
appareils.
Les six nations.
Rarement, une épreuve internationale méri-
tera aussi bien ce titre puisque six nations se-
ront représentées : la Belgique, la France, la
Grande-Bretagne, la Hollande, l'Italie et la
Tchécoslovaquie. On peut même signaler ici
qu'une septième nation eût participé à l'épreuve
si les règlements ne s'y étaient opposés : l'Al-
lemagne 1 En effet, l'Association Française
Aérienne a reçu l'engagement d'un avion Udet
qu'elle ne put accepter, l'Allemagne ne faisant
pas encore partie de la Fédération Aéronau-
tique Internationale sous les règlements de
laquelle l'épreuve est placée.
Les concurrents.
La liste des dix-sept concurrents engagés -
donne une idée de l'intérêt que présentera le
concours du mois d'août : 4
1. Mrs Eliott-Lynn (Grande -Br_ ta gne) ;
2. Aéroplanes Pander (Hollande) ;
3. Aéroplanes Pander (Hollande) ;
4. Milos Bondy (Tchécoslovaquie) ;
5. Milos Bondy (Tchécoslovaquie) ;
6. Edouard Albert (France) ;
7. Edouard Albert (France) ;
8. S.A.B.C.A. (Belgique) ;
9. S.A.B.C.A. (Belgique) ;
10. De Ilavilland (Grande-Bretagne) ;
11. Costruzioni Aeronautiche Italiana (Italie);
12. Costruzioni Aeronautiche Italiana(Italie);
13. Joseph Albessard (France) ;
14. H. et M. Farman (France) ;
15. René Caudron (France) ;
16. Roques-Lelolcavez (France) ;
17. Soc. An. des Etablissements Lumière
(France).
Quels sont ces appareils ? — Ils sont trop
nombreux pour que nous puissions consacrer
à chacun la place qu'il lui conviendrait.
Quelques indications.
On sait que Mrs EIiotl-Lynn se présentera
au concours avec un avion De Havilland-
« Moth » à moteur Cirrus 60 CV ; c'est également
un « Moth » que présentera la maison De Havil-
land.
La firme tchécoslovaque Milos Bondy a natu-
rellement inscrit, en deux exemplaires, son
fameux petit avion Avia B.H. 11, à moteur
Walter 60 CV. Ces deux appareils seront pilotés
par deux « as » de l'aviation tchécoslovaque
Fritsch et Lhota.
La France sera représentée par sept appa-
reils : Edouard Albert a engagé deux avion-
nettes Albert à moteur Salmson 40 CV : ce sont
vraisemblablement Descamps, Thoret et Albert
lui-même qui les piloteront. M. Albessard a
instrit le nouvel avion — le « triavion » — que
vient de construire pour lui Louis Peyret et qui
vise essentiellement à résoudre le problème
de la sécurité. Farman, Caudron et les deux
pilotes associés Roques et Lefolcalvez présen-
teront cbacun une machine, tandis que la
Société Lumière a inscrit au concours le mono-
plan de Monge à deux moteurs Bugatti 9 /30 CV.
La Société Anonyme Belge de Constructions
Aéronautiques défendra les couleurs de la Bel-
gique avec ses deux excellents petits avions :
la limousine Demonty-Poncelet et le biplan
de tourisme Cambier-Guldentops dont on con-
naît les qualités. Ils seront pilotés par Charles
Wouters et Jean Van Opstal.
L'Italie, enfin, viendra à Orly avec deux
petites machines dont nous avons déjà parlé :
les monoplans à aile surbaissée que la firme
Costruzioni Aeronautiche Italiane exposa au
Salon de Milan où ils suscitèrent l'admiration
des visiteurs. Ce sont de petits avions mono-
places, tous deux du même type, équipés du
moteur Anzani 25 CV, type « Tour de France ».
Tous les moteurs !
\
Dix-sept appareils engagés, six nations repré-
sentées, c'est un joli tableau 1 Ajoutons que le
concours nous vaudra, du même coup, l'occa-
sion de situer exactement les qualités des divers
moteurs offerts à l'aviation à petite puissance :
Salmson 40 et 60 CV, Walter 60 CV, Anzani 70,
50 et125 CV, Bristol-Cherub, Cirrus 60 CV,
bbugatti 30 CV, etc...
C'est une belle compétition en perspective
qui, on pgut le présumer, ne manquera pas de
présenter un très vif intérêt. ~
Vous vous dîtes : « ce journal me plaît.
Je voudrais l'encourager, car il le mérite.
Quepourrais-je faire dans ce sens ? ». C'est
très simple : envoyez-lui aujourd'hui même
votre abonnement....
M. Laurent-Eynac améliore son record
La France a un nouveau gouvernement. Tout
ce que nous en dirons, c'est que son chef a agi
sagement en continuant la tradition des gouver-
nements précédents : il a maintenu M. Laurent-
Eynac au Sous-Secrétariat d'Etat de l'Aéronau-
tique.
M. Laurent-Eynac occupe ce poste depuis le
17 janvier 1921 ; il a résisté à toutes les tempêtes
Dessin de Pierre Dillé.
ministérielles, appartenant successivement et sans
désemparer aux sept gouvernements de MM. Poin-
caré, Herriot, Painlevé et Briand...
Au milieu de l'instabilité gouvernementale qui
caractérise notre époque, l'Aéronautique est un
exemple qui devrait inspirer nos dirigeants. Com-
plimentons M. Laurent-Eynac du record qu'il
détient et souhaitons qu'il le porte encore beau-
coup plus loin.
LETTRE DE SUISSE
Mittelholzer à l'assaut des records
(Du correspondant des « Ailes » en Suisse.)
Jeudi dernier, le premier-lieutenant Walther
Mitte holzer s'est envolé de l'aérodrome de
Zurich-Dubendorf en vue de battre le record
mondial de durée avec 500 kgs de charge utile.
Le réputé pilote n'a regagné sa base qu'après
avoir mené à bien son projet, au cours d'un vol
ininterrompu de 14 heures 42 min.
La tentative.
C'est de grand matin, à 3 h. 53 min., que
Mittelholzer prit le départ, en compagnie du
pilcte allemand Zinsmayer, et il commença
dès lors une ronde régulière, sur un trajet déter-
miné, comportant, en ligne droite, une distance
de 100 kms.
A 1 h. 05 déjà, le record de durée était battu.
Mittelholzer n'en continua pas moins à voler
durant de longues heures encore, jusqu'à ce
que fut épuisée la dernière goutte des 1.750
litres d'essence qu'il avait emportée.
D'ailleurs, Mittelliolzer fut largement récom-
pensé de sa louable persévérance dans l'effort
lorsque, à son atterrissage, la Commission
Sportive de l'Aéro-Club Suisse lui annonça
qu'il avait officiellement battu deux records
du monde.
Il s'agit des records de durée et de distance
avec 500 kgs de charge utile, qui étaient détenus
depuis le 26 juin 1924, par l'américain H.-R.
Harris, sur un appareil Douglas D.T. 2, moteur
Liberty de 400 CV, avec, respectivement,
9 heures 11 min. et 905 kms.
L'appareil. — Le pilote.
L'appareil qui a permis à Mittelholzer d'ac-
complir les performances précitées est un Dor-
nier-Komet, _muni d'un moteur B.M.W. de
450 CV. Ce monoplan, qui constitue certaine-
ment l'une des plus intéressantes réalisations
de l'indu trie aéronautique allemande, a été
précédemment décrit, dans Les Ailes, sous la
signature autorisée de J. Serryer. Il n'y a donc
pas lieu de revenir sur les caractéristiques de
cette machine, dont l'utilisation a grandement
facilité la tâche du pilote.
Il n'en reste pas moins que l'aviation suisse
a pris une part très heureuse dans l'établisse--
ment des records envisagés, puisqu'elle peut
s'enorgueillir de compter, au nombre de ses
pilotes, M. Walther Mittclholzer, dont la re-
nommée s'est étendue bien au delà de nos fron-
tières. Que ce dernier veuille bien accepter ici
nos vives félicitations pour avoir, en une magni-
fique envolée, efficacement servi les ailes helvé-
tiques.
Claude SCHUBIGER.
Sixième Année. - N8 263. 50 Centimes Jeudi 1er Juillet 1926.
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JOURNAL HEBDOMADAIRE DE LA LOCOMOTION AÉRIENNE
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f
Rédacteur en chef : Georges HOUARD
Rédaction, Administration : 40, Quai des Célestins, Paris IV-
TÉLÉPHONE i ARCHIVES 66-46 — CHÈQUES POSTAUX 1 PARIS 443-49
Abonnements d'un an i Franoe 1 18 fr. — Union postale 1 26 fr. — Autres pays 1 80 fr.
Organe Officiel du C.F.P.A6
* LE RECORD DE DISTANCE EN LIGNE DROITE
LES FRÈRES ARRACHART ONT VOLÉ
DE PARIS A BASSORAH
%
Sur leur avion Henry Potez à moteur Renault 600 CV, les deux pilotes
ont volé 26 h. 30 min. et parcouru environ 4.250 kms sans escale.
La performance du Capitaine Arra-
chart, dans son Circuit des Capitales
constituait, à mon sens, la plus belle de
ces dernières années. Plus de 7000 kms
en moins de trois jours C'était et cela
reste admirable Arrachart, cepen-
dant, vient de faire mieux.
D'une traite, d'un coup d'aile, il a
relié Paris aux rives du Golfe Persique :
Paris-Bassorah sans escale 1
L'événement frappe l'imagination et
son retentissement, à travers le monde,
sera considérable. Après le raid Paris-
Pékin en sept jours, le raid Paris-Basso-
rah en une journée et une nuit mar-
quera une nouvelle et glorieuse page de
l'Aviation Française.
G. H.
Le raid prodigieux.
C'est incontestablement un des plus beaux
exploits aéronautiques que viennent d'accom-
plir les deux frères Arrachart.
Le départ fut donné samedi matin, à l'aéro-
drome du Bourget, à 5 h. 05. Temps moyen...
Le gros avion, peint eu vert, prit un très beau
départ, en égard à sa charge formidable. En
dépit de son poids de 4.700 kgs, il décolla, après
avoir roulé un demi-kilomètre au plus... Les
frères Arrachart ne s'attardèrent pas en de
vaines évolutions : ils piquèrent droit en direc-
tion de l'Est: On resta toute la journée de samedi
sans nouvelles des aviateurs. Dimanche matin,
une--dépêche de Constantinople parvenait au
gous-Secrétariat d'Etat signalant le passage
de l'avion d'Arrachart, la veille à 19 heures,
sur les rives du Bosphore. L'avion à bonne hau-
teur se dirigeait vers le Golfe Persique.
Paris-Constantinople, sans escale, en 14 heures
de vol, cela constituait déjà une admirable per-
formance. Les frères Arrachart firent mieux,
beaucoup mieux 1
Accomplissant strictement leur programme,
ils atteignaient le Golfe Persique, 26 heures et
30 minutes après leur départ du Bourget et se
posaient à Bassorah 1
Les records battus.
Bassorah est à peu près à 4.250 kms de Paris.
Les frères Arrachart avaient donc battu et
largement le record de distance en ligne droite,
détenu par le capitaine Arrachart lui-même
et Lemaître dans leur vol d'Etampes à Villa-
Cisneros (3.166 kms). C'était là déjà un résultat 1
Du même coup, les deux aviateurs emportaient
la Coupe Renault qui exigeait un vol dé 50 kms
de plus que le record précédent. v
Les frères Arrachart ont battu non seulement
le record du monde de distance en ligne droite
— record officiel — mais le fameux record amé-
ricain de Kelly et Mac Ready. On sait que ce
record avait été établi, lors de la traversée du
continent américain, par 4.141 kms sur avion
Fokker à moteur Liberty et qu'il constituait
le plus long vol sans escale qui ait été jamais
accompli.
Dans leur vol de Paris à Bassorah, les deux
Arrachart ont réalisé une moyenne remarquable
qui est d'environ 160 kmsh. 1
Le matériel.
L'avion qui vient d'accomplir une si belle
performance est un Henry Potez. Cet appareil
— dit type 28 — s'apparente de très près au
type 25 qui fut décrit dans Les Ailes ; il s'en
distingue par quelques particularités, notam-
ment un fuselage sensiblement plus « ventru ».
Le moteur est un 600 CV Renault démulti-
plié. C'est une nouvelle victoire de la démulti-
plication. On peut attribuer à ce dispositif une
certaine part du succès par le fait qu'il a permis
d'utiliser une hélice de très grand diamètre —
4 m. 50 — d'un excellent rendement. C'est aussi
un succès pour notre ami Moulet dont les
pompes A.M. assuraient l'alimentation du
Renault.
Les 63 mètres carres de la voilure portaient
les 4.700 kgs que pesait l'appareil en ordre de
marche soit près de 75 kgs au mètre carré et
près de 8 kgs au CV, ce qui démontre l'excellent
rendement de la machine. Celle-ci emportait,
outre les deux pilotes et leur équipement, le
formidable approvisionnement de 3.400 litres
d'essence et de 320 litres d'huile, quantités
nécessaires pour mener à bonne fin l'audacieux
projet des frères Arrachart.
La gloire et le mérite d'avoir réussi un tel
exploit vont en même temps qu'aux pilotes —
qui affirmèrent leurs belles qualités de naviga-
teurs — au constructeur sympathique qu'est
M. Henry Potez, à.ses collaborateurs et aux
usines Renault.
En marge du raid.
Il est intéressant de noter que, si, au lieu de
se diriger vers le Golfe Persique, les frères Arra-
chart s'étaient orientés vers le Nord, ils seraient
arrivés à 10° du Pôle Nord. En se dirigeant vers
l'Equateur, ils auraient atteint et même dépassé
Dakar 1
COMBIEN
Le fait d'entretenir une Marine de
guerre implique la volonté d'un pays de
défendre ses frontières maritimes et ses
communications avec les pays d'outre-
mer. L'Aéronautique est considérée au-
jourd'hui, par toutes les nations du
monde, comme l'auxiliaire le plus pré-
cieux, comme l'auxiliaire indispensable
de la Marine.
Combien d'hydravions pourraient uti-
liser la Marine française si, brusque-
ment, un conflit éclatait? Combien d'hy-
dravions pourraient accompagner, de-
main, nos escadres, surveiller nos con-
vois, assurer la police et la défense de
nos côtes ?
Nous ne demandons pas à connaître
ce nombre, mais nous voudrions qu'il
fût connu de ceux qui ont pour mission
de veiller à la défense du pays.
Dites-vous que s'il est parfois plus simple
et plus commode d'acheter « Les Ailes » chez
le marchand de journaux, l'abonnement,
par contre, est le seul moyen d'assurer la
prospérité du journal.
LES ESTAFETTES AERIENNES en TCHÉCO -SLOVAQUIE
Nous réclamons Cil France l'adoption des
avions à petite puissance pour Ventraînement des
pilotes militaires. C'est déjà chose laite en Tchéco-
slovaquie... Voici une escadrille d'avions Avia,
type BH 11, à moteur Walter 60 CV équipés en
« avions de~ liaison )J. En temps de paix, ces petits
appareils servent à l'entraînement des pilotes;
en temps de guerre, ils constitueront une excellente
solution de l'avion-estafette.
L'AVIONNETTE ALBERT-SALMSuN DU LT l HURI: T -
Cette photographie a été prise à l'aérodrome
militaire de Longvic, près de Dijon, lors du départ
du lieutenant Thoret pour la dernière étape qui
devait le ramener à Villacoublay. L'avionnette
Albert CI le moteur Salmson 40 CV qui l'équipe
prendront part au Concours d'Avions Econo-
miques de. l'Association Française Aérienne où
deux appareils de ce type viennent d'être engagés.
Une avionnette Albert-Salmson participera éga-
lement, samedi et dimanche, à la Coupe Zénith.
LE CONCOURS D'AVIONS ECONOMIQUES
Six pays seront en ligne
Dix-sept avions, représentant six nations, sont engagés.
Le Concours d'Avions Economiques, organisé
par l'Association Française Aérienne, connaît
un premier et beau succès : celui des engage-
ments. A une époque où bien des épreuves
d'aviation réunissent péniblement quelques
rares engagements, où d'autres devant être
même supprimées faute de compétiteurs, il est
extrêmement satisfaisant de voir le concours
de l'A. F. A. grouper officiellement dix-sept
appareils.
Les six nations.
Rarement, une épreuve internationale méri-
tera aussi bien ce titre puisque six nations se-
ront représentées : la Belgique, la France, la
Grande-Bretagne, la Hollande, l'Italie et la
Tchécoslovaquie. On peut même signaler ici
qu'une septième nation eût participé à l'épreuve
si les règlements ne s'y étaient opposés : l'Al-
lemagne 1 En effet, l'Association Française
Aérienne a reçu l'engagement d'un avion Udet
qu'elle ne put accepter, l'Allemagne ne faisant
pas encore partie de la Fédération Aéronau-
tique Internationale sous les règlements de
laquelle l'épreuve est placée.
Les concurrents.
La liste des dix-sept concurrents engagés -
donne une idée de l'intérêt que présentera le
concours du mois d'août : 4
1. Mrs Eliott-Lynn (Grande -Br_ ta gne) ;
2. Aéroplanes Pander (Hollande) ;
3. Aéroplanes Pander (Hollande) ;
4. Milos Bondy (Tchécoslovaquie) ;
5. Milos Bondy (Tchécoslovaquie) ;
6. Edouard Albert (France) ;
7. Edouard Albert (France) ;
8. S.A.B.C.A. (Belgique) ;
9. S.A.B.C.A. (Belgique) ;
10. De Ilavilland (Grande-Bretagne) ;
11. Costruzioni Aeronautiche Italiana (Italie);
12. Costruzioni Aeronautiche Italiana(Italie);
13. Joseph Albessard (France) ;
14. H. et M. Farman (France) ;
15. René Caudron (France) ;
16. Roques-Lelolcavez (France) ;
17. Soc. An. des Etablissements Lumière
(France).
Quels sont ces appareils ? — Ils sont trop
nombreux pour que nous puissions consacrer
à chacun la place qu'il lui conviendrait.
Quelques indications.
On sait que Mrs EIiotl-Lynn se présentera
au concours avec un avion De Havilland-
« Moth » à moteur Cirrus 60 CV ; c'est également
un « Moth » que présentera la maison De Havil-
land.
La firme tchécoslovaque Milos Bondy a natu-
rellement inscrit, en deux exemplaires, son
fameux petit avion Avia B.H. 11, à moteur
Walter 60 CV. Ces deux appareils seront pilotés
par deux « as » de l'aviation tchécoslovaque
Fritsch et Lhota.
La France sera représentée par sept appa-
reils : Edouard Albert a engagé deux avion-
nettes Albert à moteur Salmson 40 CV : ce sont
vraisemblablement Descamps, Thoret et Albert
lui-même qui les piloteront. M. Albessard a
instrit le nouvel avion — le « triavion » — que
vient de construire pour lui Louis Peyret et qui
vise essentiellement à résoudre le problème
de la sécurité. Farman, Caudron et les deux
pilotes associés Roques et Lefolcalvez présen-
teront cbacun une machine, tandis que la
Société Lumière a inscrit au concours le mono-
plan de Monge à deux moteurs Bugatti 9 /30 CV.
La Société Anonyme Belge de Constructions
Aéronautiques défendra les couleurs de la Bel-
gique avec ses deux excellents petits avions :
la limousine Demonty-Poncelet et le biplan
de tourisme Cambier-Guldentops dont on con-
naît les qualités. Ils seront pilotés par Charles
Wouters et Jean Van Opstal.
L'Italie, enfin, viendra à Orly avec deux
petites machines dont nous avons déjà parlé :
les monoplans à aile surbaissée que la firme
Costruzioni Aeronautiche Italiane exposa au
Salon de Milan où ils suscitèrent l'admiration
des visiteurs. Ce sont de petits avions mono-
places, tous deux du même type, équipés du
moteur Anzani 25 CV, type « Tour de France ».
Tous les moteurs !
\
Dix-sept appareils engagés, six nations repré-
sentées, c'est un joli tableau 1 Ajoutons que le
concours nous vaudra, du même coup, l'occa-
sion de situer exactement les qualités des divers
moteurs offerts à l'aviation à petite puissance :
Salmson 40 et 60 CV, Walter 60 CV, Anzani 70,
50 et125 CV, Bristol-Cherub, Cirrus 60 CV,
bbugatti 30 CV, etc...
C'est une belle compétition en perspective
qui, on pgut le présumer, ne manquera pas de
présenter un très vif intérêt. ~
Vous vous dîtes : « ce journal me plaît.
Je voudrais l'encourager, car il le mérite.
Quepourrais-je faire dans ce sens ? ». C'est
très simple : envoyez-lui aujourd'hui même
votre abonnement....
M. Laurent-Eynac améliore son record
La France a un nouveau gouvernement. Tout
ce que nous en dirons, c'est que son chef a agi
sagement en continuant la tradition des gouver-
nements précédents : il a maintenu M. Laurent-
Eynac au Sous-Secrétariat d'Etat de l'Aéronau-
tique.
M. Laurent-Eynac occupe ce poste depuis le
17 janvier 1921 ; il a résisté à toutes les tempêtes
Dessin de Pierre Dillé.
ministérielles, appartenant successivement et sans
désemparer aux sept gouvernements de MM. Poin-
caré, Herriot, Painlevé et Briand...
Au milieu de l'instabilité gouvernementale qui
caractérise notre époque, l'Aéronautique est un
exemple qui devrait inspirer nos dirigeants. Com-
plimentons M. Laurent-Eynac du record qu'il
détient et souhaitons qu'il le porte encore beau-
coup plus loin.
LETTRE DE SUISSE
Mittelholzer à l'assaut des records
(Du correspondant des « Ailes » en Suisse.)
Jeudi dernier, le premier-lieutenant Walther
Mitte holzer s'est envolé de l'aérodrome de
Zurich-Dubendorf en vue de battre le record
mondial de durée avec 500 kgs de charge utile.
Le réputé pilote n'a regagné sa base qu'après
avoir mené à bien son projet, au cours d'un vol
ininterrompu de 14 heures 42 min.
La tentative.
C'est de grand matin, à 3 h. 53 min., que
Mittelholzer prit le départ, en compagnie du
pilcte allemand Zinsmayer, et il commença
dès lors une ronde régulière, sur un trajet déter-
miné, comportant, en ligne droite, une distance
de 100 kms.
A 1 h. 05 déjà, le record de durée était battu.
Mittelholzer n'en continua pas moins à voler
durant de longues heures encore, jusqu'à ce
que fut épuisée la dernière goutte des 1.750
litres d'essence qu'il avait emportée.
D'ailleurs, Mittelliolzer fut largement récom-
pensé de sa louable persévérance dans l'effort
lorsque, à son atterrissage, la Commission
Sportive de l'Aéro-Club Suisse lui annonça
qu'il avait officiellement battu deux records
du monde.
Il s'agit des records de durée et de distance
avec 500 kgs de charge utile, qui étaient détenus
depuis le 26 juin 1924, par l'américain H.-R.
Harris, sur un appareil Douglas D.T. 2, moteur
Liberty de 400 CV, avec, respectivement,
9 heures 11 min. et 905 kms.
L'appareil. — Le pilote.
L'appareil qui a permis à Mittelholzer d'ac-
complir les performances précitées est un Dor-
nier-Komet, _muni d'un moteur B.M.W. de
450 CV. Ce monoplan, qui constitue certaine-
ment l'une des plus intéressantes réalisations
de l'indu trie aéronautique allemande, a été
précédemment décrit, dans Les Ailes, sous la
signature autorisée de J. Serryer. Il n'y a donc
pas lieu de revenir sur les caractéristiques de
cette machine, dont l'utilisation a grandement
facilité la tâche du pilote.
Il n'en reste pas moins que l'aviation suisse
a pris une part très heureuse dans l'établisse--
ment des records envisagés, puisqu'elle peut
s'enorgueillir de compter, au nombre de ses
pilotes, M. Walther Mittclholzer, dont la re-
nommée s'est étendue bien au delà de nos fron-
tières. Que ce dernier veuille bien accepter ici
nos vives félicitations pour avoir, en une magni-
fique envolée, efficacement servi les ailes helvé-
tiques.
Claude SCHUBIGER.
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