88
JOURNAL DES ROSES
fleurs on bouquets dressés, à fruits .très-
allongés, dont la fleur parfumée fournit aux
Orientaux leur précieuse Essence de Rose
(que nous imitons de très-loin par la distil
lation des feuilles du Pélargonium Mos-
chatum, le Ôéranium-Rosa de nos jardins.!
-— et, la Reine des Roses, le Ram
CenlifaHia.- Cette merveille do forme, do
coloris, de parfum et do grâce (dont les
semis nous ont donné la Rose-mousseuse et
ses nombreuses et élégantes sous-variétés,
— Enfin, nous avons découvert, adossée en
espalier à un mur bien exposé au soleil,
une rareté (originaire de la Chine) la Rose-
Châtaigne. (Rasa, ou mieux Sainlpterrea
Microphylla) à fleurs très-doubles, d’un rose
vif, à tube du calice hérissé de fins aiguil
lons, à sépales hérissés de larges et courts
aiguillons, à tige munie do longues épines
sous-stipul aires géminées et à peine
arquées.
.... Rapportez les flacons. ,.. — A la
Reine des Fleurs !!!
Messieurs, la Séance est levée.
.... Tout est vu, tout est discuté, tout
est nommé, tout est étiqueté (étiquettes
préparées à l’avance et munies d’un fil pour
les fixer) — tout est en boîte ou en carta
ble réintégré. En un tour de main, boîtes et
cartables sont fermés et, bouclés.
En route ! la gare n’est pas bien loin, et
une heure de repos nous a rendu nos jam
bes. — Notre Planète, cependant, a con
tinué à tourner, et nous masque déjà le
Soleil. •— Un Croissant d’argent plane à son
tour dans le) Ciel. — Bientôt, la Voute-
oéleste est constellée.,.. Nous oublions
un instant les Roses, et nous nous passion
nons pour d’autres Etoiles. — Une excur
sion dans les Mondes de l’Infini est à notre
portée... L'un veut habiter Vénus et bra
ver scs brûlants étés, sans se soucier do la
prochaine saison froide ; — l’autre veut
voir de plus près les multiples et mystérieux
Anneaux de Saturne qui nous révèlent l’ori
gine des Mondes. — Un autre veut s’assu
rer si la zone torride du puissant Jupiter;
n’est point toujours une lave ardente, rela
tivement aussi bouleversée que la surface
incandescente du Soleil. — D’autres calcu
lent le nombre do Siècles que larapide Lu
mière dans sa course par bonds de soixante
quinze mille lieues par seconde, met à nous
parvenir do lointains Soleils, pour nous,
imperceptibles Etoiles.
.... Mais, un siflement aigu nous fait
dresser l’oreille ; deux yeux ardents sem
blent fondre sur nous ; — Voici la fumée,
voici la vapeur, noirs panaches et blancs
tourbillons, •— le Monstre soufle comme un
Cachalot ; — Halte ! deux minutes d’arrêt ;
— le Monstre frissonne d’impatience et
gronde sourdement — les wagons sont
ouverts — en voiture, Messieurs les Voya
geurs ! — le Grand-Dragon secoue ses an
neaux de fer, il reprend sa course vertigi
neuse... — Voici la grande lueur piquée de
points lumineux de la moderne Babylone ;
les remparts sont franchis ; fracas de l’ar
rivée, promesses de se retrouver ; disper
sion dans la nuit; — retour au logis. — La
fatigue est oubliée ; les zélés n’attendent
pas au lendemain pour les soins à donnera
à la récolte ; — la presse est installée. »—
Repos bien gagné ! Force et Santé de corps
et d’esprit. —Nous n’avons pas perdu notre
journée !
Paris, Juin 1880.
G E R MAI N TJ E S AIN T - PI ERRE,
Commandeur de l’Ordre Impérial de la luise.
Président (1870-71) de la Srriélé liotmiique
de France.
Il OSE TIIÉ MADAME FAI.COT
Nous rendons un nouvel hommage à la
rosiculture Lyonnaise on donnant à nos
lecteurs le dessin de la splendide Rose
thé Madame Falcot, qui a été obtenue par
M. J.-B. Guillot fils, l’habile rosiériste du
chemin des Pins, 27, à la Guillotière-Lyon
(Rhône).
Voici comment l’obtenteur raconte T ob
tention de cette belle et précieuse variété :
« En 1854, je créais une école de quel-
