Titre : Résistance : journal de la libération nationale
Auteur : Guédon, Robert (1902-1978). Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1941-09-19
Contributeur : Mouvement de libération nationale (France ; 1940-1941). Éditeur scientifique
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32853250w
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 18 Nombre total de vues : 18
Description : 19 septembre 1941 19 septembre 1941
Description : 1941/09/19 (N9,EDDIFFERENTE). 1941/09/19 (N9,EDDIFFERENTE).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k879902b
Source : Bibliothèque nationale de France, département Réserve des livres rares, RES-G-1470 (335)
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 29/10/2012
10 Si-ntHiibre 10-1]
CONSIGNE AUX
“ Dans une de ces crises formidables où les plus vaillants
hésitent et s’abandonnent, où la nationalité menace de
sombrer dans la tempête, avoir été plus que le bras, l’âme
de la France! A ce grand peuple surpris, saisi, paralysé,
séparé tout à coup de son centre vital, de son gouvernement,
de ses armées toutes assiégées ou prisonnières, à cette
nation éperdue, sans phare et sans boussole, avoir rendu le
courage et les armes; avoir refait le cœur du peuple;
trouvé des chefs et des soldats, fait jaillir du sol de la vieille
Gaule, en cinq mois, six cent mille combattants, six cent
mille hommes sachant mourir; tenir tête partout et,
jusqu’au bout, balancer le destin, arracher enfin du gouffre
le plus profond où jamais peuple se fut abîmé, l’honneur,
la consolation, le relèvement de la Patrie, telle fut son
FIIAXÇAIS
œuvre. Et si ses lèvres glacées pouvaient se rouvrir, il vous
dirait encore: “Il n’y a de grand, de durable, d’étemel en
ce monde que le devoir. Les combats les plus beaux sont
les combats sans espérance. Au-dessus de la victoire, plus
haut que le succès, plus haut que la gloire même, il y a
quelque chose: le sacrifice.”
Ces éloquentes paroles ne sont pas d’aujourd’hui, mais
d’hier. Elles sont donc de toujours. Elles ont été prononcées
par Jules Ferry dans le vibrant éloge qu’il prononça de
Gambetta devant la Chambre des Députés et ont paru dans
le Journal Officiel du 18 avril 1884. Elles constituent, pour
ceux qui seraient tentés de céder au découragement, une
consigne permanente de résistance.
Pourquoi L’Allemagne a Besoin de l’Agriculture Française
U n intérêt unanime se manifeste en faveur du développe
ment de notre agriculture. Le Gouvemment du
Maréchal Pétain, on le sait, s’y attache particulièrement et
a exprimé ses intentions à cet égard, dès qu’il s’est constitué.
C’est fort bien, mais attention I L’Allemagne s’en occupe
aussi, et pour nous mener à des fins fort opposées à notre
légitime intérêt. En voici encore une preuve.
Le Petit Parisien (numéro du 10 juillet 1941I relate une
conférence donnée à Paris sur le sujet de la production
agricole par le Secrétaire d’Etat Backe, du ministère
allemand de l’Agriculture. Le malheureux Brinon a
d’abord présenté le conférencier, puis il a déclaré que “la
France connaît le devoir que lui impose la richesse de son
sol et la qualité de ses produits. Elle entend redevenir ce
qu’elle n’aurait jamais dû cesser d’être: une nation-essen
tiellement agricole.”
Nous ne demanderons pas ce qui qualifie Brinon pour
tenir ce langage d’austère autorité, mais nous voudrions au
moins savoir ce que deviendront les industriels et les
ouvriers français dans cette vue d’avenir: que leur réserve-t
on? L’émigration forcée sans doute.
Le Secrétaire d’Etat Backe a fait ensuite, à sa manière,
l’historique de la question. Il a critiqué le libre-échange qui
existait avant 1914, et qui avait entraîné une in
dustrialisation excessive de l’Europe, de l’Allemagne en
articulier. Grâce à Hitler, tout a changé, parait-il: la
ataille pour la production agricole a été livrée, les rende
ments ont doublé et le Reich est maintenant à l’abri du
blocus. Aux autres pays d’Europe d’imiter cet exemple
pour assurer dans l’avenir le ravitaillement du continent, a
conclu le haut fonctionnaire nazi.
Il est à peine besoin de relever devant les Français de la
zone occupée l’audace de l’affirmation selon laquelle le
Reich se suffit à lui-même. Pourquoi donc l’Allemagne
vide-t-elle depuis un an la zone occupée de scs viandes,
de ses légumes, de ses fruits, de scs fourrages ? Pourquoi
l’Allemagne, ces dernières années, a-t-elle multiplié les
accords avec les pays agricoles du sud-est de l’Europe,
Yougo-Slavie, Roumanie, Grèce, Turquie, etc. pour se
réserver leurs exportations en échange de ses produits
fabriqués? Pourquoi annonce-t-on â son de trompe la
marche sur l’Ukraine et sur ses vastes terres à blé?
Au reste, selon les statistiques allemandes récemment
fournies, l’Allemagne serait parvenue à produire 82% de
sa consommation de denrées alimentaires en l’année 1939,
qui fut déjà une année de restrictions au pays d’Adolphe
Hitler, alors que la France, dans le bien-être et même dans
le gaspillage, produisait 92 à 93% de sa consommation.
La vérité est, au contraire, que l’Allemagne ne se suffit
pas à elle-même et qu’elle doit largement importer pour* son
alimentation. L’Allemagne par contre, pays à structure in
dustrielle et urbaine, exporte largement ses produits
fabriqués. Alors, prenons bien conscience de la signification
véritable des exhortations du secrétaire Backe et de Brinon
qui s’est constitué le porte-parole de la propagande alle
mande, lorsqu’ils nous conseillent de redevenir une nation
“essentiellement agricole". Il s’agit, en réalité, pour l’Alle
magne, d’obtenir de grosses quantités de denrées alimen
taires et de trouver des débouchés pour les produits fa
briqués qui les paieront. Le développement de l’agriculture
française a pour corollaire, dans ce plan, la destruction
d’une grosse part de notre industrie, qui est concurrente
de celle de l’Allemagne et fabrique les mêmes produits.
La France fournira: bétail, blé, vins et légumes, mais elle
achètera les objets fabriqués que son industrie ne produira
plus.
Cette combinaison ne sera pas seulement la solution
commode du problème que pose à l’Allemagne son extrême
développement industriel: elle aura un autre effet qu’on se
garde de mettre en lumière: c’est avec l’industrie qu’on peut
faire la guerre; les pays “essentiellement agricoles” sont
radicalement impuissants à se défendre et à poursuivre
une politique indépendante, et c’est là aussi que l’on veut
nous mener. L’Economisth.
CONSIGNE AUX
“ Dans une de ces crises formidables où les plus vaillants
hésitent et s’abandonnent, où la nationalité menace de
sombrer dans la tempête, avoir été plus que le bras, l’âme
de la France! A ce grand peuple surpris, saisi, paralysé,
séparé tout à coup de son centre vital, de son gouvernement,
de ses armées toutes assiégées ou prisonnières, à cette
nation éperdue, sans phare et sans boussole, avoir rendu le
courage et les armes; avoir refait le cœur du peuple;
trouvé des chefs et des soldats, fait jaillir du sol de la vieille
Gaule, en cinq mois, six cent mille combattants, six cent
mille hommes sachant mourir; tenir tête partout et,
jusqu’au bout, balancer le destin, arracher enfin du gouffre
le plus profond où jamais peuple se fut abîmé, l’honneur,
la consolation, le relèvement de la Patrie, telle fut son
FIIAXÇAIS
œuvre. Et si ses lèvres glacées pouvaient se rouvrir, il vous
dirait encore: “Il n’y a de grand, de durable, d’étemel en
ce monde que le devoir. Les combats les plus beaux sont
les combats sans espérance. Au-dessus de la victoire, plus
haut que le succès, plus haut que la gloire même, il y a
quelque chose: le sacrifice.”
Ces éloquentes paroles ne sont pas d’aujourd’hui, mais
d’hier. Elles sont donc de toujours. Elles ont été prononcées
par Jules Ferry dans le vibrant éloge qu’il prononça de
Gambetta devant la Chambre des Députés et ont paru dans
le Journal Officiel du 18 avril 1884. Elles constituent, pour
ceux qui seraient tentés de céder au découragement, une
consigne permanente de résistance.
Pourquoi L’Allemagne a Besoin de l’Agriculture Française
U n intérêt unanime se manifeste en faveur du développe
ment de notre agriculture. Le Gouvemment du
Maréchal Pétain, on le sait, s’y attache particulièrement et
a exprimé ses intentions à cet égard, dès qu’il s’est constitué.
C’est fort bien, mais attention I L’Allemagne s’en occupe
aussi, et pour nous mener à des fins fort opposées à notre
légitime intérêt. En voici encore une preuve.
Le Petit Parisien (numéro du 10 juillet 1941I relate une
conférence donnée à Paris sur le sujet de la production
agricole par le Secrétaire d’Etat Backe, du ministère
allemand de l’Agriculture. Le malheureux Brinon a
d’abord présenté le conférencier, puis il a déclaré que “la
France connaît le devoir que lui impose la richesse de son
sol et la qualité de ses produits. Elle entend redevenir ce
qu’elle n’aurait jamais dû cesser d’être: une nation-essen
tiellement agricole.”
Nous ne demanderons pas ce qui qualifie Brinon pour
tenir ce langage d’austère autorité, mais nous voudrions au
moins savoir ce que deviendront les industriels et les
ouvriers français dans cette vue d’avenir: que leur réserve-t
on? L’émigration forcée sans doute.
Le Secrétaire d’Etat Backe a fait ensuite, à sa manière,
l’historique de la question. Il a critiqué le libre-échange qui
existait avant 1914, et qui avait entraîné une in
dustrialisation excessive de l’Europe, de l’Allemagne en
articulier. Grâce à Hitler, tout a changé, parait-il: la
ataille pour la production agricole a été livrée, les rende
ments ont doublé et le Reich est maintenant à l’abri du
blocus. Aux autres pays d’Europe d’imiter cet exemple
pour assurer dans l’avenir le ravitaillement du continent, a
conclu le haut fonctionnaire nazi.
Il est à peine besoin de relever devant les Français de la
zone occupée l’audace de l’affirmation selon laquelle le
Reich se suffit à lui-même. Pourquoi donc l’Allemagne
vide-t-elle depuis un an la zone occupée de scs viandes,
de ses légumes, de ses fruits, de scs fourrages ? Pourquoi
l’Allemagne, ces dernières années, a-t-elle multiplié les
accords avec les pays agricoles du sud-est de l’Europe,
Yougo-Slavie, Roumanie, Grèce, Turquie, etc. pour se
réserver leurs exportations en échange de ses produits
fabriqués? Pourquoi annonce-t-on â son de trompe la
marche sur l’Ukraine et sur ses vastes terres à blé?
Au reste, selon les statistiques allemandes récemment
fournies, l’Allemagne serait parvenue à produire 82% de
sa consommation de denrées alimentaires en l’année 1939,
qui fut déjà une année de restrictions au pays d’Adolphe
Hitler, alors que la France, dans le bien-être et même dans
le gaspillage, produisait 92 à 93% de sa consommation.
La vérité est, au contraire, que l’Allemagne ne se suffit
pas à elle-même et qu’elle doit largement importer pour* son
alimentation. L’Allemagne par contre, pays à structure in
dustrielle et urbaine, exporte largement ses produits
fabriqués. Alors, prenons bien conscience de la signification
véritable des exhortations du secrétaire Backe et de Brinon
qui s’est constitué le porte-parole de la propagande alle
mande, lorsqu’ils nous conseillent de redevenir une nation
“essentiellement agricole". Il s’agit, en réalité, pour l’Alle
magne, d’obtenir de grosses quantités de denrées alimen
taires et de trouver des débouchés pour les produits fa
briqués qui les paieront. Le développement de l’agriculture
française a pour corollaire, dans ce plan, la destruction
d’une grosse part de notre industrie, qui est concurrente
de celle de l’Allemagne et fabrique les mêmes produits.
La France fournira: bétail, blé, vins et légumes, mais elle
achètera les objets fabriqués que son industrie ne produira
plus.
Cette combinaison ne sera pas seulement la solution
commode du problème que pose à l’Allemagne son extrême
développement industriel: elle aura un autre effet qu’on se
garde de mettre en lumière: c’est avec l’industrie qu’on peut
faire la guerre; les pays “essentiellement agricoles” sont
radicalement impuissants à se défendre et à poursuivre
une politique indépendante, et c’est là aussi que l’on veut
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