PRESENTATION
La seconde guerre mondiale en France a fait l’objet
d’une abondante littérature tant sur b; régime de Vichy
ou la collaboration que sur la Résistance. Or, dans ce
flot d’ouvrages qui prouve l’intérêt qui s’attache encore
à cette période de l’histoire, rien ou presque n’a été écrit
— si ce n’est quelques travaux très récents — sur les mili
tants révolutionnaires et les minorités d’cxtrômc-gauche.
La primauté accordée en général dans l'historiographie au
conduit gaulliste ou celui du PCF s'explique eu premier
lieu par le rôle prédominant que jouèrent ces deux mou
vements durant la guerre. Mais on se doit aussi de relever
la tendance qu'ont eue jusqu’ici la majorité des historiens
à partager les acteurs eu deux camps : les «traîtres» de
la collaboration et les «patriotes» de la résistance. Il
exista pourtant une troisième voie, solitaire, malaisée à
définir, difficile à mettre eu pratique qui fut celle de
l’internationalisme prolétarien, défendue pur les militants
révolutionnaires et particulièrement par les trotskystes.
Peu nombreux, ceux-ci réussirent mal il est vrai à po
pulariser leur programme, dans la mesure surtout où ils
se tinrent cl furent tenus à l’écart du mouvement patrio
tique auquel adhérait alors la plus large partie de l’opi
nion.
C.’est pourquoi, sans vouloir écrire une histoire du
mouvement trotskysle pendant la guerre, il est apparu
indispensable de faire connaître ce qui avait, été oublié
ou occulté par l’histoire, et d’apporter le témoignage direct
de ce ipie fut la lutte des militants internationalistes du
rant le second conflit mondial. Dans cette perspective,
le mieux était de présenter des textes de l'époque, accom
pagnés d’introductions historiques et de repères chrono
logiques, de manière à laisser le lecteur libre de guider,
pièces en main, sa propre réflexion.
II serait cependant erroné de croire que La Vérité
représente à elle seule l’ensemble des positions trotskys
tes. Car jusqu’à sa réunification en mars 1944, le mouve
ment trotskystc reste divisé et La Vérité n’est, jusqu’à celte
date où elle devient l’organe du Parti communiste interna
tionaliste réunifié, que la voix d’un setd groupe, le Parti
ouvrier internationaliste, issu lui-même des Comités de
la IV" Internationale et le représentant officiel de la IV’
Internationale.
Mais ipie sont ces comités de la IV” que l’on voit
surgir en 19.49, et d’où proviennent ces militants qui vont
reprendre pour leur organe, en 1940, le titre de l’ancien
journal La Ecrite fondé en 1929 à l’initiative de Trolsky
et interrompu en 1936 '( Un rapide coup d’mil en arrière
doit nous permettre de retracer les principales étapes du
mouvement trotskystc, qu’il est nécessaire de connaître
dans ses grandes lignes si l’on veut savoir ce que représente
La Vérité et où clic se situe.
Expulsé d’URSS en 1929, Trotsky commence à organiser
sur le plan international une opposition de gauche, dont
la première conférence se tient en avril 1931). En France,
c’est depuis août 1929, autour du journal La Vérité, que
se rassemble un petit noyau de militants venus en majo
rité du PC. II n’est pas alors question pour Trotsky et ses
partisans de rompre avec l’Internationale communiste, mais
d’organiser un mouvement d’opposition visant à redresser
le cours stalinien de la III" Internationale.
Pendant les trois ans qui vont suivre, Trotsky, par ses
écrits, s’efforce d’attirer l’attention du mouvement com
muniste sur la gravité de la situation en Allemagne et
sur la nécessité du front unique des organisations ouvriè
res, auquel se refuse encore la III" Internationale. La
victoire de Hitler en 1933 témoigne pour Trotsky de la
faillite définitive de la IIP Internationale. Dès lors, avec
l’opposition de gauche, il s’oriente vers la création d’une
nouvelle Internationale révolutionnaire, la IV". La section
française qui s’intitule Ligue communiste sc fixe pour but
d’uMivrcr à la création d’un nouveau parti communiste.
Dans les premiers mois de 1931, la Ligue sc trouve
à la pointe de la lutte antifasciste et se fait le plus actif
défenseur de l’unité d’action, que n’a pas encore mise en
oeuvre le PC, malgré les nouvelles orientations de l’IC.
La politique de rapprochement qui s’esquisse entre le PC
et le PS à partir de juin 1934 modifie naturellement les
données de l’action et va amener la Ligue à réviser son
principal mot d’ordre. Aussi devant le risque d’isolement,
Trotsky conseille aux militants d’entrer dans le parti so
cialiste pour y tenter un regroupement révolutionnaire
et donner un contenu actif au front unique. Cette tacti
que. repose sur l’analyse d’une crise profonde au sein de la
social-démocratie ce qui explique qu'elle ait été également
discutée dans d’autres sections de l’organisation interna
tionale, la Ligue communiste internationaliste.
En France, malgré l’opposition résolue de certains mili
tants, la décision d’entrer dans le PS est finalement volée
à la majorité lors de la conférence nationale d’août 1931.
Organisés en tendance sous le nom de bolcheviks-léninistes,
les trotskystes se montrent très actifs et remportent de no
tables succès, en particulier au sein des Jeunesses socia
listes. La politique de front populaire de Staline qu’illus
tre le pacte signé avec. Laval en mai 1935 accélère le rap
prochement PC-PS. L’hostilité des BL à l’égard d’un front
populaire qui n’a selon eux aucun contenu de classe va les
rendre indésirables dans le PS et explique les mesures d'ex
pulsion prises par la direction à leur endroit. Dès le lende
main du pacte, Trotsky en tire les conséquences et pousse
les militants à sortir de la SFIO pour construire dans les
plus brefs délais un parti révolutionnaire. Celui-ci doit
proposer une alternative aux militants de l’aile gaur.be de
la SFIO ainsi qu’aux communistes déçus par la politique
stalinienne.
'Près rapidement des divergences vont voir le jour sur
les problèmes (pie pose pour les BL le départ de la SFIO,
cl provoquer une crise grave qui aboutit à la scission en
deux groupes distincts. Après une brève période d’unifica
tion au cours de l’été 1936, le POl et le PCI mènent une
existence indépendante. Seul le POl est reconnu comme
section officielle de la IV" dont le Congrès de fondation
a lieu en septembre 1938.
Ce congrès sc situe à un moment de recul du mou
vement ouvrier, marqué par la dislocation du Front popu
laire, la victoire imminente de Franco en Espagne et la
menace d’une nouvelle guerre mondiale. Dans cette pé
riode de défaite ouvrière, le POl et le PCI connaissent
les plus grandes difficultés et vont avoir à se prononcer
sur une éventuelle adhésion de leurs militants au PSOP.
Ce parti fondé en juillet 1938 par d’anciens militants de la
La seconde guerre mondiale en France a fait l’objet
d’une abondante littérature tant sur b; régime de Vichy
ou la collaboration que sur la Résistance. Or, dans ce
flot d’ouvrages qui prouve l’intérêt qui s’attache encore
à cette période de l’histoire, rien ou presque n’a été écrit
— si ce n’est quelques travaux très récents — sur les mili
tants révolutionnaires et les minorités d’cxtrômc-gauche.
La primauté accordée en général dans l'historiographie au
conduit gaulliste ou celui du PCF s'explique eu premier
lieu par le rôle prédominant que jouèrent ces deux mou
vements durant la guerre. Mais on se doit aussi de relever
la tendance qu'ont eue jusqu’ici la majorité des historiens
à partager les acteurs eu deux camps : les «traîtres» de
la collaboration et les «patriotes» de la résistance. Il
exista pourtant une troisième voie, solitaire, malaisée à
définir, difficile à mettre eu pratique qui fut celle de
l’internationalisme prolétarien, défendue pur les militants
révolutionnaires et particulièrement par les trotskystes.
Peu nombreux, ceux-ci réussirent mal il est vrai à po
pulariser leur programme, dans la mesure surtout où ils
se tinrent cl furent tenus à l’écart du mouvement patrio
tique auquel adhérait alors la plus large partie de l’opi
nion.
C.’est pourquoi, sans vouloir écrire une histoire du
mouvement trotskysle pendant la guerre, il est apparu
indispensable de faire connaître ce qui avait, été oublié
ou occulté par l’histoire, et d’apporter le témoignage direct
de ce ipie fut la lutte des militants internationalistes du
rant le second conflit mondial. Dans cette perspective,
le mieux était de présenter des textes de l'époque, accom
pagnés d’introductions historiques et de repères chrono
logiques, de manière à laisser le lecteur libre de guider,
pièces en main, sa propre réflexion.
II serait cependant erroné de croire que La Vérité
représente à elle seule l’ensemble des positions trotskys
tes. Car jusqu’à sa réunification en mars 1944, le mouve
ment trotskystc reste divisé et La Vérité n’est, jusqu’à celte
date où elle devient l’organe du Parti communiste interna
tionaliste réunifié, que la voix d’un setd groupe, le Parti
ouvrier internationaliste, issu lui-même des Comités de
la IV" Internationale et le représentant officiel de la IV’
Internationale.
Mais ipie sont ces comités de la IV” que l’on voit
surgir en 19.49, et d’où proviennent ces militants qui vont
reprendre pour leur organe, en 1940, le titre de l’ancien
journal La Ecrite fondé en 1929 à l’initiative de Trolsky
et interrompu en 1936 '( Un rapide coup d’mil en arrière
doit nous permettre de retracer les principales étapes du
mouvement trotskystc, qu’il est nécessaire de connaître
dans ses grandes lignes si l’on veut savoir ce que représente
La Vérité et où clic se situe.
Expulsé d’URSS en 1929, Trotsky commence à organiser
sur le plan international une opposition de gauche, dont
la première conférence se tient en avril 1931). En France,
c’est depuis août 1929, autour du journal La Vérité, que
se rassemble un petit noyau de militants venus en majo
rité du PC. II n’est pas alors question pour Trotsky et ses
partisans de rompre avec l’Internationale communiste, mais
d’organiser un mouvement d’opposition visant à redresser
le cours stalinien de la III" Internationale.
Pendant les trois ans qui vont suivre, Trotsky, par ses
écrits, s’efforce d’attirer l’attention du mouvement com
muniste sur la gravité de la situation en Allemagne et
sur la nécessité du front unique des organisations ouvriè
res, auquel se refuse encore la III" Internationale. La
victoire de Hitler en 1933 témoigne pour Trotsky de la
faillite définitive de la IIP Internationale. Dès lors, avec
l’opposition de gauche, il s’oriente vers la création d’une
nouvelle Internationale révolutionnaire, la IV". La section
française qui s’intitule Ligue communiste sc fixe pour but
d’uMivrcr à la création d’un nouveau parti communiste.
Dans les premiers mois de 1931, la Ligue sc trouve
à la pointe de la lutte antifasciste et se fait le plus actif
défenseur de l’unité d’action, que n’a pas encore mise en
oeuvre le PC, malgré les nouvelles orientations de l’IC.
La politique de rapprochement qui s’esquisse entre le PC
et le PS à partir de juin 1934 modifie naturellement les
données de l’action et va amener la Ligue à réviser son
principal mot d’ordre. Aussi devant le risque d’isolement,
Trotsky conseille aux militants d’entrer dans le parti so
cialiste pour y tenter un regroupement révolutionnaire
et donner un contenu actif au front unique. Cette tacti
que. repose sur l’analyse d’une crise profonde au sein de la
social-démocratie ce qui explique qu'elle ait été également
discutée dans d’autres sections de l’organisation interna
tionale, la Ligue communiste internationaliste.
En France, malgré l’opposition résolue de certains mili
tants, la décision d’entrer dans le PS est finalement volée
à la majorité lors de la conférence nationale d’août 1931.
Organisés en tendance sous le nom de bolcheviks-léninistes,
les trotskystes se montrent très actifs et remportent de no
tables succès, en particulier au sein des Jeunesses socia
listes. La politique de front populaire de Staline qu’illus
tre le pacte signé avec. Laval en mai 1935 accélère le rap
prochement PC-PS. L’hostilité des BL à l’égard d’un front
populaire qui n’a selon eux aucun contenu de classe va les
rendre indésirables dans le PS et explique les mesures d'ex
pulsion prises par la direction à leur endroit. Dès le lende
main du pacte, Trotsky en tire les conséquences et pousse
les militants à sortir de la SFIO pour construire dans les
plus brefs délais un parti révolutionnaire. Celui-ci doit
proposer une alternative aux militants de l’aile gaur.be de
la SFIO ainsi qu’aux communistes déçus par la politique
stalinienne.
'Près rapidement des divergences vont voir le jour sur
les problèmes (pie pose pour les BL le départ de la SFIO,
cl provoquer une crise grave qui aboutit à la scission en
deux groupes distincts. Après une brève période d’unifica
tion au cours de l’été 1936, le POl et le PCI mènent une
existence indépendante. Seul le POl est reconnu comme
section officielle de la IV" dont le Congrès de fondation
a lieu en septembre 1938.
Ce congrès sc situe à un moment de recul du mou
vement ouvrier, marqué par la dislocation du Front popu
laire, la victoire imminente de Franco en Espagne et la
menace d’une nouvelle guerre mondiale. Dans cette pé
riode de défaite ouvrière, le POl et le PCI connaissent
les plus grandes difficultés et vont avoir à se prononcer
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Ce parti fondé en juillet 1938 par d’anciens militants de la
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