Titre : Résistance : le nouveau journal de Paris
Éditeur : [s.n.]
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1944-01-25
Contributeur : Destrée, Jacques (1905-1979). Fondateur de la publication
Contributeur : Lacroix, Maurice (1893-1989). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32853253x
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 98 Nombre total de vues : 98
Description : 25 janvier 1944 25 janvier 1944
Description : 1944/01/25 (N21). 1944/01/25 (N21).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k8784349
Source : Bibliothèque nationale de France, département Réserve des livres rares, RES-G-1470 (336)
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 29/10/2012
2' Année - N° 21
25 Janvier 1944
Le Nouveau Journal
de Paris
\
RESISTANCE
Le Nouveau Journal
de Paris
Pour l Unité de la Résistance les Grandes Organisations créent Le Mouvements de la Libération NationaleS>,
PROCLAMATION
Tous les milifants de la Résistance estiment que l'heure est
venue d’accroître au maximum l’unité de la Résistance Française.
En vue de répondre à ce vœu unanime, le Comité Directeur
des Mouvements Unis (Combat, Libération, Franç-Tireur) et les
Comités Directeurs des Mouvements Réssitance, Détense de la
France, se constituent en Comité d’initiative du Mouvement de
la Libération Nationale, et demandent à tous les Mouvements
nationaux, régionaux et locaux de se joindra à eux pour créer
immédiatement sur le plan local ou professionnel des Comités
analogues.
Les principes de l’union adoptée par les signataires et pro
posée à tous sont les suivants :
1) Direction et administration uniques.
2) Fusion des organismes d’action.
3) Etude d’un programme commun,
4) Mise en commun des moyens d'expression, en particulier
des journaux tout en conservant l'originajité propre à chacun.
Les buts sont les suivants :
1 ) Rendre plus intense et plus efficace, contre l’ennemi et
contre les traîtres la lutte pour la Libéraiion, en développant
l’action immédiate et en préparant l’insurrection nationale.
2) Défendre par la presse les intérêts de la France et de
l’Empire.
3) Organiser dès maintenant les forces de la Résistance en
vue de l’établissement de la IV 0 République et de la construction
d’une société juste.
Le Mouvement de la Libération Nationale apportera tout le
poids de son influence au Général de Gaulle et au Comité Fran
çais de la Libération Nationale. Il agira sous l’autorité directe du
Comité Central des Mouvements de Résistance et de ses Repré
sentants régionaux, en accord avec les directives du Conseil
National de la Résistance.
Comité Directeur dea Mouvements Unis :
«Combat*, * Libération* zone sud, «Franc-Tireur*
Comité Directeur de «Résistance*
Comité Directeur de ■‘Défense de la France*
Le refour à la légalité républicaine lors de la Libération
Convocation du Parlement
ou Election d'une Assemblée provisoire
L'Unité de la Résistance
Nous publions dans ce numéro le
manifeste par lequel « Résistance », « Dé
fense de la France » et les « Mouvements
unis de Résistance », (« Combat », « Franc-
Tireur » et « Libération ») — déjà ins
titués dans la zone sud — annoncent
leur intention de mettre en commun
leurs el/orts.
C’est un grand acte qui vient d’étre
accompli et nous en sommes fiers. Ici,
nous avions depuis longtemps souhaité
la réalisation de cet accord. Nous comp
tons bien qu’il sera fécond.
L’Unité de la Résistance, c’est dabord
la coordination des efforts dispersés, des
cohésions substituées à l’excès des indi
vidualismes. Mais c’est autre chose
aussi : c’est la volonté de travailler en
semble et de penser ensemble pour pré
parer la France nouvelle qui doit s'éle
ver sur les ruines de l’édifice viehyssois.
« Aujourd'hui la victoire ; demain la
Démocratie ». Celte devise, qui est nôtre,
peut animer tout l’effort du mouvement
de libération nationale. Il faut, d'abord,
vaincre l’Ailemand. Il faudra ensuite
construire la démocratie républicaine,
cil évitant les erreurs, les défaillances
qui ont conduit au tombeau la Troisième
République, Celle-ci a eu, certes, ses
heures de grandeur et de gloire. Mais
elle a fini par s’enliser dans l’impuis
sance, et depuis trop longtemps sa ma
chine fonctionnait à vide. La démocratie
de demain devra être forte, capable d’ac-
tion et de continuité dans l'effort, lille
devra assurer l’indépendance de l’Etal
en [ace de toutes Les coalitions dintè-
rêts cl particulièrement des grandes
puissances économiques et des trusts.
Ella devra garantir efficacement la di
gnité de vie des travailleurs, pour que
soient respectés chez tous les droits de
la personne humaine.
Un grand effort de renouvellement de
vra être accompli. Il est bon que, dès
aujourd'hui, les Organisations de Résis
tance se .préparent ensemble à cet effort
nécessaire.
Unité dans le travail quotidien de la
lutte contre l'envahisseur et le pseudo-
gouvernement de Vichy, tel est le pre
mier devoir. Et cette unité apparaîtra
aux yeux du monde comme un signe
de plus de l'unanimité morale de la
France autour de son seul gouverne
ment légitime, celui d’Alger, dont elle
réclame la reconnaissance pleine et en
tière par les nations unies. Mais cela
même ne suffit pas. L’unité doit se pro
longer dans le travail commun pour le
redressement national.
A la veille du grand combat qui va
s engager en Occident, il est indispen
sable que les combattants de la Rêsis--
tance soient unis. Leur union servira la
cause de la Patrie. Elle permettra à la
Nation de reconquérir son indépendan
ce et sa grandeur. Demain, la voix de
la France se fera entendre, claire et
généreuse comme aux grandes heures
de son histoire, au sein d’une Europe
que nous souhaitons plus humaine d’un monde qui aura renoncé, nous y
comptons bien, à tous les totalitarismes.
Jacques DESTRËE.
Le Comité d’Alger vient de s’attaquer
virilement à un problème qui n’a échap
pé ii aucun Français clairvoyant et qui
se posera au moment de la libération
du territoire : celui de l'investiture don
née par la Démocratie Française au
gouvernement qui aura la charge de
gouverner le pays jusqu’aux élections
générales et de faire la paix.
« A quoi bon cette investiture, disent
certains, puisque la France est. unani
me ». Mais l’étranger doute, de cette
unanimité. Beaucoup d’Américains, par
exemple,, continuent à croire au presti
ge du Maréchal Pétain. Et, pour que le
nouveau gouvernement ait l’autorité suf
fisante pour négocier à la Conférence de
la Paix, dans des délibérations qui con
ditionneront tout l’avenir du Pays, il
faut qu’on ne puisse pas mettre en jd'oütfy
qu’il traduit la volonté nationale./*^"'-
Aussi, le Comité d'Alger invijfeÇA’Âs-
sembléo consultetive à étudier un ‘projcj
dé loi tendant à faire, sitôt la libération
du Pays, des élections municipale^ ù;lcs
conseillers municipaux élus désignant
les membres d'une assemblée chargée de
choisir le chef provisoire de l’Etat, telle
est, si nous l’avons bien saisie, la teneur
' du système.
Sur ce projet séduisant, au premier
abord, il est nécessaire, au nom de
l'opinion républicaine, de rappeler quel
ques vérités élémentaires.
i.a première, c’est que si l’on fait des
élections, il faut faire îles élections sé
rieuses. Tous les régimes ont été con
traints de faire voter leur peuple, Mus
solini, Hitler, Antonesco, aussi bien que
la Démocratie anglaise ou américaine.
Mais, les premières élections n’étaient
que des mascarades : de près ou de loin,
faire un acte qui leur ressemble, c’est
diminuer son crédit meme si on obtient
lu quasi unanimité.
I.'élection républicaine, qui seule a une
pleur,i, exige des listes électorales mises
a jour) et contrôlées, un minimum de
liberté;de discussion, la possibilité pour
les électeurs d’exprimer un choix. I.e
démocrate, afflrmons-le, quitte à scanda
liser les républicains de fraîche date, ce
n’est pas celui qui empêchera les pla
nistes de constituer une liste, mais celui
qui les contraindra à se présenter de
vant le corps électoral pour être jugés
par lui. Ici le fuir play démocratique le-
joint l’habilité politique.
La seule question est de savoir si, au
lendemain de la libération de la France,
il sera matériellement et moralement
possible de faire de telles élections. Et
même, si la réponse était affirmative, il
faudrait poser la question préjudicielle :
« Peut-on faire élire des municipalités
et ensuite une assemblée, puis enfin 'e
chef du gouvernement ou de l’Etat par
un corps électoral dont -deux millions
d’adultes seraient exclus : les prison
niers et les déportés ’1 »
Notre seconde remarque, c’est que le
mode d’élection rappelle fâcheusement
celui (fui préside à la désignation du Sé
nat contre laquelle l’opinion républicai
ne a, constamment protesté. Mais les
critiques qu’on adresse contre le recru
tement d’une assemblée qui devait être
un frein et un contre-poids au Suffrage
Universel, apparaissent centuplées lors
qu’il s'agit d’une élection d’une assem
blée souveraine.
Le Sénat était élu presqu’exclusive-
ment par les délégués des municipalités
mais avec une double prime donnée è
l’intérieur dos départements aux com
munes rurales et dans le cas de la Fran
ce aux départements les moins populai
res. Une commune de 500 habitants
nommait un délégué, une ville d’un mil
lion d’habitants n’en désignait que vingt-
quatre. Ainsi un puysan des Bâsses-Al-
pes représentait une part de souveraine
té nationale cent fois supérieure à un
ouvrier parisien. Il ne peut pas être
question de perpétuer un pareil scan
dale, et leç Comité d’Alger aura è cœur,
nous en sommes sûrs, de proclamer
l’égalité des Français en droit et en fait.
Dans une Assemblée dont dépend le sort
de tous et de chacun, les Français ont
des droits qui veulent être identiques.
Mais, si on veut laisser â la commune
rurale de 500 habitants le droit d’avoir
un délégué, il faudra au conseil munici
pal d’une ville d’un million d’âmes celui
d’en avoir 2.000 pour maintenir cette rè
gle d’équité. Et l’énormité de ce chiffre
fait apparaître te vice d’un système qui
fait du cadre municipal 1» cadre de l’élec
tion de la nouvelle assemblée, et notre
imagination ne voit guère le moyen de
le corriger.
La question reste donc entière.
Certains de nos amis, ceux qui, il y a
près de 18 mois, se rallièrent au pacte de
Metz, pensent qu’au lendemain de la
victoire la convocation de l’Assemblée
Nationale s’imposerait. Privée des 50
parlementaires qui collaborèrent et qui
seront inculpés d’avoir trahi le» devoirs
de leurs charges, cette assemblée rellèto
l’opinion du Pays, donnera au gouverne
ment du Général de Gaulle une quasi
unanimité et elle lui donnera, dans ses
négociations internationales, et dans les
conflits intérieurs, cette légitimité dont
se pare, avec au fond quelque inexacti
tude, le Maréchal Pétain.
D'autres de nos amis voient dans cette
convocation, même limitée à quelques
heures, un geste symbolique nuisible au
désir de renouvellement et de rajeunis
sement du gouvernement de la France
nouvelle et une mesure capable de trou
bler l’unanimité de la résistance fran
çaise. Ce sont • ces quelques remarques
25 Janvier 1944
Le Nouveau Journal
de Paris
\
RESISTANCE
Le Nouveau Journal
de Paris
Pour l Unité de la Résistance les Grandes Organisations créent Le Mouvements de la Libération NationaleS>,
PROCLAMATION
Tous les milifants de la Résistance estiment que l'heure est
venue d’accroître au maximum l’unité de la Résistance Française.
En vue de répondre à ce vœu unanime, le Comité Directeur
des Mouvements Unis (Combat, Libération, Franç-Tireur) et les
Comités Directeurs des Mouvements Réssitance, Détense de la
France, se constituent en Comité d’initiative du Mouvement de
la Libération Nationale, et demandent à tous les Mouvements
nationaux, régionaux et locaux de se joindra à eux pour créer
immédiatement sur le plan local ou professionnel des Comités
analogues.
Les principes de l’union adoptée par les signataires et pro
posée à tous sont les suivants :
1) Direction et administration uniques.
2) Fusion des organismes d’action.
3) Etude d’un programme commun,
4) Mise en commun des moyens d'expression, en particulier
des journaux tout en conservant l'originajité propre à chacun.
Les buts sont les suivants :
1 ) Rendre plus intense et plus efficace, contre l’ennemi et
contre les traîtres la lutte pour la Libéraiion, en développant
l’action immédiate et en préparant l’insurrection nationale.
2) Défendre par la presse les intérêts de la France et de
l’Empire.
3) Organiser dès maintenant les forces de la Résistance en
vue de l’établissement de la IV 0 République et de la construction
d’une société juste.
Le Mouvement de la Libération Nationale apportera tout le
poids de son influence au Général de Gaulle et au Comité Fran
çais de la Libération Nationale. Il agira sous l’autorité directe du
Comité Central des Mouvements de Résistance et de ses Repré
sentants régionaux, en accord avec les directives du Conseil
National de la Résistance.
Comité Directeur dea Mouvements Unis :
«Combat*, * Libération* zone sud, «Franc-Tireur*
Comité Directeur de «Résistance*
Comité Directeur de ■‘Défense de la France*
Le refour à la légalité républicaine lors de la Libération
Convocation du Parlement
ou Election d'une Assemblée provisoire
L'Unité de la Résistance
Nous publions dans ce numéro le
manifeste par lequel « Résistance », « Dé
fense de la France » et les « Mouvements
unis de Résistance », (« Combat », « Franc-
Tireur » et « Libération ») — déjà ins
titués dans la zone sud — annoncent
leur intention de mettre en commun
leurs el/orts.
C’est un grand acte qui vient d’étre
accompli et nous en sommes fiers. Ici,
nous avions depuis longtemps souhaité
la réalisation de cet accord. Nous comp
tons bien qu’il sera fécond.
L’Unité de la Résistance, c’est dabord
la coordination des efforts dispersés, des
cohésions substituées à l’excès des indi
vidualismes. Mais c’est autre chose
aussi : c’est la volonté de travailler en
semble et de penser ensemble pour pré
parer la France nouvelle qui doit s'éle
ver sur les ruines de l’édifice viehyssois.
« Aujourd'hui la victoire ; demain la
Démocratie ». Celte devise, qui est nôtre,
peut animer tout l’effort du mouvement
de libération nationale. Il faut, d'abord,
vaincre l’Ailemand. Il faudra ensuite
construire la démocratie républicaine,
cil évitant les erreurs, les défaillances
qui ont conduit au tombeau la Troisième
République, Celle-ci a eu, certes, ses
heures de grandeur et de gloire. Mais
elle a fini par s’enliser dans l’impuis
sance, et depuis trop longtemps sa ma
chine fonctionnait à vide. La démocratie
de demain devra être forte, capable d’ac-
tion et de continuité dans l'effort, lille
devra assurer l’indépendance de l’Etal
en [ace de toutes Les coalitions dintè-
rêts cl particulièrement des grandes
puissances économiques et des trusts.
Ella devra garantir efficacement la di
gnité de vie des travailleurs, pour que
soient respectés chez tous les droits de
la personne humaine.
Un grand effort de renouvellement de
vra être accompli. Il est bon que, dès
aujourd'hui, les Organisations de Résis
tance se .préparent ensemble à cet effort
nécessaire.
Unité dans le travail quotidien de la
lutte contre l'envahisseur et le pseudo-
gouvernement de Vichy, tel est le pre
mier devoir. Et cette unité apparaîtra
aux yeux du monde comme un signe
de plus de l'unanimité morale de la
France autour de son seul gouverne
ment légitime, celui d’Alger, dont elle
réclame la reconnaissance pleine et en
tière par les nations unies. Mais cela
même ne suffit pas. L’unité doit se pro
longer dans le travail commun pour le
redressement national.
A la veille du grand combat qui va
s engager en Occident, il est indispen
sable que les combattants de la Rêsis--
tance soient unis. Leur union servira la
cause de la Patrie. Elle permettra à la
Nation de reconquérir son indépendan
ce et sa grandeur. Demain, la voix de
la France se fera entendre, claire et
généreuse comme aux grandes heures
de son histoire, au sein d’une Europe
que nous souhaitons plus humaine
comptons bien, à tous les totalitarismes.
Jacques DESTRËE.
Le Comité d’Alger vient de s’attaquer
virilement à un problème qui n’a échap
pé ii aucun Français clairvoyant et qui
se posera au moment de la libération
du territoire : celui de l'investiture don
née par la Démocratie Française au
gouvernement qui aura la charge de
gouverner le pays jusqu’aux élections
générales et de faire la paix.
« A quoi bon cette investiture, disent
certains, puisque la France est. unani
me ». Mais l’étranger doute, de cette
unanimité. Beaucoup d’Américains, par
exemple,, continuent à croire au presti
ge du Maréchal Pétain. Et, pour que le
nouveau gouvernement ait l’autorité suf
fisante pour négocier à la Conférence de
la Paix, dans des délibérations qui con
ditionneront tout l’avenir du Pays, il
faut qu’on ne puisse pas mettre en jd'oütfy
qu’il traduit la volonté nationale./*^"'-
Aussi, le Comité d'Alger invijfeÇA’Âs-
sembléo consultetive à étudier un ‘projcj
dé loi tendant à faire, sitôt la libération
du Pays, des élections municipale^ ù;lcs
conseillers municipaux élus désignant
les membres d'une assemblée chargée de
choisir le chef provisoire de l’Etat, telle
est, si nous l’avons bien saisie, la teneur
' du système.
Sur ce projet séduisant, au premier
abord, il est nécessaire, au nom de
l'opinion républicaine, de rappeler quel
ques vérités élémentaires.
i.a première, c’est que si l’on fait des
élections, il faut faire îles élections sé
rieuses. Tous les régimes ont été con
traints de faire voter leur peuple, Mus
solini, Hitler, Antonesco, aussi bien que
la Démocratie anglaise ou américaine.
Mais, les premières élections n’étaient
que des mascarades : de près ou de loin,
faire un acte qui leur ressemble, c’est
diminuer son crédit meme si on obtient
lu quasi unanimité.
I.'élection républicaine, qui seule a une
pleur,i, exige des listes électorales mises
a jour) et contrôlées, un minimum de
liberté;de discussion, la possibilité pour
les électeurs d’exprimer un choix. I.e
démocrate, afflrmons-le, quitte à scanda
liser les républicains de fraîche date, ce
n’est pas celui qui empêchera les pla
nistes de constituer une liste, mais celui
qui les contraindra à se présenter de
vant le corps électoral pour être jugés
par lui. Ici le fuir play démocratique le-
joint l’habilité politique.
La seule question est de savoir si, au
lendemain de la libération de la France,
il sera matériellement et moralement
possible de faire de telles élections. Et
même, si la réponse était affirmative, il
faudrait poser la question préjudicielle :
« Peut-on faire élire des municipalités
et ensuite une assemblée, puis enfin 'e
chef du gouvernement ou de l’Etat par
un corps électoral dont -deux millions
d’adultes seraient exclus : les prison
niers et les déportés ’1 »
Notre seconde remarque, c’est que le
mode d’élection rappelle fâcheusement
celui (fui préside à la désignation du Sé
nat contre laquelle l’opinion républicai
ne a, constamment protesté. Mais les
critiques qu’on adresse contre le recru
tement d’une assemblée qui devait être
un frein et un contre-poids au Suffrage
Universel, apparaissent centuplées lors
qu’il s'agit d’une élection d’une assem
blée souveraine.
Le Sénat était élu presqu’exclusive-
ment par les délégués des municipalités
mais avec une double prime donnée è
l’intérieur dos départements aux com
munes rurales et dans le cas de la Fran
ce aux départements les moins populai
res. Une commune de 500 habitants
nommait un délégué, une ville d’un mil
lion d’habitants n’en désignait que vingt-
quatre. Ainsi un puysan des Bâsses-Al-
pes représentait une part de souveraine
té nationale cent fois supérieure à un
ouvrier parisien. Il ne peut pas être
question de perpétuer un pareil scan
dale, et leç Comité d’Alger aura è cœur,
nous en sommes sûrs, de proclamer
l’égalité des Français en droit et en fait.
Dans une Assemblée dont dépend le sort
de tous et de chacun, les Français ont
des droits qui veulent être identiques.
Mais, si on veut laisser â la commune
rurale de 500 habitants le droit d’avoir
un délégué, il faudra au conseil munici
pal d’une ville d’un million d’âmes celui
d’en avoir 2.000 pour maintenir cette rè
gle d’équité. Et l’énormité de ce chiffre
fait apparaître te vice d’un système qui
fait du cadre municipal 1» cadre de l’élec
tion de la nouvelle assemblée, et notre
imagination ne voit guère le moyen de
le corriger.
La question reste donc entière.
Certains de nos amis, ceux qui, il y a
près de 18 mois, se rallièrent au pacte de
Metz, pensent qu’au lendemain de la
victoire la convocation de l’Assemblée
Nationale s’imposerait. Privée des 50
parlementaires qui collaborèrent et qui
seront inculpés d’avoir trahi le» devoirs
de leurs charges, cette assemblée rellèto
l’opinion du Pays, donnera au gouverne
ment du Général de Gaulle une quasi
unanimité et elle lui donnera, dans ses
négociations internationales, et dans les
conflits intérieurs, cette légitimité dont
se pare, avec au fond quelque inexacti
tude, le Maréchal Pétain.
D'autres de nos amis voient dans cette
convocation, même limitée à quelques
heures, un geste symbolique nuisible au
désir de renouvellement et de rajeunis
sement du gouvernement de la France
nouvelle et une mesure capable de trou
bler l’unanimité de la résistance fran
çaise. Ce sont • ces quelques remarques
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