Titre : L'Écho des jeunes : journal littéraire / Victor Gresset, directeur
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Asnières)
Date d'édition : 1907-01-01
Contributeur : Gresset, Victor (1834-1903). Directeur de publication
Contributeur : Couderchon, Hector. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32761608r
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 3060 Nombre total de vues : 3060
Description : 01 janvier 1907 01 janvier 1907
Description : 1907/01/01 (A18)-1907/07/31. 1907/01/01 (A18)-1907/07/31.
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k877457v
Source : Bibliothèque nationale de France, département Littérature et art, FOL-Z-484
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 26/03/2012
■ 4
Le Numéro : 10 centimes
L’ECHO
Paraissant chaque mois
Rédacteur en chef
Hector COUDERCHON
ABONNEMENTS
Paris et Départements, un an.
Union postale, un an
3 fr.
4 fr.
Tout Cf qui'concèrne La Petite Gazette Française doit
parvenir 3, “rue TholoffX Paris, où l’on peut s’adresser
le jeudi, de 6 Jf9,'â 'Tri
i V
A *!'<
\ i v 1
Les abonnements partent du 7 81 ' janvier et du
Us sont retjas sans fr'tfis (fan» unes les bureaux
-•,v, '
7 e juillet;
de poste.
A DMNSTRATION
3, rue Tholozé — PARIS
Bureau à Gaillac (Tarn), 3, rue Escot,
LA VERITE
SUR U ACCIDENT
ET LA MALADIE DE GAMBETTA
Par Francis LAUR, ancien député
11 y a vraiment quelqae chose
d’étrange dans la persistance de ver
sions si diverses au sujet'du coup de
pistolet des Jardies.
Il semblerait qne la vie de Gambetta
— dont j’ai révélé l’unique mystère
— ait été tellement limpide, tellement
exposée au grand joui', tellement
exempte de tout scandale, malgré les
désirs de ses adversaires, que l’effort
des détracteurs, même posthumes, n’a
eu que la ressource du coup de pisto
let des Jardies pour s’exercer.
J’ai le devoir ici, de préciser par des
petits faits bien établis et contrôlables,
les causes légères qui ont produit le
grand et terrible effet de la catastrophe.
L’accident est dû en effet à deux pe
tites causes :
1° Le refus du général Thoumas de
rester pour déjeuner aux Jardies le
matin même de l’accident ainsi qu’il
en était prié par le maître de la mai
son,
2° L’absence de l’ancien domestique
dévoué de Gambetta, François Robelin.
Il est inutile d’insister sur le refus du
général Thoumas d’accepter l’hospita
lité de Gambetta.
C’est une des ironies normales du
sort que de voir la vie d’un homme si
grand dépendre du geste mondain,
plus ou moins distrait, d’un ami.
Voyons les faits :
Nous sommes au lundi 27 novembre
1882, Gambetta dès le samedi a écrit à
son amie de venir dans la soirée à Ville-
ci’Avray pour continuer à préparer
leur installation.
Le général Thoumas venu.dès le
lundi va partir. Toute la matinée Gam
betta a causé « militaire » avec ce brave
et solide soldat. Ils ont vécu l’année
terrible. Tous les deux se comprennent
à demi-mot et c’est le général Thoumas
qui permet à Gambetta de connaître a
fond l’âme de l’Armée.
C’est grâce à lui que s’est établi et se
maintient, cet accord si franc, si com
plet du Gouvernement et de l’Armée ré
publicaine, accord succédant à la sus
picion qui isolait de la Nation l’Armée
du second empire.
Le général Thoumas se lève :
— Restez-nous à déjeuner mon cher
Thoumas, ma femme sera heureuse de
faire votre connaissance.
— Hélas! non, je suis invité à Ver
sailles. .
Et après une bonne poignée de mains
on se sépare sur le pas de la petite
porte de sortie du jardinet que chacun
connaît.
Il est plus de dix heures 1 /2, on déjeu
nera aux Jardies dans une demi-heure.
L’amie est là-haut dans sa petite cham
bre. Elle met la dernière main à sa
toilette à laquelle elle tient [dus que
jamais pour réjouir les yeux de son ami.
En attendant le déjeuner, Gambetta
qui a l’horreur de l’inaction, se dispose
à aller tirer un peu au pistolet dans le
jardin.
Il monte à sa chambre pour prendre
un revolver qu’il a reçu quelque
temps auparavant d’un armurier re
nommé, Claudin.
*
* *
Ici, ouvrons une parenthèse, car la
deuxième cause de l’accident va inter
venir.
Gambetta a toujours eu, jusqu’à ce
jour comme serviteur, François Robe-
lin, un mobile, qu’il s’est attaché depuis
la guerre.
François Robelin est l’ordre et l’a
dresse mêmes, il connaît toutes les
habitudes du grand homme. C’est lui
qui, dans son ménage de garçon, à la
Présidence de la Chambre, partout, a
reçu et fait attendre tous les hommes
considérables de France.
C’est lui, naturellement,qui estchargé
de nettoyer les armes auxquelles Gam
betta ne touche jamais que pour tirer
de temps en temps et qui sont admira
blement tenues par cet ancien militaire.
Avec lui, aucun souci, tout est tou
jours prêt et c’est merveille de voir le
dévouement absolu du serviteur et la
confiance également absolue du maî
tre,
François connaît les menues néces
sités d’une vie d’homme public. II sait
fju’on peut échanger des balles du jour
au lendemain.
Mais François n’a pas échappé à la
loi commune, François s’est marié et
on a offert une bonne place au ménage.
Comment refuser? Gambetta toujours
si bon n’a pas hésité à sacrifier son in
térêt personnel et il s’est séparé de
François.
Naturellement l’amie qui préside à
l’installation des Jardies pour organi
ser la nouvelle vie matrimoniale, l’amie
a eu son candidat pour le remplacer,
c’est Paul.
Paul ne connaît encore rien du ser
vice personnel de Gambetta. Paul est
peu adroit. Il a même un défaut qui
n’apparaît qu’au bout d’un certain
temps, il est un peu accessible aux sol
licitations de Bacchus.
Bref, Gambetta ne peut pas tout lui
confier comme au brave François, no
tamment et surtout le petit service du
nettoyage des armes,
Or, depuis son duel avec F’ourtou,
Gambetta comme Clémenceau, comme
Cassagnac, cultive l’art du tir au pis
tolet. Il a même une certaine habileté
dans cet exercice qui assure à l’homme
politique un certain respect de ses ad
versaires trop bruyants.
Du temps de François les armes sont
bien tenues. Depuis le déménagement
aux Jardies, elles sont en mauvais état,
elles restent chargées, se rouillant un
peu.
*
* *
Arrivé dans sa chambre, Gambetta
examine le revolver à bascule de Clau
din, construit sur un nouveau modèle,
's’apprête à le charger et voici ce qui se
passe, d’après le récit invariable fait à
tous ses amis par Gambetta lui-même :
« Il reste un coup qui n’est pas parti,
« je l’ignore, et je m’en aperçois quand
j tenant la crosse de l’arme dans la
Vmam gauche et pressant de la main
droite le canon, je le fais basculer. Je
« m’aperçois alors qu’il y a encore
« une balle engagée en partie dans le
« cylindre.
« Je cherche à rabattre le canon sur
« le tonnerre, mais la balle mal enga-
« gée résiste. Alors, la main droite ap-
« puyée sur la tranche de la bouche du
« canon, pendant que la gauche conti-
« nue à soutenir la crosse, j’exerce
« imprudemment une pression énergi-
« que ne pensant pas que cette pression
« va suffire pour enflammer la cartou-
« che. Le coup part en crachant entre
« le tonnerre et le canon mal joints et
« la balle pénètre entre le milieu de la
« paume de la main droite au-dessus de
« la partie charnue où commence le
« pouce.
« En réalité la balle pénètre sous la
« peau parallèlement au tissu superfi-
« ciel, suit le trajet des gaines muscu-
« laires et va ressortir à cinq centimè-
« très du poignet et à la partie externe
« du bras. »
Grâce à la position de la main pour
ainsi dire parallèle au canon, elle n’est
pas traversée comme on l’a dit souvent
à tort.
Voilà l’accident matériel, accident
des plus légers, puisque aucun os,
aucune artère n’ont été touchés et que
la balle a suivi les gaines musculaires
en sortant naturellement par le bras.
Ce n’est pas la première fois du rest
queGambelta commet des imprudens e
avec une arme à feu, François l’a raconté
jadis.
— Monsieur était bien imprudent.
Un jour il a fait partir un coup de
pistolet le long de sa jambe en se
mettantau port d’armes. C’est un miracle
qu’il n’ait pas eu le pied ou la jambe
traversés.
Gomment a été imaginée
la scène de jalousie
Comment avec un thème si simple et
si naturel a-t-on été chercher des
interprétations mystérieuses et drama
tiques? Comment,se sont créées les
légendes?
De la manière la plus simple, il faut
le dire.
On a oublié un incident dont M.
Antonin Proust et un rédacteur du Petit
Journal ont été les acteurs innocents
et irresponsables :
Le voici :
C’est un entrefilet du Petit Journal
qui a donné naissance à la première
version de l’Amie de Gambetta tirant
sur lui au cours d’une scène de jalou
sie.
Comment et dans quelles circonstan
ces cet entrefilet a-t-il été écrit?
Il y a là un exemple de psychologie
populaire moderne très curieux à con
signer.
Aussitôt l’accident connu à Ville-
d’Avray, aux alentours des Jardies, il
se produit dans les esprits un phénomène
dont la presse de nos jours est respon
sable, grâce à sa tendance de plus en
plus émotive, c’est ce que j’appellerai
la « suggestion mystérieuse ».
Etant donné un accident sensationnel
qui émeut la foule, il arrive toujours que
les premières suppositions, avant de
connaître les causes réelles de l’accident,
sont pour le drame le plus compliqué,
les interventions les plus bizarres, l’in
terprétation la plus scénique en un
mot.
Le Français aime le théâtre, dirait
aimablement de nous un étranger.
Eh bien! il est certain que depuis
longtemps on chuchotte à Ville-d’Avray
sur le mystère des Jardies, sur l’identité
de la dame inconnue, sur son rôle
auprès de l’homme du jour, Gambetta.
Un coup de pistolet? Gambetta
blessé! Qui l’a blessé? La dame mysté
rieuse parbleu! Elle était là lorsque les
domestiques sont accourus et que
Gambetta était couvert de sang.
Serait-ce une scène de jalousie?
Oui, c’est cela. Et le bruit court. « De
bouche en bouche il est porté ». Dans
les offices des villas, au café, dans la
rue, la version s’éparpille, s’amplifie,
s’altère encore : La « suggestion mys
térieuse et anonyme a eu lieu ».
Mais le journaliste-reporter arrive,
il est là au café où l’on colporte l’inci
dent. Lui, est venu pour son journal et
il est l’objet d’une suggestion aussi. Il
est plutôt porté vers l’interprétation
sensationnelle, cela est tout naturel.
Néanmoins le reporter du Petit
Journal poursuit son enquête sur place
avec impartialité.
Mais laissons-le parler lui-même.
« — Continuant à m’informer,
« j’aborde M. Antonin Proust, qui est
« venu aux nouvelles, et lui pose la
| I
«ÜHMi
Le Numéro : 10 centimes
L’ECHO
Paraissant chaque mois
Rédacteur en chef
Hector COUDERCHON
ABONNEMENTS
Paris et Départements, un an.
Union postale, un an
3 fr.
4 fr.
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le jeudi, de 6 Jf9,'â 'Tri
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3, rue Tholozé — PARIS
Bureau à Gaillac (Tarn), 3, rue Escot,
LA VERITE
SUR U ACCIDENT
ET LA MALADIE DE GAMBETTA
Par Francis LAUR, ancien député
11 y a vraiment quelqae chose
d’étrange dans la persistance de ver
sions si diverses au sujet'du coup de
pistolet des Jardies.
Il semblerait qne la vie de Gambetta
— dont j’ai révélé l’unique mystère
— ait été tellement limpide, tellement
exposée au grand joui', tellement
exempte de tout scandale, malgré les
désirs de ses adversaires, que l’effort
des détracteurs, même posthumes, n’a
eu que la ressource du coup de pisto
let des Jardies pour s’exercer.
J’ai le devoir ici, de préciser par des
petits faits bien établis et contrôlables,
les causes légères qui ont produit le
grand et terrible effet de la catastrophe.
L’accident est dû en effet à deux pe
tites causes :
1° Le refus du général Thoumas de
rester pour déjeuner aux Jardies le
matin même de l’accident ainsi qu’il
en était prié par le maître de la mai
son,
2° L’absence de l’ancien domestique
dévoué de Gambetta, François Robelin.
Il est inutile d’insister sur le refus du
général Thoumas d’accepter l’hospita
lité de Gambetta.
C’est une des ironies normales du
sort que de voir la vie d’un homme si
grand dépendre du geste mondain,
plus ou moins distrait, d’un ami.
Voyons les faits :
Nous sommes au lundi 27 novembre
1882, Gambetta dès le samedi a écrit à
son amie de venir dans la soirée à Ville-
ci’Avray pour continuer à préparer
leur installation.
Le général Thoumas venu.dès le
lundi va partir. Toute la matinée Gam
betta a causé « militaire » avec ce brave
et solide soldat. Ils ont vécu l’année
terrible. Tous les deux se comprennent
à demi-mot et c’est le général Thoumas
qui permet à Gambetta de connaître a
fond l’âme de l’Armée.
C’est grâce à lui que s’est établi et se
maintient, cet accord si franc, si com
plet du Gouvernement et de l’Armée ré
publicaine, accord succédant à la sus
picion qui isolait de la Nation l’Armée
du second empire.
Le général Thoumas se lève :
— Restez-nous à déjeuner mon cher
Thoumas, ma femme sera heureuse de
faire votre connaissance.
— Hélas! non, je suis invité à Ver
sailles. .
Et après une bonne poignée de mains
on se sépare sur le pas de la petite
porte de sortie du jardinet que chacun
connaît.
Il est plus de dix heures 1 /2, on déjeu
nera aux Jardies dans une demi-heure.
L’amie est là-haut dans sa petite cham
bre. Elle met la dernière main à sa
toilette à laquelle elle tient [dus que
jamais pour réjouir les yeux de son ami.
En attendant le déjeuner, Gambetta
qui a l’horreur de l’inaction, se dispose
à aller tirer un peu au pistolet dans le
jardin.
Il monte à sa chambre pour prendre
un revolver qu’il a reçu quelque
temps auparavant d’un armurier re
nommé, Claudin.
*
* *
Ici, ouvrons une parenthèse, car la
deuxième cause de l’accident va inter
venir.
Gambetta a toujours eu, jusqu’à ce
jour comme serviteur, François Robe-
lin, un mobile, qu’il s’est attaché depuis
la guerre.
François Robelin est l’ordre et l’a
dresse mêmes, il connaît toutes les
habitudes du grand homme. C’est lui
qui, dans son ménage de garçon, à la
Présidence de la Chambre, partout, a
reçu et fait attendre tous les hommes
considérables de France.
C’est lui, naturellement,qui estchargé
de nettoyer les armes auxquelles Gam
betta ne touche jamais que pour tirer
de temps en temps et qui sont admira
blement tenues par cet ancien militaire.
Avec lui, aucun souci, tout est tou
jours prêt et c’est merveille de voir le
dévouement absolu du serviteur et la
confiance également absolue du maî
tre,
François connaît les menues néces
sités d’une vie d’homme public. II sait
fju’on peut échanger des balles du jour
au lendemain.
Mais François n’a pas échappé à la
loi commune, François s’est marié et
on a offert une bonne place au ménage.
Comment refuser? Gambetta toujours
si bon n’a pas hésité à sacrifier son in
térêt personnel et il s’est séparé de
François.
Naturellement l’amie qui préside à
l’installation des Jardies pour organi
ser la nouvelle vie matrimoniale, l’amie
a eu son candidat pour le remplacer,
c’est Paul.
Paul ne connaît encore rien du ser
vice personnel de Gambetta. Paul est
peu adroit. Il a même un défaut qui
n’apparaît qu’au bout d’un certain
temps, il est un peu accessible aux sol
licitations de Bacchus.
Bref, Gambetta ne peut pas tout lui
confier comme au brave François, no
tamment et surtout le petit service du
nettoyage des armes,
Or, depuis son duel avec F’ourtou,
Gambetta comme Clémenceau, comme
Cassagnac, cultive l’art du tir au pis
tolet. Il a même une certaine habileté
dans cet exercice qui assure à l’homme
politique un certain respect de ses ad
versaires trop bruyants.
Du temps de François les armes sont
bien tenues. Depuis le déménagement
aux Jardies, elles sont en mauvais état,
elles restent chargées, se rouillant un
peu.
*
* *
Arrivé dans sa chambre, Gambetta
examine le revolver à bascule de Clau
din, construit sur un nouveau modèle,
's’apprête à le charger et voici ce qui se
passe, d’après le récit invariable fait à
tous ses amis par Gambetta lui-même :
« Il reste un coup qui n’est pas parti,
« je l’ignore, et je m’en aperçois quand
j tenant la crosse de l’arme dans la
Vmam gauche et pressant de la main
droite le canon, je le fais basculer. Je
« m’aperçois alors qu’il y a encore
« une balle engagée en partie dans le
« cylindre.
« Je cherche à rabattre le canon sur
« le tonnerre, mais la balle mal enga-
« gée résiste. Alors, la main droite ap-
« puyée sur la tranche de la bouche du
« canon, pendant que la gauche conti-
« nue à soutenir la crosse, j’exerce
« imprudemment une pression énergi-
« que ne pensant pas que cette pression
« va suffire pour enflammer la cartou-
« che. Le coup part en crachant entre
« le tonnerre et le canon mal joints et
« la balle pénètre entre le milieu de la
« paume de la main droite au-dessus de
« la partie charnue où commence le
« pouce.
« En réalité la balle pénètre sous la
« peau parallèlement au tissu superfi-
« ciel, suit le trajet des gaines muscu-
« laires et va ressortir à cinq centimè-
« très du poignet et à la partie externe
« du bras. »
Grâce à la position de la main pour
ainsi dire parallèle au canon, elle n’est
pas traversée comme on l’a dit souvent
à tort.
Voilà l’accident matériel, accident
des plus légers, puisque aucun os,
aucune artère n’ont été touchés et que
la balle a suivi les gaines musculaires
en sortant naturellement par le bras.
Ce n’est pas la première fois du rest
queGambelta commet des imprudens e
avec une arme à feu, François l’a raconté
jadis.
— Monsieur était bien imprudent.
Un jour il a fait partir un coup de
pistolet le long de sa jambe en se
mettantau port d’armes. C’est un miracle
qu’il n’ait pas eu le pied ou la jambe
traversés.
Gomment a été imaginée
la scène de jalousie
Comment avec un thème si simple et
si naturel a-t-on été chercher des
interprétations mystérieuses et drama
tiques? Comment,se sont créées les
légendes?
De la manière la plus simple, il faut
le dire.
On a oublié un incident dont M.
Antonin Proust et un rédacteur du Petit
Journal ont été les acteurs innocents
et irresponsables :
Le voici :
C’est un entrefilet du Petit Journal
qui a donné naissance à la première
version de l’Amie de Gambetta tirant
sur lui au cours d’une scène de jalou
sie.
Comment et dans quelles circonstan
ces cet entrefilet a-t-il été écrit?
Il y a là un exemple de psychologie
populaire moderne très curieux à con
signer.
Aussitôt l’accident connu à Ville-
d’Avray, aux alentours des Jardies, il
se produit dans les esprits un phénomène
dont la presse de nos jours est respon
sable, grâce à sa tendance de plus en
plus émotive, c’est ce que j’appellerai
la « suggestion mystérieuse ».
Etant donné un accident sensationnel
qui émeut la foule, il arrive toujours que
les premières suppositions, avant de
connaître les causes réelles de l’accident,
sont pour le drame le plus compliqué,
les interventions les plus bizarres, l’in
terprétation la plus scénique en un
mot.
Le Français aime le théâtre, dirait
aimablement de nous un étranger.
Eh bien! il est certain que depuis
longtemps on chuchotte à Ville-d’Avray
sur le mystère des Jardies, sur l’identité
de la dame inconnue, sur son rôle
auprès de l’homme du jour, Gambetta.
Un coup de pistolet? Gambetta
blessé! Qui l’a blessé? La dame mysté
rieuse parbleu! Elle était là lorsque les
domestiques sont accourus et que
Gambetta était couvert de sang.
Serait-ce une scène de jalousie?
Oui, c’est cela. Et le bruit court. « De
bouche en bouche il est porté ». Dans
les offices des villas, au café, dans la
rue, la version s’éparpille, s’amplifie,
s’altère encore : La « suggestion mys
térieuse et anonyme a eu lieu ».
Mais le journaliste-reporter arrive,
il est là au café où l’on colporte l’inci
dent. Lui, est venu pour son journal et
il est l’objet d’une suggestion aussi. Il
est plutôt porté vers l’interprétation
sensationnelle, cela est tout naturel.
Néanmoins le reporter du Petit
Journal poursuit son enquête sur place
avec impartialité.
Mais laissons-le parler lui-même.
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