Titre : La Justice / dir. G. Clemenceau ; réd. Camille Pelletan
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1898-08-18
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32802914p
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
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Description : 18 août 1898 18 août 1898
Description : 1898/08/18 (Numéro 6792). 1898/08/18 (Numéro 6792).
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 10/02/2011
Dix-neuvième huilés. â N* 6792
Jeudi 18 Août 1898
â
9 Le Raméro
LA JUSTICE
5 Gratines
LeSmuén
Les Annoncée sor^ reçues »u Bureau du Journal
*7, l'AUgoUBO MONTMARTRE, «7
POUR LA RÉDACTION »
SairtutT mm fcréèum 4B la rMmUm.
JOURNAL POLITIQUE OU MATIN
Rédaction ⢫ Administration « », Faubourg
raix m fc^mansman »
Paru t * «Joli. M,-âIniv «tr-yâ Ibn, *⢠I».
«Java. â¢*.â «mta, iSBran jMteb : I m i« ft. ⢠»ei«, 1» II.â tf» m, «sfr-
t iiimmU» « M. E, RO BUTTE, JdrnmtttWwÛ
CHOSES USUELLES
LIE CHAIRE DE CAMBRIOLAGE
Au jour d'aujourd'hui que toutes les
professions sont enseignées théorique-
ment, scientifiquement, en une pous-
sée hâtive vers le progrés, nous vou-
lons appeler l'attention des pouvoirs
pub lies sur le métier de cambrioleur,
en général trop négligé par eux.
Les gens qui ne réfléchissent pas
beaucoup, croient qu'on peut devenir
cambrioleur du Jfur au lendemain.
Leur erreur fail peine à voir. On ne
saurait s'imaginer combien de tact,
d'intelligence, de finesse, d'énergie sont
nécessaire pour qu'un homme soit en
mesure d'exercer avec honneur cette
délicate profession Et bien des gens ne
restent honnêtes que clans la crainte de
n'y pas réussir.
Est-il raisonnable qu'une carrière
aussi pleine rie difficultés nés'apprenne
qu'à lu suite d'une longue et pénible ex-
périence, alors que des écoles et des
chaires, des livres et des professeurs
diovilgent pour les néophytes les princi-
pes a'autres professions libérales moins
intéressantes.
Utile* le cambriolage l'est autant que
ta police, car l'un sans Vautre ne peut
exister.
Si les cambrioleurs n'existaient pas,
à quai en seraient réduits les magis-
trats et les policiers I On frémit en v
songeant.
Aussi, est-ce sur enx que nous comp-
tons le plus pour protéger tout nouveau
développement, tout effort d'organisa-
tion prochaine.
Un gouvernement soucieux de la
grandeur d'un pays accorde ses soins
<1 ce que toutes les branches de l'art ou
de l'industrie de ce pays éclipsent celles
des pays environnants. j
La race anglo-saxonne a compris
cette théorie et cela établit sa supério-
rité. Vouez ce qui se passe chez nos voi-
sins cCoutre-mer àpropos des cambrio-
leurs. Cet messieurs ont un club, des
banquiers, ils s'habillent convenable-
ment, ont droit à des égards ; aussi la
corporation est-elle fort prospère, et
fait honneur à la nation. L'Anglais, il
est vrai, est doué d'un Instinct de vol
particulièrement intense ; pour que no-
tre pauvre France soit capable de riva-
liser avec lui, il faudra multiplier sur
noire sot les écoles et Us chaires desti-
nées d instruire les jeunes cambrio-
leurs.
L'éducation de ces jeunes gens se
composera d'un programme fort sur-
chargé, il oscillera de la serrurerie, in-
dispensable pour le succès, à la gym-
nastique, en passant par laâ boxe. Le
tir au revolver sera recommandé
comme connaissance accessoire, car
si un bon cambrioleur ne doit jamais
tuer, il faut du >»ow qu'il sache éviter
les balles tirées sur lut. les agents, en
effet, ne sont quelquefois ni prudents,
ni raisonnables. Ah ! Il v a de mauvais
moments dans la partie!
Nous arriverons certainement à pos-
séder quelque jour, grâce à l'éduca-
tion, un lot de cambrioleurs très pré-
sentables, dignes de concourir avec le
plus fin gibier d'A ngleterre ; mais les
défauts de notre race, notre dédain des
tangues étrangères nous mettront tou-
jours dans une situation d'infériorité ;
C Angleterre, quoi qu'on fasse, restera
toujours, par excellence, même en po-
ittique, le pays des gvands pickpockets-
Une élection sénatoriale a eu lieu di-
manche dans le département de la
Nièvre. L'union des radicaux s'est faite
sur le nom de M. le comte d'Aunay, qui
a été élu. Cette élection au Sénat est, la
troisième depuis que M. Brisson occupé
la pouvoir. M. d'Aunay est le troisième
radical élu sénateur.
De telles manifestations de l'opinion
sont trop éclatantes pour qu'il soit pas-
sible d'épiloguer sur leur signification.
"Elles démontrent jusqu'à l'évidence que
les représentants autorisés du suffrage
universel sont décidé» 1 défendre jus-
qu'au bout lâ politique' des réformes, la
politique qui réserve au seul parti ré-
publicain la direction effective des af-
faires publiques.
Nos Informations
Convocation d'Electeurs
Les conseils municipaux des communes du
Puy-de-Dôme pont convoqués pour le diman-
che 21 août, à l'effet de nommer leurs délé-
gués et suppléants en vue de l'élection d'un
sénateur en remplacement de M, Gilbert
Gaillard, décédé.
Le collège électoral se réunira à Clermont-
Ferrand le 2 octobre, pour procéder à l'élec-
tion.
Au Conseil d'État
M. Juaferrière, le nouveau gouverneur gé-
néral de l'Algérie, prendra possession de
son poste à la fin du mois.
C'est seulement après l'installation de M,
Laferrière à Alger qu'il sera procédé à la
nomination de son successeur à la vice-pré-
sidence du Conseil d'Etat.
On avait parlé de différents candidats,
étrangers jusqu'à ce jour au Conseil d'Etat,
pour remplacer M. Laferrière à la vice-pré-
sidence. On pont considérer maintenant
comme certain que le mouvement sera hié-
rarchique et que la succession de M. Lafer-
riére va revenir à l'un des présidents de sec-
tion.
Les présidents de section au Conseil d'E-
tat sont au nombre de cinq ; leur doyen est
La nomination ilu successeur de M. Lafer-
rière et le mouvement qui en résultera dans
la hiérarcie du Conseil d'Etat, permettront
sans doute l'entrée dans cette assemblée d'un
préfet de première classe. Il en résulterait la
possibilité d*un nouveau mouvement admi-
nistratif.
Au ministère de l'intérieur
Les croix du ministère do l'intérieur ne
paraîtront qu'à la fin de la semaine par
suite de l'absence delà plupart des mem-
bres du Conseil de l'ordre de la Légion d'hon-
neur.
La liste des décorations est à peu près ar-
1 rêtée et sera soumise au Conseil de mer-
credi.
Le nombre des croix de chevaliers est de
m.
M.Lockroy,ministre de la marine, a quitté
Ile Havre hier matin.
Avant de monter en wagon, le ministre a
fait remettre au président du comité des fê-
tes de bienfaisance uno somme de 300 fr.
LE BUDGET
On a faussement annoncé que le gouverne-
ment convo querait les Chambres pour lo
10 Octobre prochain. Les ministres nu nt pas
eu à délibérer encore Bur cette question, et
elle ne sera pas même discutée dans le conseil
de mardi. La Convocation dos Chambres est
en «Hot subordonnée cette année à l'élabora-
tion du budget de 1890. Le ministre des
finances, M. Peytral, s'occupe activement
d'établir le projet dp budget qui sera soumis
au Parlement; mais, malgré ses instances,
les diverses administration» n'ont pas encore
réduit leurs demandes de crédit qui dépas-
saient d'une centaine de millions les recettes
prévues Comme M. Peytral ne veut pas dé-
poser un budget en déficit et qu'il est difficile
de demander fc de nouveaux impôts les
ressources nécessaires pour faire face a l'aug-
mentation des dépenses, le ministre des finan-
ces se voit dans l'obligation d'attendre que
6es collègues Ment saisi de nouvelles propo-
sitions.
Le budget pour 4899 devant être déposé
dès les premiers jours de La rentrée, afin
qu'il puisse être discuté et voté avant la
1" Janvier, ia date de la convocation des
Chambres ne sera arrêtée par le gouverne'
ment qu'au moment où M. Peytral se décla-
rera en état de soumettre fr la: Chambra son
projet de budget. Toutefois, il est certain ouo
la date habituelle de l'ouverture delà .session
d'automne sera, cette année, un peu avancée!
et tout fait prévoir que le Parlement sera
convoqué pour le 18 octobre.
mm PROFESSIONNEL
Le déploroble accident qui s'est produit
hier, rue du Four, démontre une fois de plus
combien il était nécessaire d'introduire dans
nos lois le principe de « risque profession-
nel > qui entraîne lui-même la nécessité de
l'assurance.
Si un énorme bloc de pierre de 2,000 kilos
environ est tombé sur do malheureux ouvriers,
c'est qu'un des anneaux de-la chaîne s'est
brisé, bien que cette chaîne pût supporter,
paraît-il, une charge de 6000 kilos,
A qui appartenait cette chaîne ? A l'entre-
preneur des travaux ou au tâcheron dont il
est parlé dans Tin formation que nous avons
sous les yeux? On ne nous le dit pas. Mais peu
importe, n'est-ce pas ? II ne s'agit pas de
plaider. Il ne s'agit pas de savoir à qui in-
combe la responsabilité de l'accident ? Allez
donc chercher le coupable, dans l'espèce ! Le
coupable,c'est l'anneau brisé! Nous sommes
donc bien la en présence du risque profes-
sionnel...
Mais l'essentiel, c'est qu'aucune misère
imméritée ne résulte de la mort de ces ou-
vriers, l'essentiel,c'est que le préjudice causé
entraine une réparation.
Et c'est alors que l'assurance apparaît
comme une nécessité, car il serait profondé-
ment injuste de ruiner un patron en exigeant
de lui de faire face a des indemnités forcé-
ment élevées.
Nous ne prétendons paB que la loi récente
sur les Accidents dont les ouvriers sont victi-
mes ait résolu le problème du premier coup.
Nous avons entendu dire, an contraire, que
bien des retouches étaient nécessaires, non
seulement dans l'intérêt des patrons, mais
aussi dans l'intérêt de s ouvriers et notamment
des ouvriers chargé» de famille. Mais si nous
croyons à l'utilité de modifications plus ou
moins profondes, nons sommes persuadés
que le Parlementa agi sagement en introdui-
sant dans notre code le principe du risque
professionnel, et en mettant fin, ainsi, à des
lenteurs et à des procès dont nos ouvriers
étaient surtout victimes.
ÉCHOS
Le premier volume des Mémoires de
Bismarck paraîtra peut-être en octobre
prochain-
Dés 1890, Bismarck avait traité avec
des éditeur» de Stuttgart pour la publi-
cation de ses Mémoires.
L« manuscrit fut remis du vivant mê-
me du prince aux éditeurs, contre un ver-
tement d'un million de marks, et la com-
position des Mémoires commença aussi-
têt.
Le» typographes n'eurent aucune idée
de l'importance de la besogne qu'ils exé-
cutaient. On leur avait dit que le ma-
nuscrit émanait d'un historien allemand
connu, et on avait eu, au surplus, le soin
de ne confier à chaque ouvrier qu'on
fragment infime, afin de rendre impos-
sible un travail de reconstitution.
Jusque dan»les dernières semaines de
sa vie, Bismarck dicta à ses secrétaires.
Il est donc probable qu il y aura un ap-
pendice à ses Mémoires.
Les éditeurs ont pris les plus grandes
précautions pour éviter la publication
anticipée d'extraits de ces Mémoires.
#**
A peine abattu, le palais des Seaux-
Arts du Champ-de-Mars va se redresser
sur un autre point de Paris.
De même que les pierres du palais de
l'Industrie ont servi à bâtir derrière la
butte Montmartre tout lin quartier neuf,
iet deux rues, les rues Cyrano-de-Berge-
rac et Jules-Jouy, de même les char-
pentes métalliques, les colonnades d'a-
cier, les grilles de fonte, les écussons do
for forgé du palais des Beaux-Arts de
1889 vont se trouver réunis de nouveau
fiux Ternes, snr laplaco Saint-Ferdinand.
Un entrepositaire de charbon et bois
8e chauffage en fait un immense hangar
aous lequel il entassera son combustible.
***
La maison de ia reine Blanche,
i Les travaux entrepris pour couvrir le
Êt de la Bièvre dans sa traversée de Pa-
ris vont être achevés dans quelques
mois.
En même temps que disparaîtra la
rivière, on va démolia toutes les tanne-
ries qui ia bordaient aux Gohelins.Quel-
ques-unes de ces tanneries étaient ins-
tallées dans des bâtiments très anciens
aux architectures curieuses.
L'une des maisons qui vont être ainsi
détruites fut jadis célèbre et est encore
renommée dans le quartier: on l'appelle
la c maison de la reine Blanche ». Elle
fins numéro 17 de ia rue des Gobe-
C'est là qu'habita* parait-il, l'une des
héroïnes de la tour de Nesle.
Dans tous les cas^ la maison qui porte
son nom est un immeuble ancien très
intéressant et remarquable surtout par
1 ampleur et la majesté des salles qui lo
divisent ainsi que par les balustres
sculptes de ses escaliers tournants.
Un joli morceau d'architecture ogivale
va disparaître avec aile,
***
La température sénégalienne dont
noua jouissons â¢â c'est la formule consa-
crée â> n'a rien 1 d'anormal jusqu'ici. Le
maximum constaté cette année s'est pro- :
duit dimanche 14 août, où l'on a enre- i
gistré 3S°B- _a
C'est encore une douce chaleur si on
1* compare au maximum absolu cons-
taté depuis un siècle et demi et qui a
donné 38» 4 les i juillet 1881 au Parc-
Samt-Maur et ,9 juillet 1874 à l'observa-
toire de Montsouris.
Comme température élevée, on peut
encore citer, avec M. Jaubert, chef du
V/V? météorologique de Montsouris :
86» 8 le 31 juillet 1803, et 36-6 le 18 aoât
1842, enregistrés à l'Observatoire de Pa-
fis.
Ajoutons que le maximum annuel se
présente généralement vers le 18 Juillet,
t outefois, en 1841, le maximum de l'an-
née, 33° 8, s'est produit le 26 mai.
ilette date est ia plus hâtive connue.
***
Le musée-bibliothèque de Chantilly
que I ou ouvre avec tant de difficulté aiix
travailleurs recèle des manuscrits très
curieux, et, notamment, un recueil des
dernières oeuvres de Clément Marot,
Se5. s jusqu'à ce jour inédites.
M. Gustave Maçon a compulsé ce ma-
nuscrit, et il va le publier, Ce sera là uno
precieuse contribution à l'histoire de la
littérature française,
Les poème* inédits de Clément Marot
datent de 1536 et 1537. Il les écrivit en
exjl On y trouve des épltres au lloi à
Mme de Ferme et à Mlle Renèe de Par-
menay :
Où allez-vous, noble nymphe Renée t
Ce manuscrit se trouveà Chantilly de-
pms le XVI- siècle; Marot l'avait confié
mi-même à Anne de Montmorency, fon-
dateur de la bibliothèque qui orne le
château aujourd'hui possédé par l'institut
ne France.
***
Rue François-Miron, derrière un im-
meuble neuf, un vestige de construction
très ancienne, comme une salle d'auberge
entrevue dans quelque roman d'Alexan-
dre Dumas.
Parfaitement. C'est 1 'Hôtel de l'Ours
qui s étendait de la vieille rue Saint-
Antoine aujourd'hui 40. rue François-
Miron, à larue Geoffroy-l'Asnier, et où
descendaient les Alsaciens arrivant de
Strasbourg et les Suisses venant servir
dans 1 armée du Roi.
de l'ancienne ab-
baye d'Ourscamp - de là son nom â et
avait été vendue, sous la Révolution,
comme bien national.
La ville de Paris vient de la racheter
pour la démolir et agrandir une école
voisine pittoresque continue à dis-
***
Le flot des journaux.
Une des questions qui préoccupent
beaucoup l'administration de la Biblio-
thèque nationale, c'est celle des jour-
naux dont le nombre s'accroit démesuré-
ment u année «n année.
Oh se sait plus oû lesloger : les moin,
dres recoins du vaste bâtiment de la rue
Richelieu sont archibondés. Non seule-
ment il est difficile de donner asile aux
ouvrages qui paraissent dans le courant
do 1 année, mais il devient à peu près
impossible de trouver de la place pour
recevoir les journaux de Paris et de la
province qui arrivent par ballots et que
i on est obligé, à l'heure actuelle, de ca-
ser dans les sous-sols.
Encore quelque temps et l'encombre-
ment sera tel que l'administration de la
bibliothèque nationale se verra peut-être
dans 1 obligation de ue plus recevoir les
journaux de province,
Ne serait-il pas préférable, ainsi d'ail-
leurs qne le demandait M. Paul Descha-
nel, en 1892, dans son rapport sur la Bi-
bliotheque nationale, de remédier à cette
fâcheuse situation, en mettant au rebut
les journaux de province â et Dieu sait
s'il y en ?T q? 1 ne présentent aucun
intérêt. Un grand nombre de ces feuil-
i?®/ .que reproduire ce qui a été
publié par l«s journaux de Paris, et leur
destruction n'aurait,croyons-nous,aucun
inconvénient. On pourrait simplement
conserver trois ou quatre grands jour-
naux par région.
Mais il est temps de se hâter : la ma-
haute journauxÏ devient de plus en plus
***
Nous apprenons avec regret que notre
ami, M. Léon Muret, le sympathique
président du Comité radical-socialiste
du XIII ⢠arrondissement, a eu la douleur
Ue perdre son dernier enfant Les
Obsèques ont eu lieu, avant-hier, an ci-
metière d'Ivry. Dans l'assistance, très
nombreuse on remarquaitMM.ledocteur
' udent du Conseil municipal,
Gérault-Richard, Mallebay, Cornette,
président du Patronage laïque du XIII",
etc., etc.
NOUVELLE A LA MAIN
X... est le plus assidu des solliciteurs.
On parle de lui dans un groupe et
quelqu'un prend par hasard sa défense.
â Enfin, vous ne pouvez pas dire qu'il
se jette à la tète des gens.
â Parbleu ! il se jette à leurs pieds : il
ne peut être partout h la fois.
CLEVEft. ANDLES c^n^°°^ES
Bâg. F>l*ce de Ja Madeleine, Pari*.
llllllVllIIIBiTftl Les CYCLES RENOMMES
WHITWOBTH 375krr^rL500'
A propos, aviez-vous oublié qu'il
existait des prétendants au trône de
France?
U y eu a i il nous reste môme au
moins un candidat à la royauté et un
aspirant à l'empire ; il y a des comités
qui correspondent avec eux et quf
veillent pour ne pas laisser s'évanouir
la dernière étincelle du feu sacré,
pour ne pas laisser passer une année
sans que les fidèles aient banqueté
quelque part, sans qu'on, ait eu la
joie de crier quelque part, à l'heure
du champagne : Vive le roi ! et ail-
leurs : Vive l'empereur !
On vient de s'offrir ces deux pe-
tites fêtes, et le même jour â les gro-
gnards des deux partis n'en sont pas
encore arrives à se faire voir autour
de ia même table âî les uns ayant
retenu la salle Wagram, les autres
ont pris rendez-vous à l'autre bout
des fortifications, à Saint-Mandé
peut-être en souvenir de l'ancienne
barrière du Trône. Mais ils sont d'ac-
cord pour chômer le 18 août.
Les bonapartistes en ont depuis
longtemps fait ia Saint-Napoléon, et
l'on no peut méconnaître la fixité de
leur tradition à cet égard. Quant aux
royalistes, ils ont successivement
abandonné la Saint-Louis et la Saint-
Henri ; ils ne paraissent pas compter
beaucoup sur le prestige de la Saint-
Philippe ; ils se sont rabattus jusqu'à
nouvel ordresur la Sainte-Marie ;slce
n'est pas la fête du roi, à qui s'appli-
que avec une rigueur insuffisante ia
litanie de Ja Vierge. il parait que c'est
la fête de la Reine. Acceptons l'expli.
cation de confiance, et sans tourmen-
ter YAlmanach de Gotha pour véri-
':or quels sont au juste les prénoms de
la princesse naguère épousée par le
fils de l'arriére petit-fils du citoyen
Egalité.
Le 15 août n'est pas, au demeurant,
une date mal choisie, C'est le mo-
ment de l'année où l'inactivité poli-
tique est à son comble, et telle mani-
festation qui dnns une autre saison
| risquerait de passer tout à fait ina-
perçue est à peu près assurée d'être
alors enregistrée et d'obtenir quel-
ques commentaires. Ainsi font les
auteurs délaissés, qui attendent pour
aller solliciter la critique, la morte-
saison de la librairie, et qui vont
disant : « Ne me ménagez pas, dé-
clarez mon livre exécrable, dites tout
ce que vous voudrez, mais ne me pas-
sez pas sous silence. »
Au banquet bonapartiste, tout
s'est passé suivant le rite accoutumé,
Le tout sémillant baron Legoux, que
les journaux du parti qualifient de
puissant orateur, a été, comme tous
les ans, le metteur en scène. Un brave
colonel, dans une interminable con-
férence, a vibré tout le temps, et a
prouvé à ces pékins d'historiens qu'il
n'y avait encore rien de tel, pour évi-
ter les Waterloo et les Sedan, que de
se mettre dans les mains des Bona-
parte. Il a même, en passant, provo-
qué son auditoire à crier : A bas les
orléanistes I ce qui n'est pas gentil
pour la concurrence. U est vrai que
c'était à propos d'un développement
sur la trahison de Dumouriez, ce qui
est plus ancien que Sedan et même
que Waterloo, On a regretté l'ab-
sence de Cuneo d'Ornano, qui avait
expédié uno dépêche de vingt-cinq
mots, et qui, en guise de remercie-
ments, a été déclaré « génial #. On
n'a, d'ailleurs, procédé que par ton-
nerres d'applaudissements ; un rou-
lement continu. Et tout le monde a
parlé au nom de la France tout en-
tière.
Chacun sait, en effet, que la France
tout entière n'a qu'une idée en tête,
c'est do se voir gouvernée par le nom-
mé Victor. Elle feint d'être occupéeen
ce moment à rentrer ses moissons,
mais c'est pour mieux dissimuler. Et
la preuve, \e Petit. Caporal nous l'a
donnée naguère, c'est que ce conqué-
rant méconnu a réuni un cent de
voix pour le conseil d'arrondissement
dans un canton du Pêrigord : de là à
la restauration de l'empire, U n'y a
plus évidemment que l'épaisseur d'un
cheveu.
Au banquet royaliste, le dé de la
conversation était tenu par M. Gode-
froy, président de la Jeunesse roya-
liste de Paris,qu'il ne faut pas confon-
dre avec diverses autres jeunesses du
même nom.
Ce M. Godefroy, s'il nous en sou-
vient bien, fut décoré de ce titre
après la lettre àDufeuille.et pour rem-
placer un autre président qui avait
parlé trop déporter le drapeau mo-
narchiste dans la mêlée électorale.
M. Godefroy avait lui-même, dans
une circulaire, commenté les instruc-
tions du prétendant, et montre dans
quelles conditions les comités roya-
listes devaient apporter leur concours
aux candidats officiels du cabinet
Mêline.
U n'était plus du tout question alors
de déployer le drapeau. Les espé-
rances de restauration monarchique
n'étaient pas définitivement reniées,
mais reléguées dans un avenir très
reculé, et il n'y avait rien de mieux à
faire, en attendant, pour les bons
royalistes, que de se donner corps et
àine à la meilleure des monarchies, à
savoir la République de M. Méline.
Mais les élections sont passées :
elles n'ont pas plus répondu aux es-
pérances de Philippe qu'à celles de
Barthou et de Léon XIII, et, d'ail-
leurs, on peut maintenant recom-
mencer à dire que la France, au fond,
tout au fond, est assoiffée de monar-
chie, sans s'exposer à être mis en
demeure de l'interroger en consé-
quence, et à se voir ridiculisé du jour
an lendemain par les chiffres du
scrutin.
Aussi M. Godefroy a-t-il repris sans
embarras les vanteries des jours an-
ciens. On n'attend plus que le roi,
tous les. partis n'attendent que l'oc-
casion de se rallier à son panache. Il
f a venir, il arrive... Et, si ce n'est
pas pour Pâques, ce sera pour la Tri-
nité d'une année qui se prépare...
On a au moins trois ans devant soi
pour prophétiser de la sorte. L'em-
barras ne recommencera que lors-
qu'une nouvelle consultation du suf-
frage universel sera en vue, car c'est
lui le géneur.
II ORGANE DEMOCRATIQUE iOlE
LOB républicains démocrates du Loiret ont
compris la nécessité de créer de grand» orga-
nes régionaux, capables d'exercer une action
suivie et do combattre efficacement la propa-
gande incessante, multiple et habile du parti
clérical et conservateur.
Ils ont fondé le Progrès c tu Eoiretr organe
de la démocratie républicaine, quotidien.
Cette entreprise a été très bien accueillie, et
le nouveau-né obtient dès ses débuta un vif
succès, dû en partie à l'excellente direction
de notre confrère Ch. Jacoutot, rédacteur en
chef du Progrès.
En adressant notre salut d'ainé à notre
nouveau confrère, nous exprimons le voeu
gue cet exemple soit suivi dans d'antres ré-
gions, Où presque tout est à faire à ce point
de vue. Comment résister à la lente imfiltra-
tion dn mensonge et de la calomnie, sinon
par une presse vivante, active, largement
répandue. ? â
UN SCANDALE
Des scènes honteusea se sont produites au
Vélodrome du Parc des Princes. Les coureurs,
fous de douleur et de fatigue, ont été remis de
force sur leurs machines par des gens que les 3
journaux spéciaux appellent les « aides», â
les aides du bourreau. Le bourreau, les bour-
reaux, ce sont ies organisateurs de spectacles
pareils. La préfecture de police, qui permet
ces actes de barbarie, a une part de responsa-
bilité à laquelle elle ne doit ni nepeut échap-
per. Un membre du Conseil municipal inter-
pellera M. Charles Blanc. Et nous souhai-
tons que la corrida de muerte ait une sanc-
tion et que Ton n'autorise plus des aliénés à
se suicider en public.
A L'EXTÉRIEUR
A propos du Conflit anglo-russe
Dans une de ces « Lettres libres » du
Rappel, M. de Lanessan se montre rela-
tivement optimiste en ce qui touche le
conflit anglo-russe, bien quo ce conflit
lui semble f doublé d'un conflit anglo-
germanique ».
Ce qui semble rassurer M. de Lanes-
san,c'est que l'Angleterre n'est pas d'hu-
meur à se lancer dans une guerre pour
une simple question de chemin de fer à
construire ou à ne pas construire dans
une partie de la Chine qui est bien loin
de valoir, au point de vue commercial,
le centre et le sud de l'immense empire.
Si l'Angleterre pousse les hauts cris c'est
que, fidèle à sa politique,elle se ménage,
eu se plaignant si fort, le droit de récla-
mer incessamment des compensations.
Et ces compensations elle les trouvera,
qu'on en soit persuadé, dans les régions
où pourront se développerson commerce
et son industrie.
D'autre part, la Russie parait avoir le
plus grand intérêt à ne pas pousser jus-
qu'à la guerre le conflit actuel. Elle n'est
pas prête à cette guerre. Elle y perdrait
son escadre, Port-Arthur et Talien-
Whan. Et cela â affirme M. de Lanes-
san â < dans un laps de temps moindre
que celui mis par les Américains h dé-
truire toutes les forces espagnoles. »
C'est peut-être aller bien vite en be-
sogne, mais ne chicanons pas sur ce
point M. de Lanessan, £t souhaitons
avec lui, en effet, que pareille guerre
puisse être évitée. Nous le disions, ici
même, il y a quelques jours : La Chine
est assez vaste pour que les nations eu-
ropéennes, si grand que soit leur appé-
tit, se partagent le gâteau sans se dispu-
ter.
La méthode chère :tu PAre Ollivier com-
mence à. se répandre dans les masses.
On sait que l'excellent moine remercia so-
lennellement le Seigneur d'avoir bien voulu,
faire rôtir quelques fidèles do marque rue
Jean-Goujon.
Voici qu'aujourd'hui, après la catastrophe
de Lisieux, on ne trouve rien de mieux à
faire qu'à chanter 1a gloire du Très-Haut, qui
a daigné permettre que, pour téter digne-
ment les vigiles d'Assomption, un certain
nombre de ses créatures trouvassent la mort
dans un accident de chemin de fer.Une messe
sollonnelle, en effet, va être célébrée à Li^
sieux, avec Te Deum sans doute, pour dira
au Dieu des armées â mais jamais désarmé
â combien on lui sait gré, sur la terre lexo-
vienne, de rappeler une fois de plus aux
hommes qu'ils sont mortels, en les envoyant
à la mort par les seuls moyens, dont il "dis-
pose en temps de paix, incendies, naufrages
on déraillements..,.
Après tout, c'est peut-être beaucoup plus»
simple. Les ingénieurs dû la Compagnie de
l'Ouest ont dû trouver tout seuls l'idée if ; ce
service religieux, échappatoire habile ot per-
fide pour faire dévier sur le Seigneur les res-
ponsabilités qu'ils ont encourues pour leur
part hnmaine.
m «MYSTERE isiM
U représentation de Ploujean
Hier, a en lieu i Ploujean. près Mor-
lais, la représentation Saint-Guennolé. dont nous avons déjà
entretenu nos lecteurs. ,
Kous assistons, en co moment, a une
intelligente tentative de décentralisa-
tion. Des Bretons, artistes pour la plu-
part, ont entrepris, non seulement de
faire refleurir la vieille poésie d Armo-
rique, mais de grouper toutes 1»F volon-
tés en un faisceau, tous les intelintellectuels
du pays en une société capable de pro-
téger et d'encourager ses membres ot Je
leur fournir l'occasion dfl manifester
l'esprit particulier du terroir breton.
A. l'occasion de la représentation, les
auditeurs doivent se réunir, jeter les
bases d'une association bretonne, dis-
coter ses statuts et edifter ainsi 'i 'L nio-
nument que nons souhaitons soline et
durable, en l'honneur de notre vieille
Bretagne.
Mais, aujourd'hui, ce qui intéresse
particulièrement, c'est cette représen-
tation dont nous avons dit un mot tout à
l'heure. M. Lamquet en a fait, dans l'A-
venir du Morbihàn, une intéressante
étude, dont nous tirerons les détails qui
vont suivre.
La représentation du Mystère de
Saint-Guennolé s'est faite à ciel ouvert,
devant Je cimetière, sur la place même
de Ploujtï.an- Toutes les mesures ont été
prisas alin d'assurer à cette reconstitat ion
de notre ancien théâtre breton un carac-
tère de fidélité historique dont on s'était
trop peu préoccupé jusqu'ici.
A la 8 ni te de l'appel de l'Association
des Bretons de Paris s'est constitue un
comité d'organisation où figurent la mai-
re de Ploujean et les délégués Jeu So-
ciétés : la Bretagne, les Bretons de Paris
la Société de l'Ouest, les Bibliophiles
Bretons, le Gui.
Dans le comité de patronage. Il fa-ut re-
lever ies noms de Gaston Paris, «'û.sePk
Bertrand, Pierre Loti, A. de M un. A, de
la Borderie, Ary Renan, comte de L^ua-
teaubriand, Lamquet pour le (lui.
L'imprimerie Hamon, a Morlais, vifBlt
de publier, dans une brochure de 1-3
panes le texte breton et la traduction
française du drarue. Il a pour titrer
Buhel S'ant Ou énali tragedienn bre-
zonec en un Dercez ha pen.p act. i La
vie de Saint-Guennole. tragédie bre-
tonne, en une journée et cinq actes.»
A quelle époque et par .Titi cette tra-
gédie a-t-elle été écrite? il eea probable
qu'elle date telle qu'elle est maintenant
au plus tard du XVII* siècle, ma. 18 évi-
demment inspiréepar un texte antérieur;
peut-être sur des improvisations j, ms
anciennes.il ne serait pus impossil>-'°
non plus que la pièce qui nous est don-
née aU'Ourd'hui fût laite de deux drame*?
autrefoi» distincts, et qu'on aura réunis.
Le sujet principal du drame est l'en-
aloutisaemeit par Ja mer de la coupable
ville d'Is. Mais la légende imaginée par
l'auteur est différente deiiflle quia cours
habituel. .
La tradition commune est que la mie
deGrallon, roi d'Is, s'est donnée au dé-
mon. Sous l'empire du malin, Is aevient
bientôt une ville de fêtes et de voluptés.
Une nuit enûnla fille de Grailon livre ;i
Satan les clefs des portes qui retiennent
la mer. Celles-ci ouvertes,la ville célébra
est engloutie en quelques instants. Grat-
lon, resté fidèle à Dieu, a le temps dt'
fuir sur un cheval rapide, gr»ce à l'inter-
vention de Sa.int-(iucnnolE qui l'accom-
pagne. Il quitte la ville, la mer bouillon-
nant furieuse derrière les fugitifs- 1 >ral-
lon a sa fille eu croupe. Mais l'eau les
poursuit et les gagne. Il lui faut encore
une victime expiatoire, C'est alors que
Guennolô décide Grillon à précipiter sa
fille ooupabledu cheval et la mer, l'ayant
engloutie à son tour, s'arrête subite-
ment. ...
Dans le drame qui est représente a
Ploujeauleschosessepasscnt autrement.
Grallon, roi de toute la Bretagne, est de-
venu las de son pouvoir. Il ne veut plus
guerroyer et laisse le commandement et
la défense de tout le pays à son neveu
Fragan, lequel est le père de Guennoié.
Il se retire i Is, renie le cuite du Christ
pour adorer les dieux Mars, Mercure et
Jupiter.
Bac adori'n Doueo Mars, Mercur.
Jupiter.
U donne toute licencede faire ce qu on
veut et bientôt la débauche effrénée, le
viol, le meurtre, le vol, sont les maitres
Jeudi 18 Août 1898
â
9 Le Raméro
LA JUSTICE
5 Gratines
LeSmuén
Les Annoncée sor^ reçues »u Bureau du Journal
*7, l'AUgoUBO MONTMARTRE, «7
POUR LA RÉDACTION »
SairtutT mm fcréèum 4B la rMmUm.
JOURNAL POLITIQUE OU MATIN
Rédaction ⢫ Administration « », Faubourg
raix m fc^mansman »
Paru t * «Joli. M,-âIniv «tr-yâ Ibn, *⢠I».
«Java. â¢*.â «mta, iS
t iiimmU» « M. E, RO BUTTE, JdrnmtttWwÛ
CHOSES USUELLES
LIE CHAIRE DE CAMBRIOLAGE
Au jour d'aujourd'hui que toutes les
professions sont enseignées théorique-
ment, scientifiquement, en une pous-
sée hâtive vers le progrés, nous vou-
lons appeler l'attention des pouvoirs
pub lies sur le métier de cambrioleur,
en général trop négligé par eux.
Les gens qui ne réfléchissent pas
beaucoup, croient qu'on peut devenir
cambrioleur du Jfur au lendemain.
Leur erreur fail peine à voir. On ne
saurait s'imaginer combien de tact,
d'intelligence, de finesse, d'énergie sont
nécessaire pour qu'un homme soit en
mesure d'exercer avec honneur cette
délicate profession Et bien des gens ne
restent honnêtes que clans la crainte de
n'y pas réussir.
Est-il raisonnable qu'une carrière
aussi pleine rie difficultés nés'apprenne
qu'à lu suite d'une longue et pénible ex-
périence, alors que des écoles et des
chaires, des livres et des professeurs
diovilgent pour les néophytes les princi-
pes a'autres professions libérales moins
intéressantes.
Utile* le cambriolage l'est autant que
ta police, car l'un sans Vautre ne peut
exister.
Si les cambrioleurs n'existaient pas,
à quai en seraient réduits les magis-
trats et les policiers I On frémit en v
songeant.
Aussi, est-ce sur enx que nous comp-
tons le plus pour protéger tout nouveau
développement, tout effort d'organisa-
tion prochaine.
Un gouvernement soucieux de la
grandeur d'un pays accorde ses soins
<1 ce que toutes les branches de l'art ou
de l'industrie de ce pays éclipsent celles
des pays environnants. j
La race anglo-saxonne a compris
cette théorie et cela établit sa supério-
rité. Vouez ce qui se passe chez nos voi-
sins cCoutre-mer àpropos des cambrio-
leurs. Cet messieurs ont un club, des
banquiers, ils s'habillent convenable-
ment, ont droit à des égards ; aussi la
corporation est-elle fort prospère, et
fait honneur à la nation. L'Anglais, il
est vrai, est doué d'un Instinct de vol
particulièrement intense ; pour que no-
tre pauvre France soit capable de riva-
liser avec lui, il faudra multiplier sur
noire sot les écoles et Us chaires desti-
nées d instruire les jeunes cambrio-
leurs.
L'éducation de ces jeunes gens se
composera d'un programme fort sur-
chargé, il oscillera de la serrurerie, in-
dispensable pour le succès, à la gym-
nastique, en passant par laâ boxe. Le
tir au revolver sera recommandé
comme connaissance accessoire, car
si un bon cambrioleur ne doit jamais
tuer, il faut du >»ow qu'il sache éviter
les balles tirées sur lut. les agents, en
effet, ne sont quelquefois ni prudents,
ni raisonnables. Ah ! Il v a de mauvais
moments dans la partie!
Nous arriverons certainement à pos-
séder quelque jour, grâce à l'éduca-
tion, un lot de cambrioleurs très pré-
sentables, dignes de concourir avec le
plus fin gibier d'A ngleterre ; mais les
défauts de notre race, notre dédain des
tangues étrangères nous mettront tou-
jours dans une situation d'infériorité ;
C Angleterre, quoi qu'on fasse, restera
toujours, par excellence, même en po-
ittique, le pays des gvands pickpockets-
Une élection sénatoriale a eu lieu di-
manche dans le département de la
Nièvre. L'union des radicaux s'est faite
sur le nom de M. le comte d'Aunay, qui
a été élu. Cette élection au Sénat est, la
troisième depuis que M. Brisson occupé
la pouvoir. M. d'Aunay est le troisième
radical élu sénateur.
De telles manifestations de l'opinion
sont trop éclatantes pour qu'il soit pas-
sible d'épiloguer sur leur signification.
"Elles démontrent jusqu'à l'évidence que
les représentants autorisés du suffrage
universel sont décidé» 1 défendre jus-
qu'au bout lâ politique' des réformes, la
politique qui réserve au seul parti ré-
publicain la direction effective des af-
faires publiques.
Nos Informations
Convocation d'Electeurs
Les conseils municipaux des communes du
Puy-de-Dôme pont convoqués pour le diman-
che 21 août, à l'effet de nommer leurs délé-
gués et suppléants en vue de l'élection d'un
sénateur en remplacement de M, Gilbert
Gaillard, décédé.
Le collège électoral se réunira à Clermont-
Ferrand le 2 octobre, pour procéder à l'élec-
tion.
Au Conseil d'État
M. Juaferrière, le nouveau gouverneur gé-
néral de l'Algérie, prendra possession de
son poste à la fin du mois.
C'est seulement après l'installation de M,
Laferrière à Alger qu'il sera procédé à la
nomination de son successeur à la vice-pré-
sidence du Conseil d'Etat.
On avait parlé de différents candidats,
étrangers jusqu'à ce jour au Conseil d'Etat,
pour remplacer M. Laferrière à la vice-pré-
sidence. On pont considérer maintenant
comme certain que le mouvement sera hié-
rarchique et que la succession de M. Lafer-
riére va revenir à l'un des présidents de sec-
tion.
Les présidents de section au Conseil d'E-
tat sont au nombre de cinq ; leur doyen est
La nomination ilu successeur de M. Lafer-
rière et le mouvement qui en résultera dans
la hiérarcie du Conseil d'Etat, permettront
sans doute l'entrée dans cette assemblée d'un
préfet de première classe. Il en résulterait la
possibilité d*un nouveau mouvement admi-
nistratif.
Au ministère de l'intérieur
Les croix du ministère do l'intérieur ne
paraîtront qu'à la fin de la semaine par
suite de l'absence delà plupart des mem-
bres du Conseil de l'ordre de la Légion d'hon-
neur.
La liste des décorations est à peu près ar-
1 rêtée et sera soumise au Conseil de mer-
credi.
Le nombre des croix de chevaliers est de
m.
M.Lockroy,ministre de la marine, a quitté
Ile Havre hier matin.
Avant de monter en wagon, le ministre a
fait remettre au président du comité des fê-
tes de bienfaisance uno somme de 300 fr.
LE BUDGET
On a faussement annoncé que le gouverne-
ment convo querait les Chambres pour lo
10 Octobre prochain. Les ministres nu nt pas
eu à délibérer encore Bur cette question, et
elle ne sera pas même discutée dans le conseil
de mardi. La Convocation dos Chambres est
en «Hot subordonnée cette année à l'élabora-
tion du budget de 1890. Le ministre des
finances, M. Peytral, s'occupe activement
d'établir le projet dp budget qui sera soumis
au Parlement; mais, malgré ses instances,
les diverses administration» n'ont pas encore
réduit leurs demandes de crédit qui dépas-
saient d'une centaine de millions les recettes
prévues Comme M. Peytral ne veut pas dé-
poser un budget en déficit et qu'il est difficile
de demander fc de nouveaux impôts les
ressources nécessaires pour faire face a l'aug-
mentation des dépenses, le ministre des finan-
ces se voit dans l'obligation d'attendre que
6es collègues Ment saisi de nouvelles propo-
sitions.
Le budget pour 4899 devant être déposé
dès les premiers jours de La rentrée, afin
qu'il puisse être discuté et voté avant la
1" Janvier, ia date de la convocation des
Chambres ne sera arrêtée par le gouverne'
ment qu'au moment où M. Peytral se décla-
rera en état de soumettre fr la: Chambra son
projet de budget. Toutefois, il est certain ouo
la date habituelle de l'ouverture delà .session
d'automne sera, cette année, un peu avancée!
et tout fait prévoir que le Parlement sera
convoqué pour le 18 octobre.
mm PROFESSIONNEL
Le déploroble accident qui s'est produit
hier, rue du Four, démontre une fois de plus
combien il était nécessaire d'introduire dans
nos lois le principe de « risque profession-
nel > qui entraîne lui-même la nécessité de
l'assurance.
Si un énorme bloc de pierre de 2,000 kilos
environ est tombé sur do malheureux ouvriers,
c'est qu'un des anneaux de-la chaîne s'est
brisé, bien que cette chaîne pût supporter,
paraît-il, une charge de 6000 kilos,
A qui appartenait cette chaîne ? A l'entre-
preneur des travaux ou au tâcheron dont il
est parlé dans Tin formation que nous avons
sous les yeux? On ne nous le dit pas. Mais peu
importe, n'est-ce pas ? II ne s'agit pas de
plaider. Il ne s'agit pas de savoir à qui in-
combe la responsabilité de l'accident ? Allez
donc chercher le coupable, dans l'espèce ! Le
coupable,c'est l'anneau brisé! Nous sommes
donc bien la en présence du risque profes-
sionnel...
Mais l'essentiel, c'est qu'aucune misère
imméritée ne résulte de la mort de ces ou-
vriers, l'essentiel,c'est que le préjudice causé
entraine une réparation.
Et c'est alors que l'assurance apparaît
comme une nécessité, car il serait profondé-
ment injuste de ruiner un patron en exigeant
de lui de faire face a des indemnités forcé-
ment élevées.
Nous ne prétendons paB que la loi récente
sur les Accidents dont les ouvriers sont victi-
mes ait résolu le problème du premier coup.
Nous avons entendu dire, an contraire, que
bien des retouches étaient nécessaires, non
seulement dans l'intérêt des patrons, mais
aussi dans l'intérêt de s ouvriers et notamment
des ouvriers chargé» de famille. Mais si nous
croyons à l'utilité de modifications plus ou
moins profondes, nons sommes persuadés
que le Parlementa agi sagement en introdui-
sant dans notre code le principe du risque
professionnel, et en mettant fin, ainsi, à des
lenteurs et à des procès dont nos ouvriers
étaient surtout victimes.
ÉCHOS
Le premier volume des Mémoires de
Bismarck paraîtra peut-être en octobre
prochain-
Dés 1890, Bismarck avait traité avec
des éditeur» de Stuttgart pour la publi-
cation de ses Mémoires.
L« manuscrit fut remis du vivant mê-
me du prince aux éditeurs, contre un ver-
tement d'un million de marks, et la com-
position des Mémoires commença aussi-
têt.
Le» typographes n'eurent aucune idée
de l'importance de la besogne qu'ils exé-
cutaient. On leur avait dit que le ma-
nuscrit émanait d'un historien allemand
connu, et on avait eu, au surplus, le soin
de ne confier à chaque ouvrier qu'on
fragment infime, afin de rendre impos-
sible un travail de reconstitution.
Jusque dan»les dernières semaines de
sa vie, Bismarck dicta à ses secrétaires.
Il est donc probable qu il y aura un ap-
pendice à ses Mémoires.
Les éditeurs ont pris les plus grandes
précautions pour éviter la publication
anticipée d'extraits de ces Mémoires.
#**
A peine abattu, le palais des Seaux-
Arts du Champ-de-Mars va se redresser
sur un autre point de Paris.
De même que les pierres du palais de
l'Industrie ont servi à bâtir derrière la
butte Montmartre tout lin quartier neuf,
iet deux rues, les rues Cyrano-de-Berge-
rac et Jules-Jouy, de même les char-
pentes métalliques, les colonnades d'a-
cier, les grilles de fonte, les écussons do
for forgé du palais des Beaux-Arts de
1889 vont se trouver réunis de nouveau
fiux Ternes, snr laplaco Saint-Ferdinand.
Un entrepositaire de charbon et bois
8e chauffage en fait un immense hangar
aous lequel il entassera son combustible.
***
La maison de ia reine Blanche,
i Les travaux entrepris pour couvrir le
Êt de la Bièvre dans sa traversée de Pa-
ris vont être achevés dans quelques
mois.
En même temps que disparaîtra la
rivière, on va démolia toutes les tanne-
ries qui ia bordaient aux Gohelins.Quel-
ques-unes de ces tanneries étaient ins-
tallées dans des bâtiments très anciens
aux architectures curieuses.
L'une des maisons qui vont être ainsi
détruites fut jadis célèbre et est encore
renommée dans le quartier: on l'appelle
la c maison de la reine Blanche ». Elle
fins numéro 17 de ia rue des Gobe-
C'est là qu'habita* parait-il, l'une des
héroïnes de la tour de Nesle.
Dans tous les cas^ la maison qui porte
son nom est un immeuble ancien très
intéressant et remarquable surtout par
1 ampleur et la majesté des salles qui lo
divisent ainsi que par les balustres
sculptes de ses escaliers tournants.
Un joli morceau d'architecture ogivale
va disparaître avec aile,
***
La température sénégalienne dont
noua jouissons â¢â c'est la formule consa-
crée â> n'a rien 1 d'anormal jusqu'ici. Le
maximum constaté cette année s'est pro- :
duit dimanche 14 août, où l'on a enre- i
gistré 3S°B- _a
C'est encore une douce chaleur si on
1* compare au maximum absolu cons-
taté depuis un siècle et demi et qui a
donné 38» 4 les i juillet 1881 au Parc-
Samt-Maur et ,9 juillet 1874 à l'observa-
toire de Montsouris.
Comme température élevée, on peut
encore citer, avec M. Jaubert, chef du
V/V? météorologique de Montsouris :
86» 8 le 31 juillet 1803, et 36-6 le 18 aoât
1842, enregistrés à l'Observatoire de Pa-
fis.
Ajoutons que le maximum annuel se
présente généralement vers le 18 Juillet,
t outefois, en 1841, le maximum de l'an-
née, 33° 8, s'est produit le 26 mai.
ilette date est ia plus hâtive connue.
***
Le musée-bibliothèque de Chantilly
que I ou ouvre avec tant de difficulté aiix
travailleurs recèle des manuscrits très
curieux, et, notamment, un recueil des
dernières oeuvres de Clément Marot,
Se5. s jusqu'à ce jour inédites.
M. Gustave Maçon a compulsé ce ma-
nuscrit, et il va le publier, Ce sera là uno
precieuse contribution à l'histoire de la
littérature française,
Les poème* inédits de Clément Marot
datent de 1536 et 1537. Il les écrivit en
exjl On y trouve des épltres au lloi à
Mme de Ferme et à Mlle Renèe de Par-
menay :
Où allez-vous, noble nymphe Renée t
Ce manuscrit se trouveà Chantilly de-
pms le XVI- siècle; Marot l'avait confié
mi-même à Anne de Montmorency, fon-
dateur de la bibliothèque qui orne le
château aujourd'hui possédé par l'institut
ne France.
***
Rue François-Miron, derrière un im-
meuble neuf, un vestige de construction
très ancienne, comme une salle d'auberge
entrevue dans quelque roman d'Alexan-
dre Dumas.
Parfaitement. C'est 1 'Hôtel de l'Ours
qui s étendait de la vieille rue Saint-
Antoine aujourd'hui 40. rue François-
Miron, à larue Geoffroy-l'Asnier, et où
descendaient les Alsaciens arrivant de
Strasbourg et les Suisses venant servir
dans 1 armée du Roi.
de l'ancienne ab-
baye d'Ourscamp - de là son nom â et
avait été vendue, sous la Révolution,
comme bien national.
La ville de Paris vient de la racheter
pour la démolir et agrandir une école
voisine pittoresque continue à dis-
***
Le flot des journaux.
Une des questions qui préoccupent
beaucoup l'administration de la Biblio-
thèque nationale, c'est celle des jour-
naux dont le nombre s'accroit démesuré-
ment u année «n année.
Oh se sait plus oû lesloger : les moin,
dres recoins du vaste bâtiment de la rue
Richelieu sont archibondés. Non seule-
ment il est difficile de donner asile aux
ouvrages qui paraissent dans le courant
do 1 année, mais il devient à peu près
impossible de trouver de la place pour
recevoir les journaux de Paris et de la
province qui arrivent par ballots et que
i on est obligé, à l'heure actuelle, de ca-
ser dans les sous-sols.
Encore quelque temps et l'encombre-
ment sera tel que l'administration de la
bibliothèque nationale se verra peut-être
dans 1 obligation de ue plus recevoir les
journaux de province,
Ne serait-il pas préférable, ainsi d'ail-
leurs qne le demandait M. Paul Descha-
nel, en 1892, dans son rapport sur la Bi-
bliotheque nationale, de remédier à cette
fâcheuse situation, en mettant au rebut
les journaux de province â et Dieu sait
s'il y en ?T q? 1 ne présentent aucun
intérêt. Un grand nombre de ces feuil-
i?®/ .que reproduire ce qui a été
publié par l«s journaux de Paris, et leur
destruction n'aurait,croyons-nous,aucun
inconvénient. On pourrait simplement
conserver trois ou quatre grands jour-
naux par région.
Mais il est temps de se hâter : la ma-
haute journauxÏ devient de plus en plus
***
Nous apprenons avec regret que notre
ami, M. Léon Muret, le sympathique
président du Comité radical-socialiste
du XIII ⢠arrondissement, a eu la douleur
Ue perdre son dernier enfant Les
Obsèques ont eu lieu, avant-hier, an ci-
metière d'Ivry. Dans l'assistance, très
nombreuse on remarquaitMM.ledocteur
' udent du Conseil municipal,
Gérault-Richard, Mallebay, Cornette,
président du Patronage laïque du XIII",
etc., etc.
NOUVELLE A LA MAIN
X... est le plus assidu des solliciteurs.
On parle de lui dans un groupe et
quelqu'un prend par hasard sa défense.
â Enfin, vous ne pouvez pas dire qu'il
se jette à la tète des gens.
â Parbleu ! il se jette à leurs pieds : il
ne peut être partout h la fois.
CLEVEft. ANDLES c^n^°°^ES
Bâg. F>l*ce de Ja Madeleine, Pari*.
llllllVllIIIBiTftl Les CYCLES RENOMMES
WHITWOBTH 375krr^rL500'
A propos, aviez-vous oublié qu'il
existait des prétendants au trône de
France?
U y eu a i il nous reste môme au
moins un candidat à la royauté et un
aspirant à l'empire ; il y a des comités
qui correspondent avec eux et quf
veillent pour ne pas laisser s'évanouir
la dernière étincelle du feu sacré,
pour ne pas laisser passer une année
sans que les fidèles aient banqueté
quelque part, sans qu'on, ait eu la
joie de crier quelque part, à l'heure
du champagne : Vive le roi ! et ail-
leurs : Vive l'empereur !
On vient de s'offrir ces deux pe-
tites fêtes, et le même jour â les gro-
gnards des deux partis n'en sont pas
encore arrives à se faire voir autour
de ia même table âî les uns ayant
retenu la salle Wagram, les autres
ont pris rendez-vous à l'autre bout
des fortifications, à Saint-Mandé
peut-être en souvenir de l'ancienne
barrière du Trône. Mais ils sont d'ac-
cord pour chômer le 18 août.
Les bonapartistes en ont depuis
longtemps fait ia Saint-Napoléon, et
l'on no peut méconnaître la fixité de
leur tradition à cet égard. Quant aux
royalistes, ils ont successivement
abandonné la Saint-Louis et la Saint-
Henri ; ils ne paraissent pas compter
beaucoup sur le prestige de la Saint-
Philippe ; ils se sont rabattus jusqu'à
nouvel ordresur la Sainte-Marie ;slce
n'est pas la fête du roi, à qui s'appli-
que avec une rigueur insuffisante ia
litanie de Ja Vierge. il parait que c'est
la fête de la Reine. Acceptons l'expli.
cation de confiance, et sans tourmen-
ter YAlmanach de Gotha pour véri-
':or quels sont au juste les prénoms de
la princesse naguère épousée par le
fils de l'arriére petit-fils du citoyen
Egalité.
Le 15 août n'est pas, au demeurant,
une date mal choisie, C'est le mo-
ment de l'année où l'inactivité poli-
tique est à son comble, et telle mani-
festation qui dnns une autre saison
| risquerait de passer tout à fait ina-
perçue est à peu près assurée d'être
alors enregistrée et d'obtenir quel-
ques commentaires. Ainsi font les
auteurs délaissés, qui attendent pour
aller solliciter la critique, la morte-
saison de la librairie, et qui vont
disant : « Ne me ménagez pas, dé-
clarez mon livre exécrable, dites tout
ce que vous voudrez, mais ne me pas-
sez pas sous silence. »
Au banquet bonapartiste, tout
s'est passé suivant le rite accoutumé,
Le tout sémillant baron Legoux, que
les journaux du parti qualifient de
puissant orateur, a été, comme tous
les ans, le metteur en scène. Un brave
colonel, dans une interminable con-
férence, a vibré tout le temps, et a
prouvé à ces pékins d'historiens qu'il
n'y avait encore rien de tel, pour évi-
ter les Waterloo et les Sedan, que de
se mettre dans les mains des Bona-
parte. Il a même, en passant, provo-
qué son auditoire à crier : A bas les
orléanistes I ce qui n'est pas gentil
pour la concurrence. U est vrai que
c'était à propos d'un développement
sur la trahison de Dumouriez, ce qui
est plus ancien que Sedan et même
que Waterloo, On a regretté l'ab-
sence de Cuneo d'Ornano, qui avait
expédié uno dépêche de vingt-cinq
mots, et qui, en guise de remercie-
ments, a été déclaré « génial #. On
n'a, d'ailleurs, procédé que par ton-
nerres d'applaudissements ; un rou-
lement continu. Et tout le monde a
parlé au nom de la France tout en-
tière.
Chacun sait, en effet, que la France
tout entière n'a qu'une idée en tête,
c'est do se voir gouvernée par le nom-
mé Victor. Elle feint d'être occupéeen
ce moment à rentrer ses moissons,
mais c'est pour mieux dissimuler. Et
la preuve, \e Petit. Caporal nous l'a
donnée naguère, c'est que ce conqué-
rant méconnu a réuni un cent de
voix pour le conseil d'arrondissement
dans un canton du Pêrigord : de là à
la restauration de l'empire, U n'y a
plus évidemment que l'épaisseur d'un
cheveu.
Au banquet royaliste, le dé de la
conversation était tenu par M. Gode-
froy, président de la Jeunesse roya-
liste de Paris,qu'il ne faut pas confon-
dre avec diverses autres jeunesses du
même nom.
Ce M. Godefroy, s'il nous en sou-
vient bien, fut décoré de ce titre
après la lettre àDufeuille.et pour rem-
placer un autre président qui avait
parlé trop déporter le drapeau mo-
narchiste dans la mêlée électorale.
M. Godefroy avait lui-même, dans
une circulaire, commenté les instruc-
tions du prétendant, et montre dans
quelles conditions les comités roya-
listes devaient apporter leur concours
aux candidats officiels du cabinet
Mêline.
U n'était plus du tout question alors
de déployer le drapeau. Les espé-
rances de restauration monarchique
n'étaient pas définitivement reniées,
mais reléguées dans un avenir très
reculé, et il n'y avait rien de mieux à
faire, en attendant, pour les bons
royalistes, que de se donner corps et
àine à la meilleure des monarchies, à
savoir la République de M. Méline.
Mais les élections sont passées :
elles n'ont pas plus répondu aux es-
pérances de Philippe qu'à celles de
Barthou et de Léon XIII, et, d'ail-
leurs, on peut maintenant recom-
mencer à dire que la France, au fond,
tout au fond, est assoiffée de monar-
chie, sans s'exposer à être mis en
demeure de l'interroger en consé-
quence, et à se voir ridiculisé du jour
an lendemain par les chiffres du
scrutin.
Aussi M. Godefroy a-t-il repris sans
embarras les vanteries des jours an-
ciens. On n'attend plus que le roi,
tous les. partis n'attendent que l'oc-
casion de se rallier à son panache. Il
f a venir, il arrive... Et, si ce n'est
pas pour Pâques, ce sera pour la Tri-
nité d'une année qui se prépare...
On a au moins trois ans devant soi
pour prophétiser de la sorte. L'em-
barras ne recommencera que lors-
qu'une nouvelle consultation du suf-
frage universel sera en vue, car c'est
lui le géneur.
II ORGANE DEMOCRATIQUE iOlE
LOB républicains démocrates du Loiret ont
compris la nécessité de créer de grand» orga-
nes régionaux, capables d'exercer une action
suivie et do combattre efficacement la propa-
gande incessante, multiple et habile du parti
clérical et conservateur.
Ils ont fondé le Progrès c tu Eoiretr organe
de la démocratie républicaine, quotidien.
Cette entreprise a été très bien accueillie, et
le nouveau-né obtient dès ses débuta un vif
succès, dû en partie à l'excellente direction
de notre confrère Ch. Jacoutot, rédacteur en
chef du Progrès.
En adressant notre salut d'ainé à notre
nouveau confrère, nous exprimons le voeu
gue cet exemple soit suivi dans d'antres ré-
gions, Où presque tout est à faire à ce point
de vue. Comment résister à la lente imfiltra-
tion dn mensonge et de la calomnie, sinon
par une presse vivante, active, largement
répandue. ? â
UN SCANDALE
Des scènes honteusea se sont produites au
Vélodrome du Parc des Princes. Les coureurs,
fous de douleur et de fatigue, ont été remis de
force sur leurs machines par des gens que les 3
journaux spéciaux appellent les « aides», â
les aides du bourreau. Le bourreau, les bour-
reaux, ce sont ies organisateurs de spectacles
pareils. La préfecture de police, qui permet
ces actes de barbarie, a une part de responsa-
bilité à laquelle elle ne doit ni nepeut échap-
per. Un membre du Conseil municipal inter-
pellera M. Charles Blanc. Et nous souhai-
tons que la corrida de muerte ait une sanc-
tion et que Ton n'autorise plus des aliénés à
se suicider en public.
A L'EXTÉRIEUR
A propos du Conflit anglo-russe
Dans une de ces « Lettres libres » du
Rappel, M. de Lanessan se montre rela-
tivement optimiste en ce qui touche le
conflit anglo-russe, bien quo ce conflit
lui semble f doublé d'un conflit anglo-
germanique ».
Ce qui semble rassurer M. de Lanes-
san,c'est que l'Angleterre n'est pas d'hu-
meur à se lancer dans une guerre pour
une simple question de chemin de fer à
construire ou à ne pas construire dans
une partie de la Chine qui est bien loin
de valoir, au point de vue commercial,
le centre et le sud de l'immense empire.
Si l'Angleterre pousse les hauts cris c'est
que, fidèle à sa politique,elle se ménage,
eu se plaignant si fort, le droit de récla-
mer incessamment des compensations.
Et ces compensations elle les trouvera,
qu'on en soit persuadé, dans les régions
où pourront se développerson commerce
et son industrie.
D'autre part, la Russie parait avoir le
plus grand intérêt à ne pas pousser jus-
qu'à la guerre le conflit actuel. Elle n'est
pas prête à cette guerre. Elle y perdrait
son escadre, Port-Arthur et Talien-
Whan. Et cela â affirme M. de Lanes-
san â < dans un laps de temps moindre
que celui mis par les Américains h dé-
truire toutes les forces espagnoles. »
C'est peut-être aller bien vite en be-
sogne, mais ne chicanons pas sur ce
point M. de Lanessan, £t souhaitons
avec lui, en effet, que pareille guerre
puisse être évitée. Nous le disions, ici
même, il y a quelques jours : La Chine
est assez vaste pour que les nations eu-
ropéennes, si grand que soit leur appé-
tit, se partagent le gâteau sans se dispu-
ter.
La méthode chère :tu PAre Ollivier com-
mence à. se répandre dans les masses.
On sait que l'excellent moine remercia so-
lennellement le Seigneur d'avoir bien voulu,
faire rôtir quelques fidèles do marque rue
Jean-Goujon.
Voici qu'aujourd'hui, après la catastrophe
de Lisieux, on ne trouve rien de mieux à
faire qu'à chanter 1a gloire du Très-Haut, qui
a daigné permettre que, pour téter digne-
ment les vigiles d'Assomption, un certain
nombre de ses créatures trouvassent la mort
dans un accident de chemin de fer.Une messe
sollonnelle, en effet, va être célébrée à Li^
sieux, avec Te Deum sans doute, pour dira
au Dieu des armées â mais jamais désarmé
â combien on lui sait gré, sur la terre lexo-
vienne, de rappeler une fois de plus aux
hommes qu'ils sont mortels, en les envoyant
à la mort par les seuls moyens, dont il "dis-
pose en temps de paix, incendies, naufrages
on déraillements..,.
Après tout, c'est peut-être beaucoup plus»
simple. Les ingénieurs dû la Compagnie de
l'Ouest ont dû trouver tout seuls l'idée if ; ce
service religieux, échappatoire habile ot per-
fide pour faire dévier sur le Seigneur les res-
ponsabilités qu'ils ont encourues pour leur
part hnmaine.
m «MYSTERE isiM
U représentation de Ploujean
Hier, a en lieu i Ploujean. près Mor-
lais, la représentation
entretenu nos lecteurs. ,
Kous assistons, en co moment, a une
intelligente tentative de décentralisa-
tion. Des Bretons, artistes pour la plu-
part, ont entrepris, non seulement de
faire refleurir la vieille poésie d Armo-
rique, mais de grouper toutes 1»F volon-
tés en un faisceau, tous les intelintellectuels
du pays en une société capable de pro-
téger et d'encourager ses membres ot Je
leur fournir l'occasion dfl manifester
l'esprit particulier du terroir breton.
A. l'occasion de la représentation, les
auditeurs doivent se réunir, jeter les
bases d'une association bretonne, dis-
coter ses statuts et edifter ainsi 'i 'L nio-
nument que nons souhaitons soline et
durable, en l'honneur de notre vieille
Bretagne.
Mais, aujourd'hui, ce qui intéresse
particulièrement, c'est cette représen-
tation dont nous avons dit un mot tout à
l'heure. M. Lamquet en a fait, dans l'A-
venir du Morbihàn, une intéressante
étude, dont nous tirerons les détails qui
vont suivre.
La représentation du Mystère de
Saint-Guennolé s'est faite à ciel ouvert,
devant Je cimetière, sur la place même
de Ploujtï.an- Toutes les mesures ont été
prisas alin d'assurer à cette reconstitat ion
de notre ancien théâtre breton un carac-
tère de fidélité historique dont on s'était
trop peu préoccupé jusqu'ici.
A la 8 ni te de l'appel de l'Association
des Bretons de Paris s'est constitue un
comité d'organisation où figurent la mai-
re de Ploujean et les délégués Jeu So-
ciétés : la Bretagne, les Bretons de Paris
la Société de l'Ouest, les Bibliophiles
Bretons, le Gui.
Dans le comité de patronage. Il fa-ut re-
lever ies noms de Gaston Paris, «'û.sePk
Bertrand, Pierre Loti, A. de M un. A, de
la Borderie, Ary Renan, comte de L^ua-
teaubriand, Lamquet pour le (lui.
L'imprimerie Hamon, a Morlais, vifBlt
de publier, dans une brochure de 1-3
panes le texte breton et la traduction
française du drarue. Il a pour titrer
Buhel S'ant Ou énali tragedienn bre-
zonec en un Dercez ha pen.p act. i La
vie de Saint-Guennole. tragédie bre-
tonne, en une journée et cinq actes.»
A quelle époque et par .Titi cette tra-
gédie a-t-elle été écrite? il eea probable
qu'elle date telle qu'elle est maintenant
au plus tard du XVII* siècle, ma. 18 évi-
demment inspiréepar un texte antérieur;
peut-être sur des improvisations j, ms
anciennes.il ne serait pus impossil>-'°
non plus que la pièce qui nous est don-
née aU'Ourd'hui fût laite de deux drame*?
autrefoi» distincts, et qu'on aura réunis.
Le sujet principal du drame est l'en-
aloutisaemeit par Ja mer de la coupable
ville d'Is. Mais la légende imaginée par
l'auteur est différente deiiflle quia cours
habituel. .
La tradition commune est que la mie
deGrallon, roi d'Is, s'est donnée au dé-
mon. Sous l'empire du malin, Is aevient
bientôt une ville de fêtes et de voluptés.
Une nuit enûnla fille de Grailon livre ;i
Satan les clefs des portes qui retiennent
la mer. Celles-ci ouvertes,la ville célébra
est engloutie en quelques instants. Grat-
lon, resté fidèle à Dieu, a le temps dt'
fuir sur un cheval rapide, gr»ce à l'inter-
vention de Sa.int-(iucnnolE qui l'accom-
pagne. Il quitte la ville, la mer bouillon-
nant furieuse derrière les fugitifs- 1 >ral-
lon a sa fille eu croupe. Mais l'eau les
poursuit et les gagne. Il lui faut encore
une victime expiatoire, C'est alors que
Guennolô décide Grillon à précipiter sa
fille ooupabledu cheval et la mer, l'ayant
engloutie à son tour, s'arrête subite-
ment. ...
Dans le drame qui est représente a
Ploujeauleschosessepasscnt autrement.
Grallon, roi de toute la Bretagne, est de-
venu las de son pouvoir. Il ne veut plus
guerroyer et laisse le commandement et
la défense de tout le pays à son neveu
Fragan, lequel est le père de Guennoié.
Il se retire i Is, renie le cuite du Christ
pour adorer les dieux Mars, Mercure et
Jupiter.
Bac adori'n Doueo Mars, Mercur.
Jupiter.
U donne toute licencede faire ce qu on
veut et bientôt la débauche effrénée, le
viol, le meurtre, le vol, sont les maitres
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