Titre : L'Intransigeant
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1888-09-13
Contributeur : Rochefort, Henri (1831-1913). Directeur de publication
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Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 13 septembre 1888 13 septembre 1888
Description : 1888/09/13 (Numéro 2983). 1888/09/13 (Numéro 2983).
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Source : Bibliothèque nationale de France, Gr Fol Lc2-3980
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 19/01/2011
28 Fructidor. --, §n üG. — N® 2383
CINQ- Centimes — Paris et Départements ■— CPQ Centimes
Jeudi 13 Septembre 1888
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Ê»IÎIX DE L’ABOÏSŒEMIÎIW
FRANCE, CORSE ET ALGÉRIE
ÇSOîS mois : 8 fr. — six mois : 15 fr. — un an : 28 ra.
MIS DI l’CSlOS POSTILl : 3 Enu,12ir.; « neii.22.fr.; « u,42fr.
Çvîi* LA EtcAcrioN, s’àdiiesber a S£. AYRAUD-DEGEOR6E, Secrétaire
la rédaction ne répond pas des manuscrits gai lui sont adressés
-r.rr-,
Rédacteur en chef : HENRI KOGHEFORT
> KESACTIOKI et ADSII.^IgTISATS©^
142, Rue Montmartre, 442
LES ANNONCES SONT REÇUES AUI BUREAUX DU JOURNAJ
Adresser LaTTBES kt Mandats a M. ERNEST VAOGHAN
ADMINISTRATEUR J
PuisqueM. Carnot, qui a perfec
tionné l’art, d’être petit-fils, se fait
appeler le . « gardien vigilant de la
Constitution » par les maires aux
quels il rend visite, au moins devrait-
il s’abstenir de prononcer des paroles
inconstitutionnelles. Or, au maire de
Caen, qui s’est payé, comme xm sim
ple Floquet, le luxe de parler- aussi
de .dictature, le président de la Répu
blique s’est permis de répondre en
termes qui, n’ayant pas été présen
tés à. sa signature par ; ses ministrès,
.l’ont fait singulièrement sortir de son
rôle.
« Vous avez tenu, a-t-il dit à ce
maire qui se mêlait de ce qui ne le
regardait pas, un langage ,de calme,
d’apaisement et de confiance, qui est
de nature à fortifier notre France.
Votre confiance,-soyez-en sûrs-, mes
sieurs, ne sera pas trompée. »
Nous ignorions que notre France
eût besoin des paroles du maire de
Çaen pour être fortifiée, et nous dé
clarons nettement que nous préfére
rions' pour elle un .autre genre de
fortifications. Mais, comme le fait
très bien observer notre confrère M.
Louis Liévin, dans la France d’hier
soir, ou ces mots deM. Carnot : « Votre
confiance ne sera pas trompée », ne
signifient rien, ce qui est insupposa
ble, puisqu’ils sortent de la bouche au
guste du chef de l’Etat, —ou ils veulent
dire que le maire de Caen, à l’instar
du célèbre maire de Meaux des Sal
timbanques , sera content et que la
Constitution de 1875, qui a mis la
République aux mains des orléanistes
et le suffrage restreint au-dessus du
suffrage universel, ne subira aucune
atteinte.
Eh bien ! nous " nous permettrons
d’ajoüter que cette même Constitu
tion de 1875, qui autorise tant d’abus,
ne permet cependant = pas au prési-.
dent de la République d’aller annon
cer d’àvancè aux populations ce que'
fera ou ne fera pas lé Congrès, qui a
qualité pour reviser: le pacte fonda
mental sans demander l’avis de 'per
sonne, et de M. Carnot moins que de
tout autre.-
En effet, .c’est son pouvoir qui est le
plus menacé dans le projet de Révision
déposé par notre ami Michelin, puis
qu’il porte la suppression de la pré
sidence, dangereuse quand elle échoit
à un coquin, .inutile quand elle est
adjugée à un honnête homme.
Nous comprenons que lé petitffils
de l’ Organisateur de la Victoire tienne
à garder son excellente place, mais il
est trop partie pour être juge ; et si le
Parlement,-non de 1888, qui est : au-
FEUILLETON DE VINTRANSIGEANT.
51
LES
RGFoIAN 'PARISIEN
: : PAB
HENRI ROCHEFORT
XIX
Eist nœavetSe EIScimeite
(Suite).
S’il est vrai que-nos enfants nous sont
d’autant plus précieux que nous avons
eu plus de peine à les élever, l’amour de
Léonice pour Emmanuel, dont le sauve
tage, lui avait coûté si cher, devait se dé-'
velojiper. dans des proportions inconnues.
Sa sollicitude pour lui'était devenue, en
effet, de plus en plus minutieuse et inces
sante. ■.
dessous du dégoût, mais, celui de
1889, trouve mauvaise cette Consti
tution que M. Carnot trouve si bonne,
nous serions curieux dé’ savoir com
ment ce dernier s’y prendrait pour
empêcher, une Assemblée constituante
de mettre sens -dessus dessous cette
oéuvre de réaction, de cléricalisme
et de mensonge.
Et si l’abolition de la présidence
de la République était votée, il fau
drait bien, malgré les assurances té
méraires données au maire de Caen,
que le locataire actuel de l’Elysée
évacuât ce palais; dont Wilson avait
fait une turne; A moins qu’à Limita
tion d’un de ses prédécesseurs, fil ne
se. cantonne dans cette réponse émi
nemment insurrectionnelle :
« J’y suis, j’y reste !»
Laquelle réponse , du reste, -n’a
précédé que de très peu le départ de
celui qui refusait ainsi de s’en aller.
Nous sommes convaincu queM. Car
not se soumettrait sans aucune velléité
de résistance aux résolutions des repré
sentants de la nation, et qu’il n’y au
rait pas à le mettre dehors par exploit
d’huissierj comme on a-été obligé de
le faire pour l’obstiné père Grévy.
Néanmoins cette façon d’engager, en
public, dans un voyage officiel, sa pa
role que la Révision ne se fera pas,
constitue un. étrange empietemeiit sur
les, attributions de la Chambre, du
Sénat et même des ministres, sur
tout au lendemain du j our où le pré
sident du -conseil à fait insérer dans
ses journaux' les principaux -articles
du projet révisionniste qu’il a l’inten
tion de déposer à la rentrée.
Ce projet, que M. Carnot doit né
cessairement conftaître, est une vul
gaire fumisterie ; mais.een’est pas à
lui à àvoüer que la Revision-Floquet
équivaut à pas de révision du fout.
Peut-être aussi a-t-il voulu avertir le
chef : du , cabinet que même ce sque
lette , ce fantôme, cette, ombré de ré
vision était encore .trop radicale à. son
gré et' qu’il n’en voulait à aucun -
prix. . . .
Ce serait alors entre le chef de
l’Etat et son .ministère . l’ouverture
dés hostilités. Auquel cas, nous nous
contenterions de demander tout bon
nement un fauteuil numéroté pour as
sister à ce réjouissant combat. :
- HENRI ROCHEFORT
• _ •■■■ •'■■■■■
NOUVELLES DE MINUIT
Mort do SI. Pond.—• Lyon, Il sep
tembre : . 1 !. ...
M. Pond, Ancien représentant du Rhône à
l’Assemblée - législative et à la Constituante,
vient de mourir. •■■■■■■ .
■Après le coup d’Etat, il s’était retiré à Cha-
ponort, où il exerçait la profession de culti
vateur.. ■.. ■ - ■
M. Pond avait quatre-vingt-dix-sept ans.
Inondations tm Italie J et , en Espa-
gae. — Rome, 11 septembre :
Les eaux du lac de Corne ont envahi la ville
de Lccco. Les: négociants retirent leurs mar
chandises des. magasins.
1 « Il est à moi comme jamais, se disait-
elle; cette fois jë l’ai bien gagné. »
Il lui arrivait quelquefois de repasser
dans son esprit les péripéties de la catas
trophe à laquelle elle avait succombé ët
qui lui revenaient comme un odieux cau-
cMmar.
«Si jamais Emmanuel venait à appren
dre cette horrible chute, se demandait-
elle, pourraitril sérieusement m’en vou
loir? Certainement, non. Au milieu des
plus ardentes protestations de ce mon
sieur, n’ai-je pas pensé uniquement à
mon mari? Une femme n’est pas à un
homme quand l’image d’un autre la pos-.
sède tout entière. »
Elle ignorait encore, l’infortunée, qu’un
mari aime infiniment mieux être trompé
en pensée cent fois par jour qu’en action
une seule fois par mois. En ce qui touche
cette question complexe, l’intention n’est
pas réputée pour le fait : c’est - au con
traire le fait qui- est réputé pour l’inten
tion.
; Elle avait retrouvé dans-son corsage,
sans trop savoir comment elle les y avait
mises, les deux lettres par elle écrites à
Sibermann, et son premier acte avait été
de les brûler. Xavier, triomphateur d’un
jour, deviendrait ce qu’il pourrait. Tout
ce dont elle pouvait répondre, c’est: qu’il
ne lui inspirerait aucune pitié.
Emmanuel rentra un jour les larmes
aux yeux. Il venait d’apprendre la mort
d’un jeune officier bavarois de ses amis.
Le malheureux avait été tué en duel.
La pluie continue de tomber. On craint, que
l’inondation n’augmente. ,
Madrid,'11 septembre : •: •• . . *
Un nouvel ouragan a détruit les Técoltes
dans les environs d’Alpujarra (province de
Grenade).
. Le Genil a débordé, détruisant tout siir son
passage. Les'habitants du village d’Orjiva ont
dû se réfugier sur les hauteurs.
On a -retrouvé de • nombreux cadavres. La
panique est générale.
Tremblement de terre en Grèce. —
Athènes, 11 septembre:
Le tremblement de terre d’Aigion a ’ causé
des dommages évalués A un million de francs.
La plupart des maisons sont lézardées.
Il ya 20 blessés.
■w" Les franciscains de Eontarabie. —>
Madrid, 11 septembre :
Menacés d’être expulsés, les moines francis
cains de Fontarabie ont humblement promis
à la reine-régente de s’abstenir désormais de
toute agitation politique. -Leur adresse a été
communiquée au-ministre.de la.justice. \
D’autre part, le pape a fait savoir au gou
vernement qu’il prendrait des mesures pour
combattre les tendances carlistès dans le
clergé.
En censéquence, les ministres ont décidé.de .
ne pas mettre à exécution les mesures qu’ils
avaient édictées contre ces religieux.
Allemagne. — 'Berlin, 11 septembre :
• M. de Bismarck va prolonger son séjour à
Friedrichsruhe ;<. ce n’esf que vers la fin du
mois que le chancelier passera par.Berlin pour
se rendre à Varzin.
— ffiissalution de la Chambre roumai
ne. — Bacharest,' Il septembre ::
La dissolutiçn doit se faire le 18 ou le 19 de
ce mois. Dans deux jours, l’ordonnance royale
de convocation doit paraître et, aussitôt les
anciens députés et sénateurs-réunis, on leur
lira le décret de ; dissolution.
■Les élections générales sont fixées aux der-
.niers jours d’octobre, et la convocation des
nouvelles-Chambres du 10 au 1 h novembre.
- — * -r —
IE GÉNÉRAL EOULANGER
Notre correspondant en Norvège nous télé
graphie
Christiania, 11 septembre.
. Le i général : Boulanger est an-ivé ici, en
compagnie d’une de ses filles. Il s’est pro
mené aujourd’hui dans la ville. Sa ■ santé
est .excellente.
Dans, toutes les conversations qu’il a eues
avec ses nombreux amis;- il s’est montré
fort désireux’de prendre un peu de repos
et de ne s’occuper aucunement de politique
pendant toute la durée des vacances. :
UNE JOLIE l’AMILLE
' On ; pouvait supposer que' lé mariage de
ila princesse Lætitia amènerait entre les
Bonaparte une réconciliation. Générale
ment, dans les familles ordinaires, ces
sortes d’événemeiits : apportent la con
corde, effacent, les. dissentiments, et
l’union des uns , a pour conséquence .la
réunion des autres. Mais des aspirants au
trône ne sont, pas de- simples mortels ;
ils n’ont pas le cœur à gauche, comme
tout le monde, et ce qui se passe à Tu
rin démontre qu’aucune considération né
leur fait oublier leurs, ambitions et leurs
antagonismes. La jéune mariée a bien
l’auteur de ses jours auprès d’elle ; seule
ment son frère aîné -est absent. Victor
■ n’est-il pas le compétiteur de Jérôme?
Se trouver tous les deux face à face, ; se
tendre : la main, c’était au - dessus des
. forces humaines! Et leproscrit de Bruxelles
n’a pas été invité aux noces de sa sœur.
On a craint une équipée. ' On l’a laissé de
côté. -■ ■ ■
Damé ! avant d’être père, on est préten
dant. Et il a paru politique .au vieux Na
poléon de Prangins.de .faire, infliger un
affront à son héritier par le roi d’Italie. Il
est certain que c’est , un coup droit, et
l’effet produit sera des plus fâcheux.
Mais, de son côté, Jérôme y gagnera-t-il
-beaucoup ? C’est problématique. Jusqu’à
présent; il n’y a récolté que des coups de
Cette nouvelle fit plus pour rasséréner
l’âme de Léonice et pour.lui rendre son
aplomb que toute la dialectique dont elle
se fatiguait le cerveau.
’ —Comment! dit-elle avec indignation,
il n’avait donc pas auprès de lui une
femme capable de.se dévouer pour le sau
ver? . :
—8a femme ! que pouvait-elle faire ?
répondit Emmanuel. On craint qu’elle ne
devienne folle.
— Elle n’aurait que ce qu’elle'mérite,
répliqua sèchement Léonice, qui se fit en
même temps cette réflexion :
« C’était à elle d’agir comme moi. Si
j’ai commis une faute, au moins n’aura-
t-elle pas été inutile, jj _
La dette acquittée envers Xavier, elle
ne supposait pas qu’il songeât à jamais la
revoir. Néanmoins, le séjour de Paris
l’obsédait. Elle pe pouvait plus suivre les
boulevards sans se. remémorer le point fa
tal où ils avaient abouti pour elle.
Les maisons qu’ëîîe avait longées pour
s’y rendre semblaient ' la- regarder et la
connaître. Elle insista auprès d’Emmanuel
pour aller passer avec lui à Fontainebleau
les derniers beaux jours de la saison. Elle
avait vu récemment un paysage de Théo
dore Rousseau, représentant la Vallée de
la Sole; elle voulait absolument aller vi
siter la vallée de la Sole.
Et ils étaient partis s’installer à Y Hôtel
du Cygne, tandis que Xavier, encore sous
le charme de cette journée unique dans
sa vie/attendait que ce premier pas, qui
boutoir et des railleries. La Patrie, le,
Pays, la Souveraineté, le Petit Caporal,
lui ont décoché cette note empoisonnée :
Plusieurs journaux ont entretenu leurs lec
teurs des difficultés soulevées par le prince
Napoléon à. l’occasion du mariage de la prin
cesse .Marie-Lætitia, et des conditions politi
ques qu’il entendait imposer à son fils aîné
pour se rencontrer avec lui dans une réunion
toute de famille.
Le prince Victor-Napoléon ne se rend pas à
Turin pour les fêtes du mariage.
Quelque douloureux que puissent être à son
coeur certains sacrifices, il ne reniera jamais
les principes et les doctrines de Napoléon I er
et de Napoléon III.
En relevant le drapeau de l’Empire, il a me
suré l’étendue des devoirs qui lui incombent;
Il sait Ce qu’il doit à la France et aiix hommes
dévoués qui, de toute part, lui ont apporté
leur concours. Il ne. faillira pas à la: mission"■
que lui imposent son nom et ses traditions. '
Ailleurs, on assure qù-è le prince Jérôme
a tout au plus comme escorte, à l’hôtel
où il est descendu, six amis — pas un de
plus—et qu’il eût été fort en peine d’en-
découvrir davantage. De sorte que si l’un
est singulièrement humilié par. l’ostra
cisme dont il est l’objet, l’autre est aussi
diminué que possible par les traits et les-
polémiques : dont il est le point de mire.
Impuissants, les deux protagonistes dé’
l’Empire donnent à l’Europe le spectacle
de leurs ruptures et de leurs rancunes, et
ceux qui en concluraient que l’idée qu’ils
incarnent est en progrès seraient réelle
ment de-bien étranges logiciens.
Pour nous, nous n’avons qu’à sourire
— étant des plus désintéressés dans cette
querelle — à l’effondrement irrémédiable »
de cette dynastie, qui a l’air d’avoir pris à
tâche de se diviser pour ne pas régner.
Edmond Bazire.
v Le convent annuel du Grand-Orient; de
France s’est réuni lundi matin.
: Cette première journée a été consacrée à la
vérification des-pouvoirs et à la composition.
du bureau.
: M. Colfavru, le ridicule député de Seine-et-
Oise, a été élu président par-133 voix sur SSA
votants.
La majorité, sur 26A votants, étant précisé
ment de 133, on voit que M. Colfavru a-eu
juste le nombre de voix nécessaire, — pas uno
de plus. Pour un succès, c’est un maigre suc
cès. - ' ’• - r ' >'
LA SITUATION AU TONEIN
La mortalité.— Le cboléra foudroyant/
— Insuffisance du service médical. -
—Les vivres rares.— Le gâchis.
D’une lettre écrite, le 19 juillet, dernier, par
un officier qui, depuis plusieurs années déjà,
est au Tonkin,. nous extrayons ce qui suit :
Que j’aurais de choses tristes à vous
dire ! ,
... Ici (au-Tonkin), les hommes meurent
comme mouches. La fièvre des bois em
poisonne l’organisme eu quelques jours, et
l’on voit des individus qui, sans avoir eu
même le temps de s’émacier, sont totale-'
ment exsangues, titubants, cachectiques au
plus haut point. Le choléra sévit, d’ailleurs,
dans-tous les postes. Pltis de - A00 soldats (zé
phyrs et légion'étrangère surtout) ont suc
combé en quelques heures. Et, fait bien-
curieux, au- Tonkin, du- moins en ce mo
ment, tandis que les Européens, atteints du
choléra, succombent'dans la proportion de '
80 à 90 0/0, les Annamites ne sont guère
touchés, et ceux qui le sont guérissent pour
la plupart.
Le personnel- médical est, du.reste, in
suffisant, eu égard au nombre considérable
des postes de i’intérieur. Aussi vient-on dé
décider que 23 médecins de la guerre se
raient maintenus ici jusqu’au jour où la
marine pourra fournir les éléments néces
saires. .. ■
J’ajoute que les ressources sont milles.
On ne vit que de conserves, la volaille étant
d’une rareté extrême et hors de prix. Par
contre, tous les suppléments' ont été ro
gnés !
La Cochinchine, ruinée pour six ans,
grâce à la formation indo-chinoise, pourra
se relever, parce qu’elle est riche et qu’on
Ta séparée du gouffre tonkinois. Quant au -
Tonkin, dont les prévisions budgétaires
étaient, je crois; de 70 ou 75 millions, ses
caisses sont vidés, ne percevant rien. Une
résolution énergique est obligée. Si; les
troupes ne sont pas relevées — ou rempla
cées car elles meurent sur place, , -r les
garnisons d.es postes deviendront insuffi
santes avant peu. Les hommes qui présen
tement font du service sont des impaludés,
des anémiques, et la corvée est d’autant
plus rude que les décès sont plus- abon
dants... ■
En résumé, c’est, avec le gâchis, une
atroce misère, à laquelle, dénués d’hommes
et d’argent, les généraux et les résidents ne
peuvent plus rien.
.-ï—n :- » ——
MANDAT IMPÉRATIF
On assure que dès les ' premiers jours de
la rentrée, M. le docteur Ferroul, député
de l’Aude, déposera sur le bureau de la
Chambre une proposition, — pour laquelle
il demandera l’urgence, tendant à la ré
intégration du général Boulanger dans les
cadres de l’armée.
•On se souvient, en. effet, que M: le doc-'
leur Ferroul a accepté le mandat impératif,
et a été envoyé à la Chambre après avoir
accepté l’ordre du jour suivant : ■
. Le copgrés radical-socialiste .de l’Aude, dans
la réunion'qui a été tenue à Carcassonne le 18
•mars 1838, après avoir, à l’unanimité, flétri la
conduite du ministère Tirard en enlevant le com
mandement, du. 13 e corps à un général républicain,
a décidé, que la candidature radï'cale-so.ciaUste,
issue dù congrès du 18 mars, étant une candi
dature de protestation contre la mesure qui frappe
le général: Boulanger, il est nécessaire que les
voix ■ ne s’égarent pas-.- sur un autre nom que
• celui du . docteur Ferroul,: candidat acclamé
' gui aura pour mission de demander à la Chambre
la réintégration du général Boulanger .dans les
cadres.
Cest'pour obéir à ce mandat • si-, net, si/
précis,-• si formellement accepté >. : que M. f
Ferroul‘déposera, nous n’en doutons pas,
sa proposition, i ■ :/ ■ ■ - -
■NOTÉS' Slîit LA YIE
ACCIDENTS DE CfîEIINS DE FER
Je commence àme demander pourquoi,
j’ai donné à ce s menus propos^, écrits au :
courant de la plume et suivant l’actualité,
le titre général de : Notes sur la vie.
s Notes sur la mort serait, neuf- fois sut
dix a plus exact. Ce- n’est pas nia faute.
On n’entend parler que de malheurs, de
catastrophes,de tueries. Désormais, il
me parait indéniable que ,'cé qui, tient le
plus de place dans la vie, c’est la mort.
Vient-elle pas encore de jouer un rôle
,-L écrasant, c’est le cas'de le dire—- dans
lé voyage des infortunés-qui* roulant sbr-
la ligne P.-L.-M.) ont été arrêtés à Velars '
par l’épouvantable accident que l’on sait?
11 est difficile d’imaginer une déveine
plus cruelle que-la leur! Ils déraillept.
Un déraillement, d’ordinaire; est dange
reux. Celui-là n’avait point fait de victi
mes. Au moment; où chacun - se relève et
se tâte, constatant que rien n’est cassé,
Vlan ! im second train arrive, se rue. sur
le preïbier-r-et tout est broyé. C’est à
croire que le destin s’amuse à confection
ner des,paùtomimes,lugubres.
Qn remarquera que la collision est un;
accident qui .peut être excusable. La.mul-
tiplicité des trains, une légère avarice de :
l’un, le retard d’un autre, peuvent à la ;
rigueur l’expliquer. Mais le déraillement
est un accident sans excuse, lorsqu’il est
cLû au mauvais état de la voie. Of, dans
l’espèce, saris le déraillement préalable,
la collision n’aurait pu se produire ulté
rieurement.
Un journal a reçu; à ce propos, une
lettre de . laquelle nous croyons devoir
extraire les observations suivantes :
1° Le déraillement du train ■ n° 11: paraît
du à un « ripement » ou glissement latéral
de la voie, mais ce ripement est lui-même
causé par l’excès de vitesse et par :suite de
pression divergente exercée par le train ;
■ Le train n° 11 franchit en 1A7 minutes
et sans arrêt 1G5 kilomètres de Laroche à
Dijon-; mais-la vitesse dans la pratique est
loin d’être régulière. Au delà de Blaisy jus-
qu’à-Dijon (pente de 8 m / m par mètre), elle
est souvent vertigineuse et peut atteindre,
à l’insu de l’administration, « 100 Itilomè-»
très à l’heure » ;
3° On a ralenti aux rampes, on se lance
aux descentes, c'est de tradition, surtout
quand se pratique le système des primés
au mécanicien sur les économies de com
bustible. J’ignore si ce système est encore
en vigueur sur le P.-L.-M. Il constitue un
véritable danger en raison de la vitesse
anormale qui résulte sur les déclivités ;
. La Compagnie P.-L.-M., il faut lore- :
connaître, possède sur la ligne principale
la meilleure voie de' France, munie de rails
de 38 kilogrammes par mètre; mais par-
l’accélération des vinsses et l’accroissement
de tonnage du materiel, cette voie est de
venue d’une stabililé'insuffisante ;
5° En Allemagne et en Belgique on ins
talle en ce moment des voies avec rails de
59 kilogrammes par mètre, dit « rails Go
liath », posés sur des traverses métalliques '
fort lourdes, combinées de manière à-
cramponner dans le ballast.
6 e En France, alors que totit le réseau al
lemand, hollandais, une partie du réseau
suisse et belge est muni de voies complète
ment métalliques, « dn en reste toujours à
« la traverse en bois insuffisamihent im-
« plantée dans le ballast » ;
.7° Conclusion : vitesses à régulariser tout
.en les maintenant pour les express de 00 à
05 kilomètres à l’heure, avec interdiction
d’accélérations intei-mittentcs. Toutes les
voies des réseaux px-incipaux à remanier
dans lè sens d’un accroissement de stabi
lité, sauf, par compensation, à ne plus
faire que des voies étroites pour les lignes
secondaii-es.
De ces remarques, il résulte que ce
qu’on fait en Allemagne, en Belgique, en
Hollande, en Suisse—- partout, — on ne
le fait pas en France.
Peut-être, après la catastrophe de Ver
lars, le tapage qu’elle a fait et celui
. qu’elle, fera encore, sè décidera^t-on à
quelques-unes dés améliorations et dos
réformes indiquées dans la lettre qu’on
vient de lirel
: Mais n’est-il pas exaspérant que, dans
ce s bienheureux pays, pour prendre les
mesures commandées par la plus élémen
taire prudence, on attende toujours un
deuil public?
s On me dira qu’il en est ainsi pour tout.
On n’aurait pas encore adopté la lumière
électrique dans les théâtres, sans l’inccn-.
die de l’Opéra-Gomique.
: De même, quand les classes exploitées/
font entendre ies plus justes réclamations,
jamais on n’y prête l’oreille. On attend que
les.prolétaires se fâchent et fassent une
révolution.
. Jusqu’ici, il est vrai, jamais les Compa- ':
gnies de chemins de fer n’ont pâti des ac
cidents. Los ; voyageurs ont été les seules
victimes. De: mènie, à la suite des révolu-:
tions, ceux qui les ont faites en profitent
peu. Bien heureux quand ils ne sont' pa3
déportés ou fusillés sous des prétextes
divei’s.
Mais j’estime qu’à force de sè moquer
du monde avec ce cynisme, on finii’a par
être contraint de changer de_ méthode. :
Gramont.
i;
La deuxième journée
M. Sadi Carnot, -api’ès- une nuit assez
agitée —le président de la République, 1
afin de conquérir -le cœur des Caennâis, ;
avait î^edemandé des tripes — a reçu le mi- ;
nistre d’Etat à son petit lever. Aussitôt ad
mis, le citoyen Floquet -transmit à -M. Sadi
Carnot un volumineux rapport - de police ■
sur les divers incidents de la î-outç, dons
lequel les agents constataient que le voyage
du président de la République devait pro- :
duire la chute irrémédiable du parti révi
sionniste, que les cris de : « Vive Boulan-
geid » avaient-été uniquement poussés par
une armée de camelots de la rue du Crois- '
sant, et que M. Floquet était vraiment
l’idole des gars normands;
: La lecture de ce î-apport fantaisiste avait,
nous écrit-on, rendu M. Carnot tout guil
leret. ’
. Caen, 11 septembre.’
La deuxième journée du sport, présidentiel
a commencé.
avait tant coûté à sa Léonice, fût suivi
d’un deuxième, moins pénible à risquer.
Il est ^presque sans J exemple . . qu’une
liaison, si forcée qu’elle soit au début, né
finisse pas par se faire, elle-même son
lit. C’est surtout en bût de femmes que
possession vaut titre.
Son désappointement fut profond ; et
cruel, lorsqu’il vit la solitude et le silence
succéder à de pareils enivrements.
a Son abandon serait'inexplicable, se
dit-il ; il; est -probable que son mari la
surveille. Peut-être les trois heures qu’elle
a passées en dehors du domicile conjugal
ont-elles éveillé les soupçons "de M. de
Tréviêres. Unè lettre ne peut tarder à
m’arriver, j)
La lettre attendue n’arriva pas plus que
la visite espérée. Tant que l’édifice d’un
amour qu’on cultive n’a pas été couronné
on a rarement la certitude de voir son
rêve se réaliser, et, eu perdant la. femme,
aimée, vous ne perdez que dés convoiti
ses. Mais se dire : « Je l’ai eue et je né l’ai
plus; ce bonheur que j’ai rèVé si long
temps,, je l’ai connu, je l’ai goûté et il
m’échappe! j> . , ... -
Chercher un trésor que. l’on croit en
foui dans une forêt'est,.une préoccupa
tion attachante, niais après l’y.avqir dé
couvert et compté pièce par pièce^ ne plus,
retrouver l’arbre au pied duquel il est ca
ché, telle est la torture qu’endurait Xa
vier, avec. cette< différence’ douloureuse
qu’il n’existait pas au inonde un-, trésor
susceptible d’être, sans injure pour elle,
comparé à Léonice. *
: 11 fallait pourtant se renseigner:' Après
dix jorirs .sans nouvelles, Xavier, à bout
de suppositions, marcha résolument sur
là rue du Mont-Tliabor et alla demander
si M. et.Mme, de Tréviêres étaieët tou
jours à Paris.- '
. ,—Ils sont partis pour Fontainebleau la
semaine dernière, répondit le concierge.
, . « La Semaine dérnièrè ! se répéta Xa-
vîer. Elle n’a pas mis lorigteirips à me
fuir. Elle.est allée passer, avec son mari...
notre bine de miel, jj
■ Cette distance, mise intentionnellement
entre elle et lui, était plus significative
qu’un congé. Ne pouvant lui dire :
« Allez-vous-ëu ! »
Elle lui disait : , , ,
« Je m’en vais, jj
La commotion qu’il ressentit à . l’an
nonce de cette villégiature soudaine, frit
particulièremeiit poignante. Il regagna
son logement d’un pas furtif-comme un
homme qui, ayant reçu un coup de cou
teau dans une. rix.e, ne veut pas qu’on
voie le .sang couler sur ses habits. .
Il lui eu voulait presque de Lui avoir
cédé ; .
« Elle aurait dû me prévenir qu’elle Re
ine reverrait plus, murmurait-il; que"
veritz-élle que je devienne maintenant ? »
: Il entrevoyait ùn avenir sinistre: «Quel
malheur,.. pensait-il, de n’avoir pas. un
état ! Un homme devrait toujours en ap
prendre un pour le jour où il serait aban
donné par sa maîtresse. Me voilà, moi,
livré, sans distraction possible, pieds et
poings'îiés à mon amour. Le poète qui.
aime et qui souffre jouit de la faculté
d’exhaler sa douleur dans des strophes,
qui lui servent sinon de. consolation, au
moins d’exutoire. Alfred de Musset, foulé-
aux pieds par celle qu’il adore, adresse à
Lamartine des vers dontbieri desfemmes,
afin d’en inspirer de pareils, sô sont
autorisées depuis, pour tromper leurs
amants.
'« Allori, trahi, se vengé de Tirifidèle. en
donnant ses traits à une Judith qui tient
à la main une tête fraîchement coupée,
qui est sa tête à lui. Molière, trompé,-fait
Célimènë. Mais moi, où ti-ouverai-je un
dérivatif ? Je ne suis même : pas • joueur.
Me voilà rivé, sans évasion possible, après
ma passion,’ comme le baron de Trenk
apres son mur, avec des fers du poids de
quatre-vingts livres qui le forçaient à ve
nir se rasseoir sur son escabeau, dès qu’il
avait fait trois pas dans sa cellule, jj
suivré).
CINQ- Centimes — Paris et Départements ■— CPQ Centimes
Jeudi 13 Septembre 1888
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Ê»IÎIX DE L’ABOÏSŒEMIÎIW
FRANCE, CORSE ET ALGÉRIE
ÇSOîS mois : 8 fr. — six mois : 15 fr. — un an : 28 ra.
MIS DI l’CSlOS POSTILl : 3 Enu,12ir.; « neii.22.fr.; « u,42fr.
Çvîi* LA EtcAcrioN, s’àdiiesber a S£. AYRAUD-DEGEOR6E, Secrétaire
la rédaction ne répond pas des manuscrits gai lui sont adressés
-r.rr-,
Rédacteur en chef : HENRI KOGHEFORT
> KESACTIOKI et ADSII.^IgTISATS©^
142, Rue Montmartre, 442
LES ANNONCES SONT REÇUES AUI BUREAUX DU JOURNAJ
Adresser LaTTBES kt Mandats a M. ERNEST VAOGHAN
ADMINISTRATEUR J
PuisqueM. Carnot, qui a perfec
tionné l’art, d’être petit-fils, se fait
appeler le . « gardien vigilant de la
Constitution » par les maires aux
quels il rend visite, au moins devrait-
il s’abstenir de prononcer des paroles
inconstitutionnelles. Or, au maire de
Caen, qui s’est payé, comme xm sim
ple Floquet, le luxe de parler- aussi
de .dictature, le président de la Répu
blique s’est permis de répondre en
termes qui, n’ayant pas été présen
tés à. sa signature par ; ses ministrès,
.l’ont fait singulièrement sortir de son
rôle.
« Vous avez tenu, a-t-il dit à ce
maire qui se mêlait de ce qui ne le
regardait pas, un langage ,de calme,
d’apaisement et de confiance, qui est
de nature à fortifier notre France.
Votre confiance,-soyez-en sûrs-, mes
sieurs, ne sera pas trompée. »
Nous ignorions que notre France
eût besoin des paroles du maire de
Çaen pour être fortifiée, et nous dé
clarons nettement que nous préfére
rions' pour elle un .autre genre de
fortifications. Mais, comme le fait
très bien observer notre confrère M.
Louis Liévin, dans la France d’hier
soir, ou ces mots deM. Carnot : « Votre
confiance ne sera pas trompée », ne
signifient rien, ce qui est insupposa
ble, puisqu’ils sortent de la bouche au
guste du chef de l’Etat, —ou ils veulent
dire que le maire de Caen, à l’instar
du célèbre maire de Meaux des Sal
timbanques , sera content et que la
Constitution de 1875, qui a mis la
République aux mains des orléanistes
et le suffrage restreint au-dessus du
suffrage universel, ne subira aucune
atteinte.
Eh bien ! nous " nous permettrons
d’ajoüter que cette même Constitu
tion de 1875, qui autorise tant d’abus,
ne permet cependant = pas au prési-.
dent de la République d’aller annon
cer d’àvancè aux populations ce que'
fera ou ne fera pas lé Congrès, qui a
qualité pour reviser: le pacte fonda
mental sans demander l’avis de 'per
sonne, et de M. Carnot moins que de
tout autre.-
En effet, .c’est son pouvoir qui est le
plus menacé dans le projet de Révision
déposé par notre ami Michelin, puis
qu’il porte la suppression de la pré
sidence, dangereuse quand elle échoit
à un coquin, .inutile quand elle est
adjugée à un honnête homme.
Nous comprenons que lé petitffils
de l’ Organisateur de la Victoire tienne
à garder son excellente place, mais il
est trop partie pour être juge ; et si le
Parlement,-non de 1888, qui est : au-
FEUILLETON DE VINTRANSIGEANT.
51
LES
RGFoIAN 'PARISIEN
: : PAB
HENRI ROCHEFORT
XIX
Eist nœavetSe EIScimeite
(Suite).
S’il est vrai que-nos enfants nous sont
d’autant plus précieux que nous avons
eu plus de peine à les élever, l’amour de
Léonice pour Emmanuel, dont le sauve
tage, lui avait coûté si cher, devait se dé-'
velojiper. dans des proportions inconnues.
Sa sollicitude pour lui'était devenue, en
effet, de plus en plus minutieuse et inces
sante. ■.
dessous du dégoût, mais, celui de
1889, trouve mauvaise cette Consti
tution que M. Carnot trouve si bonne,
nous serions curieux dé’ savoir com
ment ce dernier s’y prendrait pour
empêcher, une Assemblée constituante
de mettre sens -dessus dessous cette
oéuvre de réaction, de cléricalisme
et de mensonge.
Et si l’abolition de la présidence
de la République était votée, il fau
drait bien, malgré les assurances té
méraires données au maire de Caen,
que le locataire actuel de l’Elysée
évacuât ce palais; dont Wilson avait
fait une turne; A moins qu’à Limita
tion d’un de ses prédécesseurs, fil ne
se. cantonne dans cette réponse émi
nemment insurrectionnelle :
« J’y suis, j’y reste !»
Laquelle réponse , du reste, -n’a
précédé que de très peu le départ de
celui qui refusait ainsi de s’en aller.
Nous sommes convaincu queM. Car
not se soumettrait sans aucune velléité
de résistance aux résolutions des repré
sentants de la nation, et qu’il n’y au
rait pas à le mettre dehors par exploit
d’huissierj comme on a-été obligé de
le faire pour l’obstiné père Grévy.
Néanmoins cette façon d’engager, en
public, dans un voyage officiel, sa pa
role que la Révision ne se fera pas,
constitue un. étrange empietemeiit sur
les, attributions de la Chambre, du
Sénat et même des ministres, sur
tout au lendemain du j our où le pré
sident du -conseil à fait insérer dans
ses journaux' les principaux -articles
du projet révisionniste qu’il a l’inten
tion de déposer à la rentrée.
Ce projet, que M. Carnot doit né
cessairement conftaître, est une vul
gaire fumisterie ; mais.een’est pas à
lui à àvoüer que la Revision-Floquet
équivaut à pas de révision du fout.
Peut-être aussi a-t-il voulu avertir le
chef : du , cabinet que même ce sque
lette , ce fantôme, cette, ombré de ré
vision était encore .trop radicale à. son
gré et' qu’il n’en voulait à aucun -
prix. . . .
Ce serait alors entre le chef de
l’Etat et son .ministère . l’ouverture
dés hostilités. Auquel cas, nous nous
contenterions de demander tout bon
nement un fauteuil numéroté pour as
sister à ce réjouissant combat. :
- HENRI ROCHEFORT
• _ •■■■ •'■■■■■
NOUVELLES DE MINUIT
Mort do SI. Pond.—• Lyon, Il sep
tembre : . 1 !. ...
M. Pond, Ancien représentant du Rhône à
l’Assemblée - législative et à la Constituante,
vient de mourir. •■■■■■■ .
■Après le coup d’Etat, il s’était retiré à Cha-
ponort, où il exerçait la profession de culti
vateur.. ■.. ■ - ■
M. Pond avait quatre-vingt-dix-sept ans.
Inondations tm Italie J et , en Espa-
gae. — Rome, 11 septembre :
Les eaux du lac de Corne ont envahi la ville
de Lccco. Les: négociants retirent leurs mar
chandises des. magasins.
1 « Il est à moi comme jamais, se disait-
elle; cette fois jë l’ai bien gagné. »
Il lui arrivait quelquefois de repasser
dans son esprit les péripéties de la catas
trophe à laquelle elle avait succombé ët
qui lui revenaient comme un odieux cau-
cMmar.
«Si jamais Emmanuel venait à appren
dre cette horrible chute, se demandait-
elle, pourraitril sérieusement m’en vou
loir? Certainement, non. Au milieu des
plus ardentes protestations de ce mon
sieur, n’ai-je pas pensé uniquement à
mon mari? Une femme n’est pas à un
homme quand l’image d’un autre la pos-.
sède tout entière. »
Elle ignorait encore, l’infortunée, qu’un
mari aime infiniment mieux être trompé
en pensée cent fois par jour qu’en action
une seule fois par mois. En ce qui touche
cette question complexe, l’intention n’est
pas réputée pour le fait : c’est - au con
traire le fait qui- est réputé pour l’inten
tion.
; Elle avait retrouvé dans-son corsage,
sans trop savoir comment elle les y avait
mises, les deux lettres par elle écrites à
Sibermann, et son premier acte avait été
de les brûler. Xavier, triomphateur d’un
jour, deviendrait ce qu’il pourrait. Tout
ce dont elle pouvait répondre, c’est: qu’il
ne lui inspirerait aucune pitié.
Emmanuel rentra un jour les larmes
aux yeux. Il venait d’apprendre la mort
d’un jeune officier bavarois de ses amis.
Le malheureux avait été tué en duel.
La pluie continue de tomber. On craint, que
l’inondation n’augmente. ,
Madrid,'11 septembre : •: •• . . *
Un nouvel ouragan a détruit les Técoltes
dans les environs d’Alpujarra (province de
Grenade).
. Le Genil a débordé, détruisant tout siir son
passage. Les'habitants du village d’Orjiva ont
dû se réfugier sur les hauteurs.
On a -retrouvé de • nombreux cadavres. La
panique est générale.
Tremblement de terre en Grèce. —
Athènes, 11 septembre:
Le tremblement de terre d’Aigion a ’ causé
des dommages évalués A un million de francs.
La plupart des maisons sont lézardées.
Il ya 20 blessés.
■w" Les franciscains de Eontarabie. —>
Madrid, 11 septembre :
Menacés d’être expulsés, les moines francis
cains de Fontarabie ont humblement promis
à la reine-régente de s’abstenir désormais de
toute agitation politique. -Leur adresse a été
communiquée au-ministre.de la.justice. \
D’autre part, le pape a fait savoir au gou
vernement qu’il prendrait des mesures pour
combattre les tendances carlistès dans le
clergé.
En censéquence, les ministres ont décidé.de .
ne pas mettre à exécution les mesures qu’ils
avaient édictées contre ces religieux.
Allemagne. — 'Berlin, 11 septembre :
• M. de Bismarck va prolonger son séjour à
Friedrichsruhe ;<. ce n’esf que vers la fin du
mois que le chancelier passera par.Berlin pour
se rendre à Varzin.
— ffiissalution de la Chambre roumai
ne. — Bacharest,' Il septembre ::
La dissolutiçn doit se faire le 18 ou le 19 de
ce mois. Dans deux jours, l’ordonnance royale
de convocation doit paraître et, aussitôt les
anciens députés et sénateurs-réunis, on leur
lira le décret de ; dissolution.
■Les élections générales sont fixées aux der-
.niers jours d’octobre, et la convocation des
nouvelles-Chambres du 10 au 1 h novembre.
- — * -r —
IE GÉNÉRAL EOULANGER
Notre correspondant en Norvège nous télé
graphie
Christiania, 11 septembre.
. Le i général : Boulanger est an-ivé ici, en
compagnie d’une de ses filles. Il s’est pro
mené aujourd’hui dans la ville. Sa ■ santé
est .excellente.
Dans, toutes les conversations qu’il a eues
avec ses nombreux amis;- il s’est montré
fort désireux’de prendre un peu de repos
et de ne s’occuper aucunement de politique
pendant toute la durée des vacances. :
UNE JOLIE l’AMILLE
' On ; pouvait supposer que' lé mariage de
ila princesse Lætitia amènerait entre les
Bonaparte une réconciliation. Générale
ment, dans les familles ordinaires, ces
sortes d’événemeiits : apportent la con
corde, effacent, les. dissentiments, et
l’union des uns , a pour conséquence .la
réunion des autres. Mais des aspirants au
trône ne sont, pas de- simples mortels ;
ils n’ont pas le cœur à gauche, comme
tout le monde, et ce qui se passe à Tu
rin démontre qu’aucune considération né
leur fait oublier leurs, ambitions et leurs
antagonismes. La jéune mariée a bien
l’auteur de ses jours auprès d’elle ; seule
ment son frère aîné -est absent. Victor
■ n’est-il pas le compétiteur de Jérôme?
Se trouver tous les deux face à face, ; se
tendre : la main, c’était au - dessus des
. forces humaines! Et leproscrit de Bruxelles
n’a pas été invité aux noces de sa sœur.
On a craint une équipée. ' On l’a laissé de
côté. -■ ■ ■
Damé ! avant d’être père, on est préten
dant. Et il a paru politique .au vieux Na
poléon de Prangins.de .faire, infliger un
affront à son héritier par le roi d’Italie. Il
est certain que c’est , un coup droit, et
l’effet produit sera des plus fâcheux.
Mais, de son côté, Jérôme y gagnera-t-il
-beaucoup ? C’est problématique. Jusqu’à
présent; il n’y a récolté que des coups de
Cette nouvelle fit plus pour rasséréner
l’âme de Léonice et pour.lui rendre son
aplomb que toute la dialectique dont elle
se fatiguait le cerveau.
’ —Comment! dit-elle avec indignation,
il n’avait donc pas auprès de lui une
femme capable de.se dévouer pour le sau
ver? . :
—8a femme ! que pouvait-elle faire ?
répondit Emmanuel. On craint qu’elle ne
devienne folle.
— Elle n’aurait que ce qu’elle'mérite,
répliqua sèchement Léonice, qui se fit en
même temps cette réflexion :
« C’était à elle d’agir comme moi. Si
j’ai commis une faute, au moins n’aura-
t-elle pas été inutile, jj _
La dette acquittée envers Xavier, elle
ne supposait pas qu’il songeât à jamais la
revoir. Néanmoins, le séjour de Paris
l’obsédait. Elle pe pouvait plus suivre les
boulevards sans se. remémorer le point fa
tal où ils avaient abouti pour elle.
Les maisons qu’ëîîe avait longées pour
s’y rendre semblaient ' la- regarder et la
connaître. Elle insista auprès d’Emmanuel
pour aller passer avec lui à Fontainebleau
les derniers beaux jours de la saison. Elle
avait vu récemment un paysage de Théo
dore Rousseau, représentant la Vallée de
la Sole; elle voulait absolument aller vi
siter la vallée de la Sole.
Et ils étaient partis s’installer à Y Hôtel
du Cygne, tandis que Xavier, encore sous
le charme de cette journée unique dans
sa vie/attendait que ce premier pas, qui
boutoir et des railleries. La Patrie, le,
Pays, la Souveraineté, le Petit Caporal,
lui ont décoché cette note empoisonnée :
Plusieurs journaux ont entretenu leurs lec
teurs des difficultés soulevées par le prince
Napoléon à. l’occasion du mariage de la prin
cesse .Marie-Lætitia, et des conditions politi
ques qu’il entendait imposer à son fils aîné
pour se rencontrer avec lui dans une réunion
toute de famille.
Le prince Victor-Napoléon ne se rend pas à
Turin pour les fêtes du mariage.
Quelque douloureux que puissent être à son
coeur certains sacrifices, il ne reniera jamais
les principes et les doctrines de Napoléon I er
et de Napoléon III.
En relevant le drapeau de l’Empire, il a me
suré l’étendue des devoirs qui lui incombent;
Il sait Ce qu’il doit à la France et aiix hommes
dévoués qui, de toute part, lui ont apporté
leur concours. Il ne. faillira pas à la: mission"■
que lui imposent son nom et ses traditions. '
Ailleurs, on assure qù-è le prince Jérôme
a tout au plus comme escorte, à l’hôtel
où il est descendu, six amis — pas un de
plus—et qu’il eût été fort en peine d’en-
découvrir davantage. De sorte que si l’un
est singulièrement humilié par. l’ostra
cisme dont il est l’objet, l’autre est aussi
diminué que possible par les traits et les-
polémiques : dont il est le point de mire.
Impuissants, les deux protagonistes dé’
l’Empire donnent à l’Europe le spectacle
de leurs ruptures et de leurs rancunes, et
ceux qui en concluraient que l’idée qu’ils
incarnent est en progrès seraient réelle
ment de-bien étranges logiciens.
Pour nous, nous n’avons qu’à sourire
— étant des plus désintéressés dans cette
querelle — à l’effondrement irrémédiable »
de cette dynastie, qui a l’air d’avoir pris à
tâche de se diviser pour ne pas régner.
Edmond Bazire.
v Le convent annuel du Grand-Orient; de
France s’est réuni lundi matin.
: Cette première journée a été consacrée à la
vérification des-pouvoirs et à la composition.
du bureau.
: M. Colfavru, le ridicule député de Seine-et-
Oise, a été élu président par-133 voix sur SSA
votants.
La majorité, sur 26A votants, étant précisé
ment de 133, on voit que M. Colfavru a-eu
juste le nombre de voix nécessaire, — pas uno
de plus. Pour un succès, c’est un maigre suc
cès. - ' ’• - r ' >'
LA SITUATION AU TONEIN
La mortalité.— Le cboléra foudroyant/
— Insuffisance du service médical. -
—Les vivres rares.— Le gâchis.
D’une lettre écrite, le 19 juillet, dernier, par
un officier qui, depuis plusieurs années déjà,
est au Tonkin,. nous extrayons ce qui suit :
Que j’aurais de choses tristes à vous
dire ! ,
... Ici (au-Tonkin), les hommes meurent
comme mouches. La fièvre des bois em
poisonne l’organisme eu quelques jours, et
l’on voit des individus qui, sans avoir eu
même le temps de s’émacier, sont totale-'
ment exsangues, titubants, cachectiques au
plus haut point. Le choléra sévit, d’ailleurs,
dans-tous les postes. Pltis de - A00 soldats (zé
phyrs et légion'étrangère surtout) ont suc
combé en quelques heures. Et, fait bien-
curieux, au- Tonkin, du- moins en ce mo
ment, tandis que les Européens, atteints du
choléra, succombent'dans la proportion de '
80 à 90 0/0, les Annamites ne sont guère
touchés, et ceux qui le sont guérissent pour
la plupart.
Le personnel- médical est, du.reste, in
suffisant, eu égard au nombre considérable
des postes de i’intérieur. Aussi vient-on dé
décider que 23 médecins de la guerre se
raient maintenus ici jusqu’au jour où la
marine pourra fournir les éléments néces
saires. .. ■
J’ajoute que les ressources sont milles.
On ne vit que de conserves, la volaille étant
d’une rareté extrême et hors de prix. Par
contre, tous les suppléments' ont été ro
gnés !
La Cochinchine, ruinée pour six ans,
grâce à la formation indo-chinoise, pourra
se relever, parce qu’elle est riche et qu’on
Ta séparée du gouffre tonkinois. Quant au -
Tonkin, dont les prévisions budgétaires
étaient, je crois; de 70 ou 75 millions, ses
caisses sont vidés, ne percevant rien. Une
résolution énergique est obligée. Si; les
troupes ne sont pas relevées — ou rempla
cées car elles meurent sur place, , -r les
garnisons d.es postes deviendront insuffi
santes avant peu. Les hommes qui présen
tement font du service sont des impaludés,
des anémiques, et la corvée est d’autant
plus rude que les décès sont plus- abon
dants... ■
En résumé, c’est, avec le gâchis, une
atroce misère, à laquelle, dénués d’hommes
et d’argent, les généraux et les résidents ne
peuvent plus rien.
.-ï—n :- » ——
MANDAT IMPÉRATIF
On assure que dès les ' premiers jours de
la rentrée, M. le docteur Ferroul, député
de l’Aude, déposera sur le bureau de la
Chambre une proposition, — pour laquelle
il demandera l’urgence, tendant à la ré
intégration du général Boulanger dans les
cadres de l’armée.
•On se souvient, en. effet, que M: le doc-'
leur Ferroul a accepté le mandat impératif,
et a été envoyé à la Chambre après avoir
accepté l’ordre du jour suivant : ■
. Le copgrés radical-socialiste .de l’Aude, dans
la réunion'qui a été tenue à Carcassonne le 18
•mars 1838, après avoir, à l’unanimité, flétri la
conduite du ministère Tirard en enlevant le com
mandement, du. 13 e corps à un général républicain,
a décidé, que la candidature radï'cale-so.ciaUste,
issue dù congrès du 18 mars, étant une candi
dature de protestation contre la mesure qui frappe
le général: Boulanger, il est nécessaire que les
voix ■ ne s’égarent pas-.- sur un autre nom que
• celui du . docteur Ferroul,: candidat acclamé
' gui aura pour mission de demander à la Chambre
la réintégration du général Boulanger .dans les
cadres.
Cest'pour obéir à ce mandat • si-, net, si/
précis,-• si formellement accepté >. : que M. f
Ferroul‘déposera, nous n’en doutons pas,
sa proposition, i ■ :/ ■ ■ - -
■NOTÉS' Slîit LA YIE
ACCIDENTS DE CfîEIINS DE FER
Je commence àme demander pourquoi,
j’ai donné à ce s menus propos^, écrits au :
courant de la plume et suivant l’actualité,
le titre général de : Notes sur la vie.
s Notes sur la mort serait, neuf- fois sut
dix a plus exact. Ce- n’est pas nia faute.
On n’entend parler que de malheurs, de
catastrophes,de tueries. Désormais, il
me parait indéniable que ,'cé qui, tient le
plus de place dans la vie, c’est la mort.
Vient-elle pas encore de jouer un rôle
,-L écrasant, c’est le cas'de le dire—- dans
lé voyage des infortunés-qui* roulant sbr-
la ligne P.-L.-M.) ont été arrêtés à Velars '
par l’épouvantable accident que l’on sait?
11 est difficile d’imaginer une déveine
plus cruelle que-la leur! Ils déraillept.
Un déraillement, d’ordinaire; est dange
reux. Celui-là n’avait point fait de victi
mes. Au moment; où chacun - se relève et
se tâte, constatant que rien n’est cassé,
Vlan ! im second train arrive, se rue. sur
le preïbier-r-et tout est broyé. C’est à
croire que le destin s’amuse à confection
ner des,paùtomimes,lugubres.
Qn remarquera que la collision est un;
accident qui .peut être excusable. La.mul-
tiplicité des trains, une légère avarice de :
l’un, le retard d’un autre, peuvent à la ;
rigueur l’expliquer. Mais le déraillement
est un accident sans excuse, lorsqu’il est
cLû au mauvais état de la voie. Of, dans
l’espèce, saris le déraillement préalable,
la collision n’aurait pu se produire ulté
rieurement.
Un journal a reçu; à ce propos, une
lettre de . laquelle nous croyons devoir
extraire les observations suivantes :
1° Le déraillement du train ■ n° 11: paraît
du à un « ripement » ou glissement latéral
de la voie, mais ce ripement est lui-même
causé par l’excès de vitesse et par :suite de
pression divergente exercée par le train ;
■ Le train n° 11 franchit en 1A7 minutes
et sans arrêt 1G5 kilomètres de Laroche à
Dijon-; mais-la vitesse dans la pratique est
loin d’être régulière. Au delà de Blaisy jus-
qu’à-Dijon (pente de 8 m / m par mètre), elle
est souvent vertigineuse et peut atteindre,
à l’insu de l’administration, « 100 Itilomè-»
très à l’heure » ;
3° On a ralenti aux rampes, on se lance
aux descentes, c'est de tradition, surtout
quand se pratique le système des primés
au mécanicien sur les économies de com
bustible. J’ignore si ce système est encore
en vigueur sur le P.-L.-M. Il constitue un
véritable danger en raison de la vitesse
anormale qui résulte sur les déclivités ;
. La Compagnie P.-L.-M., il faut lore- :
connaître, possède sur la ligne principale
la meilleure voie de' France, munie de rails
de 38 kilogrammes par mètre; mais par-
l’accélération des vinsses et l’accroissement
de tonnage du materiel, cette voie est de
venue d’une stabililé'insuffisante ;
5° En Allemagne et en Belgique on ins
talle en ce moment des voies avec rails de
59 kilogrammes par mètre, dit « rails Go
liath », posés sur des traverses métalliques '
fort lourdes, combinées de manière à-
cramponner dans le ballast.
6 e En France, alors que totit le réseau al
lemand, hollandais, une partie du réseau
suisse et belge est muni de voies complète
ment métalliques, « dn en reste toujours à
« la traverse en bois insuffisamihent im-
« plantée dans le ballast » ;
.7° Conclusion : vitesses à régulariser tout
.en les maintenant pour les express de 00 à
05 kilomètres à l’heure, avec interdiction
d’accélérations intei-mittentcs. Toutes les
voies des réseaux px-incipaux à remanier
dans lè sens d’un accroissement de stabi
lité, sauf, par compensation, à ne plus
faire que des voies étroites pour les lignes
secondaii-es.
De ces remarques, il résulte que ce
qu’on fait en Allemagne, en Belgique, en
Hollande, en Suisse—- partout, — on ne
le fait pas en France.
Peut-être, après la catastrophe de Ver
lars, le tapage qu’elle a fait et celui
. qu’elle, fera encore, sè décidera^t-on à
quelques-unes dés améliorations et dos
réformes indiquées dans la lettre qu’on
vient de lirel
: Mais n’est-il pas exaspérant que, dans
ce s bienheureux pays, pour prendre les
mesures commandées par la plus élémen
taire prudence, on attende toujours un
deuil public?
s On me dira qu’il en est ainsi pour tout.
On n’aurait pas encore adopté la lumière
électrique dans les théâtres, sans l’inccn-.
die de l’Opéra-Gomique.
: De même, quand les classes exploitées/
font entendre ies plus justes réclamations,
jamais on n’y prête l’oreille. On attend que
les.prolétaires se fâchent et fassent une
révolution.
. Jusqu’ici, il est vrai, jamais les Compa- ':
gnies de chemins de fer n’ont pâti des ac
cidents. Los ; voyageurs ont été les seules
victimes. De: mènie, à la suite des révolu-:
tions, ceux qui les ont faites en profitent
peu. Bien heureux quand ils ne sont' pa3
déportés ou fusillés sous des prétextes
divei’s.
Mais j’estime qu’à force de sè moquer
du monde avec ce cynisme, on finii’a par
être contraint de changer de_ méthode. :
Gramont.
i;
La deuxième journée
M. Sadi Carnot, -api’ès- une nuit assez
agitée —le président de la République, 1
afin de conquérir -le cœur des Caennâis, ;
avait î^edemandé des tripes — a reçu le mi- ;
nistre d’Etat à son petit lever. Aussitôt ad
mis, le citoyen Floquet -transmit à -M. Sadi
Carnot un volumineux rapport - de police ■
sur les divers incidents de la î-outç, dons
lequel les agents constataient que le voyage
du président de la République devait pro- :
duire la chute irrémédiable du parti révi
sionniste, que les cris de : « Vive Boulan-
geid » avaient-été uniquement poussés par
une armée de camelots de la rue du Crois- '
sant, et que M. Floquet était vraiment
l’idole des gars normands;
: La lecture de ce î-apport fantaisiste avait,
nous écrit-on, rendu M. Carnot tout guil
leret. ’
. Caen, 11 septembre.’
La deuxième journée du sport, présidentiel
a commencé.
avait tant coûté à sa Léonice, fût suivi
d’un deuxième, moins pénible à risquer.
Il est ^presque sans J exemple . . qu’une
liaison, si forcée qu’elle soit au début, né
finisse pas par se faire, elle-même son
lit. C’est surtout en bût de femmes que
possession vaut titre.
Son désappointement fut profond ; et
cruel, lorsqu’il vit la solitude et le silence
succéder à de pareils enivrements.
a Son abandon serait'inexplicable, se
dit-il ; il; est -probable que son mari la
surveille. Peut-être les trois heures qu’elle
a passées en dehors du domicile conjugal
ont-elles éveillé les soupçons "de M. de
Tréviêres. Unè lettre ne peut tarder à
m’arriver, j)
La lettre attendue n’arriva pas plus que
la visite espérée. Tant que l’édifice d’un
amour qu’on cultive n’a pas été couronné
on a rarement la certitude de voir son
rêve se réaliser, et, eu perdant la. femme,
aimée, vous ne perdez que dés convoiti
ses. Mais se dire : « Je l’ai eue et je né l’ai
plus; ce bonheur que j’ai rèVé si long
temps,, je l’ai connu, je l’ai goûté et il
m’échappe! j> . , ... -
Chercher un trésor que. l’on croit en
foui dans une forêt'est,.une préoccupa
tion attachante, niais après l’y.avqir dé
couvert et compté pièce par pièce^ ne plus,
retrouver l’arbre au pied duquel il est ca
ché, telle est la torture qu’endurait Xa
vier, avec. cette< différence’ douloureuse
qu’il n’existait pas au inonde un-, trésor
susceptible d’être, sans injure pour elle,
comparé à Léonice. *
: 11 fallait pourtant se renseigner:' Après
dix jorirs .sans nouvelles, Xavier, à bout
de suppositions, marcha résolument sur
là rue du Mont-Tliabor et alla demander
si M. et.Mme, de Tréviêres étaieët tou
jours à Paris.- '
. ,—Ils sont partis pour Fontainebleau la
semaine dernière, répondit le concierge.
, . « La Semaine dérnièrè ! se répéta Xa-
vîer. Elle n’a pas mis lorigteirips à me
fuir. Elle.est allée passer, avec son mari...
notre bine de miel, jj
■ Cette distance, mise intentionnellement
entre elle et lui, était plus significative
qu’un congé. Ne pouvant lui dire :
« Allez-vous-ëu ! »
Elle lui disait : , , ,
« Je m’en vais, jj
La commotion qu’il ressentit à . l’an
nonce de cette villégiature soudaine, frit
particulièremeiit poignante. Il regagna
son logement d’un pas furtif-comme un
homme qui, ayant reçu un coup de cou
teau dans une. rix.e, ne veut pas qu’on
voie le .sang couler sur ses habits. .
Il lui eu voulait presque de Lui avoir
cédé ; .
« Elle aurait dû me prévenir qu’elle Re
ine reverrait plus, murmurait-il; que"
veritz-élle que je devienne maintenant ? »
: Il entrevoyait ùn avenir sinistre: «Quel
malheur,.. pensait-il, de n’avoir pas. un
état ! Un homme devrait toujours en ap
prendre un pour le jour où il serait aban
donné par sa maîtresse. Me voilà, moi,
livré, sans distraction possible, pieds et
poings'îiés à mon amour. Le poète qui.
aime et qui souffre jouit de la faculté
d’exhaler sa douleur dans des strophes,
qui lui servent sinon de. consolation, au
moins d’exutoire. Alfred de Musset, foulé-
aux pieds par celle qu’il adore, adresse à
Lamartine des vers dontbieri desfemmes,
afin d’en inspirer de pareils, sô sont
autorisées depuis, pour tromper leurs
amants.
'« Allori, trahi, se vengé de Tirifidèle. en
donnant ses traits à une Judith qui tient
à la main une tête fraîchement coupée,
qui est sa tête à lui. Molière, trompé,-fait
Célimènë. Mais moi, où ti-ouverai-je un
dérivatif ? Je ne suis même : pas • joueur.
Me voilà rivé, sans évasion possible, après
ma passion,’ comme le baron de Trenk
apres son mur, avec des fers du poids de
quatre-vingts livres qui le forçaient à ve
nir se rasseoir sur son escabeau, dès qu’il
avait fait trois pas dans sa cellule, jj
suivré).
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