Titre : L'Intransigeant
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1886-06-05
Contributeur : Rochefort, Henri (1831-1913). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32793876w
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 05 juin 1886 05 juin 1886
Description : 1886/06/05 (Numéro 2152). 1886/06/05 (Numéro 2152).
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Source : Bibliothèque nationale de France, Gr Fol Lc2-3980
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 19/01/2011
lj&.I?r3iEial, An . 04. — 2N1;2.$52.
TJn JSTuméro ; ÎO centimeaâ&iistoiite îa jt rance
Samedi 5 Juin ISS©
PJRIX' ©E 'Ii'ABOiyiVEilKElVT-. ' ... ,
POUR TOUTE LA FRAN.CE
trois mois : 10 FR. —'six -mois 20fr. — vm an; 40fr.
■'Élrang'or, ’porl.en' ;; Bns! _ v .
Pour larèO action, s'adresser am; AYRAOD-JJEGEORGE, Secrétaire
'■'■•Là' rédaction ne répond pas 'des manuscrits qui lui sont adressé»
IIÉBACVIOM et ' AKMSllïSTaSATlOW.
142, JRue Montmartre, 142
ANNONCES chè? MM. LAGRANGE, CERF et Ç ie , 0, place de la Boursi
Adresser Lettres et Mandats a fil.-ERNEST VAUGHAK
ADMINISTRATEUR' ......
J’ignore ce que peut être au juste
la justice divine,.mais/la justice hu
maine est ce qu’on peut, rêver de plus
sinistrement folichon. Le facteur-rchef
de la gare de Rçquebrune vient d’être
acquitté, devant la cour d’appel d’Aix,
de la prévention de meurtre , par im
prudence relevée. eoiïtre lui à pro
pos de la catastrophe de Monaco.
L’arrêt est explicite et d’une rare
clarté : . ' i
« Attendu, dit-il, que les précau
tions spéciales nécessitées par les cir
constances exceptionnelles au milieu
desquelles, s’est produite cette catas
trophe: ont été particulièrement né-
’ gîigéès; et qu’en un niot on se fait
un feu de la vie des voyageurs... »
Voilà qui est précis. Or, qui né
glige ces précautions et, conséquem
ment, qui doit être déclaré responsable
des malheurs provoqués "par cette
négligence -? Evidemment la Compa
gnie 'P»-L ,-M.,. dont l’incurie à déjà
amené tant de désastres. Il est no
tamment prouvé que si le train de
Monaco avait été muni du frein à air
comprimé, dit frein Westinghouse,
te chauffeur eût pu l’arrêter instan
tanément et préserver ainsi quarante
voyageurs d’une mort certaine.
L’achat de ce frein employé sur plu
sieurs autres lignes,et spécialement sur
celle de l’Ouest, eût-constitué une dé
pense minime, mais que la Compa
gnie P.-L.-M. a encore trouvée trop
forte pour:sa cupidité; et c’est à cette
ladrerie saris nom qu’est dû le terri-.
ble événement du mois dernier. On
pouvait croire que le facteur-chef de
Roquébrune ayant été reconnu inno-:
ceat, c’est aux directeurs eux-mêmes
que les tribunaux allaient faire re
monter la‘responsabilité. Erreur! On
n’a pas pu condamner l’employé de la
gare'de Roquebrune; alors,on s’en est
pris au chef de gare de Monaco, qui
n’èst pas plus coiipable que son. con
frère, attendu que. ce n’est pas avec
les douze ou quinze cents francs dont
les gratifie leur administration qu’ils
peuvent acheter de leur poche: les
freins nécessaires.
Mais les administrateurs duP.-L.-
M. ,avec lesquels les rastaquouères de -
l’opportunisme ont conclules « conven
tions scélérates », sont des seigneurs
financiers de trop haut étage pour
que l’Etat, leur humble serviteur, ose
jamais leur faire payer par quelques ;
{bons ;hîôis dè prison leur parcimonie;'
criminelle, et leurs imprudences pré-*
méditées. Si le chef de gare de; Mo- ;
naco est acquitté à son tour, on én
trouvera'un autre; on descendra, s’il
le faut, jusqu’au chef de train, jus-
qu’à, l’aiguilleur ou mêiûe jusqu’au
buraliste chargé de délivrer les tic
kets. Quant à mettre une bonne fois*
la main sur. les vrais Coupables, c’est-
à-dire sur les millionnaires qui ne re-,
culent devant aucune économie pour
doubler le chiffre de. leurs millions, il
faudrait ne pas connaître les gouyer- ,
nèments pour s’imaginer que le nôtre
aura le courage dé. leur demander
des comptes.
. Nous sommes tous plus ou moins
condamnés à sauter en l’air ou à nous
effondrer dans des .précipices, unique
ment parce que le ministre de la jus- ;
ticé ne veut à' aucun prix se mettre à
dos : les orléanistes-comme M.Cajllaux,
ancien ministre du 16 Mai ; Denor-
mandie, Tèîsserenc de Bor.î, etc. , tçus
administrateurs de ce chemin de fer
dont la célébrité meurtrière est de
venue européenne.
H serait cependant on. ne peut plus
facile de mettre fin aux accidents ef-,
froyables qui se renouvellent avec la
plus douloureuse,persistance sur cette
voié ferrée : ce serait d’envoyer dans
une. maison centrale, pour un temps
suffisamment long, tout le conseil
d’administration, qui administre d’une
façon sî étrange. A partir du jour où
un bon jugement afflictif aura frappé
les directeurs de la Compagnie, soyez
sûrs que les trains se trouveront su
bitement garnis des freins qu’on
réclame vainement depuis des années..
L’Etat, par sa poltronnerie, est donc
sinon l’auteur principal, au moins le
principal complice: dans les catastro
phes qui se reproduisent périodique
ment sur le P.-L.-M. Nous avons
déjà assez de fléaux à combattre, y
compris le choléra et le Tonkin, sans
que de gaieté de cœur on; y ajoute les
chemins de fer.
HENRI ROCHEFORT
DERNIÈRES DÉPÊCHES
LA QUESTION IRLANDAISE
Londres, 3 juin.
Chambre des Communes. — Sir Heacks Bcach
demande si M. Gladstone peut dés maintenant
fixer le jour du scrutin sur lé bill du gouver
nement de l’Irlande. •
M. Labouclière dit qu’il y a encore vingt-
sept membres de la Chambre, radicaux, .qui
désirent parler, et M. Molloy constate que
plusieurs: députés parnellistes ont l’intention
de prendre la parole.
M. Gladstone répond qu’il conviendrait sans
doute d;c fixer, le scrutin^ lundi prochain. De
nombreux députés radicaux et parnellistes'de-'
mandent la fixation à mardi.
■ . \ ■ • -D . '■ -•>' ■_> . . • ’ , . ■
M. T. P. O’Connor reprend la discussion. Il-
attaque vivement M. Chamberlain. ’ •< 1
1 y | - v** ,~ î - v ■ » -■
! ' LE CONFLIT TURCO-GREC - -
: . Londres, :3 juin.
• D’après une dépêche d’Athènes, dû Stahdard,
t les Turcs çontinueront d’envoyer dés troupes
:à: la -frontière’-eit' ils -n’auraient. :pas t encore
rendu les prisonniers grecs.- .'■■■
Une. dépêche de Constantinople du même
journal constaté que, dans les cercles officiels
ottomans, on a éprouvé une.yive satisfaction
à, la nouvelle que les Grecs avaient: enfin remis
. la p'osition fortifiée; de-^ygps aus ■ mains ■du
commandant tuïé. ' ;ÿ. -
* Athènes, 3 juin.
Il-devient de -plus en plus, probable que le
blocus sera prochainement levéfo
.Les“journaux affirment que 1 les- arrange
ments avec les'Turcs vont être incessamment
appliqués; ' ■<
... , . ■ , ÉTATS-UNIS •• U,
: <. New-York, : i . »
L’anarchiste: Mpst a été condamné h douae
mois de prison et 500 .dollars d’amende, et lés
anarchistes Brannsehweig et Schcnck à neuf
mois' dé prison chacun. Brannschweïg aura,
en outre, à payer une amende de 250 dollars.
LE ChOLÉRA EN ITALIE
... . Rome, 3 mai.
Depuis hier midi, jusqu’à aujourd’hui même
heure, il y a eu, à Venise, A0 cas . et 26 décès,
dont 13 proviennent de cas précédents. — A
Barii 2 cas, 1 décès. — A Oria, 2 cas, 2 décès.
. . »-•- . .
INFORMATIONS
Conseil de cabinet
Lés ministres se sont réunis, hier matin,
en conseil de cabinet, aü ministère des af
faires étrangères.
M. de Freycinet a rendu compte de l’en
trevue qu’il a eue, en compagnie du mi
nistre de l’intérieur et du garde des sceaux,
avec la commission de la Chambre chargée
d’examiner le projet, d’expulsion. Toute
fois, le conseil, n’a pu délibérer sur aucun
texte transactionnel, n’étant saisi jusqu’à
présent d’aucune décision officielle de la
commission.
Le conseil s’est ensuite occupé de là ques
tion des sucrés. Le gouvernement consent
à la prorogation pour deux ans de la sur
taxe de 7 francs appliquée par la loi du
59 juillet 188A aux sucres européens étran
gers, et qui expire le 31 août prochain. Il
admet-, en s-outre, - le principe de - Fëqùiva- •
lence pour les sucres coloniaux français.
Enfin, le garde des sceaux a été autorisé
à déposer un projet de loi ayant pour objet
de modifier la loi de 1873 et d’élever de la
moitié hux trois quarts des extinctions le
chiffre des croix à accorder chaque année
aux civils dans la Légion d’honneur.
Elections sénatoriales
C’est lo 27 juin: que les délégués sénato-
,riaux des Côtes-du-Nord ét de Ta Corrèze
■auront à nommer des sénateurs.
Dans le premier département, il s’agit de
remplacer M. Le Provost do Launay père,
décédé. A la suite d’une réunion dans la
quelle MM. le comte Jérôme-Paul de Cham-
pagny, duc de Cadorre, et Iluon de Pe-
nanster, avaient posé leur candidature,
le comité conservateur des Côtes-du-Nord
a déclaré M. Huon de Pcnanster seul can
didat.;
• La candidature républicaine a été offerte'
à M. Armez, ancien député, qui l’a ac
ceptée. •
Quant à l’élection de la Corrèze, elle a
lieu en raison de l’attribution à ce dépar
tement d’un troisième siège, à la suite de la
suppression d’un siège d’inamovible.: ; r >
On annonce la candidature républicaine
de M. le docteur Penières, agrégé de chirur-
i^Une délégation du Conseil municipal
en Eourgogne
Hier matin, une délégation du Conseil
municipal, composée d’une quizaine de ses
; membres, parmi lesquels MM. Robinet,Des-
; champs, Guichard, Vaillant,' Cochin, Geor-
gie, ancien député de la Corrèze à la précé
dente Chambre.
La; séparation de. l’Eglise et de l’État
‘ en province
Le mouvement en faveur delà séparation
desj Eglises et de l’Etat s’accentue de plus
en plus en province. • .
Dans la commune de la Celle-sur-Nièvre,
le Conseil municipal“vient d’émettre un
yœu en faveur -de cette mesure que le gou
vernement tarde bien à proposer.
Le Conseil municipal des Abrets, près de
Lyon, vient, à son tour, de supprimer toute
allocation au vicaire ctela commune.
Ces deux exemples ne manqueront pas
d’être suivis; et le gouvernement sera bien
obligé d’agir à bref,délai.. , •
de Parié.
« L’Estafette »
-MMèCharlës Bigot, et Paul .Laiai'gue, ré
dacteurs du Gagne Petit, qui a .cessé hier sa
publication, ont donné leur démission et
ne feront pas partie de la rédaction de l’Es-
tafette, qui doit remplacer le Gagne-Petit.
Le mariage du président de la Répu-
bUçpie des Etats-Unis
Samedi soir a été célébré, à. la Maison-
; Blanche, le mariage de M. Cleveland, prési-
■ dent des Etats-Unis, avec miss Frances Fol-
som.'L’assistance était peu nombreuse ; elle
ne comprenait que vingt-huit personnes,
parmi lesquelles se trouvait M. Mac-Lane,
ministre des Etats-Unis à Paris.
Miss Frances Folsom est âgée de vingfc-
: deux ans; c’est la fille de l’ex-associé du
président lorsqu’il pratiquait comme_ hom
me de loi. Elle appartient à une famille ri
che ; son grand-père, qui vient, de mourir
et dont elle est une des héritières, laisse
une fortune de deux millions-et demi de
francs.
C’est ce deuil de famille qui a décidé les
futurs à se marier sans aucun apparat.
M. Cleveland prendra, à l’occasion de son
mariage, un congé de dix jours qu’il ira
passer avec sa femme à Deer-Parb, dans le
Maryland. .
NOUVELLE A LA MAIN
.. Une femme vient d’accoucher de trois
enfants.
Le père rencontre un de ses amis et le
force à venir-admirer sa nichée.
— Très beaux! dit Tami distrait; lequel
^gardez-vous?
[Les 5,000 francs pour les Grévistes
Nous avons dit que le conseil des minis
tres, dans une .de ses dernières séances,
avait décidé de ne pas autoriser l’allocation
d’un crédit de 5,000 fr. voté par le Conseil
général de la Seine pour les mineurs de
Decazeville. .
Depuis, des doutes s’étant élevés sur l’é
tendue exacte des droits des conseils géné
raux, qui, en cette matière, sont plus larges
qup ceux, des conseils-municipaux, le mi
nistre de l’intérieur a saisi de la question
le conseil d’Etat, auquel il demande un avis
sur ce pomt 'de droit avan t de prendre -une
décision définitive.
N’est-ii pas admirable, ce gouvernement
qui ne sait'pas s’il a le droit d’annuler une
décision du Conseil général, et qui est obligé
de prendre Ravis du conseil d'Etat ?: ■ /
Que va décider maintenant le conseil
d’Etat, «t quel procédé emploiera-t-il pour
annuler le vote des représentants do la
Seine, alors qu’il est reconnu; que les droits
des conseils généraux sont plus larges que
ceux des• conseils municipaux, dont les
décisions identiques ont été antérieurement
respectées? •
L A COMMISSION DES PRÉTENDANTS
La commission des prétendants doit se
réunir aujourd’hui, à une heure, pour
trouver le texte du projet qui devra mettre
d’accord le gouvernement et la commis
sion.
Il est probable que le ministère acccptëra
la proposition de MM. Brousse et Burdeau
dont nous avons parlé. M. Brousse en a
conféré hier avec M. de Freycinet avec le
quel il a eu une entrevue A l’issue du , con
seil do cabinet. ' ' . ■
L’agence Havas'nous communique l’in
formation suivante :
Le ministre des affaires étrangères n’a reçu
aucune nouvelle de Madagascar confirmant
les bruits inquiétants répandus ce matin par.
quelques journaux. Les derniers avis officiels,
en date du 6 mai, représentent, au contraire,
la situation comme entièrement satisfaisante.
Il est à peine besoin de faire remarquer
que cette note, visant une information
publiée dans VIntransigeant d’hier matin,
n’y répond pas le moins du monde.
Nous avons dit, en effet, qu’au minis
tère des affaires étrangères, on était par
ticulièrement inquiet du silence gardé
par M. Le Myre de Villers, résident géné
ral,qui, parti sans escorte pour Tananari-
ve, n’avait pas donné de ses nouvelles de
puis plusieurs semaines.'
Le gouvernement, par l’intermédiaire
de l’agence Havas, nous . fait répondre
que les derniers avis reçus datent du
6 mai — c’est-à-dire d’un mois. Nous n’a
vons pas dit autre chose. 1 .
A Decazeville
Decazeville, 3 juin.
Une importante réunion des délégués
mineurs a eu lieu hier soir. Le citoyen
Basly leur a soumis les propositions de
M. Laur.
Les délégués ont décidé qu’il était né
cessaire de consulter les ouvriers au sujet
de la reprise du travail. Des réunions
vont avoir lieu à Combes, à Firmy et à
Decazeville. Tous les mineurs ont été
convoqués. Ils seront appelés à décider,
par un vote secret et individuel, si la
grève doit continuer ou si les ouvriers
doivent rentrer dans la mine.
Cette nuit, vers deux heures, deux nou
velles explosions de dynamite ont eu lieu
simultanément : la première, route d’Au-
bris ; la seconde, route de Viviez. L’une
et l’autre se sont produites auprès d’une
maison de mineur : route d’Aubris, chez
un nommé Montorsi.; route de Viviez,
chez uu sieur Colombe. Je ne vous par
lerai pas des-dégâts : comme toujours,
ils sont insignifiants. Quant 'aux auteurs
de!- l’attentat; la Compagnie elle-même
affirme qu’elle ne les connaît pas.:,
, f . ‘ . *.’r- ■
v •. v;-- • -v -Aje -• - ->
^ *
- Encore .des explosions. '
. D’abord; cela a été à intervalles irrégu
liers; ensuite, ;J chaque jour, on avait
cette petite débauche de dynamite. ''
Mais cela inutilement ; aussi la Compa
gnie a décidé que, désoinuais, il y en au
rait deux par jour, puis trois, puis quatre
et enfin toute la journée.Onjie vivra plus
d’ici quelque temps qu’au milieu dos ex
plosions à jét continu. Si, appès cela, les
populations né sont pas atterrées,la Com
pagnie jà’àura rie» à sé reprocher.;
' • * ■ ' . * - -
* ;
Toutes ces explosions, dont les auteurs
restent toujours inconnus produi$ent
l’effet contraire à celui qu’en attend la
Compagnie.; je constate qu’à Decazeville,
personne ne songe-, â .les attribuer aux;.
grévistes, k .rm >•’ ;; - ; -,
■ ; Cependant; une petite arrestation ; da
temps en temps n’est pas inutile: cela
donne , le change à. ; l’opinion pubjique
— du moins, la; Compagnie le croit. Ü est
Vrai que la personne momentanément-,
suspectée.doit être relâchée quarante-huit
heures après, faute de preuves : on Ta
déjà vu, il y a une quinzaine de jours.
C’est ainsi que, la nuit dernière, une
perquisition' ayant été faite chez le mi
neur Falipe, dont la sœur est inculpée —^
sans là moindre preuve — dans l’affaire
Watrin, on a découvert chez lui une mè
che à mine, et aussitôt on l’a mis en
état d’aiTestation.
Mais comme il ne sera pas difficile de
prouver que des mèches semblables sont
entre les mains de tous les mineurs,
qu’elles leur sont même fournies parla
Compagnie pour les besoins de leur tra
vail, on sera bien forcé do remettre le ci
toyen Falipe en liberté. Il est vrai que ce
malheureux n’en aura pas moins été dé
tenu injustement deux ou trois jours. : .
Decazeville, 3 juin, soir.
Cette après-midi, à 2 heures, a eu lieu à
Combes une réunion de 225 mineurs. Ils
ont voté à bulletin secret sur la question
de savoir si le travail devait être repris.
A l’unanimité, la continuation de. la
grève a été votée. .
A3 heures 1;2, la même opération a eu
lieu.à Firmy. Sur 95 mineurs qui ont pris
part au vote, 2 seulement.se sont déclarés
pour la reprise du travail.
Enfin, a 5 heures 1/2, on a procédé
au. scrutin sur la même question à
Decazeville. La continuation <|e la grèva
a obtenu l’unanimité.
Dans aucune de ces trois réunions, les
délégués n’ont pris part au vote, notra
ami Basly leur ayant demandé de s’abste
nir, afin do connaître les véritables inten
tions des mineurs. <
LE MEETING
DU
THÉÂTRE DD CHATEAII'D’ÉAB
Une nombreuse réunion, -organisée au
profit des grévistes de Decazeville, a eu
lieu hier au théâtre du Château-d’Eau, sous
la présidence du citoyen Albert Goullé, as
sisté de nos amis Eqdes, Ernest Vaughan et
Gabriel Deville.
Sur l’estrade avaient pris place la ci
toyenne Louise'Michel,' les " citoyens' Castel
nau, Chauvine, Guefecle ? ' Lafargue, Susmi,
Andrieux.
FEUILLETON DE L’INTRANSIGEANT
- ' 26
LA
rAn
VAST-RICOUARD
XVIII
.. (Suite],
Ali ! ce qu’elle avait souffert d’èti’e
faible et lâche ! Ce qu’elle s’était mêpi'i-
sée de ne pas braver ses menaces ! Mais
elle était seule, sans conseils, sans appui,
et cet homme avait su prendre , alors
qu’elle s’en croyait aimée, tant d’ascen
dant sur elle !
Et, d’ailleurs, où eût-elle fui? Qui eût
consenti à la recevoir, après sa faute, car
elle était trop loyale et trop maladroite à
la fois, pour pouvoir la cacher ! Puis, on
ne lui avait pas enseigné de métier, et la
peur de la misère l’avait prise aux ea-
trailles.1. Si elle était morte de faim!...
Et elle était restée, déjà amollie par le
bien-être, sans force contre toutes les sé
ductions du luxe !
Pouè parfaire son œuvre, cct homme
l’avait entourée peu à peu de gens tarés
indignes comme lui, qui avaient achevé
de la démoraliser à leur contaet! Mais,
grâçe'à Dieu, aujoni'd’hui, elle se sentait :
le courage de réagir, de s’arracher à cette
vie dégradante !
Elle tomba â genoux, anéantie, hale
tante, et ses cheveux déroulés dans la
chaleur du récit se répandaient sur ses
épaules en épaisses torsades noires, qui
accentuaient encore, de leur ombre im
provisée, son masque énergique de brune,
superbe dans le désespoir. •
— Oh!.vous m’aiderez, n’est-ce pas? à
s (A-tir d’ici, et à redevenir honnête,
si toutefois ces fautes-là s’effacent ja
mais !... Vous me tendrez la main, vous
qui êtes bon et généreux? Quelle recon
naissance ne vous en aurais-je pas, et
que de fois votre nom sera prononcé dans
mes prières ! Ah ! votre protection, votre,
secours, il nie les faut, je los implore à
deux geuouxM '
— Lucie! s’écria-t-il,enlàrelevant,et lui
saisissant la tête à deux mains pour l’em
brasser de toutes les ardeurs de son être.
.—Oh ! non !.. .fit-elle en se reculant,com
me brûlée par les lèvres du jeune homme.
Pas de tentations entre vous et moi, pas
d’amour, mais de l’amitié, une franche
et bonne amitié, où les mains suffisent à
exprimer tout ce que le cœur ressent !
N’est-ce pas qu’entre nous, il ne faut pas
qu’il y lût une'arrière-pensée, rien de
charnel, rien de matériel?... Et puis, vops
êtes si jeune, et moi... si vieille déjà!...
Gar j’ài passé trente ans, vous savez...
Et comme Georges, très troublé, ne ré
pondait rien ; ' --
— Vous verrez quel bonheur nous goû
terons tous deux dans cette amitié faite
de conseils mutuels et de services désin
téressés I reprit-elle. .
Soudain, avec toute la conviction et la
fougue de.ses vingt ans : ...
— Et vous me croyez capable, ' s’ex-
clama-t-il, de vous voir souvent, tous les
jours peut-être, de vivre presque de votre
vie, de respirer, en quelque sorte, le
même air que vous, et de n’être jamais
que votre ami ! Mais ce n’est pas à nos'
âges qu’on peut prendre et, surtout tenir
de pareils engagements ! Je serai votre
conseiller, votre juge même, si vous vou
lez, mais votre ami, jamais I Je ne pour
rais pas.
Et il l'attira'à lui, dans un paroxysme
de passiop, sa bouche aspirant la sienne.
Elle lui rendit, comme inconsciente; son
baiser; puis, revenant à elle,: elle s’arra
cha brusquement de ses bras.
. -— C’est mal ! dit-elle. (
Il balbutia, tout contrit, avec l’effroi de
l’avoir irritée : :
— Oh! pardon, pardon! Mais je vous
aime tant !
— Et moi, pensez-vous donc que je ne
vous aime pas? répondit-elle d’une voix
navrée, presque, éteinte,s’imposant un évi
dent effort pour faire un tel aveu. J’avais
trop présumé de mes forces, ou plutôt je
m’étais abusée sur mes sentiments les
plus intimes ! Nous ne devons plus nous
revoir ! Oui, hélas ! c’est moi-même
qui vous éloigne pour toujours, et mon
âme én est décliirée... Mais une nouvelle
cliute, jamais, jamais !... C’est trop d’une,
déjà:
Elle s’était affaissée sur le tapis, çontyG
le; lit, les yeux vagues, avec une convul
sion de tous ses membres. Georges, de
bout,-essayait de rassembler et de dé
mêler les pensées multiples otincofecrentcs
qui l’assaillaient, pendant que tout le
sang lui affinait à la face, dans un désir
impétueux : de posséder cette femme se
tordant d’amour pour lui, là, à: ses
pieds.
— Je vous en supplie, partez, laissez-
moi ! soupirait-elle. Vous êtes un enfant,
et c’est moi qui ai été imprudente... On
est insensé!.*.. On voudrait tant réaliser
certains rêvés !... Et l’esprit s’envole à la
poursuite de sa chimère ! Démence déli
cieuse... Le ciel un instant usurpé... et
d’où la raison, trop vite revenue, vous
rejette brutalement!... Allons, adieu,
monsieur Georges...
— Et si, fit-il, tout hésitant, si c’était
publiquement, légalement, que nous
nous donnions l’un à l’autre ?
. v—Que voulez-vous dire ?
— Oui... si je t’épousais ! ;
Elle se jeta à son cou.
— Vqus songeriez ?... ;
Puis, presque aussitôt, dénouant ses
bras, qui retombèrent inertes ï
. — Ah ! par pitié, épargnez-moi de si
cruelles secousses! Vous savez bien que,
cèlànè sepeutpas!.,. : .! ■ - “
Puis, avec un rire sardonique ;
— M’épouser, moi!...
•— Et qui m’en empêcherait?
— Qui vous en empêcherait? Mais votre
famille, vos amis, le monde, les préjugés,
moi toute la première !
" — Ne suis-]e pas majeur ? Un misérable,
en vous séduisant, vous a mise, vous in
nocente, au ban delà société! Et, moi,
pour réparer l’injustice dont vous êtes
victime, je vous donne mon nom ! Qui
saurait me désapprouver?
—Georges !... s’écria-t-elle dans un élan
factice d’admiration pour tant de noblesse
d’âine.
Puis, se reprenant :
— Non... pardon... monteur Georges 1
■—; Et si, Georges, ton Georges, ton
mari ! Et, tout d’uu coup, très grave, un
peu solennel, _ il déposa, avant de ; partir,
sur le front incliné de la pécheresse re
pentante, un long et chaste baiser, le
baiser des fiançailles. . -
XIX
Boulevard Malesherbes, la-première
personne que vit Georges, en entrant; fut
Berthe; Berthe lui souhaitant la bienve
nue du sourire de ses yeux clairs et
purs.
Il lui prit distraitement la main sans la
regarder, sans lui adresser la parole. La
jeune fille, ^froissée, toute bouleversée,
sentit une pâleur subite l’envahir, et elle
so détourna vivement pour la lui déro
ber, tandis que lui, très -mal à l’aisé en
présence de cette pauvre enfant, vraiment -
affectionnée, et à laquelle il se préparait
pourtant à faire tant de mal, marmottait
quelques v excuses .sur ' la préoccupation,
qui l’absorbait en ce moment, et ne lui
permettait pas de rester plus longtemps
avec elle.
— Plus tard, nous causerons, si tu
veux bien, mà chère Berthe.- Une affaire
importante me réclamé...
Il n’en fallait pas plus pour la rassurer.
— En ce cas, sauvez-vous bien vite!
dit-elle.
Georges, ne ^e le fit pas répéter, et cou
rut à la chambre de sa mère. En deux
mots, il lui avoua son équipée; au cercle
d’abprd, puis dans une maison ,où Ton
-jouait encore plus gros jeu qu’au cercle.
Il avait perdu, èt emprunté, emprunté
beaucoup, vingt mille francs, alors qu’il
p’en avait ça s deux mille de disponibles !
Mais c’était ùn fait àçcôiupli ! Regrets et
doléances n’y changeraient rien.
. Mme d’Esparre, le .voyant.très.abattu,
commença par le remonter- un peu : cette
somme.était minime-aï)rés“tout, et elle
l’avait là. Heureusement'!::.-Caries dettes
de jeu devaient se payer presque sur
l’heure!
Tout en parlant, elle avait tiré de son
secrétaire une dizaine de billets de mille
francs et quelques titres au poiteur.
— Tiens, mon enfant, voici... dit-elle.
Tu négocieras les titres chez le premier
changeur venu.
Il la baisa sur les deux joues, à pleine
bouche.
:—Merci! mère chérie !... Je te fais delà
peine, pas vrai? '
— Un peu!
•— Mais c’est la première fois, et ce
sera la dernière.
Puis, après'ùh silence, qu’il prolongeait
par contenance, cherchant quelque chose
à dire : . :
'—N’est-ce,pas que c’est déjà passé ï
fit-il, câlin. • ■
•— Cela passera. '
— Alors; embrasse-moi.
Elle le pressa tendrement' contre ella*
— Et maintenant, tu ne te laisseras
plus entraîner jamais, jamais ?.
■—Oh ! je te le jure ! Jamais !
i— Qui donc t’avait conduit dans cette
maisoü ? • - • —-
Un de mes acoi^.'
- (A suivre),
j . x
V
TJn JSTuméro ; ÎO centimeaâ&iistoiite îa jt rance
Samedi 5 Juin ISS©
PJRIX' ©E 'Ii'ABOiyiVEilKElVT-. ' ... ,
POUR TOUTE LA FRAN.CE
trois mois : 10 FR. —'six -mois 20fr. — vm an; 40fr.
■'Élrang'or, ’porl.en' ;; Bns! _ v .
Pour larèO action, s'adresser am; AYRAOD-JJEGEORGE, Secrétaire
'■'■•Là' rédaction ne répond pas 'des manuscrits qui lui sont adressé»
IIÉBACVIOM et ' AKMSllïSTaSATlOW.
142, JRue Montmartre, 142
ANNONCES chè? MM. LAGRANGE, CERF et Ç ie , 0, place de la Boursi
Adresser Lettres et Mandats a fil.-ERNEST VAUGHAK
ADMINISTRATEUR' ......
J’ignore ce que peut être au juste
la justice divine,.mais/la justice hu
maine est ce qu’on peut, rêver de plus
sinistrement folichon. Le facteur-rchef
de la gare de Rçquebrune vient d’être
acquitté, devant la cour d’appel d’Aix,
de la prévention de meurtre , par im
prudence relevée. eoiïtre lui à pro
pos de la catastrophe de Monaco.
L’arrêt est explicite et d’une rare
clarté : . ' i
« Attendu, dit-il, que les précau
tions spéciales nécessitées par les cir
constances exceptionnelles au milieu
desquelles, s’est produite cette catas
trophe: ont été particulièrement né-
’ gîigéès; et qu’en un niot on se fait
un feu de la vie des voyageurs... »
Voilà qui est précis. Or, qui né
glige ces précautions et, conséquem
ment, qui doit être déclaré responsable
des malheurs provoqués "par cette
négligence -? Evidemment la Compa
gnie 'P»-L ,-M.,. dont l’incurie à déjà
amené tant de désastres. Il est no
tamment prouvé que si le train de
Monaco avait été muni du frein à air
comprimé, dit frein Westinghouse,
te chauffeur eût pu l’arrêter instan
tanément et préserver ainsi quarante
voyageurs d’une mort certaine.
L’achat de ce frein employé sur plu
sieurs autres lignes,et spécialement sur
celle de l’Ouest, eût-constitué une dé
pense minime, mais que la Compa
gnie P.-L.-M. a encore trouvée trop
forte pour:sa cupidité; et c’est à cette
ladrerie saris nom qu’est dû le terri-.
ble événement du mois dernier. On
pouvait croire que le facteur-chef de
Roquébrune ayant été reconnu inno-:
ceat, c’est aux directeurs eux-mêmes
que les tribunaux allaient faire re
monter la‘responsabilité. Erreur! On
n’a pas pu condamner l’employé de la
gare'de Roquebrune; alors,on s’en est
pris au chef de gare de Monaco, qui
n’èst pas plus coiipable que son. con
frère, attendu que. ce n’est pas avec
les douze ou quinze cents francs dont
les gratifie leur administration qu’ils
peuvent acheter de leur poche: les
freins nécessaires.
Mais les administrateurs duP.-L.-
M. ,avec lesquels les rastaquouères de -
l’opportunisme ont conclules « conven
tions scélérates », sont des seigneurs
financiers de trop haut étage pour
que l’Etat, leur humble serviteur, ose
jamais leur faire payer par quelques ;
{bons ;hîôis dè prison leur parcimonie;'
criminelle, et leurs imprudences pré-*
méditées. Si le chef de gare de; Mo- ;
naco est acquitté à son tour, on én
trouvera'un autre; on descendra, s’il
le faut, jusqu’au chef de train, jus-
qu’à, l’aiguilleur ou mêiûe jusqu’au
buraliste chargé de délivrer les tic
kets. Quant à mettre une bonne fois*
la main sur. les vrais Coupables, c’est-
à-dire sur les millionnaires qui ne re-,
culent devant aucune économie pour
doubler le chiffre de. leurs millions, il
faudrait ne pas connaître les gouyer- ,
nèments pour s’imaginer que le nôtre
aura le courage dé. leur demander
des comptes.
. Nous sommes tous plus ou moins
condamnés à sauter en l’air ou à nous
effondrer dans des .précipices, unique
ment parce que le ministre de la jus- ;
ticé ne veut à' aucun prix se mettre à
dos : les orléanistes-comme M.Cajllaux,
ancien ministre du 16 Mai ; Denor-
mandie, Tèîsserenc de Bor.î, etc. , tçus
administrateurs de ce chemin de fer
dont la célébrité meurtrière est de
venue européenne.
H serait cependant on. ne peut plus
facile de mettre fin aux accidents ef-,
froyables qui se renouvellent avec la
plus douloureuse,persistance sur cette
voié ferrée : ce serait d’envoyer dans
une. maison centrale, pour un temps
suffisamment long, tout le conseil
d’administration, qui administre d’une
façon sî étrange. A partir du jour où
un bon jugement afflictif aura frappé
les directeurs de la Compagnie, soyez
sûrs que les trains se trouveront su
bitement garnis des freins qu’on
réclame vainement depuis des années..
L’Etat, par sa poltronnerie, est donc
sinon l’auteur principal, au moins le
principal complice: dans les catastro
phes qui se reproduisent périodique
ment sur le P.-L.-M. Nous avons
déjà assez de fléaux à combattre, y
compris le choléra et le Tonkin, sans
que de gaieté de cœur on; y ajoute les
chemins de fer.
HENRI ROCHEFORT
DERNIÈRES DÉPÊCHES
LA QUESTION IRLANDAISE
Londres, 3 juin.
Chambre des Communes. — Sir Heacks Bcach
demande si M. Gladstone peut dés maintenant
fixer le jour du scrutin sur lé bill du gouver
nement de l’Irlande. •
M. Labouclière dit qu’il y a encore vingt-
sept membres de la Chambre, radicaux, .qui
désirent parler, et M. Molloy constate que
plusieurs: députés parnellistes ont l’intention
de prendre la parole.
M. Gladstone répond qu’il conviendrait sans
doute d;c fixer, le scrutin^ lundi prochain. De
nombreux députés radicaux et parnellistes'de-'
mandent la fixation à mardi.
■ . \ ■ • -D . '■ -•>' ■_> . . • ’ , . ■
M. T. P. O’Connor reprend la discussion. Il-
attaque vivement M. Chamberlain. ’ •< 1
1 y | - v** ,~ î - v ■ » -■
! ' LE CONFLIT TURCO-GREC - -
: . Londres, :3 juin.
• D’après une dépêche d’Athènes, dû Stahdard,
t les Turcs çontinueront d’envoyer dés troupes
:à: la -frontière’-eit' ils -n’auraient. :pas t encore
rendu les prisonniers grecs.- .'■■■
Une. dépêche de Constantinople du même
journal constaté que, dans les cercles officiels
ottomans, on a éprouvé une.yive satisfaction
à, la nouvelle que les Grecs avaient: enfin remis
. la p'osition fortifiée; de-^ygps aus ■ mains ■du
commandant tuïé. ' ;ÿ. -
* Athènes, 3 juin.
Il-devient de -plus en plus, probable que le
blocus sera prochainement levéfo
.Les“journaux affirment que 1 les- arrange
ments avec les'Turcs vont être incessamment
appliqués; ' ■<
... , . ■ , ÉTATS-UNIS •• U,
: <. New-York, : i . »
L’anarchiste: Mpst a été condamné h douae
mois de prison et 500 .dollars d’amende, et lés
anarchistes Brannsehweig et Schcnck à neuf
mois' dé prison chacun. Brannschweïg aura,
en outre, à payer une amende de 250 dollars.
LE ChOLÉRA EN ITALIE
... . Rome, 3 mai.
Depuis hier midi, jusqu’à aujourd’hui même
heure, il y a eu, à Venise, A0 cas . et 26 décès,
dont 13 proviennent de cas précédents. — A
Barii 2 cas, 1 décès. — A Oria, 2 cas, 2 décès.
. . »-•- . .
INFORMATIONS
Conseil de cabinet
Lés ministres se sont réunis, hier matin,
en conseil de cabinet, aü ministère des af
faires étrangères.
M. de Freycinet a rendu compte de l’en
trevue qu’il a eue, en compagnie du mi
nistre de l’intérieur et du garde des sceaux,
avec la commission de la Chambre chargée
d’examiner le projet, d’expulsion. Toute
fois, le conseil, n’a pu délibérer sur aucun
texte transactionnel, n’étant saisi jusqu’à
présent d’aucune décision officielle de la
commission.
Le conseil s’est ensuite occupé de là ques
tion des sucrés. Le gouvernement consent
à la prorogation pour deux ans de la sur
taxe de 7 francs appliquée par la loi du
59 juillet 188A aux sucres européens étran
gers, et qui expire le 31 août prochain. Il
admet-, en s-outre, - le principe de - Fëqùiva- •
lence pour les sucres coloniaux français.
Enfin, le garde des sceaux a été autorisé
à déposer un projet de loi ayant pour objet
de modifier la loi de 1873 et d’élever de la
moitié hux trois quarts des extinctions le
chiffre des croix à accorder chaque année
aux civils dans la Légion d’honneur.
Elections sénatoriales
C’est lo 27 juin: que les délégués sénato-
,riaux des Côtes-du-Nord ét de Ta Corrèze
■auront à nommer des sénateurs.
Dans le premier département, il s’agit de
remplacer M. Le Provost do Launay père,
décédé. A la suite d’une réunion dans la
quelle MM. le comte Jérôme-Paul de Cham-
pagny, duc de Cadorre, et Iluon de Pe-
nanster, avaient posé leur candidature,
le comité conservateur des Côtes-du-Nord
a déclaré M. Huon de Pcnanster seul can
didat.;
• La candidature républicaine a été offerte'
à M. Armez, ancien député, qui l’a ac
ceptée. •
Quant à l’élection de la Corrèze, elle a
lieu en raison de l’attribution à ce dépar
tement d’un troisième siège, à la suite de la
suppression d’un siège d’inamovible.: ; r >
On annonce la candidature républicaine
de M. le docteur Penières, agrégé de chirur-
i^Une délégation du Conseil municipal
en Eourgogne
Hier matin, une délégation du Conseil
municipal, composée d’une quizaine de ses
; membres, parmi lesquels MM. Robinet,Des-
; champs, Guichard, Vaillant,' Cochin, Geor-
gie, ancien député de la Corrèze à la précé
dente Chambre.
La; séparation de. l’Eglise et de l’État
‘ en province
Le mouvement en faveur delà séparation
desj Eglises et de l’Etat s’accentue de plus
en plus en province. • .
Dans la commune de la Celle-sur-Nièvre,
le Conseil municipal“vient d’émettre un
yœu en faveur -de cette mesure que le gou
vernement tarde bien à proposer.
Le Conseil municipal des Abrets, près de
Lyon, vient, à son tour, de supprimer toute
allocation au vicaire ctela commune.
Ces deux exemples ne manqueront pas
d’être suivis; et le gouvernement sera bien
obligé d’agir à bref,délai.. , •
de Parié.
« L’Estafette »
-MMèCharlës Bigot, et Paul .Laiai'gue, ré
dacteurs du Gagne Petit, qui a .cessé hier sa
publication, ont donné leur démission et
ne feront pas partie de la rédaction de l’Es-
tafette, qui doit remplacer le Gagne-Petit.
Le mariage du président de la Répu-
bUçpie des Etats-Unis
Samedi soir a été célébré, à. la Maison-
; Blanche, le mariage de M. Cleveland, prési-
■ dent des Etats-Unis, avec miss Frances Fol-
som.'L’assistance était peu nombreuse ; elle
ne comprenait que vingt-huit personnes,
parmi lesquelles se trouvait M. Mac-Lane,
ministre des Etats-Unis à Paris.
Miss Frances Folsom est âgée de vingfc-
: deux ans; c’est la fille de l’ex-associé du
président lorsqu’il pratiquait comme_ hom
me de loi. Elle appartient à une famille ri
che ; son grand-père, qui vient, de mourir
et dont elle est une des héritières, laisse
une fortune de deux millions-et demi de
francs.
C’est ce deuil de famille qui a décidé les
futurs à se marier sans aucun apparat.
M. Cleveland prendra, à l’occasion de son
mariage, un congé de dix jours qu’il ira
passer avec sa femme à Deer-Parb, dans le
Maryland. .
NOUVELLE A LA MAIN
.. Une femme vient d’accoucher de trois
enfants.
Le père rencontre un de ses amis et le
force à venir-admirer sa nichée.
— Très beaux! dit Tami distrait; lequel
^gardez-vous?
[Les 5,000 francs pour les Grévistes
Nous avons dit que le conseil des minis
tres, dans une .de ses dernières séances,
avait décidé de ne pas autoriser l’allocation
d’un crédit de 5,000 fr. voté par le Conseil
général de la Seine pour les mineurs de
Decazeville. .
Depuis, des doutes s’étant élevés sur l’é
tendue exacte des droits des conseils géné
raux, qui, en cette matière, sont plus larges
qup ceux, des conseils-municipaux, le mi
nistre de l’intérieur a saisi de la question
le conseil d’Etat, auquel il demande un avis
sur ce pomt 'de droit avan t de prendre -une
décision définitive.
N’est-ii pas admirable, ce gouvernement
qui ne sait'pas s’il a le droit d’annuler une
décision du Conseil général, et qui est obligé
de prendre Ravis du conseil d'Etat ?: ■ /
Que va décider maintenant le conseil
d’Etat, «t quel procédé emploiera-t-il pour
annuler le vote des représentants do la
Seine, alors qu’il est reconnu; que les droits
des conseils généraux sont plus larges que
ceux des• conseils municipaux, dont les
décisions identiques ont été antérieurement
respectées? •
L A COMMISSION DES PRÉTENDANTS
La commission des prétendants doit se
réunir aujourd’hui, à une heure, pour
trouver le texte du projet qui devra mettre
d’accord le gouvernement et la commis
sion.
Il est probable que le ministère acccptëra
la proposition de MM. Brousse et Burdeau
dont nous avons parlé. M. Brousse en a
conféré hier avec M. de Freycinet avec le
quel il a eu une entrevue A l’issue du , con
seil do cabinet. ' ' . ■
L’agence Havas'nous communique l’in
formation suivante :
Le ministre des affaires étrangères n’a reçu
aucune nouvelle de Madagascar confirmant
les bruits inquiétants répandus ce matin par.
quelques journaux. Les derniers avis officiels,
en date du 6 mai, représentent, au contraire,
la situation comme entièrement satisfaisante.
Il est à peine besoin de faire remarquer
que cette note, visant une information
publiée dans VIntransigeant d’hier matin,
n’y répond pas le moins du monde.
Nous avons dit, en effet, qu’au minis
tère des affaires étrangères, on était par
ticulièrement inquiet du silence gardé
par M. Le Myre de Villers, résident géné
ral,qui, parti sans escorte pour Tananari-
ve, n’avait pas donné de ses nouvelles de
puis plusieurs semaines.'
Le gouvernement, par l’intermédiaire
de l’agence Havas, nous . fait répondre
que les derniers avis reçus datent du
6 mai — c’est-à-dire d’un mois. Nous n’a
vons pas dit autre chose. 1 .
A Decazeville
Decazeville, 3 juin.
Une importante réunion des délégués
mineurs a eu lieu hier soir. Le citoyen
Basly leur a soumis les propositions de
M. Laur.
Les délégués ont décidé qu’il était né
cessaire de consulter les ouvriers au sujet
de la reprise du travail. Des réunions
vont avoir lieu à Combes, à Firmy et à
Decazeville. Tous les mineurs ont été
convoqués. Ils seront appelés à décider,
par un vote secret et individuel, si la
grève doit continuer ou si les ouvriers
doivent rentrer dans la mine.
Cette nuit, vers deux heures, deux nou
velles explosions de dynamite ont eu lieu
simultanément : la première, route d’Au-
bris ; la seconde, route de Viviez. L’une
et l’autre se sont produites auprès d’une
maison de mineur : route d’Aubris, chez
un nommé Montorsi.; route de Viviez,
chez uu sieur Colombe. Je ne vous par
lerai pas des-dégâts : comme toujours,
ils sont insignifiants. Quant 'aux auteurs
de!- l’attentat; la Compagnie elle-même
affirme qu’elle ne les connaît pas.:,
, f . ‘ . *.’r- ■
v •. v;-- • -v -Aje -• - ->
^ *
- Encore .des explosions. '
. D’abord; cela a été à intervalles irrégu
liers; ensuite, ;J chaque jour, on avait
cette petite débauche de dynamite. ''
Mais cela inutilement ; aussi la Compa
gnie a décidé que, désoinuais, il y en au
rait deux par jour, puis trois, puis quatre
et enfin toute la journée.Onjie vivra plus
d’ici quelque temps qu’au milieu dos ex
plosions à jét continu. Si, appès cela, les
populations né sont pas atterrées,la Com
pagnie jà’àura rie» à sé reprocher.;
' • * ■ ' . * - -
* ;
Toutes ces explosions, dont les auteurs
restent toujours inconnus produi$ent
l’effet contraire à celui qu’en attend la
Compagnie.; je constate qu’à Decazeville,
personne ne songe-, â .les attribuer aux;.
grévistes, k .rm >•’ ;; - ; -,
■ ; Cependant; une petite arrestation ; da
temps en temps n’est pas inutile: cela
donne , le change à. ; l’opinion pubjique
— du moins, la; Compagnie le croit. Ü est
Vrai que la personne momentanément-,
suspectée.doit être relâchée quarante-huit
heures après, faute de preuves : on Ta
déjà vu, il y a une quinzaine de jours.
C’est ainsi que, la nuit dernière, une
perquisition' ayant été faite chez le mi
neur Falipe, dont la sœur est inculpée —^
sans là moindre preuve — dans l’affaire
Watrin, on a découvert chez lui une mè
che à mine, et aussitôt on l’a mis en
état d’aiTestation.
Mais comme il ne sera pas difficile de
prouver que des mèches semblables sont
entre les mains de tous les mineurs,
qu’elles leur sont même fournies parla
Compagnie pour les besoins de leur tra
vail, on sera bien forcé do remettre le ci
toyen Falipe en liberté. Il est vrai que ce
malheureux n’en aura pas moins été dé
tenu injustement deux ou trois jours. : .
Decazeville, 3 juin, soir.
Cette après-midi, à 2 heures, a eu lieu à
Combes une réunion de 225 mineurs. Ils
ont voté à bulletin secret sur la question
de savoir si le travail devait être repris.
A l’unanimité, la continuation de. la
grève a été votée. .
A3 heures 1;2, la même opération a eu
lieu.à Firmy. Sur 95 mineurs qui ont pris
part au vote, 2 seulement.se sont déclarés
pour la reprise du travail.
Enfin, a 5 heures 1/2, on a procédé
au. scrutin sur la même question à
Decazeville. La continuation <|e la grèva
a obtenu l’unanimité.
Dans aucune de ces trois réunions, les
délégués n’ont pris part au vote, notra
ami Basly leur ayant demandé de s’abste
nir, afin do connaître les véritables inten
tions des mineurs. <
LE MEETING
DU
THÉÂTRE DD CHATEAII'D’ÉAB
Une nombreuse réunion, -organisée au
profit des grévistes de Decazeville, a eu
lieu hier au théâtre du Château-d’Eau, sous
la présidence du citoyen Albert Goullé, as
sisté de nos amis Eqdes, Ernest Vaughan et
Gabriel Deville.
Sur l’estrade avaient pris place la ci
toyenne Louise'Michel,' les " citoyens' Castel
nau, Chauvine, Guefecle ? ' Lafargue, Susmi,
Andrieux.
FEUILLETON DE L’INTRANSIGEANT
- ' 26
LA
rAn
VAST-RICOUARD
XVIII
.. (Suite],
Ali ! ce qu’elle avait souffert d’èti’e
faible et lâche ! Ce qu’elle s’était mêpi'i-
sée de ne pas braver ses menaces ! Mais
elle était seule, sans conseils, sans appui,
et cet homme avait su prendre , alors
qu’elle s’en croyait aimée, tant d’ascen
dant sur elle !
Et, d’ailleurs, où eût-elle fui? Qui eût
consenti à la recevoir, après sa faute, car
elle était trop loyale et trop maladroite à
la fois, pour pouvoir la cacher ! Puis, on
ne lui avait pas enseigné de métier, et la
peur de la misère l’avait prise aux ea-
trailles.1. Si elle était morte de faim!...
Et elle était restée, déjà amollie par le
bien-être, sans force contre toutes les sé
ductions du luxe !
Pouè parfaire son œuvre, cct homme
l’avait entourée peu à peu de gens tarés
indignes comme lui, qui avaient achevé
de la démoraliser à leur contaet! Mais,
grâçe'à Dieu, aujoni'd’hui, elle se sentait :
le courage de réagir, de s’arracher à cette
vie dégradante !
Elle tomba â genoux, anéantie, hale
tante, et ses cheveux déroulés dans la
chaleur du récit se répandaient sur ses
épaules en épaisses torsades noires, qui
accentuaient encore, de leur ombre im
provisée, son masque énergique de brune,
superbe dans le désespoir. •
— Oh!.vous m’aiderez, n’est-ce pas? à
s (A-tir d’ici, et à redevenir honnête,
si toutefois ces fautes-là s’effacent ja
mais !... Vous me tendrez la main, vous
qui êtes bon et généreux? Quelle recon
naissance ne vous en aurais-je pas, et
que de fois votre nom sera prononcé dans
mes prières ! Ah ! votre protection, votre,
secours, il nie les faut, je los implore à
deux geuouxM '
— Lucie! s’écria-t-il,enlàrelevant,et lui
saisissant la tête à deux mains pour l’em
brasser de toutes les ardeurs de son être.
.—Oh ! non !.. .fit-elle en se reculant,com
me brûlée par les lèvres du jeune homme.
Pas de tentations entre vous et moi, pas
d’amour, mais de l’amitié, une franche
et bonne amitié, où les mains suffisent à
exprimer tout ce que le cœur ressent !
N’est-ce pas qu’entre nous, il ne faut pas
qu’il y lût une'arrière-pensée, rien de
charnel, rien de matériel?... Et puis, vops
êtes si jeune, et moi... si vieille déjà!...
Gar j’ài passé trente ans, vous savez...
Et comme Georges, très troublé, ne ré
pondait rien ; ' --
— Vous verrez quel bonheur nous goû
terons tous deux dans cette amitié faite
de conseils mutuels et de services désin
téressés I reprit-elle. .
Soudain, avec toute la conviction et la
fougue de.ses vingt ans : ...
— Et vous me croyez capable, ' s’ex-
clama-t-il, de vous voir souvent, tous les
jours peut-être, de vivre presque de votre
vie, de respirer, en quelque sorte, le
même air que vous, et de n’être jamais
que votre ami ! Mais ce n’est pas à nos'
âges qu’on peut prendre et, surtout tenir
de pareils engagements ! Je serai votre
conseiller, votre juge même, si vous vou
lez, mais votre ami, jamais I Je ne pour
rais pas.
Et il l'attira'à lui, dans un paroxysme
de passiop, sa bouche aspirant la sienne.
Elle lui rendit, comme inconsciente; son
baiser; puis, revenant à elle,: elle s’arra
cha brusquement de ses bras.
. -— C’est mal ! dit-elle. (
Il balbutia, tout contrit, avec l’effroi de
l’avoir irritée : :
— Oh! pardon, pardon! Mais je vous
aime tant !
— Et moi, pensez-vous donc que je ne
vous aime pas? répondit-elle d’une voix
navrée, presque, éteinte,s’imposant un évi
dent effort pour faire un tel aveu. J’avais
trop présumé de mes forces, ou plutôt je
m’étais abusée sur mes sentiments les
plus intimes ! Nous ne devons plus nous
revoir ! Oui, hélas ! c’est moi-même
qui vous éloigne pour toujours, et mon
âme én est décliirée... Mais une nouvelle
cliute, jamais, jamais !... C’est trop d’une,
déjà:
Elle s’était affaissée sur le tapis, çontyG
le; lit, les yeux vagues, avec une convul
sion de tous ses membres. Georges, de
bout,-essayait de rassembler et de dé
mêler les pensées multiples otincofecrentcs
qui l’assaillaient, pendant que tout le
sang lui affinait à la face, dans un désir
impétueux : de posséder cette femme se
tordant d’amour pour lui, là, à: ses
pieds.
— Je vous en supplie, partez, laissez-
moi ! soupirait-elle. Vous êtes un enfant,
et c’est moi qui ai été imprudente... On
est insensé!.*.. On voudrait tant réaliser
certains rêvés !... Et l’esprit s’envole à la
poursuite de sa chimère ! Démence déli
cieuse... Le ciel un instant usurpé... et
d’où la raison, trop vite revenue, vous
rejette brutalement!... Allons, adieu,
monsieur Georges...
— Et si, fit-il, tout hésitant, si c’était
publiquement, légalement, que nous
nous donnions l’un à l’autre ?
. v—Que voulez-vous dire ?
— Oui... si je t’épousais ! ;
Elle se jeta à son cou.
— Vqus songeriez ?... ;
Puis, presque aussitôt, dénouant ses
bras, qui retombèrent inertes ï
. — Ah ! par pitié, épargnez-moi de si
cruelles secousses! Vous savez bien que,
cèlànè sepeutpas!.,. : .! ■ - “
Puis, avec un rire sardonique ;
— M’épouser, moi!...
•— Et qui m’en empêcherait?
— Qui vous en empêcherait? Mais votre
famille, vos amis, le monde, les préjugés,
moi toute la première !
" — Ne suis-]e pas majeur ? Un misérable,
en vous séduisant, vous a mise, vous in
nocente, au ban delà société! Et, moi,
pour réparer l’injustice dont vous êtes
victime, je vous donne mon nom ! Qui
saurait me désapprouver?
—Georges !... s’écria-t-elle dans un élan
factice d’admiration pour tant de noblesse
d’âine.
Puis, se reprenant :
— Non... pardon... monteur Georges 1
■—; Et si, Georges, ton Georges, ton
mari ! Et, tout d’uu coup, très grave, un
peu solennel, _ il déposa, avant de ; partir,
sur le front incliné de la pécheresse re
pentante, un long et chaste baiser, le
baiser des fiançailles. . -
XIX
Boulevard Malesherbes, la-première
personne que vit Georges, en entrant; fut
Berthe; Berthe lui souhaitant la bienve
nue du sourire de ses yeux clairs et
purs.
Il lui prit distraitement la main sans la
regarder, sans lui adresser la parole. La
jeune fille, ^froissée, toute bouleversée,
sentit une pâleur subite l’envahir, et elle
so détourna vivement pour la lui déro
ber, tandis que lui, très -mal à l’aisé en
présence de cette pauvre enfant, vraiment -
affectionnée, et à laquelle il se préparait
pourtant à faire tant de mal, marmottait
quelques v excuses .sur ' la préoccupation,
qui l’absorbait en ce moment, et ne lui
permettait pas de rester plus longtemps
avec elle.
— Plus tard, nous causerons, si tu
veux bien, mà chère Berthe.- Une affaire
importante me réclamé...
Il n’en fallait pas plus pour la rassurer.
— En ce cas, sauvez-vous bien vite!
dit-elle.
Georges, ne ^e le fit pas répéter, et cou
rut à la chambre de sa mère. En deux
mots, il lui avoua son équipée; au cercle
d’abprd, puis dans une maison ,où Ton
-jouait encore plus gros jeu qu’au cercle.
Il avait perdu, èt emprunté, emprunté
beaucoup, vingt mille francs, alors qu’il
p’en avait ça s deux mille de disponibles !
Mais c’était ùn fait àçcôiupli ! Regrets et
doléances n’y changeraient rien.
. Mme d’Esparre, le .voyant.très.abattu,
commença par le remonter- un peu : cette
somme.était minime-aï)rés“tout, et elle
l’avait là. Heureusement'!::.-Caries dettes
de jeu devaient se payer presque sur
l’heure!
Tout en parlant, elle avait tiré de son
secrétaire une dizaine de billets de mille
francs et quelques titres au poiteur.
— Tiens, mon enfant, voici... dit-elle.
Tu négocieras les titres chez le premier
changeur venu.
Il la baisa sur les deux joues, à pleine
bouche.
:—Merci! mère chérie !... Je te fais delà
peine, pas vrai? '
— Un peu!
•— Mais c’est la première fois, et ce
sera la dernière.
Puis, après'ùh silence, qu’il prolongeait
par contenance, cherchant quelque chose
à dire : . :
'—N’est-ce,pas que c’est déjà passé ï
fit-il, câlin. • ■
•— Cela passera. '
— Alors; embrasse-moi.
Elle le pressa tendrement' contre ella*
— Et maintenant, tu ne te laisseras
plus entraîner jamais, jamais ?.
■—Oh ! je te le jure ! Jamais !
i— Qui donc t’avait conduit dans cette
maisoü ? • - • —-
Un de mes acoi^.'
- (A suivre),
j . x
V
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