Titre : L'Intransigeant
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1883-02-22
Contributeur : Rochefort, Henri (1831-1913). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32793876w
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 22 février 1883 22 février 1883
Description : 1883/02/22 (Numéro 953). 1883/02/22 (Numéro 953).
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Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k775661s
Source : Bibliothèque nationale de France, Gr Fol Lc2-3980
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 19/01/2011
5 Ventôse An 91. — N° 953
Un JSfuméro : JPajrzs, lO cent. — Départements, il 5 cènr.
Jeudi 22 Février 4883
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DÉPA5TEMËNTS - Trois mois, 43 50; aii moiSj 27 1?. ; 54 Ir»
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LA BÛDÀCTION, «’limBBSKR S M. AYR^P/JJBIïEORGÇ? Secbktaib*
ÉA rédaction no répond, pas dtoUàmuèritc oui lai sont ytdrccsét.
Rédacteur enxhef : HENRI ROGHEFORT
nÉmAOTION Oi AJDiMZlÇ’XSTIiA.TJO^
16, *■«« , dn Croissant, 16 . t .
AKNONCEScheïMM.LAGBANGS.CÈRF et CP*, 6, ' placé dt Et BOBM
Bt & l'Administration. dn Joùrnal ■.•*■■, , .
AonBSSER LSTTRS&. CT M&XSAVS lü, André AYARD, ASUINISTIUTK»
Coiiaiê
.. Si j e m’appelais Ferry,—ce n’est pas
un vœu, c’est une supposition,—j e me
ferais,il me semble,un malin plaisir de
multiplier les surprises sous les pas de
mes adversaires. Tout le monde s’at
tend à voir le nouveau cabinet recom
mencer les folies autoritaires et belli
queuses du Grand Ministère. M. Ferry
n’est pas fort; aussi veut-il- que son
pouvoir le soit; Or, pour les politi
ciens d’aujourd’hui, 'la forcé a la pro
priété de remplacer le droit, la justice
et le bon sens. .
Des citoyens vônt paisiblement au
Tère-Lachaise porter des couronnes
sur la tombe de Blanqui. Le gouver
nement charge des sergents de ville
de les assommer, de lès ; arrêter et
donne à ses juges i’ordre’.dçles con
damner. Et quand pu lui reproche sa
brutalité,'il répond '
. « C’est 'vrai,'nous n’avions aucun
motif d’empêcher ces gens de se ren
dre au Père-Lachaise; mais nous té-
nions à établir que nous sommes un
pouvoir fort. » . . *
Tel est le genre de force dont le
sieur Ferry a toujours fait preuve jus
qu’à ce jour. Aussi considère-t-on par
tout comme ouverte l’ère de l’arbitràire
et de la réaction.
Tour un homme* -—je ne dis pas
hônnête, parce qu’il ne faut pas trop
exiger, mais simplement doué de quel
que intelligence, céderait le moment
de donner un éclatant démenti aux si
nistres pronostics que provoque la
constitution du nouveau ministère. Il
est peu probable qu'il ait plus de trois
mois , de portefeuilles „ dans le ventre.
Eli bien 1 puisque M; Ferry, qui aux
obsèques.de Gambetta a tant pleuré
pour avoir le sien, serait si heureux
de le garder, il aurait, un moyen à peu
près infaillible de le visser pour long
temps sur son pupitre ministériel : ce
gérait de débuter par des mesures qui
paraîtraient d’autant plus libérales
qu’elles seraient plus inespérées.
• Plusieurs députés de I’extrême-gau-
©he ont l’intention de déposer un pro-
^èt.o’amnistie en faveur des condamnés
jfe Lyon et.de Montceau-les-Mines. Au
lieu de s’élancer à la tribune pour dé
clarer que le gouvernement la repousse,
qüe M. Ferry y monte pour annoncer
qii’il l’appuie, et nous lui prédisons la
plus longue des présidences du conseil.
Ce serait de la vulgaire équité, puis
que la condamnation des anarchistes,
coupables du délit d’opinion, et celle
des mineurs, dont le crime est d’avoir
suivi des enterremènts civils, ont scan
dalisé d’Europe. -Ce serait, en outre,
de l’excellente politique, attendu que
l’impudence avec laquelle la magis
trature a foulé aux pieds les droits de
la conscience à détaché de la Républi
que bien des cœurs qui reviendraient
à elle. Tout conseille à M. Ferry cette
réparation urgente : son intérêt et ce
lui des institutions républicaines.
Mais, le premier Bonaparte l’a dit :
• les blancs seront- toujours blancs.
M. Ferry, qui serait .capable de toutes
les souplesses pour conserver son mi
nistère une heure de plus, est absolu
ment hors d’état de comprendre qu’il
n’y aurait pas de meilleur procédé
'pour l’y incruster. Ces êtres-là ne
savent même pas deviner ce qu’une
action généreuse peut leur apporter
de secours, à un moment donné. Des
choses sales, tant qu’on voudra ! Il n’y
a que. les choses propres qui leur
répugnent.
Notez que les tyrans les moins déli
cats, Napoléon III, par exemple, ont,
dans certaines circonstances, cherché
à apaiser l’opinion publique par des
amnisties échelonnées. M. Ferry est
inaccessible à ce sentiment ou à ce
calcul. Loin d’amnistier les innocents
qui croupissent, à celte heure, dans
les irflfectes prisons deLyon, il y a gros
à'parieé qu’il va s’empresser d’en pour
suivre d’autres.
Ce n’est pas que nous éprouvions la
moindre peine à voir le nouveau minis
tère accentuer l’antipathie qu’il inspire
déjà aux républicains sérieux. Nous
sommes même convaincu queM. Ferry
nous rendra, à son insu, un très'grand
service : celui de montrer,"avant peu de
jours, le gambettisme,dorît il a pris la
direction, sous un aspect tellement ré
pugnant que la chute de ce groupe
d’affamés sera, cette fois, irrémédia
ble.
La seule façon, pour lui, de se sau
ver serait de s’approprier la proposi
tion d’amnistie. Mais nous ne lui avons
donné le conseil de le faire .que parce
que nous le connaissons assez pour
être sûr qu’il ne lé fera pas. n
HENRI ROCHEFORT
Par décrets en date du 19 février, sont
convoqués pour le dimanche 18 mars pro
chain, à l’effet d’élire un député, le collège
électoral de l’arrondissement de Nogent-
sur-Seinc (Aube), en remplacement de MV
Jean Casimir-Perior, démissionnaire, et le
collège électoral de l’arrondissement de Fi-
geac (Lot), en remplacement de M.Teilliard,
démissionnaire. •
liA CRISE
Il n’y. avait, hier, au Palais-Bourbon, au
cune réunion de grimpe* ni de commission
parlementaire. .
On no s’entretenait, dans le salon do la
Paix, que des démarches de M. Jules Ferry
pour arriver & composer le nouveau cabi-
net. •
Le député des Vosges rencontre, paraît-il,
toutes sortes d’obstacles imprévus.
La gauche radicale et l’Union démocrati
que semblent en majorité décidées à lui re
fuser leur concourf.
Il paraît certain que le nouveau prési
dent du conseil/a songé, 7dès la première
heure, A s’assurer la. collaboration de M.
Devôs; mais celui-ci, dont l’influence s’est
considérablement développée ' depüis trois
semaines, n’a accepté un portefeuille que
sous des conditions déterminées. ' >.
Ges conditions ne pouvaient se concilier
avoc les engagements que M. Jules Ferry a
pris d’autre part. . ...
• L’ancien garde des sceaux né fera, donc
pas partie du nouveau cabinet. . .
il a même adressé, hier, une demande de
congé de quinze jours "au président de la
Chambre, pour se rendre à Biarritz.
M. Devôs partira vendredi pour le Midi
avec sa famille.
*** , '■■■
MM. Berthelot et Charles Brun refusent
d’accepter : le premier, le ministère de l’in
struction publique; le second, celui de la
marine. : ■ • / .
On dit que M. Jules Ferry serait décidé à
laisser le portefeuille^de l’instruction pu
blique à M. Duvaux.
; M. Barbey ayant refusé le portefeuille de
la marine pour des raisons do convenances-
personnelles, M.-. Jules Ferry était, hier en
core,"assez embarrassé de-pourvoir à ce'dé
partement ministériel. Il espérait encore,
toutefois, que le refus de M. Baripy n’était
pas irrévocable.
M. Jules Ferry s’est rendu "hier matin, à
dix heures, à l’Elysée, où il a eu avec le
l^sident de la République un entretien qui
a duré jusqu’à onze heures un quart.
Le .député des Vosges a rendu -compte
au chef de l’Etat do la marche des négocia
tions.
-*** -
M. Tirard, après quelques hésitations, ac
cepte de nouveau le portefeuille des finan
ces. Il a eu à ce sujet un entretién avec M.’
Ferry, et il s’est réservé d’établir librement,'
dans des conditions qu’il a fait connaître, le
budget de 1881/.
Les difficultés créées par la désignation,
des titulaires des portefeuilles de l’intérieur
sont aplanies. M. Waldeck-Rous3eau sera
mfrrtstre de l’intérieur ctM. Martin-Feuillée
ministre de la justice.
, *** '
À cinq heures, aucune ouverture n’avait
été faite encore à’M. le général Tliibaudin.
Cotte nouvelle, dont nous pouvons garan-,
tir l’exactitude, a été fort mal accueillie par
les députés qui se trouvaient à la Chambre.
Beaucoup do députés paraissaient surpris
de la réserve gardée par le nouveau prési
dent du conseil vis-à-vis de l’ancien minis
tre qui avait pris, d’une façon si formelle,
l’engagement d’appliquer aux membres des
familles qui ont régné en France les dispo
sitions de la loi de 183â.
Quant au portefeuille du commerce, si M.”
Méliné auquel il a été offert et qui n’avait
pas encore répondu hier, ne se décidait pas
à le prendre, il serajt-proposé, dit-on, à
M. Tolain. -
■*V
La question des sous-secrétaires d’Etat ne
sera abordée, naturellement, que lorsque le
cabinet sera définitivement constitué, et à
dix heures du soir on ne savait encore rien
de précis à cet égard.
Ou assurait toutefois que M. Jules Roche
serait chargé du sous-secrétariat de la
justice:
‘ Il est certain, toutefois, que si le ministère
ne figure pas ce matin encore au Journal
officiel, il y sera demain, et que le cabinet
Jules Ferry se présentera jeudi devant les
Chambres. ^ :
La formation du cabinet' est de plus en
plus pénible. Hier* au moins, il était
question, pour excuser l’inexplicable.re-
tard qui se produit, de la nécessité de sa
tisfaire l’opinion. C’était acceptable. Mais
- ce n’était pas exact. •
La vérité, c’est qu’il y a -des compéti
tions’de personnes. C’est que la chasse
aux portefeuilles est acharnée.
Tout particulièrement, le département
. de l’intérieur est recherché. On se l’ar
rache. Deux adversaires sont en présence:
MM. Waldeck-Rousseau et Martin-Feuil-
: lée. Un>de nos confrères dit à ce sujet :
« Celui des deux qui sera - évincé menace
de faire.à l’autre une guerre sans merci. »
C’est édifiant ! -
De tous côtés, on nous crie : le com-
i merce va mal, les affaires sont interrom
pues,-la-confiance* s'ébranle. Tout cela,
phénomène invraisemblable, : parce qûo
nous sommes dépourvus de ministère.
Et. qui; empêche de raffermir la con
fiance, de rendre l’essor aux affaires, de
i rassurer le commerce ? Cés ambitions, qui
, ontpour npm Martin-Feuillée etWaldeck-
iRpusSèaic ' - . - . . " • , ■
Les patriotes ! " ;
. ; Quand jè songe que l’uh de ces person
nages sera forcément choisiaura une
part d’autorité dans le gouvernement, je
ne puis me défendre d’une inquiétude : ce
ne sont pas les hostilités qu’ouvrira le
vaincu qui m’alarment, mais les conces
sions dont le vainqueur sera capable.
LE
Rome, 20 février.
Les journaux Esercito et Fanfalla an
noncent que le commandant du cuirassé
Ancona est ..porteur d’un pli cacheté,adressé
au consul italien à Tripoli et contenant les
instructions suivantes :
.... ■■ ' T ' J
Si dahs . un . certain délai il n’est .pas 1 ac
cordé par les autorités tripolitaines pleine
satisfaction à l’Itâlië, le consul devra bais
ser :son pavillon et se retirer à bord .de
Y Ancona, en confiant aji consul allemand la
protection des nationaux italiens et'des ar
chives, . . •
;• .: • ■ ” ; ■ Rome,-$0 février,
- L’agence Stpfani dément la. nouvelle que
l’Italie préparerait un corps d’armée destiné
à "occuper. Tripoli, : et que deux : cuirassés
■ participeraient à l’expédition.
Constantinople; 20 février.'”
En vertu des instructions qu’il a -reçues,
le comte Côrti, ambassadeur d’Italie, a de
mandé "à la Porte, non seulemenWa punition
des auteurs dé l’offense faite-au consulat
italien à Tripoli, mais aussi un acte public
de réparation immédiate.
Le comte Corti a annoncé le départ d’un
cuirassé italien pour Tripoli.
Avant de quitter Montpellier, le général
Brincourt a adressé à ses troupes un
\ ordre du jour, duquel nous extrayons les
" passages, suivants :
Une décision du gouvernement m’oblige à
vous quitter pour allor prendre le commande
ment delà 17* division, à Châtenuroux. »
Le sentiment de la discipline est trop pro
fond chez, moi pour que je ne m’incline pas
respectueusement devant un blâme qui.émané'
du gouvernement de mon pays, quelque dur
que ce blâme puisse paraître S un grand di
gnitaire de l’ordre" de la Légion d’honneur, â
un soldat qui est dans sa vingtième année de,
grade do général et qui coihptc autant de
blessures ou de citations àl’ordre-du jour que
do campagnes;
J’obéis sans hésitation ni murmures.
Un vrai soldat doit souffrir et se taire
- . Sans murmurer, . •
a dit Scribe. Le général Brincourt ne rem
plit pas, toutes les conditions de ce pro
gramme. Il souffre sans murmurer; mais
il ne se tait pks. ...
Le Messager du Midi, fouille dont le
radicalisme est sans bornes,nous apprend,
en outre, que le général a refusé les visi
tes de corps qui lui étaient dues à l’occa
sion de son départ; mais qu’il a reçu
toutes ^les personnes de la ville et, indi
viduellement, les officiers de la gai'nison
qui ont tenu à prendre congé de lui. L’af
fluence était telle, ajoute notre confrère,
que le défilé des visiteurs a duré plusieurs
heures. • •.
Le général, entouré des officiers de son état-
major, était en grande tenue. Il avait son
grand cordon de la Légion- d’honneur en sau
toir; sa poitrine était couverte do médailles,
de décoratioiïs, do crachats, .parmi lesquels :
l’Epée de Suède, de Saint-Oraf de Norvège-, le
Danemar]Ç*le Léopold d’Autriche, le Medjidié
de Turquie, le Saint-Stanislas de Russie, le
Notre-Dame de Guadoloupe. du Mexique; . ■ ■
Allons, allons,' général, il ne faut pas
exagérer les clidsesy què^diable ! La dis
grâce qui vous atteint est, somme toute,
assez légère. Cé îi’eSt - qu’une croix de
plus à porter, et si légère qu’avec l’habit
tudé que vou3 en avez vous ne vous en
apercevrez même pas. :
A l’exemple des « notables » commerçants
delà rue du Sentier, Y Union des Chambres•
syndicales de France, qu’il ne faut pas con
fondre avec Y Union fédérative du Parti ou
vrier, à cru devoir envoyer, elle aussi, à
M. Grévy une délégation qui, d’ailleurs, n’a
pas été reçue.
-Les commerçants voyaient la cause de la
crise dans l’instabilité ministérielle; les syn
diquas la voient dans 'les menées monar
chiques et « dans l’abandon de la politique
séculaire en Orient ». Commerçants et syn
diqués voient les choses bien superficielle
ment.
lénigme
■ :o NSTITL'TIO.N XEI. L E
Deux groupes importants de la
Chambre, l’extrême-gauche et la gau
che radicale, viennent de décider qu’ils
demanderaient la mise prochaine à
.l’ordre du jour des propositions Ba-
rodet et Andrieux, tendant à la 'révi
sion, par le Congrès des lois constitu
tionnelles. Comme cette initiative se
produit à l’occàSTon du' rejet de la loi
Barbey et immédiatement après un
brutal refus de conciliation dont les
députés se sont sentis vivement irri
tés, il est parfaitement clair qu’il s’a
git, cette fois, d’une manifestation ou
vertement dirigée contre l’existence
même de la Chambre haute. ■
D’autre part, on peut afîirmer que
la situation n’a jamais été plus favo
rable à une tentative de cette nature.
La majorité de la Chambre avait con
sidéré que le sort des lois d’exil,si pres
tement enterrées par le Sénat, était lié
au salut de la République. Quantité dé
discours, de propositions, d’amende
ments et de déclarations de toute es-»
. pèce l’ont solennellement affirmé y en
sorte que ladite majorité ne pourra*
guère, à ce qu’il semble, refuser, son
adhésion sans paraître déserter le plus
sacré de ses devoirs. Enfin, il faut
ajouter que le terrain est. admirable-*
ment préparé, grâce aux progrès con
sidérables qu’ontfaits depuis huit jours
dans l’opinion publique les idées révi
sionnistes. 1.
Sur , ce point, je ne pense pas qu’un
doute puisse être soulevé. M. Auguste
Vacquerie, qui s’est prononcé dans le
Rappel contre toutes les propositions
de loi spéciales aux prétendants et
qui a très fermement réclamé contre
eux l’application du droit commun,
.estime que l’occasion est mal choisie
d’une campagne contre le Sénat, parce
Qû’on ne soulève pas l’opinion, dans
une nation républicaine, en faveur des
idées "de proscription. C’est parfaite
ment raisonner, en théorie, mais assez
mal en fait.
Le Sénat, en effet, n’a pas repoussé
«les lois d’exception par respect des
jprincipes républicains : il les a crues,
rau, contraire,-beaucoup trop républi-
jeaines*; il, ne les a, pas ' envisagées'
[comme insuffisamment efficaces ; elles
; l’étaient encore beaucoup trop,suivant
lui. ,
Vraiment; c’eût été trop beau, si le
vote des sénateurs eût été inspiré par
les considérations qui ont dicte le ma
nifeste lu par M. A. de La Forge, au
nom de là minorité deFextrême-gauche!
Mais il n’en a pas été ainsi le moins du
monde. Le Sénat a très visiblement fait
une manifestation orléaniste, et lnpays
ne s’y est pas un seul instant trompé.
Voilà pourquoi, jusque dans lés nuan
ces-les plus modérées de l’opinion ré
publicaine* le Sénat a, dans la semaine
qui vient de s’écouler, perdu un nom
bre considérable de ses derniers par
tisans.
; Ainsi devoir étroit pour la Chambre,
adhésion presque unanime du pays.
Avais-je raison de dire que jamais
situation plus prospère aux partisans
de la révision ne s’était encore pré
sentée? Cependant, MM. les sénateurs
dorment tranquillès sur leurs deux
oreilles et se soucieht dés'colères qui
grondent sur leurs crânes commé de
leur dernier cheveu. C’est que-la
Sénat a la vie dure, et qu’en réalité, à
moins d’une combinaison géniale
dont rien ne £ajt encore prévoir la dé
couverte, on ne le détruira pas par les
moyens constitutionnels et légaux.
La clause de révision est comme si
elle n’était pas, puisqu’elle a été établie
précisément en vue de déposséder le
pays et ses représentants de leurs pou
voirs constitutionnels, et d’enfermer
la République dans Une impasse d’où
elle ne peut sortir que par un coup de
force. Sans le consentement dit Sénat,
pas de Congrès. Et. on n’imagine pas'*
le Sénat-consentant au Congrès, si le
Congrès c’est sa mort. Sa résistance"
s’accroît nécessairement avec le péril*.
D’où cette conclusion : que chaque pas
en avant détermine un pas en arrière,
et que plus la révision s’impose, plus'
en apparaît l’impossibilité.
Suppose-t-on l’impossible réalisé,'le
Congres réuni? Alors, le résultat est
facile à prévoir, et le compte des voix
facile à établir. Au Sénat, pas un par
tisan de l’abolition. Donc, en chiffres 1
rnm^'wmss»
Les Névroses
Sous ce titre, paraît aujourd’hui, chez l’éditeur Charpentier, un
irre dont la ^rease a déjà beaucoup parlé, et qui sé recom-
aando par de grandes qualités de force, de couleur et d’ori-
[inaUté. "L’auteur, dont le nom sera bientôt connu de tous* s’appelle
laurice Rollinat. " ,1
Nous détachons «de ce remarquable volume les pages qui suivent : j
Ët tu seras bénie, et ce soir dans ta chambre '
Où tant de frais parfums vocalisent en chœur,
Poète agenouillé sous tes prunelles d’ambre,
Je baiserai tes doigts qui font pleurer mon coeur J
«ST
MARCHES FUNÈBRES
. Toi, dont les longs doigts blancs de statue amoureuse?
Agiles sous le poids des somptueux anneaux,
Tirent la voix qui berce et le sanglot qui creuse
Des entrailles d’acier de tes grands pianos,
Toi, le cœur inspiré qui veux que l’Harmonie
Soit une mer où vogue un chant mélodieux, _
■ Toi qui, dans la musique, à force de génie,
. fais chanter les retours et gémir les adieux,
Joue encore une fois ces deux marches funèbres
' Que laissent Beethoven et Chopin, ces grands morts,
! ‘ Pour les agonisants, pèlerins des ténèbres,
Qui s’en vont au cercueil, graves et sans remords.
Plaque nefveusetoont Sur les touches d’ivoire
Ces effravants-accords, glas de l’humanité,
Où la vie en mourant exhale un chant de gloire
[Versl’flzur idéal deTimmortalité,
LA BELLE FROMAGÈRE
Par la rue enfiévrante où mes pas inquiets
Se traînent au soleil comme au gaz, je voyais
Derrière -une affreuse vitrine ,
Où s'étalaient du’beurro et des fromages gras,
Une superbe enfant dont j’admirais les bras
Et la plantureuse poitrine.
Le fait est que jamais fille ne m’empoigna
Comme elle, et que jamais momoeil fou fie lorgna
De beauté plus affriolante!
Un nimbe de jeunesse ardente et de santé
Auréolait ce coq^s frais où la puberté
Etait encore somnolente.
Elle allait portant haut dans l’étroit magasin
Son casque de cheveux plus noirs que le fusain,
Et, douce trotteuse en galoches*
Furetait d’un- air gai dans les coins et recoins,
Tandis que les bondons, jaunes commcrdes coings,
Se liquéfiaient sous les cloches.
Armés d’un petit fil do laiton, ses doigts vifs
Détaillaient prestement des beurres maladifs
A des acheteuses blafardes ; ‘ i
Des beurres, qu’on savait d’un rance capiteux,
Ët qui suaient l'horreur dans leurs linges piteux,
Comme un affamé dans ses hardes.
Quand sa lame entamait Gruyère ou Roquefort,
Je la voyais peser sur elle avec effort,
‘Son petit nez frôlant,les croûtes,
Et rien n’était mignon comme ses petits doigts
Découpant le Marolle infect où, par endroits,
La vermine créusai t des routes. >
OMBRES VISITEUSES
. - ’ ■ i ■ -. •• * ....
O mains d’ambre rosé, niains. de plume et d’ouate
Où tremble autant d'esprit que sur la livre moite,
Et de rêve que dans l’œil bleu ! •
O mignonnettes mains, menottes .à fossettes
Qui servent à l’amour de petites pincettes
Pour tisonner ma chair en feu !
Q petits pieds qui vont comme le Zéphyr passe,
En laissant derrière eux le frisson de la grâce
Et le sillage du désir; - ,
O jarretière noire, à la boucle argentée,
Diadème lascif d’une jambe sculptée «...
U. Pour jes étreintes du plaisir ;
O seins, poires de chair, dures et savoureuses,
Monts blancs où vont brouter mes caresses fiévreuses,
Cheveux d’or auxquels je me pends ;
Ventre pâle où je lis un poème de spasmes,
Cuisse de marbre ardent où més enthousiasmes -
S’enroulent comme des serpents ;
C’est vous que je revois, ombres voluptueuses,
Dans mes instants bénis d’extases'ônctueuses
Et de rêves 'épanouis ; ,
Emergeant du brouillard nacré des mousselines,
Vous flottez devant moi, .parlantes et câlines,
Pleines de parfums inouïs !
i
LÈS PETITS FAUTEUILS
Assis le, long du mur* dans leurs petits 'fauteuils,
Les deux babys chaussés do bottinettes bleues,
Regardent moutonner des bois de,plusieurs lieues
Où l’automne a déjà tendu ses demi-deuils.
Auprès du minet grave et doux comme un apôtre,
Côte à côte ils sont là, les jumeaux ébaubis,
Tous deux si ‘ressemblants de .visage ét d’habits
Que leur mère s’v trompe et les prend l’un pour l’autre.
Aussi, sur le chemin, la bergère en sabots
S’arrêjie pour mieux voir leurs ivresses gentilles
Qu’un barrage exigu, fixé par deux clievilles,
Emprisonne si peu dans ces fauteuils nabots.
Avec l’humidité de la fleur qu’on arrose,
Leur beUche de vingt mois montre ses dents de lait,
Ou se ferme en traçant sur leur minois follet
Un accent circonflexe adorablement rose.
Leurs cheveux frisottés'où la lumière dort
Ont la suavité vapoi-euse des nimbes,
Et, sur leurs front bénis par les anges dos limbes,
S’emmêlent, tortillés en menus crochets d’or
♦
Parfois en tapotant de leurs frêles menottes
La planchette à rebords où dorment leurs panting
Ils poussent des cris vifs, triomphants et mutins
Avec l’inconscience exquise des linottes.
Tout ravis quand leurs yeux rencontrent par hasard
La mouche qui bourdonne et qui fait la navette,
On les voit se pâmer, rire et sur leur bavette *"
Saliver de bonheur à l'aspect d’un lézard.
Un JSfuméro : JPajrzs, lO cent. — Départements, il 5 cènr.
Jeudi 22 Février 4883
9
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ÉA rédaction no répond, pas dtoUàmuèritc oui lai sont ytdrccsét.
Rédacteur enxhef : HENRI ROGHEFORT
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AonBSSER LSTTRS&. CT M&XSAVS lü, André AYARD, ASUINISTIUTK»
Coiiaiê
.. Si j e m’appelais Ferry,—ce n’est pas
un vœu, c’est une supposition,—j e me
ferais,il me semble,un malin plaisir de
multiplier les surprises sous les pas de
mes adversaires. Tout le monde s’at
tend à voir le nouveau cabinet recom
mencer les folies autoritaires et belli
queuses du Grand Ministère. M. Ferry
n’est pas fort; aussi veut-il- que son
pouvoir le soit; Or, pour les politi
ciens d’aujourd’hui, 'la forcé a la pro
priété de remplacer le droit, la justice
et le bon sens. .
Des citoyens vônt paisiblement au
Tère-Lachaise porter des couronnes
sur la tombe de Blanqui. Le gouver
nement charge des sergents de ville
de les assommer, de lès ; arrêter et
donne à ses juges i’ordre’.dçles con
damner. Et quand pu lui reproche sa
brutalité,'il répond '
. « C’est 'vrai,'nous n’avions aucun
motif d’empêcher ces gens de se ren
dre au Père-Lachaise; mais nous té-
nions à établir que nous sommes un
pouvoir fort. » . . *
Tel est le genre de force dont le
sieur Ferry a toujours fait preuve jus
qu’à ce jour. Aussi considère-t-on par
tout comme ouverte l’ère de l’arbitràire
et de la réaction.
Tour un homme* -—je ne dis pas
hônnête, parce qu’il ne faut pas trop
exiger, mais simplement doué de quel
que intelligence, céderait le moment
de donner un éclatant démenti aux si
nistres pronostics que provoque la
constitution du nouveau ministère. Il
est peu probable qu'il ait plus de trois
mois , de portefeuilles „ dans le ventre.
Eli bien 1 puisque M; Ferry, qui aux
obsèques.de Gambetta a tant pleuré
pour avoir le sien, serait si heureux
de le garder, il aurait, un moyen à peu
près infaillible de le visser pour long
temps sur son pupitre ministériel : ce
gérait de débuter par des mesures qui
paraîtraient d’autant plus libérales
qu’elles seraient plus inespérées.
• Plusieurs députés de I’extrême-gau-
©he ont l’intention de déposer un pro-
^èt.o’amnistie en faveur des condamnés
jfe Lyon et.de Montceau-les-Mines. Au
lieu de s’élancer à la tribune pour dé
clarer que le gouvernement la repousse,
qüe M. Ferry y monte pour annoncer
qii’il l’appuie, et nous lui prédisons la
plus longue des présidences du conseil.
Ce serait de la vulgaire équité, puis
que la condamnation des anarchistes,
coupables du délit d’opinion, et celle
des mineurs, dont le crime est d’avoir
suivi des enterremènts civils, ont scan
dalisé d’Europe. -Ce serait, en outre,
de l’excellente politique, attendu que
l’impudence avec laquelle la magis
trature a foulé aux pieds les droits de
la conscience à détaché de la Républi
que bien des cœurs qui reviendraient
à elle. Tout conseille à M. Ferry cette
réparation urgente : son intérêt et ce
lui des institutions républicaines.
Mais, le premier Bonaparte l’a dit :
• les blancs seront- toujours blancs.
M. Ferry, qui serait .capable de toutes
les souplesses pour conserver son mi
nistère une heure de plus, est absolu
ment hors d’état de comprendre qu’il
n’y aurait pas de meilleur procédé
'pour l’y incruster. Ces êtres-là ne
savent même pas deviner ce qu’une
action généreuse peut leur apporter
de secours, à un moment donné. Des
choses sales, tant qu’on voudra ! Il n’y
a que. les choses propres qui leur
répugnent.
Notez que les tyrans les moins déli
cats, Napoléon III, par exemple, ont,
dans certaines circonstances, cherché
à apaiser l’opinion publique par des
amnisties échelonnées. M. Ferry est
inaccessible à ce sentiment ou à ce
calcul. Loin d’amnistier les innocents
qui croupissent, à celte heure, dans
les irflfectes prisons deLyon, il y a gros
à'parieé qu’il va s’empresser d’en pour
suivre d’autres.
Ce n’est pas que nous éprouvions la
moindre peine à voir le nouveau minis
tère accentuer l’antipathie qu’il inspire
déjà aux républicains sérieux. Nous
sommes même convaincu queM. Ferry
nous rendra, à son insu, un très'grand
service : celui de montrer,"avant peu de
jours, le gambettisme,dorît il a pris la
direction, sous un aspect tellement ré
pugnant que la chute de ce groupe
d’affamés sera, cette fois, irrémédia
ble.
La seule façon, pour lui, de se sau
ver serait de s’approprier la proposi
tion d’amnistie. Mais nous ne lui avons
donné le conseil de le faire .que parce
que nous le connaissons assez pour
être sûr qu’il ne lé fera pas. n
HENRI ROCHEFORT
Par décrets en date du 19 février, sont
convoqués pour le dimanche 18 mars pro
chain, à l’effet d’élire un député, le collège
électoral de l’arrondissement de Nogent-
sur-Seinc (Aube), en remplacement de MV
Jean Casimir-Perior, démissionnaire, et le
collège électoral de l’arrondissement de Fi-
geac (Lot), en remplacement de M.Teilliard,
démissionnaire. •
liA CRISE
Il n’y. avait, hier, au Palais-Bourbon, au
cune réunion de grimpe* ni de commission
parlementaire. .
On no s’entretenait, dans le salon do la
Paix, que des démarches de M. Jules Ferry
pour arriver & composer le nouveau cabi-
net. •
Le député des Vosges rencontre, paraît-il,
toutes sortes d’obstacles imprévus.
La gauche radicale et l’Union démocrati
que semblent en majorité décidées à lui re
fuser leur concourf.
Il paraît certain que le nouveau prési
dent du conseil/a songé, 7dès la première
heure, A s’assurer la. collaboration de M.
Devôs; mais celui-ci, dont l’influence s’est
considérablement développée ' depüis trois
semaines, n’a accepté un portefeuille que
sous des conditions déterminées. ' >.
Ges conditions ne pouvaient se concilier
avoc les engagements que M. Jules Ferry a
pris d’autre part. . ...
• L’ancien garde des sceaux né fera, donc
pas partie du nouveau cabinet. . .
il a même adressé, hier, une demande de
congé de quinze jours "au président de la
Chambre, pour se rendre à Biarritz.
M. Devôs partira vendredi pour le Midi
avec sa famille.
*** , '■■■
MM. Berthelot et Charles Brun refusent
d’accepter : le premier, le ministère de l’in
struction publique; le second, celui de la
marine. : ■ • / .
On dit que M. Jules Ferry serait décidé à
laisser le portefeuille^de l’instruction pu
blique à M. Duvaux.
; M. Barbey ayant refusé le portefeuille de
la marine pour des raisons do convenances-
personnelles, M.-. Jules Ferry était, hier en
core,"assez embarrassé de-pourvoir à ce'dé
partement ministériel. Il espérait encore,
toutefois, que le refus de M. Baripy n’était
pas irrévocable.
M. Jules Ferry s’est rendu "hier matin, à
dix heures, à l’Elysée, où il a eu avec le
l^sident de la République un entretien qui
a duré jusqu’à onze heures un quart.
Le .député des Vosges a rendu -compte
au chef de l’Etat do la marche des négocia
tions.
-*** -
M. Tirard, après quelques hésitations, ac
cepte de nouveau le portefeuille des finan
ces. Il a eu à ce sujet un entretién avec M.’
Ferry, et il s’est réservé d’établir librement,'
dans des conditions qu’il a fait connaître, le
budget de 1881/.
Les difficultés créées par la désignation,
des titulaires des portefeuilles de l’intérieur
sont aplanies. M. Waldeck-Rous3eau sera
mfrrtstre de l’intérieur ctM. Martin-Feuillée
ministre de la justice.
, *** '
À cinq heures, aucune ouverture n’avait
été faite encore à’M. le général Tliibaudin.
Cotte nouvelle, dont nous pouvons garan-,
tir l’exactitude, a été fort mal accueillie par
les députés qui se trouvaient à la Chambre.
Beaucoup do députés paraissaient surpris
de la réserve gardée par le nouveau prési
dent du conseil vis-à-vis de l’ancien minis
tre qui avait pris, d’une façon si formelle,
l’engagement d’appliquer aux membres des
familles qui ont régné en France les dispo
sitions de la loi de 183â.
Quant au portefeuille du commerce, si M.”
Méliné auquel il a été offert et qui n’avait
pas encore répondu hier, ne se décidait pas
à le prendre, il serajt-proposé, dit-on, à
M. Tolain. -
■*V
La question des sous-secrétaires d’Etat ne
sera abordée, naturellement, que lorsque le
cabinet sera définitivement constitué, et à
dix heures du soir on ne savait encore rien
de précis à cet égard.
Ou assurait toutefois que M. Jules Roche
serait chargé du sous-secrétariat de la
justice:
‘ Il est certain, toutefois, que si le ministère
ne figure pas ce matin encore au Journal
officiel, il y sera demain, et que le cabinet
Jules Ferry se présentera jeudi devant les
Chambres. ^ :
La formation du cabinet' est de plus en
plus pénible. Hier* au moins, il était
question, pour excuser l’inexplicable.re-
tard qui se produit, de la nécessité de sa
tisfaire l’opinion. C’était acceptable. Mais
- ce n’était pas exact. •
La vérité, c’est qu’il y a -des compéti
tions’de personnes. C’est que la chasse
aux portefeuilles est acharnée.
Tout particulièrement, le département
. de l’intérieur est recherché. On se l’ar
rache. Deux adversaires sont en présence:
MM. Waldeck-Rousseau et Martin-Feuil-
: lée. Un>de nos confrères dit à ce sujet :
« Celui des deux qui sera - évincé menace
de faire.à l’autre une guerre sans merci. »
C’est édifiant ! -
De tous côtés, on nous crie : le com-
i merce va mal, les affaires sont interrom
pues,-la-confiance* s'ébranle. Tout cela,
phénomène invraisemblable, : parce qûo
nous sommes dépourvus de ministère.
Et. qui; empêche de raffermir la con
fiance, de rendre l’essor aux affaires, de
i rassurer le commerce ? Cés ambitions, qui
, ontpour npm Martin-Feuillée etWaldeck-
iRpusSèaic ' - . - . . " • , ■
Les patriotes ! " ;
. ; Quand jè songe que l’uh de ces person
nages sera forcément choisiaura une
part d’autorité dans le gouvernement, je
ne puis me défendre d’une inquiétude : ce
ne sont pas les hostilités qu’ouvrira le
vaincu qui m’alarment, mais les conces
sions dont le vainqueur sera capable.
LE
Rome, 20 février.
Les journaux Esercito et Fanfalla an
noncent que le commandant du cuirassé
Ancona est ..porteur d’un pli cacheté,adressé
au consul italien à Tripoli et contenant les
instructions suivantes :
.... ■■ ' T ' J
Si dahs . un . certain délai il n’est .pas 1 ac
cordé par les autorités tripolitaines pleine
satisfaction à l’Itâlië, le consul devra bais
ser :son pavillon et se retirer à bord .de
Y Ancona, en confiant aji consul allemand la
protection des nationaux italiens et'des ar
chives, . . •
;• .: • ■ ” ; ■ Rome,-$0 février,
- L’agence Stpfani dément la. nouvelle que
l’Italie préparerait un corps d’armée destiné
à "occuper. Tripoli, : et que deux : cuirassés
■ participeraient à l’expédition.
Constantinople; 20 février.'”
En vertu des instructions qu’il a -reçues,
le comte Côrti, ambassadeur d’Italie, a de
mandé "à la Porte, non seulemenWa punition
des auteurs dé l’offense faite-au consulat
italien à Tripoli, mais aussi un acte public
de réparation immédiate.
Le comte Corti a annoncé le départ d’un
cuirassé italien pour Tripoli.
Avant de quitter Montpellier, le général
Brincourt a adressé à ses troupes un
\ ordre du jour, duquel nous extrayons les
" passages, suivants :
Une décision du gouvernement m’oblige à
vous quitter pour allor prendre le commande
ment delà 17* division, à Châtenuroux. »
Le sentiment de la discipline est trop pro
fond chez, moi pour que je ne m’incline pas
respectueusement devant un blâme qui.émané'
du gouvernement de mon pays, quelque dur
que ce blâme puisse paraître S un grand di
gnitaire de l’ordre" de la Légion d’honneur, â
un soldat qui est dans sa vingtième année de,
grade do général et qui coihptc autant de
blessures ou de citations àl’ordre-du jour que
do campagnes;
J’obéis sans hésitation ni murmures.
Un vrai soldat doit souffrir et se taire
- . Sans murmurer, . •
a dit Scribe. Le général Brincourt ne rem
plit pas, toutes les conditions de ce pro
gramme. Il souffre sans murmurer; mais
il ne se tait pks. ...
Le Messager du Midi, fouille dont le
radicalisme est sans bornes,nous apprend,
en outre, que le général a refusé les visi
tes de corps qui lui étaient dues à l’occa
sion de son départ; mais qu’il a reçu
toutes ^les personnes de la ville et, indi
viduellement, les officiers de la gai'nison
qui ont tenu à prendre congé de lui. L’af
fluence était telle, ajoute notre confrère,
que le défilé des visiteurs a duré plusieurs
heures. • •.
Le général, entouré des officiers de son état-
major, était en grande tenue. Il avait son
grand cordon de la Légion- d’honneur en sau
toir; sa poitrine était couverte do médailles,
de décoratioiïs, do crachats, .parmi lesquels :
l’Epée de Suède, de Saint-Oraf de Norvège-, le
Danemar]Ç*le Léopold d’Autriche, le Medjidié
de Turquie, le Saint-Stanislas de Russie, le
Notre-Dame de Guadoloupe. du Mexique; . ■ ■
Allons, allons,' général, il ne faut pas
exagérer les clidsesy què^diable ! La dis
grâce qui vous atteint est, somme toute,
assez légère. Cé îi’eSt - qu’une croix de
plus à porter, et si légère qu’avec l’habit
tudé que vou3 en avez vous ne vous en
apercevrez même pas. :
A l’exemple des « notables » commerçants
delà rue du Sentier, Y Union des Chambres•
syndicales de France, qu’il ne faut pas con
fondre avec Y Union fédérative du Parti ou
vrier, à cru devoir envoyer, elle aussi, à
M. Grévy une délégation qui, d’ailleurs, n’a
pas été reçue.
-Les commerçants voyaient la cause de la
crise dans l’instabilité ministérielle; les syn
diquas la voient dans 'les menées monar
chiques et « dans l’abandon de la politique
séculaire en Orient ». Commerçants et syn
diqués voient les choses bien superficielle
ment.
lénigme
■ :o NSTITL'TIO.N XEI. L E
Deux groupes importants de la
Chambre, l’extrême-gauche et la gau
che radicale, viennent de décider qu’ils
demanderaient la mise prochaine à
.l’ordre du jour des propositions Ba-
rodet et Andrieux, tendant à la 'révi
sion, par le Congrès des lois constitu
tionnelles. Comme cette initiative se
produit à l’occàSTon du' rejet de la loi
Barbey et immédiatement après un
brutal refus de conciliation dont les
députés se sont sentis vivement irri
tés, il est parfaitement clair qu’il s’a
git, cette fois, d’une manifestation ou
vertement dirigée contre l’existence
même de la Chambre haute. ■
D’autre part, on peut afîirmer que
la situation n’a jamais été plus favo
rable à une tentative de cette nature.
La majorité de la Chambre avait con
sidéré que le sort des lois d’exil,si pres
tement enterrées par le Sénat, était lié
au salut de la République. Quantité dé
discours, de propositions, d’amende
ments et de déclarations de toute es-»
. pèce l’ont solennellement affirmé y en
sorte que ladite majorité ne pourra*
guère, à ce qu’il semble, refuser, son
adhésion sans paraître déserter le plus
sacré de ses devoirs. Enfin, il faut
ajouter que le terrain est. admirable-*
ment préparé, grâce aux progrès con
sidérables qu’ontfaits depuis huit jours
dans l’opinion publique les idées révi
sionnistes. 1.
Sur , ce point, je ne pense pas qu’un
doute puisse être soulevé. M. Auguste
Vacquerie, qui s’est prononcé dans le
Rappel contre toutes les propositions
de loi spéciales aux prétendants et
qui a très fermement réclamé contre
eux l’application du droit commun,
.estime que l’occasion est mal choisie
d’une campagne contre le Sénat, parce
Qû’on ne soulève pas l’opinion, dans
une nation républicaine, en faveur des
idées "de proscription. C’est parfaite
ment raisonner, en théorie, mais assez
mal en fait.
Le Sénat, en effet, n’a pas repoussé
«les lois d’exception par respect des
jprincipes républicains : il les a crues,
rau, contraire,-beaucoup trop républi-
jeaines*; il, ne les a, pas ' envisagées'
[comme insuffisamment efficaces ; elles
; l’étaient encore beaucoup trop,suivant
lui. ,
Vraiment; c’eût été trop beau, si le
vote des sénateurs eût été inspiré par
les considérations qui ont dicte le ma
nifeste lu par M. A. de La Forge, au
nom de là minorité deFextrême-gauche!
Mais il n’en a pas été ainsi le moins du
monde. Le Sénat a très visiblement fait
une manifestation orléaniste, et lnpays
ne s’y est pas un seul instant trompé.
Voilà pourquoi, jusque dans lés nuan
ces-les plus modérées de l’opinion ré
publicaine* le Sénat a, dans la semaine
qui vient de s’écouler, perdu un nom
bre considérable de ses derniers par
tisans.
; Ainsi devoir étroit pour la Chambre,
adhésion presque unanime du pays.
Avais-je raison de dire que jamais
situation plus prospère aux partisans
de la révision ne s’était encore pré
sentée? Cependant, MM. les sénateurs
dorment tranquillès sur leurs deux
oreilles et se soucieht dés'colères qui
grondent sur leurs crânes commé de
leur dernier cheveu. C’est que-la
Sénat a la vie dure, et qu’en réalité, à
moins d’une combinaison géniale
dont rien ne £ajt encore prévoir la dé
couverte, on ne le détruira pas par les
moyens constitutionnels et légaux.
La clause de révision est comme si
elle n’était pas, puisqu’elle a été établie
précisément en vue de déposséder le
pays et ses représentants de leurs pou
voirs constitutionnels, et d’enfermer
la République dans Une impasse d’où
elle ne peut sortir que par un coup de
force. Sans le consentement dit Sénat,
pas de Congrès. Et. on n’imagine pas'*
le Sénat-consentant au Congrès, si le
Congrès c’est sa mort. Sa résistance"
s’accroît nécessairement avec le péril*.
D’où cette conclusion : que chaque pas
en avant détermine un pas en arrière,
et que plus la révision s’impose, plus'
en apparaît l’impossibilité.
Suppose-t-on l’impossible réalisé,'le
Congres réuni? Alors, le résultat est
facile à prévoir, et le compte des voix
facile à établir. Au Sénat, pas un par
tisan de l’abolition. Donc, en chiffres 1
rnm^'wmss»
Les Névroses
Sous ce titre, paraît aujourd’hui, chez l’éditeur Charpentier, un
irre dont la ^rease a déjà beaucoup parlé, et qui sé recom-
aando par de grandes qualités de force, de couleur et d’ori-
[inaUté. "L’auteur, dont le nom sera bientôt connu de tous* s’appelle
laurice Rollinat. " ,1
Nous détachons «de ce remarquable volume les pages qui suivent : j
Ët tu seras bénie, et ce soir dans ta chambre '
Où tant de frais parfums vocalisent en chœur,
Poète agenouillé sous tes prunelles d’ambre,
Je baiserai tes doigts qui font pleurer mon coeur J
«ST
MARCHES FUNÈBRES
. Toi, dont les longs doigts blancs de statue amoureuse?
Agiles sous le poids des somptueux anneaux,
Tirent la voix qui berce et le sanglot qui creuse
Des entrailles d’acier de tes grands pianos,
Toi, le cœur inspiré qui veux que l’Harmonie
Soit une mer où vogue un chant mélodieux, _
■ Toi qui, dans la musique, à force de génie,
. fais chanter les retours et gémir les adieux,
Joue encore une fois ces deux marches funèbres
' Que laissent Beethoven et Chopin, ces grands morts,
! ‘ Pour les agonisants, pèlerins des ténèbres,
Qui s’en vont au cercueil, graves et sans remords.
Plaque nefveusetoont Sur les touches d’ivoire
Ces effravants-accords, glas de l’humanité,
Où la vie en mourant exhale un chant de gloire
[Versl’flzur idéal deTimmortalité,
LA BELLE FROMAGÈRE
Par la rue enfiévrante où mes pas inquiets
Se traînent au soleil comme au gaz, je voyais
Derrière -une affreuse vitrine ,
Où s'étalaient du’beurro et des fromages gras,
Une superbe enfant dont j’admirais les bras
Et la plantureuse poitrine.
Le fait est que jamais fille ne m’empoigna
Comme elle, et que jamais momoeil fou fie lorgna
De beauté plus affriolante!
Un nimbe de jeunesse ardente et de santé
Auréolait ce coq^s frais où la puberté
Etait encore somnolente.
Elle allait portant haut dans l’étroit magasin
Son casque de cheveux plus noirs que le fusain,
Et, douce trotteuse en galoches*
Furetait d’un- air gai dans les coins et recoins,
Tandis que les bondons, jaunes commcrdes coings,
Se liquéfiaient sous les cloches.
Armés d’un petit fil do laiton, ses doigts vifs
Détaillaient prestement des beurres maladifs
A des acheteuses blafardes ; ‘ i
Des beurres, qu’on savait d’un rance capiteux,
Ët qui suaient l'horreur dans leurs linges piteux,
Comme un affamé dans ses hardes.
Quand sa lame entamait Gruyère ou Roquefort,
Je la voyais peser sur elle avec effort,
‘Son petit nez frôlant,les croûtes,
Et rien n’était mignon comme ses petits doigts
Découpant le Marolle infect où, par endroits,
La vermine créusai t des routes. >
OMBRES VISITEUSES
. - ’ ■ i ■ -. •• * ....
O mains d’ambre rosé, niains. de plume et d’ouate
Où tremble autant d'esprit que sur la livre moite,
Et de rêve que dans l’œil bleu ! •
O mignonnettes mains, menottes .à fossettes
Qui servent à l’amour de petites pincettes
Pour tisonner ma chair en feu !
Q petits pieds qui vont comme le Zéphyr passe,
En laissant derrière eux le frisson de la grâce
Et le sillage du désir; - ,
O jarretière noire, à la boucle argentée,
Diadème lascif d’une jambe sculptée «...
U. Pour jes étreintes du plaisir ;
O seins, poires de chair, dures et savoureuses,
Monts blancs où vont brouter mes caresses fiévreuses,
Cheveux d’or auxquels je me pends ;
Ventre pâle où je lis un poème de spasmes,
Cuisse de marbre ardent où més enthousiasmes -
S’enroulent comme des serpents ;
C’est vous que je revois, ombres voluptueuses,
Dans mes instants bénis d’extases'ônctueuses
Et de rêves 'épanouis ; ,
Emergeant du brouillard nacré des mousselines,
Vous flottez devant moi, .parlantes et câlines,
Pleines de parfums inouïs !
i
LÈS PETITS FAUTEUILS
Assis le, long du mur* dans leurs petits 'fauteuils,
Les deux babys chaussés do bottinettes bleues,
Regardent moutonner des bois de,plusieurs lieues
Où l’automne a déjà tendu ses demi-deuils.
Auprès du minet grave et doux comme un apôtre,
Côte à côte ils sont là, les jumeaux ébaubis,
Tous deux si ‘ressemblants de .visage ét d’habits
Que leur mère s’v trompe et les prend l’un pour l’autre.
Aussi, sur le chemin, la bergère en sabots
S’arrêjie pour mieux voir leurs ivresses gentilles
Qu’un barrage exigu, fixé par deux clievilles,
Emprisonne si peu dans ces fauteuils nabots.
Avec l’humidité de la fleur qu’on arrose,
Leur beUche de vingt mois montre ses dents de lait,
Ou se ferme en traçant sur leur minois follet
Un accent circonflexe adorablement rose.
Leurs cheveux frisottés'où la lumière dort
Ont la suavité vapoi-euse des nimbes,
Et, sur leurs front bénis par les anges dos limbes,
S’emmêlent, tortillés en menus crochets d’or
♦
Parfois en tapotant de leurs frêles menottes
La planchette à rebords où dorment leurs panting
Ils poussent des cris vifs, triomphants et mutins
Avec l’inconscience exquise des linottes.
Tout ravis quand leurs yeux rencontrent par hasard
La mouche qui bourdonne et qui fait la navette,
On les voit se pâmer, rire et sur leur bavette *"
Saliver de bonheur à l'aspect d’un lézard.
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