Titre : L'Univers
Éditeur : L'Univers (Paris)
Date d'édition : 1900-01-14
Contributeur : Veuillot, Louis (1813-1883). Rédacteur
Contributeur : Veuillot, Pierre (1859-1907). Rédacteur
Contributeur : Veuillot, François (1870-1952). Rédacteur
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34520232c
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 14 janvier 1900 14 janvier 1900
Description : 1900/01/14 (Numéro 11660). 1900/01/14 (Numéro 11660).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse Collection numérique : Bibliographie de la presse
Description : Collection numérique : BIPFPIG44 Collection numérique : BIPFPIG44
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k769081g
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/02/2011
1
Dimanche 14 Janvier 1900
Edition quotidienne. ■» 11,660
Elmanche 14 Janvier 1900
ÉDITION ÇUOTIDIENN®
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Paris 10 etnt,
Départements 15 —■
ET
BUREAUX : Pari», rue Cassette, if
On g'abonne à Rome, place du OenA, S
LE MONDE
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PARIS .ÉTRANGER
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Six moi» 10 » A3 »
Trois moi»..o«» 5 » 8 KO
%» abonnements partent des 1" et 16 de ohaqae aaeSO
Xi'UltlVERS nt répond pas des manuscrits qui lui sont adressé
ANNONCES
BSM. LAGRANGE, CERF et O, 6, place de ia Boum
îsïSS
PARIS, 13 JANVIER 1900
SOMMAIRE
Lal'gne droite
Quadruple erreur..
Ç4 et là : Arrivistes..
A la Chambre
Au profit de l'An
gleterre
Correspondance ro
maine
Les conférences du
Luxembourg
Feuilleton : Qulbe-
ron
Eugène Veuillot.
Pierre Vbuiuo*.
G. d'Azambota.
G. de Triors.
Eugène Tavernier.
Edouard Alexandre
A. Rastoul.
Bulletin. — Le congrès des œuvres sacer
dotales. — Prières publiques. — Impres
sions du Vatican. — Le fisc et les con
grégations. — Les poursuites contre les
assomptlonnistes. — Après le procès de
la Haute-Cour. — Informations politi
ques et parlementaires. — Chronique élec -
torale. — Chronique. — Lettres, sciences
et arts. — Les anarchistes. — La guerre
du Transvaal. — Dépêches de l'étranger.
— Un portrait inconnu de Bossuet. —
Académie de médecine. — Nécrologie. —
Echos de partout. — Les décorations.»
Petit Messager du Cœur de Jésus. — Tri
bunaux. — Nouvelles diverses. — Jardin
d'acclimatation.— Calendrier. — Tableau
et bulletin de la Bourse. — Dernière
heure.
em*
LA LIGNE DROITE
Toute bénédiction du Pape arrive
toujours très à propos, toujours
c'est un réconfort et une direction.
Celle que nous avons reçue à l'oc
casion du nouvel an joint à ce carac
tère fondamental l'avantage pour
nous d'une particulière opportu
nité.
En effet, depuis quelque temps le
groupe catholique, allié oblique et
obstiné des réfractaires, travaillait
de toute son astuce à faire croire
que Y Univers était maintenant en
disgrâce près du Saint-Siège. Rome
ne voyait plus en lui la feuille obéis
sante et dévouée, droite en sa mar
che et ferme en ses doctrines dont
le Saint-Père lui-même, parlant à
l'un de nos évêques, avait dit: « C'est
le bon journal. » Ce titre allait pas
ser à d'autres qui le méritaient
mieux. Feuilles réfractaires et feuil
les obliques insinuaient ces choses
et leurs amis les colportaient pas
sionnément partout. A les entendre
ils avaient les informations les plus
sûres du monde. Des évêques, d'au
tres dignitaires de l'Eglise, des per
sonnages divers leur avaient tenu,
soua le sceau provisoire du secret,
les propos qu'ils répétaient à huis
clos, et que bientôt des actes pu
blics confirmeraient. Que de com
munications nous avons reçues d'a
mis que troublaient ces fausses
confidences ! Vingt fois nous avons
songé à les dénoncer. Mais le dé
dain l'emportant sur l'indignation,
nous nous sommes tus.
« Tout vient à point, dit le pro
verbe, à qui sait attendre. » Il est
très juste, ce proverbe. La veille de
Noël, suivant une habitude que le
Saint-Père a daigné autoriser et qui
nous est chère, nous l'avons hum
blement prié de bénir une fois de
plus nos travaux s'ils méritaient
toujours d'être bénis et nous lui
avons renouvelé l'assurance de la
parfaite obéissance d'esprit et de
cœur sans laquelle un journal ca
tholique ne peut bien servir.
Léon XIII, le Vicaire de Jésus-
Christ, nous a répondu: Vous ser
vez bien! On trouvera bon que je
reproduise ici cette réponse qui
met à néant tant de propos sans
fondement et calomnieux :
» Rome, 29 décembre.
« Sa Sainteté a beaucoup agréé
« l'hommage de filial dévouement
« que vous lui avez renouvelé à
« l'occasion des fêtes de Noël. La
« fidélité dont vous avez fait preuve
«t jusqu'ici dans l'obéissance aux di-
« sections pontificales justifie son
« espoir que dans l'avenir aussi
« vous mériterez de mieux en mieux
« la paternelle bienveillance par
« laquelle Elle vous envoie mainte-
« nant la bénédiction apostolique. »
.Nos adversaires ont certainement
pesd tout de suite les termes de cette
Bénédicfion; nous les prions de les
Ï>eser encore. Cette étude pourra
eur profiter.
Le Pape nous bénit pour la fidé
lité dont nous avons fait preuve jus
qu'ici dans l'obéissance aux direc
tions pontificales et, nous connais
sant bien, il en conclut que cette
obéissance sera toujours notre loi
et que dans l'a venir comme dans le
présent nous mériterons sa pater
nelle bienveillance. C'est son espoir.
Cet espoir ne sera pas trompé.
Oui, TrèkT Saint-Père, nous voulons
travailler a 1 e mieux en mieux à mé
riter toujours par notre fidélité, qui
est l'accomplissement du devoir et
la loi de notre foi, vos bénédic*
îions
Les paroles du Pape nous dis
pensent de relever les accusations
méchantes quant aux intentions,
mais au total frivoles et ridicules,
qtt© réfractaires et obliques ont ré
pandues haine usement contre nous.
Certes, sur telle ou telle oaestion
libre, nous avon s peut-être dit quel
ques mots dépassant la mesure.
Quel journal, jugé par des adver
saires passionnés, ne peut prêter à
pareils reproches, surtout s|il est
d'esprit ouvert et large, s'il sait
joindre à l'amour du combat une
loyale sympathie pour ceux des
nôtres qui, sans méconnaître la loi
d'obéissance, cherchent des moyens
nouveaux de faire le bien? C'est
notre cas. La bénédiction du Pape
nous détend de le croire mauvais.
Parmi les pionniers, hommes de
zèle, de travail et de foi dont nous
avons exposé avec bonne volonté
les idées, les vues, les chrétiennes
espérances, la plupart ont été bé
nis, quelques-uns ont reçu de pa
ternels avis ; tous se sont montrés
fils d'obéissance. Que les faux sa
ges, ennemis de tout mouvement,
se vantent de les avoir anathéma-
tisés ; nous sommes heureux, nous,
de ne pas les avoir méconnus.
La preuve que notre attitude a
été selon le devoir et la sagesse,
c'est que le Pape affirme notre fidé
lité et nous bénit. Quand le Maître
suprême, le Juge des juges parle
ainsi, qu'importent les piailleries
de quelques critiques hargneux !
Ces critiques qui nous représen
taient comme ayant erré et persis
tant dans l'erreur ont connu les pa
roles de Léon XIII, ces paroles qui
condamnent leurs imputations.
Qu'en ont-ils dit? Rien. Ce silence,
qui accuse tant de parti pris et de
mauvaise foi, ne nous a pas étonné.
Nous y avons vu de la logique. En
effet, qui ne sait pas obéir au Pape
ne peut être adversaire loyal.
Eugène Veuillot.
0 .
BULLETIN
L a Chambre a, repris hier h discussion
du budget : elle s'est occupée du budget
des chemins de fer.
En fin de séance, un incident a été
soulevé par M. Le Hérissé sur le cas de
M. Million, élu sénateur au mois de
juillet dernier, qui, sans être validé, a
pu siéger à la Haute-Cour, bien qu'il
n'ait pas encore donné sa démission de
député. Lundi, on discutera à nouveau
la question.
On annonce que le sultan Rabah,
usurpateur du sultanat de Bornou, vient
de quitter Bornou pour le Ouadaï, crai
gnant les représailles de la. colonne
française qui est arrivée à Ngi-Gmi au
nord-ouest du lac Tchad.
Nous avons dit hier que des poursui
tes viennent d'être décidées contre un
fonctionnaire du ministère de la guerre
italien, qui serait inculpé de trahison.
Le fonctionnaire en question, qui serait
le neveu d'un haut personnage politique,
aurait livré d'importants secrets d'Etat
à l'attaché militaire de France à Rome.
La Tribuna et la Perseveranza confir
ment aujourd'hui cette information.
Aux Etats-Unis, la commission de la
Chambre des députés vient d'émettre
un avis favorable relativement au pro
jet de construction du canal de Nica
ragua.
On trouvera à f'Etranger l'analyse
d'un discours que M. de Kallay, minis
tre des finances de l'empire austro-hon
grois, vient de prononcer devant les dé
légations autrichiennes-, on y verra
comment on comprend à Vienne les
obligations imposées aux membres de
la I riplice.
La famine augmente aux Indes et le
gouvernement britannique est obligé de
nourrir plus de trois millions d'indivi
dus.
Le général Buller, ainsi que nous l'a
vons dit en Dernière Heure, vient de
faire un mouvement en avant : il a oc
cupé la rive sud de la Tugela, mais les
crues de la rivière vont être pour lui
une cause de grosses difficultés, d'autant
que les Boers sont solidement retranchés
a quatre milles au nord.
On ignore encore le but de ce mouve
ment.
QUADRUPLE ERREUR
Nous trouvons dans le Matin l'en
trefilet suivant :
Un de nos confrères vient d'analyser
le dernier pamphlet épiscopal de Mgr
Isoard, évêque d'Annecy.
MaiB, pour relever 1» valeur de cette
brochure, notre confrère allègue que Bon
auteur, Mgr Isoard, a été un des pre
miers prélats de France à se soumettre
aux instructions pontificales et à accep
ter les institutions républicaines, dont il
ne serait pas l'ennemi.
Il ajoute, d'ailleurs, que ledit pam-
Shlet a immédiatement reçu l'adhésion
e Mgr Perraud, le cardinal aimé du
Pape.
C'est là une erreur historique qui mé
rite d'ôtre relevée, ne fût-ce que pour
fixer l'histoire religieuse de ces dernières
annéeB.
Mgr Isoard n'a cessé, avec Mgr Fava
et Mgr Gouthe-Soulard, de faire la guerre
aux gouvernements républicains, quels
qu'ils fussent.
Il a été déclaré d'abus plusieurs fois,
et dès 1883, c'est-à-dire avant les instruc
tions pontificales ; et par lasuite.les minis
tères qui se jont succédé aux affaires ont
pégligé de réprimer un grand nombre
d'incartades du même prélat, parce qu'il
était trop évident qu'il cherchait à jouer
un rôle politique.
Quant à l'évêque d'Autun — l'évêque
de Paray -le-Monial — dont M. Casimir»
Perier a retardé si longtemps le chapeau,
ce n'est pas l'offenser que de dire que
ses agissements orléanistes ne sauraient
en faire un fidèle des instructions ponti
ficales que si la bonne foi de ces instruc
tions pouvait être mise en doute.
Si ces lignes avaient paru dans
quelque feuille radicale et sectaire,
comme la Lanterne, il n'y aurait
qu'à dédaigner. Mais le Matin est
un journal sérieux, aux informa
tions généralement sûres, et qui se
pique d'être impartial. Il doit donc
etre de bonne foi. Aussi croyons-
nous lui rendre service en l'avertis
sant qu'il a été trompé de la façon
la plus grossière.
Les quatre évêques, — dont trois
encore vivants, — qu'il déclare
des plus notoirement hostiles à
l'institution républicaine, ont, au
contraire, tous les quatre, été en
butte aux attaques des organes mo
narchistes pour leur énergie à re
commander l'action légale et cons
titutionnelle.
Il est vrai cjue Mgr Gouthe-Sou
lard a désire, hautement, que la
République échappât au joug de la
franc-maçonnerie. Le Matin dira-t-
il qu'en formulant ce vœu et en com
battant des mesures qu'il estimait
nuisibles à l'Eglise, l'archevêque
d'Aix a voulu ramener le roi ? Nous
croyqns, nous, qu'une politique
d'apaisement et de liberté rendrait
le régime actuel plus solide encore.
Il y a de vieux républicains pour
penser de la sorte. Le Malin, lui-
même, a souvent paru peu éloigné
de cet avis.
Quant à Mgr Fava, c'est lui qui
reçut de Léon XIII la lettre décisive
où le Pape demandait aux honnê
tes gens de s'unir tous sur le terrain
des institutions, pour être plus forts
contre les sectaires. L'évêque de
Grenoble, très heureux dé cette let
tre, s'empressa de la publier. D'a
vance, il y avait conformé son atti
tude et son action.
L'illustre cardinal Perraud n'a
pas besoin d'être défendu. S'il est
« aimé du Pape », comme le dit
avec raison le Matin (ici bien infor
mé), c'est non seulement à cause de
ses vertus et de ses mérites si
grands, mais aussi parce qu'il est
un de ceux qui ont le mieux com
pris et lo mieux suivi les instruc
tions pontificales. Dans sa lettre à
Mgr Isoard, S. Em. le cardinal Per
raud rappelle ce qu'il disait aux ca
tholiques dès 1880. Et que leur di
sait-il ? De se tenir résolument sur le
terrain légal.
Enfin,représenter Mgr Isoard lui-
même comme un orléaniste, c'est
un comble. L'évêque d'Annecy a, le
premier de tous, adhéré au toast du
cardinal Lavigerie. — Je m'engage
dès ce moment, lui disait-il, dans le
chemin que votre allocution ouvre
aux catholiques... Plus loin, Mgr
Isoard proclamait qu'il ne subsistait
en France « ni esprit monarchique,
ni même trace de cet esprit ». Les
royalistes n'ont point encore par
donné au prélat cette constata
tion.
Le Matin rectifiera. Il le doit à sa
réputation de journal sérieux.
Pierre Veuillot.
Çà et là
« ARRIVISTES »
Avant l'essor des mots en « iste », on
disait tout simplement « ambitieux ».
Aujourd'hui, nous aimons à rajeunir
les noms, même quand nouB ne rajeunis
sons pas les choses. L'ambition est donc
devenue 1' a arrivisme », et, comme telle,
a pris la physionomie d'une institution
d'après 1789.
Le terme d'« arriviste » implique J'ef-
fort qu'il faut faire pour 8e hisser quel
que part où on se trouve bien. Il a dû
être inventé par des gens qui ne pouvaient
pas « arriver », et qui étaient vexés de
voir arriver les autres.
On a dit aussi le a struggleforlifeur »,
mais le mot est plus difficile à prononcer,
et le sens en est peut être plus large.
La lutte pour ia vie comporte deux
formes distinctes : on peut lutter contre
les choses ou contre les hommes, domp
ter des obstacles matériels ou évincer des
concurrents.
O'est surtout à ce dernier but que tend
l'arriviste.
M. Camille Mauclair, dans la Revue
des Revues, étudie ce type, et le définit à
plusieurs reprises. Il voit en lui « le neu
rasthénique de l'énergie ».L'antithèse est
un peu forte et la définition un peu faible.
Il y découvre du « dandysme ». Tous les
arrivistes observent-ils assez les lois de
l'élégance pour être appelés des dandys ?
Il attribue l'éclosion de cette catégorie
Bociale à l'influence de certains romans.
Il dit : « La génération que Constant ins
pira... » Benjamin Constant a-t-il donc
inspiré tant de monde ? Il appelle l'arri
viste « le plus esclave deB hommes ».
Epictète n'eût pas mieux dit, mais est-ce
une nouveauté que l'homme qui veut ar
river doit courber l'échiné devant beau
coup de gens et s'adapter bon gré mal
gré à beaucoup de choses ? Il dit encore :
« L'arrivisme est une manifestation pro
fonde du goût de la hiérarchie et du res
pect des galons et des titres qui inspire la
bourgeoisie. » N'y a-t-il pas pourtant des
gens qui veulent « arriver » à autre chose
qu'à des titres et à des galons ? Mais M.
Mauclair, qui eBt littérateur, se fait de
l'arrivisme un concept surtout littéraire.
Il en revient sans cesse à des personnages
de romans connus 1 : le Julien de Sten-
dhall, le Rastignac de Balzac, l'Adolphe
de Benjamin Constant. Il dénonce même
l'arrivisme chez cet immortel pharma
cien dans lequel Flaubert a si bien in
carné la soliise du tout pet : .t bourgeois
anticlérical : « Homais, dit-il, est arri
viste. »
Certes oui, Homais est arriviste. Il est
même « arrivé ». Nous n'avons qu'à jeter
les yeux Bur notre Parlement pour nous
en convaincre. Seulement, c'est ce qui
nous rend peu compréhensible cette nou
velle définition de M. Camille Mauclair,
que nous trouvons dans le même article,
trois pages plus loin :
a L'arrivisme, c'est la dernière folie
de la réaction psychologique introduite
dans les lettres et les mœurB il y a dix ou
douze ans ; c'est la manifestation de l'é
ducation jésuite, c'est le sémitisme des
chrétiens dégénérés. »
Ici, nous perdons complètement pied.
Quoi ! l'arrivisme eBt la manifestation de
l'éducation jésuite ! Homais eBt dono
élève des bons Pères? Voilà une révéla
tion sensationnelle à laquelle nous ne
nous attendions pas.
Ces affreux jésuites, tout de même ! On
ne connaîtra jamais l'étendue complète
do leurs méfaits. Non contents d'avoir
fait condamner Dreyfus par sept officiers
nourrissons de l'Université, non contents
de fomenter depuis quelques jours la
grève des mineurs de Saint-Etienne, les
voilà maintenant qui créent « l'arri
visme » et inoculent ce virus à M. Ho
mais !
Mais revenons à M.Mauclair. Il va nous
consoler. L'arrivisme est en baisse, pa«
rait-il. O'est quelque chose de « vieux
jeu », de o fini ».Çane prend plus.L'hom
me « arrivé », croit-il pouvoir dire, ins
pire désormais moins d'envie. Est-il pos
sible? Encore un phénomène dont nous
ne nous doutions pas. Et faut-il que M.
Mauclair ait des « tuyaux » joliment
neufs sur l'état d'âme de la jeune géné
ration ! « Un cri unanime, dit-il, s'élève
aujourd'hui chez les jeunes gens de vingt
à vingt-cinq ans pour rejeter cette con
ception stérile. L'arrivisme est déjà mort
virtuellement. Il n'a pas pu se soutenir.
La chlorose le rongeait, et le haussement
d'épaules des nouveaux venus l'a jeté
bas. » Vraiment ? L'art de jouer des cou
des, de marcher sur le pied de ses con
currents, de a se pousser », d'intriguer,
de se recommander, de commettre même
toutes les petites « rosseries » utiles à un
avancement rapide, est-il donc tombé
dans un tel marasme ? Plût à Dieu qu'il
en fût ainsi, mais, hélas !...
« La nation a vu, continue M. Mau
clair, qu'il était profondément illogique
de se faire un idéal des prérogatives so
ciales, à l'heure même où les casteB
touchent à leur fin, où le caractère indi
viduel devient l'unité de valeur publique
et où les titres et les honneurs n'impo
sent plus à personne. » Doux optimisme!
et combien il serait utile, avant d'écrire
de telles phrases, de consulter leB fonc
tionnaires chargés de classer, dans des
cartons ad hoc, les demandes de croix
de la Légion d'honneur ou de palmes
académiques ! Enfin ces déclarations
prouvent toujours une chose, à savoir
que M. Mauclair dédaigne lui-même
d'o arriver », ce qui prouverait une belle
âme. A moins qu'il ne faille donner ici
une variante à certain mot de Pascal, et
Bonger que, si « ceux qui écrivent contre
la gloire veulent la gloire d'avoir bien
écrit », peut-être aussi ceux qui flétris
sent l'arrivisme voient en. cela un excel
lent moyen de faire remarquer leurs arti
cles, autrement dit, d'« arriver ».
M. Mauclair termine par une grande
et originale pensée. « Il faut, dit-il, se
constituer une vie intérieure. » L'auteur
ne se donne pas explicitement comme
l'inventeur de cette maxime, maiB il eBt
clair qu'il la prononce avec l'accent d'un
homme qui prêche une saisissante nou
veauté. Voici d'ailleurs un bout de com
mentaire :
a L'idée, la grande, belle et urgente
idée qu'on n'arrive à rien qu'à soi,
cette idée va devenir un des fondements
de la morale imminente, de celle que
l'époque attend, de celle qui va être aussi
nécessaire que le pain et le soleil. Et il
faut distinguer entre le moi, qui est sur
la terre, et le soi, qui est le reflet de la
conscience se contemplant dans l'infini. »
Inclinons-nous ici sans réserve. Le
concept est tout à fait neuf. Nous con
naissions l 'histoire du moi qui s'oppose
le non moi et se reconnaît identique à ce
non-moi. Mais l'histoire du moi qui n'est
paB le soi eBt aussi curieuse dans son
genre. Le « moi », c'est le but où tend
M. Homais, en vertu de son éducation jé-
Buite. Le a soi », c'est le but où tend
Unanimement, en compagnie de M. Mau
clair, la jeune génération d'aujourd'hui,
qui apparemment ne contient plus un
seul Hamoisni un seul élève des jésuites.
Réjouissons-nous ; l'avènement de la vie
intérieure est proche, et si, pour démon
trer la tendance qu'ont les conBcienceB
modernes à B 'absorber dans la sereine
contemplation de l'infini, nous avions
besoin de signaler quelques symptômes,
nous n 'aurionB qu'à rappeler l'affaire
Dreyfus et la Haute-Cour.
G. d'Azambuja.
Chaque demande de changement
d'adresse doit être accompagnée de
50 centimes en timbres-poste.
LE fOffGRÉS DES ŒUVRES SACERDOTALES
La Semaine religieuse de Bourges
publie la note suivante :
Notre Saint-Père le Pape Léon XIII a
daigné agréer qu'un congrès de» œuvres
BacerdotaleB soit réuni à Bourges, en
l'année 1900.
Ce congrès aura pour objet une étude
et un commente 're pour l'application à la
vie pratique, de la mémorable « Lettre
encyclique de Sa Sainteté aux archevê
ques, évêques et au clergé de France »,
en date du 8 septembre 1899.
PRIÈRES PUBLIQUES
Des prières publiques, à l'occa
sion de la rentrée des Chambres,
sont prescrites par NN. SS. l'ar
chevêque de Chambéry et l'évêque
de Vannes.
— 4___
lîSPRESSISKSJU VATICAN
La Semaine religieuse de Lyon
rend compte d'une réception à l'ar
chevêché à l'occasion du retour de
Rome de S. Em. le cardinal Coul-
lié.
S. Em. le cardinal Coullié a ré
pondu en ces termes à une allocu
tion du doyen des chanoines :
Aux nouvelles que vous me demandez
du Saint-Père, je vous répondrai en vous
disant : Quelle merveille que cette santé
toujours vaillante, que cette lucidité par
faite, que cette mémoire impeccable, qui
Bont une preuve visible de la protection
de la Providence ! Léon XIII le comprend.
Il y a quelques semaines, il a voulu re
cevoir et bénir des jeunes filles d'Aquila,
qui ont offert, chacune, une année de
leur vie pour la prolongation de la sienne.
Il semble bien qu'il compte que ce vœu
sera ratifié au ciel. Cet état d'âme, chez
le pontife suprême,est pour tous ceux qui
l'approchent une grande consolation et
un sujet d'espérance.
La Semaine religieuse de Lyon
ajoute :
En ce qui concerne la France, notre
vénéré cardinal déclare bien haut que
les sentiments de Léon XIII n'ont pas
varié. Le Pape aime trop la France, pour
ne pas éprouver de la tristesse en face de
ses erreurs, qu'il connaît parfaitement ;
mais cette tristesse est accompagnée
d'une sérénité vraiment céleBt \ « J'ai
confiance dans la France, » tel est le
mot qui revient constamment sur les lè
vres de Léon XIII, « et ce mot, que j'ai
entendu, ajoute Son Eminence, m'est allé
au cœur ». Léon XIII compte que la
France, quels que soient leB accidents
que la Providence peut permettre, res
tera toujours la grande nation catholi
que et la fille aîn'e de l'Eglise.
♦
A LA CHAMBRE
Le budget des chemins de fer de l 'Etat.
Le cas de M. Million.
On se rappelle qu'avant les va
cances du Jour de l'an, la Chambre
avait amorcé le débat sur le budget
des chemins de fer de l'Etat, et que
M. Paul Beauregard avait apporté à
la tribune une critique très serrée
du rapport de M. Bourrât.
Les deux adversaires se sont re
trouvés hier : le rapporteur pour
répondre à M. Beauregard, et ce
dernier pour se défendre, comme
on l'avait insinué, d'être en rien
l'avocat conceil des grandes com
pagnies.
Il a fallu que l'argumentation de
M. Beauregard ait singulièrement
embarrassé, depuis trois semaines,
M. Bourrât, pour qu'il y répliquât
avec une vivacité et une ardeur tout
à fait hors de propos. M. Beaure
gard ayant conte, ié les chiffres re
levés dans le rapport, M. Bourrât
lui a tout bonnement reproché de ne
point connaître les choses dont il
parle — ce qui est fort commode, si
non tout à fait comtois. D'un long
discours du ministre des travaux
publics, il faut retenir un exposé de
la situation des grandes compa
gnies, et les intentions arrêtées par
le gouvernement pour modifier un
état de choses qu'on est unanime à
trouver inquiétant.
M. Baudin déclare, en effet, que,
si la sécurité des voyageurs n^est
pas plus menacée sur les réseaux
français que sur les réseaux étran
gers, l'attitude générale des gran
des compagnies a soulevé nombre
de réclamations très fondées.
Partout, on a à déplorer l'insufli-
sance du matériel et des moyens de
transport, mais « la situation sur 1e
réseau de l'Ouest a été particulière
ment lamentable » et ces constata
tions sont d'autant plus doulou
reuses que, depuis un certain nom
bre d'années, le pays, pour ses
moyens de transport, a prélevé sur
l'impôt plus de quatre milliards à
fonds perdus, et l'épargne française
a apporté, de son côté, 12 milliards
environ.
Des réformes profondes s'impo
sent ; il faut que les grandes com
pagnies économisent sur leurs frais
généraux, améliorent leurs servi
ces, construisent des wagons mieux
conditionnés, des locomotives plus
puissantes, et c'est pour imposer
ces réformes, que le ministre vient
de présenter à la Chambre un pro
jet de loi renforçant les pouvoirs de
l'Etat vis-à-vis des compagnies, et
de proposer au Conseil d'État un
autre projet qui soumet le choix des
administrateurs des grandes com
pagnies à l'agrément du gouverne
ment.
La Chambre, en fin de séance, a
été saisie par M. Le Hérissé, d'un
curieux problème de droit parle
mentaire, dont elle a d'ailleurs re
mis la solution à lundi prochain.
M. Million, député du Rhône, a
été élu, le 9 juillet dernier, sénateur
du même département et s'est aus
sitôt transporté au Luxembourg
où, d'ailleurs, sans même être va
lidé, il n'a point perdu son temps,
ayant voté la compétence de la
Haute-Cour et s'étant prononcé,
sans merci, pour la culpabilité de
tous les accusés retenus, en fin de
compte, par le procureur général.
Mais durant que M. Million con
tribuait ainsi au salut de la Répu
blique, sur les bancs du Sénat, il
conservait son siège au Palais-
Bourbon, se gardant d'adresser sa
démission de député et comme s'il
avait tenu à accroître, par le cumul
des deux mandats, son autorité de
juge suprême.
Les mauvaises langues lui prê
tent, il est vrai, un tout autre souci :
on dit que, soumis au renouvelle
ment sénatorial du 28 janvier, M.
Million veut prudemment demeurer
député jusque-là, pour pouvoir, en
cas d'échec, revenir à la Chambre
où il était, avant-hier encore, élu
membre du 10® bureau.
On est venu, bien malencontreu
sement pour lui, troubler une si
douce quiétude, et lui rappeler
qu'une porte doit être ouverte ou
fermée.
M. Million est-il sénateur ou dé
puté ?
Sénateur! répondait M.Le Hérissé,
puisque le paragraphe 313 du Traité
de droit politique de M. Eug. Pierre,
qui fait jurisprudence, porte cjue « le
député, élu sénateur, qui siège au
Sénat,esteonsidéré ipso facto comme
démissionnaire de son mandat de
député. »
Pardon 1 pourra riposter M. Mil
lion, si les vents électoraux lui de
viennent contraires, ce n'est là
qu'une interprétation des lois cons
titutionnelles muettes sur ce point,
je suis député tant que le bureau de
la Chambre n'a pas reçu ma démis
sion.
Mais si M. Million est député, il
n'est point sénateur ; il aurait donc,
à tort, pris pa; « aux délibérations
de la Haute-Cour : la sentence du
4 janvier irrégulière pourrait être
frappée de nullité...
C'est là, en réalité, une question
très complexe dont la Chambre a
voulu toutefois se réserver la so
lution ; par 304 voix contre 201 on
a repoussé le renvoi à la commis
sion du règlement, mais on s'est
ajourné à lundi pour étudier une
motion de M. Le Hérissé, portant
que lorsqu'un député élu au Sénat
aura pris part à vn vote de cette
assemblée « il sera, par le fait même
« constaté par la Chambre, consi-
« déré comme démissionnaire »,
D'ici là, les jurisconsultes sont
appelés à donner lear avis.
Gabriel de Triors.
AU PROFIT CE L'AMEIRRE
Si les protestants voulaient ré
fléchir à leur manière de servir les
intérêts français, ils ne pourraient
pas s'empêcher de reconnaître
qu'elle est bizarre. Ensuite, ils en
arriveraient à soupçonner qu'il y
a vraiment entre la France et le pro
testantisme une opposition histo
rique, politique et morale.
Cette incompatibilité est mise en
relief même par les raisons qu'ils
fournissent pour justifier leur rôle.
Ainsi, dans son numéro de dé
cembre, le Journal des missions
évangéliques publie une longue let
tre adressée aux églises protes
tantes de France par la conférence
générale de Madagascar. Cette let
tre expose la nécessité de « rétro
céder à la « Mission de Londres »
la direction des écoles situées dans
les districts que les missionnaires
anglais ont conservés.
On sait q-ue, le 19 avril dernier,
le général Gallieni a cru devoir dé
cider que les missions étrangères
existant à Madagascar seraient mi
ses sur un pied d'égalité avec leR
missions françaises. Cette mesure
regrettable a été sans nul doute ins
pirée par le désir de calmer les
conflits que le protestantisme n'a
pas cessé d'entretenir dans notre
colonie si tardivement arrachée à
l'étranger.
Nos protestants profitent de la
décision gouvernementale pour se
débarrasser d'un fardeau sous le
quel ils succombaient et pour resti
tuer aux Anglais de précieux
moyens d'action.
Au lendemain de la corîquête, les
établissements anglais à Madagas
car subissaient une crise qui sem
blait devoir les ruiner complète
ment. Pour les sauver, les protes
tants français ont dépensé toute
1 activité possible. La Société dep„
missions de Paris prit à sa char gé
les écoles fondées et administrées
par la Société de Londres- laquelle
retenait seulement Iqs fassions
I
Dimanche 14 Janvier 1900
Edition quotidienne. ■» 11,660
Elmanche 14 Janvier 1900
ÉDITION ÇUOTIDIENN®
.. •; : • • • • PARIS
B* DÉPARTEMENT!
On an.... 40 »
Sir mois 21 »
Trou mens..... 11 »
ÉTRANGÏ»
(union ros'r*&xà
eî »
%Q 50
14 » .
abonnements partent des 1" et 10 de olifcqne mble
©N NUMÉRO |
Paris 10 etnt,
Départements 15 —■
ET
BUREAUX : Pari», rue Cassette, if
On g'abonne à Rome, place du OenA, S
LE MONDE
jJiDITIOKf SEMI -QUOT IDIgKKB
PARIS .ÉTRANGER
; g* SÎPAJlTEMKNïS fBNION P0SXA1Î;
©n àa 20 » 28 »
Six moi» 10 » A3 »
Trois moi»..o«» 5 » 8 KO
%» abonnements partent des 1" et 16 de ohaqae aaeSO
Xi'UltlVERS nt répond pas des manuscrits qui lui sont adressé
ANNONCES
BSM. LAGRANGE, CERF et O, 6, place de ia Boum
îsïSS
PARIS, 13 JANVIER 1900
SOMMAIRE
Lal'gne droite
Quadruple erreur..
Ç4 et là : Arrivistes..
A la Chambre
Au profit de l'An
gleterre
Correspondance ro
maine
Les conférences du
Luxembourg
Feuilleton : Qulbe-
ron
Eugène Veuillot.
Pierre Vbuiuo*.
G. d'Azambota.
G. de Triors.
Eugène Tavernier.
Edouard Alexandre
A. Rastoul.
Bulletin. — Le congrès des œuvres sacer
dotales. — Prières publiques. — Impres
sions du Vatican. — Le fisc et les con
grégations. — Les poursuites contre les
assomptlonnistes. — Après le procès de
la Haute-Cour. — Informations politi
ques et parlementaires. — Chronique élec -
torale. — Chronique. — Lettres, sciences
et arts. — Les anarchistes. — La guerre
du Transvaal. — Dépêches de l'étranger.
— Un portrait inconnu de Bossuet. —
Académie de médecine. — Nécrologie. —
Echos de partout. — Les décorations.»
Petit Messager du Cœur de Jésus. — Tri
bunaux. — Nouvelles diverses. — Jardin
d'acclimatation.— Calendrier. — Tableau
et bulletin de la Bourse. — Dernière
heure.
em*
LA LIGNE DROITE
Toute bénédiction du Pape arrive
toujours très à propos, toujours
c'est un réconfort et une direction.
Celle que nous avons reçue à l'oc
casion du nouvel an joint à ce carac
tère fondamental l'avantage pour
nous d'une particulière opportu
nité.
En effet, depuis quelque temps le
groupe catholique, allié oblique et
obstiné des réfractaires, travaillait
de toute son astuce à faire croire
que Y Univers était maintenant en
disgrâce près du Saint-Siège. Rome
ne voyait plus en lui la feuille obéis
sante et dévouée, droite en sa mar
che et ferme en ses doctrines dont
le Saint-Père lui-même, parlant à
l'un de nos évêques, avait dit: « C'est
le bon journal. » Ce titre allait pas
ser à d'autres qui le méritaient
mieux. Feuilles réfractaires et feuil
les obliques insinuaient ces choses
et leurs amis les colportaient pas
sionnément partout. A les entendre
ils avaient les informations les plus
sûres du monde. Des évêques, d'au
tres dignitaires de l'Eglise, des per
sonnages divers leur avaient tenu,
soua le sceau provisoire du secret,
les propos qu'ils répétaient à huis
clos, et que bientôt des actes pu
blics confirmeraient. Que de com
munications nous avons reçues d'a
mis que troublaient ces fausses
confidences ! Vingt fois nous avons
songé à les dénoncer. Mais le dé
dain l'emportant sur l'indignation,
nous nous sommes tus.
« Tout vient à point, dit le pro
verbe, à qui sait attendre. » Il est
très juste, ce proverbe. La veille de
Noël, suivant une habitude que le
Saint-Père a daigné autoriser et qui
nous est chère, nous l'avons hum
blement prié de bénir une fois de
plus nos travaux s'ils méritaient
toujours d'être bénis et nous lui
avons renouvelé l'assurance de la
parfaite obéissance d'esprit et de
cœur sans laquelle un journal ca
tholique ne peut bien servir.
Léon XIII, le Vicaire de Jésus-
Christ, nous a répondu: Vous ser
vez bien! On trouvera bon que je
reproduise ici cette réponse qui
met à néant tant de propos sans
fondement et calomnieux :
» Rome, 29 décembre.
« Sa Sainteté a beaucoup agréé
« l'hommage de filial dévouement
« que vous lui avez renouvelé à
« l'occasion des fêtes de Noël. La
« fidélité dont vous avez fait preuve
«t jusqu'ici dans l'obéissance aux di-
« sections pontificales justifie son
« espoir que dans l'avenir aussi
« vous mériterez de mieux en mieux
« la paternelle bienveillance par
« laquelle Elle vous envoie mainte-
« nant la bénédiction apostolique. »
.Nos adversaires ont certainement
pesd tout de suite les termes de cette
Bénédicfion; nous les prions de les
Ï>eser encore. Cette étude pourra
eur profiter.
Le Pape nous bénit pour la fidé
lité dont nous avons fait preuve jus
qu'ici dans l'obéissance aux direc
tions pontificales et, nous connais
sant bien, il en conclut que cette
obéissance sera toujours notre loi
et que dans l'a venir comme dans le
présent nous mériterons sa pater
nelle bienveillance. C'est son espoir.
Cet espoir ne sera pas trompé.
Oui, TrèkT Saint-Père, nous voulons
travailler a 1 e mieux en mieux à mé
riter toujours par notre fidélité, qui
est l'accomplissement du devoir et
la loi de notre foi, vos bénédic*
îions
Les paroles du Pape nous dis
pensent de relever les accusations
méchantes quant aux intentions,
mais au total frivoles et ridicules,
qtt© réfractaires et obliques ont ré
pandues haine usement contre nous.
Certes, sur telle ou telle oaestion
libre, nous avon s peut-être dit quel
ques mots dépassant la mesure.
Quel journal, jugé par des adver
saires passionnés, ne peut prêter à
pareils reproches, surtout s|il est
d'esprit ouvert et large, s'il sait
joindre à l'amour du combat une
loyale sympathie pour ceux des
nôtres qui, sans méconnaître la loi
d'obéissance, cherchent des moyens
nouveaux de faire le bien? C'est
notre cas. La bénédiction du Pape
nous détend de le croire mauvais.
Parmi les pionniers, hommes de
zèle, de travail et de foi dont nous
avons exposé avec bonne volonté
les idées, les vues, les chrétiennes
espérances, la plupart ont été bé
nis, quelques-uns ont reçu de pa
ternels avis ; tous se sont montrés
fils d'obéissance. Que les faux sa
ges, ennemis de tout mouvement,
se vantent de les avoir anathéma-
tisés ; nous sommes heureux, nous,
de ne pas les avoir méconnus.
La preuve que notre attitude a
été selon le devoir et la sagesse,
c'est que le Pape affirme notre fidé
lité et nous bénit. Quand le Maître
suprême, le Juge des juges parle
ainsi, qu'importent les piailleries
de quelques critiques hargneux !
Ces critiques qui nous représen
taient comme ayant erré et persis
tant dans l'erreur ont connu les pa
roles de Léon XIII, ces paroles qui
condamnent leurs imputations.
Qu'en ont-ils dit? Rien. Ce silence,
qui accuse tant de parti pris et de
mauvaise foi, ne nous a pas étonné.
Nous y avons vu de la logique. En
effet, qui ne sait pas obéir au Pape
ne peut être adversaire loyal.
Eugène Veuillot.
0 .
BULLETIN
L a Chambre a, repris hier h discussion
du budget : elle s'est occupée du budget
des chemins de fer.
En fin de séance, un incident a été
soulevé par M. Le Hérissé sur le cas de
M. Million, élu sénateur au mois de
juillet dernier, qui, sans être validé, a
pu siéger à la Haute-Cour, bien qu'il
n'ait pas encore donné sa démission de
député. Lundi, on discutera à nouveau
la question.
On annonce que le sultan Rabah,
usurpateur du sultanat de Bornou, vient
de quitter Bornou pour le Ouadaï, crai
gnant les représailles de la. colonne
française qui est arrivée à Ngi-Gmi au
nord-ouest du lac Tchad.
Nous avons dit hier que des poursui
tes viennent d'être décidées contre un
fonctionnaire du ministère de la guerre
italien, qui serait inculpé de trahison.
Le fonctionnaire en question, qui serait
le neveu d'un haut personnage politique,
aurait livré d'importants secrets d'Etat
à l'attaché militaire de France à Rome.
La Tribuna et la Perseveranza confir
ment aujourd'hui cette information.
Aux Etats-Unis, la commission de la
Chambre des députés vient d'émettre
un avis favorable relativement au pro
jet de construction du canal de Nica
ragua.
On trouvera à f'Etranger l'analyse
d'un discours que M. de Kallay, minis
tre des finances de l'empire austro-hon
grois, vient de prononcer devant les dé
légations autrichiennes-, on y verra
comment on comprend à Vienne les
obligations imposées aux membres de
la I riplice.
La famine augmente aux Indes et le
gouvernement britannique est obligé de
nourrir plus de trois millions d'indivi
dus.
Le général Buller, ainsi que nous l'a
vons dit en Dernière Heure, vient de
faire un mouvement en avant : il a oc
cupé la rive sud de la Tugela, mais les
crues de la rivière vont être pour lui
une cause de grosses difficultés, d'autant
que les Boers sont solidement retranchés
a quatre milles au nord.
On ignore encore le but de ce mouve
ment.
QUADRUPLE ERREUR
Nous trouvons dans le Matin l'en
trefilet suivant :
Un de nos confrères vient d'analyser
le dernier pamphlet épiscopal de Mgr
Isoard, évêque d'Annecy.
MaiB, pour relever 1» valeur de cette
brochure, notre confrère allègue que Bon
auteur, Mgr Isoard, a été un des pre
miers prélats de France à se soumettre
aux instructions pontificales et à accep
ter les institutions républicaines, dont il
ne serait pas l'ennemi.
Il ajoute, d'ailleurs, que ledit pam-
Shlet a immédiatement reçu l'adhésion
e Mgr Perraud, le cardinal aimé du
Pape.
C'est là une erreur historique qui mé
rite d'ôtre relevée, ne fût-ce que pour
fixer l'histoire religieuse de ces dernières
annéeB.
Mgr Isoard n'a cessé, avec Mgr Fava
et Mgr Gouthe-Soulard, de faire la guerre
aux gouvernements républicains, quels
qu'ils fussent.
Il a été déclaré d'abus plusieurs fois,
et dès 1883, c'est-à-dire avant les instruc
tions pontificales ; et par lasuite.les minis
tères qui se jont succédé aux affaires ont
pégligé de réprimer un grand nombre
d'incartades du même prélat, parce qu'il
était trop évident qu'il cherchait à jouer
un rôle politique.
Quant à l'évêque d'Autun — l'évêque
de Paray -le-Monial — dont M. Casimir»
Perier a retardé si longtemps le chapeau,
ce n'est pas l'offenser que de dire que
ses agissements orléanistes ne sauraient
en faire un fidèle des instructions ponti
ficales que si la bonne foi de ces instruc
tions pouvait être mise en doute.
Si ces lignes avaient paru dans
quelque feuille radicale et sectaire,
comme la Lanterne, il n'y aurait
qu'à dédaigner. Mais le Matin est
un journal sérieux, aux informa
tions généralement sûres, et qui se
pique d'être impartial. Il doit donc
etre de bonne foi. Aussi croyons-
nous lui rendre service en l'avertis
sant qu'il a été trompé de la façon
la plus grossière.
Les quatre évêques, — dont trois
encore vivants, — qu'il déclare
des plus notoirement hostiles à
l'institution républicaine, ont, au
contraire, tous les quatre, été en
butte aux attaques des organes mo
narchistes pour leur énergie à re
commander l'action légale et cons
titutionnelle.
Il est vrai cjue Mgr Gouthe-Sou
lard a désire, hautement, que la
République échappât au joug de la
franc-maçonnerie. Le Matin dira-t-
il qu'en formulant ce vœu et en com
battant des mesures qu'il estimait
nuisibles à l'Eglise, l'archevêque
d'Aix a voulu ramener le roi ? Nous
croyqns, nous, qu'une politique
d'apaisement et de liberté rendrait
le régime actuel plus solide encore.
Il y a de vieux républicains pour
penser de la sorte. Le Malin, lui-
même, a souvent paru peu éloigné
de cet avis.
Quant à Mgr Fava, c'est lui qui
reçut de Léon XIII la lettre décisive
où le Pape demandait aux honnê
tes gens de s'unir tous sur le terrain
des institutions, pour être plus forts
contre les sectaires. L'évêque de
Grenoble, très heureux dé cette let
tre, s'empressa de la publier. D'a
vance, il y avait conformé son atti
tude et son action.
L'illustre cardinal Perraud n'a
pas besoin d'être défendu. S'il est
« aimé du Pape », comme le dit
avec raison le Matin (ici bien infor
mé), c'est non seulement à cause de
ses vertus et de ses mérites si
grands, mais aussi parce qu'il est
un de ceux qui ont le mieux com
pris et lo mieux suivi les instruc
tions pontificales. Dans sa lettre à
Mgr Isoard, S. Em. le cardinal Per
raud rappelle ce qu'il disait aux ca
tholiques dès 1880. Et que leur di
sait-il ? De se tenir résolument sur le
terrain légal.
Enfin,représenter Mgr Isoard lui-
même comme un orléaniste, c'est
un comble. L'évêque d'Annecy a, le
premier de tous, adhéré au toast du
cardinal Lavigerie. — Je m'engage
dès ce moment, lui disait-il, dans le
chemin que votre allocution ouvre
aux catholiques... Plus loin, Mgr
Isoard proclamait qu'il ne subsistait
en France « ni esprit monarchique,
ni même trace de cet esprit ». Les
royalistes n'ont point encore par
donné au prélat cette constata
tion.
Le Matin rectifiera. Il le doit à sa
réputation de journal sérieux.
Pierre Veuillot.
Çà et là
« ARRIVISTES »
Avant l'essor des mots en « iste », on
disait tout simplement « ambitieux ».
Aujourd'hui, nous aimons à rajeunir
les noms, même quand nouB ne rajeunis
sons pas les choses. L'ambition est donc
devenue 1' a arrivisme », et, comme telle,
a pris la physionomie d'une institution
d'après 1789.
Le terme d'« arriviste » implique J'ef-
fort qu'il faut faire pour 8e hisser quel
que part où on se trouve bien. Il a dû
être inventé par des gens qui ne pouvaient
pas « arriver », et qui étaient vexés de
voir arriver les autres.
On a dit aussi le a struggleforlifeur »,
mais le mot est plus difficile à prononcer,
et le sens en est peut être plus large.
La lutte pour ia vie comporte deux
formes distinctes : on peut lutter contre
les choses ou contre les hommes, domp
ter des obstacles matériels ou évincer des
concurrents.
O'est surtout à ce dernier but que tend
l'arriviste.
M. Camille Mauclair, dans la Revue
des Revues, étudie ce type, et le définit à
plusieurs reprises. Il voit en lui « le neu
rasthénique de l'énergie ».L'antithèse est
un peu forte et la définition un peu faible.
Il y découvre du « dandysme ». Tous les
arrivistes observent-ils assez les lois de
l'élégance pour être appelés des dandys ?
Il attribue l'éclosion de cette catégorie
Bociale à l'influence de certains romans.
Il dit : « La génération que Constant ins
pira... » Benjamin Constant a-t-il donc
inspiré tant de monde ? Il appelle l'arri
viste « le plus esclave deB hommes ».
Epictète n'eût pas mieux dit, mais est-ce
une nouveauté que l'homme qui veut ar
river doit courber l'échiné devant beau
coup de gens et s'adapter bon gré mal
gré à beaucoup de choses ? Il dit encore :
« L'arrivisme est une manifestation pro
fonde du goût de la hiérarchie et du res
pect des galons et des titres qui inspire la
bourgeoisie. » N'y a-t-il pas pourtant des
gens qui veulent « arriver » à autre chose
qu'à des titres et à des galons ? Mais M.
Mauclair, qui eBt littérateur, se fait de
l'arrivisme un concept surtout littéraire.
Il en revient sans cesse à des personnages
de romans connus 1 : le Julien de Sten-
dhall, le Rastignac de Balzac, l'Adolphe
de Benjamin Constant. Il dénonce même
l'arrivisme chez cet immortel pharma
cien dans lequel Flaubert a si bien in
carné la soliise du tout pet : .t bourgeois
anticlérical : « Homais, dit-il, est arri
viste. »
Certes oui, Homais est arriviste. Il est
même « arrivé ». Nous n'avons qu'à jeter
les yeux Bur notre Parlement pour nous
en convaincre. Seulement, c'est ce qui
nous rend peu compréhensible cette nou
velle définition de M. Camille Mauclair,
que nous trouvons dans le même article,
trois pages plus loin :
a L'arrivisme, c'est la dernière folie
de la réaction psychologique introduite
dans les lettres et les mœurB il y a dix ou
douze ans ; c'est la manifestation de l'é
ducation jésuite, c'est le sémitisme des
chrétiens dégénérés. »
Ici, nous perdons complètement pied.
Quoi ! l'arrivisme eBt la manifestation de
l'éducation jésuite ! Homais eBt dono
élève des bons Pères? Voilà une révéla
tion sensationnelle à laquelle nous ne
nous attendions pas.
Ces affreux jésuites, tout de même ! On
ne connaîtra jamais l'étendue complète
do leurs méfaits. Non contents d'avoir
fait condamner Dreyfus par sept officiers
nourrissons de l'Université, non contents
de fomenter depuis quelques jours la
grève des mineurs de Saint-Etienne, les
voilà maintenant qui créent « l'arri
visme » et inoculent ce virus à M. Ho
mais !
Mais revenons à M.Mauclair. Il va nous
consoler. L'arrivisme est en baisse, pa«
rait-il. O'est quelque chose de « vieux
jeu », de o fini ».Çane prend plus.L'hom
me « arrivé », croit-il pouvoir dire, ins
pire désormais moins d'envie. Est-il pos
sible? Encore un phénomène dont nous
ne nous doutions pas. Et faut-il que M.
Mauclair ait des « tuyaux » joliment
neufs sur l'état d'âme de la jeune géné
ration ! « Un cri unanime, dit-il, s'élève
aujourd'hui chez les jeunes gens de vingt
à vingt-cinq ans pour rejeter cette con
ception stérile. L'arrivisme est déjà mort
virtuellement. Il n'a pas pu se soutenir.
La chlorose le rongeait, et le haussement
d'épaules des nouveaux venus l'a jeté
bas. » Vraiment ? L'art de jouer des cou
des, de marcher sur le pied de ses con
currents, de a se pousser », d'intriguer,
de se recommander, de commettre même
toutes les petites « rosseries » utiles à un
avancement rapide, est-il donc tombé
dans un tel marasme ? Plût à Dieu qu'il
en fût ainsi, mais, hélas !...
« La nation a vu, continue M. Mau
clair, qu'il était profondément illogique
de se faire un idéal des prérogatives so
ciales, à l'heure même où les casteB
touchent à leur fin, où le caractère indi
viduel devient l'unité de valeur publique
et où les titres et les honneurs n'impo
sent plus à personne. » Doux optimisme!
et combien il serait utile, avant d'écrire
de telles phrases, de consulter leB fonc
tionnaires chargés de classer, dans des
cartons ad hoc, les demandes de croix
de la Légion d'honneur ou de palmes
académiques ! Enfin ces déclarations
prouvent toujours une chose, à savoir
que M. Mauclair dédaigne lui-même
d'o arriver », ce qui prouverait une belle
âme. A moins qu'il ne faille donner ici
une variante à certain mot de Pascal, et
Bonger que, si « ceux qui écrivent contre
la gloire veulent la gloire d'avoir bien
écrit », peut-être aussi ceux qui flétris
sent l'arrivisme voient en. cela un excel
lent moyen de faire remarquer leurs arti
cles, autrement dit, d'« arriver ».
M. Mauclair termine par une grande
et originale pensée. « Il faut, dit-il, se
constituer une vie intérieure. » L'auteur
ne se donne pas explicitement comme
l'inventeur de cette maxime, maiB il eBt
clair qu'il la prononce avec l'accent d'un
homme qui prêche une saisissante nou
veauté. Voici d'ailleurs un bout de com
mentaire :
a L'idée, la grande, belle et urgente
idée qu'on n'arrive à rien qu'à soi,
cette idée va devenir un des fondements
de la morale imminente, de celle que
l'époque attend, de celle qui va être aussi
nécessaire que le pain et le soleil. Et il
faut distinguer entre le moi, qui est sur
la terre, et le soi, qui est le reflet de la
conscience se contemplant dans l'infini. »
Inclinons-nous ici sans réserve. Le
concept est tout à fait neuf. Nous con
naissions l 'histoire du moi qui s'oppose
le non moi et se reconnaît identique à ce
non-moi. Mais l'histoire du moi qui n'est
paB le soi eBt aussi curieuse dans son
genre. Le « moi », c'est le but où tend
M. Homais, en vertu de son éducation jé-
Buite. Le a soi », c'est le but où tend
Unanimement, en compagnie de M. Mau
clair, la jeune génération d'aujourd'hui,
qui apparemment ne contient plus un
seul Hamoisni un seul élève des jésuites.
Réjouissons-nous ; l'avènement de la vie
intérieure est proche, et si, pour démon
trer la tendance qu'ont les conBcienceB
modernes à B 'absorber dans la sereine
contemplation de l'infini, nous avions
besoin de signaler quelques symptômes,
nous n 'aurionB qu'à rappeler l'affaire
Dreyfus et la Haute-Cour.
G. d'Azambuja.
Chaque demande de changement
d'adresse doit être accompagnée de
50 centimes en timbres-poste.
LE fOffGRÉS DES ŒUVRES SACERDOTALES
La Semaine religieuse de Bourges
publie la note suivante :
Notre Saint-Père le Pape Léon XIII a
daigné agréer qu'un congrès de» œuvres
BacerdotaleB soit réuni à Bourges, en
l'année 1900.
Ce congrès aura pour objet une étude
et un commente 're pour l'application à la
vie pratique, de la mémorable « Lettre
encyclique de Sa Sainteté aux archevê
ques, évêques et au clergé de France »,
en date du 8 septembre 1899.
PRIÈRES PUBLIQUES
Des prières publiques, à l'occa
sion de la rentrée des Chambres,
sont prescrites par NN. SS. l'ar
chevêque de Chambéry et l'évêque
de Vannes.
— 4___
lîSPRESSISKSJU VATICAN
La Semaine religieuse de Lyon
rend compte d'une réception à l'ar
chevêché à l'occasion du retour de
Rome de S. Em. le cardinal Coul-
lié.
S. Em. le cardinal Coullié a ré
pondu en ces termes à une allocu
tion du doyen des chanoines :
Aux nouvelles que vous me demandez
du Saint-Père, je vous répondrai en vous
disant : Quelle merveille que cette santé
toujours vaillante, que cette lucidité par
faite, que cette mémoire impeccable, qui
Bont une preuve visible de la protection
de la Providence ! Léon XIII le comprend.
Il y a quelques semaines, il a voulu re
cevoir et bénir des jeunes filles d'Aquila,
qui ont offert, chacune, une année de
leur vie pour la prolongation de la sienne.
Il semble bien qu'il compte que ce vœu
sera ratifié au ciel. Cet état d'âme, chez
le pontife suprême,est pour tous ceux qui
l'approchent une grande consolation et
un sujet d'espérance.
La Semaine religieuse de Lyon
ajoute :
En ce qui concerne la France, notre
vénéré cardinal déclare bien haut que
les sentiments de Léon XIII n'ont pas
varié. Le Pape aime trop la France, pour
ne pas éprouver de la tristesse en face de
ses erreurs, qu'il connaît parfaitement ;
mais cette tristesse est accompagnée
d'une sérénité vraiment céleBt \ « J'ai
confiance dans la France, » tel est le
mot qui revient constamment sur les lè
vres de Léon XIII, « et ce mot, que j'ai
entendu, ajoute Son Eminence, m'est allé
au cœur ». Léon XIII compte que la
France, quels que soient leB accidents
que la Providence peut permettre, res
tera toujours la grande nation catholi
que et la fille aîn'e de l'Eglise.
♦
A LA CHAMBRE
Le budget des chemins de fer de l 'Etat.
Le cas de M. Million.
On se rappelle qu'avant les va
cances du Jour de l'an, la Chambre
avait amorcé le débat sur le budget
des chemins de fer de l'Etat, et que
M. Paul Beauregard avait apporté à
la tribune une critique très serrée
du rapport de M. Bourrât.
Les deux adversaires se sont re
trouvés hier : le rapporteur pour
répondre à M. Beauregard, et ce
dernier pour se défendre, comme
on l'avait insinué, d'être en rien
l'avocat conceil des grandes com
pagnies.
Il a fallu que l'argumentation de
M. Beauregard ait singulièrement
embarrassé, depuis trois semaines,
M. Bourrât, pour qu'il y répliquât
avec une vivacité et une ardeur tout
à fait hors de propos. M. Beaure
gard ayant conte, ié les chiffres re
levés dans le rapport, M. Bourrât
lui a tout bonnement reproché de ne
point connaître les choses dont il
parle — ce qui est fort commode, si
non tout à fait comtois. D'un long
discours du ministre des travaux
publics, il faut retenir un exposé de
la situation des grandes compa
gnies, et les intentions arrêtées par
le gouvernement pour modifier un
état de choses qu'on est unanime à
trouver inquiétant.
M. Baudin déclare, en effet, que,
si la sécurité des voyageurs n^est
pas plus menacée sur les réseaux
français que sur les réseaux étran
gers, l'attitude générale des gran
des compagnies a soulevé nombre
de réclamations très fondées.
Partout, on a à déplorer l'insufli-
sance du matériel et des moyens de
transport, mais « la situation sur 1e
réseau de l'Ouest a été particulière
ment lamentable » et ces constata
tions sont d'autant plus doulou
reuses que, depuis un certain nom
bre d'années, le pays, pour ses
moyens de transport, a prélevé sur
l'impôt plus de quatre milliards à
fonds perdus, et l'épargne française
a apporté, de son côté, 12 milliards
environ.
Des réformes profondes s'impo
sent ; il faut que les grandes com
pagnies économisent sur leurs frais
généraux, améliorent leurs servi
ces, construisent des wagons mieux
conditionnés, des locomotives plus
puissantes, et c'est pour imposer
ces réformes, que le ministre vient
de présenter à la Chambre un pro
jet de loi renforçant les pouvoirs de
l'Etat vis-à-vis des compagnies, et
de proposer au Conseil d'État un
autre projet qui soumet le choix des
administrateurs des grandes com
pagnies à l'agrément du gouverne
ment.
La Chambre, en fin de séance, a
été saisie par M. Le Hérissé, d'un
curieux problème de droit parle
mentaire, dont elle a d'ailleurs re
mis la solution à lundi prochain.
M. Million, député du Rhône, a
été élu, le 9 juillet dernier, sénateur
du même département et s'est aus
sitôt transporté au Luxembourg
où, d'ailleurs, sans même être va
lidé, il n'a point perdu son temps,
ayant voté la compétence de la
Haute-Cour et s'étant prononcé,
sans merci, pour la culpabilité de
tous les accusés retenus, en fin de
compte, par le procureur général.
Mais durant que M. Million con
tribuait ainsi au salut de la Répu
blique, sur les bancs du Sénat, il
conservait son siège au Palais-
Bourbon, se gardant d'adresser sa
démission de député et comme s'il
avait tenu à accroître, par le cumul
des deux mandats, son autorité de
juge suprême.
Les mauvaises langues lui prê
tent, il est vrai, un tout autre souci :
on dit que, soumis au renouvelle
ment sénatorial du 28 janvier, M.
Million veut prudemment demeurer
député jusque-là, pour pouvoir, en
cas d'échec, revenir à la Chambre
où il était, avant-hier encore, élu
membre du 10® bureau.
On est venu, bien malencontreu
sement pour lui, troubler une si
douce quiétude, et lui rappeler
qu'une porte doit être ouverte ou
fermée.
M. Million est-il sénateur ou dé
puté ?
Sénateur! répondait M.Le Hérissé,
puisque le paragraphe 313 du Traité
de droit politique de M. Eug. Pierre,
qui fait jurisprudence, porte cjue « le
député, élu sénateur, qui siège au
Sénat,esteonsidéré ipso facto comme
démissionnaire de son mandat de
député. »
Pardon 1 pourra riposter M. Mil
lion, si les vents électoraux lui de
viennent contraires, ce n'est là
qu'une interprétation des lois cons
titutionnelles muettes sur ce point,
je suis député tant que le bureau de
la Chambre n'a pas reçu ma démis
sion.
Mais si M. Million est député, il
n'est point sénateur ; il aurait donc,
à tort, pris pa; « aux délibérations
de la Haute-Cour : la sentence du
4 janvier irrégulière pourrait être
frappée de nullité...
C'est là, en réalité, une question
très complexe dont la Chambre a
voulu toutefois se réserver la so
lution ; par 304 voix contre 201 on
a repoussé le renvoi à la commis
sion du règlement, mais on s'est
ajourné à lundi pour étudier une
motion de M. Le Hérissé, portant
que lorsqu'un député élu au Sénat
aura pris part à vn vote de cette
assemblée « il sera, par le fait même
« constaté par la Chambre, consi-
« déré comme démissionnaire »,
D'ici là, les jurisconsultes sont
appelés à donner lear avis.
Gabriel de Triors.
AU PROFIT CE L'AMEIRRE
Si les protestants voulaient ré
fléchir à leur manière de servir les
intérêts français, ils ne pourraient
pas s'empêcher de reconnaître
qu'elle est bizarre. Ensuite, ils en
arriveraient à soupçonner qu'il y
a vraiment entre la France et le pro
testantisme une opposition histo
rique, politique et morale.
Cette incompatibilité est mise en
relief même par les raisons qu'ils
fournissent pour justifier leur rôle.
Ainsi, dans son numéro de dé
cembre, le Journal des missions
évangéliques publie une longue let
tre adressée aux églises protes
tantes de France par la conférence
générale de Madagascar. Cette let
tre expose la nécessité de « rétro
céder à la « Mission de Londres »
la direction des écoles situées dans
les districts que les missionnaires
anglais ont conservés.
On sait q-ue, le 19 avril dernier,
le général Gallieni a cru devoir dé
cider que les missions étrangères
existant à Madagascar seraient mi
ses sur un pied d'égalité avec leR
missions françaises. Cette mesure
regrettable a été sans nul doute ins
pirée par le désir de calmer les
conflits que le protestantisme n'a
pas cessé d'entretenir dans notre
colonie si tardivement arrachée à
l'étranger.
Nos protestants profitent de la
décision gouvernementale pour se
débarrasser d'un fardeau sous le
quel ils succombaient et pour resti
tuer aux Anglais de précieux
moyens d'action.
Au lendemain de la corîquête, les
établissements anglais à Madagas
car subissaient une crise qui sem
blait devoir les ruiner complète
ment. Pour les sauver, les protes
tants français ont dépensé toute
1 activité possible. La Société dep„
missions de Paris prit à sa char gé
les écoles fondées et administrées
par la Société de Londres- laquelle
retenait seulement Iqs fassions
I
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