Dimanche 7 Janvier 1900
Blitton qnotldlann». — 11,655
Dimanche 7 Janvier 1900
.ÉDITI ON QtT ÔTIDIBNHa
r' .££■ " , t»A»ia ÉTRANGER <
St DÉPARTEMENT! (UNION POSïiJkSl %
On an..'.". 40 » SC, »
Six mois 21 » 26 50
Trois mois..... 11 n A4 ®
abonnements partent dea 1" et 18 de cbaque aols
DN NUMÉRO \ £*J riS V ; ®® n *°
| Département»..... 15 —
ÈtïRXAUZ : Paria, rue Oaaaette, 1?
Qn s'abonne à Rome, place du Cteift, f
EJT
LE MONDE
ÉDITION SEilI-QUOTLDEKXNÏÏ
PARIS ÉTRANGER
. SB BÉPARTEMENW (TOION POSTAUt)
Cn an 20 » 26 »
Six mois 10 » 13 »
Troi» moi»....» 5 » 6 60
abonnement» partent des 1" et 10'de ohtqne n«k)
i'UWlVERS ru répond pat det manustrit% qui lui tonlANNONCES
KSM. LAGRANGE, CERF et G'", 6, place de la Bouris
PARIS, 6 JANVIER 1900
SOMMAIRE
L'a ssairt. Pierre Vbuiliot.
s & Afrique aus -
traie F. L.
L'épiscopat italien
et l'action sociale. L, G.
Bulletin. — Lettré de S. Em. le car-
Àinàl iPerraud. — Mgr Ardln. — Mgr
de Brley. — La Nouvelle-Calédonie.
— Un conflit franco-dominicain. —
Après le procès de la Haute-Cour» —
Echos de l'affaire Dreyfus. — Informa
tions pblitiques et parlementaires. —
Chronique électorale. — A travers la
presse. — Chronique. — Lettres, sciences
et arts. — Les grèves. — En Extrême-
Orient. — La guerre du Transvaal. —
Dépêches de l'étranger. — Vicariat apos
tolique de l'tJnyanyembé. — Le repos
du dimanche. —Nécrologie. — Les chan
sons populaires. — Echos de partout. —
Guerre et marine. — Nouvelles diverses.
£- Jardin d'aecliînatatlon. -*■ Calendrier.
=■ fa&ieaù ijeralère heure.
L'ASSAUT
La Chambre va rentrer. De quels
sentiments est-elle animée â l'égard
du ministère?
CeB sentiments ne peuvent être
favbrables. Il y à, au Palais-Bour-
fepn-, uhb majorité qui n'a vu qu'avec
répugnance et inquiétude ce scan
daleux amalgame politique consti
tuer un gouvernement. Elle n'a pas
voulu, toutefois, tfenvferser immé
diatement le cabinet, à l'heure de
partir en vacances. Mais il s'en est
fallu de bien peu.
Quand les députés ont reparu, en
novembre, beaucoup d'entre eux
étaient fâcheusement impression
nés par la maladroite campagne
JpJou.r la convocation anticipée du
Parleiiient. Il en devait être ainsi,
l'initiative étant venue des ennemis
déclarés du régime. De plus* il y
avait tout le budget à voter. Et en
fin, la Haute-Cour siégeait. Les dé
bats étaient Commencés du grand
procès nécessaire au salut de la Ré
publique.
On ne pouvait s'attendre à ce que
la Chambre congédiât le ministère,
dans ces conditions. S'il ne s'était
pas trompé, s'il y avait lieu de re
courir à des mesures exceptionnel
les contre un danger véritable, il
convenait de laieser le cabinet pré
sider à l'affaire jusqu'au bout. S'il
avait commis une erreur, il était
juste qu'il en portât jusqu'à la fin
les ennuis et la responsabilité... Ce
raisonnement devait séduire la
Chambre et déterminer son atti
tude.
En rentrant^ Cette fois-ci, elle va
se trouver en présence d'une Situa
tion tout autre, d'une situation
dégagée. Fini, le grand procès. Il
se serait terminé à l'avantage et à la
justification du ministère, qu'il fau
drait cependant inviter celui-ci à se
démettre. Car elle est achevée,
l'oeuvre pour laquelle M. Waldeck-
Rousseau s'était provisoirement
associé à M. Millerand. Qu'ils re
prennent chacun sa liberté avec Ses
doctrines... Toutefois, la Chambre
hésiterait peut ètte. Elle subirait le
prestige du gouvernement vain
queur et sauveur, et craindrait le
reproche d'ingratitude^
1311e n'a point à le redouter. Les
débats du procès, le verdict lui-
même de la Iîaute-Cour ont démon
tré que le ministère* plus ou moins
volontairement) s*était abusé en
proclamant le péril sérieux. Non
seulement la besogne est terminée,
que MM. Millerand et Waldeck-
Rousseau donnaient pour raison de
leur alliance, mais il demeure éta
bli qu'il n'y avait point à l'entre
prendre. La conclusion qui s'im-
pese, c'est de dire au cabinet : —
Allez-vous-en !...
Il n'enta pas envie. A quelle
branche voudra-t-il se raccrocher?
Aux projets de loi qu'il a déposés
sur le bureau de la Chambre? Ces
projets, il les motivait par la néces
sité de sauver la République, —
toujours 1 Or, même quand il pou
vait invoquer ce prétexte avec une
apparence de sérieux, la majorité
montrait pour l'oeuvre législative à
laquelle on la conviait une froideur
significative. Maintenant que le pré
texte soulèverait l'hilarité jusque
sur les bancs de la gauche, les pro
jets du cabinet ne fournissent qu'un
argument de plus contre son main
tien aux affaires. Allez-vous-en !
Quand peut-on espérer qu'aura
lieu l'exécution?
Nous voudrions qu'elle fût immé
diate. Et si les chefs de l'opposition
républicaine se croient en mesure
de culbuter le ministère dès la ren
trée, qu'ils donnent l'assaut tout de
suite, sans hésifation. Mais y aura-
t il une majorité prête à les suivre
avant que la Chambre ait terminé le
budget? Nous craignons un peu le
contraire. A M. Méline et à ses lieu
tenants de se rendre compte. Of
frir à MM. Millerand et Waldeck-
Rousseau, pour avoir voulu trop
précipiter leur chute, l'occasion
d'une victoire au début même de la |
session, ne serait-ce point fâcheux?
L'opération du renversement, ten
tée de nouveau quelques semaines
après, en deviendrait peut-être plus
difficile.
Question de tactique, au sujet de
laquelle nous n'avons point à nous
prononcer ici. Nous formulerons
seulement un doùble voeu. Que l'at
taque, le jour où l'on jugera bon de
l'entreprendre, soit engagée sur un
terrain où l'on puisse la mener à
fond, et qu'elle soit, en effet, menée
tout à fond. Ç'a été une fausse ma
nœuvre, il y a quinze jours, quand
la Chambre allait se séparer, de
venir taquiner le gouvernement à
propos des douzièmes. Le débat ne
pouvait avoir de sanction, puisqu'il
fallait bien, ces deux douzièmes,
les voter en fin de compte. Et l'on a
fourni au ministère l'occasion de
lancer un défi triomphant qui n'a
pas été relevé. Plus de ces escar
mouches, à la suite desquelles on
voit l'assaillant» un peu vivement
reconduit, rentrer sans gloire ni
butin sous ses tentes. Une batail
le, et non pas de petites alertes.
Le second vœu s'adresse aux
échauffés de l'opposition anticons
titutionnelle. S'ils pouvaient être
plus calmes et...plus discrets. L'au
tre jour, iorsquè ce député au cen
tre est venu tirailler contre le mi
nistère, au sujet des douzièmes pro
visoires, tjuf â-t-bh foi, tout de
suite, se porter à la tribune ? MM.
Millevoye,. Lasies fct Paulin Méry.
Et ils auraient fait de mêiiie è'il s'é
tait agi d'un assaut véritable. Ces
trois orateurs avaient, ils ont géné
ralement les meilleures intentions.
Nous leur concéderons tout le talent
possible. Mais ëhfini quand leô trois
ou quatre douzaines de républi
cains qui flottent indécis entre le
centre et la gauche, et qu'il s'agit
de détacher du ministère, entendent
MM. Millevoye, Lasies et Paulin
Méry, enn.femis irréconciliables du
régiine, dans quelle disposition
d'esprit cela peut-il les mettre?
Voulez vous qu'ils en croient ces
adversaires, leur déclarant que la
chute du cabinet importa à la Ré
publique et.ail paVs? C'est l'idée
contraire qui s'éveille en eux et les
domine.
Sans doute, il est difficile de se
taire. On a peine à contenir son in
dignation. Et l'bn Sfe donne îe plai
sir de « fouailler » et de flétrir. Il
doit nous être agréable, après la sé
ance,--de penser que MM. Millevoye,
Lasies et Méry se sont soulagés.
Par eux, par les cinglantes vérités
qu'ils ont dites, nous-mêmes som
mes aussi quelque peu soulagés.
Mais le ministère a rallié les répu
blicains hésitants 5 il ëst vainqueur.
Si l'attaque, à la tribune, avait été
menée seulement par des orateurs
moins suspects à ceux qu'il fallait
persuader, le cabinet serait vaincu.
Nous serions soulagés bien davan
tage encore*
Pierre V euillot
tULLETIV^
Un train spécial a transporté hier
matin MM. Buffet et Déroulède à la
frontière belge. On trouvera plus loin
des détails à ce Sujet ainsi que le texte
des dépêches envoyées à ses a mis po
litiques par M. Déroulède.
Quant à M. Jules Guérin, il a été di
rigé sur la prison de Clairvaux, où il
subira sa peine»
A Saint-Etienne, le calme est rétabli.
Il est probable qu'aujourd'hui inter
viendra un accord entre les compagnies
elles grévistes.
Un conflit vient de se produire entre
la France et la République domini
caine : il s'agit du paiement par le
gouvernement dominicain d'une indem
nité due à des nationaux français. Afin
d'assurer ce paiement, notre consul
a dû opérer la saisie du revenu des do
maines. Pour appuyer les réclamations
de notre représentant, la division na
vale de l'Atlantique a reçu l'ordre de se
rendre immédiatement dans les eaux de
Saint-Domingue.
A la suite des révélations faites au ré
cent procès de Milan sur « la Maffia »,
le ministre de la guerre d'Italie, ancien
gouverneur de la Sicile , a dû donner sa
démission»
De l'Afrique australe, pas de nouvel
les importantes. On annonce que la gar
nison de Mafeking a essayé une sortie
et que cette tentative n'a pas réussi.
C'est un nouvel insuccès ajouté à une
suite déjà, longue..
En Allemagne, l'opinion publique est
toujours très irritée par la saisie de na
vires allemands. En Espagne, on com
mence à s'inquiéter de l'attitude de
l'Angleterre au Maroc ; le gouverne
ment britannique favoriserait l'intro
duction dans ce dernier pays de grandes
quantités d'armes et de munitions de
guerre.
On télégraphie de Pékin qu'un édit
promulgué hier çnjoint au gouverneur
de Chan'Tung d'arrêter et d'exécuter
sur-le-champ les auteurs de l'assassinat
du missionnaire Brooks.
La dégradation de tous les fonction
naires du district est prononcée par le
même édit.
EN AFRIQUE AUSTRALE
Nous avions raison l'autre jour
de n'enregistrer qu'avec des ré
serves l'avantage que le général
French, au dire des dépêches an
glaises, avait remporté aux envi
rons de Colesberg; on ajoutait que
ce succès avait amené l'abandon de
cette ville par les Boers ; or aux
dernières nouvelles, ils y étaient
encore et y tenaient en échec les
forces du général French, au point
que celui ci réclame des renforts
pour venir à bout d'adversaires
qu'il pensait avoir dispersés et con
traints de repasser l'Orange.
Au demeurant, qu'il s'agisse du
général French, opérant dans la
direction de Colesberg, ou du gé
néral Gatacre, opérant dans la di
rection d'Aliwal-North, ce ne sont
là que de menus faits de guerre ne
pouvant avoir aucune influence
vraiment efficace sur l'issue du ter
rible conflit qui ensanglante présen
tement toute l'Afrique du Sud. C'est
à Ladysmith et à Colenso, à l'est,
c'est à Kimberley et sur la Modder-
River, à l'ouest, que les opérations
décisives sont engagées, et c'est de
leur dénouement heureux ou mal
heureux pour les Boers que dé
pend le féswltat final de la campa
gne actuelle.
Quant au sort futur de la domi
nation britannique en ces contrées,
nous l'avons déjà ait, quoi qu'il ar
rive, il nous parait être dès à pré
sent déilnitivertiefit compromis ; une
lutte si glorieuse ae la part des
Boers laissera inévitablement 'de
tels souvenirs parmi les jeunes gé
nérations de toute la race hollan
daise, que tdt ou tard l'Angleterre
verra de nouveau sè âbùlè^er Con
tre son joug des légions de com
battants, plus nombreuses que ja
mais, et devenues cette fois invinci
bles!
P. h.
LETTRE U S. II. LE CAHOTAI PEBBAtD
S. Em. le cardinal Perraud vient
d'adresser la lettre suivante à Mgr
l'évêque d'Annecy en réponse à une
brochure que ce dernier a récem
ment publiée sous ce titre: Lettre
èur la situation présente des catholi
ques en France :
Âutun, le 30 décembre 1899.
Mon bien cher ëeigtteui',
J'adhère de toute mon âme au langage
très épiscopal que vous venez de tenir à
vos diocésains et aux conseils si prati
ques, et d'applieatien urgente, que vous
leur donner pour lea exhorter à lùttet de
toutes leurs forces, et d'abord par la
prière et par le recours à Dieu, puis, par
l'action civique et l'usage intelligent et
consciencieux de leur mandat d'électeurB
contre le dessein déjà réalisé en partie
religion catholique ». Voua rappelez
aux plus oublieux, vous apprenez aux
plus inattentifs comment depuis vingt
ans, se sont succédé, dans un enchaine-
rcient très logique, les lois et les mesures
administratives édictées en vue de ruiîier
de fond en comble parmi nous la foi
chrétienne.
En présence deB résultats déjà obtenus
par leB hommes qui légifèrent et gouver
nent, il n'y a pas d'optimisme qui puisse
être aBsez aveugle pôiir ne pas voir, je ne
dis pas où l'on veut nous mener, mais où
l'on nous mène, et où l'on nous mène à
grands paB. Et cependant, tous ces as
sauts d'intolérance et d'oppression ne
sont que le prélude de ceux que l'on se
prépare à mener contre les débris de nos
libertés et de nos droits. Oe que font à
dette heure de coUrageu* et éloquents
laïques, parmi lesquels je suis fier de
compter deux de mes confrèreB de l'Aca
démie, M. Jules Lemaitre et M. le comte
de Mun, qui adjurent touti les Français,
amis de la justice et de la liberté, de ne
pas ployer la tête sous le joug tyranni*
qiie et déshonorant de là franc-maçon
nerie, vous le faites comme évêque,Mon
seigneur, en voub adressant à la cons
cience de vos fidèles. Votre parole si.
claire, si décisive, franchira les limites
de votte diocèse. PuiSBe-t-elle être entre
entendue par tous les catholiques de
France et les décider. & lutter avec éner
gie pour la défense de leurs droits !
Il y a vingt ans, j'avais écrit une Lettre
pastorale (Carême 1880) qui m'avait valu
les félicitations et les précieux encoura
gements du Cardinal Pie. Elle avait pré
cisément pour titre : « Des circonstances
< dans lesquelles les Catholiques ont le
a droit et le devoir de se défendre. » Je
disais à la fin de cette Lettre, et après
vous avoir lu, Monseigneur, je répète, en
complet accord avec vous : « Pas de com-
« promis, pas de honteuses capitulations
a devant les menaces des adversaires. A
« cette heure, il est vrai, ils parlent haut
« et ferme. Leur audace s'acoroit avec
« leur succès. Aux déclarations hypocri-
« tes de respectueuse déférence pour les
« droits sacrés des consciences catholi-
« ques, ont succédé les provocations
et les cris de guerre. Il n'y a plus de
méprise possible, et tout ce qui a été
tenté depuis un an contre la liberté de
la charité, contre l'autonomie de l'E
glise, impose à quiconque veut demeu
rer fidèle à sa foi de prendre parti.
« Sur le terrain strictement légal dont
nouB sommes résolus de ne pas sortir,
il y a lieu d'user de toutes les ressour
ces que les lois de notre pays nous
donnent pour défendre avec une éner
gique persévérance les intérêts de la
religion. Nous sommes citoyens au
même titre que tous les Français. Nous
portons notre part proportionnelle des
charges publiques, nous ne sommes ni
des rebelles, ni des conspirateurs. Et
comme les lois n'imposent pas seule
ment des obligations, mais qu'elles
< confèrent deB droits et assurent des
a garanties, pourquoi nous laisserions-
« nous opprimer Bans nous défendre? Ce
« serait grande pitié et grande honte si,
a par une lâche abdication de toute vi-
« rilité, les catholiques cédaient sans
« protestation et sans luttes, devant les
< sectaires qui ont fait serment d'enlever
« à l'Eglise ses libertés lea plus néces-
« saires et affichent hautement la pré-
« tention de la réduire en Rervitude. »
Je vous remercie vivement, pour ma
part, Monseigneur, des beaux exemples
.d'intrépidité épiscopale que vous ne ces-
cez de nous donner. En dépit de cette
année quatre-vingtième vers laquelle
vous achemine l'inexorable chronologie,
je m'unis aux vœux formés par votre
clergé et par vos diocésains pour que
longtemps encore, vous éleviez parmi
nous cette voix indépendante et ferme
dans laquelle il me semble entendre un
écho de l'appel que les vaillants Maccha
bées adressaient à leurs compatriotes
persécutés par Antiochus : a Nous com-
« battons pour nos âmes et pour nos lois,
< Ceignons nos reins. Montrons-nous
a courageux; tenons»noub prêts. »
Recevez, je vous prie, mon cher Sei
gneur, la respectueuse assurance de nos
sentiments les plus dévoués en Notre-
Seigneur.
Adolphe-Louis-Albert, card. Perraud,
Evêque d'Autun.
IV|ë r ARDIN
A l'occasion de la fête de Noël,
Mgr Ardin, archevêque de Sens,
avait adressé au Saint-Père la let
tre suivante :
Secs, 20 décembre 1899.
Très Saint-Père, .
Humblement prosterné aux pieds de
Votre Sainteté, j'ai l'honneur de voub
envoyer mes souhaits et mes vœux les
plus filialement respectueux, à l'occasion
de la nouvelle année. Cette année, qui
termiflefa le siècle, va s'ouvrir par le
jubilé universel que vous avez daigné
n 0"» accorder. Tant de grâces répandues
dans ie monda ^veillerotit la
foi danples âittes. Pouf fie
Ddtre Franse Si meurtrie, Votte Ëncjrcil
que aux évéques et aUX prêlras f a déjà
produit de bons fruits qui se multiplie
ront tous les jours. Aussi eBt-ce de tout
cœur, qu'évêques, prêtres et fidèles nous
prions Diea de vous conserver encore
longtemps ëiir lâ chaire infaillible de
Pierre. Notre pays serait, déjà peut-être,
sauvé si tous les catholiques avaient
voulu entendre votre voix de Pasteur et
de Père. Mais, hélas ! ii en est encore qui
placent leur politique au-desaus des in
térêts sactés de l'Eglise. Quand donc
comprendront-ils qù iïs font fausse route
et qu'on ne saurait s'égarer en suivant
les voies que Votre Sainteté prend si
grand stfin de no.us tracer.
Daigne Voire feainîe:5 m'aocarder son
apostolique bénédiction ainBi qu aùi prê"
1res et aux fidèles de mon diocèse, et
croire à la profonde vénération avec la
quelle je suis heureux de me dire, Très
Saint-Pérë, de Votre Sainteté, le très
humble et très obéissant fierviteur et
fils.
f Etienne,
archevêque de Sens.
Sa Grandeur vient de recevoir la
réponse suivante i
A Mgr Etienne Ardin, archevêque
de Sens.
Illustrissime et révérendissime sei
gneur,
L 'humble adresse de votre illustrissime
et révérendiBSime seigneurie au Saint-
Père ne pouvait lui être plus agréable.
Les sentiments par elle exprimés sont
ceux que Sa Sainteté désirerait dans le
eo&ur de tous, tant des laiques que du
clergé, pour le bien de la religion et de
la société.
L'auguste Pontife se réjouit, autant
que votre seigneurie, du zèle qu'elle dé
ploie pour rendre leB âmes de ses diocé
sains soumises aux directions du Saint-
Siège et pour que son aotion soit plus ef
ficace Sa Sainteté lui envoie de tout
cœur la bénédiction demandée.
Je profite de la circonstance pour voub
confirmer les sentiments de ma plus sin
cère estime.
De l'Illustrissime et Révérendissime
Seigneurie,
Le vrai serviteur,
M. Cardinal Ramfolla.
Rome, 30 décembre 1809.
Mgr d© Briey
Nous lisons dans la Semaine religieuse
de Meaux:
L'état de santé de Mgr notre évéque s'a
méliore sensiblement, mais nécessite en
core des ménagements.
8a Grandeur, touchée des hommages de
vénération et de sympathie respectueuse,
qui lui sont venus en si grand nombre de
la part du clergé et des fidèles de son dio
cèse et de différents diocèses de France,
remercie toutes les personnes qui ont bien
voulu lui en offrir l'expression.
L'iWOPÂl ITALIEN
ET L'ACTION SOCIALE
Rome, 2 janvier.
Dans sa lettre du 5 août 1898 aux
évêques, au clergé et au peuple
d'Italie, en même temps qu'il défen
dait les catholiques italiens contre
de calomnieuses attaques et d'in
justes persécutions, Léon XIII leur
traçait tout un vaste programme
d'action.
« Dans les conditions présentes
des choses, leur disait il, votre ac
tivité doit rester étrangère à la po
litique. Elle se concentre sur le
terrain social et religieux; elle tend
à. moraliser les populations, à les
rendre dociles envers l'Eglise et
son chef, à les éloigner des dangers
du socialisme et de l'anarchie, à
leur inculquer le respect du prin
cipe d'autorité, enfin à soulager
leur indigence par les œuvres mul
tiples-de la charité chrétienne. »
Les catholiques d'Italie conti
nuent de mériter ces éloges.
Le caractère particulier de leur
action sociale, c'est qu'on voit par
tout à la tête des entreprises les
plus matériellement économiques
et les plus modernes, les chefs
mêmes de la hiérarchie ecclésias
tique. Les évêques d'Italie donnent
au monde catholique un bel exem
ple de soumission totale et intelli
gente aux enseignements et aux
désirs du Pape Léon XIII.
Partout dans leurs diocèses, ils
multiplient les œuvres d'enseigne
ment social, les cercles d'études
qui ont parfois ailleurs inspiré tant
de défiance.
Ainsi l'archevêque de Milan, S.
Em. le cardinal Ferrari, ouvre le pa
lais épiscopal lui-même aux confé
rences sociales. Depuis plus de deux
ans, c : est au grand séminaire que
M. le professeur Toniolo d'abord,
f mis le ieune et brillant avocat mi-
anais M. Mauri, disciole chéri de
M. Toniolo, initiaient les jeunes sé
minaristes aux problèmes comple
xes de l'économie sociale et au pro
gramme de la démocratie chré
tienne. Pour donner à ces leçons
plus de retentissement, et y attirer
plus d'auditeurs, en particulier par
mi les prêtres et les étudiants de
l'Université, Son Eminencea ouvert
les salons de son propre palais à ces
réunions d'études. Chaque vendre
di, M. Mauri, devant un auditoire
nombreux et choisi, y étudie,sous la
forme de conversations plutôt que
de conférences, le sujet choisi, dont
l'indication seule est déjà tout un
programme plein d'intérêt et de
promesses, « l'Economie munici
pale. »
*~0n sair 4U? dans Ie nord de l'Ita-
life les catholiquêe sùviaux, à force
d'intelligencë, d'organisation et
d'activité, sont parvenus â entrer en
nombre dans une foule de munici
palités. Ils y appliquent les princi
pes d'une économie chrétienne très
étudiée ; des applications pourraient
étonner beaucoup de monde. Nous
aurons peut-être l'occasion d'en
parler une autre fois.
Les évêques ne dédaignent point
de traiter eux-mêmes les questions
sociales les plus brûlantes du jour.
Certains mandements de cetïe an
née ont été plus particulièrement
remarqués : l'un d'entre eux expo
sait ex professo la « Démocratie
chrétienne » ; un autre s'occupait
du « socialisme et de l'action du
clergé».
C'est surtout l'agriculture et les
œuvres rurales qui attirent l'atten
tion des évêques italiens. Mgr Or-
tolani, évêque d'Ascoli, a pris l'ini
tiative de chaires d'agriculture,
dont l'une est établie dans son sémi
naire' même et l'autre ambulante.
« Celle-ci, dit le prélat dans la cir
culaire qu'il adresse à son clergé,
vous permettra de guider les agri
culteurs de vos paroisses dans l'ap
plication des règles enseignées;
vous pourrez ainsi détruire dans
l'esprit de vos paysans des préju
gés traditionnels contre l'efficacité
des nouveaux systèmes d'agricul
ture, préjugés qui sont l'obstacle le
plus difficile à surmonter pour l'ap
plication efficace de principes agri
coles éminemment féconds. »
Les évêques italiens, on le voit,
ne pensent pas déchoir de leur di
gnité, ni forfaire à leur mission sur
naturelle en s'occupant minutieuse-
mentdes intérêts matériels de leurs
ouailles.
Ils ne se contentent pas de parler.
Ils agissent.
Mgr Jorio, l'archevêque de Ta-
rente, vient de promouvoir très effi
cacement l'institution d'une banque
agricole-commerciale à capital illi
mité, par actions de 25 francs. Il a
souscrit le premier deux cents ac
tions, le plus grand nombre permis
aux associés. Il a voulu bénir lui-
même les locaux de la nouvelle
Banque agricole, et il en a profité
pour expliquer les raisons ae l'in
tervention de l'Eglise dans les in
térêts économiques de ses en
fants.
« C'est, a-t-il dit, afin d'y faire
briller la lumière du ciel, pour que
les intérêts du temps restent subor
donnés à ceux de l'éternité ; c'est
aussi afin d'y introduire les règles
de justice contenues dans la mo
rale du christianisme, afin de tout
animer de l'esprit de justice et de
charité, afin d'y apporter le sourire
de Dieu et les bénédictions du
ciel - w
Le 20 décembre dernier, célé
brant son jubilé sacerdotal, Mgr
Sardi, évêque d'Anagni, n'a point
cru pouvoir laisser à ses diocésains
un meilleur souvenir de ces fêtes
jubilaires qu'une nouvelle caisse
rurale. C'est Mgr Radini-Tedeschi
qui est allé l'inaugurer, en dévelop
pant dans une éloquente conférence
les avantages et la nécessité de
cette institution pour le progrès de
l'agriculture et le bien-être des
pauvres paysans torturés par l'u
sure et le fisc.
Cette solennité a été particulière
ment agréable à Léon XIII, qui
s'intéresse toujours beaucoup au
diocèse d'Anagni, auquel il appar
tient par Carpineto, le lieu de sa
naissance.
Aux portes mêmes de Rome,
Grotta-Ferrata intéresse le voya
geur moins encore par son antique
abbaye de Saint-Nil aux traditions
et à la liturgie purement grecques,
que par les œuvres rurales nom
breuses dont l'abbé actuel du mo
nastère, don Pellegrini, s'est fait
l'intelligent et dévoué promoteur.
Il y a déjà dans cette population de
vaillants montagnards une société
ouvrière catholique avec des ramifi
cations de tout genre. Une caisse
rurale a été solennellement inaugu
rée le 26 novembre.
Ce n'est point quitter ce sujet que
de signaler l'importance qu'a revê
tue,dans les conditions où elle s'est
faite, l'élection récente du cardinal
Agliardi à l'évêché suburbicaire
d'Albano.
Selon l'usage, à la mort d'un car-
dinal-évêque, ce sont les cardinaux
présents a Rome au moment même
de la mort, qui ont le droit d'opter
par rang d'ancienneté pour la suc
cession du cardinal défunt. Cette
fois ci, le Pape a exprimé le désir
qu'on laissât le champ libre au choix
au cardinal Agliardi, en même
temps qu'il faisait savoir à ce der
nier qu il le verrait volontiers sur
le siège d'Albano. Tous se sont in
clinés avec empressement devant le
désir auguste de Léon XIII; et
comme le cardinal Agliardi, sor
tant à peine d'une dangereuse ma
ladie, n'avait pu assister au Consis
toire, le Pape lui a fait dire qu'il
sanctionnait avec une grande satis
faction l'option faite en son nom
par le cardinal Vannutelli, en même
temps qu'il formait des vœux pour
qu'une guérison complète lui per
mît de se dévouer bientôt aux
intérêts de son nouveau diocèse.
On sait qu'avant d'entrer dans la
carrière diplomatique où il a rendu
à l'Eglise d'importants services
dans sa double délégation aux In
des, et dans les nonciatures de Mu
nich et de Vienne, le cardinal
Agliardi avait été à la tête d'une
paroisse très importante du dio
cèse de Bergame, la région d'Italie
où les œuvres économiques sont les
plus anciennes et les plus floris
santes. Le cardinal Agliardi est
d'ailleurs un vétéran des congrès
catholiques; fci nous ne nous trom
pons, il fut l'uri des secrétaires du
premier congrès.
Toute cette expérience acquise
l'avait providentiellement préparé
au rôle si important qu'il a joué
pendant sa nonciature de Vienne»
Les chrétiens-sociaux d'Autriche
lui doivent en grande partie le
triomphe éclatant qu'ils on$ rem
porté sur les juifs jusqu'alors -tout-
Euissants. Le docteur Lueger;
ourgmestre actuel de la capitale
de l'Autriche, ne cache pas que c'est
le cardinal Agliardi qui l'a poussé
lui-même à organiser les femmes
chrétiennes de Vienne, dont la foi
vaillante a contribué pour une si
large part à secouer le joug des
gros financiers juifs.
Le nouveau titulaire de l'évêché
suburbicaire d'Albano, aujourd'hui
convalescent, fera bientôt bénéficier
son diocèse de sa longue expé
rience et de son dévouement
éclairé. Il ajoutera une nouvelle pa-
à l'histoire sociale de l'Episcopat
italien.
L. G.
UN CONFLIT FRANCO-DOmilllCJklN
Des manifestations se sont produites
hier à Saint-Domingue, à la suite de la
saisie faite par leB soins du consul de
France entre leB mains de l'Improvement
Company, concessionnaire de certains
revenus de l'île et, entre autaeB, de celui
des douaneB.
Cette saisie a été opérée dans les con«
ditions suivantes : par un traité conclu
en 1895 entre le défunt président Heu-
reaux et M. Pichon, alors ministre en
Haiti, le gouvernement de Saint-Domin
gue s'engagea envers le gouvernement
français, en réparation des dommages
causés & ses nationaux, à verser au con
sulat de France une indemnité payable
par mensualités.
Le traité prévoit qu'à défaut de paie
ment, un recours pourra être exercé con- ,
tre la Société précitée.
Après l'assassinat du président Heu-
reaux et en raison des troubles qui en
résultèrent, le gouvernement français
B'abstint d'insister pour le paiement im
médiat de l'arriéré. Mais, en présence du
refus persistant du nouveau gouverne
ment de remplir ses engagements, le
consul reçut l'ordre, conformément aux
clauses du traité, de procéder à la saisie
du produit des revenuB dont l'Improve
ment Company est concessionnaire.
C'est l'exécution de cette mesure qui
a provoqué les troubles rapportés plus
haut. Sitôt informé, le gouvernement a
télégraphié au commandant de la divi
sion navale de l'Atlantique, qui est ac
tuellement à Saint-Thomas, de Be rendre
immédiatement dans les eaux de Saint-
Domingue.
— — ,
Chaque demande de changement
d'adresse doit être accompagnée de
50 centimes en timbres-poste.
Cette exactitude aura un double
avantage pour eux : elle diminuera
les chances d'erreur et ©Ho éviter»
des frais.
Blitton qnotldlann». — 11,655
Dimanche 7 Janvier 1900
.ÉDITI ON QtT ÔTIDIBNHa
r' .££■ " , t»A»ia ÉTRANGER <
St DÉPARTEMENT! (UNION POSïiJkSl %
On an..'.". 40 » SC, »
Six mois 21 » 26 50
Trois mois..... 11 n A4 ®
abonnements partent dea 1" et 18 de cbaque aols
DN NUMÉRO \ £*J riS V ; ®® n *°
| Département»..... 15 —
ÈtïRXAUZ : Paria, rue Oaaaette, 1?
Qn s'abonne à Rome, place du Cteift, f
EJT
LE MONDE
ÉDITION SEilI-QUOTLDEKXNÏÏ
PARIS ÉTRANGER
. SB BÉPARTEMENW (TOION POSTAUt)
Cn an 20 » 26 »
Six mois 10 » 13 »
Troi» moi»....» 5 » 6 60
abonnement» partent des 1" et 10'de ohtqne n«k)
i'UWlVERS ru répond pat det manustrit% qui lui tonl
KSM. LAGRANGE, CERF et G'", 6, place de la Bouris
PARIS, 6 JANVIER 1900
SOMMAIRE
L'a ssairt. Pierre Vbuiliot.
s & Afrique aus -
traie F. L.
L'épiscopat italien
et l'action sociale. L, G.
Bulletin. — Lettré de S. Em. le car-
Àinàl iPerraud. — Mgr Ardln. — Mgr
de Brley. — La Nouvelle-Calédonie.
— Un conflit franco-dominicain. —
Après le procès de la Haute-Cour» —
Echos de l'affaire Dreyfus. — Informa
tions pblitiques et parlementaires. —
Chronique électorale. — A travers la
presse. — Chronique. — Lettres, sciences
et arts. — Les grèves. — En Extrême-
Orient. — La guerre du Transvaal. —
Dépêches de l'étranger. — Vicariat apos
tolique de l'tJnyanyembé. — Le repos
du dimanche. —Nécrologie. — Les chan
sons populaires. — Echos de partout. —
Guerre et marine. — Nouvelles diverses.
£- Jardin d'aecliînatatlon. -*■ Calendrier.
=■ fa&ieaù
L'ASSAUT
La Chambre va rentrer. De quels
sentiments est-elle animée â l'égard
du ministère?
CeB sentiments ne peuvent être
favbrables. Il y à, au Palais-Bour-
fepn-, uhb majorité qui n'a vu qu'avec
répugnance et inquiétude ce scan
daleux amalgame politique consti
tuer un gouvernement. Elle n'a pas
voulu, toutefois, tfenvferser immé
diatement le cabinet, à l'heure de
partir en vacances. Mais il s'en est
fallu de bien peu.
Quand les députés ont reparu, en
novembre, beaucoup d'entre eux
étaient fâcheusement impression
nés par la maladroite campagne
JpJou.r la convocation anticipée du
Parleiiient. Il en devait être ainsi,
l'initiative étant venue des ennemis
déclarés du régime. De plus* il y
avait tout le budget à voter. Et en
fin, la Haute-Cour siégeait. Les dé
bats étaient Commencés du grand
procès nécessaire au salut de la Ré
publique.
On ne pouvait s'attendre à ce que
la Chambre congédiât le ministère,
dans ces conditions. S'il ne s'était
pas trompé, s'il y avait lieu de re
courir à des mesures exceptionnel
les contre un danger véritable, il
convenait de laieser le cabinet pré
sider à l'affaire jusqu'au bout. S'il
avait commis une erreur, il était
juste qu'il en portât jusqu'à la fin
les ennuis et la responsabilité... Ce
raisonnement devait séduire la
Chambre et déterminer son atti
tude.
En rentrant^ Cette fois-ci, elle va
se trouver en présence d'une Situa
tion tout autre, d'une situation
dégagée. Fini, le grand procès. Il
se serait terminé à l'avantage et à la
justification du ministère, qu'il fau
drait cependant inviter celui-ci à se
démettre. Car elle est achevée,
l'oeuvre pour laquelle M. Waldeck-
Rousseau s'était provisoirement
associé à M. Millerand. Qu'ils re
prennent chacun sa liberté avec Ses
doctrines... Toutefois, la Chambre
hésiterait peut ètte. Elle subirait le
prestige du gouvernement vain
queur et sauveur, et craindrait le
reproche d'ingratitude^
1311e n'a point à le redouter. Les
débats du procès, le verdict lui-
même de la Iîaute-Cour ont démon
tré que le ministère* plus ou moins
volontairement) s*était abusé en
proclamant le péril sérieux. Non
seulement la besogne est terminée,
que MM. Millerand et Waldeck-
Rousseau donnaient pour raison de
leur alliance, mais il demeure éta
bli qu'il n'y avait point à l'entre
prendre. La conclusion qui s'im-
pese, c'est de dire au cabinet : —
Allez-vous-en !...
Il n'enta pas envie. A quelle
branche voudra-t-il se raccrocher?
Aux projets de loi qu'il a déposés
sur le bureau de la Chambre? Ces
projets, il les motivait par la néces
sité de sauver la République, —
toujours 1 Or, même quand il pou
vait invoquer ce prétexte avec une
apparence de sérieux, la majorité
montrait pour l'oeuvre législative à
laquelle on la conviait une froideur
significative. Maintenant que le pré
texte soulèverait l'hilarité jusque
sur les bancs de la gauche, les pro
jets du cabinet ne fournissent qu'un
argument de plus contre son main
tien aux affaires. Allez-vous-en !
Quand peut-on espérer qu'aura
lieu l'exécution?
Nous voudrions qu'elle fût immé
diate. Et si les chefs de l'opposition
républicaine se croient en mesure
de culbuter le ministère dès la ren
trée, qu'ils donnent l'assaut tout de
suite, sans hésifation. Mais y aura-
t il une majorité prête à les suivre
avant que la Chambre ait terminé le
budget? Nous craignons un peu le
contraire. A M. Méline et à ses lieu
tenants de se rendre compte. Of
frir à MM. Millerand et Waldeck-
Rousseau, pour avoir voulu trop
précipiter leur chute, l'occasion
d'une victoire au début même de la |
session, ne serait-ce point fâcheux?
L'opération du renversement, ten
tée de nouveau quelques semaines
après, en deviendrait peut-être plus
difficile.
Question de tactique, au sujet de
laquelle nous n'avons point à nous
prononcer ici. Nous formulerons
seulement un doùble voeu. Que l'at
taque, le jour où l'on jugera bon de
l'entreprendre, soit engagée sur un
terrain où l'on puisse la mener à
fond, et qu'elle soit, en effet, menée
tout à fond. Ç'a été une fausse ma
nœuvre, il y a quinze jours, quand
la Chambre allait se séparer, de
venir taquiner le gouvernement à
propos des douzièmes. Le débat ne
pouvait avoir de sanction, puisqu'il
fallait bien, ces deux douzièmes,
les voter en fin de compte. Et l'on a
fourni au ministère l'occasion de
lancer un défi triomphant qui n'a
pas été relevé. Plus de ces escar
mouches, à la suite desquelles on
voit l'assaillant» un peu vivement
reconduit, rentrer sans gloire ni
butin sous ses tentes. Une batail
le, et non pas de petites alertes.
Le second vœu s'adresse aux
échauffés de l'opposition anticons
titutionnelle. S'ils pouvaient être
plus calmes et...plus discrets. L'au
tre jour, iorsquè ce député au cen
tre est venu tirailler contre le mi
nistère, au sujet des douzièmes pro
visoires, tjuf â-t-bh foi, tout de
suite, se porter à la tribune ? MM.
Millevoye,. Lasies fct Paulin Méry.
Et ils auraient fait de mêiiie è'il s'é
tait agi d'un assaut véritable. Ces
trois orateurs avaient, ils ont géné
ralement les meilleures intentions.
Nous leur concéderons tout le talent
possible. Mais ëhfini quand leô trois
ou quatre douzaines de républi
cains qui flottent indécis entre le
centre et la gauche, et qu'il s'agit
de détacher du ministère, entendent
MM. Millevoye, Lasies et Paulin
Méry, enn.femis irréconciliables du
régiine, dans quelle disposition
d'esprit cela peut-il les mettre?
Voulez vous qu'ils en croient ces
adversaires, leur déclarant que la
chute du cabinet importa à la Ré
publique et.ail paVs? C'est l'idée
contraire qui s'éveille en eux et les
domine.
Sans doute, il est difficile de se
taire. On a peine à contenir son in
dignation. Et l'bn Sfe donne îe plai
sir de « fouailler » et de flétrir. Il
doit nous être agréable, après la sé
ance,--de penser que MM. Millevoye,
Lasies et Méry se sont soulagés.
Par eux, par les cinglantes vérités
qu'ils ont dites, nous-mêmes som
mes aussi quelque peu soulagés.
Mais le ministère a rallié les répu
blicains hésitants 5 il ëst vainqueur.
Si l'attaque, à la tribune, avait été
menée seulement par des orateurs
moins suspects à ceux qu'il fallait
persuader, le cabinet serait vaincu.
Nous serions soulagés bien davan
tage encore*
Pierre V euillot
tULLETIV^
Un train spécial a transporté hier
matin MM. Buffet et Déroulède à la
frontière belge. On trouvera plus loin
des détails à ce Sujet ainsi que le texte
des dépêches envoyées à ses a mis po
litiques par M. Déroulède.
Quant à M. Jules Guérin, il a été di
rigé sur la prison de Clairvaux, où il
subira sa peine»
A Saint-Etienne, le calme est rétabli.
Il est probable qu'aujourd'hui inter
viendra un accord entre les compagnies
elles grévistes.
Un conflit vient de se produire entre
la France et la République domini
caine : il s'agit du paiement par le
gouvernement dominicain d'une indem
nité due à des nationaux français. Afin
d'assurer ce paiement, notre consul
a dû opérer la saisie du revenu des do
maines. Pour appuyer les réclamations
de notre représentant, la division na
vale de l'Atlantique a reçu l'ordre de se
rendre immédiatement dans les eaux de
Saint-Domingue.
A la suite des révélations faites au ré
cent procès de Milan sur « la Maffia »,
le ministre de la guerre d'Italie, ancien
gouverneur de la Sicile , a dû donner sa
démission»
De l'Afrique australe, pas de nouvel
les importantes. On annonce que la gar
nison de Mafeking a essayé une sortie
et que cette tentative n'a pas réussi.
C'est un nouvel insuccès ajouté à une
suite déjà, longue..
En Allemagne, l'opinion publique est
toujours très irritée par la saisie de na
vires allemands. En Espagne, on com
mence à s'inquiéter de l'attitude de
l'Angleterre au Maroc ; le gouverne
ment britannique favoriserait l'intro
duction dans ce dernier pays de grandes
quantités d'armes et de munitions de
guerre.
On télégraphie de Pékin qu'un édit
promulgué hier çnjoint au gouverneur
de Chan'Tung d'arrêter et d'exécuter
sur-le-champ les auteurs de l'assassinat
du missionnaire Brooks.
La dégradation de tous les fonction
naires du district est prononcée par le
même édit.
EN AFRIQUE AUSTRALE
Nous avions raison l'autre jour
de n'enregistrer qu'avec des ré
serves l'avantage que le général
French, au dire des dépêches an
glaises, avait remporté aux envi
rons de Colesberg; on ajoutait que
ce succès avait amené l'abandon de
cette ville par les Boers ; or aux
dernières nouvelles, ils y étaient
encore et y tenaient en échec les
forces du général French, au point
que celui ci réclame des renforts
pour venir à bout d'adversaires
qu'il pensait avoir dispersés et con
traints de repasser l'Orange.
Au demeurant, qu'il s'agisse du
général French, opérant dans la
direction de Colesberg, ou du gé
néral Gatacre, opérant dans la di
rection d'Aliwal-North, ce ne sont
là que de menus faits de guerre ne
pouvant avoir aucune influence
vraiment efficace sur l'issue du ter
rible conflit qui ensanglante présen
tement toute l'Afrique du Sud. C'est
à Ladysmith et à Colenso, à l'est,
c'est à Kimberley et sur la Modder-
River, à l'ouest, que les opérations
décisives sont engagées, et c'est de
leur dénouement heureux ou mal
heureux pour les Boers que dé
pend le féswltat final de la campa
gne actuelle.
Quant au sort futur de la domi
nation britannique en ces contrées,
nous l'avons déjà ait, quoi qu'il ar
rive, il nous parait être dès à pré
sent déilnitivertiefit compromis ; une
lutte si glorieuse ae la part des
Boers laissera inévitablement 'de
tels souvenirs parmi les jeunes gé
nérations de toute la race hollan
daise, que tdt ou tard l'Angleterre
verra de nouveau sè âbùlè^er Con
tre son joug des légions de com
battants, plus nombreuses que ja
mais, et devenues cette fois invinci
bles!
P. h.
LETTRE U S. II. LE CAHOTAI PEBBAtD
S. Em. le cardinal Perraud vient
d'adresser la lettre suivante à Mgr
l'évêque d'Annecy en réponse à une
brochure que ce dernier a récem
ment publiée sous ce titre: Lettre
èur la situation présente des catholi
ques en France :
Âutun, le 30 décembre 1899.
Mon bien cher ëeigtteui',
J'adhère de toute mon âme au langage
très épiscopal que vous venez de tenir à
vos diocésains et aux conseils si prati
ques, et d'applieatien urgente, que vous
leur donner pour lea exhorter à lùttet de
toutes leurs forces, et d'abord par la
prière et par le recours à Dieu, puis, par
l'action civique et l'usage intelligent et
consciencieux de leur mandat d'électeurB
contre le dessein déjà réalisé en partie
religion catholique ». Voua rappelez
aux plus oublieux, vous apprenez aux
plus inattentifs comment depuis vingt
ans, se sont succédé, dans un enchaine-
rcient très logique, les lois et les mesures
administratives édictées en vue de ruiîier
de fond en comble parmi nous la foi
chrétienne.
En présence deB résultats déjà obtenus
par leB hommes qui légifèrent et gouver
nent, il n'y a pas d'optimisme qui puisse
être aBsez aveugle pôiir ne pas voir, je ne
dis pas où l'on veut nous mener, mais où
l'on nous mène, et où l'on nous mène à
grands paB. Et cependant, tous ces as
sauts d'intolérance et d'oppression ne
sont que le prélude de ceux que l'on se
prépare à mener contre les débris de nos
libertés et de nos droits. Oe que font à
dette heure de coUrageu* et éloquents
laïques, parmi lesquels je suis fier de
compter deux de mes confrèreB de l'Aca
démie, M. Jules Lemaitre et M. le comte
de Mun, qui adjurent touti les Français,
amis de la justice et de la liberté, de ne
pas ployer la tête sous le joug tyranni*
qiie et déshonorant de là franc-maçon
nerie, vous le faites comme évêque,Mon
seigneur, en voub adressant à la cons
cience de vos fidèles. Votre parole si.
claire, si décisive, franchira les limites
de votte diocèse. PuiSBe-t-elle être entre
entendue par tous les catholiques de
France et les décider. & lutter avec éner
gie pour la défense de leurs droits !
Il y a vingt ans, j'avais écrit une Lettre
pastorale (Carême 1880) qui m'avait valu
les félicitations et les précieux encoura
gements du Cardinal Pie. Elle avait pré
cisément pour titre : « Des circonstances
< dans lesquelles les Catholiques ont le
a droit et le devoir de se défendre. » Je
disais à la fin de cette Lettre, et après
vous avoir lu, Monseigneur, je répète, en
complet accord avec vous : « Pas de com-
« promis, pas de honteuses capitulations
a devant les menaces des adversaires. A
« cette heure, il est vrai, ils parlent haut
« et ferme. Leur audace s'acoroit avec
« leur succès. Aux déclarations hypocri-
« tes de respectueuse déférence pour les
« droits sacrés des consciences catholi-
« ques, ont succédé les provocations
et les cris de guerre. Il n'y a plus de
méprise possible, et tout ce qui a été
tenté depuis un an contre la liberté de
la charité, contre l'autonomie de l'E
glise, impose à quiconque veut demeu
rer fidèle à sa foi de prendre parti.
« Sur le terrain strictement légal dont
nouB sommes résolus de ne pas sortir,
il y a lieu d'user de toutes les ressour
ces que les lois de notre pays nous
donnent pour défendre avec une éner
gique persévérance les intérêts de la
religion. Nous sommes citoyens au
même titre que tous les Français. Nous
portons notre part proportionnelle des
charges publiques, nous ne sommes ni
des rebelles, ni des conspirateurs. Et
comme les lois n'imposent pas seule
ment des obligations, mais qu'elles
< confèrent deB droits et assurent des
a garanties, pourquoi nous laisserions-
« nous opprimer Bans nous défendre? Ce
« serait grande pitié et grande honte si,
a par une lâche abdication de toute vi-
« rilité, les catholiques cédaient sans
« protestation et sans luttes, devant les
< sectaires qui ont fait serment d'enlever
« à l'Eglise ses libertés lea plus néces-
« saires et affichent hautement la pré-
« tention de la réduire en Rervitude. »
Je vous remercie vivement, pour ma
part, Monseigneur, des beaux exemples
.d'intrépidité épiscopale que vous ne ces-
cez de nous donner. En dépit de cette
année quatre-vingtième vers laquelle
vous achemine l'inexorable chronologie,
je m'unis aux vœux formés par votre
clergé et par vos diocésains pour que
longtemps encore, vous éleviez parmi
nous cette voix indépendante et ferme
dans laquelle il me semble entendre un
écho de l'appel que les vaillants Maccha
bées adressaient à leurs compatriotes
persécutés par Antiochus : a Nous com-
« battons pour nos âmes et pour nos lois,
< Ceignons nos reins. Montrons-nous
a courageux; tenons»noub prêts. »
Recevez, je vous prie, mon cher Sei
gneur, la respectueuse assurance de nos
sentiments les plus dévoués en Notre-
Seigneur.
Adolphe-Louis-Albert, card. Perraud,
Evêque d'Autun.
IV|ë r ARDIN
A l'occasion de la fête de Noël,
Mgr Ardin, archevêque de Sens,
avait adressé au Saint-Père la let
tre suivante :
Secs, 20 décembre 1899.
Très Saint-Père, .
Humblement prosterné aux pieds de
Votre Sainteté, j'ai l'honneur de voub
envoyer mes souhaits et mes vœux les
plus filialement respectueux, à l'occasion
de la nouvelle année. Cette année, qui
termiflefa le siècle, va s'ouvrir par le
jubilé universel que vous avez daigné
n 0"» accorder. Tant de grâces répandues
dans ie monda ^veillerotit la
foi danples âittes. Pouf fie
Ddtre Franse Si meurtrie, Votte Ëncjrcil
que aux évéques et aUX prêlras f a déjà
produit de bons fruits qui se multiplie
ront tous les jours. Aussi eBt-ce de tout
cœur, qu'évêques, prêtres et fidèles nous
prions Diea de vous conserver encore
longtemps ëiir lâ chaire infaillible de
Pierre. Notre pays serait, déjà peut-être,
sauvé si tous les catholiques avaient
voulu entendre votre voix de Pasteur et
de Père. Mais, hélas ! ii en est encore qui
placent leur politique au-desaus des in
térêts sactés de l'Eglise. Quand donc
comprendront-ils qù iïs font fausse route
et qu'on ne saurait s'égarer en suivant
les voies que Votre Sainteté prend si
grand stfin de no.us tracer.
Daigne Voire feainîe:5 m'aocarder son
apostolique bénédiction ainBi qu aùi prê"
1res et aux fidèles de mon diocèse, et
croire à la profonde vénération avec la
quelle je suis heureux de me dire, Très
Saint-Pérë, de Votre Sainteté, le très
humble et très obéissant fierviteur et
fils.
f Etienne,
archevêque de Sens.
Sa Grandeur vient de recevoir la
réponse suivante i
A Mgr Etienne Ardin, archevêque
de Sens.
Illustrissime et révérendissime sei
gneur,
L 'humble adresse de votre illustrissime
et révérendiBSime seigneurie au Saint-
Père ne pouvait lui être plus agréable.
Les sentiments par elle exprimés sont
ceux que Sa Sainteté désirerait dans le
eo&ur de tous, tant des laiques que du
clergé, pour le bien de la religion et de
la société.
L'auguste Pontife se réjouit, autant
que votre seigneurie, du zèle qu'elle dé
ploie pour rendre leB âmes de ses diocé
sains soumises aux directions du Saint-
Siège et pour que son aotion soit plus ef
ficace Sa Sainteté lui envoie de tout
cœur la bénédiction demandée.
Je profite de la circonstance pour voub
confirmer les sentiments de ma plus sin
cère estime.
De l'Illustrissime et Révérendissime
Seigneurie,
Le vrai serviteur,
M. Cardinal Ramfolla.
Rome, 30 décembre 1809.
Mgr d© Briey
Nous lisons dans la Semaine religieuse
de Meaux:
L'état de santé de Mgr notre évéque s'a
méliore sensiblement, mais nécessite en
core des ménagements.
8a Grandeur, touchée des hommages de
vénération et de sympathie respectueuse,
qui lui sont venus en si grand nombre de
la part du clergé et des fidèles de son dio
cèse et de différents diocèses de France,
remercie toutes les personnes qui ont bien
voulu lui en offrir l'expression.
L'iWOPÂl ITALIEN
ET L'ACTION SOCIALE
Rome, 2 janvier.
Dans sa lettre du 5 août 1898 aux
évêques, au clergé et au peuple
d'Italie, en même temps qu'il défen
dait les catholiques italiens contre
de calomnieuses attaques et d'in
justes persécutions, Léon XIII leur
traçait tout un vaste programme
d'action.
« Dans les conditions présentes
des choses, leur disait il, votre ac
tivité doit rester étrangère à la po
litique. Elle se concentre sur le
terrain social et religieux; elle tend
à. moraliser les populations, à les
rendre dociles envers l'Eglise et
son chef, à les éloigner des dangers
du socialisme et de l'anarchie, à
leur inculquer le respect du prin
cipe d'autorité, enfin à soulager
leur indigence par les œuvres mul
tiples-de la charité chrétienne. »
Les catholiques d'Italie conti
nuent de mériter ces éloges.
Le caractère particulier de leur
action sociale, c'est qu'on voit par
tout à la tête des entreprises les
plus matériellement économiques
et les plus modernes, les chefs
mêmes de la hiérarchie ecclésias
tique. Les évêques d'Italie donnent
au monde catholique un bel exem
ple de soumission totale et intelli
gente aux enseignements et aux
désirs du Pape Léon XIII.
Partout dans leurs diocèses, ils
multiplient les œuvres d'enseigne
ment social, les cercles d'études
qui ont parfois ailleurs inspiré tant
de défiance.
Ainsi l'archevêque de Milan, S.
Em. le cardinal Ferrari, ouvre le pa
lais épiscopal lui-même aux confé
rences sociales. Depuis plus de deux
ans, c : est au grand séminaire que
M. le professeur Toniolo d'abord,
f mis le ieune et brillant avocat mi-
anais M. Mauri, disciole chéri de
M. Toniolo, initiaient les jeunes sé
minaristes aux problèmes comple
xes de l'économie sociale et au pro
gramme de la démocratie chré
tienne. Pour donner à ces leçons
plus de retentissement, et y attirer
plus d'auditeurs, en particulier par
mi les prêtres et les étudiants de
l'Université, Son Eminencea ouvert
les salons de son propre palais à ces
réunions d'études. Chaque vendre
di, M. Mauri, devant un auditoire
nombreux et choisi, y étudie,sous la
forme de conversations plutôt que
de conférences, le sujet choisi, dont
l'indication seule est déjà tout un
programme plein d'intérêt et de
promesses, « l'Economie munici
pale. »
*~0n sair 4U? dans Ie nord de l'Ita-
life les catholiquêe sùviaux, à force
d'intelligencë, d'organisation et
d'activité, sont parvenus â entrer en
nombre dans une foule de munici
palités. Ils y appliquent les princi
pes d'une économie chrétienne très
étudiée ; des applications pourraient
étonner beaucoup de monde. Nous
aurons peut-être l'occasion d'en
parler une autre fois.
Les évêques ne dédaignent point
de traiter eux-mêmes les questions
sociales les plus brûlantes du jour.
Certains mandements de cetïe an
née ont été plus particulièrement
remarqués : l'un d'entre eux expo
sait ex professo la « Démocratie
chrétienne » ; un autre s'occupait
du « socialisme et de l'action du
clergé».
C'est surtout l'agriculture et les
œuvres rurales qui attirent l'atten
tion des évêques italiens. Mgr Or-
tolani, évêque d'Ascoli, a pris l'ini
tiative de chaires d'agriculture,
dont l'une est établie dans son sémi
naire' même et l'autre ambulante.
« Celle-ci, dit le prélat dans la cir
culaire qu'il adresse à son clergé,
vous permettra de guider les agri
culteurs de vos paroisses dans l'ap
plication des règles enseignées;
vous pourrez ainsi détruire dans
l'esprit de vos paysans des préju
gés traditionnels contre l'efficacité
des nouveaux systèmes d'agricul
ture, préjugés qui sont l'obstacle le
plus difficile à surmonter pour l'ap
plication efficace de principes agri
coles éminemment féconds. »
Les évêques italiens, on le voit,
ne pensent pas déchoir de leur di
gnité, ni forfaire à leur mission sur
naturelle en s'occupant minutieuse-
mentdes intérêts matériels de leurs
ouailles.
Ils ne se contentent pas de parler.
Ils agissent.
Mgr Jorio, l'archevêque de Ta-
rente, vient de promouvoir très effi
cacement l'institution d'une banque
agricole-commerciale à capital illi
mité, par actions de 25 francs. Il a
souscrit le premier deux cents ac
tions, le plus grand nombre permis
aux associés. Il a voulu bénir lui-
même les locaux de la nouvelle
Banque agricole, et il en a profité
pour expliquer les raisons ae l'in
tervention de l'Eglise dans les in
térêts économiques de ses en
fants.
« C'est, a-t-il dit, afin d'y faire
briller la lumière du ciel, pour que
les intérêts du temps restent subor
donnés à ceux de l'éternité ; c'est
aussi afin d'y introduire les règles
de justice contenues dans la mo
rale du christianisme, afin de tout
animer de l'esprit de justice et de
charité, afin d'y apporter le sourire
de Dieu et les bénédictions du
ciel - w
Le 20 décembre dernier, célé
brant son jubilé sacerdotal, Mgr
Sardi, évêque d'Anagni, n'a point
cru pouvoir laisser à ses diocésains
un meilleur souvenir de ces fêtes
jubilaires qu'une nouvelle caisse
rurale. C'est Mgr Radini-Tedeschi
qui est allé l'inaugurer, en dévelop
pant dans une éloquente conférence
les avantages et la nécessité de
cette institution pour le progrès de
l'agriculture et le bien-être des
pauvres paysans torturés par l'u
sure et le fisc.
Cette solennité a été particulière
ment agréable à Léon XIII, qui
s'intéresse toujours beaucoup au
diocèse d'Anagni, auquel il appar
tient par Carpineto, le lieu de sa
naissance.
Aux portes mêmes de Rome,
Grotta-Ferrata intéresse le voya
geur moins encore par son antique
abbaye de Saint-Nil aux traditions
et à la liturgie purement grecques,
que par les œuvres rurales nom
breuses dont l'abbé actuel du mo
nastère, don Pellegrini, s'est fait
l'intelligent et dévoué promoteur.
Il y a déjà dans cette population de
vaillants montagnards une société
ouvrière catholique avec des ramifi
cations de tout genre. Une caisse
rurale a été solennellement inaugu
rée le 26 novembre.
Ce n'est point quitter ce sujet que
de signaler l'importance qu'a revê
tue,dans les conditions où elle s'est
faite, l'élection récente du cardinal
Agliardi à l'évêché suburbicaire
d'Albano.
Selon l'usage, à la mort d'un car-
dinal-évêque, ce sont les cardinaux
présents a Rome au moment même
de la mort, qui ont le droit d'opter
par rang d'ancienneté pour la suc
cession du cardinal défunt. Cette
fois ci, le Pape a exprimé le désir
qu'on laissât le champ libre au choix
au cardinal Agliardi, en même
temps qu'il faisait savoir à ce der
nier qu il le verrait volontiers sur
le siège d'Albano. Tous se sont in
clinés avec empressement devant le
désir auguste de Léon XIII; et
comme le cardinal Agliardi, sor
tant à peine d'une dangereuse ma
ladie, n'avait pu assister au Consis
toire, le Pape lui a fait dire qu'il
sanctionnait avec une grande satis
faction l'option faite en son nom
par le cardinal Vannutelli, en même
temps qu'il formait des vœux pour
qu'une guérison complète lui per
mît de se dévouer bientôt aux
intérêts de son nouveau diocèse.
On sait qu'avant d'entrer dans la
carrière diplomatique où il a rendu
à l'Eglise d'importants services
dans sa double délégation aux In
des, et dans les nonciatures de Mu
nich et de Vienne, le cardinal
Agliardi avait été à la tête d'une
paroisse très importante du dio
cèse de Bergame, la région d'Italie
où les œuvres économiques sont les
plus anciennes et les plus floris
santes. Le cardinal Agliardi est
d'ailleurs un vétéran des congrès
catholiques; fci nous ne nous trom
pons, il fut l'uri des secrétaires du
premier congrès.
Toute cette expérience acquise
l'avait providentiellement préparé
au rôle si important qu'il a joué
pendant sa nonciature de Vienne»
Les chrétiens-sociaux d'Autriche
lui doivent en grande partie le
triomphe éclatant qu'ils on$ rem
porté sur les juifs jusqu'alors -tout-
Euissants. Le docteur Lueger;
ourgmestre actuel de la capitale
de l'Autriche, ne cache pas que c'est
le cardinal Agliardi qui l'a poussé
lui-même à organiser les femmes
chrétiennes de Vienne, dont la foi
vaillante a contribué pour une si
large part à secouer le joug des
gros financiers juifs.
Le nouveau titulaire de l'évêché
suburbicaire d'Albano, aujourd'hui
convalescent, fera bientôt bénéficier
son diocèse de sa longue expé
rience et de son dévouement
éclairé. Il ajoutera une nouvelle pa-
à l'histoire sociale de l'Episcopat
italien.
L. G.
UN CONFLIT FRANCO-DOmilllCJklN
Des manifestations se sont produites
hier à Saint-Domingue, à la suite de la
saisie faite par leB soins du consul de
France entre leB mains de l'Improvement
Company, concessionnaire de certains
revenus de l'île et, entre autaeB, de celui
des douaneB.
Cette saisie a été opérée dans les con«
ditions suivantes : par un traité conclu
en 1895 entre le défunt président Heu-
reaux et M. Pichon, alors ministre en
Haiti, le gouvernement de Saint-Domin
gue s'engagea envers le gouvernement
français, en réparation des dommages
causés & ses nationaux, à verser au con
sulat de France une indemnité payable
par mensualités.
Le traité prévoit qu'à défaut de paie
ment, un recours pourra être exercé con- ,
tre la Société précitée.
Après l'assassinat du président Heu-
reaux et en raison des troubles qui en
résultèrent, le gouvernement français
B'abstint d'insister pour le paiement im
médiat de l'arriéré. Mais, en présence du
refus persistant du nouveau gouverne
ment de remplir ses engagements, le
consul reçut l'ordre, conformément aux
clauses du traité, de procéder à la saisie
du produit des revenuB dont l'Improve
ment Company est concessionnaire.
C'est l'exécution de cette mesure qui
a provoqué les troubles rapportés plus
haut. Sitôt informé, le gouvernement a
télégraphié au commandant de la divi
sion navale de l'Atlantique, qui est ac
tuellement à Saint-Thomas, de Be rendre
immédiatement dans les eaux de Saint-
Domingue.
— — ,
Chaque demande de changement
d'adresse doit être accompagnée de
50 centimes en timbres-poste.
Cette exactitude aura un double
avantage pour eux : elle diminuera
les chances d'erreur et ©Ho éviter»
des frais.
Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 90.03%.
En savoir plus sur l'OCR
En savoir plus sur l'OCR
Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 90.03%.
- Collections numériques similaires Arts de la marionnette Arts de la marionnette /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "Pam1"Paris, Sèvres, Saint-Cloud, Versailles, Saint-Germain, Fontainebleau, Saint-Denis, Chantilly : avec la liste des rues de Paris / par Paul Joanne... /ark:/12148/bd6t5774757r.highres La comédie à la cour : les théâtres de société royale pendant le siècle dernier, la duchesse du Maine et les grandes nuits de Sceaux, Mme de Pompadour et le théâtre des petits cabinets, le théâtre de Marie-Antoinette à Trianon / Adolphe Jullien /ark:/12148/bd6t5773930r.highres
- Auteurs similaires Arts de la marionnette Arts de la marionnette /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "Pam1"Paris, Sèvres, Saint-Cloud, Versailles, Saint-Germain, Fontainebleau, Saint-Denis, Chantilly : avec la liste des rues de Paris / par Paul Joanne... /ark:/12148/bd6t5774757r.highres La comédie à la cour : les théâtres de société royale pendant le siècle dernier, la duchesse du Maine et les grandes nuits de Sceaux, Mme de Pompadour et le théâtre des petits cabinets, le théâtre de Marie-Antoinette à Trianon / Adolphe Jullien /ark:/12148/bd6t5773930r.highres
-
-
Page
chiffre de pagination vue 1/4
- Recherche dans le document Recherche dans le document https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/search/ark:/12148/bpt6k7690748/f1.image ×
Recherche dans le document
- Partage et envoi par courriel Partage et envoi par courriel https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/share/ark:/12148/bpt6k7690748/f1.image
- Téléchargement / impression Téléchargement / impression https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/download/ark:/12148/bpt6k7690748/f1.image
- Mise en scène Mise en scène ×
Mise en scène
Créer facilement :
- Marque-page Marque-page https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/bookmark/ark:/12148/bpt6k7690748/f1.image ×
Gérer son espace personnel
Ajouter ce document
Ajouter/Voir ses marque-pages
Mes sélections ()Titre - Acheter une reproduction Acheter une reproduction https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/pa-ecommerce/ark:/12148/bpt6k7690748
- Acheter le livre complet Acheter le livre complet https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/indisponible/achat/ark:/12148/bpt6k7690748
- Signalement d'anomalie Signalement d'anomalie https://sindbadbnf.libanswers.com/widget_standalone.php?la_widget_id=7142
- Aide Aide https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/aide/ark:/12148/bpt6k7690748/f1.image × Aide