Titre : Comoedia / rédacteur en chef : Gaston de Pawlowski
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1920-01-23
Contributeur : Pawlowski, Gaston de (1874-1933). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32745939d
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 23 janvier 1920 23 janvier 1920
Description : 1920/01/23 (A14,N2594). 1920/01/23 (A14,N2594).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k7653361w
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-123
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 08/06/2015
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rr
"2f-T%Sr
Le rei et la reine, clans ua salon attenant à la
salie des séances, reçurent tes artistes et-les re-
mercièrent. Avant de quitter l'hémicycle, les
souverains s'arrêtèrent de vant lé buste de Ver-
haeren et le saluèrent d'un geste large. La reine
iemeura quelques secondes inclinée. Lé soir,
un diner réunissait au Palais M. Henri de Ré-
gnier, M. Sem Beneili, l'écrivain italien ; M.
Withlock, M. Destrée, M. Giraud, le peintre
Alfred Verhaeren, M. Brunfaut; MM. Verlant,
Cirégoipe Le. Roy, Thomas Braun et Gaston
Pullings.
Le lendemain, après-midi, à deux heures, le
théâtre du ?-a-.:c donnait la première représen-
tation de gala d.'Héièfie de Sparte. Entre temps.
M. Aiexandrs avait quitté Bruxelles aussitôt la
séance solennels au Sénat, pris le train à cinq
heures pour Gand, où il retrouvait ses camsra-
ids 4e la Coanédie-Française, MM. Raphaël Du-
flos, Bernard. Croué; Aimes Berthe Cemv,
KoU) et Hsurette OuJlo5, qui donnèrent une
tri's belle représentation de bienfaisance de LI
Crache (Mme Bernard et Mme Kolb furent ir-
résistibles C&i1S les rôles de Marjévol et d'Ur-
sula;. et du Voile déchiré. Le lendemain matin,
M. Alexandre regagnait Bruxelles et arrivait jus-
be à temps çcur déjewner et revoir le cosluxe
dlu froid. Pol'iax d'Hélène de Sparte. Les trams
belges n'eurent heureusement aucun retard !
La famil'.e roys'.e gagna son avant-scène eux
accents de la Brabançonne. Le public belge qui
entendait pour la première fois Hélène de Spar-
t,,, fit au. drame un accueil enthousiaste que ra-
tifia la presse "belge le tendema'n. Après le pre-
mier acte, ¡es souverains firent appeler Mme
Robinne et M. Alexandre et les gardèrent quel-
ques instants. Comme l'excellent sociétaire de
la C&m.edLe-Pfssçaise disait au roi sa fierté d'a-
voir été cité à l'ordre de l'armée belge, S. M.
Albert 16r !ci,j répondit : « J'en suis heureux
shoi-qnêm. cr?r du-rant cette guerre, il n'est pas
un soldat fiiiTi-çais qui n/ait été un peu scldat
belge.
Avant le troisième acte. ie rideau se leva sur
!e couroncen-.em du poète. Le buste de Verhae-
J'en avait tf.é p.'acé sur la scène. Mmes Robinne,
Gisèle, Picard : MM. Roger Karl, Chambreuil,
les artistes cfo théâtre du Parc, MM. Lemsunier,
Edy Debray, Be-rve ; Mmes Pierval, Raymond,
VattLers, Mettchy, et la figuration, étaient pré-
sents. M. Alexandre, à nouveau, déclama le
beau poème de Grégoire Le Roy, qui avait été
la veille acclamé au Sénat et dont nous déta-
xons ces vers :
Hélas I! t't'il tionr vrai, fil ne c-l¡:ltltc't';lo; y. ; us
Ta j i>ir- U inv.ele o! téc >nl.\
T'Mt. "t.¡,e (»»«■• ■îSilai'.Mït "t
Ta Voix i'» ¡<.t.' ï^uvait imïi* !,• cri du nu ;iuo,
Ta g-raurl-e w>iï «>«t t,:¡P ot hnnis. ])':;~ jamais
'Nul tIf' .réVAtera co (f(h' rtairtioiit IIr::I'; ';'-'!lIna':;,
iC*r- toi swi possédais, aimai-; ot ¡-.,I(I:-/ti',:I:"i-.
Arec ton* !jIFI; péchés, h» cœur vii-i-ant des
[h'Miimcs
fi^ravme. tv l'af été, pin* tjno (ju.Uonqnc et mieux!
Le piHilr ctf V'wivers battait tes artères :
dc-s
idieux.
Ct tu puisai wn soHffv- au .souffl.- il- la Unre ;
:
■'Jkm omltre »fir.ra laissée aux àir s -do i: 'm' àw->
Wtifvfirtna.i.- centre toi te Temps ot i;i!.i>iiis;-;mt.
J> .strtii) ('■* l'avenir s'ouvra p'uu* ti>u j»assasr<\
I/-» (lailè qu'n a iiviso AtnicjçiH do ton corps.
— (iarriieunte de ton «tant. témoin uo i< n uéiiiè —
Je rwi'iPiva^ se* Jjougw soin i- n.iilliple ufforl
.yue du iVjbk» du tombeau tu tontes vers ta vie.
fJ't'f¡,tenrl-", amei craquer les ai- de ton cercueil
Et, *tanae -««« les morts autour de toi tivs-
[sailjent.
Soulevant de tes mains .ton l.n»til inaateau de
Tdcuil,
Ta relll'lils, iJAjnortel, d.\<5 ternitrcs entrâmes
,La salLe Ifnnère. debout, acclama longtemps
son poèje. et l'émotion était si profonde, l'en-
thousiasme aussi magnifiquement unanime, qu'il
Semblait que ce fût là vraiment le salut de la
Belgique reconnaissante à celui dont l'oeuvre et
la vie avaieof éclairé et enrichi le pays tout en-
tier..
Par un sentiment de piété, M. Alexandre vint,
après le dernier acte, nommer le ncm de l'au-
teur et la représentation s'acheva sur un triom-
phe. L'interprétation avait mérité, tous les élo-
ges.
M. Alexaacfcre jouait Poilux, rôle difficile s'il
en fut, (}pj demande de l'énergie, de la force
et aussi tie la discrétion. L'artiste eut la com-
préhension enactè de cette grande figure d'am-
bitieux perfide et froid, violent et rétléchi.
Mme Robiune était Hélène de Sparte. Elle le
fut superbement par son jeu très sur, par ses
beaux gestes tragiques, par sa beauté impo-
sante. Elle fat vraiment interprète idéale d'un
rôte plein «ie gfandeiw et de sérénité.
Il faIlaM, pour rendre le. caractère farouche
d'Elecfire, MP passion, fougueuse : Aille Gisèle
ficsrd la lui donna ; elle brùla pour Hélène
ffl amome on«strtwux et fatal.
K. Chm&btéuil sut imprimer un caractère de
îV^ Hioeiw a de mélancotie résignée au person-
1','.: de Meftélas voue à la mort. ,
Roger Karl eut tout l'empressement que
r v/»ssite le oêk de Castor,, amoureux.et meur-
r.
Les açtettfs du Théâtre du Parc prêtèrent à
leur camarade ^ri.sien un concours bienveillant
jet efficace. H n'y a que des éloges à adresser
à MM. Leiteeranier, Edy. Debray, Derves ; à
«Vînmes Alice Pierval, Renée Ravmend, Margue-
rite Valliera, Blanche Meuchv.
Il ne faut pas oublier de féliciter M. Re-.
ding, le sympathique directeur du Théâtre du
parc, à qM jevient l'honneur de t'organisation
de la représentation, ni l'actif, l'infatigable M.
Cournac. régteseur, qui réussit ce tour de force
jde mettre iteboot, sans répétition, d'ensemble.
yn quelques jours, oette oeuvre magnifique, qui
Vient de faire chérir davantage par la Belgique
un des plue gpa-nds poètes, de ce. temps.
É. D. M.
ArUniversttê des Annales
M. MAURICE DONNAY FAIT UNE SPIRITUELLE
AUSERIE sun <\ MOLIERE ET LES FEMMES
CAUSERIE SUR « MOLIERE ET LES FEMMES »
Nul mieux que M. Maurice Donnay. n'était
qualifié pour venir parler de Molière au public
de l' « Université des Annales ». Il l'a fait
avec cet esprit, à la fois si français et si pari-
sien, avec cette ironie légère et ce scepticisme
bon enfant qui caractérisent la manière de l'au-
teur de la Chasse à l'Homme.
« Molière et les Femmes », tel était le titre
de la conférence de M. Maurice Donnay qui a
écrit sur ce sujet, il y a quelques années, « une
pièce en cinq actes » intitulée le Ménage
de Molière, dont il nous fut donné, du reste,
d'entendre, au cours de la causerie, une des
principales scènes avec Mlle Bovy, de la Co-
médie-Française, à laquelle le conférencier lui-
même - donna la réplique.
M. Maurice Donnay fit allusion aux différen-
tes femmes qui évoluèrent autour de Molière,
mais il nous parla surtout d'Armande Béjart. En
effet, dans l'Ecole des Maris, ainsi que dans
l'Ecole des Femmes et le Misanthrope, c'est
sa propre histoire que Molière nous raconte.
Dans le temps qu'il écrivit l'Ecole des Maris.
ii était amoureux d'Armande Béjart. A cette
époque, Molière avait quarante ans, Armande
Béjart en avait dix-huit : « cette dernière est
maigre, avec des angles par où pointe l'électri-
cité. » Elle n'est pas jolie, mais elle a la sé-
duction et le charme, elle appelle Molière son
petit mari. Cela devait mal tourner, ou plutôt
trop bien tourner : un jour, une rougeur, une
pâleur d'Armande ont fait comprendre à Mo-
lière qu'il était aimé comme un amant (dans le
sens du dix-septième siècle) et le mariage a
lieu le vingt février 1662.
Au mois de décembre de la même année pa-
rait l'Ecole des Femmes, pièce de génie où l'on
voit apparaître, avec Arnolphe et Horace, la sé-
rie des grands types.de Molière. Arnolphe, c'est
Molière, il est jaloux d'Agnès qui n'est autre
qu'Armande Béjart, Il a la maladie des gens
âgés et « fait de la jeune femme » comme on
fait de la neurasthénie. Après l'Impromptu, de
Versailles qui fut représenté à la Cour, la ja-
lousie de Molière s'aiguise encore. Si Armande
Béjart tombe, c'est « sur le plus beau lit de
circonstances atténuantes », mais. en tous cas,
Molière est te plus malheureux des hommes et
c'est alors qu'il écrit cet immortel chef-d'œu-
vre qu'est le Misanthrope.
Nous n'avons pas de peine à reconnaître les
personnages que Molière a voulu dépeindre avec
Alceste et Célimène. Celle-ci, cependant, bien
que coquette, n'est pas méchante. Elle n'aime
pas Alceste mais elle y tient, pas toute-
fois au point de le suivre dans le désert.
Cette pièce, nous dit M. Maurice Donnav, est
la plus noble expression du génie du Théâtre
Français et on aime que ce soit une femme qui
l'ait inspirée. Il nous plaît que Mme Molière ait
été la cause du Misanthrope qui est un chef-
d'œuvre et nous pouvons bien, pour cela, lui
pardonner sa coquetterie.
Le conférencier nous parle en terminant des
Femmes Savantes en nous montrant Armande.
prétentieuse; Belisè, grotesque. Philaminte,
ignorante ; et en nous faisant voir comment Hen-'
riette qui, elle. n'a aucune prétention, est un bel
esprit. Mais il ne faut pas conclure de cette
pièce que les femmes doivent être ignorantes,
surtout de nos jours.
Outre la scène du Mariage de Molière. de
M. Maurice Donnay, nous avons eu le plaisir
d'entendre au cours de cette fine causerie Mlle
Bovy et M. Brunot, de la Comédie-Française,
dans une scène de l'Ecole des Femmes, qui fut
jouée avec un art accompli.
EDOUARD REVERAND.
UNE BONNE SOIRÉE!
C'est celle que vous passerez ce sc:r, si vous
avez pris l'élémentaiTe précaution de retenir
une table au Louvre 40-00 à L. 40-11. Le suc-
cès des dîners dansants de gala, donnas dans
le cadre de haute élégance que fcrrr.2 la salts
des fêtes de l'HOTEL CONTINENTAL, est tzi
que tout Paris seîect veut applaudir Mi!.e GOCi-
gette DELMARÈS. de rOpéra-Cùfmqu. -et MM.
Sandow, de t'Opéra, et Du-bouf.
Comœdia"
chez les Etudiants
Une très brillante soirée lyrique et dramati-
que, organisée par la Ligue Maritime, eut lieu
cette semaine à la Maison des Etudiants.
M. Georges Toudouzc, dans une allocution très
applaudie, insista sur la nécessité d'imprimer un
nouvel essor à notre Ligue Maritime il émit
le vœu qu'une section de la Ligue Maritime
fût créée à'I'Association Générale des Etudiants
et sans aucun doute son Comité examinera cette
intéressante suggestion.
Dans le concert qui suivit, Mlle Irma Dargy.
de l'Opéra-Comique. obtint un vif succès dans
quelques morceaux du répertoire. Puis Mlle
Charlotte Mutel, de-l'Odéon, dont la diction im-
peccable mérite d'être soulignée, récita avec
beaucoup d'intelligence artistique des vers de
Musset. M. Robert Davin, du Palais-Royal, co-
mique excellent, mit l'auditoire en joie en chan-
tant des* refrains presque célèbres comme
« K K K Ketty » et « A ce moment s'avança. »
La soirée se termina par la troisième repré-
sentation de Monsieur jScfnveinfurth s 'CIl va, co-
médie alsacienne de M. Georges Toudouze.
Mlle Yvonne Hébert, du Vaudeville. prêta son
charme et sa grâce ingénue à l'héroïne de cette
délicieuse petite comédie.
• RENE IDZKOWSKI:
LES A VANT VREMltRES
- A l'Opéra
"Le Tricorne99
- A l'Apollo
"La Vr incesse CarnaVal99
La musique de M. de Fa-lla est de la musi-
que espagnole ! :
— La belle affaire, me direz-vous, M. de
Falla est espagnol !
Ce n'est pourtant pas une La Passade et
il n'y a pas très longtemps que la musique es-.;
ipagnole vient d'Espagne. Avant Albeniz et:.
Granados, elle venait de France et de Russie.
— Mais en Espagne?
— On faisait de la musique itaHenne!
« Il y a queiqu-es années, me contait l'au-
tre jour M, de Faite, j'ai fait jouer de vieilles
chansons gitanes. l'Amour Sorcier, entre au-
tres, que j'avais recueillies et orchestrées. Mes
amis ont manifesté une grande stupéfaction:
(Photo Commua.)
M. de FALLA
— Vous faites de la musique étrangère? >
Pendant très longtemps, en effet, l'Espagne
a vécu sous l'influence de la musique italienne
et allemande, principalement celle de Wagner,
et les compositeurs s'¡m-\p:'r,a,!ent plus volontiers
dies œuvres qu'ils entendaient jouer continuel-
lement que du vieux fonds national. Ils pui-
s'aient fort peu dans les chansons et Içs airs,
de danse populaires qui, eux, conservaient les
traditions mé-lodiques de la vieille Espagne.,
Ce sont les. musiciens français Chabrier,
Bizet, Debussy, qui, les premiers cm , ces rythmes et qui les ont fait connaître de
l'aut-re côté des Pyrénées, et ce sont les mu..
siciens russes, Rkmsky-Korsakow en tête, qui
ori't composé les premières symphonies espa-
gnoles. ■
- Rien d'étonnant à cela, me dit M. de
Falllil, la musique populaire espagnole et la mit-
sique russe sont sœurs et i,l arrive très fré-
quemment que l'on rencc'n're les mêmes the-
mes dans les vieilles chansons de ces deux
pays. Et la ressemblance est frappante, non
seulement au peint de vue mélctiuque et ryth-
mique, niais encore au point de vue tonal et
modaL
« D'où vient donc cette fraternité qui sem-
ble incompréhensible étant donné l'élolgnement
des deux pays?
« Tout simplement de ce que ces deux mu-
siques ont les mêmes crigines : origine litur-
gique, origine orienta'e. L'Espagne et lia Rus-
sie sont deux pays très religieux et tes vieilles
ohansons populaires s-ent souvent titrées des an-
ciens airs entendus par les fidèles à Téglise.
« Il est remarquable de constater que les gi-
tanes, qui ne connaissent pas la musique, arri-
vent à des résultats surprenants. Leurs danses
ont des rythmes et des mélodies d'une hardiesse
déconcertante.
« Il arrive fréquemment qu'ils chutent en
accompagnant l'air de la romance sur un au.ttre
ton; d'autres fois, ils baissent, par commodité,
une « pédale » qui, soutenant les notes sui-
vastes sans être en accord avec el'es, produit"
une harmonie d'un caractère inédit et frapi
pant.
« Comment reproduire ces harmonies bizar-
res? On est obligé d'user de subterfuges. Cier-le
nes ? On est ab-lig-é d'us.
faines discordances, dans une symphonie, arri-
vent à donner, par la fusion des sens, une
impression de ces tiers et de ces quarts de,,
ton dont je vous parlais tout à l'heure. Mais
02 n'est qu'un procédé.
« La musique moderne espagnole est donc
forcément artifidel'e. On a beau refaire de
nouveWes gammes et de nouveaux modes. les
fnstruments nécessaires tpour interpréter ces
harmonies font encore défaut.
« Mais, lorsqu'on les aura c-Q,ns,>rwIts, la
vieille musique artificielle aura vécu peur faire
place à la musique spontanée, à la musique
naturelle; et le champ qvA s'ouvre devant les
compositeurs de demain, est infini. «
ANDRÉ RIGAUD.
, L'opérette réintègre le logis charmant de la
-M,- de Cliohy, où elle connut jadis tant de beaux
jours. Une direction jeune et avisée lui a pré-
paré le cadre le plus élégant qu'il soit possible
de souhaiter — modernisant. embeHissant ce
théâtre de l'Apollo, déjà un des plus coquets
de Paris.
La Princesse Carnaval, qui inaugure cette sai-
son lyrique, est due, pour le livret, à deux au-
teurs maintes fois applaudis, MM. Maurice Des-
■va.! 11 ères et Paul Moncousin, et pour la musi-
que, au ccttr.positeur Henïri Hirchmanni Ecrit
d une plume spirituelle, ces trois actes abondent
en intrigues amusantes qui créent une. atmos-
phère de belle humeur qui se communiquera.
à coup sûr, à la salle.
C'est l'aventure galante d'Adhémar, duc ré-
gnant de la principauté de Floréal, que nous con-
tent MM. Desvallières et Moncousin. Ce joyeux
monarque fait la fête à Paris au grand déses-
poir de ses sujets. Obligé de regagner sa ca-
pitale pour contracter un mariage politique avec
la princesse Christiane, que son premier mi-
nistre est allé chercher à [a cour de Carinthie,
il arrive à Nice en pleùn carnaval. Et, séduit
par une aguichante demi-mondaine. la jolie Mas-
cacette, H y demeure incognito.
Le prince de San-dovài. que les adversaires
d Àdhémar voudraient lui substitua sur le trô-
ne, arrive en même -temps sur la Côte d'azur.
aigsi que la princesse de Carinthie. Il s'en
éprend, sans la connaître, et la jeune fille, qui
n'avait d'abord vou'u que s'amuser de l'averi-
tue. ne tarde pas à l'aimer à son tour. Au mi-
liu v de quiproquos fort plaisants, les événe-.
n:-ents se précipitent. Adhémar détrôné et rem-
placé par Sand)",,] et tous les personnages se
retrouvent à Floréal, où la pièce s'achève par
le mariage des. deux amoureux et le retour d'A-
dJ!émar et de Mascaret à Paris, où ils continue-
vont de mener joyeuse vie.
Notre œuvre est comme les peuples heureux,
s disent MM. Desvallières et Moncousin :
na pas d'histoire. Notre collaboration n'a
P-18 cesse un instant d'être cordiale, intime ;
1 entente la plus complète, la plus parfaite har-
monie de pensée ont présidé à nos heures de
travail. Il est vrai que nous nous connaissions
deja : Mam'zelle Trompette fut nObre première
opérette commune.
L'idée de La Princesse Carnaval nous est
(Photo Henri Manup-I)
M. Henry HIRCHMANN
venue en 1914; malheureusement, la guerre
nous a empêchés d'écrire immédiatement cette
pièce, que nous avons terminée tout récemmesnt,
et que M. Pavie a acceptée d'emblée. Nous
avons ui peu hésité sur son titre: successive-
ment, notre choix s'est porté sur Duchesse de
Floréal, puis Princesse Inconnue, qui nous a
paru un peu grave pour ces trois actes qui veu-
lent seulement faire rire et distraire.
MM. Desva-Utères et Moncousin ne tarissent
pas d'éloges sur la trompe de l'Apoilo. qui as-
sure à leur opérette une interprétation je-une,
ardente. Ils nous ont du't leur gratitude pour
M. Aimé Simon-Girard, qui a mis en scène
leurs trois actes avec une autorité et un tact
infinis.
La partition de M. Henri Hirchmann est d'une
verve etourd séante, digne en tous points de-
Fauteur de La Danseuse de Tanagra. L'orchestre
que dirige remarquablement M. Florent d'Ass,
en fera valoir tout le champ et l'esprit.
M. Aimé Simon-Girard se trouve en tète de
la pietada d artistes chargés de défendre Prin-
cesse Carnaval, et qui comprend Andrée Mar-
ly. gaubeuo-e Mascarette, Simonne Judic, dont
le charme et'la bette voix feront merveille; l'a-
musant Fernand Frey, la danseuse Tikanowa ;
MM. Pa«ul Fa ivre, Pré fils, Bever ; Mmes Mor-
ny, Taville, Baldie, Briand et tout un essaim de
jolies danseuses.
E. B.
AUJOURD'HUI
En matinée. ,
'A l'UNIVERSITÉ DES ANNALES (51, rue Saint-
Georges). à 16 heuresr Le Monde nouveau,
l'essor de l'Amérique. Conférence de M.
Edouard Herriot, maire de Lyon.
En soirée. n n
A l'OPÉRA, à 21 heures. première représen-
tation de Le Tricorne, ballet avec musique de
M. Manuel de Falla. Au programme: Papillons
et Contes Russes.
Au THÉÂTRE DE L'ApOLLO, à 8 h. 15 très
précises. répétition générale de la Princesse
Carnaval, opérette à grand spectaçle en trois
actes, livret de MM. Maurice Desvallières et
Paul Moncousin, musique, de M. Henri Hirch-
mann, mise en scène de M. Aimé Simon-Girard,
dont voici la (
MM. Aimé Simon-C.irnFt) (S:nldf>v:Ü). fVrnatid
J-ivy i|ïrn.ast). Paul Faiviv (l'nrtasas). Pn- fils (le
général (ararol). liéver (BaNhelas), Ailles Sl-
01011-(' .Jllliie. (Christiane). Andrw Marly SMast-an-t-
I iKan iua :.la ila usi-us,' de tallf.{o). Morny,
(Liane), 'limite (Margot). Baltlit" iMariotti;. JlrianU
(Zizi¡, Ihirtiault i,FIIH'elle). Mettcr (Hiltinei. atarcil
UitMiic). Mit'lia (Fanny). Narcey (la comtes»- llor-
ten-sia), (iérard (la (iroem du Magic). etc.
(Pour éviter tout encombrement, la direction
nous prie de dire que les invités seront r/yçns
au contrôle il partir de 7 h. 45. V
A la PORTE-SAINT-MARTIN. à 20 h. 30, pre-
mière représentat.'on de Béranger, pièce en
trois actes et un prologue de M. Sacha Guitry.
Opéra
■ C"
Le Tricorne, de M. de Falla, dont la première
représentation a lieu ce soir, aura pour inter-
prètes principaux : Mmes Karsavina, M. Mas-
sive, M. Woizikovsky, M. Idzikovsky, Mlles
Grabovska. Radina, Sokolova, M. Zverev. Cho-
régraphie de Léonide Massine. Décors et cos-
tumes de Pablo Picasso. v
Dans les salles d'études et au petit théâtre,
on continua - les études peur le Rebecca. de
César Franck, qui sera jouée avec Sylvia. mer-
credi prochain, et la Légende de Swnt-Chris-
tophle. de Vincent d'Indy, qui sera la première
création de ces jours-ci.
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Comédie=Française
On a commence hier après-midi, sous la di-
rection de M. de Féraudy, les études de la
nouvelle version du. Repas du Lion. On compte
que l'oeuvre de M. de Gurel pa-urra passer
fin février.
C'est M. Jean Hervé qui jouera Bajazet,
et Mlle Guintinii Aftalide, à l'occasion die la nou-
velle présentation de Bajazet.
Odéon
Un amusant contraste.
M. Vargas tiendra lundi prochain, pour la
première fois, le rôle d'Alceste du Misanthrope,
où jusqu'à présent il jouafc Phi Mate. L'opposi-
tion sera intéressante. Mlle Briey incarnera Cé-
limène, personnage jusqu'à présent tenu par
Mlle Paule Andral.
Répétition de travail.
Mardi, à 2 heures, aura lieu, une réipétition
pour l'a presse de la pièce en un acte de MM.
Laroche et Vernhoîes: Les Chevilles.
Athalie.
On répète pour le début de février Athalie.
Pour le rôle principal, M. Paul Gavault vient
d'engager spécia ement Mme Marcelle Frappa,
qui vient de triompher à l'Œuv:re dans Hedda
Gabier.
MM. Chambreuil, Desmc.uli.ns. Drain et Mme
Odette de Fehl joueront Joad, Abner, MJ-tlhan
et Zacharie. SeLon la tradition de la Comédie-
Française, le rôts de Joas, dans lequel Mmes
Reicfrenberg et Bovy se firent applaudir, sera
Joué par une jeune fetn-me etnOlil" par un
enfant: c'est Mlle Magdeleine Khdré ?— qui
porta si souvent le travesti, notamment dans
VArlesienne. M. Pinpin. etc., et qui jouera
bientôt un des Enfants d'Edouard - qui por-
tera la robe de lin d'Eliacin.
Le rôle passe.
Mlle Maital a pris possession, dans Les Amé-
ricains chez nOlls.,.. du, rôle çle Marie Bouin, créé
par Ml Je Guereau, et s'y fit, à son tour, ap-
plaudir.
Gaîté=Lyrique
, Rassurons les nombreuses personnes qui
chaque jour, à la location, se renseignent à cet
égard. Les glorieuses vedettes de La Belle Hé-
lène: Marguerite Carré, Max Dearly, tiendront
lusqu au, bout les rôles qu'ils ont interprétés
jusqu ici sans un seul jour de défaillance A
côté d'eux, leurs brillants camarades: Tirmont
Girier, Oudart, De*3e Grey, Elain, Roaues
joueront le chef-d'œuvre d'Offenbach jusqu'à ce
que d autres engagements les forcent à quitter
l'affiche. (Comnianiqué.)
Variétés
Demain samedi et après-demain dimanche
matinées à 2 h. 30 de la Chasse à l'Homme, la
comedte de M. Maurice Donnay, dont le succès
est de plus en plus considérable. Même distri-
bution que le soir : Jane Marnac, Raimu, Mar-
celle Yrven, Isabelle Fusier, Gh. Dechamps,
Paulette Noizeux, Renée Le Fiers, Koval, Jean
d'Yd et Jean Dax.
DEMAIN
, A FAPOLLO, 20 h. 30, première représentation
de La Princesse Carnaval, opérette en 3 octet
de MM. Desvallières et Moncousin, musiqui
de Henri Hirchmann. -
A la POTINIÈ-RE, à 14 h. 30, répétition gêné..
raie du nouveau spectacle.
■ÙPFRX,
apcftiaiiE]
-Sauf erreur, M. Cazette est sorti brillamment
du Conservatoire de Paris à la veille des hos-
tilités. Depuis lors, il a dû faire comme les
autres. Arrête par la guerre, W l'orée d& SŒ
carrière, il appartient depuis quelque temM
déjà, je crois, à la troupe fixe de l'Opéra-Co-
mique.
Jusqu ici, il n'eut guère l'occasion de dott.
ner la mesure de ses capacités. Le rôle de
rinkerton, qu'il interprète actuellement, quoique
de premier plan, ne permet pas de juger à fond
u-n comédien lyrique. Scéniquement, il y a UT*
toujours une opposition gênante entre cet offi-
cier de marine d'aspect courant, sanglé dans
un bel uniforme blanc, doré sur tranches el
exotique décor dans lequel évolue la petite
amoureuse japonaise au geste nombreux et
menu.. Tous les Pinkerton, ou à peu. près, con-
servent, dans les conditions où on les placé
generalement. un air assez niais dont on ne.
saurait leur imputer la faute.
Toutefois. M. Cazette ne paraît pas maladroit,
Il semble posséder du nature! et une certain
franchise d'expression. Par ailleurs, la voix
est belle, égale -et correctement émise. Timbre
agréable. Justesse satisfaisante.
C'est tcut ce que je puis, avec quelque su-
rreStes , ^|! - r-au;-ourd 5m hi;:i de cet artiste qui possède
incontestab^lement beaucoup de dons. Si son
ardeur au travail, son souci de percer et sa
musicalité correspondent à ses aptitudes tin
brillant avenir ne lui sera pas inaccessible.
Les emplois confiés jusqu'alors à .M. Cadayé,
débutant de cette année, ne m'ont pas encope
éclairé sur ses capacités. Ce n'est pas encore
le rôle du bonze qui nous permettra de l'ap-1
précier. Attendons l'occasion favorable.
RAYMOND CHARPENTIER.
P.-S. — Dans mon dernier article, sur Les
Noces de Figaro, on m'a fait écrire que M.
Parmentier avait joué dans la note sombre, au
lieu de sobre. Nos lecteurs auront certaine-
ment rectifié d'eux-mêmes. R. Ch.
M. Henry Albers, le réputé baryton, kra sa
rentrée, à rOpéra-Comique. dimanche. en ma.
tinée, dans le rôle de Zaccaria de Gis monda,
qu'il a créé avec tant d'éclat. Mlles Brunlet,
Calvet, Sonia Pavloff ; MM. Lapelletrie, Azéme
et Dupré tiendront les principaux rôles du Pas-
sionnant ouvrage de M. Henry Février. -
Théâtre des Champs-Élt/sêes
Ce soir, relâche. Demain, première représen-
tation de trois œuvres nouvelles: 1° A mari lia,
ballet en un acte de Glazounow et Drigo ; 20
Feuilles d'Automne, poème chorégraphique de
Mme Anna Pavlowa ; 30 Danses populaires
mexicaines. Ces trois spectacles seront interpré-
tés par Anna Pavlowa, Alexandre Volinine et
toute la compagnie de ballet. (Communiqué.)
Renaissance
Et vous aussi, provinciaux!.
ri faut aller voir La Passerelle, la pièce si
parisienne des auteurs les plus parisiens : Gres-
sac et Francis de Croisset ; il faut aller voir les'
artistes de choix qui en sont les interprètes :
Mme Cora Laparcerie si tendrement émouvante
dans le rôle de Jacqueline, Mlle Marcelle Prain-
ce joliment élégante, M. Georges Colin un des
jeunes premiers les plus goûtés, et M. Louis
Maurel à la verve comique et légendaire; alors
seulement vous pourrez vous vanter (retour
dans vos foyers) d'avoir vu le spectre le plus
parisien. Matinées, samedis et dimanches
(Communiqué.)
S arah-fternhardt
Mme Sarah Bernhardt est partie pour Lyon,
ou elle va, comme en le sait, créer Rossini,
de René Faucihois. Avant son départ, eiie di-
rigea les premières représentations d'Athalte,
qu elle jouera à Paris, pendant la setnaânis
saiint4--. Etie tiendra elile-même le rôte d'Atha-
lie, qu'elle nous présentera selon des concep-
tions personnelles qu'elle voulut rtaguêtre Ittinyo
triompher à la Comédie-Française. A ses cô-
tés, Mme Moreno interprétera Josabeth, M. J'eM
Froment, spécialement engagé, jouena Joed;
MM. Decœur et Baissac inoarneront Abner et
Mathan. Mlle Mary Gray sera Zacharie.
Théâtre Edouard VII
En raison des recettes toujours brillantes fi
direction a décidé de prolonger d'une semiMnd
les représentations de La Liaison dangereusé
qui ne quittera donc l'affiche que le dimanche
1^ février, après la soirée, pour la céder à
Kiki. la comédie de M. André Picard qui fut
un des grands succès du Gymnase au cours des
hostilités.
4~e-
XIII
MS « SIX Ji FRANÇAIS : DARIUS MILHAUD,
LOUIS DDREY, CE-ORGIES AURIC, ARTHUR
HONEGGER, FRANCIS POULENC ET GER-
MAINE TAILLEFERRE ,n:
Dans notre précédent feuilleton nous avons
Indiqué les directives du groupe des « Six ».
et spécifié ks deux influences qu'il subit :
celle de Jean Cocteau et celle d'Erik Satie.
Disons tout de suite que si la philosophie
esthétique de Cocteau et les audaces techniques
de Satie ouvrirent la voie aux « Six », ceux-ci
ont pu s'y engager hardiment, en ne gardant
tout juste que-le tact qui est, selon Cocteau"
'de « savoir jusqu'où on peut aller trop loin ».
La production de ces jeunes artistes est déjà
considérable. Leur facilité est peut-être ce qui
effarouche leurs ainés, dont le plus réputé
pous disait ': « Composer un quatuor toutes
les semaines est une plaisanterie. »
La plaisanterie, c'est ce maître qui la faisait,
car aucun des « Six IJ, - que je sache, ne com-
pose un quatuor par semaine. Le plus fécond,
Nui est aussi le plus âgé, a écrit quatre qua-
tuors en dix ans.
Au demeurant, cette facilité n'est pas pour
nous surprendre. Aucune des règles étroites de
Jadis ne présidant plus à l'élaboration d'une
preuvre musicale, et la saine et joyeuse liberté
e'étant substituée à l'arbitraire desséchant, nous
prions plutôt étonnés du contraire. Nous re-
venons à cet âge d'or que connurent par exem-
ple les Espagnols, les Néerlandais et les Ita-
liens du XVI" siècle. Voyez" le catalogue des
œuvres die Jcsquin, La-ssus Vittoria et Flales-
trina. Méditez, en littérature, devant la produc-
tion d un Lope de Vega : i.8oo pièces de théâ-
tre et vingt millions de vers!.
On me répondra : et qu'en reste-t-il ? Nous
répondrons : tout. Les compositions de Josquin,
LassuS. VittcTia et Palestirina recueillies par
Expert, Pedrell, Witt et Haberl, survivent en
leur entier, et l'édition de Lope due à l'Académie
(1) Œuvres ;~bh~ : pl)1Ir MifliOlul, chez n„
rand. J}f-flH'tS, 1 atliol. SclUrmcr. et. a La Sirène ■
,poUr [lIJ!'I'!/, (' Z IIllranct : pOlir Jur;/:, chez Dl"
«ets : , c,10< C'li«.fcr ; pour 7Y/<>-
ferrr. fhvv. D. WL et SKIIS PRTXW CA Amérique
lues nuvree d iioœgger fj()ü-L ioédites 1
espagnole ne montre pas de faiblesse dans l'œu-
vre du formidable dramaturge.
Aussi bien nous ne pouvons nous prononcer
sur la vitalité d'aucune œuvre actuelle. Mais
nous prétendons qu'il est absurde d'exiger de
nos artistes qu'ils se restreignent, se mutilent
et se privent en l'honneur des compilateurs de
codes strangulatoires. Une œuvre mûrie vingt
ans ne vaudra pas toujours mieux qu'une œuvre
née en six mois. Tout dépend du génie de l'exé-
cutant. Wagner accoucha de seize drames d'im-
portance avec plus de facilité .que tel de ses
illustres imitateurs n'en eut à en perpétrer deux.
Les « Six H suivent leur cœur 'qu.i est vaste.
Et si Darius Milhaud, dont le prénom évoque
des armées innombrables, a mis en musique
Eschyle, Claudel, Gide, Jammes et Chalupt,
écrit plus de 6 sonates, quatre quatuors, cinq
suites symphoniques pour grand et petit or-
chestre ; si Louis Durey a commenté tout le
Bestiaire d'Apollinaire, composé le cycle des
Images à Crusoé, les Poèmes de Pétrone, ;
Eloges de Saintléger Léger, et écrit un trio et
deux quatuors ; si Georges Auric est déjà l'au-
teur des Chandelles romaines, de La Dame de
Coeur, de Gaspar_et Zoé et de tant de prodi-
gieuses mélodies ; si Arthur Honegger en est
a sa 22" sonate et donne au théâtre La Mort
de Sainte Alméenne d'après Max Jacob, La
Danse macabre et Le Dit des Jeux du Monde,
non sans composer pour l'orchestre Aglavaine
et Selysette, le Chant de Nigamon, ou pour la
musique de chambre mainte pièce, variation,
rhapsode, mélodie ; si Francis Poulenc à v;np't
ans, possède à son actif quatre sonates, une
suite de piano, des mélodies, une pièce sym-
phonique : Jongleurs, une Rhapsodie nègre, et
cette Cocarde pour chant et petit orchestre (vio-
lons, cornet à piston, trombone, triangle et
grosse caisse!) ; si Germaine Tailleferre, en-
fin, en sa prime jeunesse, a déjà donné un trio,
un quatuor à cordes, une Fantaisie pour piano
èf orchestre, une Pasiorale pour petit orchestre,
ses biens connus jeux de plein Air et des mé-
lodies, nous ne saurions voir dans cette ferti-
lité des « Six i, qu'une admirable preuve de
santé musicale et de jaillissante inspiration. Et
cela nous change de tant d'autres musiciens
convulsés ou douloureusement impuissants.
Les fluence de Cocteau. Aussi chacun d'eux l'a-t-il
mis en musique. Milhaud a commenté tel Hymne
en bois au soleil (avec cuivres et batterie) ; Au-
ric, huit de ses poèmes ; Durey, Le Printemps
au fond de la mer (par dix instruments à vent)
et Trois chansons basques; Honegger, Poulenc
et Taille ferre. d'autres poèmes. En outre, la
Parade de Satie et ce prochain Bœuf sur le toit.
de Milhaud doivent leur scénario à l'auteur de
Le Coq et l'Arlequin. Enfin, les « Six » prépa-
rent. à ce que nous savons, une séance musi-
cale uniquement consacrée à leur poète.
Mais ont-ils suivi -tout à fait ses conseils? r
Oui et non. Certes, pour lui complaire, les
« Six » réalisent son espoir d '.un « orchestre ;
sans la caresse des cordes : un riche orphéon de
bois, de cuivres et de batteries. Il Cependant,
par ailleurs;.le Dit des feux du Monde d'Honeg-
ger, la Fantaisie de Tailleferr.e, la Rhapsodie-
Nègre de Poulenc eu les drames lvriques de
Milhaud ne rejettent pas la (C caresse » des cor-
des. Et combien je les en félicite ! Un orchestra
sans cordes peut avoir une beauté antique, tel
celui de la coMa catalane composé de douze ins..
trumentistes jouant du flubiol (petite flûte à bech
de deux tibles (sortes de hautbois à forte sono.
rité), de deux ténors (cor anglais au timbre plus
chaud et plus robuste que les nôtres), de deux
cornetins, deux trombons. deux fiscorns, un
contrabaix (contrebasâe) ; mais "en quoi le qua-;
tuer à cordes mérite-t-il ce bannissement? Ne
doit-on le croire capable que de caresses? Le
quatuor de Germaine Tailleferre se charge de
répondre.
Au surplus, les quatuors et sonates (pour vio-
Jon) de Milhaud, Honegger ou Durey réhabili-
tent sans doute les cordes aux oreilles de jeah
Cocteau. Et c'est tant mieux ainsi. Au demeu-
rant, nul instrument n'est haïssable. Tout dé-
pend de l'usage qu'on en fait: Et les flûtes ou
clarinettes, les hautbois ou les bassons, les cors
ou les tubas, sont susceptibles de bassesses tout
comme le violon, l'alto, le violoncelle. ou le
violoncellin. Le « flou » qui écœure Jean Coc-
teau comme Erik Satie peut naître de ceux-là
aussi bien que de ceux-ci.
QueUe est en somme l'esthétique musicale des
« Six? » Ils partent de la complexité Ipolytoni-
que pour trouver la simplicité. Ils se servent
donc de toute l'évolution antérieure. Ils ne mé-
connaissent aucune des acquisitions des cinquan-
te dernières années, depuis Wagner à Strawinskv
en passant par Strauss et Schœnberg Debussy
et Ravel. Mais ce qui constitue pour ces der-
niers l'aboutissement n'est pour les « Six »
que te chaos originel d'où il faut tirer l'idée
une et l'expression simple. ':
L'architecture musicale sera donc elle-même
modifiée. « Beethoven est. fastidieux lorsqu'il
développe; Bach pas, parce -cr.= Beethoven fait
.du développement de forme et Bach du dévelop-
pement d idée. » Cette étrange appréciation de
Cocteau expliqua qu'on ue puisse trouver dans
i'œuvre des « Six » aucun développement for-
met. Il ne faudrait pas. après avoir étudié dans
le Cours de Composition de V. d'Indy la sonate
« - cyclique », ouvrir la Sonate pour piano à
quatre mains de Francis Poulenc ou sa Sonate
pour deux clarinettes. On serait effaré.
Mais qui dit absence de développement formel
ne dit pas absence de composition. Au contraire !
Et je ne connais rien de mieux comPOSé que
çe joyeux Bœuf sur le Toit de Milhaud, que les
mélodies du Bestiaire de Durey ou les Interludes
achevés d'Auric, que les Mouvements perpétuels
; 4e Poulenc, la Deuxième Sonate pour violon et
piano d Honegger ou le quatuor de Germaine
"Tailleferre. C'est une entière satisfaction pour
I,.t.nteih~nce qus ces œuvres de dimensions et
de caractères distincts, où rien n'est inutile, où
tout est clair où l'on perçoit l'ordonnance des
motifs et de leurs enchaînements avec une ai-
sance que 1 on n'éprouva jamais devant la belle
polyphonie impressionniste. Les mélodies sont
en général d un style ramassé, d'un saisissant
raccourci. Ce n'est que substance, la sauce est
deaaignee. Les pièces symphoniques ne délaient
point les thèmes, mais lies représentent en un
morcellement d'une extrême diversité. Ouant
aux œuvres vouées à la scène, elles se rappro-
chent de ce style « cinématographique », au
sens étymologique du. mot, auquel Strawinsky
faisait allusion dans une interview récente
La polytonie destituée de ce flou ensorceleur
de sa .;période de recherche, peut, dans sa nu-
ptte actuelle, sembler parfois un peu fruste. Des
rencontres de voix choqueraient les oreilles
e.tl'hvpnotisa le débussysme. Il faudra qu'elles
s'habituent. L 'accoutumance est aisée et rapide.
Mais il faut perdre d'ouïe ce qui précède et ne
point guetter tel le naufragé sur la mer, la
blanche de salut d une suite d'accords familière.
Enfin la mélodie îj'éviade des psalmodies an-
térieures sans que 1a déclamation cesse d'être
conforme à la pure prosodie française Les
<( 'Six » s'avent leur langue.
Le délicieux musicien que Francis Poulenc
qui, à vingt ans, réussit à faire du nouveau
avec unie voix glissant sur isn accompagnement
perpétuellement égal à lui-même! qui, dans sa
Sonate à quaitire mains retrouve k verve d'un
jeune Ghabrier qui ne dirait plus rien à per-
sonne, et écrit sur lalit de: « VoiLà, mesda-
mes, voilà du bon fromage ! » un Rustique d'une
si exquise fraîcheur ! Quant à ses mé,
elles me font penser à ce que le jeune David
des Maîtres Chanteurs pouvait fredonner quand
il vivait, en chair et en os, en oe beau et
sain XVIe siècle. Mélodie primesauitière, gamine
et railleuse, musicale tOUjours.
Les Jeux de plein air, la Pastorale 00' le
Quatuor de Germaine Tailleferre revêtent en-
fin une nature féminine sans coquetterie et
mièvrerie. Ce sont œuvres de jeune ftfele d'au-
jourd hui, franche et droite, fine et avertie de
toutes les audaces de son art. Aussi quels ryth-
mes décidés ! quel aplomb charmant dans ces
gammes ruisselantes, fluides et sans nuances,
par-dessus les successions harmoniques hardies
qu appuie une pédale rythmée, dans tel « ca-
che-cache mitouila » !
Arthur Honegger est l'auteur discuté du Dit
des jeux du Monde et unanimement applaudi
du Chant de Nigamon. Son orchestre est doué
aune vie exception ne L!e puisqu'il sut donner
a a insignifiants mctifs iroquois la couleur pro-
pre a téter idéalisation. Nous regrettons de ne
pouvoir analyser ici telle ingénieuse combinai-
son de timbres. Mais, en revanche, noos pro-
testons contre cette légè;reté de la critique qui
ne s occupa que de la parure orchestrale et
négligea la matière musical de l'œuvre de no*
tre auteur. Car Honegger est précisément, avec
Durey, le plus profond dies « Six 1). Une émo-
tion poignante s'exhale de tel adagio sombre
et sobre de la 2" Sonate pour violon, comme de
ces mélod.'ies hallucinantes sur les Alcools
d'Apollinaire. Nous gardons un impérissable
souvenir d'Automne, et aussi des Saltimbanques
ou d'Adieu.
Louis Durey est le solitaire parmi les cc Six ».
Ce que représente de méditation la mise en
musique des 26 pièces du Bestiaire d'Apolli-
naire, est inimaginable. Car en ces courtes
pièces — si pleines! — chaque race est évo-
quée avec tout le cortège sentimental dont nous
j,a,cooLnilpagnous. Et aucune ne ressemble à sa
voisine. Une pareille variété dans l'unité de
conception d'un même recueil tient du prodige.
Les Images à Crusoé font invinciblement son-
ger à une autobiographie harmonieuse. C'est
de la musique inentendue et tout intérieure en
dépit du petit orchestre ambiant. Et le paysage
intérieur se trouve être plus vaste que celui
qu'eût évoqué la plus nombreuse symphonie.
Les Poèmes de Pétrone, bâtis sur un seul
thème modifié pour former un tryptiqu-e indi-
visible, rejoignent l'antique par les moyens les
plus simples. Une aussi pure écriture, qui est
d'un Virai maître, confondra plus d'un musi-
cien vainement torturé.
Georges Auric réalise ce qui ne nous étonne-
rait point de Ravel. Les trois Interludes le iais-
saient prévoir par la substance si riche et la
mélodie qui sait prendre tous les tons. Mais
le ballet, dont on entendait l'épisode intitulé]
Chandelles Romaines, s'avance sur ta voie ou-
verte pair Parade, avec une puissance agressive
qui affirme la- m#î&ris's. C'est toutre la fobus-
tesae dies fèces populaires de chez nous tra-
duite par un technicien qui se joue cie, la w-Ji
nique et va droit à son but. Snwinsky est eou.:..
leurs pnmitif el baroque. Auric fe T.
parce qu'il est organisé. Sa musique dit (ouf
et ne lJaissoe :pas rèver. Elle voos tient et ne
vous lâche que vous ne soyez vaincu.
Aussi bi~en k foree qui émane d'Auric est des-
tructrice des hésitations ou des timidités. H
'ST ?u Mr' u peuple acquiescera!
Mais lies musiciens vont avoir peur. Car iH
ne pourront admettre qu'en se démettant eux-
mêmes. Auric est ici créateur.
Enfin, Dari'us Milhaud, revenu du Brésil
avec un ~rn. bagage- déOOUVire' peu 3
peu toutes ses nohesses. On a parlé de son
théâtre, de ses quatuors, de ses sonates. Je
retiens ses SOj.rées de Petrograd, cycle de mé-
SHqU,f0ïlt c?mPren^e le bol-
chevisme. C'est de la musique de prophète.
qui fouette, cingle, venge. Elle pfeufe^îus^
avec quelle âpre tristesse! cfans ces Poèmes
Juifs dont qM~Ms-.ms disent toute la lamen-
tation et t-out le E?eute:t espoLr d'Israëi. Le cy-
cle des Machines agricoles sera sans doute une
révélation. Quant au Bœuf sur le SSTcS.
diss slnJtu //I bina,re' fantaisie étoiur-
d issan te de verve s,ur un thème désuet et joli.
Les SUperpositi-ons tonales inattendues et tou-
jours savoureuses vont et viennent orinnewri
et s'insin.ulent dans le mouvement endiablé.
Pendant joyeux et actif à la nostalgraiie Pa-
S5?,^SsiSast=rp ofShr * -
diversité su~r~pren,arite. Que ne p6"'-» t-en tex"
désormais ? atUSSÎ !a conc,,Lfâkm de notre étude.
L - d.e notre étwa.
Les « Six » ont pénétré dans une tenre ao*
horizons illimités. L'avenir est à eux s'ils veu-
lrd en avent et swem res-
ter tinis de c-ette amitieé qui repoge, sur le mu-
tuel examen et 1 rémul!ation féconde.
HENRI COLLET.
P.-S. - Quelques lecteurs ont cru voir danS!
mon précédent article que j'osais critiquer iS-
vre de notre grand musicien Debussy S'ils
avaient lu mon feuilleton naguère consacré à Vé-
volution debussyste, ils ne soutiendraient pas
cette opinion. Nul plus que moi ne respecte et
n'aime l'auteur de Pelléas, ai-je besoin de le
dire? Les phrases qui ont effarouché mes leo-
teurs n'étaient point de moi. Elles étaient citée8
d'ull livre que j'analysais impartialement, cA.
son écrivain, en opposant Satie à Debussy, se
plaçait au point de vue de l'évolution générais
sans prendre parti lui-même. Il regrettera autant
que moi que 1 on se soit mépris sur ses inten-
tions.
H. C.
rr
"2f-T%Sr
Le rei et la reine, clans ua salon attenant à la
salie des séances, reçurent tes artistes et-les re-
mercièrent. Avant de quitter l'hémicycle, les
souverains s'arrêtèrent de vant lé buste de Ver-
haeren et le saluèrent d'un geste large. La reine
iemeura quelques secondes inclinée. Lé soir,
un diner réunissait au Palais M. Henri de Ré-
gnier, M. Sem Beneili, l'écrivain italien ; M.
Withlock, M. Destrée, M. Giraud, le peintre
Alfred Verhaeren, M. Brunfaut; MM. Verlant,
Cirégoipe Le. Roy, Thomas Braun et Gaston
Pullings.
Le lendemain, après-midi, à deux heures, le
théâtre du ?-a-.:c donnait la première représen-
tation de gala d.'Héièfie de Sparte. Entre temps.
M. Aiexandrs avait quitté Bruxelles aussitôt la
séance solennels au Sénat, pris le train à cinq
heures pour Gand, où il retrouvait ses camsra-
ids 4e la Coanédie-Française, MM. Raphaël Du-
flos, Bernard. Croué; Aimes Berthe Cemv,
KoU) et Hsurette OuJlo5, qui donnèrent une
tri's belle représentation de bienfaisance de LI
Crache (Mme Bernard et Mme Kolb furent ir-
résistibles C&i1S les rôles de Marjévol et d'Ur-
sula;. et du Voile déchiré. Le lendemain matin,
M. Alexandre regagnait Bruxelles et arrivait jus-
be à temps çcur déjewner et revoir le cosluxe
dlu froid. Pol'iax d'Hélène de Sparte. Les trams
belges n'eurent heureusement aucun retard !
La famil'.e roys'.e gagna son avant-scène eux
accents de la Brabançonne. Le public belge qui
entendait pour la première fois Hélène de Spar-
t,,, fit au. drame un accueil enthousiaste que ra-
tifia la presse "belge le tendema'n. Après le pre-
mier acte, ¡es souverains firent appeler Mme
Robinne et M. Alexandre et les gardèrent quel-
ques instants. Comme l'excellent sociétaire de
la C&m.edLe-Pfssçaise disait au roi sa fierté d'a-
voir été cité à l'ordre de l'armée belge, S. M.
Albert 16r !ci,j répondit : « J'en suis heureux
shoi-qnêm. cr?r du-rant cette guerre, il n'est pas
un soldat fiiiTi-çais qui n/ait été un peu scldat
belge.
Avant le troisième acte. ie rideau se leva sur
!e couroncen-.em du poète. Le buste de Verhae-
J'en avait tf.é p.'acé sur la scène. Mmes Robinne,
Gisèle, Picard : MM. Roger Karl, Chambreuil,
les artistes cfo théâtre du Parc, MM. Lemsunier,
Edy Debray, Be-rve ; Mmes Pierval, Raymond,
VattLers, Mettchy, et la figuration, étaient pré-
sents. M. Alexandre, à nouveau, déclama le
beau poème de Grégoire Le Roy, qui avait été
la veille acclamé au Sénat et dont nous déta-
xons ces vers :
Hélas I! t't'il tionr vrai, fil ne c-l¡:ltltc't';lo; y. ; us
Ta j i>ir- U inv.ele o! téc >nl.\
T'Mt. "t.¡,e (»»«■• ■îSilai'.Mït "t
Ta Voix i'» ¡<.t.' ï^uvait imïi* !,• cri du nu ;iuo,
Ta g-raurl-e w>iï «>«t t,:¡P ot hnnis. ])':;~ jamais
'Nul tIf' .réVAtera co (f(h' rtairtioiit IIr::I'; ';'-'!lIna':;,
iC*r- toi swi possédais, aimai-; ot ¡-.,I(I:-/ti',:I:"i-.
Arec ton* !jIFI; péchés, h» cœur vii-i-ant des
[h'Miimcs
fi^ravme. tv l'af été, pin* tjno (ju.Uonqnc et mieux!
Le piHilr ctf V'wivers battait tes artères :
dc-s
idieux.
Ct tu puisai wn soHffv- au .souffl.- il- la Unre ;
:
■'Jkm omltre »fir.ra laissée aux àir s -do i: 'm' àw->
Wtifvfirtna.i.- centre toi te Temps ot i;i!.i>iiis;-;mt.
J> .strtii) ('■* l'avenir s'ouvra p'uu* ti>u j»assasr<\
I/-» (lailè qu'n a iiviso AtnicjçiH do ton corps.
— (iarriieunte de ton «tant. témoin uo i< n uéiiiè —
Je rwi'iPiva^ se* Jjougw soin i- n.iilliple ufforl
.yue du iVjbk» du tombeau tu tontes vers ta vie.
fJ't'f¡,tenrl-", amei craquer les ai- de ton cercueil
Et, *tanae -««« les morts autour de toi tivs-
[sailjent.
Soulevant de tes mains .ton l.n»til inaateau de
Tdcuil,
Ta relll'lils, iJAjnortel, d.\<5 ternitrcs entrâmes
,La salLe Ifnnère. debout, acclama longtemps
son poèje. et l'émotion était si profonde, l'en-
thousiasme aussi magnifiquement unanime, qu'il
Semblait que ce fût là vraiment le salut de la
Belgique reconnaissante à celui dont l'oeuvre et
la vie avaieof éclairé et enrichi le pays tout en-
tier..
Par un sentiment de piété, M. Alexandre vint,
après le dernier acte, nommer le ncm de l'au-
teur et la représentation s'acheva sur un triom-
phe. L'interprétation avait mérité, tous les élo-
ges.
M. Alexaacfcre jouait Poilux, rôle difficile s'il
en fut, (}pj demande de l'énergie, de la force
et aussi tie la discrétion. L'artiste eut la com-
préhension enactè de cette grande figure d'am-
bitieux perfide et froid, violent et rétléchi.
Mme Robiune était Hélène de Sparte. Elle le
fut superbement par son jeu très sur, par ses
beaux gestes tragiques, par sa beauté impo-
sante. Elle fat vraiment interprète idéale d'un
rôte plein «ie gfandeiw et de sérénité.
Il faIlaM, pour rendre le. caractère farouche
d'Elecfire, MP passion, fougueuse : Aille Gisèle
ficsrd la lui donna ; elle brùla pour Hélène
ffl amome on«strtwux et fatal.
K. Chm&btéuil sut imprimer un caractère de
îV^ Hioeiw a de mélancotie résignée au person-
1','.: de Meftélas voue à la mort. ,
Roger Karl eut tout l'empressement que
r v/»ssite le oêk de Castor,, amoureux.et meur-
r.
Les açtettfs du Théâtre du Parc prêtèrent à
leur camarade ^ri.sien un concours bienveillant
jet efficace. H n'y a que des éloges à adresser
à MM. Leiteeranier, Edy. Debray, Derves ; à
«Vînmes Alice Pierval, Renée Ravmend, Margue-
rite Valliera, Blanche Meuchv.
Il ne faut pas oublier de féliciter M. Re-.
ding, le sympathique directeur du Théâtre du
parc, à qM jevient l'honneur de t'organisation
de la représentation, ni l'actif, l'infatigable M.
Cournac. régteseur, qui réussit ce tour de force
jde mettre iteboot, sans répétition, d'ensemble.
yn quelques jours, oette oeuvre magnifique, qui
Vient de faire chérir davantage par la Belgique
un des plue gpa-nds poètes, de ce. temps.
É. D. M.
ArUniversttê des Annales
M. MAURICE DONNAY FAIT UNE SPIRITUELLE
AUSERIE sun <\ MOLIERE ET LES FEMMES
CAUSERIE SUR « MOLIERE ET LES FEMMES »
Nul mieux que M. Maurice Donnay. n'était
qualifié pour venir parler de Molière au public
de l' « Université des Annales ». Il l'a fait
avec cet esprit, à la fois si français et si pari-
sien, avec cette ironie légère et ce scepticisme
bon enfant qui caractérisent la manière de l'au-
teur de la Chasse à l'Homme.
« Molière et les Femmes », tel était le titre
de la conférence de M. Maurice Donnay qui a
écrit sur ce sujet, il y a quelques années, « une
pièce en cinq actes » intitulée le Ménage
de Molière, dont il nous fut donné, du reste,
d'entendre, au cours de la causerie, une des
principales scènes avec Mlle Bovy, de la Co-
médie-Française, à laquelle le conférencier lui-
même - donna la réplique.
M. Maurice Donnay fit allusion aux différen-
tes femmes qui évoluèrent autour de Molière,
mais il nous parla surtout d'Armande Béjart. En
effet, dans l'Ecole des Maris, ainsi que dans
l'Ecole des Femmes et le Misanthrope, c'est
sa propre histoire que Molière nous raconte.
Dans le temps qu'il écrivit l'Ecole des Maris.
ii était amoureux d'Armande Béjart. A cette
époque, Molière avait quarante ans, Armande
Béjart en avait dix-huit : « cette dernière est
maigre, avec des angles par où pointe l'électri-
cité. » Elle n'est pas jolie, mais elle a la sé-
duction et le charme, elle appelle Molière son
petit mari. Cela devait mal tourner, ou plutôt
trop bien tourner : un jour, une rougeur, une
pâleur d'Armande ont fait comprendre à Mo-
lière qu'il était aimé comme un amant (dans le
sens du dix-septième siècle) et le mariage a
lieu le vingt février 1662.
Au mois de décembre de la même année pa-
rait l'Ecole des Femmes, pièce de génie où l'on
voit apparaître, avec Arnolphe et Horace, la sé-
rie des grands types.de Molière. Arnolphe, c'est
Molière, il est jaloux d'Agnès qui n'est autre
qu'Armande Béjart, Il a la maladie des gens
âgés et « fait de la jeune femme » comme on
fait de la neurasthénie. Après l'Impromptu, de
Versailles qui fut représenté à la Cour, la ja-
lousie de Molière s'aiguise encore. Si Armande
Béjart tombe, c'est « sur le plus beau lit de
circonstances atténuantes », mais. en tous cas,
Molière est te plus malheureux des hommes et
c'est alors qu'il écrit cet immortel chef-d'œu-
vre qu'est le Misanthrope.
Nous n'avons pas de peine à reconnaître les
personnages que Molière a voulu dépeindre avec
Alceste et Célimène. Celle-ci, cependant, bien
que coquette, n'est pas méchante. Elle n'aime
pas Alceste mais elle y tient, pas toute-
fois au point de le suivre dans le désert.
Cette pièce, nous dit M. Maurice Donnav, est
la plus noble expression du génie du Théâtre
Français et on aime que ce soit une femme qui
l'ait inspirée. Il nous plaît que Mme Molière ait
été la cause du Misanthrope qui est un chef-
d'œuvre et nous pouvons bien, pour cela, lui
pardonner sa coquetterie.
Le conférencier nous parle en terminant des
Femmes Savantes en nous montrant Armande.
prétentieuse; Belisè, grotesque. Philaminte,
ignorante ; et en nous faisant voir comment Hen-'
riette qui, elle. n'a aucune prétention, est un bel
esprit. Mais il ne faut pas conclure de cette
pièce que les femmes doivent être ignorantes,
surtout de nos jours.
Outre la scène du Mariage de Molière. de
M. Maurice Donnay, nous avons eu le plaisir
d'entendre au cours de cette fine causerie Mlle
Bovy et M. Brunot, de la Comédie-Française,
dans une scène de l'Ecole des Femmes, qui fut
jouée avec un art accompli.
EDOUARD REVERAND.
UNE BONNE SOIRÉE!
C'est celle que vous passerez ce sc:r, si vous
avez pris l'élémentaiTe précaution de retenir
une table au Louvre 40-00 à L. 40-11. Le suc-
cès des dîners dansants de gala, donnas dans
le cadre de haute élégance que fcrrr.2 la salts
des fêtes de l'HOTEL CONTINENTAL, est tzi
que tout Paris seîect veut applaudir Mi!.e GOCi-
gette DELMARÈS. de rOpéra-Cùfmqu. -et MM.
Sandow, de t'Opéra, et Du-bouf.
Comœdia"
chez les Etudiants
Une très brillante soirée lyrique et dramati-
que, organisée par la Ligue Maritime, eut lieu
cette semaine à la Maison des Etudiants.
M. Georges Toudouzc, dans une allocution très
applaudie, insista sur la nécessité d'imprimer un
nouvel essor à notre Ligue Maritime il émit
le vœu qu'une section de la Ligue Maritime
fût créée à'I'Association Générale des Etudiants
et sans aucun doute son Comité examinera cette
intéressante suggestion.
Dans le concert qui suivit, Mlle Irma Dargy.
de l'Opéra-Comique. obtint un vif succès dans
quelques morceaux du répertoire. Puis Mlle
Charlotte Mutel, de-l'Odéon, dont la diction im-
peccable mérite d'être soulignée, récita avec
beaucoup d'intelligence artistique des vers de
Musset. M. Robert Davin, du Palais-Royal, co-
mique excellent, mit l'auditoire en joie en chan-
tant des* refrains presque célèbres comme
« K K K Ketty » et « A ce moment s'avança. »
La soirée se termina par la troisième repré-
sentation de Monsieur jScfnveinfurth s 'CIl va, co-
médie alsacienne de M. Georges Toudouze.
Mlle Yvonne Hébert, du Vaudeville. prêta son
charme et sa grâce ingénue à l'héroïne de cette
délicieuse petite comédie.
• RENE IDZKOWSKI:
LES A VANT VREMltRES
- A l'Opéra
"Le Tricorne99
- A l'Apollo
"La Vr incesse CarnaVal99
La musique de M. de Fa-lla est de la musi-
que espagnole ! :
— La belle affaire, me direz-vous, M. de
Falla est espagnol !
Ce n'est pourtant pas une La Passade et
il n'y a pas très longtemps que la musique es-.;
ipagnole vient d'Espagne. Avant Albeniz et:.
Granados, elle venait de France et de Russie.
— Mais en Espagne?
— On faisait de la musique itaHenne!
« Il y a queiqu-es années, me contait l'au-
tre jour M, de Faite, j'ai fait jouer de vieilles
chansons gitanes. l'Amour Sorcier, entre au-
tres, que j'avais recueillies et orchestrées. Mes
amis ont manifesté une grande stupéfaction:
(Photo Commua.)
M. de FALLA
— Vous faites de la musique étrangère? >
Pendant très longtemps, en effet, l'Espagne
a vécu sous l'influence de la musique italienne
et allemande, principalement celle de Wagner,
et les compositeurs s'¡m-\p:'r,a,!ent plus volontiers
dies œuvres qu'ils entendaient jouer continuel-
lement que du vieux fonds national. Ils pui-
s'aient fort peu dans les chansons et Içs airs,
de danse populaires qui, eux, conservaient les
traditions mé-lodiques de la vieille Espagne.,
Ce sont les. musiciens français Chabrier,
Bizet, Debussy, qui, les premiers cm
l'aut-re côté des Pyrénées, et ce sont les mu..
siciens russes, Rkmsky-Korsakow en tête, qui
ori't composé les premières symphonies espa-
gnoles. ■
- Rien d'étonnant à cela, me dit M. de
Falllil, la musique populaire espagnole et la mit-
sique russe sont sœurs et i,l arrive très fré-
quemment que l'on rencc'n're les mêmes the-
mes dans les vieilles chansons de ces deux
pays. Et la ressemblance est frappante, non
seulement au peint de vue mélctiuque et ryth-
mique, niais encore au point de vue tonal et
modaL
« D'où vient donc cette fraternité qui sem-
ble incompréhensible étant donné l'élolgnement
des deux pays?
« Tout simplement de ce que ces deux mu-
siques ont les mêmes crigines : origine litur-
gique, origine orienta'e. L'Espagne et lia Rus-
sie sont deux pays très religieux et tes vieilles
ohansons populaires s-ent souvent titrées des an-
ciens airs entendus par les fidèles à Téglise.
« Il est remarquable de constater que les gi-
tanes, qui ne connaissent pas la musique, arri-
vent à des résultats surprenants. Leurs danses
ont des rythmes et des mélodies d'une hardiesse
déconcertante.
« Il arrive fréquemment qu'ils chutent en
accompagnant l'air de la romance sur un au.ttre
ton; d'autres fois, ils baissent, par commodité,
une « pédale » qui, soutenant les notes sui-
vastes sans être en accord avec el'es, produit"
une harmonie d'un caractère inédit et frapi
pant.
« Comment reproduire ces harmonies bizar-
res? On est obligé d'user de subterfuges. Cier-le
nes ? On est ab-lig-é d'us.
faines discordances, dans une symphonie, arri-
vent à donner, par la fusion des sens, une
impression de ces tiers et de ces quarts de,,
ton dont je vous parlais tout à l'heure. Mais
02 n'est qu'un procédé.
« La musique moderne espagnole est donc
forcément artifidel'e. On a beau refaire de
nouveWes gammes et de nouveaux modes. les
fnstruments nécessaires tpour interpréter ces
harmonies font encore défaut.
« Mais, lorsqu'on les aura c-Q,ns,>rwIts, la
vieille musique artificielle aura vécu peur faire
place à la musique spontanée, à la musique
naturelle; et le champ qvA s'ouvre devant les
compositeurs de demain, est infini. «
ANDRÉ RIGAUD.
, L'opérette réintègre le logis charmant de la
-M,- de Cliohy, où elle connut jadis tant de beaux
jours. Une direction jeune et avisée lui a pré-
paré le cadre le plus élégant qu'il soit possible
de souhaiter — modernisant. embeHissant ce
théâtre de l'Apollo, déjà un des plus coquets
de Paris.
La Princesse Carnaval, qui inaugure cette sai-
son lyrique, est due, pour le livret, à deux au-
teurs maintes fois applaudis, MM. Maurice Des-
■va.! 11 ères et Paul Moncousin, et pour la musi-
que, au ccttr.positeur Henïri Hirchmanni Ecrit
d une plume spirituelle, ces trois actes abondent
en intrigues amusantes qui créent une. atmos-
phère de belle humeur qui se communiquera.
à coup sûr, à la salle.
C'est l'aventure galante d'Adhémar, duc ré-
gnant de la principauté de Floréal, que nous con-
tent MM. Desvallières et Moncousin. Ce joyeux
monarque fait la fête à Paris au grand déses-
poir de ses sujets. Obligé de regagner sa ca-
pitale pour contracter un mariage politique avec
la princesse Christiane, que son premier mi-
nistre est allé chercher à [a cour de Carinthie,
il arrive à Nice en pleùn carnaval. Et, séduit
par une aguichante demi-mondaine. la jolie Mas-
cacette, H y demeure incognito.
Le prince de San-dovài. que les adversaires
d Àdhémar voudraient lui substitua sur le trô-
ne, arrive en même -temps sur la Côte d'azur.
aigsi que la princesse de Carinthie. Il s'en
éprend, sans la connaître, et la jeune fille, qui
n'avait d'abord vou'u que s'amuser de l'averi-
tue. ne tarde pas à l'aimer à son tour. Au mi-
liu v de quiproquos fort plaisants, les événe-.
n:-ents se précipitent. Adhémar détrôné et rem-
placé par Sand)",,] et tous les personnages se
retrouvent à Floréal, où la pièce s'achève par
le mariage des. deux amoureux et le retour d'A-
dJ!émar et de Mascaret à Paris, où ils continue-
vont de mener joyeuse vie.
Notre œuvre est comme les peuples heureux,
s disent MM. Desvallières et Moncousin :
na pas d'histoire. Notre collaboration n'a
P-18 cesse un instant d'être cordiale, intime ;
1 entente la plus complète, la plus parfaite har-
monie de pensée ont présidé à nos heures de
travail. Il est vrai que nous nous connaissions
deja : Mam'zelle Trompette fut nObre première
opérette commune.
L'idée de La Princesse Carnaval nous est
(Photo Henri Manup-I)
M. Henry HIRCHMANN
venue en 1914; malheureusement, la guerre
nous a empêchés d'écrire immédiatement cette
pièce, que nous avons terminée tout récemmesnt,
et que M. Pavie a acceptée d'emblée. Nous
avons ui peu hésité sur son titre: successive-
ment, notre choix s'est porté sur Duchesse de
Floréal, puis Princesse Inconnue, qui nous a
paru un peu grave pour ces trois actes qui veu-
lent seulement faire rire et distraire.
MM. Desva-Utères et Moncousin ne tarissent
pas d'éloges sur la trompe de l'Apoilo. qui as-
sure à leur opérette une interprétation je-une,
ardente. Ils nous ont du't leur gratitude pour
M. Aimé Simon-Girard, qui a mis en scène
leurs trois actes avec une autorité et un tact
infinis.
La partition de M. Henri Hirchmann est d'une
verve etourd séante, digne en tous points de-
Fauteur de La Danseuse de Tanagra. L'orchestre
que dirige remarquablement M. Florent d'Ass,
en fera valoir tout le champ et l'esprit.
M. Aimé Simon-Girard se trouve en tète de
la pietada d artistes chargés de défendre Prin-
cesse Carnaval, et qui comprend Andrée Mar-
ly. gaubeuo-e Mascarette, Simonne Judic, dont
le charme et'la bette voix feront merveille; l'a-
musant Fernand Frey, la danseuse Tikanowa ;
MM. Pa«ul Fa ivre, Pré fils, Bever ; Mmes Mor-
ny, Taville, Baldie, Briand et tout un essaim de
jolies danseuses.
E. B.
AUJOURD'HUI
En matinée. ,
'A l'UNIVERSITÉ DES ANNALES (51, rue Saint-
Georges). à 16 heuresr Le Monde nouveau,
l'essor de l'Amérique. Conférence de M.
Edouard Herriot, maire de Lyon.
En soirée. n n
A l'OPÉRA, à 21 heures. première représen-
tation de Le Tricorne, ballet avec musique de
M. Manuel de Falla. Au programme: Papillons
et Contes Russes.
Au THÉÂTRE DE L'ApOLLO, à 8 h. 15 très
précises. répétition générale de la Princesse
Carnaval, opérette à grand spectaçle en trois
actes, livret de MM. Maurice Desvallières et
Paul Moncousin, musique, de M. Henri Hirch-
mann, mise en scène de M. Aimé Simon-Girard,
dont voici la (
MM. Aimé Simon-C.irnFt) (S:nldf>v:Ü). fVrnatid
J-ivy i|ïrn.ast). Paul Faiviv (l'nrtasas). Pn- fils (le
général (ararol). liéver (BaNhelas), Ailles Sl-
01011-(' .Jllliie. (Christiane). Andrw Marly SMast-an-t-
I iKan iua :.la ila usi-us,' de tallf.{o). Morny,
(Liane), 'limite (Margot). Baltlit" iMariotti;. JlrianU
(Zizi¡, Ihirtiault i,FIIH'elle). Mettcr (Hiltinei. atarcil
UitMiic). Mit'lia (Fanny). Narcey (la comtes»- llor-
ten-sia), (iérard (la (iroem du Magic). etc.
(Pour éviter tout encombrement, la direction
nous prie de dire que les invités seront r/yçns
au contrôle il partir de 7 h. 45. V
A la PORTE-SAINT-MARTIN. à 20 h. 30, pre-
mière représentat.'on de Béranger, pièce en
trois actes et un prologue de M. Sacha Guitry.
Opéra
■ C"
Le Tricorne, de M. de Falla, dont la première
représentation a lieu ce soir, aura pour inter-
prètes principaux : Mmes Karsavina, M. Mas-
sive, M. Woizikovsky, M. Idzikovsky, Mlles
Grabovska. Radina, Sokolova, M. Zverev. Cho-
régraphie de Léonide Massine. Décors et cos-
tumes de Pablo Picasso. v
Dans les salles d'études et au petit théâtre,
on continua - les études peur le Rebecca. de
César Franck, qui sera jouée avec Sylvia. mer-
credi prochain, et la Légende de Swnt-Chris-
tophle. de Vincent d'Indy, qui sera la première
création de ces jours-ci.
------
Comédie=Française
On a commence hier après-midi, sous la di-
rection de M. de Féraudy, les études de la
nouvelle version du. Repas du Lion. On compte
que l'oeuvre de M. de Gurel pa-urra passer
fin février.
C'est M. Jean Hervé qui jouera Bajazet,
et Mlle Guintinii Aftalide, à l'occasion die la nou-
velle présentation de Bajazet.
Odéon
Un amusant contraste.
M. Vargas tiendra lundi prochain, pour la
première fois, le rôle d'Alceste du Misanthrope,
où jusqu'à présent il jouafc Phi Mate. L'opposi-
tion sera intéressante. Mlle Briey incarnera Cé-
limène, personnage jusqu'à présent tenu par
Mlle Paule Andral.
Répétition de travail.
Mardi, à 2 heures, aura lieu, une réipétition
pour l'a presse de la pièce en un acte de MM.
Laroche et Vernhoîes: Les Chevilles.
Athalie.
On répète pour le début de février Athalie.
Pour le rôle principal, M. Paul Gavault vient
d'engager spécia ement Mme Marcelle Frappa,
qui vient de triompher à l'Œuv:re dans Hedda
Gabier.
MM. Chambreuil, Desmc.uli.ns. Drain et Mme
Odette de Fehl joueront Joad, Abner, MJ-tlhan
et Zacharie. SeLon la tradition de la Comédie-
Française, le rôts de Joas, dans lequel Mmes
Reicfrenberg et Bovy se firent applaudir, sera
Joué par une jeune fetn-me etnOlil" par un
enfant: c'est Mlle Magdeleine Khdré ?— qui
porta si souvent le travesti, notamment dans
VArlesienne. M. Pinpin. etc., et qui jouera
bientôt un des Enfants d'Edouard - qui por-
tera la robe de lin d'Eliacin.
Le rôle passe.
Mlle Maital a pris possession, dans Les Amé-
ricains chez nOlls.,.. du, rôle çle Marie Bouin, créé
par Ml Je Guereau, et s'y fit, à son tour, ap-
plaudir.
Gaîté=Lyrique
, Rassurons les nombreuses personnes qui
chaque jour, à la location, se renseignent à cet
égard. Les glorieuses vedettes de La Belle Hé-
lène: Marguerite Carré, Max Dearly, tiendront
lusqu au, bout les rôles qu'ils ont interprétés
jusqu ici sans un seul jour de défaillance A
côté d'eux, leurs brillants camarades: Tirmont
Girier, Oudart, De*3e Grey, Elain, Roaues
joueront le chef-d'œuvre d'Offenbach jusqu'à ce
que d autres engagements les forcent à quitter
l'affiche. (Comnianiqué.)
Variétés
Demain samedi et après-demain dimanche
matinées à 2 h. 30 de la Chasse à l'Homme, la
comedte de M. Maurice Donnay, dont le succès
est de plus en plus considérable. Même distri-
bution que le soir : Jane Marnac, Raimu, Mar-
celle Yrven, Isabelle Fusier, Gh. Dechamps,
Paulette Noizeux, Renée Le Fiers, Koval, Jean
d'Yd et Jean Dax.
DEMAIN
, A FAPOLLO, 20 h. 30, première représentation
de La Princesse Carnaval, opérette en 3 octet
de MM. Desvallières et Moncousin, musiqui
de Henri Hirchmann. -
A la POTINIÈ-RE, à 14 h. 30, répétition gêné..
raie du nouveau spectacle.
■ÙPFRX,
apcftiaiiE]
-Sauf erreur, M. Cazette est sorti brillamment
du Conservatoire de Paris à la veille des hos-
tilités. Depuis lors, il a dû faire comme les
autres. Arrête par la guerre, W l'orée d& SŒ
carrière, il appartient depuis quelque temM
déjà, je crois, à la troupe fixe de l'Opéra-Co-
mique.
Jusqu ici, il n'eut guère l'occasion de dott.
ner la mesure de ses capacités. Le rôle de
rinkerton, qu'il interprète actuellement, quoique
de premier plan, ne permet pas de juger à fond
u-n comédien lyrique. Scéniquement, il y a UT*
toujours une opposition gênante entre cet offi-
cier de marine d'aspect courant, sanglé dans
un bel uniforme blanc, doré sur tranches el
exotique décor dans lequel évolue la petite
amoureuse japonaise au geste nombreux et
menu.. Tous les Pinkerton, ou à peu. près, con-
servent, dans les conditions où on les placé
generalement. un air assez niais dont on ne.
saurait leur imputer la faute.
Toutefois. M. Cazette ne paraît pas maladroit,
Il semble posséder du nature! et une certain
franchise d'expression. Par ailleurs, la voix
est belle, égale -et correctement émise. Timbre
agréable. Justesse satisfaisante.
C'est tcut ce que je puis, avec quelque su-
rreStes , ^|! - r-au;-ourd 5m hi;:i de cet artiste qui possède
incontestab^lement beaucoup de dons. Si son
ardeur au travail, son souci de percer et sa
musicalité correspondent à ses aptitudes tin
brillant avenir ne lui sera pas inaccessible.
Les emplois confiés jusqu'alors à .M. Cadayé,
débutant de cette année, ne m'ont pas encope
éclairé sur ses capacités. Ce n'est pas encore
le rôle du bonze qui nous permettra de l'ap-1
précier. Attendons l'occasion favorable.
RAYMOND CHARPENTIER.
P.-S. — Dans mon dernier article, sur Les
Noces de Figaro, on m'a fait écrire que M.
Parmentier avait joué dans la note sombre, au
lieu de sobre. Nos lecteurs auront certaine-
ment rectifié d'eux-mêmes. R. Ch.
M. Henry Albers, le réputé baryton, kra sa
rentrée, à rOpéra-Comique. dimanche. en ma.
tinée, dans le rôle de Zaccaria de Gis monda,
qu'il a créé avec tant d'éclat. Mlles Brunlet,
Calvet, Sonia Pavloff ; MM. Lapelletrie, Azéme
et Dupré tiendront les principaux rôles du Pas-
sionnant ouvrage de M. Henry Février. -
Théâtre des Champs-Élt/sêes
Ce soir, relâche. Demain, première représen-
tation de trois œuvres nouvelles: 1° A mari lia,
ballet en un acte de Glazounow et Drigo ; 20
Feuilles d'Automne, poème chorégraphique de
Mme Anna Pavlowa ; 30 Danses populaires
mexicaines. Ces trois spectacles seront interpré-
tés par Anna Pavlowa, Alexandre Volinine et
toute la compagnie de ballet. (Communiqué.)
Renaissance
Et vous aussi, provinciaux!.
ri faut aller voir La Passerelle, la pièce si
parisienne des auteurs les plus parisiens : Gres-
sac et Francis de Croisset ; il faut aller voir les'
artistes de choix qui en sont les interprètes :
Mme Cora Laparcerie si tendrement émouvante
dans le rôle de Jacqueline, Mlle Marcelle Prain-
ce joliment élégante, M. Georges Colin un des
jeunes premiers les plus goûtés, et M. Louis
Maurel à la verve comique et légendaire; alors
seulement vous pourrez vous vanter (retour
dans vos foyers) d'avoir vu le spectre le plus
parisien. Matinées, samedis et dimanches
(Communiqué.)
S arah-fternhardt
Mme Sarah Bernhardt est partie pour Lyon,
ou elle va, comme en le sait, créer Rossini,
de René Faucihois. Avant son départ, eiie di-
rigea les premières représentations d'Athalte,
qu elle jouera à Paris, pendant la setnaânis
saiint4--. Etie tiendra elile-même le rôte d'Atha-
lie, qu'elle nous présentera selon des concep-
tions personnelles qu'elle voulut rtaguêtre Ittinyo
triompher à la Comédie-Française. A ses cô-
tés, Mme Moreno interprétera Josabeth, M. J'eM
Froment, spécialement engagé, jouena Joed;
MM. Decœur et Baissac inoarneront Abner et
Mathan. Mlle Mary Gray sera Zacharie.
Théâtre Edouard VII
En raison des recettes toujours brillantes fi
direction a décidé de prolonger d'une semiMnd
les représentations de La Liaison dangereusé
qui ne quittera donc l'affiche que le dimanche
1^ février, après la soirée, pour la céder à
Kiki. la comédie de M. André Picard qui fut
un des grands succès du Gymnase au cours des
hostilités.
4~e-
XIII
MS « SIX Ji FRANÇAIS : DARIUS MILHAUD,
LOUIS DDREY, CE-ORGIES AURIC, ARTHUR
HONEGGER, FRANCIS POULENC ET GER-
MAINE TAILLEFERRE ,n:
Dans notre précédent feuilleton nous avons
Indiqué les directives du groupe des « Six ».
et spécifié ks deux influences qu'il subit :
celle de Jean Cocteau et celle d'Erik Satie.
Disons tout de suite que si la philosophie
esthétique de Cocteau et les audaces techniques
de Satie ouvrirent la voie aux « Six », ceux-ci
ont pu s'y engager hardiment, en ne gardant
tout juste que-le tact qui est, selon Cocteau"
'de « savoir jusqu'où on peut aller trop loin ».
La production de ces jeunes artistes est déjà
considérable. Leur facilité est peut-être ce qui
effarouche leurs ainés, dont le plus réputé
pous disait ': « Composer un quatuor toutes
les semaines est une plaisanterie. »
La plaisanterie, c'est ce maître qui la faisait,
car aucun des « Six IJ, - que je sache, ne com-
pose un quatuor par semaine. Le plus fécond,
Nui est aussi le plus âgé, a écrit quatre qua-
tuors en dix ans.
Au demeurant, cette facilité n'est pas pour
nous surprendre. Aucune des règles étroites de
Jadis ne présidant plus à l'élaboration d'une
preuvre musicale, et la saine et joyeuse liberté
e'étant substituée à l'arbitraire desséchant, nous
prions plutôt étonnés du contraire. Nous re-
venons à cet âge d'or que connurent par exem-
ple les Espagnols, les Néerlandais et les Ita-
liens du XVI" siècle. Voyez" le catalogue des
œuvres die Jcsquin, La-ssus Vittoria et Flales-
trina. Méditez, en littérature, devant la produc-
tion d un Lope de Vega : i.8oo pièces de théâ-
tre et vingt millions de vers!.
On me répondra : et qu'en reste-t-il ? Nous
répondrons : tout. Les compositions de Josquin,
LassuS. VittcTia et Palestirina recueillies par
Expert, Pedrell, Witt et Haberl, survivent en
leur entier, et l'édition de Lope due à l'Académie
(1) Œuvres ;~bh~ : pl)1Ir MifliOlul, chez n„
rand. J}f-flH'tS, 1 atliol. SclUrmcr. et. a La Sirène ■
,poUr [lIJ!'I'!/, (' Z IIllranct : pOlir Jur;/:, chez Dl"
«ets : , c,10< C'li«.fcr ; pour 7Y/<>-
ferrr. fhvv. D. WL et SKIIS PRTXW CA Amérique
lues nuvree d iioœgger fj()ü-L ioédites 1
espagnole ne montre pas de faiblesse dans l'œu-
vre du formidable dramaturge.
Aussi bien nous ne pouvons nous prononcer
sur la vitalité d'aucune œuvre actuelle. Mais
nous prétendons qu'il est absurde d'exiger de
nos artistes qu'ils se restreignent, se mutilent
et se privent en l'honneur des compilateurs de
codes strangulatoires. Une œuvre mûrie vingt
ans ne vaudra pas toujours mieux qu'une œuvre
née en six mois. Tout dépend du génie de l'exé-
cutant. Wagner accoucha de seize drames d'im-
portance avec plus de facilité .que tel de ses
illustres imitateurs n'en eut à en perpétrer deux.
Les « Six H suivent leur cœur 'qu.i est vaste.
Et si Darius Milhaud, dont le prénom évoque
des armées innombrables, a mis en musique
Eschyle, Claudel, Gide, Jammes et Chalupt,
écrit plus de 6 sonates, quatre quatuors, cinq
suites symphoniques pour grand et petit or-
chestre ; si Louis Durey a commenté tout le
Bestiaire d'Apollinaire, composé le cycle des
Images à Crusoé, les Poèmes de Pétrone, ;
Eloges de Saintléger Léger, et écrit un trio et
deux quatuors ; si Georges Auric est déjà l'au-
teur des Chandelles romaines, de La Dame de
Coeur, de Gaspar_et Zoé et de tant de prodi-
gieuses mélodies ; si Arthur Honegger en est
a sa 22" sonate et donne au théâtre La Mort
de Sainte Alméenne d'après Max Jacob, La
Danse macabre et Le Dit des Jeux du Monde,
non sans composer pour l'orchestre Aglavaine
et Selysette, le Chant de Nigamon, ou pour la
musique de chambre mainte pièce, variation,
rhapsode, mélodie ; si Francis Poulenc à v;np't
ans, possède à son actif quatre sonates, une
suite de piano, des mélodies, une pièce sym-
phonique : Jongleurs, une Rhapsodie nègre, et
cette Cocarde pour chant et petit orchestre (vio-
lons, cornet à piston, trombone, triangle et
grosse caisse!) ; si Germaine Tailleferre, en-
fin, en sa prime jeunesse, a déjà donné un trio,
un quatuor à cordes, une Fantaisie pour piano
èf orchestre, une Pasiorale pour petit orchestre,
ses biens connus jeux de plein Air et des mé-
lodies, nous ne saurions voir dans cette ferti-
lité des « Six i, qu'une admirable preuve de
santé musicale et de jaillissante inspiration. Et
cela nous change de tant d'autres musiciens
convulsés ou douloureusement impuissants.
Les
mis en musique. Milhaud a commenté tel Hymne
en bois au soleil (avec cuivres et batterie) ; Au-
ric, huit de ses poèmes ; Durey, Le Printemps
au fond de la mer (par dix instruments à vent)
et Trois chansons basques; Honegger, Poulenc
et Taille ferre. d'autres poèmes. En outre, la
Parade de Satie et ce prochain Bœuf sur le toit.
de Milhaud doivent leur scénario à l'auteur de
Le Coq et l'Arlequin. Enfin, les « Six » prépa-
rent. à ce que nous savons, une séance musi-
cale uniquement consacrée à leur poète.
Mais ont-ils suivi -tout à fait ses conseils? r
Oui et non. Certes, pour lui complaire, les
« Six » réalisent son espoir d '.un « orchestre ;
sans la caresse des cordes : un riche orphéon de
bois, de cuivres et de batteries. Il Cependant,
par ailleurs;.le Dit des feux du Monde d'Honeg-
ger, la Fantaisie de Tailleferr.e, la Rhapsodie-
Nègre de Poulenc eu les drames lvriques de
Milhaud ne rejettent pas la (C caresse » des cor-
des. Et combien je les en félicite ! Un orchestra
sans cordes peut avoir une beauté antique, tel
celui de la coMa catalane composé de douze ins..
trumentistes jouant du flubiol (petite flûte à bech
de deux tibles (sortes de hautbois à forte sono.
rité), de deux ténors (cor anglais au timbre plus
chaud et plus robuste que les nôtres), de deux
cornetins, deux trombons. deux fiscorns, un
contrabaix (contrebasâe) ; mais "en quoi le qua-;
tuer à cordes mérite-t-il ce bannissement? Ne
doit-on le croire capable que de caresses? Le
quatuor de Germaine Tailleferre se charge de
répondre.
Au surplus, les quatuors et sonates (pour vio-
Jon) de Milhaud, Honegger ou Durey réhabili-
tent sans doute les cordes aux oreilles de jeah
Cocteau. Et c'est tant mieux ainsi. Au demeu-
rant, nul instrument n'est haïssable. Tout dé-
pend de l'usage qu'on en fait: Et les flûtes ou
clarinettes, les hautbois ou les bassons, les cors
ou les tubas, sont susceptibles de bassesses tout
comme le violon, l'alto, le violoncelle. ou le
violoncellin. Le « flou » qui écœure Jean Coc-
teau comme Erik Satie peut naître de ceux-là
aussi bien que de ceux-ci.
QueUe est en somme l'esthétique musicale des
« Six? » Ils partent de la complexité Ipolytoni-
que pour trouver la simplicité. Ils se servent
donc de toute l'évolution antérieure. Ils ne mé-
connaissent aucune des acquisitions des cinquan-
te dernières années, depuis Wagner à Strawinskv
en passant par Strauss et Schœnberg Debussy
et Ravel. Mais ce qui constitue pour ces der-
niers l'aboutissement n'est pour les « Six »
que te chaos originel d'où il faut tirer l'idée
une et l'expression simple. ':
L'architecture musicale sera donc elle-même
modifiée. « Beethoven est. fastidieux lorsqu'il
développe; Bach pas, parce -cr.= Beethoven fait
.du développement de forme et Bach du dévelop-
pement d idée. » Cette étrange appréciation de
Cocteau expliqua qu'on ue puisse trouver dans
i'œuvre des « Six » aucun développement for-
met. Il ne faudrait pas. après avoir étudié dans
le Cours de Composition de V. d'Indy la sonate
« - cyclique », ouvrir la Sonate pour piano à
quatre mains de Francis Poulenc ou sa Sonate
pour deux clarinettes. On serait effaré.
Mais qui dit absence de développement formel
ne dit pas absence de composition. Au contraire !
Et je ne connais rien de mieux comPOSé que
çe joyeux Bœuf sur le Toit de Milhaud, que les
mélodies du Bestiaire de Durey ou les Interludes
achevés d'Auric, que les Mouvements perpétuels
; 4e Poulenc, la Deuxième Sonate pour violon et
piano d Honegger ou le quatuor de Germaine
"Tailleferre. C'est une entière satisfaction pour
I,.t.nteih~nce qus ces œuvres de dimensions et
de caractères distincts, où rien n'est inutile, où
tout est clair où l'on perçoit l'ordonnance des
motifs et de leurs enchaînements avec une ai-
sance que 1 on n'éprouva jamais devant la belle
polyphonie impressionniste. Les mélodies sont
en général d un style ramassé, d'un saisissant
raccourci. Ce n'est que substance, la sauce est
deaaignee. Les pièces symphoniques ne délaient
point les thèmes, mais lies représentent en un
morcellement d'une extrême diversité. Ouant
aux œuvres vouées à la scène, elles se rappro-
chent de ce style « cinématographique », au
sens étymologique du. mot, auquel Strawinsky
faisait allusion dans une interview récente
La polytonie destituée de ce flou ensorceleur
de sa .;période de recherche, peut, dans sa nu-
ptte actuelle, sembler parfois un peu fruste. Des
rencontres de voix choqueraient les oreilles
e.tl'hvpnotisa le débussysme. Il faudra qu'elles
s'habituent. L 'accoutumance est aisée et rapide.
Mais il faut perdre d'ouïe ce qui précède et ne
point guetter tel le naufragé sur la mer, la
blanche de salut d une suite d'accords familière.
Enfin la mélodie îj'éviade des psalmodies an-
térieures sans que 1a déclamation cesse d'être
conforme à la pure prosodie française Les
<( 'Six » s'avent leur langue.
Le délicieux musicien que Francis Poulenc
qui, à vingt ans, réussit à faire du nouveau
avec unie voix glissant sur isn accompagnement
perpétuellement égal à lui-même! qui, dans sa
Sonate à quaitire mains retrouve k verve d'un
jeune Ghabrier qui ne dirait plus rien à per-
sonne, et écrit sur lalit de: « VoiLà, mesda-
mes, voilà du bon fromage ! » un Rustique d'une
si exquise fraîcheur ! Quant à ses mé,
elles me font penser à ce que le jeune David
des Maîtres Chanteurs pouvait fredonner quand
il vivait, en chair et en os, en oe beau et
sain XVIe siècle. Mélodie primesauitière, gamine
et railleuse, musicale tOUjours.
Les Jeux de plein air, la Pastorale 00' le
Quatuor de Germaine Tailleferre revêtent en-
fin une nature féminine sans coquetterie et
mièvrerie. Ce sont œuvres de jeune ftfele d'au-
jourd hui, franche et droite, fine et avertie de
toutes les audaces de son art. Aussi quels ryth-
mes décidés ! quel aplomb charmant dans ces
gammes ruisselantes, fluides et sans nuances,
par-dessus les successions harmoniques hardies
qu appuie une pédale rythmée, dans tel « ca-
che-cache mitouila » !
Arthur Honegger est l'auteur discuté du Dit
des jeux du Monde et unanimement applaudi
du Chant de Nigamon. Son orchestre est doué
aune vie exception ne L!e puisqu'il sut donner
a a insignifiants mctifs iroquois la couleur pro-
pre a téter idéalisation. Nous regrettons de ne
pouvoir analyser ici telle ingénieuse combinai-
son de timbres. Mais, en revanche, noos pro-
testons contre cette légè;reté de la critique qui
ne s occupa que de la parure orchestrale et
négligea la matière musical de l'œuvre de no*
tre auteur. Car Honegger est précisément, avec
Durey, le plus profond dies « Six 1). Une émo-
tion poignante s'exhale de tel adagio sombre
et sobre de la 2" Sonate pour violon, comme de
ces mélod.'ies hallucinantes sur les Alcools
d'Apollinaire. Nous gardons un impérissable
souvenir d'Automne, et aussi des Saltimbanques
ou d'Adieu.
Louis Durey est le solitaire parmi les cc Six ».
Ce que représente de méditation la mise en
musique des 26 pièces du Bestiaire d'Apolli-
naire, est inimaginable. Car en ces courtes
pièces — si pleines! — chaque race est évo-
quée avec tout le cortège sentimental dont nous
j,a,cooLnilpagnous. Et aucune ne ressemble à sa
voisine. Une pareille variété dans l'unité de
conception d'un même recueil tient du prodige.
Les Images à Crusoé font invinciblement son-
ger à une autobiographie harmonieuse. C'est
de la musique inentendue et tout intérieure en
dépit du petit orchestre ambiant. Et le paysage
intérieur se trouve être plus vaste que celui
qu'eût évoqué la plus nombreuse symphonie.
Les Poèmes de Pétrone, bâtis sur un seul
thème modifié pour former un tryptiqu-e indi-
visible, rejoignent l'antique par les moyens les
plus simples. Une aussi pure écriture, qui est
d'un Virai maître, confondra plus d'un musi-
cien vainement torturé.
Georges Auric réalise ce qui ne nous étonne-
rait point de Ravel. Les trois Interludes le iais-
saient prévoir par la substance si riche et la
mélodie qui sait prendre tous les tons. Mais
le ballet, dont on entendait l'épisode intitulé]
Chandelles Romaines, s'avance sur ta voie ou-
verte pair Parade, avec une puissance agressive
qui affirme la- m#î&ris's. C'est toutre la fobus-
tesae dies fèces populaires de chez nous tra-
duite par un technicien qui se joue cie, la w-Ji
nique et va droit à son but. Snwinsky est eou.:..
leurs pnmitif el baroque. Auric fe T.
parce qu'il est organisé. Sa musique dit (ouf
et ne lJaissoe :pas rèver. Elle voos tient et ne
vous lâche que vous ne soyez vaincu.
Aussi bi~en k foree qui émane d'Auric est des-
tructrice des hésitations ou des timidités. H
'ST ?u Mr' u peuple acquiescera!
Mais lies musiciens vont avoir peur. Car iH
ne pourront admettre qu'en se démettant eux-
mêmes. Auric est ici créateur.
Enfin, Dari'us Milhaud, revenu du Brésil
avec un ~rn. bagage- déOOUVire' peu 3
peu toutes ses nohesses. On a parlé de son
théâtre, de ses quatuors, de ses sonates. Je
retiens ses SOj.rées de Petrograd, cycle de mé-
SHqU,f0ïlt c?mPren^e le bol-
chevisme. C'est de la musique de prophète.
qui fouette, cingle, venge. Elle pfeufe^îus^
avec quelle âpre tristesse! cfans ces Poèmes
Juifs dont qM~Ms-.ms disent toute la lamen-
tation et t-out le E?eute:t espoLr d'Israëi. Le cy-
cle des Machines agricoles sera sans doute une
révélation. Quant au Bœuf sur le SSTcS.
diss slnJtu //I bina,re' fantaisie étoiur-
d issan te de verve s,ur un thème désuet et joli.
Les SUperpositi-ons tonales inattendues et tou-
jours savoureuses vont et viennent orinnewri
et s'insin.ulent dans le mouvement endiablé.
Pendant joyeux et actif à la nostalgraiie Pa-
S5?,^SsiSast=rp ofShr * -
diversité su~r~pren,arite. Que ne p6"'-» t-en tex"
désormais ? atUSSÎ !a conc,,Lfâkm de notre étude.
L - d.e notre étwa.
Les « Six » ont pénétré dans une tenre ao*
horizons illimités. L'avenir est à eux s'ils veu-
lrd en avent et swem res-
ter tinis de c-ette amitieé qui repoge, sur le mu-
tuel examen et 1 rémul!ation féconde.
HENRI COLLET.
P.-S. - Quelques lecteurs ont cru voir danS!
mon précédent article que j'osais critiquer iS-
vre de notre grand musicien Debussy S'ils
avaient lu mon feuilleton naguère consacré à Vé-
volution debussyste, ils ne soutiendraient pas
cette opinion. Nul plus que moi ne respecte et
n'aime l'auteur de Pelléas, ai-je besoin de le
dire? Les phrases qui ont effarouché mes leo-
teurs n'étaient point de moi. Elles étaient citée8
d'ull livre que j'analysais impartialement, cA.
son écrivain, en opposant Satie à Debussy, se
plaçait au point de vue de l'évolution générais
sans prendre parti lui-même. Il regrettera autant
que moi que 1 on se soit mépris sur ses inten-
tions.
H. C.
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