Titre : Comoedia / rédacteur en chef : Gaston de Pawlowski
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1920-01-16
Contributeur : Pawlowski, Gaston de (1874-1933). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32745939d
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 16 janvier 1920 16 janvier 1920
Description : 1920/01/16 (A14,N2587). 1920/01/16 (A14,N2587).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k7653354r
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-123
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 08/06/2015
14* ANNEE - N' 2587 - Le N" 10 cent.
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UN AN 6 MOIS 3 MOIS
France et Colonies," 36 » la w 9 »
Etranger. ..» 18.
SûoMea. VENDREDI 16 JANVIER ÏIX
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1 - La Canonisation de Verlaine
- ,
Il y avait l'auto Jour vingt-cinq ans
que Paul Verlaine fut conduit à sa der-
rière demeure. Cet anniversaire n'a pas
manqué d'être célébré par un pèlerinage
au buste du poète, dans le jardin du
Luxembourg, et par quelques articles
commémoratifs. je me souviens nette-
ment de cette journée d'hivrr où un long
cortège d'écrivains et d'étudiants suivit
Paul Verlaine de son pauvre logis de la
rue Descartes à l'église voisine de Saint
Etienne-du-Mont, où l'orgue fut tenu, si
le ne me trompe, par Gabriel A et
de là à travers toute la ville, jusQU aa
lointain petit cimetière des Batignones.
Le ministère de l'Instruction publique
H des Beaux-Arts avait contribué, avec
quelques amis, aux frais des obsèques,
Verlaine n'ayant pas laissé, bien enten-
du de quoi se faire décemment enterrer.
U y eut des cordons du poêle, et de nom-
breux discours sur R'a tombe, comme
pour un personnage officiel. Au retour,
Mendès et quelques autres « arrivés »
s'arrêtèrent avenue de Clichy, pour dé-
jeûner au restaurant du père Lathuile,
pendant que le gros delà troupe se ré-
pandait chez des marchands de vins plus
modestes. '.:,
: Pour la première fois peut-être,, des
admirateurs de conditions très différen-
tes, y compris des représentants de l'E-
tat,, s'étaient réunis dans un hommage
public à l'ancien poète maudit. Mais c'é-
tait la bohème qui dominait et qui don-
-nait le ton. La légende et la canonisa-
tion commençaient.
l'ai bien connu Verlaine, à l'époque
où vêtu d'un ulster et d'un large cache-
nez, armé d'un gros bâton et traînant
la jambe, il arpentait le boulevard Saint-
Michel et buvait des absinthes à toute
heure de jour et de nuit, après comme
avant dîner, à l'Académie de la rue bt-
lacques, au café François 1er et dans di-
vers estaminets ou caveaux. Par 1 exem-
ple comme par la plume, il a non pas
certes fondé, mais renforcé la concep-
tion du poète nécessairement indigent,
affamé et hors la. loi.
C'est une idée romantique Elle s af-
firme très noblement dans le Stello d Al-
fred de Vigny, d'une façon plus familiè-
re et plus plaisante chez Henry Murger.
Un personnage de Murger, wilà ce que
fut surtout Verlaine, valeur littéraire à
part, dans sa vie pratique et quotidienne.
Si sa pauvreté fut réelle, il faut bien
dire qu'elle n'était pas congénitale, mais
acquise et M'autant plus incurable.
Verlaine était de bonne souche bour-
geoise, fils d'officier. Il débuta dans une
honnête aisance et dans la carrière ad-
ministrative la -plus—^assyrawte, comme
1 employé à l'Hôtel de Ville. S'il quitta
son emploi et dévora sa petite fortune,
c'est qu'il le voulut ainsi. Son astre ne
l'y obligeait pas, et la poésie n'y fut
pour rien. Il était à peu près le modèle
des fonctionnaires lorsqu'il écrivit les
Poèmes'saturniens et les Fêtes galantes.
La bonne Chanson est d'inspiration con-
jugale. Il aurait parfaitement pu conti-
nuer d'être un modèle de vertu domes-
tique, sans que la littérature y perdît
grand'chose - - -
- Il lâcha l'Hôtel de Ville après la Com-
mune, craignant d'être poursuivi pour
être resté à son poste pendant cette cri-
se. Il se mit à vagabonder à travers le
monde en compagnie d'Arthur Rimbaud,
2t à noyer, comme Edgar Poë, ses sou-
cis dans l'alcool. Apollon et Bacchus
peuvent être fort bons amis. Que ces
Jeux grands dieux me gardent de le blâ-
mer et de fulminer l'anathème contre
5a tardive horreur de la vie régulière!
Qu'il soit seulement établi que Verlaine
3 vécu de cette façon non point par une
fatalité imprescriptible de la destinée,
- ni par la faute de l'infâme société hos-
;ile au génie, mais tout simplement par-
ce que cela lui plaisait.
Il était bien libre ; cela ne regardait
personne et ne le diminuait qu'aux yeux
des philistins. Quelques moralistes de
- boulevard et de tripot croyaient devoir
s'indigner de ses déportements. Ils ne
réussissaient qu'à se rendre ridicules.
Ce n'est pas douteux, mais enfin il n'y
avait pas lieu de l'accabler d'un mépris
pharisaïque, aucun jeune poète n'est te-
iu de l'imiter. On peut écrire de beaux
iers sans cela.
Ajoutons qu'il était bien impossible
aù plus généreux Mécène de le tirer de
cette impecuniosité dont il s'était fait une
si chère habitude. On rappellera que ses
œuvres ne lui rapportaient que des som-
més insuffisantes et l'on citera pour en
rire le mot fameux d'un éditeur économe
à Moréas: « Verlaine et vous, vous êtes
des hommes d'argent. » Mais beaucoup
de bonnes âmes s'ingénièrent à secourir
Verlaine, sans pouvoir le tirer d'affaire.
Un soir, sur la requête de Rodolphe
Salis, un opulent financier eut l'agréable
fantaisie de lui signer un chèque de cinq
mille francs. En ces temps-là, d'après
les calculs d'Edmond de Goncourt, cet-
te somme aurait du le mettre à l'abri du
besoin pour un am. Le lendemain, Ver-
laine toucha les cinq mille francs dès
l'ouverture des guichets, mais au bout
de quelques jours il n'en restait pas un
centime. Tout avait passé en ripailles
succulentes et gaies beuveries, où, so-
ciable et magnifique de nature, Verlaine
n'avait eu garde de. faire suisse.
Il y avait en lui un vieux Gaulois,
un franc luron, et c'est sous cet unique
aspect qu'il se révélait à la fin aussi bien
dans sa vie que dans ses dernières œu-
vres* où il blaguait la philosophie, « l'ar-
tisterie », et tournait en urr Béranger
aussi cocardier et joyeux drille. mais
beaucoup moins libéral. Il était un peu
garde national, tout comme son ami
Coppée, moindre poète, mais qui lui
ressemblait par bien des côtés. Et cela
aussi était son droit. Mais le poète in-
térieur, douloureux et mystique qu'on
exalte en lui, le poète victime, enfant
de Marie et agneau de Dieu, n'avait
existé qu'un moment et n'avait pas ré-
sisté longtemps au réveil de ses instincts
faunesques. ,
Divin Tityre, âme légère, comme troupe
De satyreaux ballant par bonds!
C'était un brillant Tityre, très pari-
sien, voire faubourien, un satyreau ré-
solument noctambule et ne ballant de-
vant le buffet que lorsqu'il n'y avait pas
moyen de faire autrement. Je n'y vois
aucun mal, mais ce n'est pas une raison
suffisante pour l'inscrire dans le marty-
rologe et la légende dorée.
Son œuvre, très inégale, demeure en
partie admirable et délicieuse. Le poète
en lui n'a pas été moins méconnu que
l'homme n'était outragé, par des ponti-
fes inintelligents et insensibles qui offen-
saient lourdement les Muses en sa per-
sonne. Voilà qui est entendu. C'est un
poète adorable, mettons un grand poète.
Mais non pas aussi grand qu'un Lamar-
tine ou un Victor Hugo. Et l'on tombe
maintenant d'un excès dans l'autre.
M. Saint-Georges de Bouhélier a pu-
blié dans le Figaro un article qui est à
la fois un panégyrique et un manifeste
d'esthétique étroitement verlainienne.
M. de Bouhélier immole sur les autels
de Paul Verlaine tout le romantisme d'a-
bord, puis tout le classicisme, et l'on se
demande ce qui restera, en dehors de
cet unique dieu dont l'auteur d'OEdipe,
roi de Thèbes, se constitue le prophète,,
le grand-prêtre et le premier inquisiteur.
Le plaisant, c'est que Verlaine était
certainement romantique dans une large
mesure, dans ses vers comme dans sa
conduite, ce qui ne l'empêchait pas d'ê-
tre un peu classique et de se rattacher
par quelques liens assez visibles à la
simplicité racinienne. Ce dont M. de
Bouhélier lui est si reconnaissant, c'est
d'avoir renoncé à l'éloquence et à la rhé-
torique qui gâtent tous les autres poètes,
Hugo comme'ceux du XVIII) siècle, pa-
raît-il, et de s'en être tenu à la p.ure mé-
lodie du cœur. Nous goûtons infiniment
cette pure mélodie, mais il y a aussi l'i-
dée, la vision d'ensemble, les grandes
constructions et les vastes synthèses.
Toute la poésie ne se résume pas dans
les ravissantes petites chansons de Paul
Verlaine, qui malgré tout n'est pas ab-
solument l'égal d'un Dante, d'un Sha-
kespeare ou d'un Goethe, pour ne nom-
mer aucun de ces Grecs, de ces Latins
ni de ces Français humanistes que M.
de Bouhélier semble repousser de parti-
pris. Il était absurde de ne pas rendre
justice à Paul Verlaine : il le serait peut-
être encore davantage de l'idolâtrer ex-
clusivement.
Paul SOUDA Y.
Échos
6 janvier 1800. - A I'Oréra-Corn inné, 1" tic.,q Deux
Journées, rte chérubin et BouUiy, ooîlabOTateur
ow: ii Aire de rai a. -
Un
N-
n nouveau genre de théâtre.
M. Jean Cocteau a toujours monté
-. - j. 1. _1.l" .1n
Jes spectacles empreIntS ue ia .(JIU:' I:)! aBU".-
Originalité. - :
Il nous prépare pour la mi-févri; er des
p.r%amm«s qui ne manqueront pas de se
slgn:aler à l'attention des critiques.
En effet sur fa scène de la comédie des
Champs-Elysées, il va faire représenter le
B&ursiir le Toit de MM. Erik Satie et Da-
rius Milhaud, et Fox-trot/
Dans ces deux pièces il y aura très peu
de dialogue. Par qui seront alors rempla-
cés les auteurs? Ce sont des acrobates et
des clowns qui prendront la plus grande
part de l'action. ;
Serrons-nous à une époaue où les des-
cendants de Footit et de Chocolat pourront
iveir la p célébrité des Guitry où de Firmin
Gémier?.
Ci
a dame en noir.
f C'est à la fin de la repétition privée
ae la Comédie-Française — à l'heure du
^fstiaire, on commente très vivement les
t-es émises Dar M. Georges Bourdon dans
Chaînes*
Certains espirits très exaltés discutent
violemment. Dans un groupe, une dame
habillée de noir, paraît très surexcitée èt
d'un ton décidé s'écrie: « Et puis mainte-
nant, jé vais en parler à Clemenceau. »
Au nom du Président du Conseil, les
spectateurs qui mettent leurs vêtements se
retournent vers cette personne si énervée.
et si influente.
Personne ne reconnaît et ne peut donner
de nom à cette parisienne qui déclare
avoir ses entrées au ministère de la guer-
re. ce n'est pas une pensionnaire de la
Maison de Molière.
Qu'aura dit la dame en noir au Président
du Conseil?.
I
r y a Chausson et Chausson.
« Mon cher Masque de Verre.
a A propos du chemin de la rue dé la
Grange-aux-Belles, vous écrivez:
« On quitte la ville à l'Ambigu, <5n des-
cend la irue de Lancry qui traverse le bou-
levard Magenta, non loin du passage Chaus-
son, ainsi dénommé du compositeur célè-
bre. 5)
« Or, il n'y a plus de passage Chaus-
son. Je puis vous l'affirmer moi qui y na-
quis! Il y a là rue Pierre-Chausson qui
n'a rien à voir avec le compositeur Ernest
Chausson, car elle porte le nom du pro-
priétaire de l'ancien passage privé que fer-
maient autrefois des grilles chaque soir. »
« Bien cordiaterûrnt à vous,
K GUILLOT DE Saix. )J.
ART DRAMATIQUE
La Farce
Gorge au vent, nez en l'air ; et de la joie éparse
Sur tout son être, accorte et redoutable garce,
Hurle, aime, blague, insulte, et frappe et rii la
[Fatcel
SaJèpre; epahouïe au vent de la paradet *
Où le mot fuse, éclaire; éclate, pétarade;
Lance le boniment, frère de la tirade.
Pour faire tressauter du badaud la b&Loîite,
La calembour s'accouple à la calembredaine, ;
La Satire jaillit, désinvolte, soudaine..,
Cette femelle qui gueule, engueule, et dêgueuie
Sur le pédant, sur l'imposteur, sur la béitueule,
- O Jean-Baptiste Poquelin' - fut ton âimlc.
Enfant, quand tu fuyais pour le Pont Nèuf, les
[Halles,
C'est elle qui t'apprit Paris et ses dédales.
Nonobs" tant vingt ektefs-d'œuvre aux splendeurs
-.; [idéales,
Plus que l'âme d*Aie este au douloureuxmf stère,
Le public aime en toi - contemplateur austère -
S^cntiircllc et ses bois ; Purgon et sort 'dystète!
HUGUES DELORME;
A
uteurs de fantaisie.
La culture littéraire de certain im-
presarii de provInce esc suu vcm u~ peu
primitive et ceux-ci n'hésitent pas quelque-
fois à attribuer des paternités fantaisistes
aux œuvres qu'ils jouent. *
C'est ainsi que les affiches de tel théâ-
tre ambulant qui va, en Saône-'et+Lôtre,
jouer de foire en foire, annonçaient der-
nièrement: - i
Les Plaideurs , -<
de M. Georges courteline
,. (de VAcadémie-Française}
*
Ceci nous rappelle cette autre affiche,
lue, il y a quelques années à la fête de
Neuilly: - - '¡,
La Tour de Nesles
drame en 3 actes de M. Jean Richepin
D
ésaugiers, auteur dramatique. '.,
L'écrivain de L'Hôtel Garni, que re-
- - - n 4_ !»• - 1 - L _i i. » /-v
prend rOdëon, tut une rois ie i, l
aventure du genre de celle que racontait,
récemment, notre collaborateur Paul Gi-
nisty. La comédienne Flore dit ceci, dans
ses mémoires;
« Monrose fut mon camaraae au meauc
Montansier. Il désirait jouer un Arlequin ; mais
comme Bosquier-Gavaudan aimait aussi ce rôle,
afin de les mettre d'accord, Désaugiers fit une
pièce où il y avait deux arlequins. Elle était in-
titulée l'Un après l'autre, ou , Les Deux trappes.
Chacunment par une trappe et ils ne se fror: 'ni. en-
semble qu'à la démise seine. Au awwienx Q~
commencer, Monrose se trouva indisposé. Quoi-
que la toile fut lévée, on alkû changer le spec-
tacle, lorsque Désaugiers offrit de remplacer
Monrose. On lui eut bientôt trouvé un habit à
sa taille; et pendant que Bosquier, qui ne se.
doutait de rien, était en scène, Désaugieiv en-
dossa le costume, mit le masque, et joua tout
le rôle sans que le public s'aperçût du enange-
ment.
« Au moment où les deux frappes iâissent
sortir les deux arlequins qui se rencontrent,
Bosquier fut fort surpris de voir devant lui un
gros arlequin bien dodu, au lieu d'un petit ar-
lequin mince et fluet comme l'était Monrose.
Il fut si étonné qu'il en perdit un moment la
parole : mais l'orchestre donna le ton pour un
duo qu'il fallait chanter immédiatement, et com-
me Désaugiers déguisait sa voix pour imiter le
jargon bergamesque, Bosquier se donnait au
diable pour savoir quel était son partenaire, qui
s'amusait beaucoup de son embarras. Lorsque la
toile fut baissée, Désaugiers, voulant continuer
d'intriguer Bosquier, se mit à faire des postu-
res, le p&ursuivit à coups de batte ; celui-ci
allait se fâcher tout de bon, lorsque Fauteur de
la pièce levn enfin le masque et lui ipohtra sa
joyeuse figure. » - j
Et comme tant d'auteurs et d'acteurs,
Désaugiers ne manqua pas d'être directeur
de théâtre!
L
es bienfaits du cinéma. , 1
Les statistiques de FAssodatton con-
• • ■* • • J «
tre l mcenuie qui compienu ptca~u~ n~~
les compagnies d'assurances et les fabri-
ques d'extincteurs montrent que dans cer-
taines villes où les précautions les plus
minutieuses ont été prises, les pertes résul-
tant du feu ne montent qu'à 32 cents
par personne au lieu que la moyenne des
autres villes est de 8 à 10 dollars par tête.
Ce qui prouve clairement que la majeure
partie des .incendies ne sont dus qu à 1 i-
gnorance et à l'imprudence. Pour vulgariser
les moyens d'éviter et de combattre lesx in-
cendies, une société cinématographique
vient d'entreprendre une campagne qui
semble appelée à un heureux résultat. Elle
a édité des films montrant toutes les possi-
bilités de provoquer un incendie, depuis la
négligence du fumeur jusqu'à l'explosion
qui peut se produire parmi les poussières
inflammables d'un « elevator » de grains.
Ces films seront tournés non seulement
dans les théâtres, mais aussi dans les éco-
les et les usines.
s
i la grève continuait, il est probable
que bien des pensionnaires de l'O-
• 1 P « « /] 'a i1n«« rA
péra seraient ruaccb umici , c-n )J.r
vince. Ce sera. d'ailleurs dans la tradition,
et bien des artistes réputés, après la consé-
cration de la Capitale sont revenus cueillir
des lauriers dans les villes qui avaient vu
naître leur talent..
Le ténor Villaret qui eut jadis une ré-;
putation aussi grande que légitime, ne erai-I:
gnit point, en pleine gloire, d'aller chanter;
au pays qui l'avait vu naître, J.me petite;
ville du Midi. Il eut la délicate attention
d'inviter pour ce soir-la; sa vieille nourrice, j
Celle-ci qui n'était jamais * allée aua théâtre,
lorsque elle le vit entrer en scèrnt, lui fit
une ovation bien personnelle, mais ;!orsqu'tt
eut poussé les premières notes j de son
chant, ce fut bien pis. Se levanMeUe lui
cria devant le public interloqué:
— Tu as beau crier, pitchounet, tu ne.
brailleras jamais si fort que lorsque je te
berçais et que tu ne voulais pas dormir l
Le Masque de Verre.
i
Nous publierons demain un article ae,
LUCIE DELARUE-MARDRUS ;
et « Les Petites Expositions m»
-11,
ae RENÉ JEAN
LA DÉCENTRALISATION ARTISTIQUE >
Au Grand Théâtre de Rouen
; (
"NINON DE LENCLOS"
*" Crame lyrique en quatre actes, de MM. Louis Blampain de Saint-Mars
et Henry Aucher. musique de M. Louis Maingueneau ..,
Te théâtre lyrique de Rouen, qui s'est
toujours distingué par son goût éclairé
pour les arts, n'a pas dégénéré, sous la
direction de MM. Masselon et Malaus-
séna, de cette noble tradition: il vient
de nous faire entendre un ouvrage iné-
dit, qui est fort intéressant, et dont l'in-
terprétation, soignée en tous ses détails,
fut par certains endroits remarquable.
MM. Blampain de Saint-Mars et Hen-
ry Aucher ont pris pour héroïne l'il-
lustre Ninon de Lenclos, qui fut aimée
des déesses immortelles, car elle vécut
trois âges de femme et connut Richelieu,
Condé, les deux marquis de Sévigné,
Je père et le fils, Saint-Evremond, plus
une quantité de seigneurs de non moin-
dre importance, et eut encore le temps,
devenue vieille mais non dévote, d'ac-
cueillir en sa maison un enfant, le fils
de son notaire Arouet, qui devait par la
suite faire quelque bruit dans le monde
sous le pseudonyme de Voltaire. La bi-
bliothèque que par testament, elle légua
à son protégé, aida peut-être au déve-
loppement de ce génie. Cette femme
charmante avait beaucoup d'esprit. On
cite d'elle, parmi d'autres maximes,
plus gracieuses que celles de La Roche-
foucauld, celle-ci: « Les femmes qui
courent le monde sont comme les tor-
rents qui changent souvent de lit et que
les hasards grossissent dans leur cours.»
1
On a beaucoup écrit sur elle et nul n'i-
gnore qu'Henri Rochefort est le vérifa-
ble auteur des Mémoires de Ninon de
Lenclos que publia le pamphlétaire Jac-
quot, dit Eugène de Mirecourt.
Ninon est plus qu'une « dame ga-
lante », Elle sut s'entourer des esprits
M. PAYAM
{Gorjrville)
les plus distingues de son temps et fut
admirée par l'élite des écrivains et des
.savants. Elle appartient à l'histoire et à
la légende. On croit savoir que les joies
de la maternité, qu'elle goûtait peu, ne lui
furent cependant pas refusées. Un nou-
velliste du dix-huitième siècle est parti
de là pour imaginer qu'un de ces en-
fants de l'amour et du hasard, négligé
par sa mère, la rencontre sans la con-
naître et en devient amoureux; instruit
de la vérité, il ne se contente pas, com-
me Œdipe, de se crever les yeux: il
se perce le cœur. C'est cette anecdote
que les auteurs modernes ont prise pour
sujet de leur drame, et je ne les chica-
iBhoto Peniept)
M. MAINGUENEAU
neraî pas sur sa vraisemblance, puis-
qu'elle leur a permis de nous montrer
successivement le château du père de
Ninon, en Touraine (bien que Ninon
fût née à Paris), le salon de Scarron
avec sa jeune femme, la « belle In-
dienne »), les jardins de l'hôtel de Ninon,
à Paris, pendant la Fronde, pour reve-
Mlle Mireille BERTHON
(Ninon)
e
\.L'iWt - i. nj J'
nir enfin au décor mélancolique du pce..
mier tableau: car Ninon, pour échap-
per aux folles exigences du jeune che-
valier de Villiers, s'est retirée à la cam-
pagne, et c'est là qu'il va la rejoindre
et que la reconnaissance funeste a lieu.
M. Louis Maingueneau a écrit sur ce
poème adroit une partition élégante et
délicate, qui, sans recherche ni compli-
cation superflue, sait donner à chaque
scène la couleur et l'émotion, à chaque
phrase l'accent et le ton qui convien-
nent. Tantôt, comme dans les chansons
et les airs à donner, l'auteùr imite fort
ingénieusement, et toujours dans le sen-
timent le plus musical, la carrure des
airs de Lulli. Tantôt, dans les scènes
où Ninon dit adieu à son premier amant
Villarceaux comme en celles où un nou-
vel amour, mêlé d'appréhension et de
regret, tente son cœur, il se livre en
toute sincérité à ses pensées qui sont
toujours fines, naturelles, jolies et tou-
chantes; et la fin de l'ouvrage atteint à
une émotion vraiment tragique.
'Plioto Ludo)
Mlle M AD! NI
(Mme Star-ro»!
1
Mlle de Scudéry, faisant le portrai
de Ninon sous le nom de Clarice, nous
apprend d'elle ceci :
« Elle a les cheveux du plus beat
châtain qu'on ait jamais vu; le visage
rond, le teint vif, la bouche agréable,
les lèvres fort incarnates, une petite
fosse au menton, qui lui sied fort bien,
les yeux noirs, brillants, pleins de feu,
souriants, et la physionomie fine, en-
jouée et fort spirituelle. y.
..<'-
Mlle Mireille Berthon. de l'Opéra
dans le rôle de Ninon, a mérité tous
ces éloges, et en outre ceux que d'au-
tres contemporains ont prodigués à cette
beauté accomplie: d'être délicieusemeni
sensible à la musique (elle jouait du
luth, et fort bien) et de « danser admi-
rablement, surtout la sarabande ». Mlle
Berthon possède une voix pure, souple,
étendue, qu'elle conduit en chanteuse
experte et en musicienne accomplie.
Elle a trouvé, en outre, dans 'ce rôle,
comme en celui de Thaïs, oublie fut
plus d'une fois applaudie à l'Opéra,
l'occasion de montrer un talent pour la
danse qui n'a pas été moins apprécie
du public. Le rôle de Ninon est de beau-
coup le plus important et le brillant suc-
V
cès que Mlle Berthon y a remporté i
contribué pour beaucoup à celurde l'oo*
vrage. Mais à côté de cette bllie nr-
W. COCHERAT
(VillifirsJ
tiste, des éloges sont dus 3 l'rime Mà*
dini, fort attrayante dans le rôle de Mm'<
Scarron; à M. Cocherai, qui £ prêti
une candeur touchante au jeune Vil-
liers; à MM. Simard (Viilàrceaux) et
Payan (Gourville),tous deux de l'Opéra-,
Comique; à M. Cosson, qui a compose
un pittoresque Scarron, ainsi qu'aux
jeunes artistes qui interprètent 'les ~!e9
secondaires avec une fraîcheur trop sou-
vent interdite aux théâtres subventions
nés par les privilèges de" l'ancïtnnet^
M. Ruhlmann dirigeait l'orchestre à lat
première représentation ; son autorité^
précise et calmeet sa sûre maîtrise on4
une fois de plus justifié le choix que RI,
M. Rouché de cet excellent chef pou"
1
M. SIMARtT
ItiFiarcvoaiix: d 1
, ,
conduire un orchestre qui a le droit
se montrer difficile ; celui de l'Opéra*
Louis LALOY
if::.
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Il y avait l'auto Jour vingt-cinq ans
que Paul Verlaine fut conduit à sa der-
rière demeure. Cet anniversaire n'a pas
manqué d'être célébré par un pèlerinage
au buste du poète, dans le jardin du
Luxembourg, et par quelques articles
commémoratifs. je me souviens nette-
ment de cette journée d'hivrr où un long
cortège d'écrivains et d'étudiants suivit
Paul Verlaine de son pauvre logis de la
rue Descartes à l'église voisine de Saint
Etienne-du-Mont, où l'orgue fut tenu, si
le ne me trompe, par Gabriel A et
de là à travers toute la ville, jusQU aa
lointain petit cimetière des Batignones.
Le ministère de l'Instruction publique
H des Beaux-Arts avait contribué, avec
quelques amis, aux frais des obsèques,
Verlaine n'ayant pas laissé, bien enten-
du de quoi se faire décemment enterrer.
U y eut des cordons du poêle, et de nom-
breux discours sur R'a tombe, comme
pour un personnage officiel. Au retour,
Mendès et quelques autres « arrivés »
s'arrêtèrent avenue de Clichy, pour dé-
jeûner au restaurant du père Lathuile,
pendant que le gros delà troupe se ré-
pandait chez des marchands de vins plus
modestes. '.:,
: Pour la première fois peut-être,, des
admirateurs de conditions très différen-
tes, y compris des représentants de l'E-
tat,, s'étaient réunis dans un hommage
public à l'ancien poète maudit. Mais c'é-
tait la bohème qui dominait et qui don-
-nait le ton. La légende et la canonisa-
tion commençaient.
l'ai bien connu Verlaine, à l'époque
où vêtu d'un ulster et d'un large cache-
nez, armé d'un gros bâton et traînant
la jambe, il arpentait le boulevard Saint-
Michel et buvait des absinthes à toute
heure de jour et de nuit, après comme
avant dîner, à l'Académie de la rue bt-
lacques, au café François 1er et dans di-
vers estaminets ou caveaux. Par 1 exem-
ple comme par la plume, il a non pas
certes fondé, mais renforcé la concep-
tion du poète nécessairement indigent,
affamé et hors la. loi.
C'est une idée romantique Elle s af-
firme très noblement dans le Stello d Al-
fred de Vigny, d'une façon plus familiè-
re et plus plaisante chez Henry Murger.
Un personnage de Murger, wilà ce que
fut surtout Verlaine, valeur littéraire à
part, dans sa vie pratique et quotidienne.
Si sa pauvreté fut réelle, il faut bien
dire qu'elle n'était pas congénitale, mais
acquise et M'autant plus incurable.
Verlaine était de bonne souche bour-
geoise, fils d'officier. Il débuta dans une
honnête aisance et dans la carrière ad-
ministrative la -plus—^assyrawte, comme
1 employé à l'Hôtel de Ville. S'il quitta
son emploi et dévora sa petite fortune,
c'est qu'il le voulut ainsi. Son astre ne
l'y obligeait pas, et la poésie n'y fut
pour rien. Il était à peu près le modèle
des fonctionnaires lorsqu'il écrivit les
Poèmes'saturniens et les Fêtes galantes.
La bonne Chanson est d'inspiration con-
jugale. Il aurait parfaitement pu conti-
nuer d'être un modèle de vertu domes-
tique, sans que la littérature y perdît
grand'chose - - -
- Il lâcha l'Hôtel de Ville après la Com-
mune, craignant d'être poursuivi pour
être resté à son poste pendant cette cri-
se. Il se mit à vagabonder à travers le
monde en compagnie d'Arthur Rimbaud,
2t à noyer, comme Edgar Poë, ses sou-
cis dans l'alcool. Apollon et Bacchus
peuvent être fort bons amis. Que ces
Jeux grands dieux me gardent de le blâ-
mer et de fulminer l'anathème contre
5a tardive horreur de la vie régulière!
Qu'il soit seulement établi que Verlaine
3 vécu de cette façon non point par une
fatalité imprescriptible de la destinée,
- ni par la faute de l'infâme société hos-
;ile au génie, mais tout simplement par-
ce que cela lui plaisait.
Il était bien libre ; cela ne regardait
personne et ne le diminuait qu'aux yeux
des philistins. Quelques moralistes de
- boulevard et de tripot croyaient devoir
s'indigner de ses déportements. Ils ne
réussissaient qu'à se rendre ridicules.
Ce n'est pas douteux, mais enfin il n'y
avait pas lieu de l'accabler d'un mépris
pharisaïque, aucun jeune poète n'est te-
iu de l'imiter. On peut écrire de beaux
iers sans cela.
Ajoutons qu'il était bien impossible
aù plus généreux Mécène de le tirer de
cette impecuniosité dont il s'était fait une
si chère habitude. On rappellera que ses
œuvres ne lui rapportaient que des som-
més insuffisantes et l'on citera pour en
rire le mot fameux d'un éditeur économe
à Moréas: « Verlaine et vous, vous êtes
des hommes d'argent. » Mais beaucoup
de bonnes âmes s'ingénièrent à secourir
Verlaine, sans pouvoir le tirer d'affaire.
Un soir, sur la requête de Rodolphe
Salis, un opulent financier eut l'agréable
fantaisie de lui signer un chèque de cinq
mille francs. En ces temps-là, d'après
les calculs d'Edmond de Goncourt, cet-
te somme aurait du le mettre à l'abri du
besoin pour un am. Le lendemain, Ver-
laine toucha les cinq mille francs dès
l'ouverture des guichets, mais au bout
de quelques jours il n'en restait pas un
centime. Tout avait passé en ripailles
succulentes et gaies beuveries, où, so-
ciable et magnifique de nature, Verlaine
n'avait eu garde de. faire suisse.
Il y avait en lui un vieux Gaulois,
un franc luron, et c'est sous cet unique
aspect qu'il se révélait à la fin aussi bien
dans sa vie que dans ses dernières œu-
vres* où il blaguait la philosophie, « l'ar-
tisterie », et tournait en urr Béranger
aussi cocardier et joyeux drille. mais
beaucoup moins libéral. Il était un peu
garde national, tout comme son ami
Coppée, moindre poète, mais qui lui
ressemblait par bien des côtés. Et cela
aussi était son droit. Mais le poète in-
térieur, douloureux et mystique qu'on
exalte en lui, le poète victime, enfant
de Marie et agneau de Dieu, n'avait
existé qu'un moment et n'avait pas ré-
sisté longtemps au réveil de ses instincts
faunesques. ,
Divin Tityre, âme légère, comme troupe
De satyreaux ballant par bonds!
C'était un brillant Tityre, très pari-
sien, voire faubourien, un satyreau ré-
solument noctambule et ne ballant de-
vant le buffet que lorsqu'il n'y avait pas
moyen de faire autrement. Je n'y vois
aucun mal, mais ce n'est pas une raison
suffisante pour l'inscrire dans le marty-
rologe et la légende dorée.
Son œuvre, très inégale, demeure en
partie admirable et délicieuse. Le poète
en lui n'a pas été moins méconnu que
l'homme n'était outragé, par des ponti-
fes inintelligents et insensibles qui offen-
saient lourdement les Muses en sa per-
sonne. Voilà qui est entendu. C'est un
poète adorable, mettons un grand poète.
Mais non pas aussi grand qu'un Lamar-
tine ou un Victor Hugo. Et l'on tombe
maintenant d'un excès dans l'autre.
M. Saint-Georges de Bouhélier a pu-
blié dans le Figaro un article qui est à
la fois un panégyrique et un manifeste
d'esthétique étroitement verlainienne.
M. de Bouhélier immole sur les autels
de Paul Verlaine tout le romantisme d'a-
bord, puis tout le classicisme, et l'on se
demande ce qui restera, en dehors de
cet unique dieu dont l'auteur d'OEdipe,
roi de Thèbes, se constitue le prophète,,
le grand-prêtre et le premier inquisiteur.
Le plaisant, c'est que Verlaine était
certainement romantique dans une large
mesure, dans ses vers comme dans sa
conduite, ce qui ne l'empêchait pas d'ê-
tre un peu classique et de se rattacher
par quelques liens assez visibles à la
simplicité racinienne. Ce dont M. de
Bouhélier lui est si reconnaissant, c'est
d'avoir renoncé à l'éloquence et à la rhé-
torique qui gâtent tous les autres poètes,
Hugo comme'ceux du XVIII) siècle, pa-
raît-il, et de s'en être tenu à la p.ure mé-
lodie du cœur. Nous goûtons infiniment
cette pure mélodie, mais il y a aussi l'i-
dée, la vision d'ensemble, les grandes
constructions et les vastes synthèses.
Toute la poésie ne se résume pas dans
les ravissantes petites chansons de Paul
Verlaine, qui malgré tout n'est pas ab-
solument l'égal d'un Dante, d'un Sha-
kespeare ou d'un Goethe, pour ne nom-
mer aucun de ces Grecs, de ces Latins
ni de ces Français humanistes que M.
de Bouhélier semble repousser de parti-
pris. Il était absurde de ne pas rendre
justice à Paul Verlaine : il le serait peut-
être encore davantage de l'idolâtrer ex-
clusivement.
Paul SOUDA Y.
Échos
6 janvier 1800. - A I'Oréra-Corn inné, 1" tic.,q Deux
Journées, rte chérubin et BouUiy, ooîlabOTateur
ow: ii Aire de rai a. -
Un
N-
n nouveau genre de théâtre.
M. Jean Cocteau a toujours monté
-. - j. 1. _1.l" .1n
Jes spectacles empreIntS ue ia .(JIU:' I:)! aBU".-
Originalité. - :
Il nous prépare pour la mi-févri; er des
p.r%amm«s qui ne manqueront pas de se
slgn:aler à l'attention des critiques.
En effet sur fa scène de la comédie des
Champs-Elysées, il va faire représenter le
B&ursiir le Toit de MM. Erik Satie et Da-
rius Milhaud, et Fox-trot/
Dans ces deux pièces il y aura très peu
de dialogue. Par qui seront alors rempla-
cés les auteurs? Ce sont des acrobates et
des clowns qui prendront la plus grande
part de l'action. ;
Serrons-nous à une époaue où les des-
cendants de Footit et de Chocolat pourront
iveir la p célébrité des Guitry où de Firmin
Gémier?.
Ci
a dame en noir.
f C'est à la fin de la repétition privée
ae la Comédie-Française — à l'heure du
^fstiaire, on commente très vivement les
t-es émises Dar M. Georges Bourdon dans
Chaînes*
Certains espirits très exaltés discutent
violemment. Dans un groupe, une dame
habillée de noir, paraît très surexcitée èt
d'un ton décidé s'écrie: « Et puis mainte-
nant, jé vais en parler à Clemenceau. »
Au nom du Président du Conseil, les
spectateurs qui mettent leurs vêtements se
retournent vers cette personne si énervée.
et si influente.
Personne ne reconnaît et ne peut donner
de nom à cette parisienne qui déclare
avoir ses entrées au ministère de la guer-
re. ce n'est pas une pensionnaire de la
Maison de Molière.
Qu'aura dit la dame en noir au Président
du Conseil?.
I
r y a Chausson et Chausson.
« Mon cher Masque de Verre.
a A propos du chemin de la rue dé la
Grange-aux-Belles, vous écrivez:
« On quitte la ville à l'Ambigu, <5n des-
cend la irue de Lancry qui traverse le bou-
levard Magenta, non loin du passage Chaus-
son, ainsi dénommé du compositeur célè-
bre. 5)
« Or, il n'y a plus de passage Chaus-
son. Je puis vous l'affirmer moi qui y na-
quis! Il y a là rue Pierre-Chausson qui
n'a rien à voir avec le compositeur Ernest
Chausson, car elle porte le nom du pro-
priétaire de l'ancien passage privé que fer-
maient autrefois des grilles chaque soir. »
« Bien cordiaterûrnt à vous,
K GUILLOT DE Saix. )J.
ART DRAMATIQUE
La Farce
Gorge au vent, nez en l'air ; et de la joie éparse
Sur tout son être, accorte et redoutable garce,
Hurle, aime, blague, insulte, et frappe et rii la
[Fatcel
SaJèpre; epahouïe au vent de la paradet *
Où le mot fuse, éclaire; éclate, pétarade;
Lance le boniment, frère de la tirade.
Pour faire tressauter du badaud la b&Loîite,
La calembour s'accouple à la calembredaine, ;
La Satire jaillit, désinvolte, soudaine..,
Cette femelle qui gueule, engueule, et dêgueuie
Sur le pédant, sur l'imposteur, sur la béitueule,
- O Jean-Baptiste Poquelin' - fut ton âimlc.
Enfant, quand tu fuyais pour le Pont Nèuf, les
[Halles,
C'est elle qui t'apprit Paris et ses dédales.
Nonobs" tant vingt ektefs-d'œuvre aux splendeurs
-.; [idéales,
Plus que l'âme d*Aie este au douloureuxmf stère,
Le public aime en toi - contemplateur austère -
S^cntiircllc et ses bois ; Purgon et sort 'dystète!
HUGUES DELORME;
A
uteurs de fantaisie.
La culture littéraire de certain im-
presarii de provInce esc suu vcm u~ peu
primitive et ceux-ci n'hésitent pas quelque-
fois à attribuer des paternités fantaisistes
aux œuvres qu'ils jouent. *
C'est ainsi que les affiches de tel théâ-
tre ambulant qui va, en Saône-'et+Lôtre,
jouer de foire en foire, annonçaient der-
nièrement: - i
Les Plaideurs , -<
de M. Georges courteline
,. (de VAcadémie-Française}
*
Ceci nous rappelle cette autre affiche,
lue, il y a quelques années à la fête de
Neuilly: - - '¡,
La Tour de Nesles
drame en 3 actes de M. Jean Richepin
D
ésaugiers, auteur dramatique. '.,
L'écrivain de L'Hôtel Garni, que re-
- - - n 4_ !»• - 1 - L _i i. » /-v
prend rOdëon, tut une rois ie i, l
aventure du genre de celle que racontait,
récemment, notre collaborateur Paul Gi-
nisty. La comédienne Flore dit ceci, dans
ses mémoires;
« Monrose fut mon camaraae au meauc
Montansier. Il désirait jouer un Arlequin ; mais
comme Bosquier-Gavaudan aimait aussi ce rôle,
afin de les mettre d'accord, Désaugiers fit une
pièce où il y avait deux arlequins. Elle était in-
titulée l'Un après l'autre, ou , Les Deux trappes.
Chacun
semble qu'à la démise seine. Au awwienx Q~
commencer, Monrose se trouva indisposé. Quoi-
que la toile fut lévée, on alkû changer le spec-
tacle, lorsque Désaugiers offrit de remplacer
Monrose. On lui eut bientôt trouvé un habit à
sa taille; et pendant que Bosquier, qui ne se.
doutait de rien, était en scène, Désaugieiv en-
dossa le costume, mit le masque, et joua tout
le rôle sans que le public s'aperçût du enange-
ment.
« Au moment où les deux frappes iâissent
sortir les deux arlequins qui se rencontrent,
Bosquier fut fort surpris de voir devant lui un
gros arlequin bien dodu, au lieu d'un petit ar-
lequin mince et fluet comme l'était Monrose.
Il fut si étonné qu'il en perdit un moment la
parole : mais l'orchestre donna le ton pour un
duo qu'il fallait chanter immédiatement, et com-
me Désaugiers déguisait sa voix pour imiter le
jargon bergamesque, Bosquier se donnait au
diable pour savoir quel était son partenaire, qui
s'amusait beaucoup de son embarras. Lorsque la
toile fut baissée, Désaugiers, voulant continuer
d'intriguer Bosquier, se mit à faire des postu-
res, le p&ursuivit à coups de batte ; celui-ci
allait se fâcher tout de bon, lorsque Fauteur de
la pièce levn enfin le masque et lui ipohtra sa
joyeuse figure. » - j
Et comme tant d'auteurs et d'acteurs,
Désaugiers ne manqua pas d'être directeur
de théâtre!
L
es bienfaits du cinéma. , 1
Les statistiques de FAssodatton con-
• • ■* • • J «
tre l mcenuie qui compienu ptca~u~ n~~
les compagnies d'assurances et les fabri-
ques d'extincteurs montrent que dans cer-
taines villes où les précautions les plus
minutieuses ont été prises, les pertes résul-
tant du feu ne montent qu'à 32 cents
par personne au lieu que la moyenne des
autres villes est de 8 à 10 dollars par tête.
Ce qui prouve clairement que la majeure
partie des .incendies ne sont dus qu à 1 i-
gnorance et à l'imprudence. Pour vulgariser
les moyens d'éviter et de combattre lesx in-
cendies, une société cinématographique
vient d'entreprendre une campagne qui
semble appelée à un heureux résultat. Elle
a édité des films montrant toutes les possi-
bilités de provoquer un incendie, depuis la
négligence du fumeur jusqu'à l'explosion
qui peut se produire parmi les poussières
inflammables d'un « elevator » de grains.
Ces films seront tournés non seulement
dans les théâtres, mais aussi dans les éco-
les et les usines.
s
i la grève continuait, il est probable
que bien des pensionnaires de l'O-
• 1 P « « /] 'a i1n«« rA
péra seraient ruaccb umici , c-n )J.r
vince. Ce sera. d'ailleurs dans la tradition,
et bien des artistes réputés, après la consé-
cration de la Capitale sont revenus cueillir
des lauriers dans les villes qui avaient vu
naître leur talent..
Le ténor Villaret qui eut jadis une ré-;
putation aussi grande que légitime, ne erai-I:
gnit point, en pleine gloire, d'aller chanter;
au pays qui l'avait vu naître, J.me petite;
ville du Midi. Il eut la délicate attention
d'inviter pour ce soir-la; sa vieille nourrice, j
Celle-ci qui n'était jamais * allée aua théâtre,
lorsque elle le vit entrer en scèrnt, lui fit
une ovation bien personnelle, mais ;!orsqu'tt
eut poussé les premières notes j de son
chant, ce fut bien pis. Se levanMeUe lui
cria devant le public interloqué:
— Tu as beau crier, pitchounet, tu ne.
brailleras jamais si fort que lorsque je te
berçais et que tu ne voulais pas dormir l
Le Masque de Verre.
i
Nous publierons demain un article ae,
LUCIE DELARUE-MARDRUS ;
et « Les Petites Expositions m»
-11,
ae RENÉ JEAN
LA DÉCENTRALISATION ARTISTIQUE >
Au Grand Théâtre de Rouen
; (
"NINON DE LENCLOS"
*" Crame lyrique en quatre actes, de MM. Louis Blampain de Saint-Mars
et Henry Aucher. musique de M. Louis Maingueneau ..,
Te théâtre lyrique de Rouen, qui s'est
toujours distingué par son goût éclairé
pour les arts, n'a pas dégénéré, sous la
direction de MM. Masselon et Malaus-
séna, de cette noble tradition: il vient
de nous faire entendre un ouvrage iné-
dit, qui est fort intéressant, et dont l'in-
terprétation, soignée en tous ses détails,
fut par certains endroits remarquable.
MM. Blampain de Saint-Mars et Hen-
ry Aucher ont pris pour héroïne l'il-
lustre Ninon de Lenclos, qui fut aimée
des déesses immortelles, car elle vécut
trois âges de femme et connut Richelieu,
Condé, les deux marquis de Sévigné,
Je père et le fils, Saint-Evremond, plus
une quantité de seigneurs de non moin-
dre importance, et eut encore le temps,
devenue vieille mais non dévote, d'ac-
cueillir en sa maison un enfant, le fils
de son notaire Arouet, qui devait par la
suite faire quelque bruit dans le monde
sous le pseudonyme de Voltaire. La bi-
bliothèque que par testament, elle légua
à son protégé, aida peut-être au déve-
loppement de ce génie. Cette femme
charmante avait beaucoup d'esprit. On
cite d'elle, parmi d'autres maximes,
plus gracieuses que celles de La Roche-
foucauld, celle-ci: « Les femmes qui
courent le monde sont comme les tor-
rents qui changent souvent de lit et que
les hasards grossissent dans leur cours.»
1
On a beaucoup écrit sur elle et nul n'i-
gnore qu'Henri Rochefort est le vérifa-
ble auteur des Mémoires de Ninon de
Lenclos que publia le pamphlétaire Jac-
quot, dit Eugène de Mirecourt.
Ninon est plus qu'une « dame ga-
lante », Elle sut s'entourer des esprits
M. PAYAM
{Gorjrville)
les plus distingues de son temps et fut
admirée par l'élite des écrivains et des
.savants. Elle appartient à l'histoire et à
la légende. On croit savoir que les joies
de la maternité, qu'elle goûtait peu, ne lui
furent cependant pas refusées. Un nou-
velliste du dix-huitième siècle est parti
de là pour imaginer qu'un de ces en-
fants de l'amour et du hasard, négligé
par sa mère, la rencontre sans la con-
naître et en devient amoureux; instruit
de la vérité, il ne se contente pas, com-
me Œdipe, de se crever les yeux: il
se perce le cœur. C'est cette anecdote
que les auteurs modernes ont prise pour
sujet de leur drame, et je ne les chica-
iBhoto Peniept)
M. MAINGUENEAU
neraî pas sur sa vraisemblance, puis-
qu'elle leur a permis de nous montrer
successivement le château du père de
Ninon, en Touraine (bien que Ninon
fût née à Paris), le salon de Scarron
avec sa jeune femme, la « belle In-
dienne »), les jardins de l'hôtel de Ninon,
à Paris, pendant la Fronde, pour reve-
Mlle Mireille BERTHON
(Ninon)
e
\.L'iWt - i. nj J'
nir enfin au décor mélancolique du pce..
mier tableau: car Ninon, pour échap-
per aux folles exigences du jeune che-
valier de Villiers, s'est retirée à la cam-
pagne, et c'est là qu'il va la rejoindre
et que la reconnaissance funeste a lieu.
M. Louis Maingueneau a écrit sur ce
poème adroit une partition élégante et
délicate, qui, sans recherche ni compli-
cation superflue, sait donner à chaque
scène la couleur et l'émotion, à chaque
phrase l'accent et le ton qui convien-
nent. Tantôt, comme dans les chansons
et les airs à donner, l'auteùr imite fort
ingénieusement, et toujours dans le sen-
timent le plus musical, la carrure des
airs de Lulli. Tantôt, dans les scènes
où Ninon dit adieu à son premier amant
Villarceaux comme en celles où un nou-
vel amour, mêlé d'appréhension et de
regret, tente son cœur, il se livre en
toute sincérité à ses pensées qui sont
toujours fines, naturelles, jolies et tou-
chantes; et la fin de l'ouvrage atteint à
une émotion vraiment tragique.
'Plioto Ludo)
Mlle M AD! NI
(Mme Star-ro»!
1
Mlle de Scudéry, faisant le portrai
de Ninon sous le nom de Clarice, nous
apprend d'elle ceci :
« Elle a les cheveux du plus beat
châtain qu'on ait jamais vu; le visage
rond, le teint vif, la bouche agréable,
les lèvres fort incarnates, une petite
fosse au menton, qui lui sied fort bien,
les yeux noirs, brillants, pleins de feu,
souriants, et la physionomie fine, en-
jouée et fort spirituelle. y.
..<'-
Mlle Mireille Berthon. de l'Opéra
dans le rôle de Ninon, a mérité tous
ces éloges, et en outre ceux que d'au-
tres contemporains ont prodigués à cette
beauté accomplie: d'être délicieusemeni
sensible à la musique (elle jouait du
luth, et fort bien) et de « danser admi-
rablement, surtout la sarabande ». Mlle
Berthon possède une voix pure, souple,
étendue, qu'elle conduit en chanteuse
experte et en musicienne accomplie.
Elle a trouvé, en outre, dans 'ce rôle,
comme en celui de Thaïs, oublie fut
plus d'une fois applaudie à l'Opéra,
l'occasion de montrer un talent pour la
danse qui n'a pas été moins apprécie
du public. Le rôle de Ninon est de beau-
coup le plus important et le brillant suc-
V
cès que Mlle Berthon y a remporté i
contribué pour beaucoup à celurde l'oo*
vrage. Mais à côté de cette bllie nr-
W. COCHERAT
(VillifirsJ
tiste, des éloges sont dus 3 l'rime Mà*
dini, fort attrayante dans le rôle de Mm'<
Scarron; à M. Cocherai, qui £ prêti
une candeur touchante au jeune Vil-
liers; à MM. Simard (Viilàrceaux) et
Payan (Gourville),tous deux de l'Opéra-,
Comique; à M. Cosson, qui a compose
un pittoresque Scarron, ainsi qu'aux
jeunes artistes qui interprètent 'les ~!e9
secondaires avec une fraîcheur trop sou-
vent interdite aux théâtres subventions
nés par les privilèges de" l'ancïtnnet^
M. Ruhlmann dirigeait l'orchestre à lat
première représentation ; son autorité^
précise et calmeet sa sûre maîtrise on4
une fois de plus justifié le choix que RI,
M. Rouché de cet excellent chef pou"
1
M. SIMARtT
ItiFiarcvoaiix: d 1
, ,
conduire un orchestre qui a le droit
se montrer difficile ; celui de l'Opéra*
Louis LALOY
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