Titre : Comoedia / rédacteur en chef : Gaston de Pawlowski
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1914-04-29
Contributeur : Pawlowski, Gaston de (1874-1933). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32745939d
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 29 avril 1914 29 avril 1914
Description : 1914/04/29 (A8,N2401). 1914/04/29 (A8,N2401).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k7652996v
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-123
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 08/06/2015
1914
Rédacteur en Chef : Q. de PAWLOWSKi
* année — n* 240r - "Ce Na 5 c
RÉDACTION & ADMINISTRÀTrOH :
e7, Boulevard Poissonnière, PARIS
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UN AN 0 MOIS
Paris et Départements 24 fr. 12 fr.
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Adresse Télégraphique : COMŒDIA-PARIS
la verrière I
et l'ostensoir
t-pt-~ue, sous sa couverture pâle, que
Paru se une aquarelle byzantine de Filiger,
M * Pour la première fois, en 1887, au
erclre de France, Le Latin mystique de
Jrmont> l'heure était opportune, les es-
Prites enclins à goûter cet ouvrage de souple
et forte érudition.
Suh -PU1S Le "Génie du Christianisme, où,
l'em?uant à l'argumentation du théologien
f J?usiasme de l'esthète, Chateaubriand
fond.i.t la vérité des dogmes sur la beauté
de's rites, jusqu'aux poèmes strictement or-
th^rwsXes de MM. Francis Jammes et Paul
C
n^ maintes « renaissances chrétien-
Ou p\ °n^ d'après la mode, les tendances
ho epoqUIe, orienté l'esprit des jeunes
i'1?65 vers telle ou t,eUe manifestation
o idéaliste et religieux.
[jgL ^mental, bavard et grandiloque, au
v«riïL^u Romantisme, puis frelaté de bali-
socialistes, prêchant avec les pantins
forcJ lsér?Me$ ou du juif errant, évêques
princes indous, jeunes hommes vier-
pou'r Une démocratie utopique et larmoyante
siècl aboutir, dans le premier quart du XXe
sione, i au renouveau strictement confes-
sionnî i Préconisé naguère par l'enquête si
instr. d'Agathon, le Christianisme fut,
Part ant 9uelques années, situé pour la plu-
~art,es intellectuels, sur le même plan que
tom* au,tr-e religion. Il fut permis d'étudier
^gi nes , sa croissance, comme celles
on ^u
tudie , avec désintéressement et curio-
qu'il évolution d'un organisme vivant, quel
tor r^®se être. A cette époque, M. Vie-
Pas ^bonnel qui, sauf erreur, n'avait
Pas jT5fl°ncé encore à la vie ecclésiastique,
Ilion t, sans émouvoir ni scandaliser l'opi-
M'Ot] %rnettre à l'archevêché une idée
assiç 0riginale. C'était le plan d'une expo-
rrio^^Wgieuse où toutes les croyances du
qUe ,. eussent pris place au même titre
qne^'l. rT*porte quel: produit de l'ingéniosité
le -
O ^avaux des mythographes, la lecture
Upeuse d'un Renan, les étuides (si plei-
nes toutefois si accessibles) d'un Alfred
maula vulgarisation en France des tra-
^eina u Max MuHeravec - dit Salomon
~ha~ — « son éternelle Aurore » don-
^isn a.u public le désir,l'appétit jusqu'alors
iiioQnçwnu de la mythologie comparée. Or, si
l'on Peut diiine à bon droit qu'une nation,
qn> diLre à bon droit qu'une nation,
qu' ,ne Iraice même, c'est une langue, le mot
il eneore plus rigoureusement vrai quand
tXs,^PPHque aux religions nomen, numen.
hy, Pourquoi le bréviaire romain, ses
i l 'h es, ses antiennes, ses proses, offrirent
0*n<î instruit dans le Catholicisme, un
le 2 'ntérêt que les Hymnes védiques ou
encl-Avesta.
?^r^nt divers, curieux de toute chose,
d', urne érudition infinie et souple, tel-
*ïu>'il peut enseigner sow it moindre ;
(JÎÇCM^ et "porter mrr ies- objets même
~(î!~~c!!~ »ooe lumière pénétrante, M.
Illgé de Gourmont n'a aucunement pré-
iugt .y* e. ses forces en rêvant de faire
Pages .mi. lle ans de poésie dans quatre cents
'ait de poésie dans quatre cents
Pag^ ln-8°. Son talent industrieux, coloré,
'yrisme et de sapience, la faculté
^intu^ltl. °n, la noble culture de son esprit
Wtoi r„daknt aisée une si rude tâche. Il
'P~~daient aisée une si rude tâche. Il
IDD Rrtien't à la famille de ces traducteurs
'■lui 11:112 nt à leur version tant de charme,
vie et de relief quelle paraît l'emporter
^Uve sur le texte primitif. C'est Dela-
btrr'ix"T't'erPrétant, sous le nom de copie,
IÙ Qbscure du premier peintre venu.
, .oe est autrement savoureux dans
k Q'ud ;ttaire que dans le texte américain.
r'~the ne Se comprenait .tout à fait bien que
ef par Gérard de Nerval. Daphnis j
Ch, Oe appartiennent à Paul-Louis. Et nul
~p~~ surpris que M. Enrique Laretta
fral1Qa>Ut dans La Gloire de Don Garnir e en
anQa ls. des beautés qu'il n'y soupçonnait
G Avec Le Latin mystique, Rémy
^if,^ Avec Le Latin mystique, Rémy
j'ons q j^rmont osa die toutes lies ver-
4% Plu-s redoutable. Seul, peut-être,
nia'®' en s'attaquant à La Divine Co-
le avait affronté un pareil danger. Là
~~i U'ne terrible concision, la phrase, l'i<-
® discours tout entier ramenés à l'es-
~!e j~o't un texte à peu près intradiui-
"itfls J' erne à qui pénètre dans l'émotion,
Ss rt admirable, des poètes prodigieux
r!'t Ambroise, Fortuinat, Thomas
Ir¡ '-I1r¡ l, ,
• 'uj l'abbé de Clairvaux, tout est péril,
'(~Ud L ,
'tlOQ r e. e danger de transvaser, dans
aXe étrangère, les formules derses
1) ditiQn i, du latin médiéval, subsiste. L'é-
ii i goût, l'amour même du modèle
a t pas- Il y mut un certain tour, un
àl abo 1h et sobre, toujours identique
qu" 'e et toujours diapré, une familiari-
? :^ de faire passer d'une langue
jette oe qu'il y a d'imprévu, de bi-
ie e' les rencontres, les pointes, les
f "t-, les trouvailles cù se plurent
°ritièneJ?r^a,r€s et savants tecntviciens qui
ll vOix au Christianisme, à sa poésie,
voiv J acconts nrofonds, suaves et
o°u^eù accents orofonds, suaves et
Ci 1x
%Ur n,t Pa- sans raison que Rémy de
c'~ n pas sans ra-ison que Rémy de
t,~r~~t
pQd es - Ou sous le nom de Prome-
Qu^i ^ues-uns de ses meilleurs mor-
aux. p <>nien'eur disert, attentif et délicat,
! C1 Je fai disert, attentif et déU.cat.
ij celie a f faire le tour des choses, à les
u^0
v0'r- à |e Montrer sous les aspects les plus
"nqttI Plus channants et J'es plus
rJ^dtuV :- charmants et les plus
and srvnn hvre parut, un goût singulier,
i)n aUrajt 1. dans sa nouveauté, pous-
i\. vers le latin d'église.
^s P°ètes vers le latin d'église.
arrives, Rimes riches et sur-
pr fe^riites v°03bu 1 aire somptueux comme
iv ~ap~~ocabulaire somptueux comme
l'e,;ts sace'd J'es dalmatiques ou les orne-
saof. r'^A totaux, l'orfèvrerie sacrée, ils
ces u Vitraï dans. ce Jyrisme la magnificen-
:
u vitraii le jardiin flamboyant de rosa-
r.. r d'étoiles, embrasés de
def ux, qui s allument, avec le
H ^ucha sall'ument. avec le
CO hen t. au mu'r des cathédrales.
ou bourgeois flamand d Yper-
i] 'tne Pos cagot et dvspep-
ou (je JÏPerinshen' cagot et dyspep-
<1 l'eb 3Ut Pas en outre les organes
tpk ut 5f\, r entendre Virgile avait, dans
°urs d;.
reb "ui's. d' son fait à Virgile et mis l'épi-
>ra;Wée aux pieds de Rhos-
>llarm
83 vo'x lointaine, mur-
V^Uy^ Proc POur des Esseintes dont la
^sir. Ule rnett avt en feu nos ingénus cer-
0
j\~c~ de litize,
°unous taisons,
nous taisons.
Çr C SSoallt tro U tlples. la tiee
tOUt ctu la P POur nos raisons
U détsir! "~s raisons
t- „ i0_ fv d®sir ! Idées.
~!~ ci s-e de voir
d^c 'ridéfeg. de voir
et ilou"eau devoir.
La symbolique était fort à la mode. Louis
Denise publiait La Doxologie des Pierres
précieuses. Et chacun de nous donnait à ses
poèmes une forme d'aHégohe,atorique. Dans son étude sur Marbode, le-
quel au début du XIIe siède, mou eut à qua-
tre-vingt-dix ans, M. de Gourmont condense
les pensers du Moyen Age touchant la
signification des pierres et des gemmes. De
même, le chapitre Alain de Lisle divulgue
l'étrange poésie et les rêves cornus dont
les scolastiques pavoisaient leurs argu-
ments. Cela ne diffère par beaucoup des
dictamen que le chevalier de Hutten prête
à ses tondus, « Chimère bombinant dans
le vide » que Rabelais fait bourdonner aus-
si près de ses Janotus. Mais où Rabelais et
Hutten ne voyaient que prétexte à raillerie,
un historien, un artiste découvre la pensée
inquiète et vigilante, l'effort d'une âme tou-
jours sur le qui-vive, ne voulant pas dé-
choir du haut idéal qu'elle s'est proposé.
Mille ans de chasteté ! Cette gageure
contre la vie et ce prodigieux renoncement,
effort d'autant plus beau qu'il n'a pais
la moindre utilité, ont inspiré cette œuvre
d'art, cette poésie ardente, subtile et dou-
loureuse, éclatante comme un émail et froi-
de au premier contact comme lui, mais 'Où
se cache, l'étincelle des feiux amortis, ou
briMe, parfois, grâce à quel artifice, un rayon
d'étoile:
Ces caipri'ces diivins sont des larmes gelées
Leur amertume, leur accent profond nous
émeuvent encore. Ils nous font goûter
l'acedia du cloître, aux heures de midi,
quand le' jeune moine « ivre d'amour »
conjure le démon ou chante sa victoire.
« Le Christianisme, dit Gourmont, a ter-
rassé Vénus. Il n'a pu vaincre Trimailtcio ».
A icela riten de surprenant. La victoire sur
Xrimalcio servait à quelque chose. Or, une
religion n'est pas une société de tempé-
rance, n'en déplaise aux momiers de Ge-
nève et du docteur Legrain..
Etre chaste! Ce fut l'obsession, le vœu
du Moyen Age, qui toute grande fit jaillir
une source de larmes et die sang (OÙ la rai-
son humaine eût bientôt fait de se noyer.
Les mystiques, les poètes, les artisans qui
ont rythmé le cycle de la Vierge, le 'pres-
tigieux Adam de Saint-Victor n'ont au fond
de l'âme que ce morne désir. Tantôt fu-
rieux, tantôt suave. On le retrouve partout
à chaque rite de lia liturgie, à chaque page
die l'anitiphonaiire : « Brise lies chaînes des
captifs — apporte la lumière aux aveugles.
- Et déliés die toutes fautes - rends-nouis
chastes et doux ».
On le retrouve 'surtout dans les .dlôux-
grands poèmes, l'un franciscain, loutre do-
minicain, si fortement étudiés, si noblement
paraphrasés par Goummnt, le Stabat et le
Dies irϔ Si l'office du Saiint Sacrement qui
date aussi du XIIIo siècle, ayant pour auteur
Thomas d'Aquin; Isi les hymnes d'Ambroise,
de Prudence et de Fortunait, les séquences
de l'époque carolingienne, lies chants de
Bernard et de Bonaventure dignement re-
présentent la nef de - çefâ» -cathédrale
Mutaifte, le latin ihysdgué, o# peut dire
que ces deux proses (ainsi le Moyen Âge
nomma les vers latins rimés) Stabat et Dies
irœ en forment les tours inébranlables et
superbes.
Ce n'est plus certes le latin d'Ovide et
l'on comprend que les humanistes convain-
cus de la renaissance aient dédaigné cette
langue d'une richesse barbare, emphatique
et puérile trop ornée et parfois trop magni-
fique, sans lieux communs ni développe-
ment oratoire. Les pédants, d'e collège, San-
teul, d'autres encore qui ne valaient pas
Santeul ont « accommodé » le bréviaire ro-
main, l'ont mis au goût du siècle de
Louis XIV et même de Louis XV, c'est
comme si l'on repeignait lIes primitifs. Des
mains savantes et délicates ont mis à l'abri
des vandales et des cuistres ces ouvrage
du passé. Rémy de Gourmont les a revê-
tus d'une armure d'érudition et de charme
pareille à celle des chevaliers mythiques.
Nul désastre ne pourra les fausser dé-
sormais.
Tels revêtus d'une magnifique parure par
l'éditeur éclectique Georges Crès, lequel
publie à la fois Candide et Les Odeurs de
Paris, Le Latin mystique et Le Satyricon,
n'exigeant des anciens et des modernes,
pour tout passe-port, qu'un talent incontesté,
j'ai relu. pendant ces heures lentes, au bruit
des cloches pascales, tant de beaux vers que
Gourmont a recueillis, ordonnés, mis en lu-
mière. avec lie goût d'un pur artiste, le sa-
voir d'un parfait érudit. Grâce à lui, dans
ce beau volume que décore un frontispice
mélancolique et suave de Maurice Denis, la
verrière flamboie aux yeux de tous et l'os-
tensoir de la cathédrale resplendit comme
aux temps ou notre jeunesse rêvait la gloire
de l'enlumineur et du maître 'verrter.
Laurént TAILHADE.
Nous publierons demain un article de
G. DE PAWLOWSKI
Échos
Voir, en tête des informations, les spectacles
nouveaux de la journée.
L
e dernier asile.
i On n'a pas oublié le nom d'Odette
Waléry. On rappelait la beLle Odette, et
elle méritait ce titre. Ses succès d'artiste
et d'e femme furent grands.
Cependant un chagrin profond semblait
torturer l'alerte et souple danseuse et. d'e-
puis longtemps déjà. elle avait demandé à
la déesse Pravaz le secours des Paradis
artificiels..
Peu à peu. elle vit tout disparaître, sa
beauté, sa fortune, ses amis, - et la voici,
maintenant, inconsciente et égarée, rôdant
chaque jour sous les grands arbres- de
l'asile Sainte Anne.
Rien de plus mélancolique et de plus
douloureux que cette fin de celle qui frôla
la gloire de si près.
p
, ropagande électorale.
Nous ne faisons pas de politique.
mais celle-ci est trop joue pour que u~
ne la notions pas au passage. Un candidat
du Ve arrondissement affiche ses convictions
et son programme en ses termes:
« Ma situation aetweiite est une tombe.
le tri'y *K>coù<Ée et je présente ùn eoih è uftfc
de mes œuvres: Les Deux Aigles, épopée
héroïque et dramatique qui magnifie l'aigle
génie sous tous ses aspects. Ma scène est
sur les Alpes, où, pour les grandir, j'ai
taillé mes personnages, en empruntant, à la
montagne, au torrent, au ruisseau, .etc.,
leur âme en pleine féerie. Ma prière â
pris-ainsi à la montagne de la grandeur et
de la magnificence et tout y aboutit à un
patriotisme véhément, mais sans chauvinis-
me,- jamais dépassé. »,
Ici, une longue citation en vers. Et puis:
« Ceci n'est rien — un coin de patrio-
tifsmie. seulement. A pleines .pages, il y a
dans mon - drame, des vers inconnus des
charlatans de l'époque. Cette œuvre pour-
rait entrer au temple de la patrie s'il
existait. » :'
Y a-t-.il un directeur de théâtre qui, après
cela, hésite encore à monter Les Deux
Aigles?. Il est vrai que, sur une autre
affiche; l'auteur nous avoue avoir été en-
fermé. , --
AUX CAPUCINES
(Photo Bert, Paris.)
Mlle Edmée FAVART
(HABILLÉE PAR WORTH)
La revue de Paul Ardot et Bastia, les
cômédies de Hennequin et Hennevé offrent
un ensemble de toilettes pimpantes et
gaies. Mlle Edmée Favart porte avec sa
grâce coutumière une robe de denteHe,bla.n.
cbe à volants multiples ; Mlle Sîîtoonne Hob-
son se drape dans une robe fraise écrasée;
Mlle Marcelle Monthi), au talent si person-
nel, a le corps moulé dans .un long corselet
vert lézard à plis transversaux. (Notons en
passant que c'est ce même modèle en vert
olive qui intrigua toutes lies élégantes du
pesage d'Auteuil jeudi dernier.). Dans un
autre acte,. elle porte également un. man-
teau cape broché rouge et or; enfin, Mlle
Barry, en robe à rayures Directoire, Mlle
Eriel. en soubrette ultra moderne, Mlle
d'Orlys en robe coccinelle, font valoir leur
grâce et leur talent.
L'exécution de tout cet ensemble avait
été confié à WORTH.
AU THEATRE IMPERIAL.
(Photo mttx.)
Mlle Alice CLAIRVILLE
la délicieuse et parfaite comédienne qui
vient d'obtenir un succès énorme en créant.
aulx côtés de Pierre Juivenet, de Maud
Gipsy. de Dhelia et de Dermilly: L'Etouf-
feusc, le chef-d'œuvre de Paul Giafféri, et
L'Eau qui dort, l'adorable comédie de
Sylviac. --
NOUVELLE A LA MAIN
Le bon poète-Emile Cottinet ne sait com-
ment intituiler sa chronique pour le Temps
présent, qu'il veuit printanière et poétique-
— C'est bien simple, fait Willly. Appelle
ça. La Causerie des Lilas!.
Le Masque de Verre.
et en troisième page : v
LE THEATRE ET LES LETTRES
par Henri BACHELlN.
Nous publierons lundi prochain le texte complet de
LA PETITE DAME DU SECOND
Pièce en deux actes et Quœtre tableaùx
de M'M. André MVCHÔ et Vincent HYSPA
Le nouveau Spectacle des Capucines
«SAISIE» (Photo Berf.)
Mlle ERIEL
(Mariette)
M. T.RAMONT
(Ludovic)
Mlle MONTHIL
(L16a)
M. ÀRNAUDY
(LEBIUOIÏ;
"Oh! pardon., reVue en deux
actes de MM. Paul Ardot et
Jean-.Bastia M "Saisie 1"',.Co-
médie en un acte de M. Mau-
rice Hennequin M "Fils d'Ex=
cellence", pièce en un acte de
M. Louis Hennevé.
Le nouveau spectacle des Capucines
comprend deux pièces agreabLes et une
revue de fin de saison.-C'est toujours le
même soin dans la mise en scène, le même
luxe de costumes, la même qualité littéraire
dans certains couplets de revue, mais l'en-
semble du spectacle est bon enfant; l'élté
se rapproche et, par ces temps de conges-
tion, il serait dangereux d'exiger du spec-
tateur un effort intellectuel extraordinaire.
i C'est, tout d'abord, un petit lever âe
-rid€®o, Fils d'Excellence, qui nous conduit
chez un jeune peintre qui porte, par hasard,
le même nom que le ministre de la Guerre.
Un cocu se trompe d'étage et vient lui
réclamer sa femme. La femme surprise à
l'étage au-dessus se sauve par l'escalier
de service et descend demander asile au
peintre. Le mari cocu retrouve sa femme
chez le peintre et, comme il est chef de
bureau au ministère de la Guerre et. qu'il
s'imagine que le peintre est fils du' minis-
tre, il se retirera discrètement tandis que
s'a femme fait semblant de s'occuper de
son -. avancement..
*
Saisie est le titre du diveirtissant vaude-
vine qui vient ensuite. La jeune Léa. sur
le point d'être saisie, risque un grand coup:
elle 's'efforce, de saisir son huissier. Elle
feint l'évanouissement. L'huissier risque un
baiser, Léa se réveille et crie au scandale
et, comme son amant survient, elle présente
l'huissjer comme son père. L'amant, qui
est un gigolo charmant, est enchanté de la
rencontre, Il demande à ce père béni la
matin de sa fille.. L'huissier raccorde, puis
lia refuse .car il ne cherche, lui, qu'à faine
payer Les quatre mille cihiq cents francs
qu'il est chargé de recouvrer.
Cette petite pièce est construite avec une
science parfaite du théâtre. Certaines scè-
nes se rapprochent beaucoup de la comédie.
La Revue en deux actes, de MM. Paul
Ardot et Jean Bastia, est assez inégale.
Elle contient de très jolies scènes, maiis
aussi quelques banalités.
J'aime tout particulièirement, au premier
acte, l'art d'être grand-père d'enfants mo-
dernes, et la vision caricaturale, d'une fan-
taisie étourdissante, de deux jeunes person-
nels habillées en costume geindre Gavarni
et qui sont allées au bal de l'Opéra. C'est
là de la jolie satire, fine et spirituelle.
Dans le même ordre d'idées, il faut citer
également la scène fort bien réglée repré-
sentant Fou q-uet, Madame die Sévigné, Mo-
lière et quelques autres personnages s'en-
tretenant en somme des mêmes choses
qu'aujourd'hui. Le Fouquiet-Caiillaux gour-
mandant un Laquais parce qu'il ne l'a pas
salué, est d'ulne remarquable tenue litté-
raire.
Au se cond acte, nous - aurons le plaisir de
voir Edmée Favart dans le rote de Casca-
dette,. une chanteuse de music-hall, qui
joue le rôle de la femme nue, consent vo-
lontiers à se dévêtir devant le public, mais
qui trouverait cela inconvenant en présence
de son mari.
.Après de jolies danses, nous aurons. la
scène fort amusante du tapissier à la mode
Martine se faisant hypnotiser pour inventer
le mobilier d'une grue. Le salon conçu par
(PhOto Be.r:t.)
M. SIMON Mlle Edmée FAVART
le génial tapissier ressemblera exactement à
une cuisine, le boudoir aux water-closets.
Après quelques tirades intéressantes, po-
litiques , et vengeresses, développées - par
Philippe le Hardt, la revue se terminera pair
la quenelle de d'Annunzro, de Rothschild
et de - Jehanne d'Orliac, se disputant le
record du petit nombre de représentations.
Tout oela.est. je le répète, divertissant,
luxueusement présenté. Il faut .un réel effort
'à cette époque-ci de l'année pour trotuver
de nouveaux sujets, les revues dé fin d'an-
née, comme chacun le sait, faisant - leur
apparition dès le début de la saison, lA
auteurs ont réalisé ce petit tour de force
en hommes d'esprit.
G. de Pawlowski.
L'interprétation
M., Armand' Berthez, qui n'est cas seulemeiit
le subtil comédien, que l'on, sait, mais encore un
directeur avisé, a réuni autour de liui ,1a troupe
la plus plaisante et la plus homogène. Si' les
artistes de cette petite scène célèbre deviennent
presque tous des vedettes au bout de quelques
années, c'est qu'ils" sont soumis' à une' rude
école. Il leur faut, en effet, jouer, souvent. ûo:1115
la même soirée, six ou sept personnages diffé-
rents, chanetr, danser, passer de' l'émotion, au
rire et du marivaudage aiu .chahut. Ils doivent
être acteurs die comédie et fantaisistes de re-
vue. Antoine prônait ces exercices où l'initia-
tive obéit sans contrainte à l'esprit ou a .l'ins-
tinct. Et vous comprendrez à quel point il avs'1
raison lorsque vous aurez .applaudi des - artistes
tels qu "Edmée Pavait, Berthéz,, AmOOJdy, À^mé-
Simon, 'MonIth!H, Rysor, d'autres encore, gui
savent allier la finesse délicate à la gaieté te
pqus folle. •
Mlle Edimée. Favart, je l'ai déjà d!t,' est à
mon sens. une des grandies vedettes de notre
théâtre. Il est peu de comédiennes qui possèdent
un tel charme, une telle - science précise du
« couplet », un jeu si. séduisait et. une telle
voix. Ses trois apparitions marquèrent crois
triomphes. Et comme elile connaît son puimc
qu'edile domine d'un' geste, d'une attitude ou
d'un sourire/ elle 'fut,- sous les traits de Mlar-
Mi OHt PARDON j JPlHftO MU.)
M. ARNAUD* M. TRAMANT M. PltRADE Il M. ilLINtutz
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t-pt-~ue, sous sa couverture pâle, que
Paru se une aquarelle byzantine de Filiger,
M * Pour la première fois, en 1887, au
erclre de France, Le Latin mystique de
Jrmont> l'heure était opportune, les es-
Prites enclins à goûter cet ouvrage de souple
et forte érudition.
Suh -PU1S Le "Génie du Christianisme, où,
l'em?uant à l'argumentation du théologien
f J?usiasme de l'esthète, Chateaubriand
fond.i.t la vérité des dogmes sur la beauté
de's rites, jusqu'aux poèmes strictement or-
th^rwsXes de MM. Francis Jammes et Paul
C
n^ maintes « renaissances chrétien-
Ou p\ °n^ d'après la mode, les tendances
ho epoqUIe, orienté l'esprit des jeunes
i'1?65 vers telle ou t,eUe manifestation
o idéaliste et religieux.
[jgL ^mental, bavard et grandiloque, au
v«riïL^u Romantisme, puis frelaté de bali-
socialistes, prêchant avec les pantins
forcJ lsér?Me$ ou du juif errant, évêques
princes indous, jeunes hommes vier-
pou'r Une démocratie utopique et larmoyante
siècl aboutir, dans le premier quart du XXe
sione, i au renouveau strictement confes-
sionnî i Préconisé naguère par l'enquête si
instr. d'Agathon, le Christianisme fut,
Part ant 9uelques années, situé pour la plu-
~art,es intellectuels, sur le même plan que
tom* au,tr-e religion. Il fut permis d'étudier
^gi nes , sa croissance, comme celles
on ^u
tudie , avec désintéressement et curio-
qu'il évolution d'un organisme vivant, quel
tor r^®se être. A cette époque, M. Vie-
Pas ^bonnel qui, sauf erreur, n'avait
Pas jT5fl°ncé encore à la vie ecclésiastique,
Ilion t, sans émouvoir ni scandaliser l'opi-
M'Ot] %rnettre à l'archevêché une idée
assiç 0riginale. C'était le plan d'une expo-
rrio^^Wgieuse où toutes les croyances du
qUe ,. eussent pris place au même titre
qne^'l. rT*porte quel: produit de l'ingéniosité
le -
O ^avaux des mythographes, la lecture
Upeuse d'un Renan, les étuides (si plei-
nes toutefois si accessibles) d'un Alfred
maula vulgarisation en France des tra-
^eina u Max MuHeravec - dit Salomon
~ha~ — « son éternelle Aurore » don-
^isn a.u public le désir,l'appétit jusqu'alors
iiioQnçwnu de la mythologie comparée. Or, si
l'on Peut diiine à bon droit qu'une nation,
qn> diLre à bon droit qu'une nation,
qu' ,ne Iraice même, c'est une langue, le mot
il eneore plus rigoureusement vrai quand
tXs,^PPHque aux religions nomen, numen.
hy, Pourquoi le bréviaire romain, ses
i l 'h es, ses antiennes, ses proses, offrirent
0*n<î instruit dans le Catholicisme, un
le 2 'ntérêt que les Hymnes védiques ou
encl-Avesta.
?^r^nt divers, curieux de toute chose,
d', urne érudition infinie et souple, tel-
*ïu>'il peut enseigner sow it moindre ;
(JÎÇCM^ et "porter mrr ies- objets même
~(î!~~c!!~ »ooe lumière pénétrante, M.
Illgé de Gourmont n'a aucunement pré-
iugt .y* e. ses forces en rêvant de faire
Pages .mi. lle ans de poésie dans quatre cents
'ait de poésie dans quatre cents
Pag^ ln-8°. Son talent industrieux, coloré,
'yrisme et de sapience, la faculté
^intu^ltl. °n, la noble culture de son esprit
Wtoi r„daknt aisée une si rude tâche. Il
'P~~daient aisée une si rude tâche. Il
IDD Rrtien't à la famille de ces traducteurs
'■lui 11:112 nt à leur version tant de charme,
vie et de relief quelle paraît l'emporter
^Uve sur le texte primitif. C'est Dela-
btrr'ix"T't'erPrétant, sous le nom de copie,
IÙ Qbscure du premier peintre venu.
, .oe est autrement savoureux dans
k Q'ud ;ttaire que dans le texte américain.
r'~the ne Se comprenait .tout à fait bien que
ef par Gérard de Nerval. Daphnis j
Ch, Oe appartiennent à Paul-Louis. Et nul
~p~~ surpris que M. Enrique Laretta
fral1Qa>Ut dans La Gloire de Don Garnir e en
anQa ls. des beautés qu'il n'y soupçonnait
G Avec Le Latin mystique, Rémy
^if,^ Avec Le Latin mystique, Rémy
j'ons q j^rmont osa die toutes lies ver-
4% Plu-s redoutable. Seul, peut-être,
nia'®' en s'attaquant à La Divine Co-
le avait affronté un pareil danger. Là
~~i U'ne terrible concision, la phrase, l'i<-
® discours tout entier ramenés à l'es-
~!e j~o't un texte à peu près intradiui-
"itfls J' erne à qui pénètre dans l'émotion,
Ss rt admirable, des poètes prodigieux
r!'t Ambroise, Fortuinat, Thomas
Ir¡ '-I1r¡ l, ,
• 'uj l'abbé de Clairvaux, tout est péril,
'(~Ud L ,
'tlOQ r e. e danger de transvaser, dans
aXe étrangère, les formules derses
1) ditiQn i, du latin médiéval, subsiste. L'é-
ii i goût, l'amour même du modèle
a t pas- Il y mut un certain tour, un
àl abo 1h et sobre, toujours identique
qu" 'e et toujours diapré, une familiari-
? :^ de faire passer d'une langue
jette oe qu'il y a d'imprévu, de bi-
ie e' les rencontres, les pointes, les
f "t-, les trouvailles cù se plurent
°ritièneJ?r^a,r€s et savants tecntviciens qui
ll vOix au Christianisme, à sa poésie,
voiv J acconts nrofonds, suaves et
o°u^eù accents orofonds, suaves et
Ci 1x
%Ur n,t Pa- sans raison que Rémy de
c'~ n pas sans ra-ison que Rémy de
t,~r~~t
pQd es - Ou sous le nom de Prome-
Qu^i ^ues-uns de ses meilleurs mor-
aux. p <>nien'eur disert, attentif et délicat,
! C1 Je fai disert, attentif et déU.cat.
ij celie a f faire le tour des choses, à les
u^0
v0'r- à |e Montrer sous les aspects les plus
"nqttI Plus channants et J'es plus
rJ^dtuV :- charmants et les plus
and srvnn hvre parut, un goût singulier,
i)n aUrajt 1. dans sa nouveauté, pous-
i\. vers le latin d'église.
^s P°ètes vers le latin d'église.
arrives, Rimes riches et sur-
pr fe^riites v°03bu 1 aire somptueux comme
iv ~ap~~ocabulaire somptueux comme
l'e,;ts sace'd J'es dalmatiques ou les orne-
saof. r'^A totaux, l'orfèvrerie sacrée, ils
ces u Vitraï dans. ce Jyrisme la magnificen-
:
u vitraii le jardiin flamboyant de rosa-
r.. r d'étoiles, embrasés de
def ux, qui s allument, avec le
H ^ucha sall'ument. avec le
CO hen t. au mu'r des cathédrales.
ou bourgeois flamand d Yper-
i] 'tne Pos cagot et dvspep-
ou (je JÏPerinshen' cagot et dyspep-
<1 l'eb 3Ut Pas en outre les organes
tpk ut 5f\, r entendre Virgile avait, dans
°urs d;.
reb "ui's. d' son fait à Virgile et mis l'épi-
>ra;Wée aux pieds de Rhos-
>llarm
83 vo'x lointaine, mur-
V^Uy^ Proc POur des Esseintes dont la
^sir. Ule rnett avt en feu nos ingénus cer-
0
j\~c~ de litize,
°unous taisons,
nous taisons.
Çr C SSoallt tro U tlples. la tiee
tOUt ctu la P POur nos raisons
U détsir! "~s raisons
t- „ i0_ fv d®sir ! Idées.
~!~ ci s-e de voir
d^c 'ridéfeg. de voir
et ilou"eau devoir.
La symbolique était fort à la mode. Louis
Denise publiait La Doxologie des Pierres
précieuses. Et chacun de nous donnait à ses
poèmes une forme d'aHégohe,a
quel au début du XIIe siède, mou eut à qua-
tre-vingt-dix ans, M. de Gourmont condense
les pensers du Moyen Age touchant la
signification des pierres et des gemmes. De
même, le chapitre Alain de Lisle divulgue
l'étrange poésie et les rêves cornus dont
les scolastiques pavoisaient leurs argu-
ments. Cela ne diffère par beaucoup des
dictamen que le chevalier de Hutten prête
à ses tondus, « Chimère bombinant dans
le vide » que Rabelais fait bourdonner aus-
si près de ses Janotus. Mais où Rabelais et
Hutten ne voyaient que prétexte à raillerie,
un historien, un artiste découvre la pensée
inquiète et vigilante, l'effort d'une âme tou-
jours sur le qui-vive, ne voulant pas dé-
choir du haut idéal qu'elle s'est proposé.
Mille ans de chasteté ! Cette gageure
contre la vie et ce prodigieux renoncement,
effort d'autant plus beau qu'il n'a pais
la moindre utilité, ont inspiré cette œuvre
d'art, cette poésie ardente, subtile et dou-
loureuse, éclatante comme un émail et froi-
de au premier contact comme lui, mais 'Où
se cache, l'étincelle des feiux amortis, ou
briMe, parfois, grâce à quel artifice, un rayon
d'étoile:
Ces caipri'ces diivins sont des larmes gelées
Leur amertume, leur accent profond nous
émeuvent encore. Ils nous font goûter
l'acedia du cloître, aux heures de midi,
quand le' jeune moine « ivre d'amour »
conjure le démon ou chante sa victoire.
« Le Christianisme, dit Gourmont, a ter-
rassé Vénus. Il n'a pu vaincre Trimailtcio ».
A icela riten de surprenant. La victoire sur
Xrimalcio servait à quelque chose. Or, une
religion n'est pas une société de tempé-
rance, n'en déplaise aux momiers de Ge-
nève et du docteur Legrain..
Etre chaste! Ce fut l'obsession, le vœu
du Moyen Age, qui toute grande fit jaillir
une source de larmes et die sang (OÙ la rai-
son humaine eût bientôt fait de se noyer.
Les mystiques, les poètes, les artisans qui
ont rythmé le cycle de la Vierge, le 'pres-
tigieux Adam de Saint-Victor n'ont au fond
de l'âme que ce morne désir. Tantôt fu-
rieux, tantôt suave. On le retrouve partout
à chaque rite de lia liturgie, à chaque page
die l'anitiphonaiire : « Brise lies chaînes des
captifs — apporte la lumière aux aveugles.
- Et déliés die toutes fautes - rends-nouis
chastes et doux ».
On le retrouve 'surtout dans les .dlôux-
grands poèmes, l'un franciscain, loutre do-
minicain, si fortement étudiés, si noblement
paraphrasés par Goummnt, le Stabat et le
Dies irϔ Si l'office du Saiint Sacrement qui
date aussi du XIIIo siècle, ayant pour auteur
Thomas d'Aquin; Isi les hymnes d'Ambroise,
de Prudence et de Fortunait, les séquences
de l'époque carolingienne, lies chants de
Bernard et de Bonaventure dignement re-
présentent la nef de - çefâ» -cathédrale
Mutaifte, le latin ihysdgué, o# peut dire
que ces deux proses (ainsi le Moyen Âge
nomma les vers latins rimés) Stabat et Dies
irœ en forment les tours inébranlables et
superbes.
Ce n'est plus certes le latin d'Ovide et
l'on comprend que les humanistes convain-
cus de la renaissance aient dédaigné cette
langue d'une richesse barbare, emphatique
et puérile trop ornée et parfois trop magni-
fique, sans lieux communs ni développe-
ment oratoire. Les pédants, d'e collège, San-
teul, d'autres encore qui ne valaient pas
Santeul ont « accommodé » le bréviaire ro-
main, l'ont mis au goût du siècle de
Louis XIV et même de Louis XV, c'est
comme si l'on repeignait lIes primitifs. Des
mains savantes et délicates ont mis à l'abri
des vandales et des cuistres ces ouvrage
du passé. Rémy de Gourmont les a revê-
tus d'une armure d'érudition et de charme
pareille à celle des chevaliers mythiques.
Nul désastre ne pourra les fausser dé-
sormais.
Tels revêtus d'une magnifique parure par
l'éditeur éclectique Georges Crès, lequel
publie à la fois Candide et Les Odeurs de
Paris, Le Latin mystique et Le Satyricon,
n'exigeant des anciens et des modernes,
pour tout passe-port, qu'un talent incontesté,
j'ai relu. pendant ces heures lentes, au bruit
des cloches pascales, tant de beaux vers que
Gourmont a recueillis, ordonnés, mis en lu-
mière. avec lie goût d'un pur artiste, le sa-
voir d'un parfait érudit. Grâce à lui, dans
ce beau volume que décore un frontispice
mélancolique et suave de Maurice Denis, la
verrière flamboie aux yeux de tous et l'os-
tensoir de la cathédrale resplendit comme
aux temps ou notre jeunesse rêvait la gloire
de l'enlumineur et du maître 'verrter.
Laurént TAILHADE.
Nous publierons demain un article de
G. DE PAWLOWSKI
Échos
Voir, en tête des informations, les spectacles
nouveaux de la journée.
L
e dernier asile.
i On n'a pas oublié le nom d'Odette
Waléry. On rappelait la beLle Odette, et
elle méritait ce titre. Ses succès d'artiste
et d'e femme furent grands.
Cependant un chagrin profond semblait
torturer l'alerte et souple danseuse et. d'e-
puis longtemps déjà. elle avait demandé à
la déesse Pravaz le secours des Paradis
artificiels..
Peu à peu. elle vit tout disparaître, sa
beauté, sa fortune, ses amis, - et la voici,
maintenant, inconsciente et égarée, rôdant
chaque jour sous les grands arbres- de
l'asile Sainte Anne.
Rien de plus mélancolique et de plus
douloureux que cette fin de celle qui frôla
la gloire de si près.
p
, ropagande électorale.
Nous ne faisons pas de politique.
mais celle-ci est trop joue pour que u~
ne la notions pas au passage. Un candidat
du Ve arrondissement affiche ses convictions
et son programme en ses termes:
« Ma situation aetweiite est une tombe.
le tri'y *K>coù<Ée et je présente ùn eoih è uftfc
de mes œuvres: Les Deux Aigles, épopée
héroïque et dramatique qui magnifie l'aigle
génie sous tous ses aspects. Ma scène est
sur les Alpes, où, pour les grandir, j'ai
taillé mes personnages, en empruntant, à la
montagne, au torrent, au ruisseau, .etc.,
leur âme en pleine féerie. Ma prière â
pris-ainsi à la montagne de la grandeur et
de la magnificence et tout y aboutit à un
patriotisme véhément, mais sans chauvinis-
me,- jamais dépassé. »,
Ici, une longue citation en vers. Et puis:
« Ceci n'est rien — un coin de patrio-
tifsmie. seulement. A pleines .pages, il y a
dans mon - drame, des vers inconnus des
charlatans de l'époque. Cette œuvre pour-
rait entrer au temple de la patrie s'il
existait. » :'
Y a-t-.il un directeur de théâtre qui, après
cela, hésite encore à monter Les Deux
Aigles?. Il est vrai que, sur une autre
affiche; l'auteur nous avoue avoir été en-
fermé. , --
AUX CAPUCINES
(Photo Bert, Paris.)
Mlle Edmée FAVART
(HABILLÉE PAR WORTH)
La revue de Paul Ardot et Bastia, les
cômédies de Hennequin et Hennevé offrent
un ensemble de toilettes pimpantes et
gaies. Mlle Edmée Favart porte avec sa
grâce coutumière une robe de denteHe,bla.n.
cbe à volants multiples ; Mlle Sîîtoonne Hob-
son se drape dans une robe fraise écrasée;
Mlle Marcelle Monthi), au talent si person-
nel, a le corps moulé dans .un long corselet
vert lézard à plis transversaux. (Notons en
passant que c'est ce même modèle en vert
olive qui intrigua toutes lies élégantes du
pesage d'Auteuil jeudi dernier.). Dans un
autre acte,. elle porte également un. man-
teau cape broché rouge et or; enfin, Mlle
Barry, en robe à rayures Directoire, Mlle
Eriel. en soubrette ultra moderne, Mlle
d'Orlys en robe coccinelle, font valoir leur
grâce et leur talent.
L'exécution de tout cet ensemble avait
été confié à WORTH.
AU THEATRE IMPERIAL.
(Photo mttx.)
Mlle Alice CLAIRVILLE
la délicieuse et parfaite comédienne qui
vient d'obtenir un succès énorme en créant.
aulx côtés de Pierre Juivenet, de Maud
Gipsy. de Dhelia et de Dermilly: L'Etouf-
feusc, le chef-d'œuvre de Paul Giafféri, et
L'Eau qui dort, l'adorable comédie de
Sylviac. --
NOUVELLE A LA MAIN
Le bon poète-Emile Cottinet ne sait com-
ment intituiler sa chronique pour le Temps
présent, qu'il veuit printanière et poétique-
— C'est bien simple, fait Willly. Appelle
ça. La Causerie des Lilas!.
Le Masque de Verre.
et en troisième page : v
LE THEATRE ET LES LETTRES
par Henri BACHELlN.
Nous publierons lundi prochain le texte complet de
LA PETITE DAME DU SECOND
Pièce en deux actes et Quœtre tableaùx
de M'M. André MVCHÔ et Vincent HYSPA
Le nouveau Spectacle des Capucines
«SAISIE» (Photo Berf.)
Mlle ERIEL
(Mariette)
M. T.RAMONT
(Ludovic)
Mlle MONTHIL
(L16a)
M. ÀRNAUDY
(LEBIUOIÏ;
"Oh! pardon., reVue en deux
actes de MM. Paul Ardot et
Jean-.Bastia M "Saisie 1"',.Co-
médie en un acte de M. Mau-
rice Hennequin M "Fils d'Ex=
cellence", pièce en un acte de
M. Louis Hennevé.
Le nouveau spectacle des Capucines
comprend deux pièces agreabLes et une
revue de fin de saison.-C'est toujours le
même soin dans la mise en scène, le même
luxe de costumes, la même qualité littéraire
dans certains couplets de revue, mais l'en-
semble du spectacle est bon enfant; l'élté
se rapproche et, par ces temps de conges-
tion, il serait dangereux d'exiger du spec-
tateur un effort intellectuel extraordinaire.
i C'est, tout d'abord, un petit lever âe
-rid€®o, Fils d'Excellence, qui nous conduit
chez un jeune peintre qui porte, par hasard,
le même nom que le ministre de la Guerre.
Un cocu se trompe d'étage et vient lui
réclamer sa femme. La femme surprise à
l'étage au-dessus se sauve par l'escalier
de service et descend demander asile au
peintre. Le mari cocu retrouve sa femme
chez le peintre et, comme il est chef de
bureau au ministère de la Guerre et. qu'il
s'imagine que le peintre est fils du' minis-
tre, il se retirera discrètement tandis que
s'a femme fait semblant de s'occuper de
son -. avancement..
*
Saisie est le titre du diveirtissant vaude-
vine qui vient ensuite. La jeune Léa. sur
le point d'être saisie, risque un grand coup:
elle 's'efforce, de saisir son huissier. Elle
feint l'évanouissement. L'huissier risque un
baiser, Léa se réveille et crie au scandale
et, comme son amant survient, elle présente
l'huissjer comme son père. L'amant, qui
est un gigolo charmant, est enchanté de la
rencontre, Il demande à ce père béni la
matin de sa fille.. L'huissier raccorde, puis
lia refuse .car il ne cherche, lui, qu'à faine
payer Les quatre mille cihiq cents francs
qu'il est chargé de recouvrer.
Cette petite pièce est construite avec une
science parfaite du théâtre. Certaines scè-
nes se rapprochent beaucoup de la comédie.
La Revue en deux actes, de MM. Paul
Ardot et Jean Bastia, est assez inégale.
Elle contient de très jolies scènes, maiis
aussi quelques banalités.
J'aime tout particulièirement, au premier
acte, l'art d'être grand-père d'enfants mo-
dernes, et la vision caricaturale, d'une fan-
taisie étourdissante, de deux jeunes person-
nels habillées en costume geindre Gavarni
et qui sont allées au bal de l'Opéra. C'est
là de la jolie satire, fine et spirituelle.
Dans le même ordre d'idées, il faut citer
également la scène fort bien réglée repré-
sentant Fou q-uet, Madame die Sévigné, Mo-
lière et quelques autres personnages s'en-
tretenant en somme des mêmes choses
qu'aujourd'hui. Le Fouquiet-Caiillaux gour-
mandant un Laquais parce qu'il ne l'a pas
salué, est d'ulne remarquable tenue litté-
raire.
Au se cond acte, nous - aurons le plaisir de
voir Edmée Favart dans le rote de Casca-
dette,. une chanteuse de music-hall, qui
joue le rôle de la femme nue, consent vo-
lontiers à se dévêtir devant le public, mais
qui trouverait cela inconvenant en présence
de son mari.
.Après de jolies danses, nous aurons. la
scène fort amusante du tapissier à la mode
Martine se faisant hypnotiser pour inventer
le mobilier d'une grue. Le salon conçu par
(PhOto Be.r:t.)
M. SIMON Mlle Edmée FAVART
le génial tapissier ressemblera exactement à
une cuisine, le boudoir aux water-closets.
Après quelques tirades intéressantes, po-
litiques , et vengeresses, développées - par
Philippe le Hardt, la revue se terminera pair
la quenelle de d'Annunzro, de Rothschild
et de - Jehanne d'Orliac, se disputant le
record du petit nombre de représentations.
Tout oela.est. je le répète, divertissant,
luxueusement présenté. Il faut .un réel effort
'à cette époque-ci de l'année pour trotuver
de nouveaux sujets, les revues dé fin d'an-
née, comme chacun le sait, faisant - leur
apparition dès le début de la saison, lA
auteurs ont réalisé ce petit tour de force
en hommes d'esprit.
G. de Pawlowski.
L'interprétation
M., Armand' Berthez, qui n'est cas seulemeiit
le subtil comédien, que l'on, sait, mais encore un
directeur avisé, a réuni autour de liui ,1a troupe
la plus plaisante et la plus homogène. Si' les
artistes de cette petite scène célèbre deviennent
presque tous des vedettes au bout de quelques
années, c'est qu'ils" sont soumis' à une' rude
école. Il leur faut, en effet, jouer, souvent. ûo:1115
la même soirée, six ou sept personnages diffé-
rents, chanetr, danser, passer de' l'émotion, au
rire et du marivaudage aiu .chahut. Ils doivent
être acteurs die comédie et fantaisistes de re-
vue. Antoine prônait ces exercices où l'initia-
tive obéit sans contrainte à l'esprit ou a .l'ins-
tinct. Et vous comprendrez à quel point il avs'1
raison lorsque vous aurez .applaudi des - artistes
tels qu "Edmée Pavait, Berthéz,, AmOOJdy, À^mé-
Simon, 'MonIth!H, Rysor, d'autres encore, gui
savent allier la finesse délicate à la gaieté te
pqus folle. •
Mlle Edimée. Favart, je l'ai déjà d!t,' est à
mon sens. une des grandies vedettes de notre
théâtre. Il est peu de comédiennes qui possèdent
un tel charme, une telle - science précise du
« couplet », un jeu si. séduisait et. une telle
voix. Ses trois apparitions marquèrent crois
triomphes. Et comme elile connaît son puimc
qu'edile domine d'un' geste, d'une attitude ou
d'un sourire/ elle 'fut,- sous les traits de Mlar-
Mi OHt PARDON j JPlHftO MU.)
M. ARNAUD* M. TRAMANT M. PltRADE Il M. ilLINtutz
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