Titre : Le Journal
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1939-01-08
Contributeur : Xau, Fernand (1852-1899). Directeur de publication
Contributeur : Letellier, Henri (1867-1960). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34473289x
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 08 janvier 1939 08 janvier 1939
Description : 1939/01/08 (N16881). 1939/01/08 (N16881).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG87 Collection numérique : BIPFPIG87
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Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k76349357
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-220
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 22/12/2014
OPINIONS ET SOUVENIRS
de Lucien DESCAVES
DEUX GRANDES FAVORITES:
Madame de Montespan
Par Pierre AUOIA T
Madame de Pompadour
Par Marcelle TINAYRE
Le mécène qu'il faudrait
Les grandes favorites sont en meilleure posture, dans l'Histoire,
que la plupart des femmes célèbres. Les « Collections » leur sont ou-
vertes, comme autrefois les portes : à deux battants. C'est ainsi que
Marcelle Tinayre vient de nous donner une nouvelle édilion, non pas
corrigée, mais plus développée, du livre qu'elle avait écrit déjà sur la
fille de Mme Poisson, Jeanne-Antoinette, mariée à Charles Le Nor-
mant, d'Etiolles. C'était le nom de la maison à Etiolles. On sait le che-
,min que parcourut ensuite la jolie fille à qui une cartomancienne avait
prédit qu'elle serait «presque reine .,>; d'où le surnom de Reinette
qu'elle reçut et fit fructifier.
J'ai parlé ici même, il y a quelques mois, de la Pompadour, à
l'occasion de la biographie que venait de lui consacrer M. Henri
Carré. J'en profilai alors pour rappeler l'existence du beau livre dont
s'enrichit l'œuvre historique des Concourt.
Ils sont, envers la maîtresse de Louis XV, sévères, mais justes
- et surtout sans haine. Marcelle Tinayre dit bien : « Les mémoria-
listes du temps ont subi l'influence des racontars de cour et trop souvent
assouvi, en outre, des rancunes personnelles. La haine est une aveugle
née; hair empêche de comprendre. »
Les Concourt, à qui la courtisane n'est pas sympathique, lui
rendent justice lorsqu'ils voient en elle une protectrice des Lettres et
des Arts, bref, une sorte de Mécène en paniers et poudrée. Elle a mé-
rité pax Zq l'indulgence de la postérité — et, sinon le respect, le regret
qu'inspire aujourd'hui la disparition d'une bienveillance active que rien
n'a remplacée.
Et c'est aujourd'hui surtout qu'elle nous manque, touchant les
Concourt prectsement. Les Mécènes qu'ils ont été pour la Littérature,
nous permettraient aujourd'hui de conserver l'héritage qui nous vient
<7 "',,'"
A quoi je fais allusion, peut-être le sait-on, et si on ne le sait
pas, je le redirai brièvement.
L'amitié du préfet de la Seine, qui était alors Edouard Renard,
et le geste généreux du Conseil municipal en exercice, à cette époque,
me vinrent en aide pour remettre l'Académie Concourt en possession
du petit hôtel vendu à la mort d'Edmond de Concourt en .1896. La
dispersion des Collections qui garnissaient la maison servit à cons-
tituer aux héritiers une petite pension.
Jusqu'en 1936 l'hôtel du boulevard de Montmorency eut un
propriétaire dont je fis la connaissance, si bien que Renard, averti par
moi, put se rendre acquéreur, au nom de la Ville de Paris, de l'im-
meuble dont M. Ligé conservait, sa vie durant, la jouissance.
A la mort de ce dernier, la maison des Concourt, rendue aux héri-
tiers, leur faisait donc un devoir d'y renouer une tradition interrompue,
en rouvrant le Grenier mémorable où Edmond de Concourt avait reçu,
jusqu'en 1896, la jeunesse littéraire. Ajoutez à cela que l'Académie
Concourt avait enfin un siège social préférable au cabinet particulier
d'un restaurant, un local pour ses archives -éparpillées, un lieu de réu-
nion, etc. Tout ce qui nous fait défaut ènfin.
Je sais bien qu'il y .aura trente-neuf ans bientôt que celq 'dure.
(La constitution de l'Académie Concourt remonte au 1er mars 1900);
mais comptons six ans à partir dit moment où la Ville de Paris nous
a gracieusement offert la maison de Concourt, et trois, ans seulement
depuis qu'est mort le dernier locataire qu'elle eut.
Une assemblée municipale pouvait-elle mieux faire ? Je n'en suis
pas sûr, par le 'temps qui court. Les administrateurs d'une ville, grande
ou petite, et Jussenl-ils' bien intentionnés à l'endroit de quelqu'un, ne
peuvent remplir que, le rôle d'un. Mécène inférieur. Ils ont des comptes
à re. •
Si là mise en demeure d'habiter la maison d'Auteuil à nos frais
ne reçoit pas de réponse, que va-t-il se passer ?
J'ai peur de m'en douter.
Ei je n'en suis pas plus fier pour ça. Oh 1 non 1 En 1936, ne
disais-je pas déjà : « La. Maison des Concourt nous est offerte.,
mais nous n'en Coulons pas. » Il faut le déclarer.
: C'est sur. Madame 'de. Montespan et ses trois amours que Pierre
Audiat a jeté, lui, son dévolu.
Les trois amours de Louis XIV dont l'historien va nous entrete-
nir sont celles de Mlle de Fontanges, de Mme de Maintenon et de
Mme de Montespan. De la reine, pas question, elle ne compte pas.
Si je dis : l'historien, pour désigner l'auteur,- c'est parce que
Pierre -, Audiat, -ayant dialogué des parles de son livre,' se croit
tenu de le présenter comme un roman et non comme un ouvrage histo-
rique. Je crois me rappeler cependant que la Faculté des Lettres de
l université de Paris a entendu soutenir une Thèse sur tAurélia. de
Cérard Je Nerval, laquelle thèse dénotait moins un romancier qu'un
normalien ferré à glace. J'ajouterai, pour fortifier cette observation,
que Pierre Audiat fut pensionnaire de la Fondation Thiers. Ecole
oblige. : ■
A la vérité, c'est surtout l'esprit du dix-septième siècle, en géné-
raI, et de la Cour du Roi Soleil, en particulier, qui paraît avoir induit
Pierre Audiat à s'occuper à son tour de Louis XIV et de ses maî-
tresses successives. .h ,
Le début de Fourrage, a Versailles, nous présentant ensemble la
marquise et sa femme de chambre au nom charmant de Desœillets,
m'a donné à penser un moment que-nous ferions plus'ample connais-
sance avec celle-ci, qui joua ùn rôle important dans les entre-
prises criminelles de la Voisin. Mlle Desœillets m'apparut toujours
comme l'envers d'une autre, première femme de chambre, Mme du
Hausset, qui fut celle de la Pompadour el qui a laissé des Mémoires
substantiels à consulter. •
Si je recommençais ma vie, il me semble que je serais tenté
d'écrire Uhistoire du grand siècle J'après des femmes de chambre qui
seraient tantôt l'honnête Mme du Hausset, veuve d'un gentilhomme
pauvre, et Mlle Desœillets, sans beauté. sans honneur, mais sachant
l'entregent.
Ah I les beaux personnages de roman que voi•l»à »! M«*ai• s peut-être
m'ont-ils échappé sous la plume d'un romancier à profusion.
Pierre- Audial, d'une autre classe, a recherché de plus grandes
entrées à la Cour. et sans doute eut-il raison.
DERNIERS LIVRES PARUS
TRADUCTIONS. -' Carnegie > Com-
ment se faire des amis pour réussir
dans- la vie, trad. Denise Geneix ;
T. A. Rickard : L'homme 'et les mé-
taux, trad. Laparra ; , Cari Crow :
400.000.000 de clients : (la. Chine vue
jpar un commerçant), trad. cl. De-.
courcelle ; Ivap Solonievitch :* Bar-
betes TOUCM (Evasions des bagnes so-
viétiques), trad. Brégy et Cousteau ;
'Curt Sachs : Histoire de la danse,
trad. L. Kerr ; Friedrich 'Sieburg i Le
nouveau Portugal, trad. Klossovski ;
Nicolas Berdiaev : Les sources et le
gens du communisme russe, trad. A.
Neryille ; Thomas Mann 4 Joseph
en Egypte, trad. Servicem ; Dmitri
Merejkowski : L'Antéchrist, trad. G.
Globa ; Bugge Mahrt : Tourmente,
trad. J. Saint-Germain ;-Vernon Lee :
Etudes et réflexions sur l'art, trad.
B. Noufflard ; Claude Houghton :
L'épaisseur d'un cheveu, trad. L. Pos-
tif ; Ferreira de Castro : Forêt vierge,
trad. Biaise Cendrars ; Perry Mason
et Saint-Gardner : Le mystère du
chat ; David Hume : Le consortium
du crime, trad. David Hume ; W. Si-
croszewski : La danseuse coréenne ;
Elizabeth Borton : Pollyana au Mexi-
que.
DIMANCHE LITTERAIRE
TABLETTES
FREDERIC U, par Pierre Gaxotte,
voilà un véritable livre d'histoire,
qui est l'oeuvre d'un authentique
écrivain.
M. Pierre Gaxotte, qui a écrit
un Frédéric II d'une documentation
rigoureuse, a même dû visiter les
campagnes prussiennes afin de pou-
voir évoquer mieux le décor de la
vie de son étonnant personnage.
« Tandis que Louis XIV, nous dit-
il, au commencement de son ou-
vrage, vieillissait dans la gloire de
Versailles, Berlin n'était encore
qu'une ville de bois et de briques
endormie sur les eaux noires et
lentes de la Sprée. » Frédéric 1er
ne règne alors que sur deux mil-
lions de sujets. Aux dernières li-
gnes de son ouvrage, M. Pierre
Gaxotte nous montre la tombe de
Frédéric II, sur laquelle une cou-
ronne. de lauriers d'or a été dépo-
sée, le 21 mars 1933 par le feld-
maréchal Paul von Beneckendorf
und Hindenburg, « après que le
chancelier Hitler eut proclamé de-
vant le cercueil du roi la naissance
du troisième Reich ». Voilà qui doit
nous donner à réfléchir. C'est mê-
me pourquoi M. Pierre Gaxotte
n'a pas dû écrire son livre
seulement pour ranimer devant
nous un personnage extraordinaire
dont la liaison avec Voltaire a rem-
pli l'existence d'intermèdes comi-
ques, qui a laissé l'image terrible
et ridicule d'une sorte de monstre,
accablé de rhumatismes, couvert
d'un manteau rapiécé, coiffé d'un
vieux chapeau à plumet, passant.
cramponné à son cheval, des re-
vues de grenadiers ; ce qui ne l'em-
pêchait pas, en même temps, d'ai-
mer Racine.
Eut-il du génie Z II paraît discu-
table qu'il ait été un grand général.
Ebloui par le spectacle du siècle de
Louis XIV, il voulut imiter la mo-
narchie française et il aboutit à une
grossière contrefaçon qui pouvait
convenir à un pays dont la civili-
sation politique n'était pas encore
très éloignée de nos temps méro-
vingiens. M. Pierre Gaxotte pense
qu'en dépit de sa Ligue des Princes,
il n'a jamais voulu être politique-
ment que roi de Prusse. Il laissa
son royaume considérablement
agrandi, mais ce .n'est qu'à la sottise
d'un tsar imbécile et allemand qu'il
avait dû de le conserver en 1762.
Ce que l'on n'admirera jamais trop
c'est sa volonté. M. Pierre Gaxotte
eût pu intituler son livre Frédéric Il
ou Le Triomphe de la volonté.
MEDITERRANEE est le récit, par
M. Lorenzi de Bradi, d'une croi-
sière qu'il a effectuée en Méditer-
ranée, sur un yacht, Le Kalisté.
Il est parti de Marseille, un jour
d'avril, au lever du. soleil, avec trois
amis yachtmen expérimentés et ifs
s'y sont retrouvés tous les quatre,
un jour de juillet, aussi nostalgi-
ques que leur bateau amarré sous
leurs yeux, à côté des bateaux du
vieux port, et c qui était là, nous
dit-il, comme un goéland dans une
cage ».
Ils avaient visité au cours de ces
quatre mois les rivages de la Mé-
diterranée et de l'Adriatique ; la
Grèce et ses îles ;'Constantinople, les
côtes de l'Asie Mineure, celles de la
Syrie ; la Palestine, l'Egypte, Tunis,
Alger, les rivages espagnols. Us
avaient admiré des ruines antiques,
rêvé à des civilisations millénaires,
parcouru tous les paradis de la Mé-
diterranée. Quand ils atteignirent
les rivages espagnols, la tragédie de
l'Espagne se laissait seulement pres-
sentir.
C'est dire que cet ouvrage fut écrit
bien avant les fâcheuses manifesta-
tions italiennes. Les lignes qu'à ins-
pirées Gênes au Corse qu'est M.
Lorenzi de Bradi n'en prennent que
plus de signification : « Je ne suis
jamais arrivé à Gênes, écrit-il, sans
éprouver un sentiment de désolation.
Je suis Corse, et la République li-
gurienne a opprimé pendant plu-
sieurs siècles mon île natale. Elle fut
sa proie. Elle la piétina, la saccagea,
mais sans jamais parvenir à l'as-
servir. La liberté, idole du peuple
corse, hurlait, échevelée, au vent
des forêts et des montagnes. Des
héros, renaissant comme l'hydre, se
dressaient devant l'hégémonie gé-
noise. Plusieurs d'entre eux sont
morts tragiquement au sein de cette
ville qui fut toujours sans généro-
sité devant l'héroïsme et le patrio-
tisme des Corses.
*
MISERE DU CID, par Mme Ma-
rie-Madeleine Chantai, est le récit
des aventures du véritable Cid. Ce-
lui-ci ne ressemble que de très loin,
en effet, au personnage mythique
de Corneille, d'après la légende re-
cueillie par Guilhen de Castro. Mme
Marie-Madeleine Chantai nous pré-
sente, à la faveur d'un récit, un
Cid historique non moins poignant
que le légendaire. Elle écrit dans
une langue passionnée, brûlante,
aride, souvent elliptique et brutale,
pour s'efforcer, d'exprimer l'ardeur
espagnole.
Les affaires d'Espagne ont remis,
il faut le croire, Le Cid à la mode,
bien qu'il n'en eût guère besoin pour
continuer de vivre sur notre théâ-
tre. M. Pierre Veber vient, en effet,
de donner une rallonge au Cid, en
écrivant un acte en vers : LE ME-
NAGE DE RODRIGUE OU LE
DESHONNEUR CASTILLAN. M.
Pierre Veber trouve son excuse
dans de notoires précédents, ne se-
rait-ce que dans La Conversion
d'Alceste, de Courteline. Il n'est pas
besoin de vous dire que l'accent
cornélien, avec la collaboration de
Pierre Veber, n'est pas dépourvu
de drôlerie. Il faut espérer que nous
verrons bientôt sur quelque scène,
l'acte en vers de Pierre Veber.
POEMES DE JOIE, par Mme
Juliane Montagnon - Ranvier, for-
ment le recueil de poèmes d'inspi-
ration chrétienne qui obtint en ma-
nuscrit le prix de poésie, dont le
nom m'est particulièrement cher et
qui a été attribué l'année dernière,
pour la première fois.
Ce sont des poèmes très honora-
bles, en vers bien faits, ce qui de-
vient rare, d'une noble inspiration
catholique, mais le poète dont le
prix qui les a couronnés porte le
nom, reprocherait, je le crois, à la
plupart d'entre eux, de manquer
de musique. « De la musique
avant toute chose » comme le
voulait Verlaine, c'est probablement
trop ; mais il en faut aussi. Il y a
en tout cas, des poèmes d'une ado-
rable fraîcheur dans ce recueil. Ce-
lui, par exemple, qui commence par
ces vers :
En revenant de la fontaine
J'ai rencontré le bon berger
Qui menait ses moutons brouter
L'herbe plus neuve de la plaine.
GEORGES LE CARDONNEL.
Extrait de.
♦ FRÉDÉRIC II
Par Pierre GAXOTTE
?
Nous assistons aux derniers jours et à la mort de Frédéric II.
Il commençait à travailler à quatre heures du matin, dictait des
lettres jusqu'à sept, recevait le général Rohdich, gouverneur de Potsdam,
et ses aides de camp, donnait des ordres pour l'armée, appelait Lucche-
sini, le comte Pinto, Hertzbcrg, leur parlait ou les faisait parler. Le soir,
on lui lisait le « Précis du sièole de Louis XV » de Voltaire. En juin, il
appela un médecin de Hanovre, le docteur Zimmermann, qu'il avait vu
plusieurs années auparavant et dont la conversation lui avait plu.
Zimmermana arriva le 23 et il fut introduit auprès du roi, le len-
demain matin à neuf heures. Frédéric n'avait auprès de lui que ses
hussards et quelques domestiques. Il était vêtu d'un casaquin de satin
bleu très sale et il était en bottes, la jambe gonflée reposant sur un
tabouret. Il portait deux.bagues à la main gauche, deux tria gros bril-
lants, et une à la main droite, un chrysopas vert de Sllésie.
— Vous me voyez bien malade, dit-il au médecin.
— L'œil de Votre Majesté est aussi bon que lorsque. j'ai eu l'honneur
de La voir, il y a quinze ans. Je ne remarque pas la moindre diminution
du feu et de la vigueur dont étaient animés les yeux de Votre Majesté.
— Oh ! j'ai bien vieilli et je suis bien malade.
— L'Allemagne et l'Europe ne s'aperçoivent point de l'âge, ni de la
maladie de Votre Majesté;
- Mes occupations vont leur train ordinaire.
- Votre Majesté se lève à quatre heures du matin, et, par là, pro-
longe et double sa vie.
— Je ne me lève point, car je ne me couche plus. Je passe mes nuits
dans le fauteuil où vous me voyez.
— Votre Majesté m'a écrit que depuis sept mois Sa respiration de-
venait très pénible.
— Je suis asthmatique, mais je ne suis pas hydropique. Voyez
cependant comme mes jambes sont enflées.
Zimmermann examina le malade. Il avait le teint cireux, les mains
décolorées et sèches; les jambes enflées jusqu'aux cuisses et pleines
d'eau, le ventre dur, beaucoup de fièvre, et, plusieurs fois par jour, Il
crachait du sang.
— On ne peut pas me guérir ?
— On peut du moins soulager Votre Majesté.
Zimmermann' ordonna des calmants qui firent merveille. A la visite
du lendemain, le roi le laissa à peine placer un mot de médecine ; il lui
parla de Locke, de Newton, de Hume et l'interrogea sur Gibbon, auteur
d'une histoire de l'empire romain qu'il n'avait pas lue. Le 4 juillet, il se
sentit assez bien pour faire une promenade à cheval dans le parc. Mais,
à mesure que son état s'améliorait, son appétit augmentait. A un dîner,
il se fit servir un potage assaisonné de muscade et de gingembre, du
bœuf à la russe, c'est-à-dire bouilli dans l'eau-de-vie, une polenta avec
beaucoup d'ail et une grande assiette de pâté d'anguille, si épicé qu'il
avait l'air d'avoir été préparé en enfer.
— Je goûte seulement aux mets, disait-H, je ne mange que pour me
fortifier.
Mais il était pris de spasmes et de vomissements. Quelques jours plus
tard, il eut une indigestion de meringues et une autre de harengs frais.
Comme Zimmermann le suppliait de se modérer, il se mit à lui parler
de la Ligue des Princes : « L'Allemagne est une espèce de. république.
Elle était en. danger de perdre cette forme républicaine : je l'ai vu
rétablir avec le plaisir le plus sincère. - Le 10 juillet, Zimmermann prit
congé. Frédéric s'excusa de l'avoir éloigné de ses malades, le remercla
de ses soins, puis ôtant son chapeau : « Adieu, mon cher monsieur
Zimmermann, n'oubliez pas le bon vieillard que vous avez vu ici. »
Les jours suivants il se fit promener dans une petite voiture. Le
4 août, la jambe gauche se mit à suppurer très abondamment et le roi,
soulagé, retrouva le sommeil. Il dormait dans un fauteuil, sans souf-
frances, tourné sur le côté droit. Il dicta le plan des manœuvres de
Silésie et il arrangea avec le conseiller Schultz le programme des défri-
chements pour 1787. Il s'inquiétait des inondations de l'Oder. A plusieurs
reprises, il demanda si les trois cents brebis qu'il avait achetées en
Espagne étaient arrivées. Le 15 août, il travailla comme à l'ordinaire,
mais sa signature était presque illisible. Le 16, il tomba dans une sorte
d'hébétude. Dans un moment de lucidité, il appela le général Rohdich,
voulut lui donner le mot, mais ne put parler. Le soir, il marcha quelques
pas soutenu par ses hussards, puis il s'assoupit. Les extrémités commen-
çaient à se refroidir. Il fit arranger la couverture de la levrette qui
tremblait auprès de lui, demanda l'heure et commença à râler. Deux
valets le maintenaient à tour de rôle, le buste droit, pour l'aider à res-
pirer. Après une crise de toux, il murmura : « La montagne est passée,
nous irons mieux. » Dans une chambre voisine, se tenaient Hertzberg,
Selle et deux aides de camp. A deux heures vingt, Frédéric mourut
doucement, sans convulsion, dans les bras .des hussards. Hertzberg lui
ferma les yeux. Le nouveau roi arriva presque aussitôt et la garnison de
Berlin prêta serment dans la journée.
« Tout est morne, écrivait Mirabeau, rien n'est triste ; tout est occupé,
rien n'est affligé. Pas un visage qui n'annonce le délassement et l'espoir,
pas un regret, pas un soupir, pas un éloge. C!est donc à cela qu'abou-
tissent tant de batailles gagnées, tant de gloire, un règne de près d'un
demi-siècle, rempli de tant de hauts faits? Tout le monde en désirait
la fin. Tout le monde s'en félicite. »
ECHOS
Il
ne cérémonie intime a lieu di-
manche matin, au cimetière
des Batignolles.
Les « verlainiens » se réunissent
sur la tombe de Paul Verlaine, dont
c'est le quarante-troisième anniver-
saire de la mort. La consigne est :
« Pas de discours ! » Mais on
peut apporter des fleurs, des feuilles
el des branches.
Aux verlainiens se joindront la
plupart des artistes qui interprètent
actuellement le Verlaine de M.
Maurice Rostand.
Verlaine n'a jamais été, en ef-
fet, plus actuel — et plus présent.
C
:Jrset Perséphone.
Demain lundi 9 janvier et
pour quelques jours, Soldes annuels
de Corsets et de soutiens-gorges
Batby, 187, rue Saint-Honoré.
A
l'occasion de la nouvelle an-
née, la plupart des grandes
académies et des corps constitués
échangent très protocolairement
souhaits, vœux et congratulations.
L'illustre compagnie du quai
Conti a reçu cette année une
« adresse » particulièrement cha-
leureuse. Et cette adresse émane de
l'A cad émie. arménienne.
A la dernière séance, il se pro-
duisit même à ce propos un petit
incident. Un Immortel distrait con-
fondit « arménienne » avec « mal-
larméenne ».
Mais, au fait, l'Académie Mal-
larmé a-t-elle présenté ses vœux à
sa grande aînée, fille du grand car-
dinal ? - - -
L
a Maison Fleurette, de Cé-1
rardmer (Vosges), vendra,
pendant janvier, en sa succursale,
61, rue La Boétie, ses toiles et
broderies des Vosges bien connues
pour leur qualité. Profitez-en pour
faire vos achats de linge de maison
à des prix tout à fait exceptionnels.
u
n des meilleurs « docteurs » de
ce temps — lisez : une des
plus authentiques compétences lit-
téraires — vient de dresser le bilan
de l'année 1938.
M. Edmond Jaloux s'est, en ef-
fet, appliqué à peser les valeurs in-
tellectuelles qui se manifestèrent au
cours de l'an passé. Bilan récon-
fortant, à son témoignage généreux.
Mais l'auteur de rOiseau-Lyre
constate que les survivants de la
période 1920-1930 sont rares.
La littérature est-elle une grande
mangeuse d'hommes ? Ou bien ne
nourrit-elle pas son homme ?
Car tous les disparus de 1920-
1930 ont pris un autre métier: l'un
est dans les assurances, l'autre dans
la publicité, le troisième dans les
vignes, et le quatrième. dans les
choux 1
Entendez par là qu'il se livre à
l'agriculture.
Guide astral quotidien
Dimanche, 8 janvier.
Les faveurs des étoiles iront au-
jourd'hui aux personnes nées en
novembre pour tous les écrits aux-
quels elles pourront consacrer une
partie de leur loisir dominical. Les
unes, que préoccuperont d'impor-
tants projets de contrats, découvri-
ront en les relisant des imperfec-
tions qui jusqu'ici leur échappè-
rent ; d'autres, désirant que les let-
tres qu'elles écriront, ce dimanche,
ne laissent en aucun point à dési-
rer, les réussiront à merveille en un
tournemain et les résultats qu'elles
en attendent seront assurés.
Si le 8 janvier est votre anniver-
saire, beaucoup de choses vous se-
ront faciles, cet an-ci, et quelque
argent inattendu vous est promis.
Talismans pour tous.. — La to-
paze, la verveine, le nombre 5.
1
l y a désormais toute une litté-
rature sur - Francis Jammes. Et
le sage d Orthez connaît une ma..
nière de gloire toute nouvelle. Les
amis du poète goûteront-ils, par
contre, ce portrait qu'en trace M.
André Suarès :
« Bonhomme et un peu rusé,
patriarche par la barbe et bon moine
par la panse et les joues émerillon-
nées, ami de toutes les pauvres bê-
tes, et de saint François, mais lui
offrant un lièvre qu'il a tué la veille
et dont il a gardé le rable., il est
également sincère à goûter tous les
biens de la terre et à s'en priver
dans le ciel. »
A s'en priver dans le ciel ? Voilà
du moins une anticipation que M.
André Suarès offre bien gratuite-
ment.
I
oseph Paquin soldera mardi
10 janvier, une collection de
robes et manteaux a des prix
très avantageux. Vente au comp-
tant. 10, rue de Castiglione.
E
n comité secret, les représen-
tants des académies à linsti-
tut vont avoir a discuter de nouveau
une question importante.
Il s'agit d'une invitation reçue
il y a quelque temps, en provenance
de la grande Exposition de New-
York. Et il reste à désigner les
heureux bénéficiaires d'un beau
voyage. Mais voua. les candidats
n'ont pas paru, jusqu'ici, se mani-
fester beaucoup.
Sera-t-on obligé de recourir à
une désignation d'office ? Et, pour
cette désignation d'office, sera-t-on
amené à un. tirage au sort ?
En attendant, il y a un gros
« tirage ». - - -
L
'envers du succès.
Sait-on combien de lettres un
écrivain renomme reçoit en moyenne
par jour ? Une quarantaine. Et cin-
quante au courrier du mardi, car
la province écrit beaucoup le di-
manche.
« Quarante » est d'ailleurs le
chiffre exact indiqué par M. An-
dré Maurois, nouvel Immortel. Et
l'auteur de Chateaubriand a égale-
ment indiqué qu'il se donne la peine
de répondre à chaque envoi.
Le métier d'« homme de plume
a de ces exigences. Mais la rançon
de la correspondance procure, pa-
raît-il, des joies très pures, en juste
compensation.
Deux nouveaux prix
de l'Académie Française
Voilà l'Académie qui va être ap-
pelée à récompenser, non seulement
l'originalité et la jeunesse, ce qui ne
s'était pas encore vu, mais encore
l'optimisme et la tolérance politique.
L'Etat ne vient-il pas, en effet, de
l'autoriser a accepter un legs d Al-
fred Mortier, destiné à la création
de deux prix : le prix Alfred-Mor-
tier, constitué avec le revenu de
70.000 .francs, et le prix Aurel, avec
celui de 30.000 francs ? Ils seront at-
tribués chacun, tous les deux ans,
en commençant par le prix Alfred-
Mortier, pour récompenser, le pre-
mier, la pièce la plus originale re-
présentée sur une scène irrégulière
et dont l'auteur sera Français et âgé
de moins de quarante ans ; le se-
cond, le poète le plus original éloigné
du découragement et du sectarisme
politique.
AUJOURD'HUI
8 JANV. 8' JOUR ANN. De m. : S. Julien.
Sol.: lev.7 h.45,c.16 h.lO.Lune : d.q. le 12.
LA FLAMME DU SOUVENIR
18 h. 30 : U.N.C., section d'Aulnay-
sous-Bois. — Les médaillés militaires
d'Aulnay-sous-Bois.
ANCIENS COMBATTANTS
9 h. 30. 17, rue du Pont-Neuf : « Le
Terrible » (A.C. des 578, 2578 R.I. et
> 139e R.I.T.). — 10 h., 25, rue Boissy-
WAnglas : Union des marins com-
battants.
CEREMONIES
11 h., à Notre-Dame de Paris : Service
solennel à la mémoire des anciens
chasseur d'Afrique, sous la présiden-
ce de S. Em. te cardinal Verdier.
Carnet Mondain
FIANÇAILLES
*— On nous prie d'annoncer les
fiançailles de Mlle Monique Varache
avec M. Pierre Goutchot.
IO!!!pWoua
!" VÔTRE -
Je VOltS propose ce menu d après
le cours des Halles. Coût pour quatre
personnes : 40 francs environ.
DEJEUNER. — Champignons frais
vinaigrette. Ragoût de mouton aux
raves. Salade. Fromage : ronuefort,
beurre. Salade d'oranges.
DINER. — Potage crème de céleri.
Chaux - fleurs au gratin. Salade.
Yaourt. Gâteau de semoule.
Recette du Gâteau de semoule
(Très simple, sans œufs,
recommandé pour les enfants.)
Dans un moule assez large, faites
un caramel, laissez-le refroidir. D'au-
tre part, faites cuire de la semoule
dans du lait bien sucré"; parfumez
avec un peu de rhum ou de kirsch
et versez chaud (mais non bouillant)
dans votre moule caramélé, précé-
demment refroidi (vous aurez versé
auparavant sur le caramel froid un
peu de kirsch ou de rhum). Laissez
refroidir avant de servir.
ADELE P.
Un livre qui arrive
à son heure
ALLEMAGNE 1938
par t'abbé Lambert
maire d'Oran
c .C'est le livre qu'il faut lire
si l'on veut vraiment connaîtra
l'Allemagne d'Hitler. »
Exclusivité Hachette - Prix : 15 fr.
Au Temps de la Bergère
Avec ses bannières corporatives
et paroissiales, ses porteurs de
châsse, ses buissons ardents de
cierges bénits et son hameau fo-.
rain de patenôtriers en plein vent,
se clôt ou : va se clore, dans les
cantiques et les invocations, la neu-
vaine annuelle de sainte Geneviève.
C'est là-haut, sur le mont Lutèce,
voué depuis des siècles à la foi et
au savoir, en une vieille oç'ise ci-
selée dans la piefre grise et le ciel
gris.. On y salue des cendres illus-
tres — celles de Racine et de Pas-
cal — on y vénère surtout les re-
liques de la patronne de Paris, ber-
gère de France. Sa statue, réplique
de celle qui est au Louvre, la re-
présente tenant dans sa main droite
les clés de la Cité (lesquelles ou-
vrent sûrement leç portes du pa-
radis) et, dans sa main gauche, un
cierge allumé que le démon aux
joues d'Eole n'éteindra pas. Nou-
blions nas cette lumière.
Les fresques du Panthéon con-
tent sa vie tissue de vérité hu-
maine et de miracle. Geneviève a
détourné la horde hunique, sauvé
Paris .de la famine, converti le Si-
cambre. Sa foi n'ignore pas que
Dieu exige d'être aidé. Il faut croire
mais pour agir. Elle est venue en
un temps inquiet, mystique et bru-
tal qui n'était pas toujours sans
douceur. Les écoles gauloises, plus
que les légions germanisées, main-
tenaient la tradition gréco-latine.
Germain, évêque d'Auxerre, qui
consacra Geneviève au Seigneur,
avait été le plus brillant avocat de
Rome, Rome dont le préfet, prési-
dent du Sénat, était un Toulousain
ou un pictone, Rutilius Numan-
tianus.
Il restait encore de beaux domai-
nes patriciens pareils à ceux d'Au-
sone en Aquitaine. Reconstruites ou
épargnées, les villas gallo-romaines
siégeaient parmi les vignobles, les
vergers, les moissons. Fresques, mo-
saïques, marbres d'Afrique et d'Ita-
lie, orfèvreries gauloises, peaux de
loup sur de somptueux lits de re-
pos, librairies emplies de « volu-
mes >, salles de musique et de jeu.
nous possédons de ces merveilles
des images, des descriptions, des
ruines exhumées. L'hiver, la va-
peur bouillante circule dans les
doubles murs, l'été, on entend
bruire et chanter l'eau vive. Ajou-
tez : meutes, chevaux, litières, ter-
rains pour la paume et la palestre.
Et les oies engraissées de figues et
les carpes du vivier et les escar-
gots nourris d'herbes aromatiques.
autour de la villa, un village : es-
claves, affranchis, colons.
Toute cette plaisance et tout ce
confort néanmoins ont le goût des
bonheurs précaires. C'est un piment
pour les raffinés. Mais bien des
âmes se réfugient dans les cloîtres ;
d'autres sont à ce point découra-
gées que l'on ajoute au nombre des
péchés capitaux le péché de déses-
pérance.
Pourtant, après ces nuits cruelles
où la Gaule a « fumé » comme un
bûcher, il y a eu un répit certain.
Les Visigoths (qui combattront aux
côtés d'Aétius pour arrêter Attila),
rappelés d'Espagne où leur puis-
sance devenait dangereuse, règnent
sur l'Aquitaine. Leur roi, qui a
épousé la belle Galla Placida, sœur
de l'empereur Honorius, se laisse
doucement romaniser par le vin et
par l'amour. Placida repose encore
dans cette mystérieuse Ravenne,
embrumée de légende et de mala-
ria, dans l'éclat assourdi des mo-
saïques d'azur et d'or.
Sidoine Apollinaire (qui fut pré-
fet, évêque et poète) vit chez lui
au milieu des Burgondes à peu près
stabilisés à leur tour. Sidoine est
un délicat, espèce malheureuse.
c Comment, répond-il à un ami qui
lui reproche le silence de sa muse,
comment veux-tu que j'écrive des
vers de six pieds parmi des géants
qui en ont sept ? ». Ces barbares
sentent l'ail dont ils se nourrissent,
le beurre rance dont ils se pomma-
dent. Ils ont des rires de stentor car
ils sont joviaux, expansifs et sans
querelle. La plupart, maçons, char-
pentiers. vivent de leur état. Beau-
coup de paysans d'ailleurs, excédés
ou ruinés par les exactions des col-
lecteurs gallo-romains, s'enfuient
chez les Francs, les Burgondes, les
Visigoths. accueillants aux semeurs
de blé.
Ces royaumes divers s'installent
dans l'empire, lui font hommage ;
leurs chefs briguent titres et gra-
des romains. Une colonie sarmate
s'établit paisiblement dans le Ven-
dômois — et Ronsard peut-être.
C'est ainsi que les alarmes s'ou-
blient. Les belles dames aux che-
veux blondis à l'eau'de chaux li-
sent à l'ombre bleue du figuier les
odes libertines d'Horace et l'Art
d'aimer d'Ovide. Les tavernes, au-
berges et relais au bord des voies
dallées où roulent les courriers im-
périaux, regorgent de joueurs de
dés, de buveurs de vins et de ro-
bustes servantes. Le boudin au ser-
polet, spécialité gauloise, pend aux
solives ou grille sur les braises.
Mais le ciel s'enténèbre et s'illu-
mine : éclipses et comètes. Signes.
Au galop de leurs cavales de steppe
qui fournissent des traites de 30 ki-
lomètres, les Asiates sont là. Metz,
Trêves, Tongres brûlent. La nuit
est trouée de plaies vives, la terre
gauloise saigne et crie. Les Huns,
sauvages à face lunaire et camuse,
se battent à l'arc, à l'épée, au lasso.
Sous le bonnet qui pourrit sur leur
tête, ils exhalent une fétide odeur
de bouc, de viande crue, de rat.
« L'étoile tombe, s'écrie Attila, la
terre frémit ; je suis le maillet qui
frappe le monde. »
Il y eut, par bonheur, la plaine
de Mauriac, près de Troyes — les
champs catalauniques (451) — com-
me il y a eu Bouvines, Demain, la
Marne. L'Asie ne passa pas. Mais
si l'un revient aux dés, l'autre à
ses lectures légères, la vierge gau-
loise, sa lampe d'argile à la main,
reprit sa veille sur la tour. Son
exemple brille sur la fresque ef
dans les âmes. Les grandes voies
d'invasion sont doublées aujour-
d'hui par les routes de l'air. Les
réserves de barbarie (dont le monde
a besoin, pensait Renan) ne sont pas
près de s'épuiser. Foi, vigilance, ac-
tion. Et gardons que la ligne Ma-
ginot ne devienne quelque jour une
muraille de Chine.
LEON LAFAGE.
MÉTÉO
Journée du 7 janvier
PARis. — Maxima : au sol +2°2 ;
sous abri +1°2 ; Minima : au sol —2°8 ;
sous abri —0°6.
Probabilités pour aujourd'hui
Etat du ciel. — Dans les régions
Nord-Est, Centre, Massif Central et
Est : couvert et très brumeux, quel-
ques chutes de neige suivies de petites
pluies ou bruines.
Dans les régions Nord, Parisienne,
Nord-Ouest et Bretagne : généralement
couvert et brumeux, bruines intermit-
tentes ; rares éclaircies l'après-midi
Température à Paris: Maximum +6°.
1
de Lucien DESCAVES
DEUX GRANDES FAVORITES:
Madame de Montespan
Par Pierre AUOIA T
Madame de Pompadour
Par Marcelle TINAYRE
Le mécène qu'il faudrait
Les grandes favorites sont en meilleure posture, dans l'Histoire,
que la plupart des femmes célèbres. Les « Collections » leur sont ou-
vertes, comme autrefois les portes : à deux battants. C'est ainsi que
Marcelle Tinayre vient de nous donner une nouvelle édilion, non pas
corrigée, mais plus développée, du livre qu'elle avait écrit déjà sur la
fille de Mme Poisson, Jeanne-Antoinette, mariée à Charles Le Nor-
mant, d'Etiolles. C'était le nom de la maison à Etiolles. On sait le che-
,min que parcourut ensuite la jolie fille à qui une cartomancienne avait
prédit qu'elle serait «presque reine .,>; d'où le surnom de Reinette
qu'elle reçut et fit fructifier.
J'ai parlé ici même, il y a quelques mois, de la Pompadour, à
l'occasion de la biographie que venait de lui consacrer M. Henri
Carré. J'en profilai alors pour rappeler l'existence du beau livre dont
s'enrichit l'œuvre historique des Concourt.
Ils sont, envers la maîtresse de Louis XV, sévères, mais justes
- et surtout sans haine. Marcelle Tinayre dit bien : « Les mémoria-
listes du temps ont subi l'influence des racontars de cour et trop souvent
assouvi, en outre, des rancunes personnelles. La haine est une aveugle
née; hair empêche de comprendre. »
Les Concourt, à qui la courtisane n'est pas sympathique, lui
rendent justice lorsqu'ils voient en elle une protectrice des Lettres et
des Arts, bref, une sorte de Mécène en paniers et poudrée. Elle a mé-
rité pax Zq l'indulgence de la postérité — et, sinon le respect, le regret
qu'inspire aujourd'hui la disparition d'une bienveillance active que rien
n'a remplacée.
Et c'est aujourd'hui surtout qu'elle nous manque, touchant les
Concourt prectsement. Les Mécènes qu'ils ont été pour la Littérature,
nous permettraient aujourd'hui de conserver l'héritage qui nous vient
<7 "',,'"
A quoi je fais allusion, peut-être le sait-on, et si on ne le sait
pas, je le redirai brièvement.
L'amitié du préfet de la Seine, qui était alors Edouard Renard,
et le geste généreux du Conseil municipal en exercice, à cette époque,
me vinrent en aide pour remettre l'Académie Concourt en possession
du petit hôtel vendu à la mort d'Edmond de Concourt en .1896. La
dispersion des Collections qui garnissaient la maison servit à cons-
tituer aux héritiers une petite pension.
Jusqu'en 1936 l'hôtel du boulevard de Montmorency eut un
propriétaire dont je fis la connaissance, si bien que Renard, averti par
moi, put se rendre acquéreur, au nom de la Ville de Paris, de l'im-
meuble dont M. Ligé conservait, sa vie durant, la jouissance.
A la mort de ce dernier, la maison des Concourt, rendue aux héri-
tiers, leur faisait donc un devoir d'y renouer une tradition interrompue,
en rouvrant le Grenier mémorable où Edmond de Concourt avait reçu,
jusqu'en 1896, la jeunesse littéraire. Ajoutez à cela que l'Académie
Concourt avait enfin un siège social préférable au cabinet particulier
d'un restaurant, un local pour ses archives -éparpillées, un lieu de réu-
nion, etc. Tout ce qui nous fait défaut ènfin.
Je sais bien qu'il y .aura trente-neuf ans bientôt que celq 'dure.
(La constitution de l'Académie Concourt remonte au 1er mars 1900);
mais comptons six ans à partir dit moment où la Ville de Paris nous
a gracieusement offert la maison de Concourt, et trois, ans seulement
depuis qu'est mort le dernier locataire qu'elle eut.
Une assemblée municipale pouvait-elle mieux faire ? Je n'en suis
pas sûr, par le 'temps qui court. Les administrateurs d'une ville, grande
ou petite, et Jussenl-ils' bien intentionnés à l'endroit de quelqu'un, ne
peuvent remplir que, le rôle d'un. Mécène inférieur. Ils ont des comptes
à re. •
Si là mise en demeure d'habiter la maison d'Auteuil à nos frais
ne reçoit pas de réponse, que va-t-il se passer ?
J'ai peur de m'en douter.
Ei je n'en suis pas plus fier pour ça. Oh 1 non 1 En 1936, ne
disais-je pas déjà : « La. Maison des Concourt nous est offerte.,
mais nous n'en Coulons pas. » Il faut le déclarer.
: C'est sur. Madame 'de. Montespan et ses trois amours que Pierre
Audiat a jeté, lui, son dévolu.
Les trois amours de Louis XIV dont l'historien va nous entrete-
nir sont celles de Mlle de Fontanges, de Mme de Maintenon et de
Mme de Montespan. De la reine, pas question, elle ne compte pas.
Si je dis : l'historien, pour désigner l'auteur,- c'est parce que
Pierre -, Audiat, -ayant dialogué des parles de son livre,' se croit
tenu de le présenter comme un roman et non comme un ouvrage histo-
rique. Je crois me rappeler cependant que la Faculté des Lettres de
l université de Paris a entendu soutenir une Thèse sur tAurélia. de
Cérard Je Nerval, laquelle thèse dénotait moins un romancier qu'un
normalien ferré à glace. J'ajouterai, pour fortifier cette observation,
que Pierre Audiat fut pensionnaire de la Fondation Thiers. Ecole
oblige. : ■
A la vérité, c'est surtout l'esprit du dix-septième siècle, en géné-
raI, et de la Cour du Roi Soleil, en particulier, qui paraît avoir induit
Pierre Audiat à s'occuper à son tour de Louis XIV et de ses maî-
tresses successives. .h ,
Le début de Fourrage, a Versailles, nous présentant ensemble la
marquise et sa femme de chambre au nom charmant de Desœillets,
m'a donné à penser un moment que-nous ferions plus'ample connais-
sance avec celle-ci, qui joua ùn rôle important dans les entre-
prises criminelles de la Voisin. Mlle Desœillets m'apparut toujours
comme l'envers d'une autre, première femme de chambre, Mme du
Hausset, qui fut celle de la Pompadour el qui a laissé des Mémoires
substantiels à consulter. •
Si je recommençais ma vie, il me semble que je serais tenté
d'écrire Uhistoire du grand siècle J'après des femmes de chambre qui
seraient tantôt l'honnête Mme du Hausset, veuve d'un gentilhomme
pauvre, et Mlle Desœillets, sans beauté. sans honneur, mais sachant
l'entregent.
Ah I les beaux personnages de roman que voi•l»à »! M«*ai• s peut-être
m'ont-ils échappé sous la plume d'un romancier à profusion.
Pierre- Audial, d'une autre classe, a recherché de plus grandes
entrées à la Cour. et sans doute eut-il raison.
DERNIERS LIVRES PARUS
TRADUCTIONS. -' Carnegie > Com-
ment se faire des amis pour réussir
dans- la vie, trad. Denise Geneix ;
T. A. Rickard : L'homme 'et les mé-
taux, trad. Laparra ; , Cari Crow :
400.000.000 de clients : (la. Chine vue
jpar un commerçant), trad. cl. De-.
courcelle ; Ivap Solonievitch :* Bar-
betes TOUCM (Evasions des bagnes so-
viétiques), trad. Brégy et Cousteau ;
'Curt Sachs : Histoire de la danse,
trad. L. Kerr ; Friedrich 'Sieburg i Le
nouveau Portugal, trad. Klossovski ;
Nicolas Berdiaev : Les sources et le
gens du communisme russe, trad. A.
Neryille ; Thomas Mann 4 Joseph
en Egypte, trad. Servicem ; Dmitri
Merejkowski : L'Antéchrist, trad. G.
Globa ; Bugge Mahrt : Tourmente,
trad. J. Saint-Germain ;-Vernon Lee :
Etudes et réflexions sur l'art, trad.
B. Noufflard ; Claude Houghton :
L'épaisseur d'un cheveu, trad. L. Pos-
tif ; Ferreira de Castro : Forêt vierge,
trad. Biaise Cendrars ; Perry Mason
et Saint-Gardner : Le mystère du
chat ; David Hume : Le consortium
du crime, trad. David Hume ; W. Si-
croszewski : La danseuse coréenne ;
Elizabeth Borton : Pollyana au Mexi-
que.
DIMANCHE LITTERAIRE
TABLETTES
FREDERIC U, par Pierre Gaxotte,
voilà un véritable livre d'histoire,
qui est l'oeuvre d'un authentique
écrivain.
M. Pierre Gaxotte, qui a écrit
un Frédéric II d'une documentation
rigoureuse, a même dû visiter les
campagnes prussiennes afin de pou-
voir évoquer mieux le décor de la
vie de son étonnant personnage.
« Tandis que Louis XIV, nous dit-
il, au commencement de son ou-
vrage, vieillissait dans la gloire de
Versailles, Berlin n'était encore
qu'une ville de bois et de briques
endormie sur les eaux noires et
lentes de la Sprée. » Frédéric 1er
ne règne alors que sur deux mil-
lions de sujets. Aux dernières li-
gnes de son ouvrage, M. Pierre
Gaxotte nous montre la tombe de
Frédéric II, sur laquelle une cou-
ronne. de lauriers d'or a été dépo-
sée, le 21 mars 1933 par le feld-
maréchal Paul von Beneckendorf
und Hindenburg, « après que le
chancelier Hitler eut proclamé de-
vant le cercueil du roi la naissance
du troisième Reich ». Voilà qui doit
nous donner à réfléchir. C'est mê-
me pourquoi M. Pierre Gaxotte
n'a pas dû écrire son livre
seulement pour ranimer devant
nous un personnage extraordinaire
dont la liaison avec Voltaire a rem-
pli l'existence d'intermèdes comi-
ques, qui a laissé l'image terrible
et ridicule d'une sorte de monstre,
accablé de rhumatismes, couvert
d'un manteau rapiécé, coiffé d'un
vieux chapeau à plumet, passant.
cramponné à son cheval, des re-
vues de grenadiers ; ce qui ne l'em-
pêchait pas, en même temps, d'ai-
mer Racine.
Eut-il du génie Z II paraît discu-
table qu'il ait été un grand général.
Ebloui par le spectacle du siècle de
Louis XIV, il voulut imiter la mo-
narchie française et il aboutit à une
grossière contrefaçon qui pouvait
convenir à un pays dont la civili-
sation politique n'était pas encore
très éloignée de nos temps méro-
vingiens. M. Pierre Gaxotte pense
qu'en dépit de sa Ligue des Princes,
il n'a jamais voulu être politique-
ment que roi de Prusse. Il laissa
son royaume considérablement
agrandi, mais ce .n'est qu'à la sottise
d'un tsar imbécile et allemand qu'il
avait dû de le conserver en 1762.
Ce que l'on n'admirera jamais trop
c'est sa volonté. M. Pierre Gaxotte
eût pu intituler son livre Frédéric Il
ou Le Triomphe de la volonté.
MEDITERRANEE est le récit, par
M. Lorenzi de Bradi, d'une croi-
sière qu'il a effectuée en Méditer-
ranée, sur un yacht, Le Kalisté.
Il est parti de Marseille, un jour
d'avril, au lever du. soleil, avec trois
amis yachtmen expérimentés et ifs
s'y sont retrouvés tous les quatre,
un jour de juillet, aussi nostalgi-
ques que leur bateau amarré sous
leurs yeux, à côté des bateaux du
vieux port, et c qui était là, nous
dit-il, comme un goéland dans une
cage ».
Ils avaient visité au cours de ces
quatre mois les rivages de la Mé-
diterranée et de l'Adriatique ; la
Grèce et ses îles ;'Constantinople, les
côtes de l'Asie Mineure, celles de la
Syrie ; la Palestine, l'Egypte, Tunis,
Alger, les rivages espagnols. Us
avaient admiré des ruines antiques,
rêvé à des civilisations millénaires,
parcouru tous les paradis de la Mé-
diterranée. Quand ils atteignirent
les rivages espagnols, la tragédie de
l'Espagne se laissait seulement pres-
sentir.
C'est dire que cet ouvrage fut écrit
bien avant les fâcheuses manifesta-
tions italiennes. Les lignes qu'à ins-
pirées Gênes au Corse qu'est M.
Lorenzi de Bradi n'en prennent que
plus de signification : « Je ne suis
jamais arrivé à Gênes, écrit-il, sans
éprouver un sentiment de désolation.
Je suis Corse, et la République li-
gurienne a opprimé pendant plu-
sieurs siècles mon île natale. Elle fut
sa proie. Elle la piétina, la saccagea,
mais sans jamais parvenir à l'as-
servir. La liberté, idole du peuple
corse, hurlait, échevelée, au vent
des forêts et des montagnes. Des
héros, renaissant comme l'hydre, se
dressaient devant l'hégémonie gé-
noise. Plusieurs d'entre eux sont
morts tragiquement au sein de cette
ville qui fut toujours sans généro-
sité devant l'héroïsme et le patrio-
tisme des Corses.
*
MISERE DU CID, par Mme Ma-
rie-Madeleine Chantai, est le récit
des aventures du véritable Cid. Ce-
lui-ci ne ressemble que de très loin,
en effet, au personnage mythique
de Corneille, d'après la légende re-
cueillie par Guilhen de Castro. Mme
Marie-Madeleine Chantai nous pré-
sente, à la faveur d'un récit, un
Cid historique non moins poignant
que le légendaire. Elle écrit dans
une langue passionnée, brûlante,
aride, souvent elliptique et brutale,
pour s'efforcer, d'exprimer l'ardeur
espagnole.
Les affaires d'Espagne ont remis,
il faut le croire, Le Cid à la mode,
bien qu'il n'en eût guère besoin pour
continuer de vivre sur notre théâ-
tre. M. Pierre Veber vient, en effet,
de donner une rallonge au Cid, en
écrivant un acte en vers : LE ME-
NAGE DE RODRIGUE OU LE
DESHONNEUR CASTILLAN. M.
Pierre Veber trouve son excuse
dans de notoires précédents, ne se-
rait-ce que dans La Conversion
d'Alceste, de Courteline. Il n'est pas
besoin de vous dire que l'accent
cornélien, avec la collaboration de
Pierre Veber, n'est pas dépourvu
de drôlerie. Il faut espérer que nous
verrons bientôt sur quelque scène,
l'acte en vers de Pierre Veber.
POEMES DE JOIE, par Mme
Juliane Montagnon - Ranvier, for-
ment le recueil de poèmes d'inspi-
ration chrétienne qui obtint en ma-
nuscrit le prix de poésie, dont le
nom m'est particulièrement cher et
qui a été attribué l'année dernière,
pour la première fois.
Ce sont des poèmes très honora-
bles, en vers bien faits, ce qui de-
vient rare, d'une noble inspiration
catholique, mais le poète dont le
prix qui les a couronnés porte le
nom, reprocherait, je le crois, à la
plupart d'entre eux, de manquer
de musique. « De la musique
avant toute chose » comme le
voulait Verlaine, c'est probablement
trop ; mais il en faut aussi. Il y a
en tout cas, des poèmes d'une ado-
rable fraîcheur dans ce recueil. Ce-
lui, par exemple, qui commence par
ces vers :
En revenant de la fontaine
J'ai rencontré le bon berger
Qui menait ses moutons brouter
L'herbe plus neuve de la plaine.
GEORGES LE CARDONNEL.
Extrait de.
♦ FRÉDÉRIC II
Par Pierre GAXOTTE
?
Nous assistons aux derniers jours et à la mort de Frédéric II.
Il commençait à travailler à quatre heures du matin, dictait des
lettres jusqu'à sept, recevait le général Rohdich, gouverneur de Potsdam,
et ses aides de camp, donnait des ordres pour l'armée, appelait Lucche-
sini, le comte Pinto, Hertzbcrg, leur parlait ou les faisait parler. Le soir,
on lui lisait le « Précis du sièole de Louis XV » de Voltaire. En juin, il
appela un médecin de Hanovre, le docteur Zimmermann, qu'il avait vu
plusieurs années auparavant et dont la conversation lui avait plu.
Zimmermana arriva le 23 et il fut introduit auprès du roi, le len-
demain matin à neuf heures. Frédéric n'avait auprès de lui que ses
hussards et quelques domestiques. Il était vêtu d'un casaquin de satin
bleu très sale et il était en bottes, la jambe gonflée reposant sur un
tabouret. Il portait deux.bagues à la main gauche, deux tria gros bril-
lants, et une à la main droite, un chrysopas vert de Sllésie.
— Vous me voyez bien malade, dit-il au médecin.
— L'œil de Votre Majesté est aussi bon que lorsque. j'ai eu l'honneur
de La voir, il y a quinze ans. Je ne remarque pas la moindre diminution
du feu et de la vigueur dont étaient animés les yeux de Votre Majesté.
— Oh ! j'ai bien vieilli et je suis bien malade.
— L'Allemagne et l'Europe ne s'aperçoivent point de l'âge, ni de la
maladie de Votre Majesté;
- Mes occupations vont leur train ordinaire.
- Votre Majesté se lève à quatre heures du matin, et, par là, pro-
longe et double sa vie.
— Je ne me lève point, car je ne me couche plus. Je passe mes nuits
dans le fauteuil où vous me voyez.
— Votre Majesté m'a écrit que depuis sept mois Sa respiration de-
venait très pénible.
— Je suis asthmatique, mais je ne suis pas hydropique. Voyez
cependant comme mes jambes sont enflées.
Zimmermann examina le malade. Il avait le teint cireux, les mains
décolorées et sèches; les jambes enflées jusqu'aux cuisses et pleines
d'eau, le ventre dur, beaucoup de fièvre, et, plusieurs fois par jour, Il
crachait du sang.
— On ne peut pas me guérir ?
— On peut du moins soulager Votre Majesté.
Zimmermann' ordonna des calmants qui firent merveille. A la visite
du lendemain, le roi le laissa à peine placer un mot de médecine ; il lui
parla de Locke, de Newton, de Hume et l'interrogea sur Gibbon, auteur
d'une histoire de l'empire romain qu'il n'avait pas lue. Le 4 juillet, il se
sentit assez bien pour faire une promenade à cheval dans le parc. Mais,
à mesure que son état s'améliorait, son appétit augmentait. A un dîner,
il se fit servir un potage assaisonné de muscade et de gingembre, du
bœuf à la russe, c'est-à-dire bouilli dans l'eau-de-vie, une polenta avec
beaucoup d'ail et une grande assiette de pâté d'anguille, si épicé qu'il
avait l'air d'avoir été préparé en enfer.
— Je goûte seulement aux mets, disait-H, je ne mange que pour me
fortifier.
Mais il était pris de spasmes et de vomissements. Quelques jours plus
tard, il eut une indigestion de meringues et une autre de harengs frais.
Comme Zimmermann le suppliait de se modérer, il se mit à lui parler
de la Ligue des Princes : « L'Allemagne est une espèce de. république.
Elle était en. danger de perdre cette forme républicaine : je l'ai vu
rétablir avec le plaisir le plus sincère. - Le 10 juillet, Zimmermann prit
congé. Frédéric s'excusa de l'avoir éloigné de ses malades, le remercla
de ses soins, puis ôtant son chapeau : « Adieu, mon cher monsieur
Zimmermann, n'oubliez pas le bon vieillard que vous avez vu ici. »
Les jours suivants il se fit promener dans une petite voiture. Le
4 août, la jambe gauche se mit à suppurer très abondamment et le roi,
soulagé, retrouva le sommeil. Il dormait dans un fauteuil, sans souf-
frances, tourné sur le côté droit. Il dicta le plan des manœuvres de
Silésie et il arrangea avec le conseiller Schultz le programme des défri-
chements pour 1787. Il s'inquiétait des inondations de l'Oder. A plusieurs
reprises, il demanda si les trois cents brebis qu'il avait achetées en
Espagne étaient arrivées. Le 15 août, il travailla comme à l'ordinaire,
mais sa signature était presque illisible. Le 16, il tomba dans une sorte
d'hébétude. Dans un moment de lucidité, il appela le général Rohdich,
voulut lui donner le mot, mais ne put parler. Le soir, il marcha quelques
pas soutenu par ses hussards, puis il s'assoupit. Les extrémités commen-
çaient à se refroidir. Il fit arranger la couverture de la levrette qui
tremblait auprès de lui, demanda l'heure et commença à râler. Deux
valets le maintenaient à tour de rôle, le buste droit, pour l'aider à res-
pirer. Après une crise de toux, il murmura : « La montagne est passée,
nous irons mieux. » Dans une chambre voisine, se tenaient Hertzberg,
Selle et deux aides de camp. A deux heures vingt, Frédéric mourut
doucement, sans convulsion, dans les bras .des hussards. Hertzberg lui
ferma les yeux. Le nouveau roi arriva presque aussitôt et la garnison de
Berlin prêta serment dans la journée.
« Tout est morne, écrivait Mirabeau, rien n'est triste ; tout est occupé,
rien n'est affligé. Pas un visage qui n'annonce le délassement et l'espoir,
pas un regret, pas un soupir, pas un éloge. C!est donc à cela qu'abou-
tissent tant de batailles gagnées, tant de gloire, un règne de près d'un
demi-siècle, rempli de tant de hauts faits? Tout le monde en désirait
la fin. Tout le monde s'en félicite. »
ECHOS
Il
ne cérémonie intime a lieu di-
manche matin, au cimetière
des Batignolles.
Les « verlainiens » se réunissent
sur la tombe de Paul Verlaine, dont
c'est le quarante-troisième anniver-
saire de la mort. La consigne est :
« Pas de discours ! » Mais on
peut apporter des fleurs, des feuilles
el des branches.
Aux verlainiens se joindront la
plupart des artistes qui interprètent
actuellement le Verlaine de M.
Maurice Rostand.
Verlaine n'a jamais été, en ef-
fet, plus actuel — et plus présent.
C
:Jrset Perséphone.
Demain lundi 9 janvier et
pour quelques jours, Soldes annuels
de Corsets et de soutiens-gorges
Batby, 187, rue Saint-Honoré.
A
l'occasion de la nouvelle an-
née, la plupart des grandes
académies et des corps constitués
échangent très protocolairement
souhaits, vœux et congratulations.
L'illustre compagnie du quai
Conti a reçu cette année une
« adresse » particulièrement cha-
leureuse. Et cette adresse émane de
l'A cad émie. arménienne.
A la dernière séance, il se pro-
duisit même à ce propos un petit
incident. Un Immortel distrait con-
fondit « arménienne » avec « mal-
larméenne ».
Mais, au fait, l'Académie Mal-
larmé a-t-elle présenté ses vœux à
sa grande aînée, fille du grand car-
dinal ? - - -
L
a Maison Fleurette, de Cé-1
rardmer (Vosges), vendra,
pendant janvier, en sa succursale,
61, rue La Boétie, ses toiles et
broderies des Vosges bien connues
pour leur qualité. Profitez-en pour
faire vos achats de linge de maison
à des prix tout à fait exceptionnels.
u
n des meilleurs « docteurs » de
ce temps — lisez : une des
plus authentiques compétences lit-
téraires — vient de dresser le bilan
de l'année 1938.
M. Edmond Jaloux s'est, en ef-
fet, appliqué à peser les valeurs in-
tellectuelles qui se manifestèrent au
cours de l'an passé. Bilan récon-
fortant, à son témoignage généreux.
Mais l'auteur de rOiseau-Lyre
constate que les survivants de la
période 1920-1930 sont rares.
La littérature est-elle une grande
mangeuse d'hommes ? Ou bien ne
nourrit-elle pas son homme ?
Car tous les disparus de 1920-
1930 ont pris un autre métier: l'un
est dans les assurances, l'autre dans
la publicité, le troisième dans les
vignes, et le quatrième. dans les
choux 1
Entendez par là qu'il se livre à
l'agriculture.
Guide astral quotidien
Dimanche, 8 janvier.
Les faveurs des étoiles iront au-
jourd'hui aux personnes nées en
novembre pour tous les écrits aux-
quels elles pourront consacrer une
partie de leur loisir dominical. Les
unes, que préoccuperont d'impor-
tants projets de contrats, découvri-
ront en les relisant des imperfec-
tions qui jusqu'ici leur échappè-
rent ; d'autres, désirant que les let-
tres qu'elles écriront, ce dimanche,
ne laissent en aucun point à dési-
rer, les réussiront à merveille en un
tournemain et les résultats qu'elles
en attendent seront assurés.
Si le 8 janvier est votre anniver-
saire, beaucoup de choses vous se-
ront faciles, cet an-ci, et quelque
argent inattendu vous est promis.
Talismans pour tous.. — La to-
paze, la verveine, le nombre 5.
1
l y a désormais toute une litté-
rature sur - Francis Jammes. Et
le sage d Orthez connaît une ma..
nière de gloire toute nouvelle. Les
amis du poète goûteront-ils, par
contre, ce portrait qu'en trace M.
André Suarès :
« Bonhomme et un peu rusé,
patriarche par la barbe et bon moine
par la panse et les joues émerillon-
nées, ami de toutes les pauvres bê-
tes, et de saint François, mais lui
offrant un lièvre qu'il a tué la veille
et dont il a gardé le rable., il est
également sincère à goûter tous les
biens de la terre et à s'en priver
dans le ciel. »
A s'en priver dans le ciel ? Voilà
du moins une anticipation que M.
André Suarès offre bien gratuite-
ment.
I
oseph Paquin soldera mardi
10 janvier, une collection de
robes et manteaux a des prix
très avantageux. Vente au comp-
tant. 10, rue de Castiglione.
E
n comité secret, les représen-
tants des académies à linsti-
tut vont avoir a discuter de nouveau
une question importante.
Il s'agit d'une invitation reçue
il y a quelque temps, en provenance
de la grande Exposition de New-
York. Et il reste à désigner les
heureux bénéficiaires d'un beau
voyage. Mais voua. les candidats
n'ont pas paru, jusqu'ici, se mani-
fester beaucoup.
Sera-t-on obligé de recourir à
une désignation d'office ? Et, pour
cette désignation d'office, sera-t-on
amené à un. tirage au sort ?
En attendant, il y a un gros
« tirage ». - - -
L
'envers du succès.
Sait-on combien de lettres un
écrivain renomme reçoit en moyenne
par jour ? Une quarantaine. Et cin-
quante au courrier du mardi, car
la province écrit beaucoup le di-
manche.
« Quarante » est d'ailleurs le
chiffre exact indiqué par M. An-
dré Maurois, nouvel Immortel. Et
l'auteur de Chateaubriand a égale-
ment indiqué qu'il se donne la peine
de répondre à chaque envoi.
Le métier d'« homme de plume
a de ces exigences. Mais la rançon
de la correspondance procure, pa-
raît-il, des joies très pures, en juste
compensation.
Deux nouveaux prix
de l'Académie Française
Voilà l'Académie qui va être ap-
pelée à récompenser, non seulement
l'originalité et la jeunesse, ce qui ne
s'était pas encore vu, mais encore
l'optimisme et la tolérance politique.
L'Etat ne vient-il pas, en effet, de
l'autoriser a accepter un legs d Al-
fred Mortier, destiné à la création
de deux prix : le prix Alfred-Mor-
tier, constitué avec le revenu de
70.000 .francs, et le prix Aurel, avec
celui de 30.000 francs ? Ils seront at-
tribués chacun, tous les deux ans,
en commençant par le prix Alfred-
Mortier, pour récompenser, le pre-
mier, la pièce la plus originale re-
présentée sur une scène irrégulière
et dont l'auteur sera Français et âgé
de moins de quarante ans ; le se-
cond, le poète le plus original éloigné
du découragement et du sectarisme
politique.
AUJOURD'HUI
8 JANV. 8' JOUR ANN. De m. : S. Julien.
Sol.: lev.7 h.45,c.16 h.lO.Lune : d.q. le 12.
LA FLAMME DU SOUVENIR
18 h. 30 : U.N.C., section d'Aulnay-
sous-Bois. — Les médaillés militaires
d'Aulnay-sous-Bois.
ANCIENS COMBATTANTS
9 h. 30. 17, rue du Pont-Neuf : « Le
Terrible » (A.C. des 578, 2578 R.I. et
> 139e R.I.T.). — 10 h., 25, rue Boissy-
WAnglas : Union des marins com-
battants.
CEREMONIES
11 h., à Notre-Dame de Paris : Service
solennel à la mémoire des anciens
chasseur d'Afrique, sous la présiden-
ce de S. Em. te cardinal Verdier.
Carnet Mondain
FIANÇAILLES
*— On nous prie d'annoncer les
fiançailles de Mlle Monique Varache
avec M. Pierre Goutchot.
IO!!!pWoua
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Je VOltS propose ce menu d après
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DEJEUNER. — Champignons frais
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raves. Salade. Fromage : ronuefort,
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Chaux - fleurs au gratin. Salade.
Yaourt. Gâteau de semoule.
Recette du Gâteau de semoule
(Très simple, sans œufs,
recommandé pour les enfants.)
Dans un moule assez large, faites
un caramel, laissez-le refroidir. D'au-
tre part, faites cuire de la semoule
dans du lait bien sucré"; parfumez
avec un peu de rhum ou de kirsch
et versez chaud (mais non bouillant)
dans votre moule caramélé, précé-
demment refroidi (vous aurez versé
auparavant sur le caramel froid un
peu de kirsch ou de rhum). Laissez
refroidir avant de servir.
ADELE P.
Un livre qui arrive
à son heure
ALLEMAGNE 1938
par t'abbé Lambert
maire d'Oran
c .C'est le livre qu'il faut lire
si l'on veut vraiment connaîtra
l'Allemagne d'Hitler. »
Exclusivité Hachette - Prix : 15 fr.
Au Temps de la Bergère
Avec ses bannières corporatives
et paroissiales, ses porteurs de
châsse, ses buissons ardents de
cierges bénits et son hameau fo-.
rain de patenôtriers en plein vent,
se clôt ou : va se clore, dans les
cantiques et les invocations, la neu-
vaine annuelle de sainte Geneviève.
C'est là-haut, sur le mont Lutèce,
voué depuis des siècles à la foi et
au savoir, en une vieille oç'ise ci-
selée dans la piefre grise et le ciel
gris.. On y salue des cendres illus-
tres — celles de Racine et de Pas-
cal — on y vénère surtout les re-
liques de la patronne de Paris, ber-
gère de France. Sa statue, réplique
de celle qui est au Louvre, la re-
présente tenant dans sa main droite
les clés de la Cité (lesquelles ou-
vrent sûrement leç portes du pa-
radis) et, dans sa main gauche, un
cierge allumé que le démon aux
joues d'Eole n'éteindra pas. Nou-
blions nas cette lumière.
Les fresques du Panthéon con-
tent sa vie tissue de vérité hu-
maine et de miracle. Geneviève a
détourné la horde hunique, sauvé
Paris .de la famine, converti le Si-
cambre. Sa foi n'ignore pas que
Dieu exige d'être aidé. Il faut croire
mais pour agir. Elle est venue en
un temps inquiet, mystique et bru-
tal qui n'était pas toujours sans
douceur. Les écoles gauloises, plus
que les légions germanisées, main-
tenaient la tradition gréco-latine.
Germain, évêque d'Auxerre, qui
consacra Geneviève au Seigneur,
avait été le plus brillant avocat de
Rome, Rome dont le préfet, prési-
dent du Sénat, était un Toulousain
ou un pictone, Rutilius Numan-
tianus.
Il restait encore de beaux domai-
nes patriciens pareils à ceux d'Au-
sone en Aquitaine. Reconstruites ou
épargnées, les villas gallo-romaines
siégeaient parmi les vignobles, les
vergers, les moissons. Fresques, mo-
saïques, marbres d'Afrique et d'Ita-
lie, orfèvreries gauloises, peaux de
loup sur de somptueux lits de re-
pos, librairies emplies de « volu-
mes >, salles de musique et de jeu.
nous possédons de ces merveilles
des images, des descriptions, des
ruines exhumées. L'hiver, la va-
peur bouillante circule dans les
doubles murs, l'été, on entend
bruire et chanter l'eau vive. Ajou-
tez : meutes, chevaux, litières, ter-
rains pour la paume et la palestre.
Et les oies engraissées de figues et
les carpes du vivier et les escar-
gots nourris d'herbes aromatiques.
autour de la villa, un village : es-
claves, affranchis, colons.
Toute cette plaisance et tout ce
confort néanmoins ont le goût des
bonheurs précaires. C'est un piment
pour les raffinés. Mais bien des
âmes se réfugient dans les cloîtres ;
d'autres sont à ce point découra-
gées que l'on ajoute au nombre des
péchés capitaux le péché de déses-
pérance.
Pourtant, après ces nuits cruelles
où la Gaule a « fumé » comme un
bûcher, il y a eu un répit certain.
Les Visigoths (qui combattront aux
côtés d'Aétius pour arrêter Attila),
rappelés d'Espagne où leur puis-
sance devenait dangereuse, règnent
sur l'Aquitaine. Leur roi, qui a
épousé la belle Galla Placida, sœur
de l'empereur Honorius, se laisse
doucement romaniser par le vin et
par l'amour. Placida repose encore
dans cette mystérieuse Ravenne,
embrumée de légende et de mala-
ria, dans l'éclat assourdi des mo-
saïques d'azur et d'or.
Sidoine Apollinaire (qui fut pré-
fet, évêque et poète) vit chez lui
au milieu des Burgondes à peu près
stabilisés à leur tour. Sidoine est
un délicat, espèce malheureuse.
c Comment, répond-il à un ami qui
lui reproche le silence de sa muse,
comment veux-tu que j'écrive des
vers de six pieds parmi des géants
qui en ont sept ? ». Ces barbares
sentent l'ail dont ils se nourrissent,
le beurre rance dont ils se pomma-
dent. Ils ont des rires de stentor car
ils sont joviaux, expansifs et sans
querelle. La plupart, maçons, char-
pentiers. vivent de leur état. Beau-
coup de paysans d'ailleurs, excédés
ou ruinés par les exactions des col-
lecteurs gallo-romains, s'enfuient
chez les Francs, les Burgondes, les
Visigoths. accueillants aux semeurs
de blé.
Ces royaumes divers s'installent
dans l'empire, lui font hommage ;
leurs chefs briguent titres et gra-
des romains. Une colonie sarmate
s'établit paisiblement dans le Ven-
dômois — et Ronsard peut-être.
C'est ainsi que les alarmes s'ou-
blient. Les belles dames aux che-
veux blondis à l'eau'de chaux li-
sent à l'ombre bleue du figuier les
odes libertines d'Horace et l'Art
d'aimer d'Ovide. Les tavernes, au-
berges et relais au bord des voies
dallées où roulent les courriers im-
périaux, regorgent de joueurs de
dés, de buveurs de vins et de ro-
bustes servantes. Le boudin au ser-
polet, spécialité gauloise, pend aux
solives ou grille sur les braises.
Mais le ciel s'enténèbre et s'illu-
mine : éclipses et comètes. Signes.
Au galop de leurs cavales de steppe
qui fournissent des traites de 30 ki-
lomètres, les Asiates sont là. Metz,
Trêves, Tongres brûlent. La nuit
est trouée de plaies vives, la terre
gauloise saigne et crie. Les Huns,
sauvages à face lunaire et camuse,
se battent à l'arc, à l'épée, au lasso.
Sous le bonnet qui pourrit sur leur
tête, ils exhalent une fétide odeur
de bouc, de viande crue, de rat.
« L'étoile tombe, s'écrie Attila, la
terre frémit ; je suis le maillet qui
frappe le monde. »
Il y eut, par bonheur, la plaine
de Mauriac, près de Troyes — les
champs catalauniques (451) — com-
me il y a eu Bouvines, Demain, la
Marne. L'Asie ne passa pas. Mais
si l'un revient aux dés, l'autre à
ses lectures légères, la vierge gau-
loise, sa lampe d'argile à la main,
reprit sa veille sur la tour. Son
exemple brille sur la fresque ef
dans les âmes. Les grandes voies
d'invasion sont doublées aujour-
d'hui par les routes de l'air. Les
réserves de barbarie (dont le monde
a besoin, pensait Renan) ne sont pas
près de s'épuiser. Foi, vigilance, ac-
tion. Et gardons que la ligne Ma-
ginot ne devienne quelque jour une
muraille de Chine.
LEON LAFAGE.
MÉTÉO
Journée du 7 janvier
PARis. — Maxima : au sol +2°2 ;
sous abri +1°2 ; Minima : au sol —2°8 ;
sous abri —0°6.
Probabilités pour aujourd'hui
Etat du ciel. — Dans les régions
Nord-Est, Centre, Massif Central et
Est : couvert et très brumeux, quel-
ques chutes de neige suivies de petites
pluies ou bruines.
Dans les régions Nord, Parisienne,
Nord-Ouest et Bretagne : généralement
couvert et brumeux, bruines intermit-
tentes ; rares éclaircies l'après-midi
Température à Paris: Maximum +6°.
1
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