Titre : Le Journal
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1892-09-29
Contributeur : Xau, Fernand (1852-1899). Directeur de publication
Contributeur : Letellier, Henri (1867-1960). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34473289x
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 29 septembre 1892 29 septembre 1892
Description : 1892/09/29 (A1,N2). 1892/09/29 (A1,N2).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG87 Collection numérique : BIPFPIG87
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Description : Collection numérique : BIPFPIG69 Collection numérique : BIPFPIG69
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k76148538
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-220
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 29/06/2014
-PREMiÊRE AXNÉE. —'NUMÉRO S. ? OILLCJ GÔRI'tiilXî.egî — l'IRIS et Déparieinenta,.—. QI^Q (jL6iitixnçs., , .., JEUDI 29 SEPTEMBRE isat
FERNAND XAU p
~-1 --' ■ ;_v .Direètëur - ; --"■••■- |!
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ÎÀÊ. RUE. RICHELIEU, !PARIS l,
Prix des ÀhQiœezaents j
'- -. cÜ. Sit'Jfais Ito~go~BtI~
: E4 Ai SLx'Moîs Tfo&Mois Oï'ljir
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Les [manuscrits non , 'insérés ne. sont pas f endus.
'¡. Adresser les mandats-posfc à M. ['A dmnÙsirdteur. i .:
LE JOURNAL
Quotidien, Littéraire, Artistique et PoHtiquëf Ï
'rE'RNA'~[)' XAU
FERNAND) XAU ;. v
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Annonces, Réclames et Faits Divers
CHEZ LAGRANGE, CERF ET C".
6, PLACE DE LA BOURSE
et dans les bureaux du JOURNAL,
Adresse télégraphique : JOURNAL-RICHELIEÙ-PARIS
Publicité de première et deuxième page
aux bureaux du JOURNAL, 106, rue Richelieu.
lARTICLE ROME
Cet article , porte, au Çode pénal, le
numéro 324, et se résiime én ces ter-
mes : ; :
: Dans le cas d'adultèrs, Jp^nxeurjtre, commis
par l'épauxsur son épouse, ainsi que sur te
complice, est èxëusàftte.' ;'
, 'Cè texte légalz dont l'actualité est
constante, est mis plus que jamais à
l'ordre du jour par les événements de
cette semaine. Outréla grâce récente do
'M. Deacon qui s'en était prévalu, les
Journaux débordent de commentaires;
sur les drames conjugaux qui viennent
de s'accomplir à des ètage3" divers de la
société. Hier, c'était le drame de Bercy;
avant-hier, e- était le drame, plus aristo-
cratique ment sitûéy de la rue Pergolèse.
De ces deux extrémités de da ville, la
vengeance maritale fait s'élever une
brume sanglante. ;
Certesi je ne crois pas qu'il y ait au""
cune chance ni Inoyen, avant longtemps
encore, de supprimer l'explosion des
passions- françaises ou étrangères. Et,
d'autre part, je souhaiterai toujours: que
l'appareil de la justice, en raison de sa
terrible force, s'appesantisse le moins
durement possible sur ceux-là mêmes
dont les actes auront été les plus durs
envers autrui. ,' -
• i Mais ce qui me paraît, tout à fait
monstrueux, intolérable, c'est que le lé-
gislateur ait introduit- une rubrique,
pour inviter, en quelque sorte, au meur-
tre,- une âme qui déjà n'y.peiise. peut-
être que trop; c'est qu'irait couru lé
risque de suggérer,, a cette dornière,
l'idee que son meurtre, excusé d'avance,
puisse aussi être double, et, par. suite^
plus complet, plus satIsfalsant. « Ainsi
que sur le Qûffîplice^Comjnen
vous alliez l'oublier ! Ne perdez pas de
vue qu'ils sont deux à tuer Tue-le!
Tue-la!.Pif, paf ! ; -
: Et cela, daris une lé, gislation pénale,
dont tous les efforts, , par' ainëurs^ sem-
blent tendre à sauvegarder la divine vie
KtLiïnîîïrei -'- - -
On sait bien que lorsque les coupables
sont déférés --au a plein
pouvoir de se prononcer en pleine con-
naissance de cause. Il peut dire blanc,
il peut dire noir; il peut dire que le noir
est blanc ; il peut absoudre, prononcer
la simple peine, ou l'aggraver, ou l'atté-
nuer. Voilà, ce me semble, des garais
ties suffisantes pour un accusé dont
l'avocat saura— devant dès jurés géné-
ralement mariés, quelquefois pis que
cela et pas contents, bref toujours
favorables au mari justicier — faire
valoir des défenses- qui s'inspirent de
l'honneur familial, de ; l'indignation,
légitime, de la colère souveraine.
Mais la loi, la froide loi qui, loin des
circonstances, nous parle de la-bas, pai-
siblement assise sur son socle depuis 1810.
par quel reste dé sauvagerie <
tomber alors, de ses lèvres de marbre ;
les paroles meurtrières, le conseil assas-
san, cet incroyable; langage, enfin, qui
est en contradiction avec tous les eprin-;
cipes civils ou religieux et avec ce pré-i
cepte fondamental - des sociétés : ; Tu ;
ne tueras point. :
Encore une foîïï7rfén n'empêche, tout
■permet, au contraire, d'approuver, par la
soiennité d'un verdict, l'époux sangui-
naire, it l'heure où il est appelé à ren-
dre compte de son action. Il convient
sans doute que l'atmos p hère de l'au-
dience soit pleine de pitié, de pardon
même, pour ceim qui est; souvent lai
vraie victime et le plus malheureux des;
trois. Mais ne professez l'indulgence;
que lorsqu'elle-ne peut plus être l'inspi-
ratrice directe d'un ou de deux crimes,!
e t se il i èmeïit quand l'attentât est çom-j
~i~. irréparable'. AprèS1'après F ?
'e qui dépasse les bornes dé l'eilten-
',¿te:.211t, c'est - cette sollicitude préven-
■;tiye.<.les textes consacrés, c'est.ce «petit
sohix) que prend "le Code envers une
,C;tt,Ó:.;-oric, d'homicides. De .telle, sorte
'qi!;:" Wrtôhiès fferis puissent lire, sur le
jugnuivieiit de leurs droits et de leurs
devoirs, qu'ils sont autorisés k verser le
s;m.-,- de.. !r>'1'" .semblables, et jouissent
répondre a leur conscience : C'est ma
loi qui m'en donne Tavis. Si bien que,
en giboyant sur des créatures humaines,
en mitraillant, en surinant,'cës gens se
sentent bons citoyens, bons pères de
famille, et peut-être aussi bont; époux.
k la rigueur. ,
Du reste, c'est à se demander si les
rédacteurs du Code pénal, en décidant
les quelques articles dont, est Composé
le titre II du livre III, nravaient pas
préludé a leur travail, ce jour-lk, par
unèjçct^ UAè^ir ro^duis'.dé Sadë..r
'Én effet, l'article B25. f qui suit immé-
, diatement celui dont, il est question en
ces lignes; es,t ainsi conçii: :
Le erime de castration, s'il à été immaédiate-
meut provoqué par un outrage violent à la
pudeur, sera considéré «omme : meurtre ou
blessures excusables.
Evidemmest, 3è a^entends pas plaider
la cause de ceux qu'attentent a des 4>u-
deurs publiques ou privées. Ce qui peut
leur arriver de désobligeant, dans leurs
divers genres d'entreprises, ïeùr rap-
pellera fort justement qu'il ne fallait
pas qu'ils y allassent;- i-i
Néanmoins, on croit rêver quand on
constate qu'une pareille formule des an-
tiques talions est venue sous la plume
- âes penseurs philanthropiques, cravatés
de blanc et de civilisation, qui commen-
cèrent de légiférer en l'an XII de la Rf
voluiion- française, et qui' mirent dix
années dè pr-ogrès croissant avant d'a-
voir parachevé leur tâcher"- i
Et les teriîiesiiins.inuants de cette dé-
Vision subsistent iéncore^anjonrd'fatii, fé-
roêes .et solitaires,-en-^te âç. d'un dii-
neuvième siècle de christianisme, dans
unyUp.de d où, tant de remaniements ont
tait peu h peii- disparaître d'autres ves-
tiges des âges de barbarie : le carcan
d'exposition, la. xnargjxe à l'écaule,
'section du poignet avant de guillotiner
.le parricide.
; SiJaioi a, eu le cœur d'envisager le
meurtré comme un expédient pour, dis-
soudre le mariage, au temps ou elle le
déclarait indissoluble, il n'en est plus de
même a nrésent.
Une fois que le divorce, voté par .les
Chambres, a permisi a l'époux offense
de reprendre envers l'autre son nom ;et
a liberté, son présent ét son avenir, le
maintien de rarticle 321 ne peufpius
apparaître que comme une concession
depldrabiêment faite aux pires, viblen-
ces d'égoïsine et de tyrannie.
Comment parmi tçois cents sénateurs
et six cents députés ne s'en est-il pas
trouvé un pour signaler l'article Rouge,
pour proposer que l'on rayât de nos
moeurs cette promesse'de bienveillance,
cette prime d indulgence à l'égard d'une
action qui,. devant la conscience éter-
nelle, oit certainement être un forfait,
une 0 lâcheté, un abominable fanatisme
de soi-même !
Conùnent personne n'a-t-il saisi l'oc-
casion si propice du débat où se réglait
le sort matrimonial, pour réclamer l'a-
brogation de cet article 324 qui sent la
poussière et le sang du moyen âge; la
jungle et l'alcool, qui est vIsigoth, os-
trogoth et chicago !
D'autant que cette réforme n'aurait en
rien, compromis les bénéfices de l'ac-
quittement final, auquel aspirent" natu-
rellement lés tueurs"de leur femme ou
du complice d'icelle. Le jury, je le ré-
pète, est toujours la, le jury débon-
naire qui sait bien, tout seul, comment
y..prendre.pour renvoyer, indemnes,
les vitrioleuses et autres, sans que la loi
ait spécifié dans quel cas cela pourrait
être excusable de vitrioler.
■' Toute la question était, et pour moi
elle reste, de protester contre l'étrange
initiative d'une disposition légale dont
la teneur facilite le projet d'attentats
contre des existences, "qui rend ces
attentatsiég-itimes dans la conviction po-
pulaire, et cpii, en ce pays où tout le
monde est reputé égal, confère aux uns
l'illusion de droits régaliens sûr la Vie
dès autres.
; À; ce su j et, l'on pourrait concevoir une
sorte de comédie légale, un petit drame
en fin acte, dont la moralité établirait,
par l'absurde, la démonstration de la
thèse que je viens de m'efforcer de
soutenir. ,
Le théâtre comporterait un intérieur
parisien, très parisien, avec tout ce qu'il
faut pour commettre l'adultère. C'est-a-
dire, avant tout, les deux complices. Le
logis, bien clos, ne laisse rien transpi-
rer de ses secrets au dehors; et rien du
dehors n'y peut pénétrer. Rien ni per-
sonne : saur le mari, assisté du commis-
saire, qui est lui-même assisté du serru-
rier. Or, le mari, qui sait son article 324
sur le bout du doigt, et a qui il ne mes-
s'ied point en la circonstance d'avoir
une teinte de fumisterie - dans le ca-
ractère, s'est fait policièremeiit ouvrir
le seuil de l'asile. Il s'avance, côte a côte
avec le commissaire, dont la présence
est une garantie contre toute violence
pour toutes les personnes, debout, assi-
ses ou couchées dans le ressort du quar-
tier. Cette garantie est la première de
toutes les garanties, la seule véritable
protection que l'Etat offre a ses sujets
dans les villes où il existe des commis-
sariats de police. A distance favorable
pour le vise, le mari ouvre d'une main son
Code, prie le commissaire de constater
le flagrant délit; et, désormais sûr de ce;
témoignage souverain, il sort un revol-
ver de sa poche, et tire jusqu'au bout
du rouleau, avant que son assistant offi-
ciel ait eu le loisir d'être revenu d'un
possible étonnement.
Actuellement, il n'y a rien à reprendre
en cela. C'est la loi qui à forcé la porte ;
c'est la loi qui a tracé la ligne de con-
duite suivie dans l'occurrence, et qui
fournit son représentant pour attester,
ensuite, que tout s'est passé de la façon
la plus correcte. Et sans doute l'on ne
doit alors que se plaire à distinguer pla-
nant comme un arc-en-ciei, au-dessus de
cette scène de carnage régulier, l'ê-
charpe du commissaire, symbole tuté-
laire.
PAUL HERVIEU.
NOS ÉCHOS
Aujourd'hui, à deux heures, courses à Saint-
Ouen. ;
NOS PRONOSTICS
Prix de Zama.,- Nisus.
Handicap de Zamora. — Luz. :
Prix du Zéphir. — Orouvtllaise.
Prix de l'Espoir. — Noctambule,
Prix de Zurieil. - Zéphyr.
L
es obsèques de S. A. R. le comte de
Trapani ont eu lieu hier, à midi, à Saiiit-
Philippe-du-Roule. Le deuil était conduit
par Mgr le comte de Çaserte, neveu et
gendre du prince défunt.
Reconnu dans l'assistance : les princesses
Antoinette et Caroline de Bourbon, Mme
la comtesse d'Eu, duchesse de Luynes, mar-
quise dè Dreux-Brézé, Mgr le duc de Ne-
mours, Mgr d'Aquila, Mgr le comte d'Eu,
Mgr de Bari, le comte Zichy, le comte André
Zamoyski, les princes Louis et Philippe de
Bourbon, Mgr Loutelli, Mgr Péri Morosini,
baron et baronne de Rothschild, prince
Zùrlo, général Magnan, général de Failly,
etc., etc.
Après la cérémonie, le corps a été trans-
porté au cimetière du Père-Lachaise pour y
être inhumé dans le caveau de la famille de
Bourbon.
D
ans la haute société de Naples'il n'est
question que de la rômanesaue histoire
-. C-', ¿ l~
de la comtesse Galàrte, une jeune et char-
mante patricienne, qui vient de s'enfuir avec
le fils du prince Zunica. 1
If a comtesse avait été mariée, contre son
gré, avec un riche prioprîétaire dé Napleè.
te coflite Gàiarte, mais u paraît <^u*ëùe n*a
j®» césister À JmqgI de celui qu'elfe aimait
xléjà avant son mariage, et tout dernière-
ment les deux amoureux partaient pour une
destination inconnue. Cependant on vient
d'apprendre que le couplé est à Florence,
où la comtesse, regrettant trop tard sa faute,
se serait .empoisQQnée et serait en dànger
de mort.
Cette affaire cause à Naples ùn scandale
énorme, la comtesse Galarte étant la fdle
du priùce de. Piedimente d'Aliffe, premier
gentilhomme, d'honneur de S. M. le roi d'I-
tâlië, et cliéf d'uiîe des plus nobles familles
dé la ville. ■ ',:
L
e comble du snobisme pour un Parisien :
Avoir sa maîtresse à Londres. -
p
(Uisqu'il est fortement question de Bau-
delaire en ce moment, rappelons que
1 auteur des & leurs du Mal s est présenté
une fois à l'Académie française. Il venait de
donner au public sa belle traduction d'Ed-
gard Poë et son recueil cle poésies, aujour-
d'hui si célèbre, lorsqu'il posa sa candida-
ture au fauteuil de Scribe, vers la fin de 1861.
Scribe, Baudelaire ! ô antithèse ! Quelque
chose comme Victor Hugo, opposé à Pon-
sard. N'importe! Le candidat fit ses visites
en conscience et vit successivement Lamar-
tine,de Sacy Villemain, Alfred deVigny, etc.
Dans une lettre de lui, des plus curieuses,
adressée à M. Ch. Asselineau: «Tâchez de
savoir, mon cher ami, écrit-il, non pas si je
puis mettre Euiile Augier de mon bord (je
crois cela impossible), mais si je puis me
présenter chez lui avec sécurité. y
Avec sécurité est une merveille !
L
e sculpteur Rodin, qui est chargé du
Ibusteà élever sur la tombe du poète dont
les excentriéités étonnaient tant au premier
abord — .excentricité de çosLume) excentri-
cité de langage, - aura peu de peine à re-
tracer ses trai £$.' Ses photographies sont plus
répândues qu'ont' veut bien le dire (Car-
jat était déjà inventé, de. ce temps), et l'une
des plus fidèles précède la dernière édition
des Pleurs du. fifal.
Au moral, Baudelaire a été ainsi décrit en
quelques lignes, par l'auteur de la Lor-
gnette littéraire, un de ses contemporains :
(<., Les lèvres serrées, un nez sensuel et
frémissant, des yeux brillants comme deux
gouttes dé café noir, une voix brève et cou-
pant les mots comme avec un couteau de
boulanger, voilà M. Baudelaire. Sa person-
nalité est inséparable de son talent. »
M
me Lahovary, femme du ministre de
Roumanie, quittera Paris ce soir par
l'Orient-Express. Elle se rend à Bucarest.
h
es prochains mariages. Complétons la
diste que nous avons publiée hier :
On annonce le mariage du vicomte de
Chavigny, directeur des haras de la Haute-
Savoie, avec Mlle Schlesinger, dont le
père était médecin de la cour d'Autriche ;
celui de M. Elie de Beaumont, lieute-
nant au Se cuirassiers,. avec Mlle Fournier
Sarlovèze,fille 4 de M. Fournier Sarlo-
vêze qui fut préfet 'sous le Maréchal et
petite-fille du ccn-ita paf-tr -
de France. Enregistrons aussi l'union de
vicomte Pierre de Lambespin, lieutenant atr
20C chasseurs, avec Mlle d'Andigné, fille du
la comtesse d'Andigné, née de Croix, e:
celle de M. Guy -e Francqueville avec
Mlle Bian.
Cette - série de brillants mariages a
été inaugurée hier même à' Saint- Tho-
mas-d'Aquin, par celui de M. Louis Goury
de Rostan, ingénieur civil de l'Etat, frère
du baron Goury de Rostan, qui épouse Mlle
Hachette, fille de l'éditeur bien connu.
-0
n a reçu, hier, au ministère de la guerre
le rapport des arbitres sur les opérations
des régiments mixtes pendant les dernières
manoeuvres.
Cj
eorge Sand était républicaine. Lisez
plutôt :
« bi vous proclamez la République pen-
dant mon absence, prenez tout ce qu'il y a
chez moi, ne vous gênez pas; j'ai des terres,
donnez-les à ceux qui n'en ont pas ; j'ai un
jardin, JaitêS-Y, paître vos chevaux ; j'ai une
maison, faites-en un hospice pour vos bles-
sés; j'ai du vin, buvez-le; j'ai du tabac,
fumez-le; j'ai mes œuvres imprimées, bour-
rez-en vos fusils. Il n'y a dans tout mon
patrimoine que deux choses dont la perte
me serait cruelle : le portrait de ma vieille
grand'mère et six pieds carrés de gazon
plantés de cyprès et de rosiers. C'est là
qu'elle dort avec mon père. Je : mets cette
tombe et ce tableau sous la protection de la
République, et je demande qu'à mon retour
on m'accorde une indemnité, savoir : une
pipe, une plume et de l'encre, moyennant
quoi je gagnerai ma vie joyeusement e lais-
serai le reste de mes jours à écrire ce que
vous avez si bien fait. »
Ceci est tiré des Lettres d'un Voyageur.
Parts, 1837. des Lettres d'un Voyageur
De nos jours, Séverine, elle aussi, serait
capable, comme George Sand, de donner
aux malheureux tout ce qu'elle possède.
Mais voilà, elle ne fume pas la pipe.
1
1 faut combattre la dépopulation, déclare
sentencieusement M. Tules Simon dans un
salon de la rive gauche. Et le meiUêiir
moyen, pour les maris, d'avoir des ehîan ts,
est, ajoute-t-il, de ne point faire d'infidélités
à leurs femmes. ,- ",,'
— Cela s'appelle mettre tous ses œufs
dans le ménie panier, fait remarquer le Ribi,
cet émule de Boireau que l'on a impru-
demment invité.
E
n ce moment où la science agricole fait
tant de progrès, nous rrnvnns - c;i-
gnaler à nos lecteurs ladécouverte importante
d'un produit dont on dit le plus grand bien.
Nous voulons parler du nouveau chaulage
universel t « le Germinatear » du docteur
Quarante. Les attestations élogieuses. pro-
venant de cultivateurs ayant fait l'essai de
ce produit se comptènt par milliers.
0'
n se demandait ce qu'était devenue Emi- -
lienne d'Alençon. La petite duchesse
est en ce moment à Fontaîn«hLfvau où elle
file le parfait amour, pour le plus grand dé-
sespoir de sa mère, Mme d'Alençon douai-
rière, laquelle n'est pas pour le sentiment.
Ainsi, Emilienne, qui fut si fêtée, si
choyée, aime à son tour : son petit cœur
est pris ! Cela prouve qu'en France tout
finit par des béguins, 'comme dit Yalti, la
charmante Valti, la divette adorée du pu-
blic parisien.
E
ntre fauteuil, d'orchestre au Drame pa-
r risiÓl. -,
— Est-elle séduisante, cette Darlaud !
Jusque dans cette sobre toilette de cour
d'assises, elle trouve encore moyen d'être
irrésistible.
— Qui, le charme à jais continu.
-4
L
a blonde Antoinette D. a une façon bien
.imprévue de déjouer les projets de ses
adorateurs. Comme, tout récemment, deux
de nos plus élégants clubmen se trouvaient
chez elle à une heure avancée de la nuit et
avec dès intentions combatives, Antoi-
nette fit avec ses hôtes le pari d'appeler,par
la fenêtre, le premier passant et de lui ac-
corder une hospitalité complète.
Le pari fut tenu et la blonde enfant prit
son poste d'observation.Bientôt, on enten-
dit monter. Les deux clubmen riaient per-
suadés que la plaisanterie n'irait pas jus-
qu'au bout.
Hélas ! lorsqu'ils sentirent le doute, l'af-
freux doute mordre leur cœur, il était trop
tard,. Antoinette D. était déjà enfermée
dans sa chambre.
Mais la plus heureuse fut encore la femme
de chambre qui tira les marrons du feu, en
cç sens qu'elle quitta la maison en même
temps que les deux clubmen.
L
'une des liqueurs les plus. agréables, qui
constitue en même temps un tonique des
plus efficaces, le rhum Hurard a été le grand
succès de la saison. On ne s'était habitué
jusqu'ici à le considérer .que comme le meil-
leur et le plus parfait des digestifs. L'expé-
rience a démontré, pendant la période de
choléra que nous avons subie, et qui malheu-
reusement n'a pas encore dit son dernier
mot, quels services il peut rendre au point de
vue thérapeutique. C'est le complément
indispensable de tout bon repas;
NOUVELLES A LA MAIN
Le célèbre dentiste P*** vante ses talents.
Jamais l'or qu'il enfouit dans les mâchoires
qu'il soigne ne quine ses repaires. Pourtant,
l'un de ses clients se plaint de ce qu'une
parcelle du précieux métal, un soir, dans un
dîner, ait glissé sur la nappe.
— A quelle époqufe votre dent a-t-elle été
par moi aurifiée ?
- Dame! il y a bientôt cinq ans.
— E'h ! bien, réplique le célèbre praticien,
ce sont les intérêts. à 3 0/0.
Relevé dans un journal de province, ren-
dant compte en même temps du choléra et
de la fête populaire du 22 septembre :
"- ,A.,-! Les fêtes se sont continuées avec un
entrain tout particulier\ 0ti n'a
cessé de régner toute la nuit. »
UN DOMINO ROSE.
fiimi LECTEUR
Je m'adresse a celui-la que les auteurs
démodés tutoient dans leurs préfaces ;
vraiment, le lècteur n'est-il pas pour
nous comme une maîtresse, cette « moi-
tié d'orange, que les garçons de Cadix
cherchent K travers le vaste monde ? Il
en est des écrivains comme des amou-
reux : ceux qui se mettent en chasse
sans savoir précisément quel gibier ils
poursuivent, quel idéal les précède sur
la route, arriveront bredouilles au bout
de leur effort. Le succès est a l'amant
qui dit a la femme rencontrée :
— «Tu es à moi. Je t'ai espérée, je
« t'ai cherchée. Je te rencontre. La pan-
« touffe de verre allait au seul pied, de
« Cendrillon. Toi, tu es l'Unique qui
« combles le vide douloureux de mon
« cœur. Tu es a moi. »
Donc, à travers ce brouillard du papier
que la brume d'hiver va tout à lTieure
faire floconner entre tes mains — à tra-
vers la sarabande des lettres noires, je
cherche a deviner ton âme, a rencon-
trer ton regard, Lecteur, qui demain
seras notre ami. Je voudrais savoir tes
rêves pour les partager, connaître tes
déceptions pour jeter sur elles la bonne
graIne, qui poussera comme le gazon
d'avril sur le lit des feuilles mortes. Je
voudrais connaître le désir de ton cœur
k la minute où l'attente humaine ne tesuf-
fit plus, où tu cherches l'oubli de ce qui
est dans la compagnie de nos songes.
Et, comme dans ces verras mystérieux
où le même paysage apparaît fIn tiiie
seconde sous le manteau de® quatre sai..
sons, Je t'aperçois, Lècteur Ami, aux
âges divers de ta yie et de ta fortune,
dans ta,Guâinbre d'étudiant, dans ton
logis d'artisan, près de la lampe fami-
liale, sôus le bec de. gaz du café, sur lè
drap brodé de la mondaine qui, flâneu-
se, le matin, dans son lit, veut connaître
la pensée, la souffrance, la gloire, les
amours de son Paris.
Tu as tout d'abord le visage de ma
jeunesse, celle qui a commencé, presque
au collège, sur les livres éteunels dont
les sots se moquent, mais qui font l'es-
prit plus rêveur, le cœur plus profond.
Dans ce temps-la, à côté des sagesses
anciennes, des expériences vécues par'
les hommes d'autrefois, dont nous étions
nourris comme d'un lait coneentré etfort,
le Journal était pour nous le grand livre
de la vie, de la passion vivante, le fris-
son de la feuille de mai. II montait dans
nos chambres d'étudiants avec le « crois-
sant » de sepi heures, — chauds tous les
deux du four et des presses, Que de fois,
quand ma bourse tout &-
condamné à choisir, j'ai préféré le jours
nal d'un sou au petit pain d'un sou ! Et
pourtant, il était sot le journal d'un sou,
dans ce temps-la. Il avait honte de sa
clientèle de pauvres. Il se faisait tout
petit pour entrer. Il affirmait brutale-
ment; il aboyait; il ignorait lesnuances.
Il avait des lunettes d'instituteur, une
redingote de raté.
Ah! si l'on nous avait dit dans ma
jeunesse que le journal à un sou nous,
apporterait la pensée des artistes, la
grâce des vivantes histoires, la séduc-
tion de la beauté, comme nous aurions
sacrifié, tous les jours, le petit pain d'un
sou qui ne faisait chaud qu'aux ventres,
pour le journal d'un sou qui aurait ras-
sasié nos cœurs.' -
Oui, le beau mot d'« égalité » n'est pas
seulement écrit sur les vieilles pierres
des édifices publics : il sort du rêve, il
deviènt la vérité qu'on touche. Tant
d'écoles ouvertes, tant de livres feuille-
tés, le soleil entré par les fenêtres plus
larges de la «petite classe» ontaffinè l'es-
prit de l'artisan et son rêve d'art. J'en
appelle à tous les matineux qui montent
le matin dans des trains d'aurore. Ils
n'ont vu que deux catégories de jour-
naux dans les main des ouvriers : ceux
qui sonnent la charge brutale contre
toutes les bastilles ; — ceux qui dans la
tristesse rude du travail, dans les jours
gris où l'espérance ne luit pas a 1 hori-
zon, endorment les vrais chagrins avec
les belles fictions, avec des récits de vies
heureuses que l'on n'envie point puisque
leurs héros n'ont pas vécu, mais qui,
tout de même, fortifient l'espoir dans
l'existence terrestre de l'amour et de la
justice..
L'appétit du lecteur artisan devant le
« supplément littéraire »; la lecture des
wagons de seconde classé, à la lueur
tremblotante du lumignon dans la fumée
des pipes indiquent que l'heure était ve-
nue de créer le journal, littéraire à un
sou.
Littéraire, Ami Lecteur, entends-tu
bien ? littéraire
A cette minute de délassement où en-
tre les affaires de la matinée et les affai-
res du jour tu viens t'asseoir à la table
d'un café ou d'un cercle pour respirer
un peu d'air, pour ouir passer la rue,
nous ne te ressasserons pas longuement
tous les bavardages de cette maison de
paroles politiques qui est bâtie là-bas,
de l'autre côté de l'eau. Nous estimerons
que c'est, comme tant d'autres scènes de
Paris un théâtre où l'on donne, de temps
en temps, une grande première qui t'in-
téresse, mais dont l'ordinaire répertoire
est usé, joué par des cabotins mé-
diocres.
Nous aimerons mieux te parler de ton
cœur. Nous évoquerons pour toi les
belles maîtresses que tu pourras possé-
der en une heure de rêverie et qui te
consoleront de la vie plate. Nous se-
rons ton rendez-vous, ton confesseur.
Sans cruauté, sans tristesse, sans brû-
lure de fer guérisseur, nous entretien-
drons chez toi, à côté des bonnes son-
geries d'amour et de jeunesse, ces iro-
nies qui consolent, au jour de la trahi-
son.
Et tu auras la volupté de songer que
presque en même temps que toi, dans le
demi-jour de son alcôve, une deces Pa-
risiennes auxquelles tu songes parfois
comme aux messagères divines qui mè-
nent de la Terre aux Paradis, caresse de
ses yeux de velours cette page que tu lis
toi-même. Sa pensée s'arrête avec la
tienne sur les lignes qui font songer.
Elle se souvient. Elle compare. Elle at-,
tend. Qui sait? Peut-être toi. D'ailleurs,
quand vos routes seraient différentes,
quand jamais vos mains ne devraient se
toucher au divin carrefour, n'est-ce,
rien de vous être connus aimés, possé-
dés, dans cette divine cité de l'art dont'
tous les matins nous vous ouvrirons les
portes, la cité où dans des auberges do-
rées, tous les nobles appétits se rassa-
sieront? les no les appétits se rassa-
En attendant l'autre maison de lu-
mière—celle où il n'y aura plus ni
pauvres, ni disgraciés, ni étudiants sans
pain, ni ouvriers sans espoir, ni lutteurs
sans victoires, ni femmes sans amour,
nous t'ouvrons, Ami Lecteur, le paradis
de l'Art. Nous te l'ouvrons à deux bat-
tants, sans te demander à la porte quel
habit tu portes.
Entre.
La Beauté a été inventée pour faire
prendre patience aux hommes, en atten-
dant la Justice.
HUGUES LE ROUX.
FABLES SANS MORALE ;
LE GRILLON ET L'ARAIGNÉE
Le poète est couché, à plat ventre, dans
l'herbe, et s'il n'en mange pas déjà, il en mâ-
che. Il a le nez sur un trou de grillon certaine-
ment habité, comme l'indiquent de petites
graines noires, les fraîches crottes du seuil. Au
moyen d'un brin d'herbe sec il tente, en l'aga-
çant, de faire sortir le grillon.,
Parfois celui-ci montre sa fine tête et rentre.
Le poète se dissimule et chatouille plus vi-
vement. ■ ■
,Le grillon remonte, hésite, se décide, fait un
saut hors de sa demeure. : il est pris;
!'-" N'aie pas peur, dit le poète, on" va jouer
tous deux.
II le relâche, le laisse aller. Le grillon libre
disparaîtrait sous les hautes herbes. Deux doigts
le pincent à temps : le voilà sur le dos.
Le poète étudie son abdomen brun, le jeu
des pattes cirées et s'émerveille des dents,
scies délicates, inimitables par l'industrie hu-
maine. Il le retourne et le grillon suit le bord dé
la main, culbute au creux, se relève, court au
bout d'un doigt et s'y tient coi. -
— On s'amuse, hein ! petit ? dit le poète.
Enfin il le met dans son chapeau, croise les
jambes, et rêveur, vite attendri, ;regarde se
coucher le soleil. l ;
Est-ce beau! ,
Ses bras s'écartent d'eux-inêaieigi 'et nagent
vers l'horizon, où fume encore le soleil refroidi.
vers l'horizon, te grillon, un moment fetoitl,.
Cependant le gn, uc~moment ¡éJott4,j
quitte la ■ doublais^ c&~e~~o~~ç rer ;
connaissance hardie, expiofè jçs ténèbres,
quête parmi les touffes de cheveux, enfile des
boudes, et, quand il passe aux places dénu-
dées, s'arrête et gratte, par habitude, de toutes
ses pattes, pour creuser un trou.
Le poète jouit finement où ça le démange.
Il a les yeux pleins de lumière, et, dans son
chapeau, unefaible petite bête captive qu'il af-
franchira, tout à l'heure, avec pompe.
Il voudrait parler comme il sent, se réciter
des vers inouïs, jeter un cri. dont frissonnerait,
d'échos en échos, la nature entière. Il peut s'é.
mouvoir, puisqu il est seul, et que personne ne
rira.
Mais soudain le grillon cesse de gratter : II
vient d'entendr.e;quelque chose, et surpris, les,
antennes droites, il écoute.
Il ne s'est pas trompé :
En dessous, de ,l'autre _côté du plafond, on
gratte aussi.
Veine! , -"
C'est l'araignée -du poète qui s'éveille et ré*
pond.
JULES RENARD.
Grandcslanmuvrcs
Par GYP
Au château des Créneaux, chez hl
marquis et la marquise de Recta.
M. DE RECTA; MMO DE RECTA; LETTU FILS ALDEDERT..
I.E'C"lt FILLE MAEIE-AMÉLIE ; MONSIEUR L'AIÎBK
(le précepteur d'Aldebert), ét MADEMOISELLE
(l'institutrice de Maric-Amélie), achèvent do
déjeuner.
M. DE RECTA, 53 ans, fait encore un
certain effet, vu d'un peu loin. Grand ;
mince; très correct. Education remar-
quable. Intelligence au-dessous de-la
moyenne. Peu de convictions, énormé-
ment de préjugés. Ne tutoie pas ses en-
fants. - J'ai causé ce matin sur la
route avec le brigadier de gendarme-
rie. il paraît certain que Saint-Cio-
dion-sur-Eeluse sera le centre des opé-
n, tioiis
ALDEllERT, 19 ans. Pâle; très mince j
très mou. Cœur excellent. Attitude res-
treinte. «Avec conviction.)- Ah!. tant
mieux. ça nous distraira!.
M. DE RECTA, — Mais c'est très gê-
nant, au contraire!.,: Nous allons avoir
des logements en masse. et si, par ha-
sard. il nous arrivait précisément da
monde à ce moment-là.
MARIE-AMÉLIE, 15 ans, drôle, ébourif-
fée, impertinente, tout a fait xxe siècle,
a l'air d'être l'enfant d'une autre fa-
mille. — Du monde???.
M. DE RECTA, — Eh ! bien, oui. des
invités.
MABIE-AMIÎLTE (riant-). — Ah!, zut! Y
n' viennent jamais, les -invités !.
MADEMOISELLE, 30 ans, assez jolie.L'air
comme il faut, des bandeaux à la Vierge,
regarde rarement en face. — Je vous ai
dit cent fois, ma chère enfant, de ne paS
employer de ces mots grossiers. -
Mmo DE RECTA, 40 ans, maigre, distin*
guée, très élégante. L'air austère, beau-
coup de vanité, énormément de tenue,
très peu.de cœur, adore le monde, ne
tutoie pas ses enfants. - Des mots
abominables-, n'est-ce pas, monsieur
l'Abbé?.
L'ABBÉ, 45 ans. Une bonne figure ré-
jouie et fraîche. L'aspect d'une gvrossê
pomme rouge. (D'un ton eawilmnt.)
— Mon Dieu, Madame la Marquise,
zut n'est pas, en soi, un mot. abomia»-
ble. il est tîertamemeïiLpréférable que
MIÎC Marie-Amélie ne remploie pas Íf';;.
fréque-ument, mais enfin. , ,'
MiVRiÉ-AnîÉLri:. —' - Ici. ~?l'Abbé!;- Vous êtes gentil i.
M. DE RECTA. —-En vérité, ce"tve fàcoa
de parler a M. l'Abbé.
L'AEDH. - ^Laissez donc, Monsieur 1$
Marquis, laissez'donc !.
M. DE LIEC^A. -— Mais non !. C'est ea
laissant se perdre les vieilles façon s' cl^.
la bonne compagnie qu'on en arrive 'où
nous eiLsoinmey., ;
ALDEBEBT. -T OÙ en sommes-nous V.0
M. DE RECTA. — Eh ! bien, mais. là
République qui se consolide. le socia-
lisme qui s'infiltre. le.
ALDEBEET-. , —. ALI ! bon!. bon "L..
j' pense jamais à tout ça, moi !.
M. DE RECTA (sévère). — C'est un tort!,..
Vous devriez y penser toujours !.
MARIE-AMÉLIE. — C'est ça qui serait
rigolo !.
MADEMOISELLE. -— Comment!.:, à l'ins-
tant où je viens de vous faire observer
l'inconvenance de.
Mme DE RECTA (à M. de Recta). — Vous
disiez tout à l'heure : « S'il venait da
monde pendant les manœuvres? » ét
JUStement, il en vient!.
ALDEBÉRT (ahuri). -— Non !. pas pos-
sible.
M. DE RECTA (surfis).-*"Ilenvient?.^
Qui donc?.
M"16 DÎF RECTA. — Les Bélabrv et les
d'Hoasys. oui, du moins,' Mme d'Hoa-
SYS. • j
0/ M. DE RECTA (ram). — Les Délabry et
Mme d'Hoas"vs. Comment savez-vun!f
ca ?. ,
DE - J'ai reçu LÉS lettres,
hier, et comme vous n'Criés revenu e
chez les d'Oyselet ce matin, je L'ai
pas pensé à. i
M. DE B^ÎÔTA. - Ca vaut pourtant
q ù'on'v r ense" '*
MARIE-AMÉLIE. — Ah ! j'te xfofe!:..
(tout le monde la regarde avec décJ:>i-
ratjement.) ",
M. DE RECTA (suivant son ide?). — Ét
quand arrivent-ils ?.
- MAE DÉ RECTA. — MU0 d'Hoasys îa s(t-
maine prochaine. Quant aux Dshbr;y.
la date n'est pas encore fixée. M. (¡of
Bélabry qui liVécrit, me dit que dés q'jâ
sa femme aura décidé le jour de letir é-
part, il m'ayertiBa.
M. DE RECTA. - Ils vont tomber en
plein dans les .manoeuvres
sement, nous avons beaucoup de pi^
cé !. (À Marie-Amélie qui rit.) IL0ur-
quoi
MABI^-AMÉLIE.—J'ris parcJque j'pensa
à c'que;'ça serait cocasse, si tous lea
ens qtf Vous avez invités avaient l'idée
d'vénir une fois tous ensemble. Cajr,
vous en avez invité un fort stock à v,.
nir aux Créneaux, hein?..
.'1I.lt\",!~ ,.;\ 'Qh. d.u" 'A'J..
~> d^o,..
avez invités avant moi!..» pans eart^!
FERNAND XAU p
~-1 --' ■ ;_v .Direètëur - ; --"■••■- |!
;KfeDACTib4r' •/'?v * h j
ÎÀÊ. RUE. RICHELIEU, !PARIS l,
Prix des ÀhQiœezaents j
'- -. cÜ. Sit'Jfais Ito~go~BtI~
: E4 Ai SLx'Moîs Tfo&Mois Oï'ljir
PARIS. 20. » 10.50 5.50 3 K
DÉPARTEMENTS ET ALGÉRIE 25. » 13. » 7. » 2.50.
ÉTRAN'G'ER(U^FROKPOSTAËE) 35. » 1-8;-J1-;t-&:-.-9,5P'
Les [manuscrits non , 'insérés ne. sont pas f endus.
'¡. Adresser les mandats-posfc à M. ['A dmnÙsirdteur. i .:
LE JOURNAL
Quotidien, Littéraire, Artistique et PoHtiquëf Ï
'rE'RNA'~[)' XAU
FERNAND) XAU ;. v
Directeur
A,33:MIXISri3TJS.A.TIOISr
106, RUE RICHELIEU, PARIS
Annonces, Réclames et Faits Divers
CHEZ LAGRANGE, CERF ET C".
6, PLACE DE LA BOURSE
et dans les bureaux du JOURNAL,
Adresse télégraphique : JOURNAL-RICHELIEÙ-PARIS
Publicité de première et deuxième page
aux bureaux du JOURNAL, 106, rue Richelieu.
lARTICLE ROME
Cet article , porte, au Çode pénal, le
numéro 324, et se résiime én ces ter-
mes : ; :
: Dans le cas d'adultèrs, Jp^nxeurjtre, commis
par l'épauxsur son épouse, ainsi que sur te
complice, est èxëusàftte.' ;'
, 'Cè texte légalz dont l'actualité est
constante, est mis plus que jamais à
l'ordre du jour par les événements de
cette semaine. Outréla grâce récente do
'M. Deacon qui s'en était prévalu, les
Journaux débordent de commentaires;
sur les drames conjugaux qui viennent
de s'accomplir à des ètage3" divers de la
société. Hier, c'était le drame de Bercy;
avant-hier, e- était le drame, plus aristo-
cratique ment sitûéy de la rue Pergolèse.
De ces deux extrémités de da ville, la
vengeance maritale fait s'élever une
brume sanglante. ;
Certesi je ne crois pas qu'il y ait au""
cune chance ni Inoyen, avant longtemps
encore, de supprimer l'explosion des
passions- françaises ou étrangères. Et,
d'autre part, je souhaiterai toujours: que
l'appareil de la justice, en raison de sa
terrible force, s'appesantisse le moins
durement possible sur ceux-là mêmes
dont les actes auront été les plus durs
envers autrui. ,' -
• i Mais ce qui me paraît, tout à fait
monstrueux, intolérable, c'est que le lé-
gislateur ait introduit- une rubrique,
pour inviter, en quelque sorte, au meur-
tre,- une âme qui déjà n'y.peiise. peut-
être que trop; c'est qu'irait couru lé
risque de suggérer,, a cette dornière,
l'idee que son meurtre, excusé d'avance,
puisse aussi être double, et, par. suite^
plus complet, plus satIsfalsant. « Ainsi
que sur le Qûffîplice^Comjnen
vous alliez l'oublier ! Ne perdez pas de
vue qu'ils sont deux à tuer Tue-le!
Tue-la!.Pif, paf ! ; -
: Et cela, daris une lé, gislation pénale,
dont tous les efforts, , par' ainëurs^ sem-
blent tendre à sauvegarder la divine vie
KtLiïnîîïrei -'- - -
On sait bien que lorsque les coupables
sont déférés --au a plein
pouvoir de se prononcer en pleine con-
naissance de cause. Il peut dire blanc,
il peut dire noir; il peut dire que le noir
est blanc ; il peut absoudre, prononcer
la simple peine, ou l'aggraver, ou l'atté-
nuer. Voilà, ce me semble, des garais
ties suffisantes pour un accusé dont
l'avocat saura— devant dès jurés géné-
ralement mariés, quelquefois pis que
cela et pas contents, bref toujours
favorables au mari justicier — faire
valoir des défenses- qui s'inspirent de
l'honneur familial, de ; l'indignation,
légitime, de la colère souveraine.
Mais la loi, la froide loi qui, loin des
circonstances, nous parle de la-bas, pai-
siblement assise sur son socle depuis 1810.
par quel reste dé sauvagerie <
tomber alors, de ses lèvres de marbre ;
les paroles meurtrières, le conseil assas-
san, cet incroyable; langage, enfin, qui
est en contradiction avec tous les eprin-;
cipes civils ou religieux et avec ce pré-i
cepte fondamental - des sociétés : ; Tu ;
ne tueras point. :
Encore une foîïï7rfén n'empêche, tout
■permet, au contraire, d'approuver, par la
soiennité d'un verdict, l'époux sangui-
naire, it l'heure où il est appelé à ren-
dre compte de son action. Il convient
sans doute que l'atmos p hère de l'au-
dience soit pleine de pitié, de pardon
même, pour ceim qui est; souvent lai
vraie victime et le plus malheureux des;
trois. Mais ne professez l'indulgence;
que lorsqu'elle-ne peut plus être l'inspi-
ratrice directe d'un ou de deux crimes,!
e t se il i èmeïit quand l'attentât est çom-j
~i~. irréparable'. AprèS1'après F ?
'e qui dépasse les bornes dé l'eilten-
',¿te:.211t, c'est - cette sollicitude préven-
■;tiye.<.les textes consacrés, c'est.ce «petit
sohix) que prend "le Code envers une
,C;tt,Ó:.;-oric, d'homicides. De .telle, sorte
'qi!;:" Wrtôhiès fferis puissent lire, sur le
jugnuivieiit de leurs droits et de leurs
devoirs, qu'ils sont autorisés k verser le
s;m.-,- de.. !r>'1'" .semblables, et jouissent
répondre a leur conscience : C'est ma
loi qui m'en donne Tavis. Si bien que,
en giboyant sur des créatures humaines,
en mitraillant, en surinant,'cës gens se
sentent bons citoyens, bons pères de
famille, et peut-être aussi bont; époux.
k la rigueur. ,
Du reste, c'est à se demander si les
rédacteurs du Code pénal, en décidant
les quelques articles dont, est Composé
le titre II du livre III, nravaient pas
préludé a leur travail, ce jour-lk, par
unèjçct^ UAè^ir ro^duis'.dé Sadë..r
'Én effet, l'article B25. f qui suit immé-
, diatement celui dont, il est question en
ces lignes; es,t ainsi conçii: :
Le erime de castration, s'il à été immaédiate-
meut provoqué par un outrage violent à la
pudeur, sera considéré «omme : meurtre ou
blessures excusables.
Evidemmest, 3è a^entends pas plaider
la cause de ceux qu'attentent a des 4>u-
deurs publiques ou privées. Ce qui peut
leur arriver de désobligeant, dans leurs
divers genres d'entreprises, ïeùr rap-
pellera fort justement qu'il ne fallait
pas qu'ils y allassent;- i-i
Néanmoins, on croit rêver quand on
constate qu'une pareille formule des an-
tiques talions est venue sous la plume
- âes penseurs philanthropiques, cravatés
de blanc et de civilisation, qui commen-
cèrent de légiférer en l'an XII de la Rf
voluiion- française, et qui' mirent dix
années dè pr-ogrès croissant avant d'a-
voir parachevé leur tâcher"- i
Et les teriîiesiiins.inuants de cette dé-
Vision subsistent iéncore^anjonrd'fatii, fé-
roêes .et solitaires,-en-^te âç. d'un dii-
neuvième siècle de christianisme, dans
unyUp.de d où, tant de remaniements ont
tait peu h peii- disparaître d'autres ves-
tiges des âges de barbarie : le carcan
d'exposition, la. xnargjxe à l'écaule,
'section du poignet avant de guillotiner
.le parricide.
; SiJaioi a, eu le cœur d'envisager le
meurtré comme un expédient pour, dis-
soudre le mariage, au temps ou elle le
déclarait indissoluble, il n'en est plus de
même a nrésent.
Une fois que le divorce, voté par .les
Chambres, a permisi a l'époux offense
de reprendre envers l'autre son nom ;et
a liberté, son présent ét son avenir, le
maintien de rarticle 321 ne peufpius
apparaître que comme une concession
depldrabiêment faite aux pires, viblen-
ces d'égoïsine et de tyrannie.
Comment parmi tçois cents sénateurs
et six cents députés ne s'en est-il pas
trouvé un pour signaler l'article Rouge,
pour proposer que l'on rayât de nos
moeurs cette promesse'de bienveillance,
cette prime d indulgence à l'égard d'une
action qui,. devant la conscience éter-
nelle, oit certainement être un forfait,
une 0 lâcheté, un abominable fanatisme
de soi-même !
Conùnent personne n'a-t-il saisi l'oc-
casion si propice du débat où se réglait
le sort matrimonial, pour réclamer l'a-
brogation de cet article 324 qui sent la
poussière et le sang du moyen âge; la
jungle et l'alcool, qui est vIsigoth, os-
trogoth et chicago !
D'autant que cette réforme n'aurait en
rien, compromis les bénéfices de l'ac-
quittement final, auquel aspirent" natu-
rellement lés tueurs"de leur femme ou
du complice d'icelle. Le jury, je le ré-
pète, est toujours la, le jury débon-
naire qui sait bien, tout seul, comment
y..prendre.pour renvoyer, indemnes,
les vitrioleuses et autres, sans que la loi
ait spécifié dans quel cas cela pourrait
être excusable de vitrioler.
■' Toute la question était, et pour moi
elle reste, de protester contre l'étrange
initiative d'une disposition légale dont
la teneur facilite le projet d'attentats
contre des existences, "qui rend ces
attentatsiég-itimes dans la conviction po-
pulaire, et cpii, en ce pays où tout le
monde est reputé égal, confère aux uns
l'illusion de droits régaliens sûr la Vie
dès autres.
; À; ce su j et, l'on pourrait concevoir une
sorte de comédie légale, un petit drame
en fin acte, dont la moralité établirait,
par l'absurde, la démonstration de la
thèse que je viens de m'efforcer de
soutenir. ,
Le théâtre comporterait un intérieur
parisien, très parisien, avec tout ce qu'il
faut pour commettre l'adultère. C'est-a-
dire, avant tout, les deux complices. Le
logis, bien clos, ne laisse rien transpi-
rer de ses secrets au dehors; et rien du
dehors n'y peut pénétrer. Rien ni per-
sonne : saur le mari, assisté du commis-
saire, qui est lui-même assisté du serru-
rier. Or, le mari, qui sait son article 324
sur le bout du doigt, et a qui il ne mes-
s'ied point en la circonstance d'avoir
une teinte de fumisterie - dans le ca-
ractère, s'est fait policièremeiit ouvrir
le seuil de l'asile. Il s'avance, côte a côte
avec le commissaire, dont la présence
est une garantie contre toute violence
pour toutes les personnes, debout, assi-
ses ou couchées dans le ressort du quar-
tier. Cette garantie est la première de
toutes les garanties, la seule véritable
protection que l'Etat offre a ses sujets
dans les villes où il existe des commis-
sariats de police. A distance favorable
pour le vise, le mari ouvre d'une main son
Code, prie le commissaire de constater
le flagrant délit; et, désormais sûr de ce;
témoignage souverain, il sort un revol-
ver de sa poche, et tire jusqu'au bout
du rouleau, avant que son assistant offi-
ciel ait eu le loisir d'être revenu d'un
possible étonnement.
Actuellement, il n'y a rien à reprendre
en cela. C'est la loi qui à forcé la porte ;
c'est la loi qui a tracé la ligne de con-
duite suivie dans l'occurrence, et qui
fournit son représentant pour attester,
ensuite, que tout s'est passé de la façon
la plus correcte. Et sans doute l'on ne
doit alors que se plaire à distinguer pla-
nant comme un arc-en-ciei, au-dessus de
cette scène de carnage régulier, l'ê-
charpe du commissaire, symbole tuté-
laire.
PAUL HERVIEU.
NOS ÉCHOS
Aujourd'hui, à deux heures, courses à Saint-
Ouen. ;
NOS PRONOSTICS
Prix de Zama.,- Nisus.
Handicap de Zamora. — Luz. :
Prix du Zéphir. — Orouvtllaise.
Prix de l'Espoir. — Noctambule,
Prix de Zurieil. - Zéphyr.
L
es obsèques de S. A. R. le comte de
Trapani ont eu lieu hier, à midi, à Saiiit-
Philippe-du-Roule. Le deuil était conduit
par Mgr le comte de Çaserte, neveu et
gendre du prince défunt.
Reconnu dans l'assistance : les princesses
Antoinette et Caroline de Bourbon, Mme
la comtesse d'Eu, duchesse de Luynes, mar-
quise dè Dreux-Brézé, Mgr le duc de Ne-
mours, Mgr d'Aquila, Mgr le comte d'Eu,
Mgr de Bari, le comte Zichy, le comte André
Zamoyski, les princes Louis et Philippe de
Bourbon, Mgr Loutelli, Mgr Péri Morosini,
baron et baronne de Rothschild, prince
Zùrlo, général Magnan, général de Failly,
etc., etc.
Après la cérémonie, le corps a été trans-
porté au cimetière du Père-Lachaise pour y
être inhumé dans le caveau de la famille de
Bourbon.
D
ans la haute société de Naples'il n'est
question que de la rômanesaue histoire
-. C-', ¿ l~
de la comtesse Galàrte, une jeune et char-
mante patricienne, qui vient de s'enfuir avec
le fils du prince Zunica. 1
If a comtesse avait été mariée, contre son
gré, avec un riche prioprîétaire dé Napleè.
te coflite Gàiarte, mais u paraît <^u*ëùe n*a
j®» césister À JmqgI de celui qu'elfe aimait
xléjà avant son mariage, et tout dernière-
ment les deux amoureux partaient pour une
destination inconnue. Cependant on vient
d'apprendre que le couplé est à Florence,
où la comtesse, regrettant trop tard sa faute,
se serait .empoisQQnée et serait en dànger
de mort.
Cette affaire cause à Naples ùn scandale
énorme, la comtesse Galarte étant la fdle
du priùce de. Piedimente d'Aliffe, premier
gentilhomme, d'honneur de S. M. le roi d'I-
tâlië, et cliéf d'uiîe des plus nobles familles
dé la ville. ■ ',:
L
e comble du snobisme pour un Parisien :
Avoir sa maîtresse à Londres. -
p
(Uisqu'il est fortement question de Bau-
delaire en ce moment, rappelons que
1 auteur des & leurs du Mal s est présenté
une fois à l'Académie française. Il venait de
donner au public sa belle traduction d'Ed-
gard Poë et son recueil cle poésies, aujour-
d'hui si célèbre, lorsqu'il posa sa candida-
ture au fauteuil de Scribe, vers la fin de 1861.
Scribe, Baudelaire ! ô antithèse ! Quelque
chose comme Victor Hugo, opposé à Pon-
sard. N'importe! Le candidat fit ses visites
en conscience et vit successivement Lamar-
tine,de Sacy Villemain, Alfred deVigny, etc.
Dans une lettre de lui, des plus curieuses,
adressée à M. Ch. Asselineau: «Tâchez de
savoir, mon cher ami, écrit-il, non pas si je
puis mettre Euiile Augier de mon bord (je
crois cela impossible), mais si je puis me
présenter chez lui avec sécurité. y
Avec sécurité est une merveille !
L
e sculpteur Rodin, qui est chargé du
Ibusteà élever sur la tombe du poète dont
les excentriéités étonnaient tant au premier
abord — .excentricité de çosLume) excentri-
cité de langage, - aura peu de peine à re-
tracer ses trai £$.' Ses photographies sont plus
répândues qu'ont' veut bien le dire (Car-
jat était déjà inventé, de. ce temps), et l'une
des plus fidèles précède la dernière édition
des Pleurs du. fifal.
Au moral, Baudelaire a été ainsi décrit en
quelques lignes, par l'auteur de la Lor-
gnette littéraire, un de ses contemporains :
(<., Les lèvres serrées, un nez sensuel et
frémissant, des yeux brillants comme deux
gouttes dé café noir, une voix brève et cou-
pant les mots comme avec un couteau de
boulanger, voilà M. Baudelaire. Sa person-
nalité est inséparable de son talent. »
M
me Lahovary, femme du ministre de
Roumanie, quittera Paris ce soir par
l'Orient-Express. Elle se rend à Bucarest.
h
es prochains mariages. Complétons la
diste que nous avons publiée hier :
On annonce le mariage du vicomte de
Chavigny, directeur des haras de la Haute-
Savoie, avec Mlle Schlesinger, dont le
père était médecin de la cour d'Autriche ;
celui de M. Elie de Beaumont, lieute-
nant au Se cuirassiers,. avec Mlle Fournier
Sarlovèze,fille 4 de M. Fournier Sarlo-
vêze qui fut préfet 'sous le Maréchal et
petite-fille du ccn-ita paf-tr -
de France. Enregistrons aussi l'union de
vicomte Pierre de Lambespin, lieutenant atr
20C chasseurs, avec Mlle d'Andigné, fille du
la comtesse d'Andigné, née de Croix, e:
celle de M. Guy -e Francqueville avec
Mlle Bian.
Cette - série de brillants mariages a
été inaugurée hier même à' Saint- Tho-
mas-d'Aquin, par celui de M. Louis Goury
de Rostan, ingénieur civil de l'Etat, frère
du baron Goury de Rostan, qui épouse Mlle
Hachette, fille de l'éditeur bien connu.
-0
n a reçu, hier, au ministère de la guerre
le rapport des arbitres sur les opérations
des régiments mixtes pendant les dernières
manoeuvres.
Cj
eorge Sand était républicaine. Lisez
plutôt :
« bi vous proclamez la République pen-
dant mon absence, prenez tout ce qu'il y a
chez moi, ne vous gênez pas; j'ai des terres,
donnez-les à ceux qui n'en ont pas ; j'ai un
jardin, JaitêS-Y, paître vos chevaux ; j'ai une
maison, faites-en un hospice pour vos bles-
sés; j'ai du vin, buvez-le; j'ai du tabac,
fumez-le; j'ai mes œuvres imprimées, bour-
rez-en vos fusils. Il n'y a dans tout mon
patrimoine que deux choses dont la perte
me serait cruelle : le portrait de ma vieille
grand'mère et six pieds carrés de gazon
plantés de cyprès et de rosiers. C'est là
qu'elle dort avec mon père. Je : mets cette
tombe et ce tableau sous la protection de la
République, et je demande qu'à mon retour
on m'accorde une indemnité, savoir : une
pipe, une plume et de l'encre, moyennant
quoi je gagnerai ma vie joyeusement e lais-
serai le reste de mes jours à écrire ce que
vous avez si bien fait. »
Ceci est tiré des Lettres d'un Voyageur.
Parts, 1837. des Lettres d'un Voyageur
De nos jours, Séverine, elle aussi, serait
capable, comme George Sand, de donner
aux malheureux tout ce qu'elle possède.
Mais voilà, elle ne fume pas la pipe.
1
1 faut combattre la dépopulation, déclare
sentencieusement M. Tules Simon dans un
salon de la rive gauche. Et le meiUêiir
moyen, pour les maris, d'avoir des ehîan ts,
est, ajoute-t-il, de ne point faire d'infidélités
à leurs femmes. ,- ",,'
— Cela s'appelle mettre tous ses œufs
dans le ménie panier, fait remarquer le Ribi,
cet émule de Boireau que l'on a impru-
demment invité.
E
n ce moment où la science agricole fait
tant de progrès, nous rrnvnns - c;i-
gnaler à nos lecteurs ladécouverte importante
d'un produit dont on dit le plus grand bien.
Nous voulons parler du nouveau chaulage
universel t « le Germinatear » du docteur
Quarante. Les attestations élogieuses. pro-
venant de cultivateurs ayant fait l'essai de
ce produit se comptènt par milliers.
0'
n se demandait ce qu'était devenue Emi- -
lienne d'Alençon. La petite duchesse
est en ce moment à Fontaîn«hLfvau où elle
file le parfait amour, pour le plus grand dé-
sespoir de sa mère, Mme d'Alençon douai-
rière, laquelle n'est pas pour le sentiment.
Ainsi, Emilienne, qui fut si fêtée, si
choyée, aime à son tour : son petit cœur
est pris ! Cela prouve qu'en France tout
finit par des béguins, 'comme dit Yalti, la
charmante Valti, la divette adorée du pu-
blic parisien.
E
ntre fauteuil, d'orchestre au Drame pa-
r risiÓl. -,
— Est-elle séduisante, cette Darlaud !
Jusque dans cette sobre toilette de cour
d'assises, elle trouve encore moyen d'être
irrésistible.
— Qui, le charme à jais continu.
-4
L
a blonde Antoinette D. a une façon bien
.imprévue de déjouer les projets de ses
adorateurs. Comme, tout récemment, deux
de nos plus élégants clubmen se trouvaient
chez elle à une heure avancée de la nuit et
avec dès intentions combatives, Antoi-
nette fit avec ses hôtes le pari d'appeler,par
la fenêtre, le premier passant et de lui ac-
corder une hospitalité complète.
Le pari fut tenu et la blonde enfant prit
son poste d'observation.Bientôt, on enten-
dit monter. Les deux clubmen riaient per-
suadés que la plaisanterie n'irait pas jus-
qu'au bout.
Hélas ! lorsqu'ils sentirent le doute, l'af-
freux doute mordre leur cœur, il était trop
tard,. Antoinette D. était déjà enfermée
dans sa chambre.
Mais la plus heureuse fut encore la femme
de chambre qui tira les marrons du feu, en
cç sens qu'elle quitta la maison en même
temps que les deux clubmen.
L
'une des liqueurs les plus. agréables, qui
constitue en même temps un tonique des
plus efficaces, le rhum Hurard a été le grand
succès de la saison. On ne s'était habitué
jusqu'ici à le considérer .que comme le meil-
leur et le plus parfait des digestifs. L'expé-
rience a démontré, pendant la période de
choléra que nous avons subie, et qui malheu-
reusement n'a pas encore dit son dernier
mot, quels services il peut rendre au point de
vue thérapeutique. C'est le complément
indispensable de tout bon repas;
NOUVELLES A LA MAIN
Le célèbre dentiste P*** vante ses talents.
Jamais l'or qu'il enfouit dans les mâchoires
qu'il soigne ne quine ses repaires. Pourtant,
l'un de ses clients se plaint de ce qu'une
parcelle du précieux métal, un soir, dans un
dîner, ait glissé sur la nappe.
— A quelle époqufe votre dent a-t-elle été
par moi aurifiée ?
- Dame! il y a bientôt cinq ans.
— E'h ! bien, réplique le célèbre praticien,
ce sont les intérêts. à 3 0/0.
Relevé dans un journal de province, ren-
dant compte en même temps du choléra et
de la fête populaire du 22 septembre :
"- ,A.,-! Les fêtes se sont continuées avec un
entrain tout particulier\ 0ti n'a
cessé de régner toute la nuit. »
UN DOMINO ROSE.
fiimi LECTEUR
Je m'adresse a celui-la que les auteurs
démodés tutoient dans leurs préfaces ;
vraiment, le lècteur n'est-il pas pour
nous comme une maîtresse, cette « moi-
tié d'orange, que les garçons de Cadix
cherchent K travers le vaste monde ? Il
en est des écrivains comme des amou-
reux : ceux qui se mettent en chasse
sans savoir précisément quel gibier ils
poursuivent, quel idéal les précède sur
la route, arriveront bredouilles au bout
de leur effort. Le succès est a l'amant
qui dit a la femme rencontrée :
— «Tu es à moi. Je t'ai espérée, je
« t'ai cherchée. Je te rencontre. La pan-
« touffe de verre allait au seul pied, de
« Cendrillon. Toi, tu es l'Unique qui
« combles le vide douloureux de mon
« cœur. Tu es a moi. »
Donc, à travers ce brouillard du papier
que la brume d'hiver va tout à lTieure
faire floconner entre tes mains — à tra-
vers la sarabande des lettres noires, je
cherche a deviner ton âme, a rencon-
trer ton regard, Lecteur, qui demain
seras notre ami. Je voudrais savoir tes
rêves pour les partager, connaître tes
déceptions pour jeter sur elles la bonne
graIne, qui poussera comme le gazon
d'avril sur le lit des feuilles mortes. Je
voudrais connaître le désir de ton cœur
k la minute où l'attente humaine ne tesuf-
fit plus, où tu cherches l'oubli de ce qui
est dans la compagnie de nos songes.
Et, comme dans ces verras mystérieux
où le même paysage apparaît fIn tiiie
seconde sous le manteau de® quatre sai..
sons, Je t'aperçois, Lècteur Ami, aux
âges divers de ta yie et de ta fortune,
dans ta,Guâinbre d'étudiant, dans ton
logis d'artisan, près de la lampe fami-
liale, sôus le bec de. gaz du café, sur lè
drap brodé de la mondaine qui, flâneu-
se, le matin, dans son lit, veut connaître
la pensée, la souffrance, la gloire, les
amours de son Paris.
Tu as tout d'abord le visage de ma
jeunesse, celle qui a commencé, presque
au collège, sur les livres éteunels dont
les sots se moquent, mais qui font l'es-
prit plus rêveur, le cœur plus profond.
Dans ce temps-la, à côté des sagesses
anciennes, des expériences vécues par'
les hommes d'autrefois, dont nous étions
nourris comme d'un lait coneentré etfort,
le Journal était pour nous le grand livre
de la vie, de la passion vivante, le fris-
son de la feuille de mai. II montait dans
nos chambres d'étudiants avec le « crois-
sant » de sepi heures, — chauds tous les
deux du four et des presses, Que de fois,
quand ma bourse tout &-
condamné à choisir, j'ai préféré le jours
nal d'un sou au petit pain d'un sou ! Et
pourtant, il était sot le journal d'un sou,
dans ce temps-la. Il avait honte de sa
clientèle de pauvres. Il se faisait tout
petit pour entrer. Il affirmait brutale-
ment; il aboyait; il ignorait lesnuances.
Il avait des lunettes d'instituteur, une
redingote de raté.
Ah! si l'on nous avait dit dans ma
jeunesse que le journal à un sou nous,
apporterait la pensée des artistes, la
grâce des vivantes histoires, la séduc-
tion de la beauté, comme nous aurions
sacrifié, tous les jours, le petit pain d'un
sou qui ne faisait chaud qu'aux ventres,
pour le journal d'un sou qui aurait ras-
sasié nos cœurs.' -
Oui, le beau mot d'« égalité » n'est pas
seulement écrit sur les vieilles pierres
des édifices publics : il sort du rêve, il
deviènt la vérité qu'on touche. Tant
d'écoles ouvertes, tant de livres feuille-
tés, le soleil entré par les fenêtres plus
larges de la «petite classe» ontaffinè l'es-
prit de l'artisan et son rêve d'art. J'en
appelle à tous les matineux qui montent
le matin dans des trains d'aurore. Ils
n'ont vu que deux catégories de jour-
naux dans les main des ouvriers : ceux
qui sonnent la charge brutale contre
toutes les bastilles ; — ceux qui dans la
tristesse rude du travail, dans les jours
gris où l'espérance ne luit pas a 1 hori-
zon, endorment les vrais chagrins avec
les belles fictions, avec des récits de vies
heureuses que l'on n'envie point puisque
leurs héros n'ont pas vécu, mais qui,
tout de même, fortifient l'espoir dans
l'existence terrestre de l'amour et de la
justice..
L'appétit du lecteur artisan devant le
« supplément littéraire »; la lecture des
wagons de seconde classé, à la lueur
tremblotante du lumignon dans la fumée
des pipes indiquent que l'heure était ve-
nue de créer le journal, littéraire à un
sou.
Littéraire, Ami Lecteur, entends-tu
bien ? littéraire
A cette minute de délassement où en-
tre les affaires de la matinée et les affai-
res du jour tu viens t'asseoir à la table
d'un café ou d'un cercle pour respirer
un peu d'air, pour ouir passer la rue,
nous ne te ressasserons pas longuement
tous les bavardages de cette maison de
paroles politiques qui est bâtie là-bas,
de l'autre côté de l'eau. Nous estimerons
que c'est, comme tant d'autres scènes de
Paris un théâtre où l'on donne, de temps
en temps, une grande première qui t'in-
téresse, mais dont l'ordinaire répertoire
est usé, joué par des cabotins mé-
diocres.
Nous aimerons mieux te parler de ton
cœur. Nous évoquerons pour toi les
belles maîtresses que tu pourras possé-
der en une heure de rêverie et qui te
consoleront de la vie plate. Nous se-
rons ton rendez-vous, ton confesseur.
Sans cruauté, sans tristesse, sans brû-
lure de fer guérisseur, nous entretien-
drons chez toi, à côté des bonnes son-
geries d'amour et de jeunesse, ces iro-
nies qui consolent, au jour de la trahi-
son.
Et tu auras la volupté de songer que
presque en même temps que toi, dans le
demi-jour de son alcôve, une deces Pa-
risiennes auxquelles tu songes parfois
comme aux messagères divines qui mè-
nent de la Terre aux Paradis, caresse de
ses yeux de velours cette page que tu lis
toi-même. Sa pensée s'arrête avec la
tienne sur les lignes qui font songer.
Elle se souvient. Elle compare. Elle at-,
tend. Qui sait? Peut-être toi. D'ailleurs,
quand vos routes seraient différentes,
quand jamais vos mains ne devraient se
toucher au divin carrefour, n'est-ce,
rien de vous être connus aimés, possé-
dés, dans cette divine cité de l'art dont'
tous les matins nous vous ouvrirons les
portes, la cité où dans des auberges do-
rées, tous les nobles appétits se rassa-
sieront? les no les appétits se rassa-
En attendant l'autre maison de lu-
mière—celle où il n'y aura plus ni
pauvres, ni disgraciés, ni étudiants sans
pain, ni ouvriers sans espoir, ni lutteurs
sans victoires, ni femmes sans amour,
nous t'ouvrons, Ami Lecteur, le paradis
de l'Art. Nous te l'ouvrons à deux bat-
tants, sans te demander à la porte quel
habit tu portes.
Entre.
La Beauté a été inventée pour faire
prendre patience aux hommes, en atten-
dant la Justice.
HUGUES LE ROUX.
FABLES SANS MORALE ;
LE GRILLON ET L'ARAIGNÉE
Le poète est couché, à plat ventre, dans
l'herbe, et s'il n'en mange pas déjà, il en mâ-
che. Il a le nez sur un trou de grillon certaine-
ment habité, comme l'indiquent de petites
graines noires, les fraîches crottes du seuil. Au
moyen d'un brin d'herbe sec il tente, en l'aga-
çant, de faire sortir le grillon.,
Parfois celui-ci montre sa fine tête et rentre.
Le poète se dissimule et chatouille plus vi-
vement. ■ ■
,Le grillon remonte, hésite, se décide, fait un
saut hors de sa demeure. : il est pris;
!'-" N'aie pas peur, dit le poète, on" va jouer
tous deux.
II le relâche, le laisse aller. Le grillon libre
disparaîtrait sous les hautes herbes. Deux doigts
le pincent à temps : le voilà sur le dos.
Le poète étudie son abdomen brun, le jeu
des pattes cirées et s'émerveille des dents,
scies délicates, inimitables par l'industrie hu-
maine. Il le retourne et le grillon suit le bord dé
la main, culbute au creux, se relève, court au
bout d'un doigt et s'y tient coi. -
— On s'amuse, hein ! petit ? dit le poète.
Enfin il le met dans son chapeau, croise les
jambes, et rêveur, vite attendri, ;regarde se
coucher le soleil. l ;
Est-ce beau! ,
Ses bras s'écartent d'eux-inêaieigi 'et nagent
vers l'horizon, où fume encore le soleil refroidi.
vers l'horizon, te grillon, un moment fetoitl,.
Cependant le gn, uc~moment ¡éJott4,j
quitte la ■ doublais^ c&~e~~o~~ç rer ;
connaissance hardie, expiofè jçs ténèbres,
quête parmi les touffes de cheveux, enfile des
boudes, et, quand il passe aux places dénu-
dées, s'arrête et gratte, par habitude, de toutes
ses pattes, pour creuser un trou.
Le poète jouit finement où ça le démange.
Il a les yeux pleins de lumière, et, dans son
chapeau, unefaible petite bête captive qu'il af-
franchira, tout à l'heure, avec pompe.
Il voudrait parler comme il sent, se réciter
des vers inouïs, jeter un cri. dont frissonnerait,
d'échos en échos, la nature entière. Il peut s'é.
mouvoir, puisqu il est seul, et que personne ne
rira.
Mais soudain le grillon cesse de gratter : II
vient d'entendr.e;quelque chose, et surpris, les,
antennes droites, il écoute.
Il ne s'est pas trompé :
En dessous, de ,l'autre _côté du plafond, on
gratte aussi.
Veine! , -"
C'est l'araignée -du poète qui s'éveille et ré*
pond.
JULES RENARD.
Grandcslanmuvrcs
Par GYP
Au château des Créneaux, chez hl
marquis et la marquise de Recta.
M. DE RECTA; MMO DE RECTA; LETTU FILS ALDEDERT..
I.E'C"lt FILLE MAEIE-AMÉLIE ; MONSIEUR L'AIÎBK
(le précepteur d'Aldebert), ét MADEMOISELLE
(l'institutrice de Maric-Amélie), achèvent do
déjeuner.
M. DE RECTA, 53 ans, fait encore un
certain effet, vu d'un peu loin. Grand ;
mince; très correct. Education remar-
quable. Intelligence au-dessous de-la
moyenne. Peu de convictions, énormé-
ment de préjugés. Ne tutoie pas ses en-
fants. - J'ai causé ce matin sur la
route avec le brigadier de gendarme-
rie. il paraît certain que Saint-Cio-
dion-sur-Eeluse sera le centre des opé-
n, tioiis
ALDEllERT, 19 ans. Pâle; très mince j
très mou. Cœur excellent. Attitude res-
treinte. «Avec conviction.)- Ah!. tant
mieux. ça nous distraira!.
M. DE RECTA, — Mais c'est très gê-
nant, au contraire!.,: Nous allons avoir
des logements en masse. et si, par ha-
sard. il nous arrivait précisément da
monde à ce moment-là.
MARIE-AMÉLIE, 15 ans, drôle, ébourif-
fée, impertinente, tout a fait xxe siècle,
a l'air d'être l'enfant d'une autre fa-
mille. — Du monde???.
M. DE RECTA, — Eh ! bien, oui. des
invités.
MABIE-AMIÎLTE (riant-). — Ah!, zut! Y
n' viennent jamais, les -invités !.
MADEMOISELLE, 30 ans, assez jolie.L'air
comme il faut, des bandeaux à la Vierge,
regarde rarement en face. — Je vous ai
dit cent fois, ma chère enfant, de ne paS
employer de ces mots grossiers. -
Mmo DE RECTA, 40 ans, maigre, distin*
guée, très élégante. L'air austère, beau-
coup de vanité, énormément de tenue,
très peu.de cœur, adore le monde, ne
tutoie pas ses enfants. - Des mots
abominables-, n'est-ce pas, monsieur
l'Abbé?.
L'ABBÉ, 45 ans. Une bonne figure ré-
jouie et fraîche. L'aspect d'une gvrossê
pomme rouge. (D'un ton eawilmnt.)
— Mon Dieu, Madame la Marquise,
zut n'est pas, en soi, un mot. abomia»-
ble. il est tîertamemeïiLpréférable que
MIÎC Marie-Amélie ne remploie pas Íf';;.
fréque-ument, mais enfin. , ,'
MiVRiÉ-AnîÉLri:. —' - Ici. ~?l'Abbé!;- Vous êtes gentil i.
M. DE RECTA. —-En vérité, ce"tve fàcoa
de parler a M. l'Abbé.
L'AEDH. - ^Laissez donc, Monsieur 1$
Marquis, laissez'donc !.
M. DE LIEC^A. -— Mais non !. C'est ea
laissant se perdre les vieilles façon s' cl^.
la bonne compagnie qu'on en arrive 'où
nous eiLsoinmey., ;
ALDEBEBT. -T OÙ en sommes-nous V.0
M. DE RECTA. — Eh ! bien, mais. là
République qui se consolide. le socia-
lisme qui s'infiltre. le.
ALDEBEET-. , —. ALI ! bon!. bon "L..
j' pense jamais à tout ça, moi !.
M. DE RECTA (sévère). — C'est un tort!,..
Vous devriez y penser toujours !.
MARIE-AMÉLIE. — C'est ça qui serait
rigolo !.
MADEMOISELLE. -— Comment!.:, à l'ins-
tant où je viens de vous faire observer
l'inconvenance de.
Mme DE RECTA (à M. de Recta). — Vous
disiez tout à l'heure : « S'il venait da
monde pendant les manœuvres? » ét
JUStement, il en vient!.
ALDEBÉRT (ahuri). -— Non !. pas pos-
sible.
M. DE RECTA (surfis).-*"Ilenvient?.^
Qui donc?.
M"16 DÎF RECTA. — Les Bélabrv et les
d'Hoasys. oui, du moins,' Mme d'Hoa-
SYS. • j
0/ M. DE RECTA (ram). — Les Délabry et
Mme d'Hoas"vs. Comment savez-vun!f
ca ?. ,
DE - J'ai reçu LÉS lettres,
hier, et comme vous n'Criés revenu e
chez les d'Oyselet ce matin, je L'ai
pas pensé à. i
M. DE B^ÎÔTA. - Ca vaut pourtant
q ù'on'v r ense" '*
MARIE-AMÉLIE. — Ah ! j'te xfofe!:..
(tout le monde la regarde avec décJ:>i-
ratjement.) ",
M. DE RECTA (suivant son ide?). — Ét
quand arrivent-ils ?.
- MAE DÉ RECTA. — MU0 d'Hoasys îa s(t-
maine prochaine. Quant aux Dshbr;y.
la date n'est pas encore fixée. M. (¡of
Bélabry qui liVécrit, me dit que dés q'jâ
sa femme aura décidé le jour de letir é-
part, il m'ayertiBa.
M. DE RECTA. - Ils vont tomber en
plein dans les .manoeuvres
sement, nous avons beaucoup de pi^
cé !. (À Marie-Amélie qui rit.) IL0ur-
quoi
MABI^-AMÉLIE.—J'ris parcJque j'pensa
à c'que;'ça serait cocasse, si tous lea
ens qtf Vous avez invités avaient l'idée
d'vénir une fois tous ensemble. Cajr,
vous en avez invité un fort stock à v,.
nir aux Créneaux, hein?..
.'1I.lt\",!~ ,.;\ 'Qh. d.u" 'A'J..
~> d^o,..
avez invités avant moi!..» pans eart^!
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