Titre : Le Journal
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1892-09-28
Contributeur : Xau, Fernand (1852-1899). Directeur de publication
Contributeur : Letellier, Henri (1867-1960). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34473289x
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 28 septembre 1892 28 septembre 1892
Description : 1892/09/28 (A1,N1). 1892/09/28 (A1,N1).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG87 Collection numérique : BIPFPIG87
Description : Collection numérique : BIPFPIG13 Collection numérique : BIPFPIG13
Description : Collection numérique : BIPFPIG69 Collection numérique : BIPFPIG69
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k7614852v
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-220
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 29/06/2014
PREMIÈRE 'ANNÉE,?'— NUMÉRO 1.
Cirxcr Centimes — et Départements — Cirxcr Centimes
MERCREDI 2R SEPTEMBRE tm- -.
LE JOURNAL
1 ::..,,' .- J. ,
;,
V '¡III\\
FERNAND XAU
1 Directeur
RÉDACTION
106. RtiE RICHELIEU, PARIS
Prix des A-bonnements ■
h Ai Sixïsis TroiiIftR Bi lofs
PARI- 20. » 10-50 5.50 2. »
DÉPARTEMENTS ET ALGÈRIE 25. » 13. » 7. » Ô-SO
ÉTRANGER (UNION POSTALE) 35. »-18. » iO. » 3.50
li'S manuscrits mm insérés ne so** pzs rendltf.
A irssser les ni tndais-pcstt à. ¡çf. l'Administrateur,
FERNAND XAU
Directeur
ADMINISTRATION"
106, RUE RICHELIEU, PARIS
Annonces, Réclames et Faits Divers
CHEZ LAGRANGE, CERF ET C.
6, PLACE DE LA BOURSE
et dans les bureaux du JOURNAL,
Ab- téUmpfaiqne : JOURNAL RICHELIEU PARIS
Publicité de première et deuxilmc page
aux bureaux du JOURNAL, to6, rue Rich,liif,l..
LE JOURNAL 1
Le j ournal w 'a pas besoin d'exposer un
long programme au public, en se présentant
à lui 1 en sollicitant sa bienveillance. Ce
programme, porté à sa connaissance pâr
un grand nombre de ses confrères et aussi
par la voie de la publicité, a rencontré tant
de sympathies et provoqué tant d'encourage-
ments que nos premières paroles doivent
être d-rs parafes de remerciements. Le Jour-
nal av rit, t.: effet, ccîiquis sa place avant mê-
me de voir le jour, — et le grand mouve-
ment d'opinion, qui avait précédé sa fonda-
tion devait lui valoir de voir s'acharner
après lui la rage - Ùnpuissatlte — de
l'envie.
Le Journal s'esi appliqué surtout à répon-
dre c:i sentiment général.
Noi'S vivons à mie époque où l'instruc-
tion a rendu accessible à tous les grandes
mardi istativns de l'esprit et où — le cycle
'te **(-&■.ûlitique fiant fermé — on est
épris f*? 't et de littérature. De là la pre-
mière partie de ce jour?ial, — journal de
combat littéraire et artistique où les jeunes
auronl leur place à côté de leurs aînés et où
l'incestanfe activité de leur talent pourra
s'exercer en toute liberté - à l'oei-bre des
grands KO ras qui ne dédaignent pas de s'as-
socier à nos efforts et de jeter sur le j ournal
un vif éclat.
Mais si c'est là miz, des côtés les plus inté-
ressants de l'œuvre que nous fondons au-
jourd'hui y il en est un autre qui mérite
d'ètre signalé. Nous voulons faire un jour-
nal d'informations rapides, dans la for-
mule la plus moderne et laplus comPlète. Et
l'outillage que nécessitait une telle organi-
sation nous l'avons mis entre les mains
d'hoiraues d'expérience et d'écrivains qui
croient avec juste raison que le talent est
ioin de se diminuer en se plianiaux exigences
du journalisme actuel.
C 'es' précisément parce que nous voulons
r,nir le journal littéraire au journal d'in-
foe-. - c'est parce que nous voulons
créer un organe qui soit comme la synthèse
des journaux existants, que nous avons
pris ce simple titre : le Journal.
On lira autre part la liste si brillante de
tios pg. ■i.icipau. c collaborateurs. Est-ce ris-
quer d êtr:accusé de vanité que de dire qu'a-
idée en.. Je succès est certain?
Nou.: estimons que dans ce grand pays de
France. — la terre classique du goâl <*t dc
l'esprit - il ne restait qu'un journal o-
créer , celui qui, tout en donnant satisj •
Hc-n a • x légitimes préoccupations du, -
blic, désireux d'être inférmè — V- -S?
par la modicité de so$ f .e les œuvres
d'une génération de i/ttfre.eurs -.U'.-i iwpr*-
mcra à ce eièi 'f: la marque de r.jn génie.
C'e .i ce jour-%-1 qus nous vàulonsessayer
le fai. ~e.
I.: JOURNAL.
LES
CAMES BE SUCRE
Notes çl'une Gréviste
Etre gréviste sans avoir été ouvrière
peut F.OJ-Îbler, au premier abord, assez
paradoxal. Mais si je n'ai pas late de
1 usine, tout au moins un jour, c'est la
faute a„.v pap ous qui, avant-hier, n'ont
point embauché
Jtt vo::■ !;\is savoir, techniquement, l'o-
; : *0. ,"-rj:. COn -
tm■ - '*- < '"***% - - - -~ :.. - •""••-«■W ''*"*
..M- <«- , pl'ltot. "le pit-i
;" .!. ,
i S de O;
il 1 1, ~,
nu-.uer .but ie nom a égayé Paris ; me
rendre compte) enfin, de la somme de
voluulé, d'endurance, de fatigue, qu'est
tenue de fournir une créature pour ar-
river a gagner juste de quoi re pas
mourir—et recommencer le lendenain !
Aller la-bas en « dame », fût-ce en
amie, carnet et crayon au poing, iepor-
ter esse parmi les reporters, c'était n'ex-
poser a en savoir peut-être noins
qu'eux; e.) tout cas, à n'en pouvoir
faire davantage, a demeurer parquée
dans le même cercle d'évolution, dans
le même ordre d'idées.
La besogne de journaliste est, mal-
heureusement, besogne officielle, ea pa-
reille occurrence ; ce qui, sans diminuer
son intérêt, la frappe souvent de stéri-
lité. Quel que soit le rang de l'informa-
teur dans la hiérarchie professionnelle,
il est connu, obligé de se faire connaître
— d'où, infériorité. Les deux parties
adverses ne lui disent que ce qu il leur
plaît de lui dire ; ne lui missent voir que
ce qu'il leur plaît de lui laisser voir.
Tandis que l'idéal serait de passer
ignoré, anonyme, si semblable a tous
que nul ne vous soupçonnât ; si mêlé à
la foule, si près de son caur qu'on le
sentît vraiment battre, riei qu a poser
■ îa main sur ,>a propre poitrii,,>, - flot in-
corporé dans l'Océan, haleine confondue
dans le grand souffle humain !
Pour les questions de travail surtout
cela me paraît utile. Décrire la vie ou-
vrière ne suffit pas — il faut la vivre
pour en bien apprécier toute l'inpsticè
et toute l'horreur. Alors, on sait Cidont
on parle: on est vraiment l'écho le ce
qu'on a entendu, le reflet de ce quin a
vu-, on s'imprègne jusqu'aux molles
avec la meilleure volonté, le plus hetu
talent du monde, ne donne jamais Fin-
pression de sincérité qu'obtient parfois
un être inculte, reproduisant barbare
ment ce dont il fut témoin ou acteur..
Et il n est pas besoin de donner des
années, des mois, des semaines, à cette
étude, ce voisinage, à cette épreuve
du mçiient qu'il n'est point question
o étudier les finesses du métier, d'y de-
ferçû: tpte à conquérir son salaire —
ou de catéchiser, comme en Russie, des
âmes ignorantes.
Nos ouvriers savent penser sans gui-
de; et les iniquités dont ils pâtissent
sont tellement eviclentes —et, hélas! si
irionotones que quelques heures suf-
fisent, pour qui sait regarder et enten-
dre, a les enregistrer.
C'est cela que j'ai fait. Presque une
journée, mêlée à ces, pauvres filles, vê-
tue comme elles aferré sous l'œil des
sergots devant l'usine déserté, dans la
camaraderie mor^ de l'inhabituelle oi-
siveté. Je me suis arrêtée a leurs éta-
pes, j'ai entendu leurs doléances libre-
ment formulées) j'ai pénétré dans les
usines) vu fonctionner le travail de cel-
les qui s'étaient soumises — ayant trop
d'enfants ou trop faim ! — et c'est pour-
quoi je puis aujourd'hui vous dire, en
toute connaissance, ce qu'est cette grève,
et combien elle mérite d'intérêt et de
sympathie.
Tout d'abord, le terme est impropre :
ce n'est pas casseuse qu'il faudrait dire,
mais rangeuse, car la tâche consiste a
étager, dans des cartons ou des caisses)
le sucre coupé ^n norceaux plus ou
moins forts, se1 .I le numéro. Ainsi, le
sucre des café est du 50, tandis que le
bis, équarri en cube, est réservé spécia-
lement à l'usave du Midi. Seul, le dé-
chet, poudre et éclats, se vend au poids,
ne s'aligne point.
, Seulement, ce mot de casseuse est jus-
tifié parce que l'établi auquel elles tra-
vaillent s'appelle « cassoir » ; le pain y
arrivantentierpour y être débité. 11 passe
d'abord, à côté, par les mains du« scieurs,
qui le coupe perpendiculairement, abso-
lument comme un radis noir, en ron-
delles plus ou moins épaisses, suivant la
longueur du morceau destiné à la con-
sommation. Ces tranches sont alors pla-
cées dans la « lingoteuse » sise a l'une
des extrémités, à la tête du cassoir, et
qui, ainsi que son nom l'indique, sépare
chacune en huit bandes, en huit lingots.
Les « bagues », c est-à-dlre les hachoirs
de la lingoteuse, sont également plus ou
moins rapprochées selon le numéro du
sucre.
Ici intervient l'action de l'ouvrière.
La « tireuse » enlève les lingots de l'ap-
pareil, la « pousseuse » les installe en
rangées sur la partie du cassoir située
entre la lingoteuse et l'espèce de mâ-
choire, de guillotine double, couteau en
l'air, couteau en bas, qui, au passage, va
détailler les lingots en morceaux. Au
delà sont les « rangeuses ».
Car tout ceci est mobi!e; une chaîne
passant pai^d^sns une roue, comme les
courroies de transmission, pousse sans
c~ - le travail, de la machine auxfem-
* :.;:. ne laissant à celles-ci pas une mi-
j o de trêve.
ifin de comprendre ce qu'est le cas-
soir, il faut imaginer une table très lon-
gue, large d'un mètre environ, et rayée
parallèlement, comme une portée de
musique, en relief pour aveugles. C'est
entre ces rails que le sucre va défiler —
lingot au delà - des couteaux, morceaux
en deçà — que les six rangeuses, a'un
mouvement continu, incessant, mécani-
que lui aussi, saisissent une file, se re-
tournent, la déposent dans la caisse ou
le carton placé derrière elles sur une
sorte de banquette de bois; voltent, re-
commencent encore, toujours, éternel-
lement, de sept heures du matin à six
heures du soir, sans jamais s'arrêter,
sans jamais se reposer, sans jamais
s'asseoir, sauf dix minutes pour l'a colla-
tion et une heure pour le déjeuner.
Par exemple, elles circulent. Quand
leur boîte est remplie, il la faut porter
aux basculeuses. situées, chez M. Som-
mier par exemple, a vingt ou vingt-
cinq mètres de là. La moyenne quoti-
dienne des voyages est de quarante. Des
femmes enceintes, des fillettes portent
jusqu'à milfe kilos. Beaucoup sont
blessées; les plus robustes perdent envi-
ron deux ou trois jours p;';' quinzaine,
« ~- ;'@
1 ^V-:')'*-^n^ees. tour-1
1 - uiiio'oVtS, ..teintes dans j
leur niatciuiio ou leur pubùrté.
Je ne parle la que de l'effort, car il
faut lire, comme je viens de le faire,
dans les bouquins médicaux, pour sa-
voir quelles maladies sont inhérentes k
ce funeste état.
Elles n'ont plus d'ongles, elles n'ont
plus de dents; les uns usés jusqu'à la
chair par le maniement du sucre; les
autres écaillées, perdues, effritées par
les poussières qui s'en dégagent —ces
poussières qui leur brûlent les paupiè-
res, le gosier, qui leur éraillent la voix,
déterminent les gastrites, la tuberculose
- lasouffranie toujotirs, la mort bientôt!
Ce qu'elles gagnent?. Elles ga-
gnaient 60 centimes par cent kilos,
c'est-à-dire, quelque fût le courage, de
3 fr. 25 a 4 fr. par jour. On est venu leur
dire, il y a presque une quinzaine:
« Vous n aurez plus que 50 centimes par
« cent kilos. La concurrence est trop
forte; c'est a prendre ou à laisser. »
Elles ont laissé; elles sont parties, pré-
férant crever tout a fait de faim, et vite,
que d'en lentement mourir. Car cela les
réduisait de dix sous par jour — et vous
rendez-vous compte de ce que c'est que
dixsous par jour dans un ménage ouvrier?
Elles ont essayé de la grève générale.
Les ouvrières des maisons Lebaudy,
Lucas, François, ont d'abord suivi le
mouvement parti de la raffinerie Som-
mier. Puis elles se sont lassées. sont
rentrées. Seuls, même, es travailleurs,
hommes et femmes, de chez Lucas,
sacrifient 15 centimes @ par jour pour
venir en aide aux grévistes de chez
Sommier. Mais ils sont moins de vingt
— et les grévistes plus de cent qua-
rante
Quelques secours sont venus, de
droite, de gauche, envoyés par la soli-
darité socialiste ou la compassion de
braves gens émus, en dehors de toute
politique, de tant de détresse et de tant
de vaillance. On a pu distribuer trente
sous par idur; et des familles de cinq,
six personnes ont vécu là. dessus de
painf et d'eau — mAis ne cédant pas 1
Al* ! si quelque homme de coeur leur
voulait assurer la résistance, c'est-à-
dire le succès, le retour a l'ancien prix,
ou tout au moins le partage du différend,
cinq centimes concédés de part et d'au-
tre ! Si, dans les cafés, vers l'heure
de l'absinthe, les « casseurs de sucre»,
comme on dit en argot parisien, se coti-
saient pour leurs petites sœurs de la
Villette ! Ce serait le salut — et même
de l'avance !
J'irais bien quêter pour elles a Tor-
toni,..
J'ai bien été les retrouver, lundi, k l'au-
be, vers les six heures, tout en haut de la
rae de Flandre. La veille, trois délé-
guées étaient venues me trouver, me
raconter ce qui précède, et comme je
leur avait fait part de mon idée d'aller
passer une journée là-bas, de me faire
embaucher si possible, elles s'étaient
montrées enthousiastes, un peu incré-
dules, toutefois, sur la mise à exécu-
tion.
Cependant, la « secrétaire », Hélène
Milani, une belle fille blonde, à l'œil
décidé, à l'allure crâne, m'avait dit : «A
demain!» Mais elle avait ajouté un:
« Vous ne pourrez jamais, madame » qui
m'avait piqué au vif. Je ne suis
pas une virago, mais je ne suis pas non
plus une femmelette, et ce que je veux,
je le veux bien.
Aussi, me voilà qui débarque chez
l'une d'elles, à l'heure dite. En un tour
de main, j'ai enlevé gants, voilette, cha-
peau, manteau, et me voici nu-tête, les
cheveux bien tirés — oh ! ces diables de
cheveux, ce qu'ils se rebiffent! — en ju-
pon et en corsage de toile, un fichu aux
épaules, un tablier à la taille, un panier
k-la main, si pareilles à elles qu'elles
s extasient, amusées.
Nous sommes descendues dans la rue
de Flandre, poussant jusqu'à la grande
bâtisse de la raffinerie Sommier, afin de
savoir si on n'embauche point. Je me
glisserai dans le tas des renégates,
quitte à être un peu « attrapée » par les
grévistes que je veux défendre.
La rue est pleine d'agents, avec et
sans uniforme. Je n'ai peur que de Gran-
ger, le député de l'arrondissement, qui
est la, dans un groupe, avec Lhermite,
de la Bourse du Travail, et notre con-
frère Degay de la Marseillaise. Tous
trois sont venus, parce que, l'autre
jour, la police a été vraiment brutale, et,
qu'en cas de récidive, l'écharpe de Gran-
ger sortirait.
S'il me reconnaissait, peut-être ne re-
tiendrait-il pas un geste d'ahurissement,
et ce serait fini de l'incog'nito qui me
permet d'aller, de venir a mon aise, de
causer avec mes compagnes.
Les attroupements i^ont interdi ts ;
quand en est phw de tr. />t qu'on reste
en place, un agent mte?%mt.Et comme
je m'attarde devan' , te de l'usine,
n'en perdant pas une brique, contem-
plant le portier dans son bel uniforme
bleu a boutons de métal, semblable a un
grognard avec ses terribles moustaches
blanches, et qui semble plutôt flatté de
l'examen, un sergot me pousse douce-
ment ; -
- Allons, hop! la blonde! Circulez!
Faut pas rester là.
J'obtempère et, me réfugie, avec beau-
coup d'autres, a « notre » bureau, situé
presque en lacez au 122, chez le mar-
chand de vins qui porte pour enseigne :
« Allons chez Charles. »
Je vais chez Charles. On file devant
Je comptoir, où quelques ouvriers et pas
mal de mouchards se désaltèrent, et l'on
se réunit au fond, dans une sorte de
modeste hall éclairé par le haut, mi-
salle de bas, mi-jeu de paume —
comme il y a cent ans! Seulement, grâce
au ciel, personne ne pérore; on discute
simplement, sans pnrases, ce qu'il y
aurait de mieux à faire dans l'intérêt de
toutes.
jyia qualité de nouvelle ne les notre
pas — une des déléguées, Mme (lasse,
;-ft repondu de moi — et Je constate en-
cOJ?ô, WCC une émotion indicible, com-
bien ce peuple méprisé, exploité, a, en
ses femmes surtout, de bonté native, de
douceur, de résignation. Pas ou peu de
paroles colères, rien qu'une mélancolie
a voir combien l'entente est difficile, et
malgré tout l'espoir qu'elle se fera.
— Nous ne demandions rien; qu'on
nous rende seulement ce que nouo
ax:;ohs. M. Sommier n'est pas méchant,
il voudra bien, il est si riche!. Que
c'est ennuyeux, quand on a l'habitude,
de ne pas travailler !
Au vrai, elles sont la comme des
corps sans âme, ces laborieuses, bien
qu'entre leurs doigts à peine cicatrisés,
le crochet d'os happe la laine. Sur une
petite table est un encrier, du papier,
une boîte en bois, un registre. De temps
a autre, une femme arrive, signe, tou-
che ses trente sous — s'en va les tenant
dans sa main crispée, comme le noyé se
tient 11. la branche ! Elle ne s'arrête pas,
ne bavarde point, court. on attend
après son retour pour manger, dans le
taudis.
Ah ! les pauvres visages, émaciés, aux
lèvres anémiées, presque pas roses dans
la blêmeur des chairs; les pauvres yeux
cernés, les pauvres femmes !
Une, dans un coin, a entr'ouvert son
caraco pour donner le sein a un enfante-
let qui semble un vieillard tant sa peau
est plissée, tant son teint est cireux!
Et le maigre sein apparaît, arme par-
lante de toute la race, qui a faim avant
que d'avoir des dents, qui a faim lors-
qu'elle les a perdues — qui a faim tou-
jours !.
Une de mes guides vient me prendre:
— A la collation, on va embaucher
chez François, rue Ricquer. Venez-
vous ?
Je me lève et la suis. Dehors, les pa-
petiers, affichent le Réveil du AYJY", où
Jules Guérin consacre trois colonnes a
la grève. Il est plutôt dur dans ses ap-
préciations sur les patrons, Jules Gué-
rin ornais, sapristi, s'il a la ferme ou-
trancière, tout ce que je viens de voir
ne lui donne pas tort, pour le fond.
On met en devanture aussi le pros-
pettus dxk Journal, Devant nos têtes. le
populo fait ses réflexions — et c'est ru-
dement drôle! Les épaules de Mme
Adam, notre illustre collaboratrice,
l'emplissent d'admiration. Un loustic
nous traite, Zola et votre humble ser-
vante, de'« calotins » dit queleportrait
du Saint-Père, avec la Bonne dame de
Lourdes au-dessus, devrait être a la
place de celui de Xau. Mais comme, a la
fin, il déclare que nous sommes tout de
même des « zigs » : Léon XIII, Zola, et
moi je m'en vais consolée.
Cnez François, pour ces dix minutes
ae repos, ie personnel s evaae en tu-
multe. La plupart sont jeunes — les au-
tres sont mortes ou retirées — beau-
coup sont vêtues de cotillons et de ca-
misoles d'étoffe claire a fleurettes, un
mouchoir noué en marmotte, cornes au
vent sur leurs cheveux givrés de sucre.
Au premier abord, c'est presque joli,
sous ce clair soleil d'octobre, comme un
lever de grisettes aux Porcherons.
Mais vite l'illusion cesse devant les
brèches du sourire, les bouches gercées,
les épaules étroites, les gorges rentrées,
les petites toux sèches qui retentissent
un peu partout. Ce qui avait paru animé
ces joues, c'était le feu de la fièvre.
Au fur et a mesure que les gouttelettes
de sueur se sèchent aux tempes, le rouge
disparaît des pommettes. Les voici pâles
comme des poupées fanées.
Nous nous sommes faufilées dans la
cour.
- Tenez, voila le Vésinet, me dit ma
compagne.
C'est un sous-sol obscur où des ma-
chines, des formes humaines se distin-
guent vaguement. - -
— Qu est-ce que cela. ?
— C'est où l'on travaille. Mais venez
au-dessus, c'est mieux.
En effet, en haut du perron de quel-
ques marches, la salle est claire, au
moins. Mais c'est même chaleur écra-
sante, même buée même poussière de
sucre, qui vous asphyxie, vous étouffe.
Il y a là des cassoirs ; et l'autre
me donne une leçon de choses, m'indi-
que comment l'appareil fonctionne, et
ce que j'eusse eu it faire.
— seulement, me du-eiie, le soir, vos
doigts auraient pissé le sang.
Et elle m'indique du regard les mains
des femmes entourées de chiffons, de
bandelettes, de poupons de linge.
Voici le contre-maître. Timidement,
elle l'aborde, lui expose notre requête.
Le regard ailleurs, mais très poli, il ré-
pond :
— J'ai mon monde pour aujourd'hui.
Revenez demain à six heures, on vous
embauchera.
Je rentre dans ma poche le livret em-
prunté pour la circonstance à ma sœur
de lait, et nous repartons, traversant la
co-jr, a rencontre des ouvrières qui ren-
trent.
Sur le seuil, une gréviste, venue pour
surveiller les défections, m'interpelle :
— Feignante, va !
Ça non, par exemple !
Il ne me reste plus qu'à essayer d'en-
trer chez M. Sommier, pour avoir un
aperçu de rétablissement.
— Il n'y a qu'un moyen. faut porter
un litre à Barthélémy !
Je veux bien porter un litre à
Barthélémy, mais encore faut-il m'ex-
pliquer comment s'y prendre.
— Voila. Barthélémy est porteur de
bassins à la raffinerie, au-dessous de
l'endroit où nous travaillons d'habitude.
Les porteurs de bassins ne sortent ja-
mais, on leur amène du dehors ce qu'ils
ont besoin, jusqu'k trois heures. Mon
homme lui à porté son déjeuner, mais
on peut bien encore lui porter un litre.
- Comment ferai-je?
— Vous passerez sous le nez du por-
tier sans rien lui dire vous irez tout
droit dans la cour, vous descendrez quel-
ques marches, et* Ih, dans la cave,
c'est les porteurs de bassins. Alors vous
aurez vu comme c'est rude aussi, leur
métier, et ce qu'il fait chaud lk-dedans !
Aussitôt dit, aussitôt fait; le pro-
gramme a été exécuté de point en
point. J'ai filé devant le concierge et
Iesto, presto, dégringolé dans le sous-sol.
Dès l'entrée, j'ai eu un éblouissement,
tellement la température y est ef-
frayante. Des hommes en pantalon de
toile, le torse nu, la poitrine et le ventre
garantis par une sorte de tablier de cor-
royeur, passent en file indienne, un
énorme récipient de cuivre entre les
bras, qu'ils vident, l'un après l'autre,
dans l'appareil où sont les moules h
pains. C'est le sucre en -fusion qu'ils
transportent ainsi ; il faut voir leur geste
las, quand ils ont versé la charge, et
repartent en rechercher une autre dans
leurs vases de métal! Et ces imbéciles de
peintres qui s'entêtent a faire les Da-
naïdes, quand ces créatures en chair et
en os, que voici, donnent un tel spectacle
d'art, superbe et navrant!
Tout autour, comme en une énorme
fonderie d'obus, les moules sont alignés
les uns contre les autres, la pointe
en bas.
Cependant, je n'ose pas crier : « Hé !
Barthélémy ! » Je m'informe.
— Connais pas, répond le premier.
- Attendez donc !. fait un autre.
Mais c'est i'Andouille !
— lié! I'Andouille !. reprend tout le
sous-sol d'une seule voix.
Un grand garçon frisé, l'air bon en-
fant, émerge des profondeurs.
- Qui c'est qui me demande?
- C'est ta payse qui t'apporte un
litre.
— C'est pas ma payse, mais tout de
même je veux bien du litre.
Je le lui tends en souriant :
— C'est de la part d'Eulalie.
.-J Vous lui direz que je la remercie
bien, et vous aussi, mademoiselle.
— Au revoir, monsieur Barthélémy.
En m'en allant, je flâne un peu. Je re-
garde le bel ordonnancement de l'usine,
je calcule quelle source de richesse sont
ces bâtiment^ ce§ maçtfmesT ç £ ît§PUi®*
Santé ofgîulfëatlon <3u Capital. J
Et je songe soudain aune visite que ie
fis, voici bien longtemps, au château de
Vaux-Fouquet, a cette résidence royale
d'un royal surintendant, et dont M. Som-
mier est aujourd'hui le possesseur. Je
pense aux statues dans les charmilles, à
la fraîcheur des sous-bois, aux ombra-
ges merveilleux, à tout ce bien-être, à
tout ce luxe, à ces jouissances de Mécène,
relevant de ses ruines un pareil sé-
jour.
Elles ont raison, ces pauvres filles, iJ
est impossible qu'on soit implacable
ayant de telles satisfactions ici-bas.
Dehors, les déléguées me • rejoi-
gnent.
— Nous venons de faire la dernière
démarche auprès du patron. Même par-
tager en deux la différence, nous don-
ner 55 centimes, il ne veut rien enten-
dre.
Une sanglote :
— Qu'avez-vous?
- If a été de glace. il nous a parlé si
durement!
- Et quelle raison à ce refus?
- M. Sommier a dit comme ça qu'il
ne peut pas, que ses. moyens ne le lui
permettent pas.
Sur l'indigence de votre maître, pleu-
rez, nymphes de Vaux! Elle en fait
pleurer bien d'autres, cette indigence
qui rogne les salaires et loge en des
palais, mii fait que tant de jeunes en-
tants, de vieilles mères, de femmes
épuisées, dépérissent lentement en l'un
de nos faubourgs.
Qui leur viendra en aide? Qui voudra
opposer l'argent qui sauve it l'argent
qui tue, faire passer des vivres a ces
assiégées héroïques en leur famine
autant que les défenseurs de Mayence,
les soldats de l'Une et Indivisible d'il y
a un siècle!
SÉVERINE.
NOS ÉCHOS
Aujourd'hui, à 2 h. 15, courses à Maisons-
Laffitte. Départ : Gare Saint-Lazare.
NOS PRONOSTICS
Prix de la Saône. — Irlande, Willis.
Prix du Tibre. — Aquarium, Talari.
Prix du Rhône. — Coronel, Roulotte:
Handicap de la Seine. — Campéador, Odin.
Prix du Danube. — Le Cordouan, Séra-
phine II.
L
e président de la République et Mme
Carnot quitteront Fontainebleau, dans
les premiers jours du mois prochain, pour
rentrer à Paris.
Le général Borius, secrétaire général de
i'Elysée, le lieutenant-colonel Dalstein et le
commandant Côurtès Lapeyrat sont auprès
du chef de l'Etat. Le capitaine de vaisseau
Jauréguiberry est à Paris, au palais de l'Ely-
sée, où il expédie les affaires courantes. Le
colonel Chamoin et le commandant Pistor
sont en congé pour quelques jours.
Le président de la République et Mme
Carnot recevront aujourd'hui la visite de
M. Jules Cambon, gouverneur de l'Algérie,
et celle de son frère, M. Paul Cambon,
membre de l'Institut et ambassadeur de
France à Constantinople.
Il est probable que MM. Jules' et Paul
Cambon déjeuneront au palais de Fontaine-
bleau.
L
e ministre des affaires étrangères et Mme
Ribot rentreront à Paris dans le courant
de la semaine prochaine.
M. et Mme Ribot habitent Sannois. M.
Ribot, chaque matin, vient au quai d'Or-
say.
M
le comte d'Ormesson, introducteur des
- ambassadeurs et directeur du proto-
cole, est en congé depuis quelque temps : il
compte reprendre sous peu ses délicates
fonctions.
Au. commencement d'octobre, également,
reviendront à leur poste le prince Wadho-
nah, ministre plénipotentiaire du royaume
de Siam à Paris, frère du roi de Siam, et
Mgr Ferrata, nonce apostolique du Saint-
Siège, qui nous revient des environs de
Rome.
On annonce le départ de M. Luang-Aram,
premier secrétaire de la légation de Siam.
Son remplaçant n'est pas encore connu.
L
a grande saison de Fontainebleau va
commencer. Tamais elle n'aura été aussi
brillante. On annonce, en effet, de grandes
fêtes chez Mme Edmond Dolfus, à la villa
Sainte-Marie ; chez la comtesse de Reinach-
Cessac, au château de Vaux-le-Peny, et
aussi chez Mme Roger de Montbrison.
Mais c'est au prieuré des Basses-Loges,
chez Mme la comtesse d'Haussonville, qu'est
le foyer mondain par excellence. Les salons
de la charmante femme du représentant de
Mgr le comte de Paris sont; dès à présent,
le rendez-vous de la haute société de Fon-
tainebleau. Les Parisiens déjà rentrés dans
la grande ville reçoivent aux Basses-Loges
le plus cordial accueil, lorsqu'il leur plaît
d'aller passer quelques jours sous les om-
brages de la belle-forêt.
c
'est dimanche prochain le jour anniver-
saire de la mort du général Boulanger.
Ce jour-là, les amis du général se rendront
au cimetière d'Ixelles, mais individuellement,
afin de ne pas amener une manifestation
susceptible de déplaire au gouvernement
belge. 1.
L
e carnet des mariages sera t~ chargé le
mois prochain :
C'est d abord le vicom4- Qc ~orrem~:,
fils du marquis de M~ ancien am-
bassadeur à Saint-p^iersb.txirg, qui épouse
Mlle de Kerve211 Le mariage sera célé-
~h/'; -
bré mardi prochain ïU château de Coupvray
chez la duchesse de Trévise, tante de la
fiancée. On oai"que la vicomtesse de Ker-
vegneu, n¿e Mahy, est la sœur de M. de
Mahy, aéputé, dont les idées répuoli'-aines
nè sont p2s pércisément cel'es des îv' S>i tv "*
mart.
M. de Laage épouse MUt ,de Ler-
minât, fille du baron et de la baronne de
Lerminat. C'est à Bayeux, dimanche, que
cette union sera bénie.
Le fils d'un des plus grands industriels
d'Alsace, le baron Dietrich, se marie avec
Mlle Hottinguer, fille du baron ci de la ba-
ronne Hottinguer, née de Beth-.^an. Le vi-
comte Begouen, veuf de sa première femme,
se remarie avec Mlle Franchet d'Espereyr
fille d'un ancien officier de notre marine d-
guerre.
TABLEAU DE PARIS
Dans la douceur d'un des hiers autom-
naux, ces jours de cristaf et d'or, comme les
appela jadis en une de ses jolies lettres la
marquise de Sévigné, pensé philosophi-
quement à un tas de choses mélancoliques
et tristes le long de l'Avenue que l'arc de
triomphe horizonne comme d'une porte de
Gloire, devant les marronniers qui exhalent
leur dernier reste de sève en pâles feuilles,
qui arborent d'éphémères et suprême s pa-
naches ; devant aussi quelques vieux débris
de la bonne époque qui, par hygiène, s'en
vont à pied du côté de Chéri et du club,
gué très de blanc, portant beau sous le cha-
peau lustré et un peu sur l'oreille, tendant
le jarret dès qu'ils se sentent regardés, hu-
mant encore les jupes élégantes, saluant
f om.rrv* nu :~ sait plus saluer, mais trop bien
conservés, datant tellement, l'air si artifi-
ciel qu'on a peur de leur serrer la main d'un
« shake-hand » trop vigoureux, de les dé-
molir d'un coup de coude.
Hélas! se dire qu'on vieillira à son tour,
qu'on ressemblera un jour aux vieux mar- •
ronniers et aux vieux Beaux 1 — P.
les vendanges battent leur plein en Cham-
--,pagtle et le cruel phylloxéra, bien que
dûment constaté en divers endroits du vi-
gnoble, n'a pas encore réussi à détruire ou
même à vicier cette récolte unique, dont les
flacons casqués d'or et d'argent vont porter
aux quatre coins du monde la vieille gaieté
française et l'esprit parisien.
Le vin s'annonce, au contraire, cette an-
née, de qualité remarquable, mais la quan-
tité fait défaut. Aussi les achats se font-ils
en hausse considérable.
Ces renseignements nous sont transmis
par l'une des principales maisons de la Cham-
pagne, la maison de Saint-Marceaux et C.,
dont les divers types de vins : « Royal Saint-
Marceaux > ou « Very dry 18S4 », toujours
délicats et distingués, sont si unanimement
appréciés dans nos principaux clubs et dans
tous les premiers restaurants parisiens. C'est
même le premier de ces vins qui a baptisé
le déjeuner d'inauguration du journal, à la
satisfaction générale, inutile de le dire.
M
eilhac, qui raffole de la danse, était ja-
dis un des habitués de l'Eden-Théâtre.
Aujourd'hui que les ballerines ont déserté
la scène de la rue Boudreau, notre éminent
coilaboçiteur étudie les danseuses du Mou-
lin-Rouge, et avant-hier nous l'avons ren-
contré chez Zidler en compagnie de MM.
Raphaël Birchofsheim, liphrussi et Arthur
Meyer.
Ces messieurs ont interviewé la Goulue
et lui ont fait compliment, lui disant qu'elle
avait le rythme. mais la Goulue ne com-
prenant pas le sens de ce mot, est partiè
furieuse, croyant que le rythmé 'était une
vilaine maladie.
G
rande affluence chez Léon, rue Daunou,
pour le e chapitre des chapeaux).
comme dirait Aristote.
NOUVELLES A LA MAIN
L
e jeune Gontran, qui est d'une ignorance
crasse, brûle du désir d'entrer dans l-e
journalisme :
— Veux-tu, lui demande un de nos grands
confrères, rédiger le courrier des théâtres
dans un journal qui va se fonder?
— Certainement. Mais lequel ?
— Le journal des Goncourt.
- Quand paraît-il?
D
uplumeau, l'ineffable Duplumeau, ne
peut descendre dans un hôtel de pro-
vince sans aussitôt lutiner la première ser-
vante qui s'offre à ses regards.
— Laisse donc cette fille tranquille, lui
dit un jour quelqu'un que ces agaceries
exaspéraient.
— Mon cher, répond Duplumeau, je suis
ainsi.et rien ne me changera. En voyage,
ma première idée est toujours la bonne.
UN DOMINO ROSE.
Lire à la deuxième page :
La Critique Dramatique, par E. BERGERAT.
Ami Lecteur, par HUGUES LE Roux.
Figurines Polychromes, par BERNARD DB
J^ALISSY.
Le Bidon, par PIERRE WOLFF.
Premier Amour, par GAETON DE MAULNE.
PATRIOTISME
ET
JOURNALISME
j'xi connu certaines gens qui n'ont
iaxiais eu l'honneur de se réveiller, ne
fltt-ce qu'un matin, entre les douze
gaillards d'une escouade, jreusKnsifs à
Phabit fleuri, instillés à rcut naissance
par quelque disfret compte-gouttes, et
dont Jo"' scepticisme-cliché, en ce qui
corder ne les beJl«S questions militaires,
dlenace de devenir une mode aujour-
d'hui.
Ces gens rôdent au seuil des jour-
naux, mais s'ils y entrent un jour, ils
devront, a la porte, secouer ces fortes
idées.
devronCt, 'est par le journalisme que se
lient et se délient maintenant les en-
thousiasmes. le public cMXie-les
conscienoes 0:: > honore, qil'il met les
têtes et les — uu jrfan », et l'armée
Iran» aise pivote dans pes milliers de
petits ^uuitiers, loin-dès turlutaines
an patriotes, a-.-.s cesse gardé notre
admiration -
OR l'do ru certain* soiae dont on pour..
l ait dire les dates, à l'heure des dernières
dépêches, à cette heure délassée ai..
Cirxcr Centimes — et Départements — Cirxcr Centimes
MERCREDI 2R SEPTEMBRE tm- -.
LE JOURNAL
1 ::..,,' .- J. ,
;,
V '¡III\\
FERNAND XAU
1 Directeur
RÉDACTION
106. RtiE RICHELIEU, PARIS
Prix des A-bonnements ■
h Ai Sixïsis TroiiIftR Bi lofs
PARI- 20. » 10-50 5.50 2. »
DÉPARTEMENTS ET ALGÈRIE 25. » 13. » 7. » Ô-SO
ÉTRANGER (UNION POSTALE) 35. »-18. » iO. » 3.50
li'S manuscrits mm insérés ne so** pzs rendltf.
A irssser les ni tndais-pcstt à. ¡çf. l'Administrateur,
FERNAND XAU
Directeur
ADMINISTRATION"
106, RUE RICHELIEU, PARIS
Annonces, Réclames et Faits Divers
CHEZ LAGRANGE, CERF ET C.
6, PLACE DE LA BOURSE
et dans les bureaux du JOURNAL,
Ab- téUmpfaiqne : JOURNAL RICHELIEU PARIS
Publicité de première et deuxilmc page
aux bureaux du JOURNAL, to6, rue Rich,liif,l..
LE JOURNAL 1
Le j ournal w 'a pas besoin d'exposer un
long programme au public, en se présentant
à lui 1 en sollicitant sa bienveillance. Ce
programme, porté à sa connaissance pâr
un grand nombre de ses confrères et aussi
par la voie de la publicité, a rencontré tant
de sympathies et provoqué tant d'encourage-
ments que nos premières paroles doivent
être d-rs parafes de remerciements. Le Jour-
nal av rit, t.: effet, ccîiquis sa place avant mê-
me de voir le jour, — et le grand mouve-
ment d'opinion, qui avait précédé sa fonda-
tion devait lui valoir de voir s'acharner
après lui la rage - Ùnpuissatlte — de
l'envie.
Le Journal s'esi appliqué surtout à répon-
dre c:i sentiment général.
Noi'S vivons à mie époque où l'instruc-
tion a rendu accessible à tous les grandes
mardi istativns de l'esprit et où — le cycle
'te **(-&■.ûlitique fiant fermé — on est
épris f*? 't et de littérature. De là la pre-
mière partie de ce jour?ial, — journal de
combat littéraire et artistique où les jeunes
auronl leur place à côté de leurs aînés et où
l'incestanfe activité de leur talent pourra
s'exercer en toute liberté - à l'oei-bre des
grands KO ras qui ne dédaignent pas de s'as-
socier à nos efforts et de jeter sur le j ournal
un vif éclat.
Mais si c'est là miz, des côtés les plus inté-
ressants de l'œuvre que nous fondons au-
jourd'hui y il en est un autre qui mérite
d'ètre signalé. Nous voulons faire un jour-
nal d'informations rapides, dans la for-
mule la plus moderne et laplus comPlète. Et
l'outillage que nécessitait une telle organi-
sation nous l'avons mis entre les mains
d'hoiraues d'expérience et d'écrivains qui
croient avec juste raison que le talent est
ioin de se diminuer en se plianiaux exigences
du journalisme actuel.
C 'es' précisément parce que nous voulons
r,nir le journal littéraire au journal d'in-
foe-. - c'est parce que nous voulons
créer un organe qui soit comme la synthèse
des journaux existants, que nous avons
pris ce simple titre : le Journal.
On lira autre part la liste si brillante de
tios pg. ■i.icipau. c collaborateurs. Est-ce ris-
quer d êtr:accusé de vanité que de dire qu'a-
idée en.. Je succès est certain?
Nou.: estimons que dans ce grand pays de
France. — la terre classique du goâl <*t dc
l'esprit - il ne restait qu'un journal o-
créer , celui qui, tout en donnant satisj •
Hc-n a • x légitimes préoccupations du, -
blic, désireux d'être inférmè — V- -S?
par la modicité de so$ f .e les œuvres
d'une génération de i/ttfre.eurs -.U'.-i iwpr*-
mcra à ce eièi 'f: la marque de r.jn génie.
C'e .i ce jour-%-1 qus nous vàulonsessayer
le fai. ~e.
I.: JOURNAL.
LES
CAMES BE SUCRE
Notes çl'une Gréviste
Etre gréviste sans avoir été ouvrière
peut F.OJ-Îbler, au premier abord, assez
paradoxal. Mais si je n'ai pas late de
1 usine, tout au moins un jour, c'est la
faute a„.v pap ous qui, avant-hier, n'ont
point embauché
Jtt vo::■ !;\is savoir, techniquement, l'o-
; : *0. ,"-rj:. COn -
tm■ - '*- < '"***% - - - -~ :.. - •""••-«■W ''*"*
..M- <«- , pl'ltot. "le pit-i
;" .!. ,
i S de O;
il 1 1, ~,
nu-.uer .but ie nom a égayé Paris ; me
rendre compte) enfin, de la somme de
voluulé, d'endurance, de fatigue, qu'est
tenue de fournir une créature pour ar-
river a gagner juste de quoi re pas
mourir—et recommencer le lendenain !
Aller la-bas en « dame », fût-ce en
amie, carnet et crayon au poing, iepor-
ter esse parmi les reporters, c'était n'ex-
poser a en savoir peut-être noins
qu'eux; e.) tout cas, à n'en pouvoir
faire davantage, a demeurer parquée
dans le même cercle d'évolution, dans
le même ordre d'idées.
La besogne de journaliste est, mal-
heureusement, besogne officielle, ea pa-
reille occurrence ; ce qui, sans diminuer
son intérêt, la frappe souvent de stéri-
lité. Quel que soit le rang de l'informa-
teur dans la hiérarchie professionnelle,
il est connu, obligé de se faire connaître
— d'où, infériorité. Les deux parties
adverses ne lui disent que ce qu il leur
plaît de lui dire ; ne lui missent voir que
ce qu'il leur plaît de lui laisser voir.
Tandis que l'idéal serait de passer
ignoré, anonyme, si semblable a tous
que nul ne vous soupçonnât ; si mêlé à
la foule, si près de son caur qu'on le
sentît vraiment battre, riei qu a poser
■ îa main sur ,>a propre poitrii,,>, - flot in-
corporé dans l'Océan, haleine confondue
dans le grand souffle humain !
Pour les questions de travail surtout
cela me paraît utile. Décrire la vie ou-
vrière ne suffit pas — il faut la vivre
pour en bien apprécier toute l'inpsticè
et toute l'horreur. Alors, on sait Cidont
on parle: on est vraiment l'écho le ce
qu'on a entendu, le reflet de ce quin a
vu-, on s'imprègne jusqu'aux molles
talent du monde, ne donne jamais Fin-
pression de sincérité qu'obtient parfois
un être inculte, reproduisant barbare
ment ce dont il fut témoin ou acteur..
Et il n est pas besoin de donner des
années, des mois, des semaines, à cette
étude, ce voisinage, à cette épreuve
du mçiient qu'il n'est point question
o étudier les finesses du métier, d'y de-
ferçû: tpte à conquérir son salaire —
ou de catéchiser, comme en Russie, des
âmes ignorantes.
Nos ouvriers savent penser sans gui-
de; et les iniquités dont ils pâtissent
sont tellement eviclentes —et, hélas! si
irionotones que quelques heures suf-
fisent, pour qui sait regarder et enten-
dre, a les enregistrer.
C'est cela que j'ai fait. Presque une
journée, mêlée à ces, pauvres filles, vê-
tue comme elles aferré sous l'œil des
sergots devant l'usine déserté, dans la
camaraderie mor^ de l'inhabituelle oi-
siveté. Je me suis arrêtée a leurs éta-
pes, j'ai entendu leurs doléances libre-
ment formulées) j'ai pénétré dans les
usines) vu fonctionner le travail de cel-
les qui s'étaient soumises — ayant trop
d'enfants ou trop faim ! — et c'est pour-
quoi je puis aujourd'hui vous dire, en
toute connaissance, ce qu'est cette grève,
et combien elle mérite d'intérêt et de
sympathie.
Tout d'abord, le terme est impropre :
ce n'est pas casseuse qu'il faudrait dire,
mais rangeuse, car la tâche consiste a
étager, dans des cartons ou des caisses)
le sucre coupé ^n norceaux plus ou
moins forts, se1 .I le numéro. Ainsi, le
sucre des café est du 50, tandis que le
bis, équarri en cube, est réservé spécia-
lement à l'usave du Midi. Seul, le dé-
chet, poudre et éclats, se vend au poids,
ne s'aligne point.
, Seulement, ce mot de casseuse est jus-
tifié parce que l'établi auquel elles tra-
vaillent s'appelle « cassoir » ; le pain y
arrivantentierpour y être débité. 11 passe
d'abord, à côté, par les mains du« scieurs,
qui le coupe perpendiculairement, abso-
lument comme un radis noir, en ron-
delles plus ou moins épaisses, suivant la
longueur du morceau destiné à la con-
sommation. Ces tranches sont alors pla-
cées dans la « lingoteuse » sise a l'une
des extrémités, à la tête du cassoir, et
qui, ainsi que son nom l'indique, sépare
chacune en huit bandes, en huit lingots.
Les « bagues », c est-à-dlre les hachoirs
de la lingoteuse, sont également plus ou
moins rapprochées selon le numéro du
sucre.
Ici intervient l'action de l'ouvrière.
La « tireuse » enlève les lingots de l'ap-
pareil, la « pousseuse » les installe en
rangées sur la partie du cassoir située
entre la lingoteuse et l'espèce de mâ-
choire, de guillotine double, couteau en
l'air, couteau en bas, qui, au passage, va
détailler les lingots en morceaux. Au
delà sont les « rangeuses ».
Car tout ceci est mobi!e; une chaîne
passant pai^d^sns une roue, comme les
courroies de transmission, pousse sans
c~ - le travail, de la machine auxfem-
* :.;:. ne laissant à celles-ci pas une mi-
j o de trêve.
ifin de comprendre ce qu'est le cas-
soir, il faut imaginer une table très lon-
gue, large d'un mètre environ, et rayée
parallèlement, comme une portée de
musique, en relief pour aveugles. C'est
entre ces rails que le sucre va défiler —
lingot au delà - des couteaux, morceaux
en deçà — que les six rangeuses, a'un
mouvement continu, incessant, mécani-
que lui aussi, saisissent une file, se re-
tournent, la déposent dans la caisse ou
le carton placé derrière elles sur une
sorte de banquette de bois; voltent, re-
commencent encore, toujours, éternel-
lement, de sept heures du matin à six
heures du soir, sans jamais s'arrêter,
sans jamais se reposer, sans jamais
s'asseoir, sauf dix minutes pour l'a colla-
tion et une heure pour le déjeuner.
Par exemple, elles circulent. Quand
leur boîte est remplie, il la faut porter
aux basculeuses. situées, chez M. Som-
mier par exemple, a vingt ou vingt-
cinq mètres de là. La moyenne quoti-
dienne des voyages est de quarante. Des
femmes enceintes, des fillettes portent
jusqu'à milfe kilos. Beaucoup sont
blessées; les plus robustes perdent envi-
ron deux ou trois jours p;';' quinzaine,
« ~- ;'@
1 ^V-:')'*-^n^ees. tour-1
1 - uiiio'oVtS, ..teintes dans j
leur niatciuiio ou leur pubùrté.
Je ne parle la que de l'effort, car il
faut lire, comme je viens de le faire,
dans les bouquins médicaux, pour sa-
voir quelles maladies sont inhérentes k
ce funeste état.
Elles n'ont plus d'ongles, elles n'ont
plus de dents; les uns usés jusqu'à la
chair par le maniement du sucre; les
autres écaillées, perdues, effritées par
les poussières qui s'en dégagent —ces
poussières qui leur brûlent les paupiè-
res, le gosier, qui leur éraillent la voix,
déterminent les gastrites, la tuberculose
- lasouffranie toujotirs, la mort bientôt!
Ce qu'elles gagnent?. Elles ga-
gnaient 60 centimes par cent kilos,
c'est-à-dire, quelque fût le courage, de
3 fr. 25 a 4 fr. par jour. On est venu leur
dire, il y a presque une quinzaine:
« Vous n aurez plus que 50 centimes par
« cent kilos. La concurrence est trop
forte; c'est a prendre ou à laisser. »
Elles ont laissé; elles sont parties, pré-
férant crever tout a fait de faim, et vite,
que d'en lentement mourir. Car cela les
réduisait de dix sous par jour — et vous
rendez-vous compte de ce que c'est que
dixsous par jour dans un ménage ouvrier?
Elles ont essayé de la grève générale.
Les ouvrières des maisons Lebaudy,
Lucas, François, ont d'abord suivi le
mouvement parti de la raffinerie Som-
mier. Puis elles se sont lassées. sont
rentrées. Seuls, même, es travailleurs,
hommes et femmes, de chez Lucas,
sacrifient 15 centimes @ par jour pour
venir en aide aux grévistes de chez
Sommier. Mais ils sont moins de vingt
— et les grévistes plus de cent qua-
rante
Quelques secours sont venus, de
droite, de gauche, envoyés par la soli-
darité socialiste ou la compassion de
braves gens émus, en dehors de toute
politique, de tant de détresse et de tant
de vaillance. On a pu distribuer trente
sous par idur; et des familles de cinq,
six personnes ont vécu là. dessus de
painf et d'eau — mAis ne cédant pas 1
Al* ! si quelque homme de coeur leur
voulait assurer la résistance, c'est-à-
dire le succès, le retour a l'ancien prix,
ou tout au moins le partage du différend,
cinq centimes concédés de part et d'au-
tre ! Si, dans les cafés, vers l'heure
de l'absinthe, les « casseurs de sucre»,
comme on dit en argot parisien, se coti-
saient pour leurs petites sœurs de la
Villette ! Ce serait le salut — et même
de l'avance !
J'irais bien quêter pour elles a Tor-
toni,..
J'ai bien été les retrouver, lundi, k l'au-
be, vers les six heures, tout en haut de la
rae de Flandre. La veille, trois délé-
guées étaient venues me trouver, me
raconter ce qui précède, et comme je
leur avait fait part de mon idée d'aller
passer une journée là-bas, de me faire
embaucher si possible, elles s'étaient
montrées enthousiastes, un peu incré-
dules, toutefois, sur la mise à exécu-
tion.
Cependant, la « secrétaire », Hélène
Milani, une belle fille blonde, à l'œil
décidé, à l'allure crâne, m'avait dit : «A
demain!» Mais elle avait ajouté un:
« Vous ne pourrez jamais, madame » qui
m'avait piqué au vif. Je ne suis
pas une virago, mais je ne suis pas non
plus une femmelette, et ce que je veux,
je le veux bien.
Aussi, me voilà qui débarque chez
l'une d'elles, à l'heure dite. En un tour
de main, j'ai enlevé gants, voilette, cha-
peau, manteau, et me voici nu-tête, les
cheveux bien tirés — oh ! ces diables de
cheveux, ce qu'ils se rebiffent! — en ju-
pon et en corsage de toile, un fichu aux
épaules, un tablier à la taille, un panier
k-la main, si pareilles à elles qu'elles
s extasient, amusées.
Nous sommes descendues dans la rue
de Flandre, poussant jusqu'à la grande
bâtisse de la raffinerie Sommier, afin de
savoir si on n'embauche point. Je me
glisserai dans le tas des renégates,
quitte à être un peu « attrapée » par les
grévistes que je veux défendre.
La rue est pleine d'agents, avec et
sans uniforme. Je n'ai peur que de Gran-
ger, le député de l'arrondissement, qui
est la, dans un groupe, avec Lhermite,
de la Bourse du Travail, et notre con-
frère Degay de la Marseillaise. Tous
trois sont venus, parce que, l'autre
jour, la police a été vraiment brutale, et,
qu'en cas de récidive, l'écharpe de Gran-
ger sortirait.
S'il me reconnaissait, peut-être ne re-
tiendrait-il pas un geste d'ahurissement,
et ce serait fini de l'incog'nito qui me
permet d'aller, de venir a mon aise, de
causer avec mes compagnes.
Les attroupements i^ont interdi ts ;
quand en est phw de tr. />t qu'on reste
en place, un agent mte?%mt.Et comme
je m'attarde devan' , te de l'usine,
n'en perdant pas une brique, contem-
plant le portier dans son bel uniforme
bleu a boutons de métal, semblable a un
grognard avec ses terribles moustaches
blanches, et qui semble plutôt flatté de
l'examen, un sergot me pousse douce-
ment ; -
- Allons, hop! la blonde! Circulez!
Faut pas rester là.
J'obtempère et, me réfugie, avec beau-
coup d'autres, a « notre » bureau, situé
presque en lacez au 122, chez le mar-
chand de vins qui porte pour enseigne :
« Allons chez Charles. »
Je vais chez Charles. On file devant
Je comptoir, où quelques ouvriers et pas
mal de mouchards se désaltèrent, et l'on
se réunit au fond, dans une sorte de
modeste hall éclairé par le haut, mi-
salle de bas, mi-jeu de paume —
comme il y a cent ans! Seulement, grâce
au ciel, personne ne pérore; on discute
simplement, sans pnrases, ce qu'il y
aurait de mieux à faire dans l'intérêt de
toutes.
jyia qualité de nouvelle ne les notre
pas — une des déléguées, Mme (lasse,
;-ft repondu de moi — et Je constate en-
cOJ?ô, WCC une émotion indicible, com-
bien ce peuple méprisé, exploité, a, en
ses femmes surtout, de bonté native, de
douceur, de résignation. Pas ou peu de
paroles colères, rien qu'une mélancolie
a voir combien l'entente est difficile, et
malgré tout l'espoir qu'elle se fera.
— Nous ne demandions rien; qu'on
nous rende seulement ce que nouo
ax:;ohs. M. Sommier n'est pas méchant,
il voudra bien, il est si riche!. Que
c'est ennuyeux, quand on a l'habitude,
de ne pas travailler !
Au vrai, elles sont la comme des
corps sans âme, ces laborieuses, bien
qu'entre leurs doigts à peine cicatrisés,
le crochet d'os happe la laine. Sur une
petite table est un encrier, du papier,
une boîte en bois, un registre. De temps
a autre, une femme arrive, signe, tou-
che ses trente sous — s'en va les tenant
dans sa main crispée, comme le noyé se
tient 11. la branche ! Elle ne s'arrête pas,
ne bavarde point, court. on attend
après son retour pour manger, dans le
taudis.
Ah ! les pauvres visages, émaciés, aux
lèvres anémiées, presque pas roses dans
la blêmeur des chairs; les pauvres yeux
cernés, les pauvres femmes !
Une, dans un coin, a entr'ouvert son
caraco pour donner le sein a un enfante-
let qui semble un vieillard tant sa peau
est plissée, tant son teint est cireux!
Et le maigre sein apparaît, arme par-
lante de toute la race, qui a faim avant
que d'avoir des dents, qui a faim lors-
qu'elle les a perdues — qui a faim tou-
jours !.
Une de mes guides vient me prendre:
— A la collation, on va embaucher
chez François, rue Ricquer. Venez-
vous ?
Je me lève et la suis. Dehors, les pa-
petiers, affichent le Réveil du AYJY", où
Jules Guérin consacre trois colonnes a
la grève. Il est plutôt dur dans ses ap-
préciations sur les patrons, Jules Gué-
rin ornais, sapristi, s'il a la ferme ou-
trancière, tout ce que je viens de voir
ne lui donne pas tort, pour le fond.
On met en devanture aussi le pros-
pettus dxk Journal, Devant nos têtes. le
populo fait ses réflexions — et c'est ru-
dement drôle! Les épaules de Mme
Adam, notre illustre collaboratrice,
l'emplissent d'admiration. Un loustic
nous traite, Zola et votre humble ser-
vante, de'« calotins » dit queleportrait
du Saint-Père, avec la Bonne dame de
Lourdes au-dessus, devrait être a la
place de celui de Xau. Mais comme, a la
fin, il déclare que nous sommes tout de
même des « zigs » : Léon XIII, Zola, et
moi je m'en vais consolée.
Cnez François, pour ces dix minutes
ae repos, ie personnel s evaae en tu-
multe. La plupart sont jeunes — les au-
tres sont mortes ou retirées — beau-
coup sont vêtues de cotillons et de ca-
misoles d'étoffe claire a fleurettes, un
mouchoir noué en marmotte, cornes au
vent sur leurs cheveux givrés de sucre.
Au premier abord, c'est presque joli,
sous ce clair soleil d'octobre, comme un
lever de grisettes aux Porcherons.
Mais vite l'illusion cesse devant les
brèches du sourire, les bouches gercées,
les épaules étroites, les gorges rentrées,
les petites toux sèches qui retentissent
un peu partout. Ce qui avait paru animé
ces joues, c'était le feu de la fièvre.
Au fur et a mesure que les gouttelettes
de sueur se sèchent aux tempes, le rouge
disparaît des pommettes. Les voici pâles
comme des poupées fanées.
Nous nous sommes faufilées dans la
cour.
- Tenez, voila le Vésinet, me dit ma
compagne.
C'est un sous-sol obscur où des ma-
chines, des formes humaines se distin-
guent vaguement. - -
— Qu est-ce que cela. ?
— C'est où l'on travaille. Mais venez
au-dessus, c'est mieux.
En effet, en haut du perron de quel-
ques marches, la salle est claire, au
moins. Mais c'est même chaleur écra-
sante, même buée même poussière de
sucre, qui vous asphyxie, vous étouffe.
Il y a là des cassoirs ; et l'autre
me donne une leçon de choses, m'indi-
que comment l'appareil fonctionne, et
ce que j'eusse eu it faire.
— seulement, me du-eiie, le soir, vos
doigts auraient pissé le sang.
Et elle m'indique du regard les mains
des femmes entourées de chiffons, de
bandelettes, de poupons de linge.
Voici le contre-maître. Timidement,
elle l'aborde, lui expose notre requête.
Le regard ailleurs, mais très poli, il ré-
pond :
— J'ai mon monde pour aujourd'hui.
Revenez demain à six heures, on vous
embauchera.
Je rentre dans ma poche le livret em-
prunté pour la circonstance à ma sœur
de lait, et nous repartons, traversant la
co-jr, a rencontre des ouvrières qui ren-
trent.
Sur le seuil, une gréviste, venue pour
surveiller les défections, m'interpelle :
— Feignante, va !
Ça non, par exemple !
Il ne me reste plus qu'à essayer d'en-
trer chez M. Sommier, pour avoir un
aperçu de rétablissement.
— Il n'y a qu'un moyen. faut porter
un litre à Barthélémy !
Je veux bien porter un litre à
Barthélémy, mais encore faut-il m'ex-
pliquer comment s'y prendre.
— Voila. Barthélémy est porteur de
bassins à la raffinerie, au-dessous de
l'endroit où nous travaillons d'habitude.
Les porteurs de bassins ne sortent ja-
mais, on leur amène du dehors ce qu'ils
ont besoin, jusqu'k trois heures. Mon
homme lui à porté son déjeuner, mais
on peut bien encore lui porter un litre.
- Comment ferai-je?
— Vous passerez sous le nez du por-
tier sans rien lui dire vous irez tout
droit dans la cour, vous descendrez quel-
ques marches, et* Ih, dans la cave,
c'est les porteurs de bassins. Alors vous
aurez vu comme c'est rude aussi, leur
métier, et ce qu'il fait chaud lk-dedans !
Aussitôt dit, aussitôt fait; le pro-
gramme a été exécuté de point en
point. J'ai filé devant le concierge et
Iesto, presto, dégringolé dans le sous-sol.
Dès l'entrée, j'ai eu un éblouissement,
tellement la température y est ef-
frayante. Des hommes en pantalon de
toile, le torse nu, la poitrine et le ventre
garantis par une sorte de tablier de cor-
royeur, passent en file indienne, un
énorme récipient de cuivre entre les
bras, qu'ils vident, l'un après l'autre,
dans l'appareil où sont les moules h
pains. C'est le sucre en -fusion qu'ils
transportent ainsi ; il faut voir leur geste
las, quand ils ont versé la charge, et
repartent en rechercher une autre dans
leurs vases de métal! Et ces imbéciles de
peintres qui s'entêtent a faire les Da-
naïdes, quand ces créatures en chair et
en os, que voici, donnent un tel spectacle
d'art, superbe et navrant!
Tout autour, comme en une énorme
fonderie d'obus, les moules sont alignés
les uns contre les autres, la pointe
en bas.
Cependant, je n'ose pas crier : « Hé !
Barthélémy ! » Je m'informe.
— Connais pas, répond le premier.
- Attendez donc !. fait un autre.
Mais c'est i'Andouille !
— lié! I'Andouille !. reprend tout le
sous-sol d'une seule voix.
Un grand garçon frisé, l'air bon en-
fant, émerge des profondeurs.
- Qui c'est qui me demande?
- C'est ta payse qui t'apporte un
litre.
— C'est pas ma payse, mais tout de
même je veux bien du litre.
Je le lui tends en souriant :
— C'est de la part d'Eulalie.
.-J Vous lui direz que je la remercie
bien, et vous aussi, mademoiselle.
— Au revoir, monsieur Barthélémy.
En m'en allant, je flâne un peu. Je re-
garde le bel ordonnancement de l'usine,
je calcule quelle source de richesse sont
ces bâtiment^ ce§ maçtfmesT ç £ ît§PUi®*
Santé ofgîulfëatlon <3u Capital. J
Et je songe soudain aune visite que ie
fis, voici bien longtemps, au château de
Vaux-Fouquet, a cette résidence royale
d'un royal surintendant, et dont M. Som-
mier est aujourd'hui le possesseur. Je
pense aux statues dans les charmilles, à
la fraîcheur des sous-bois, aux ombra-
ges merveilleux, à tout ce bien-être, à
tout ce luxe, à ces jouissances de Mécène,
relevant de ses ruines un pareil sé-
jour.
Elles ont raison, ces pauvres filles, iJ
est impossible qu'on soit implacable
ayant de telles satisfactions ici-bas.
Dehors, les déléguées me • rejoi-
gnent.
— Nous venons de faire la dernière
démarche auprès du patron. Même par-
tager en deux la différence, nous don-
ner 55 centimes, il ne veut rien enten-
dre.
Une sanglote :
— Qu'avez-vous?
- If a été de glace. il nous a parlé si
durement!
- Et quelle raison à ce refus?
- M. Sommier a dit comme ça qu'il
ne peut pas, que ses. moyens ne le lui
permettent pas.
Sur l'indigence de votre maître, pleu-
rez, nymphes de Vaux! Elle en fait
pleurer bien d'autres, cette indigence
qui rogne les salaires et loge en des
palais, mii fait que tant de jeunes en-
tants, de vieilles mères, de femmes
épuisées, dépérissent lentement en l'un
de nos faubourgs.
Qui leur viendra en aide? Qui voudra
opposer l'argent qui sauve it l'argent
qui tue, faire passer des vivres a ces
assiégées héroïques en leur famine
autant que les défenseurs de Mayence,
les soldats de l'Une et Indivisible d'il y
a un siècle!
SÉVERINE.
NOS ÉCHOS
Aujourd'hui, à 2 h. 15, courses à Maisons-
Laffitte. Départ : Gare Saint-Lazare.
NOS PRONOSTICS
Prix de la Saône. — Irlande, Willis.
Prix du Tibre. — Aquarium, Talari.
Prix du Rhône. — Coronel, Roulotte:
Handicap de la Seine. — Campéador, Odin.
Prix du Danube. — Le Cordouan, Séra-
phine II.
L
e président de la République et Mme
Carnot quitteront Fontainebleau, dans
les premiers jours du mois prochain, pour
rentrer à Paris.
Le général Borius, secrétaire général de
i'Elysée, le lieutenant-colonel Dalstein et le
commandant Côurtès Lapeyrat sont auprès
du chef de l'Etat. Le capitaine de vaisseau
Jauréguiberry est à Paris, au palais de l'Ely-
sée, où il expédie les affaires courantes. Le
colonel Chamoin et le commandant Pistor
sont en congé pour quelques jours.
Le président de la République et Mme
Carnot recevront aujourd'hui la visite de
M. Jules Cambon, gouverneur de l'Algérie,
et celle de son frère, M. Paul Cambon,
membre de l'Institut et ambassadeur de
France à Constantinople.
Il est probable que MM. Jules' et Paul
Cambon déjeuneront au palais de Fontaine-
bleau.
L
e ministre des affaires étrangères et Mme
Ribot rentreront à Paris dans le courant
de la semaine prochaine.
M. et Mme Ribot habitent Sannois. M.
Ribot, chaque matin, vient au quai d'Or-
say.
M
le comte d'Ormesson, introducteur des
- ambassadeurs et directeur du proto-
cole, est en congé depuis quelque temps : il
compte reprendre sous peu ses délicates
fonctions.
Au. commencement d'octobre, également,
reviendront à leur poste le prince Wadho-
nah, ministre plénipotentiaire du royaume
de Siam à Paris, frère du roi de Siam, et
Mgr Ferrata, nonce apostolique du Saint-
Siège, qui nous revient des environs de
Rome.
On annonce le départ de M. Luang-Aram,
premier secrétaire de la légation de Siam.
Son remplaçant n'est pas encore connu.
L
a grande saison de Fontainebleau va
commencer. Tamais elle n'aura été aussi
brillante. On annonce, en effet, de grandes
fêtes chez Mme Edmond Dolfus, à la villa
Sainte-Marie ; chez la comtesse de Reinach-
Cessac, au château de Vaux-le-Peny, et
aussi chez Mme Roger de Montbrison.
Mais c'est au prieuré des Basses-Loges,
chez Mme la comtesse d'Haussonville, qu'est
le foyer mondain par excellence. Les salons
de la charmante femme du représentant de
Mgr le comte de Paris sont; dès à présent,
le rendez-vous de la haute société de Fon-
tainebleau. Les Parisiens déjà rentrés dans
la grande ville reçoivent aux Basses-Loges
le plus cordial accueil, lorsqu'il leur plaît
d'aller passer quelques jours sous les om-
brages de la belle-forêt.
c
'est dimanche prochain le jour anniver-
saire de la mort du général Boulanger.
Ce jour-là, les amis du général se rendront
au cimetière d'Ixelles, mais individuellement,
afin de ne pas amener une manifestation
susceptible de déplaire au gouvernement
belge. 1.
L
e carnet des mariages sera t~ chargé le
mois prochain :
C'est d abord le vicom4- Qc ~orrem~:,
fils du marquis de M~ ancien am-
bassadeur à Saint-p^iersb.txirg, qui épouse
Mlle de Kerve211 Le mariage sera célé-
~h/'; -
bré mardi prochain ïU château de Coupvray
chez la duchesse de Trévise, tante de la
fiancée. On oai"que la vicomtesse de Ker-
vegneu, n¿e Mahy, est la sœur de M. de
Mahy, aéputé, dont les idées répuoli'-aines
nè sont p2s pércisément cel'es des îv' S>i tv "*
mart.
M. de Laage épouse MUt ,de Ler-
minât, fille du baron et de la baronne de
Lerminat. C'est à Bayeux, dimanche, que
cette union sera bénie.
Le fils d'un des plus grands industriels
d'Alsace, le baron Dietrich, se marie avec
Mlle Hottinguer, fille du baron ci de la ba-
ronne Hottinguer, née de Beth-.^an. Le vi-
comte Begouen, veuf de sa première femme,
se remarie avec Mlle Franchet d'Espereyr
fille d'un ancien officier de notre marine d-
guerre.
TABLEAU DE PARIS
Dans la douceur d'un des hiers autom-
naux, ces jours de cristaf et d'or, comme les
appela jadis en une de ses jolies lettres la
marquise de Sévigné, pensé philosophi-
quement à un tas de choses mélancoliques
et tristes le long de l'Avenue que l'arc de
triomphe horizonne comme d'une porte de
Gloire, devant les marronniers qui exhalent
leur dernier reste de sève en pâles feuilles,
qui arborent d'éphémères et suprême s pa-
naches ; devant aussi quelques vieux débris
de la bonne époque qui, par hygiène, s'en
vont à pied du côté de Chéri et du club,
gué très de blanc, portant beau sous le cha-
peau lustré et un peu sur l'oreille, tendant
le jarret dès qu'ils se sentent regardés, hu-
mant encore les jupes élégantes, saluant
f om.rrv* nu :~ sait plus saluer, mais trop bien
conservés, datant tellement, l'air si artifi-
ciel qu'on a peur de leur serrer la main d'un
« shake-hand » trop vigoureux, de les dé-
molir d'un coup de coude.
Hélas! se dire qu'on vieillira à son tour,
qu'on ressemblera un jour aux vieux mar- •
ronniers et aux vieux Beaux 1 — P.
les vendanges battent leur plein en Cham-
--,pagtle et le cruel phylloxéra, bien que
dûment constaté en divers endroits du vi-
gnoble, n'a pas encore réussi à détruire ou
même à vicier cette récolte unique, dont les
flacons casqués d'or et d'argent vont porter
aux quatre coins du monde la vieille gaieté
française et l'esprit parisien.
Le vin s'annonce, au contraire, cette an-
née, de qualité remarquable, mais la quan-
tité fait défaut. Aussi les achats se font-ils
en hausse considérable.
Ces renseignements nous sont transmis
par l'une des principales maisons de la Cham-
pagne, la maison de Saint-Marceaux et C.,
dont les divers types de vins : « Royal Saint-
Marceaux > ou « Very dry 18S4 », toujours
délicats et distingués, sont si unanimement
appréciés dans nos principaux clubs et dans
tous les premiers restaurants parisiens. C'est
même le premier de ces vins qui a baptisé
le déjeuner d'inauguration du journal, à la
satisfaction générale, inutile de le dire.
M
eilhac, qui raffole de la danse, était ja-
dis un des habitués de l'Eden-Théâtre.
Aujourd'hui que les ballerines ont déserté
la scène de la rue Boudreau, notre éminent
coilaboçiteur étudie les danseuses du Mou-
lin-Rouge, et avant-hier nous l'avons ren-
contré chez Zidler en compagnie de MM.
Raphaël Birchofsheim, liphrussi et Arthur
Meyer.
Ces messieurs ont interviewé la Goulue
et lui ont fait compliment, lui disant qu'elle
avait le rythme. mais la Goulue ne com-
prenant pas le sens de ce mot, est partiè
furieuse, croyant que le rythmé 'était une
vilaine maladie.
G
rande affluence chez Léon, rue Daunou,
pour le e chapitre des chapeaux).
comme dirait Aristote.
NOUVELLES A LA MAIN
L
e jeune Gontran, qui est d'une ignorance
crasse, brûle du désir d'entrer dans l-e
journalisme :
— Veux-tu, lui demande un de nos grands
confrères, rédiger le courrier des théâtres
dans un journal qui va se fonder?
— Certainement. Mais lequel ?
— Le journal des Goncourt.
- Quand paraît-il?
D
uplumeau, l'ineffable Duplumeau, ne
peut descendre dans un hôtel de pro-
vince sans aussitôt lutiner la première ser-
vante qui s'offre à ses regards.
— Laisse donc cette fille tranquille, lui
dit un jour quelqu'un que ces agaceries
exaspéraient.
— Mon cher, répond Duplumeau, je suis
ainsi.et rien ne me changera. En voyage,
ma première idée est toujours la bonne.
UN DOMINO ROSE.
Lire à la deuxième page :
La Critique Dramatique, par E. BERGERAT.
Ami Lecteur, par HUGUES LE Roux.
Figurines Polychromes, par BERNARD DB
J^ALISSY.
Le Bidon, par PIERRE WOLFF.
Premier Amour, par GAETON DE MAULNE.
PATRIOTISME
ET
JOURNALISME
j'xi connu certaines gens qui n'ont
iaxiais eu l'honneur de se réveiller, ne
fltt-ce qu'un matin, entre les douze
gaillards d'une escouade, jreusKnsifs à
Phabit fleuri, instillés à rcut naissance
par quelque disfret compte-gouttes, et
dont Jo"' scepticisme-cliché, en ce qui
corder ne les beJl«S questions militaires,
dlenace de devenir une mode aujour-
d'hui.
Ces gens rôdent au seuil des jour-
naux, mais s'ils y entrent un jour, ils
devront, a la porte, secouer ces fortes
idées.
devronCt, 'est par le journalisme que se
lient et se délient maintenant les en-
thousiasmes. le public cMXie-les
conscienoes 0:: > honore, qil'il met les
têtes et les — uu jrfan », et l'armée
Iran» aise pivote dans pes milliers de
petits ^uuitiers, loin-dès turlutaines
an patriotes, a-.-.s cesse gardé notre
admiration -
OR l'do ru certain* soiae dont on pour..
l ait dire les dates, à l'heure des dernières
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