Titre : Le Radical
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1888-09-08
Contributeur : Maret, Henry (1837-1917). Rédacteur
Contributeur : Simond, Victor. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32847124t
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 08 septembre 1888 08 septembre 1888
Description : 1888/09/08 (A8,N252). 1888/09/08 (A8,N252).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG33 Collection numérique : BIPFPIG33
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k76058910
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-210
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 25/04/2014
8eAnaée.—N0 2S*2.—Samedi 8 Septembre 1888 tINOCErtTIMES LE ItUMERO, 8BAnnée —-22 frnenaor nn 9fi — If 252
LE RADICAL
RÉDACTION: rue Montmartre, 142, et rue du Croissant, 19
ANNONCES.
MM. LAG RANGE, CERF ET Cie, 6, PLACE DE LA BOURSE
ET A L'ADMINISTRATION DU JOURNAL
Rédacteur en chef : Henry MARET"
ADMINISTRATIONrao Montmartre. 143, et ras 11 Ouiiii 1;
"Oiv N ig m LP m Tl i
Trois mois, 7 Ir. — Six mois, 13 te. — Un an, 2] -i?-
Étranger (Union Postale): Trois raoÏ3,10 fr. —Six mois, 19 c. - U a 11 :
ADRESSER LBTTRB3 ET MANDATS AU OtaSQ TJ J»
LE
SCRUTIN DE LISTE
La question du mode électoral fut,
• pendant la dernière législature, le su-
jet de longues polémiques et d'une
grande discussion parlementaire, qui
se termina par le triomphe du scru-
tin de liste.
Ce lut une victoire républicaine.
Cette question est posée de nou-
veau. Comme Maret et Lacroix, je
reste convaincu que le scrutin de
liste doit être le mode de scrutin aux
élections de 1889. Comme eux, j'es-
time qu'il faut, dans une démocratie
comme la nôtre, créer de grands cou-
rants d'opinion qui mettent en évi-
dence les réformes que le pays at-
tend; il faut entretenir cette vie poli-
tique qui domine les intérêts particu-
liers.au profit de l'intérêt de tous, et
qui fait que la bataille se livre sur
des idées, non sur des questions lo-
cales et des personnes.
République impersonnelle, une, dé-
mocratique : scrutin de liste.
Le scrutin uninominal, par arron-
dissement, est au profit du candidat
contre la politique générale. C'est un
nom et une personne qu'on discute ;
c'est une situation individuelle qui
détermine le succès. Ce sont les inté-
rêts étroits d'une circonscription
qu'on met en jeu, et dont on charge
le député; il emporte dans sa valise
les divisions de la petite ville; c'est
une sorte de conseiller général en re-
présentation à Paris. Le scrutin d'ar-
rondissement favorise les riches, les
gros propriétaires, les gros indus-
triels. Sous l'empire, il-favorisait la
candidature officielle et l'action du
préfet. Par sa nature, par ses tendan-
ces, par la corruption, par les résul-
tats, le scrutin d'arrondissement est
le mode électoral de la monarchie et
de l'empire. —
C'esL ce que: les républicains ont
toujours affirmé, ce qu'ils répétaient
aux jours de lutte quand les conser-
vateurs de Versailles repuisaient de
l'audace dans le succès d'un moment
et rêvaient que l'épée du Maréchal
allait devenir un sabre de coup
d'Etat.
Toujours le scrutin de liste a figuré
en tête des programmes républicains,
et la démocratie, qui sait que c'est le
scrutin des idées et que par les idées
on arrive aux réformes, la démocratie
attend tout de lui.
Les élections de 1885 se sont faites
au scrutin de liste, et le lendemain a
été une surprise à cause de la vic-
toire apparente des réàétionnaires. A
qui la faute? La Chambre précédente,
élue au scrutin d'arrondissement,
avait renoncé à son droit de contrôle;
elle avait abdiqué entre les mains
d'un ministre autoritaire, obstiné,
qui s'était buté dans des idées fixes
d'expansion coloniale par les armes.
Depuis le Mexique, les expéditions
lointaines sont impopulaires, et les
patriotes s'exaspéraient à la pensée
que les meilleurs des nôtres, les
plus vaillants, les plus jeunes,
mouraient, pour une entreprise
mal conçue, dans les rizières de
l'Annam et du Tonkin, tandis que la
trouée des Vosges est toujours ou-
verte. Les conservateurs, en dissimu-
lant leurs drapeau, ont bénéficié de
l'impopularité opportuniste, et ils sont
entrés dans la Chambre avec une mi-
norité inquiétante.
Malgré cela, il y" avait eu une
alerte dans les rangs républicains, et
cette alerte nous avait redonné de la
vigueur. Les esprits s'étaient montés ;
les nouveaux venus, les jeunes, ne
demandaient qu'à aller à gauche,
hardiment. Jamais gouvernement
n'eut la partie plus belle. Et la partie
a été presque perdue parce que les
présidents de la République n'ont pas
voulu comprendre qu'à une Cham-
bre nouvelle, d'esprit antiopportu-
niste, il fallait un ministère décidé à
marcher en avant. Ce n'est pas le
scrutin de liste qui avait fait si mau-
vaise besogne, ce sont les envies et
les ambitions des politiciens qui ont
trouvé trop d'aide à l'Elysée!
Le pays faisait crédit au Parle-
ment; le corps électoral avait foi
dans la République. Elle avait fait
beaucoup ; elle ferait davantage en-
core. Les déceptions sont venues seu-
lement quand les électeurs ont vu
qu'on ne faisait rien. Puis les crises
ont aigri les déceptions; il y a eu un
sentiment d'énervement, de colère.
Boulanger et sa bande se sont trouvés
là pour exploiter ce sentiment.
Le scrutin de liste a semblé favo-
riser l'aventure. C'est une erreur.
On oublie que, dans les élections
partielles, le scrutin de liste est uni-
nominal et se prête au plébiscite.
Dans les élections générales, c'est
tout le contraire. Le scrutin d'ar-
rondissement est le scrutin césa-
rien, celui qui n'a affaire qu'à un
individu.
A quoi tient le succès de Boulan-
ger? Surtout à l'équivoque, au vague
des déclarations faites pour contenter
tous le monde. Cela suffirait-il lors-
qu'il faudrait, aux élections géné-
rales, non seulement faire une liste,
mais signer un programme, prendre
des engagements précis et dire net-
tement sa pensée.
Il y aura deux éamps en 1889 : les
républicains et les conservateurs. On
sera ou avec les premiers ou avec les
seconds. Cherchez Boulanger ! où
sera-t-il ? Le scrutin de liste le pousse
hors de son hypocrisie et ses chances
diminuent !
Est-ce qu'avec le scrutin d'arron-
dissement il ne se présenterait pas
dans toutes les circonscriptions incer-
taines ? Elles sont en assez grand
nombre pour lui donner apparence de
victorieux.
La vérité est qu'il faut aller aux
élections de 1889 avec la volonté de
vaincre. C'est le centenaire de la Ré-
volution, à cette date la démocratie
trouve un obstacle. Que l'exemple du
passé lui apprenne à le surmonter,
que l'union des républicains se fasse
autour des réformes ! Voilà le but,
voilà la route ! Qu'on s'explique fran-
chement. Avec de l'union, des réfor-
mes, la volonté d'aller en avant, nous
serons les plus forts ; mais il faut don-
ner des gages au peuple en votant un
bon budget et de bonneslois. Le scru-
tin de liste, qui permet de déployer
tout grands les drapeaux, consacrera
nos efforts par le succès. r
TONY REVILLON.
LE CHOLÉRA AU TONKIN
Parle derniercourrier del'Indo-Chine,
un de nos confrères de province a reçu
d'un officier déjà depuis longtemps au
Tonkin une lettre, en dite du 19 juillet,
d'où nous détachons les navrants détails
qui suivent :
Ici (au Tonkin), les hommes meurent
comme mouches. La fièvre des bois em-
poisonne l'organisme en quelques jour?, et
l'on voit des individus qui, sans avoir le
temps de s'émacier, sont totalement exsan-
gues, titubants, cachectiques au plus haut
point.
Le choléra sévit, d'ailleurs, dans tous les
postes.
Plus de quatre cents soldats (zéphirs et
légion étrangère surtout) ont succombé en
quelques heures.
Le personnel médical est insuffisant.
Aussi vient-on de décider que vingt-trois
médecins de la guerre seraient maintenus
ici jusqu'au jour où la marine pourra four-
nir les éléments nécessaires.
La Cochinchine, ruinée * pour , six ans,
grâce à la formation indo-chinoise, pourra
se relever parce qu'elle est riche et qu'on
l'a séparée du gouffre tonkinois. Quant au
Tonkin, dont les .prévisions budgétaires
étaient, je crois, de 70 à 75 millions, s*s
caisses sont vides, ne percevant rien. Une
résolution énergique est obligée. Si les
troupes ne sont pas relevées — ou rempla-
cées car elles meurent sur place — les gar-
nisons des postes deviendront insuffisantes
avant peu.
Les hommes qui présentement font du
service sont des impaludés, deslanémiques,
et la corvée est d'autant plus rude que les
décès sont plus abondants.
En résumé, c'est avec le gâchis, une
atroce misère, à laquelle, dénués d'hommes
et d'argent, les généraux et les résidents
ne peuvent plus rién.
Telle est la situation; il en résulte que
plus nous nous obstinons à rester au
Tonkin, plus les événements viennent
démontrer l'impossibilité de mener à
bonne fin l'entreprise. Chaque jour l'a-
bîme où s'engloutissent nos soldats et
nos ressomrces nationales devient plus
profond.
Et il paraît que la leçon n °e 3t pas en-
core suffisante.
ItIÉLINITE ET fUSIL LEBEL
S'il fallait croire les courtisans de ce-
lui qui s'est appelé sans pudeur le « chef
du parti national » la France, avant l'ar-
rivée de M. Boulanger au ministère de
la guerre, était exposée à toutes les sur-
prises; nous n'avions ni armée, ni fusils,
ni munitions. Boulanger apparut et le
fusil Lebel fut créé. Il devint la « tarte
à la crème » de Rochefort, qui essaye en-
core de cacher derrière une raison de
défens ; nationale son étrange conduite
contre la République.
On sait aujourd'hui par la lettre de
M. Rieger, publiée par nous, que sous
M. Boulanger on fabriquait quarante
fusils Lebel par jour. Il n'y avait pas de
quoi vanter si haut l'activité du brav'
général.
Voici un autre incohérent de la bande
boulangiste, M. Laur, qui essaye de nous
faire croire que le même Boulanger a
découvert dans les cartons du ministère
la fameuse mélinite de Turpin.
Or tout le monde sait que la mélinite
a été adoptée bien avant l'arrivée du
Boulange au ministère de la guerre. Elle
remonte déjà au temps du ministère Cam-
penon.
La légende du général patriote, créée
à force de réclames par - des gens trop
intéressés, s'efface peu à peu. Le puf-
fisme n'a pas de racines en France.
Encore quelque temps et le bilan du
brav' général, réduit à son exacte va-
leur, se composera d'un arrêté sur le
port de la barbe et djun autre arrêté de
même importance sur les guérites de
factionnaires peinturlurées à la façon
des mirlitons.
Profondes pensées d'un grand capi-
taine !
LE MURENT DE M. DUGUE
Le « cher Dugué » au brav' général
donne aujourd'hui des détails sur le
gouvernement de ses rêves : un Parle-
ment pouvant refuser le budget et un
chef de l'Etat, élu par le suffrage uni-
versel, pouvant dissoudre le Parlement.
Le « cher Dugué » au brav' général
ajoute :
Vous voyez que c'est extrêmement sim-
ple. Eh bien! c'est tout ce que je veux.
C'est ce que nous avions avec l'empereur,
et c'est que nous aurions eu avec son fils,
et ce que je rêve avec Boulanger.
Voilà un aveu absolument dépouiilé
d'artifice. Ce que le « cher Dugué » au
brav' général rêve d'obtenir avec M. Bou-
langer (Georges - Ernest - Jean - Marie),
c'est ce qu'il avait avec l'homme de Se-
dan, ce qu'il aurait eu avec Napoléon le
quatrième si une sagaie de Zoulou n'y
avait mis bon ordre.
M. Dugué (de la Fauconnerie) appuie
le maître de MM. Georges Thiébaud et
Henri Rochefort, parce qu'il pense que
ce maître peut lui rendre le gouverne-
ment qui lui est cher : le gouvernement
impérial.
HOMMES ET CHOSES
CE QUI DOIT ARRIVER.
Encore des morts et des bl ?ssés ?
Combien? Neuf morts, dit-on, — et huit
blessés, dont quelques-uns seront peut-
être des morts au moment où paraîtront
ces lignes.
Les responsabilités? Il n'y en a pas.
Le h isard !
C'est en vain que l'on chercherait un
coupable parmi les employés du person-
nel de la Compagnie P.-L.-M. Et, hélas!
ce sont toujours les petits employés qui
expient les fautes des gros.
Là, rien, un accident, — un accident
imprévu et impossible à prévoir.
Les voyageurs avaientcependanttoutes
les garanties nécessaires ; ainsi, le di-
recteur de la. Compagnie P.-L.-M., M.
Nobl.-maire , se trouvait dans un des
trains qui se sont heurtés.
Ça, c'est bien. Oh ! certainement, il
n'y était pas pour donner confiance à la
clientèle; mais, enfin, il y était. Et sa
seule présence permet de croire qu'il
venait, en quelque sorte, se soumettre à
ce que nos ancêtres appelaient «le juge-
ment de Dieu. »
C'est bien, c'est très bien, et si, dans
chaque catastrophe de chemin de fer, il
se trouvait un des gros actionnaires de
la Compagnie, il est certain que le public
finirait par croire que les accidents sont
purement accidentels.
M. Noblemaire ne voyageait probable-
ment pas pour faire cette démonstra-
tion, mais il n'est pas malheureux qu'il
l'aie faite sans le vouloir.
Mais il s'agit bien d'autre chose.
Voilà qu'à propos de cet événement
reparaissent, d'une façon inattendue,
des raisonnements bizarres et de nature
à créer des inquiétudes sur l'état céré-
bral de nos contemporains.
Des journaux, la plupartdes journaux,
n'ont pas craint d'imprimer :
« Cet accident est arrivé surtout par
« suite de l'excès de précautions prises
« et de l'exactitude rigoureuse avec la-
« quelle les mécaniciens se sont confor-
« més à l'horaire.
« En effet, si le train 276 avait été en
« avance d'une ou deux minutes, il au-
« rait croisé le train 11 avant le déraille-
«ment; et s'il avait eu une minute ou
« deux de retard , il aurait laissé au
«train 11 le temps d;3 faire les signaux
«conventionnels. Ainsi, la catastrophe
« aurait été évitée. »
Dans les quelques lignes ci-dessus,
nous résumons les observations de nos
confrères.
Quant à les approuver, c'est une au-
tre question. Assez longtemps nous
avons combattu les grandes Compa-
gnies ; assez longtemps, nous leur avons
reproché leur mauvaise organisation
pour avoir le droit, aujourd'hui, de trou-
ver étrange une argumentation qui con-
clut à les condamner pour un excès de
régularité.
Evidemment, si le train 276 avait été
en retard; évidemment, si le train 11
.avait été en avance ; évidemment, comme
dit un vieux dicton, si ma tante, etc.
Mais, plus évidemment encore, si l'on
soumettait tout au hasard) il ne se pro-
duirait pas les mêmes accidents, mais il
s'en produirait d'autres.
Ce n'est certes pas le cas de se livrer
à des plaisanteries, du reste, trop faciles.
Ce qui est navrant surtout dans ces ma-
nifestations de l'opinion publique, c'est
une tendance vague à revenir au fata-
lisme oriental, proche parent du mys-
ticisme chrétien.
Ce qui doit arriver arrive à l'heure dite.
chante Valentin dans Faust.
Et d'excellentes gens puissamment
montés en inconscience d'entonner le
même récitatif et de conclure :
— Vous voyez bien que les précau-
tions les plus exagérées sont inutiles.
Et on ne veut pas voir où mène le
plus léger oubli des susdites précau-
tions.
C'est à peu près le raisonnement du
monsieur qui vous dit :
— Si je n'avais pas été si honnête, je
serais aujourd'hui millionnaire.
Certainement, monsieur , mais , au
lieu d'être millionnaire, vous pourriez
aussi être condamné aux travaux forcés
a temps ou a perpétuité.
Et M. Joseph Prudhomme vous ré-
pondra - et pour cetti fois il aura rai-
son — qu'on doit faire ce que l'on doit
d'abord. •
Tenez, Allmayer aussi serait devenu
archi-millionnaire, si on ne l'avait pas
pincé. Mais il a été pincé.
,. Très intelligent Allmayer, et je parie
volontiers une année d'abonnement à un
lecteur du Radical qu'il y aura dans son
procès un juge pour lui dire:
— Si vous aviez employé au bien toute
l'intelligence que vous avez. dépensée à
faire le mal, vous occuperiez actuelle-
ment une haute situation dans les af-
faires.
Ce juge dirait une bêtise, parce qu'il
ne faut jamais épiloguer sur les faits ac-
complis, mais, dans le fond,' il aurait
raison.
Il y a, en général, plus de profit à faire
bien qu'à faire mal, et il est; au moins
singulier de rencontrer des individus
appelés à voyager qui, dans le cas qui
nous intéresse, protestent contre un
excès de régularité auquel on ne nous a
pas habitués.
Certes, il est fâcheux de mourir parce
qu'un mécanicien s'est rigoureusement
conformé à l'horaire; mais il est bon
de ne pas oublier que l'on meurt beau-
coup moins dans des conditions sem-
blables, que lorsque tout est livré au
hasard.
Et, il serait dangereux pour la société
de dire aux Compagnies de chemins de
fer :
— A quoi bon toutes ces précautions.
Ce qui doit arriver arrive à l'heure dite,
Répétons plutôt :
Ce qui est arrivé ne devrait jamais ar-
river.
J. DERRIAZ.
LA COMMISSION DU BUDGET
C'est mercredi prochain, 12 septembre,
que la commission du budget reprend ses
travaux. Ceux de ses membres qui font
partie des conseils généraux seront libres
désormais de reprendre leurs travaux par-
lementaires, la session des assemblées dé-,
partementales étant partout, close ou à la
veille d'être close.
Quinze membres de la commission font
partie des conseils généraux; ce son!, :
MM. Rouvier, président (Alpes-Maritimes) ;
Casimir Perier, vice-président (Aubr); Mé-
rillon (Gironde) et Bastid (Cantal), tous deux
secrétaires; Go mot et Blatin (Puy-de-Dôme);
Leroy (Côte-d'Or) ; Compayré (Tarn) ; An-
drieux (Basses-Alpes); Jules Roche et Sainl-
Prirç (Ardèche); Albert Ferry (Vosges); An-
tonin Dubost (Isère); Sarrien (Saône-et.
Loire) ; Viger (Loiret).
Tous ces membres seront ainsi que les
autres prêts à reprendre leurs travaux.
La commission se trouve en présence
d'une tâche très considérable que, selon
toutes probabilités, elle ne pourra pas ter*
miner avant la rentrée de la Chambre, si,
comme cela paraît certain, l'ouverture de
la session parlementaire a lieu dans la pre.
mière semaine d'octobre.
En effet, quelque diligence que la com-
mission ait mise à commencer ses travaux
avant les vacances, elle n'a pu, en raison
du retard apporté au dépôt du budget, ac-
complir qu'une faible partie de sa tâche.
Elle a entamé une discussion générale qui
a occupé trois séances et examiné les dé-
penses de six ministères : justice, cultes,
agriculture, travaux publics, marine et in-
térieur (section pénitentiaire). Il lui' reste
à examiner les budgets de tous les autres
ministres et enfin à conférer avec le mi-
nistère des finances sur les conditions géné-
rales d'établissement du budget ordinaire
et sur la fixation des dépenses totales et le
mode d'alimentation des budgets extraordi»-.
naires de la guerre et de la marine.
Ajoutons qu'elle va être saisie, pour les
dépenses ordinaires des ministères, des
ministères, de propositions rectifiées que
le gouvernement lui présentera et qui se-
,. FEUILLETON DU RADICAL
) 11 ———
82
FRANCELINE
fi GRAND ROUAN INEDIT.
PAR
^ODYSSE BAROT
DEUXIÈME PARTIE
XI
La catastrophe
». (Suite)
- Pour le flagrant délit en lui-même,
non !. L'adultère du mari n'est puni
que d:une amende de cent francs.
mais.
- Le beau châtiment, ma foi! inter-
rompii-elle.
- Mais les consépences de cette con-
damnation seroilt pour vous énormes,
rien qu'au point de vue civil. Vous
obti ndrozde piano la séparation de
corps. Et dès que vous aurez introduit
l'instance, il devra vous payer une pro-1
jVisian et une pension alimentaire. Quant
à l'action criminelle qui découlera natu-
rellement de l'enquête, ce sera bien
plus grave !. Le pot aux roses sera dé-
couvert. Ah! il y aura du scandale
dans Landerneau, je vous le promets !.
Quel procès célèbre nous allons avoir.!
Nous serons vengés, madame ! Nous se-
rons vengés!.
— Pardon! murmura-t-elle en sou-
riant; vous voulez dire que je serai ven-
gée?.
— Sans doute ! sans doute ! Personnel-
lement, je n'ai pas de griefs contre votre
mari. Votre cause devient la mienne;
voilà tout.
Cette chaleur, cet excès de zèle, pa-
raissaient un peu suspects à Laurence,
qui ne tenait point à servir les rancunes
de son homme d'affaires et du sous-
ordre qu'Antoine avait si brutalement
jeté du haut en bas de l'escali r.
— Nous l'enverrons au bagne, chère
madame! continua-t-il. Car, pour moi
le fait de bigamie est virtuellement éta-
bli. Et ne le fût-il pas, qu'il y aurait
encore bien des chos :s louches en cette
affaire. Bref; commençons par le com-
mencement. Les mystères se dévoile-
ront d'eux-mêmes.
Et s'apercevant que son interlocutrice
se refroidissait quelque peu :
— Vous n'hésitez pas, je suppose ?
— Pas le moins du monde, monsieur
Lassard. Dès que vous m'aurez rendu
mes papiers, je cours au commissariat.
Certes, Mme Bertaux avait soif de
vengeance. Seulement elle tenait avant
tout à ne pas compromettre ses intérêts.
Elle se réservait d'agir à sa guise, de ne
-
rien précipiter, d'agir avec une extrême
prudence.
Etait-ce bien à la veille du grand suc-
cès qui devait assurer la fortune du
compositeur qu'il convenait de perdre
irrévocablement son mari? Le magistrat
lui-même ne serait-il pas le premier à
lui conseiller'la modération?
N'avait-elle pas à craindre que son
adversaire n'usât de représailles et ne
lui jetât à la face son peu édifiant passé?
Le jour même elle se rendit, accompa-
gnée de sa fille, chez le commissaire de
police, pour lui exposer sa requête et le
prier d'intervenir. E'Ie s'abstint de lui
communiquer ses soupç ns sur la situa-
tion d'Antoine, et ne lui dit pas un mot
des recherches auxquelles elle s'était
livrée de concert avec Lassard, et des
singulières découvertes qui en étaient
résultées.
Cependant Bertaux, a la suite de son
altercation avec le directeur général du
Contentieux universel avait été en proie,
une fois rentré dans son appa rtement, à
un accès de fureur et de désespoir, que
les larmes et les supplications de Ju-
lienne et de Franceline, n'avaient pu par-
venir à calmer- Une fièvre ardente s'était
emparée dr lui ; on avait dû le mettre
au lit.
Les sanglots des deux enfants qui ne
comprenaient rien à ce qui so passait,
loin de l'apaiser, augmentaient encore
son exaltation. Des cris de douleur,
des paroles incohérentes s'échappaient
de sa bouche. Il s'accusait, se frappait
la poitrine, promenait autour de lui des
yeux égarés*
- Pauvres petits ! murmurait-il par-
fois d'une voix rauque. Combien je suis
coupable !. Je suis un mauvais père.
un mauvais père !.
— Tais-toi ! lui disait sa femmi en
l'embrassant. Tu sais bien que tu n'as
rien à te reprocher..,
— Si ! si ! Quel sera leur sort ? Quel
avenir leur est réservé !. Tout cela est
de ma faute. et de la tienne. Quelle
place ont-ils dans la société. ?
- Voyons, papa, ne jette pas le man-
che après la cognée. Pouvait-on pré-
voir ces complications?.
— Je suis m mdit, te dis-je !. Et tout
cela va être révélé au grand jour !.
Puis à voix basse et comme se par-
lant à lui-même :
— Quelle famille!. quels enfants!..
L'une qui n'a pas de mère ; les deux au-
tres qui plus infortunés encore n'ont ni
père ni mère, ni existence légale, ni
nom, ni acte de naissance !. Vous
voyez bien que je suis maudit, perdu,
deshonoré. Le scandale !. Un procès!.
La justice !. La Cour d'assises !.
JI passa une nuit affreuse. Les deux
femmes é'aient atterrées et pleuraient.
se lamentaient.
- Mlle Bertaux, qui seule- conservait un
reste de présence d'esprit et d'énergie,
projetait, sans en rien dire à son père,
une démarche auprès de l'odieuse fem-
me. Elle espérait lui faire entendre rai-
son, acheter au moins son silence. S'il le
fallait. elle irait trouver Mme de Mervil-
liers, la prierait de remplacer la petite
rente Qu'elle voulait bien lui servir par
une somme d'argent qu'elle donnerait à
Mme Dumont.
— J'irai me jeter aux genoux de cette
femme et de sa fille t se disait-elle. -Je
les supplierai de ne pas perdre mon
père, dussions-nous leur céder la place
tous les quatre : ma belle-mère, mon
frère, ma sœur et moi !
En attendant, elle se promettait d'in-
tercepter la correspondance de M. Ber-
taux, de peur que quelque nouvelle let-
tre de menace ne vint aggraver son
état. -.
Justement dans le courrier du matin
se trouvait une lettre d'aspect inusité,
sans enveloppe, à peine fermée d'un
pain à cacheter, et port nt un large tim-
t~ m: lequel elle lut avec terreur :
« COMMISSARIAT DE POLICE. »
Saisie d'effroi, elle allait la fourrer ra-
pidement dans sa poche.
Mais Antoine avait entendu le coup de
sonnette de la concierge, apportant le
courrier du jour.
Il eut le pressentiment d'un malheur.
Sautant hors de son lit, il s'élança en
chemise, vers l'antichambre à l'instant
même où Franceline examinait le pli
administratif, qui n'était même pas,
affranchi. !
— Mes lettres ! Mes lettres ! Pourquoi
ne m'apporte-t-on pas mes lettres?.
s'écria-t-il d'un ton courroucé.
La jeune fille essaya vainement de
dissimuler la fatale missive. Déjà son
père la lui avait arrachée et s'était sauvé
dans sa chambre.
Il l'ouvrit et la parcourut d'un coup
d'œil rapide
C'était. un imprimé dont les blancs
avaient été remplis à la main, et qui
était ainsi conçu :
« Le commissaire dj police du quar-
tier des Champs-Elysées invite M. An-
toine Bertaux à se rendre à son cabinet,
demain jeudi, à trois heures, pour une
communication qui le concerne.»
On avait ajouté une note manuscrite :
« Ne pas manquer. Très urgent. »
Le pli s'échappa des mains de Ber-
taux. Un cri se fit entendre, suivi d'un
éclat de rire convulsif.
Julienne et Franceline accoururent
épouvantées. ,
Mais elles reculèrent aussitôt en
échangeant un regard désespéré.
Les yeux hagards, les traits décom-
posés, les lèvres livides, contractées en
un sourire effrayant, Antoine marmot-
tait des bouts de phrases inintell gibles.
Il r;ait, chantait et jurait à la fais ; tan-
tôt arpentant son cabiaet d'un pas sac-
cadé; tantôt s'escrimant contre des en.
nemis Invisibles; tantôt battant lamesure
avec un porte-plume, étendant les mains
et paraissant dirig r un orchestre ima-
ginaire.
Les deux femmes se précipitèrent vers
lui; Franceline se jeta à son cou en san,
glottant :
— Mon père!. Mon bon père!.
Autoinel mon cher Antoine! mur-
mura Julienne plus morte que vive.
Il les repoussa durement avec un
geste de colère :
- Laissez-moi, S. N. D. D.!,.. Vous
allez faire manquer mon ouverture l
(A tuivr*>
LE RADICAL
RÉDACTION: rue Montmartre, 142, et rue du Croissant, 19
ANNONCES.
MM. LAG RANGE, CERF ET Cie, 6, PLACE DE LA BOURSE
ET A L'ADMINISTRATION DU JOURNAL
Rédacteur en chef : Henry MARET"
ADMINISTRATIONrao Montmartre. 143, et ras 11 Ouiiii 1;
"Oiv N ig m LP m Tl i
Trois mois, 7 Ir. — Six mois, 13 te. — Un an, 2] -i?-
Étranger (Union Postale): Trois raoÏ3,10 fr. —Six mois, 19 c. - U a 11 :
ADRESSER LBTTRB3 ET MANDATS AU OtaSQ TJ J»
LE
SCRUTIN DE LISTE
La question du mode électoral fut,
• pendant la dernière législature, le su-
jet de longues polémiques et d'une
grande discussion parlementaire, qui
se termina par le triomphe du scru-
tin de liste.
Ce lut une victoire républicaine.
Cette question est posée de nou-
veau. Comme Maret et Lacroix, je
reste convaincu que le scrutin de
liste doit être le mode de scrutin aux
élections de 1889. Comme eux, j'es-
time qu'il faut, dans une démocratie
comme la nôtre, créer de grands cou-
rants d'opinion qui mettent en évi-
dence les réformes que le pays at-
tend; il faut entretenir cette vie poli-
tique qui domine les intérêts particu-
liers.au profit de l'intérêt de tous, et
qui fait que la bataille se livre sur
des idées, non sur des questions lo-
cales et des personnes.
République impersonnelle, une, dé-
mocratique : scrutin de liste.
Le scrutin uninominal, par arron-
dissement, est au profit du candidat
contre la politique générale. C'est un
nom et une personne qu'on discute ;
c'est une situation individuelle qui
détermine le succès. Ce sont les inté-
rêts étroits d'une circonscription
qu'on met en jeu, et dont on charge
le député; il emporte dans sa valise
les divisions de la petite ville; c'est
une sorte de conseiller général en re-
présentation à Paris. Le scrutin d'ar-
rondissement favorise les riches, les
gros propriétaires, les gros indus-
triels. Sous l'empire, il-favorisait la
candidature officielle et l'action du
préfet. Par sa nature, par ses tendan-
ces, par la corruption, par les résul-
tats, le scrutin d'arrondissement est
le mode électoral de la monarchie et
de l'empire. —
C'esL ce que: les républicains ont
toujours affirmé, ce qu'ils répétaient
aux jours de lutte quand les conser-
vateurs de Versailles repuisaient de
l'audace dans le succès d'un moment
et rêvaient que l'épée du Maréchal
allait devenir un sabre de coup
d'Etat.
Toujours le scrutin de liste a figuré
en tête des programmes républicains,
et la démocratie, qui sait que c'est le
scrutin des idées et que par les idées
on arrive aux réformes, la démocratie
attend tout de lui.
Les élections de 1885 se sont faites
au scrutin de liste, et le lendemain a
été une surprise à cause de la vic-
toire apparente des réàétionnaires. A
qui la faute? La Chambre précédente,
élue au scrutin d'arrondissement,
avait renoncé à son droit de contrôle;
elle avait abdiqué entre les mains
d'un ministre autoritaire, obstiné,
qui s'était buté dans des idées fixes
d'expansion coloniale par les armes.
Depuis le Mexique, les expéditions
lointaines sont impopulaires, et les
patriotes s'exaspéraient à la pensée
que les meilleurs des nôtres, les
plus vaillants, les plus jeunes,
mouraient, pour une entreprise
mal conçue, dans les rizières de
l'Annam et du Tonkin, tandis que la
trouée des Vosges est toujours ou-
verte. Les conservateurs, en dissimu-
lant leurs drapeau, ont bénéficié de
l'impopularité opportuniste, et ils sont
entrés dans la Chambre avec une mi-
norité inquiétante.
Malgré cela, il y" avait eu une
alerte dans les rangs républicains, et
cette alerte nous avait redonné de la
vigueur. Les esprits s'étaient montés ;
les nouveaux venus, les jeunes, ne
demandaient qu'à aller à gauche,
hardiment. Jamais gouvernement
n'eut la partie plus belle. Et la partie
a été presque perdue parce que les
présidents de la République n'ont pas
voulu comprendre qu'à une Cham-
bre nouvelle, d'esprit antiopportu-
niste, il fallait un ministère décidé à
marcher en avant. Ce n'est pas le
scrutin de liste qui avait fait si mau-
vaise besogne, ce sont les envies et
les ambitions des politiciens qui ont
trouvé trop d'aide à l'Elysée!
Le pays faisait crédit au Parle-
ment; le corps électoral avait foi
dans la République. Elle avait fait
beaucoup ; elle ferait davantage en-
core. Les déceptions sont venues seu-
lement quand les électeurs ont vu
qu'on ne faisait rien. Puis les crises
ont aigri les déceptions; il y a eu un
sentiment d'énervement, de colère.
Boulanger et sa bande se sont trouvés
là pour exploiter ce sentiment.
Le scrutin de liste a semblé favo-
riser l'aventure. C'est une erreur.
On oublie que, dans les élections
partielles, le scrutin de liste est uni-
nominal et se prête au plébiscite.
Dans les élections générales, c'est
tout le contraire. Le scrutin d'ar-
rondissement est le scrutin césa-
rien, celui qui n'a affaire qu'à un
individu.
A quoi tient le succès de Boulan-
ger? Surtout à l'équivoque, au vague
des déclarations faites pour contenter
tous le monde. Cela suffirait-il lors-
qu'il faudrait, aux élections géné-
rales, non seulement faire une liste,
mais signer un programme, prendre
des engagements précis et dire net-
tement sa pensée.
Il y aura deux éamps en 1889 : les
républicains et les conservateurs. On
sera ou avec les premiers ou avec les
seconds. Cherchez Boulanger ! où
sera-t-il ? Le scrutin de liste le pousse
hors de son hypocrisie et ses chances
diminuent !
Est-ce qu'avec le scrutin d'arron-
dissement il ne se présenterait pas
dans toutes les circonscriptions incer-
taines ? Elles sont en assez grand
nombre pour lui donner apparence de
victorieux.
La vérité est qu'il faut aller aux
élections de 1889 avec la volonté de
vaincre. C'est le centenaire de la Ré-
volution, à cette date la démocratie
trouve un obstacle. Que l'exemple du
passé lui apprenne à le surmonter,
que l'union des républicains se fasse
autour des réformes ! Voilà le but,
voilà la route ! Qu'on s'explique fran-
chement. Avec de l'union, des réfor-
mes, la volonté d'aller en avant, nous
serons les plus forts ; mais il faut don-
ner des gages au peuple en votant un
bon budget et de bonneslois. Le scru-
tin de liste, qui permet de déployer
tout grands les drapeaux, consacrera
nos efforts par le succès. r
TONY REVILLON.
LE CHOLÉRA AU TONKIN
Parle derniercourrier del'Indo-Chine,
un de nos confrères de province a reçu
d'un officier déjà depuis longtemps au
Tonkin une lettre, en dite du 19 juillet,
d'où nous détachons les navrants détails
qui suivent :
Ici (au Tonkin), les hommes meurent
comme mouches. La fièvre des bois em-
poisonne l'organisme en quelques jour?, et
l'on voit des individus qui, sans avoir le
temps de s'émacier, sont totalement exsan-
gues, titubants, cachectiques au plus haut
point.
Le choléra sévit, d'ailleurs, dans tous les
postes.
Plus de quatre cents soldats (zéphirs et
légion étrangère surtout) ont succombé en
quelques heures.
Le personnel médical est insuffisant.
Aussi vient-on de décider que vingt-trois
médecins de la guerre seraient maintenus
ici jusqu'au jour où la marine pourra four-
nir les éléments nécessaires.
La Cochinchine, ruinée * pour , six ans,
grâce à la formation indo-chinoise, pourra
se relever parce qu'elle est riche et qu'on
l'a séparée du gouffre tonkinois. Quant au
Tonkin, dont les .prévisions budgétaires
étaient, je crois, de 70 à 75 millions, s*s
caisses sont vides, ne percevant rien. Une
résolution énergique est obligée. Si les
troupes ne sont pas relevées — ou rempla-
cées car elles meurent sur place — les gar-
nisons des postes deviendront insuffisantes
avant peu.
Les hommes qui présentement font du
service sont des impaludés, deslanémiques,
et la corvée est d'autant plus rude que les
décès sont plus abondants.
En résumé, c'est avec le gâchis, une
atroce misère, à laquelle, dénués d'hommes
et d'argent, les généraux et les résidents
ne peuvent plus rién.
Telle est la situation; il en résulte que
plus nous nous obstinons à rester au
Tonkin, plus les événements viennent
démontrer l'impossibilité de mener à
bonne fin l'entreprise. Chaque jour l'a-
bîme où s'engloutissent nos soldats et
nos ressomrces nationales devient plus
profond.
Et il paraît que la leçon n °e 3t pas en-
core suffisante.
ItIÉLINITE ET fUSIL LEBEL
S'il fallait croire les courtisans de ce-
lui qui s'est appelé sans pudeur le « chef
du parti national » la France, avant l'ar-
rivée de M. Boulanger au ministère de
la guerre, était exposée à toutes les sur-
prises; nous n'avions ni armée, ni fusils,
ni munitions. Boulanger apparut et le
fusil Lebel fut créé. Il devint la « tarte
à la crème » de Rochefort, qui essaye en-
core de cacher derrière une raison de
défens ; nationale son étrange conduite
contre la République.
On sait aujourd'hui par la lettre de
M. Rieger, publiée par nous, que sous
M. Boulanger on fabriquait quarante
fusils Lebel par jour. Il n'y avait pas de
quoi vanter si haut l'activité du brav'
général.
Voici un autre incohérent de la bande
boulangiste, M. Laur, qui essaye de nous
faire croire que le même Boulanger a
découvert dans les cartons du ministère
la fameuse mélinite de Turpin.
Or tout le monde sait que la mélinite
a été adoptée bien avant l'arrivée du
Boulange au ministère de la guerre. Elle
remonte déjà au temps du ministère Cam-
penon.
La légende du général patriote, créée
à force de réclames par - des gens trop
intéressés, s'efface peu à peu. Le puf-
fisme n'a pas de racines en France.
Encore quelque temps et le bilan du
brav' général, réduit à son exacte va-
leur, se composera d'un arrêté sur le
port de la barbe et djun autre arrêté de
même importance sur les guérites de
factionnaires peinturlurées à la façon
des mirlitons.
Profondes pensées d'un grand capi-
taine !
LE MURENT DE M. DUGUE
Le « cher Dugué » au brav' général
donne aujourd'hui des détails sur le
gouvernement de ses rêves : un Parle-
ment pouvant refuser le budget et un
chef de l'Etat, élu par le suffrage uni-
versel, pouvant dissoudre le Parlement.
Le « cher Dugué » au brav' général
ajoute :
Vous voyez que c'est extrêmement sim-
ple. Eh bien! c'est tout ce que je veux.
C'est ce que nous avions avec l'empereur,
et c'est que nous aurions eu avec son fils,
et ce que je rêve avec Boulanger.
Voilà un aveu absolument dépouiilé
d'artifice. Ce que le « cher Dugué » au
brav' général rêve d'obtenir avec M. Bou-
langer (Georges - Ernest - Jean - Marie),
c'est ce qu'il avait avec l'homme de Se-
dan, ce qu'il aurait eu avec Napoléon le
quatrième si une sagaie de Zoulou n'y
avait mis bon ordre.
M. Dugué (de la Fauconnerie) appuie
le maître de MM. Georges Thiébaud et
Henri Rochefort, parce qu'il pense que
ce maître peut lui rendre le gouverne-
ment qui lui est cher : le gouvernement
impérial.
HOMMES ET CHOSES
CE QUI DOIT ARRIVER.
Encore des morts et des bl ?ssés ?
Combien? Neuf morts, dit-on, — et huit
blessés, dont quelques-uns seront peut-
être des morts au moment où paraîtront
ces lignes.
Les responsabilités? Il n'y en a pas.
Le h isard !
C'est en vain que l'on chercherait un
coupable parmi les employés du person-
nel de la Compagnie P.-L.-M. Et, hélas!
ce sont toujours les petits employés qui
expient les fautes des gros.
Là, rien, un accident, — un accident
imprévu et impossible à prévoir.
Les voyageurs avaientcependanttoutes
les garanties nécessaires ; ainsi, le di-
recteur de la. Compagnie P.-L.-M., M.
Nobl.-maire , se trouvait dans un des
trains qui se sont heurtés.
Ça, c'est bien. Oh ! certainement, il
n'y était pas pour donner confiance à la
clientèle; mais, enfin, il y était. Et sa
seule présence permet de croire qu'il
venait, en quelque sorte, se soumettre à
ce que nos ancêtres appelaient «le juge-
ment de Dieu. »
C'est bien, c'est très bien, et si, dans
chaque catastrophe de chemin de fer, il
se trouvait un des gros actionnaires de
la Compagnie, il est certain que le public
finirait par croire que les accidents sont
purement accidentels.
M. Noblemaire ne voyageait probable-
ment pas pour faire cette démonstra-
tion, mais il n'est pas malheureux qu'il
l'aie faite sans le vouloir.
Mais il s'agit bien d'autre chose.
Voilà qu'à propos de cet événement
reparaissent, d'une façon inattendue,
des raisonnements bizarres et de nature
à créer des inquiétudes sur l'état céré-
bral de nos contemporains.
Des journaux, la plupartdes journaux,
n'ont pas craint d'imprimer :
« Cet accident est arrivé surtout par
« suite de l'excès de précautions prises
« et de l'exactitude rigoureuse avec la-
« quelle les mécaniciens se sont confor-
« més à l'horaire.
« En effet, si le train 276 avait été en
« avance d'une ou deux minutes, il au-
« rait croisé le train 11 avant le déraille-
«ment; et s'il avait eu une minute ou
« deux de retard , il aurait laissé au
«train 11 le temps d;3 faire les signaux
«conventionnels. Ainsi, la catastrophe
« aurait été évitée. »
Dans les quelques lignes ci-dessus,
nous résumons les observations de nos
confrères.
Quant à les approuver, c'est une au-
tre question. Assez longtemps nous
avons combattu les grandes Compa-
gnies ; assez longtemps, nous leur avons
reproché leur mauvaise organisation
pour avoir le droit, aujourd'hui, de trou-
ver étrange une argumentation qui con-
clut à les condamner pour un excès de
régularité.
Evidemment, si le train 276 avait été
en retard; évidemment, si le train 11
.avait été en avance ; évidemment, comme
dit un vieux dicton, si ma tante, etc.
Mais, plus évidemment encore, si l'on
soumettait tout au hasard) il ne se pro-
duirait pas les mêmes accidents, mais il
s'en produirait d'autres.
Ce n'est certes pas le cas de se livrer
à des plaisanteries, du reste, trop faciles.
Ce qui est navrant surtout dans ces ma-
nifestations de l'opinion publique, c'est
une tendance vague à revenir au fata-
lisme oriental, proche parent du mys-
ticisme chrétien.
Ce qui doit arriver arrive à l'heure dite.
chante Valentin dans Faust.
Et d'excellentes gens puissamment
montés en inconscience d'entonner le
même récitatif et de conclure :
— Vous voyez bien que les précau-
tions les plus exagérées sont inutiles.
Et on ne veut pas voir où mène le
plus léger oubli des susdites précau-
tions.
C'est à peu près le raisonnement du
monsieur qui vous dit :
— Si je n'avais pas été si honnête, je
serais aujourd'hui millionnaire.
Certainement, monsieur , mais , au
lieu d'être millionnaire, vous pourriez
aussi être condamné aux travaux forcés
a temps ou a perpétuité.
Et M. Joseph Prudhomme vous ré-
pondra - et pour cetti fois il aura rai-
son — qu'on doit faire ce que l'on doit
d'abord. •
Tenez, Allmayer aussi serait devenu
archi-millionnaire, si on ne l'avait pas
pincé. Mais il a été pincé.
,. Très intelligent Allmayer, et je parie
volontiers une année d'abonnement à un
lecteur du Radical qu'il y aura dans son
procès un juge pour lui dire:
— Si vous aviez employé au bien toute
l'intelligence que vous avez. dépensée à
faire le mal, vous occuperiez actuelle-
ment une haute situation dans les af-
faires.
Ce juge dirait une bêtise, parce qu'il
ne faut jamais épiloguer sur les faits ac-
complis, mais, dans le fond,' il aurait
raison.
Il y a, en général, plus de profit à faire
bien qu'à faire mal, et il est; au moins
singulier de rencontrer des individus
appelés à voyager qui, dans le cas qui
nous intéresse, protestent contre un
excès de régularité auquel on ne nous a
pas habitués.
Certes, il est fâcheux de mourir parce
qu'un mécanicien s'est rigoureusement
conformé à l'horaire; mais il est bon
de ne pas oublier que l'on meurt beau-
coup moins dans des conditions sem-
blables, que lorsque tout est livré au
hasard.
Et, il serait dangereux pour la société
de dire aux Compagnies de chemins de
fer :
— A quoi bon toutes ces précautions.
Ce qui doit arriver arrive à l'heure dite,
Répétons plutôt :
Ce qui est arrivé ne devrait jamais ar-
river.
J. DERRIAZ.
LA COMMISSION DU BUDGET
C'est mercredi prochain, 12 septembre,
que la commission du budget reprend ses
travaux. Ceux de ses membres qui font
partie des conseils généraux seront libres
désormais de reprendre leurs travaux par-
lementaires, la session des assemblées dé-,
partementales étant partout, close ou à la
veille d'être close.
Quinze membres de la commission font
partie des conseils généraux; ce son!, :
MM. Rouvier, président (Alpes-Maritimes) ;
Casimir Perier, vice-président (Aubr); Mé-
rillon (Gironde) et Bastid (Cantal), tous deux
secrétaires; Go mot et Blatin (Puy-de-Dôme);
Leroy (Côte-d'Or) ; Compayré (Tarn) ; An-
drieux (Basses-Alpes); Jules Roche et Sainl-
Prirç (Ardèche); Albert Ferry (Vosges); An-
tonin Dubost (Isère); Sarrien (Saône-et.
Loire) ; Viger (Loiret).
Tous ces membres seront ainsi que les
autres prêts à reprendre leurs travaux.
La commission se trouve en présence
d'une tâche très considérable que, selon
toutes probabilités, elle ne pourra pas ter*
miner avant la rentrée de la Chambre, si,
comme cela paraît certain, l'ouverture de
la session parlementaire a lieu dans la pre.
mière semaine d'octobre.
En effet, quelque diligence que la com-
mission ait mise à commencer ses travaux
avant les vacances, elle n'a pu, en raison
du retard apporté au dépôt du budget, ac-
complir qu'une faible partie de sa tâche.
Elle a entamé une discussion générale qui
a occupé trois séances et examiné les dé-
penses de six ministères : justice, cultes,
agriculture, travaux publics, marine et in-
térieur (section pénitentiaire). Il lui' reste
à examiner les budgets de tous les autres
ministres et enfin à conférer avec le mi-
nistère des finances sur les conditions géné-
rales d'établissement du budget ordinaire
et sur la fixation des dépenses totales et le
mode d'alimentation des budgets extraordi»-.
naires de la guerre et de la marine.
Ajoutons qu'elle va être saisie, pour les
dépenses ordinaires des ministères, des
ministères, de propositions rectifiées que
le gouvernement lui présentera et qui se-
,. FEUILLETON DU RADICAL
) 11 ———
82
FRANCELINE
fi GRAND ROUAN INEDIT.
PAR
^ODYSSE BAROT
DEUXIÈME PARTIE
XI
La catastrophe
». (Suite)
- Pour le flagrant délit en lui-même,
non !. L'adultère du mari n'est puni
que d:une amende de cent francs.
mais.
- Le beau châtiment, ma foi! inter-
rompii-elle.
- Mais les consépences de cette con-
damnation seroilt pour vous énormes,
rien qu'au point de vue civil. Vous
obti ndrozde piano la séparation de
corps. Et dès que vous aurez introduit
l'instance, il devra vous payer une pro-1
jVisian et une pension alimentaire. Quant
à l'action criminelle qui découlera natu-
rellement de l'enquête, ce sera bien
plus grave !. Le pot aux roses sera dé-
couvert. Ah! il y aura du scandale
dans Landerneau, je vous le promets !.
Quel procès célèbre nous allons avoir.!
Nous serons vengés, madame ! Nous se-
rons vengés!.
— Pardon! murmura-t-elle en sou-
riant; vous voulez dire que je serai ven-
gée?.
— Sans doute ! sans doute ! Personnel-
lement, je n'ai pas de griefs contre votre
mari. Votre cause devient la mienne;
voilà tout.
Cette chaleur, cet excès de zèle, pa-
raissaient un peu suspects à Laurence,
qui ne tenait point à servir les rancunes
de son homme d'affaires et du sous-
ordre qu'Antoine avait si brutalement
jeté du haut en bas de l'escali r.
— Nous l'enverrons au bagne, chère
madame! continua-t-il. Car, pour moi
le fait de bigamie est virtuellement éta-
bli. Et ne le fût-il pas, qu'il y aurait
encore bien des chos :s louches en cette
affaire. Bref; commençons par le com-
mencement. Les mystères se dévoile-
ront d'eux-mêmes.
Et s'apercevant que son interlocutrice
se refroidissait quelque peu :
— Vous n'hésitez pas, je suppose ?
— Pas le moins du monde, monsieur
Lassard. Dès que vous m'aurez rendu
mes papiers, je cours au commissariat.
Certes, Mme Bertaux avait soif de
vengeance. Seulement elle tenait avant
tout à ne pas compromettre ses intérêts.
Elle se réservait d'agir à sa guise, de ne
-
rien précipiter, d'agir avec une extrême
prudence.
Etait-ce bien à la veille du grand suc-
cès qui devait assurer la fortune du
compositeur qu'il convenait de perdre
irrévocablement son mari? Le magistrat
lui-même ne serait-il pas le premier à
lui conseiller'la modération?
N'avait-elle pas à craindre que son
adversaire n'usât de représailles et ne
lui jetât à la face son peu édifiant passé?
Le jour même elle se rendit, accompa-
gnée de sa fille, chez le commissaire de
police, pour lui exposer sa requête et le
prier d'intervenir. E'Ie s'abstint de lui
communiquer ses soupç ns sur la situa-
tion d'Antoine, et ne lui dit pas un mot
des recherches auxquelles elle s'était
livrée de concert avec Lassard, et des
singulières découvertes qui en étaient
résultées.
Cependant Bertaux, a la suite de son
altercation avec le directeur général du
Contentieux universel avait été en proie,
une fois rentré dans son appa rtement, à
un accès de fureur et de désespoir, que
les larmes et les supplications de Ju-
lienne et de Franceline, n'avaient pu par-
venir à calmer- Une fièvre ardente s'était
emparée dr lui ; on avait dû le mettre
au lit.
Les sanglots des deux enfants qui ne
comprenaient rien à ce qui so passait,
loin de l'apaiser, augmentaient encore
son exaltation. Des cris de douleur,
des paroles incohérentes s'échappaient
de sa bouche. Il s'accusait, se frappait
la poitrine, promenait autour de lui des
yeux égarés*
- Pauvres petits ! murmurait-il par-
fois d'une voix rauque. Combien je suis
coupable !. Je suis un mauvais père.
un mauvais père !.
— Tais-toi ! lui disait sa femmi en
l'embrassant. Tu sais bien que tu n'as
rien à te reprocher..,
— Si ! si ! Quel sera leur sort ? Quel
avenir leur est réservé !. Tout cela est
de ma faute. et de la tienne. Quelle
place ont-ils dans la société. ?
- Voyons, papa, ne jette pas le man-
che après la cognée. Pouvait-on pré-
voir ces complications?.
— Je suis m mdit, te dis-je !. Et tout
cela va être révélé au grand jour !.
Puis à voix basse et comme se par-
lant à lui-même :
— Quelle famille!. quels enfants!..
L'une qui n'a pas de mère ; les deux au-
tres qui plus infortunés encore n'ont ni
père ni mère, ni existence légale, ni
nom, ni acte de naissance !. Vous
voyez bien que je suis maudit, perdu,
deshonoré. Le scandale !. Un procès!.
La justice !. La Cour d'assises !.
JI passa une nuit affreuse. Les deux
femmes é'aient atterrées et pleuraient.
se lamentaient.
- Mlle Bertaux, qui seule- conservait un
reste de présence d'esprit et d'énergie,
projetait, sans en rien dire à son père,
une démarche auprès de l'odieuse fem-
me. Elle espérait lui faire entendre rai-
son, acheter au moins son silence. S'il le
fallait. elle irait trouver Mme de Mervil-
liers, la prierait de remplacer la petite
rente Qu'elle voulait bien lui servir par
une somme d'argent qu'elle donnerait à
Mme Dumont.
— J'irai me jeter aux genoux de cette
femme et de sa fille t se disait-elle. -Je
les supplierai de ne pas perdre mon
père, dussions-nous leur céder la place
tous les quatre : ma belle-mère, mon
frère, ma sœur et moi !
En attendant, elle se promettait d'in-
tercepter la correspondance de M. Ber-
taux, de peur que quelque nouvelle let-
tre de menace ne vint aggraver son
état. -.
Justement dans le courrier du matin
se trouvait une lettre d'aspect inusité,
sans enveloppe, à peine fermée d'un
pain à cacheter, et port nt un large tim-
t~ m: lequel elle lut avec terreur :
« COMMISSARIAT DE POLICE. »
Saisie d'effroi, elle allait la fourrer ra-
pidement dans sa poche.
Mais Antoine avait entendu le coup de
sonnette de la concierge, apportant le
courrier du jour.
Il eut le pressentiment d'un malheur.
Sautant hors de son lit, il s'élança en
chemise, vers l'antichambre à l'instant
même où Franceline examinait le pli
administratif, qui n'était même pas,
affranchi. !
— Mes lettres ! Mes lettres ! Pourquoi
ne m'apporte-t-on pas mes lettres?.
s'écria-t-il d'un ton courroucé.
La jeune fille essaya vainement de
dissimuler la fatale missive. Déjà son
père la lui avait arrachée et s'était sauvé
dans sa chambre.
Il l'ouvrit et la parcourut d'un coup
d'œil rapide
C'était. un imprimé dont les blancs
avaient été remplis à la main, et qui
était ainsi conçu :
« Le commissaire dj police du quar-
tier des Champs-Elysées invite M. An-
toine Bertaux à se rendre à son cabinet,
demain jeudi, à trois heures, pour une
communication qui le concerne.»
On avait ajouté une note manuscrite :
« Ne pas manquer. Très urgent. »
Le pli s'échappa des mains de Ber-
taux. Un cri se fit entendre, suivi d'un
éclat de rire convulsif.
Julienne et Franceline accoururent
épouvantées. ,
Mais elles reculèrent aussitôt en
échangeant un regard désespéré.
Les yeux hagards, les traits décom-
posés, les lèvres livides, contractées en
un sourire effrayant, Antoine marmot-
tait des bouts de phrases inintell gibles.
Il r;ait, chantait et jurait à la fais ; tan-
tôt arpentant son cabiaet d'un pas sac-
cadé; tantôt s'escrimant contre des en.
nemis Invisibles; tantôt battant lamesure
avec un porte-plume, étendant les mains
et paraissant dirig r un orchestre ima-
ginaire.
Les deux femmes se précipitèrent vers
lui; Franceline se jeta à son cou en san,
glottant :
— Mon père!. Mon bon père!.
Autoinel mon cher Antoine! mur-
mura Julienne plus morte que vive.
Il les repoussa durement avec un
geste de colère :
- Laissez-moi, S. N. D. D.!,.. Vous
allez faire manquer mon ouverture l
(A tuivr*>
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