Titre : Le XIXe siècle : journal quotidien politique et littéraire / directeur-rédacteur en chef : Gustave Chadeuil
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1903-12-09
Contributeur : Chadeuil, Gustave (1821-1896). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 09 décembre 1903 09 décembre 1903
Description : 1903/12/09 (N12325). 1903/12/09 (N12325).
Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-199
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 20/06/2013
CINQ GBrfTIMBS 7~ 3>7:uim<ér»o- ENIRIS â DEPARTEMENT 3L»o Numéro CINQ CENTIMES
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17 FRIMAIRE AN 212
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Adresser lettres et mandats à l'Administrateur
NOS LEADERS
les accidente k tiwi
Avant d'envoyer le budget au Sé-
nat, la Chambre a adopté un amende-
ment qui touche de près aux intérêts
des travailleurs et qu'on n'a pas assez
remarqué. Cet amendement dit que
« toutes les fois qu'une Compagnie ou
Société d'assurance mutuelle ou à
primes fixes aura assuré un chef d'en-
treprise contre les risques de la loi du
9 avril 1898 sur les accidents du tra-
vail, la question de non-assujettisse-
ment de l'entreprise ne pourra être
soulevée devant le tribunal que par
la victime ou ses ayants droit».
Ce texte a pour but de remédier à
un abus dont souffrent parfois patrons
et ouvriers. Prenons un exemple : un
propriétaire de bazar s'adresse à une
Compagnie d'assurances pour se pré-
munir contre les suites des accidents
qui pourraient arriver, dans ses ma-
gasins, à ses employés. La Compa-
gnie accepte. Le commerçant paie les
primes convenues.
Là-dessus, un ouvrier du bazar est
blessé. Il intente, aux termes de la
loi de 1898, une action judiciaire con-
tre son patron. Celui-ci me* en cause
l'assureur. Et que fait celui-ci ?
Il plaide, devant le tribunal, que les
bazars ne sont pas assujettis à la loi
sur les accidents du travail.
Et il arrivera ceci : le commerçant
aura payé des primes dans l'espérance
que ses ouvriers blessés seraient in-
demnisés, et, en réalité, les malheu-
reux ne recevront rien.
.**
Notez qu'au point de vue strictement
commercial, la Compagnie s'est con-
formée à ses engagements. Elle a pro-
mis de garantir contre toute poursuite
basée sur la loi de 1898. Elle a rempli
sa promesse. L'assureur s'est même
substitué à son client pour subir les
ennuis et les charges de la procédure.
Ne dites pas que ce soit peu de chose :
par-dessus tout, l'assureur a épargné
à l'assuré le risque. Quel risque ? Celui
d'un jugement qui aurait déclaré le
bazar assujetti à la loi sur les acci-
dents.
Or, il y a un très grand nombre d'é-
tablissements dont il est impossible de
dire, à priori, s'ils sont soumis ou non
à la loi dont nous parlons. Le cocher
d'une voiture de transport bénéficie
de la loi de 1898 ; le cocher d'une voi-
ture de livraison n'a rien à en espérer.
Telle est, du moins, la jurisprudence
jusqu'à présent. Elle peut changer,
elle changera. La jurisprudence, c'est
une girouette.
Si, dans l'exemple auquel nous nous
sommes arrêté, l'assuré se plaint à
l'assureur de la fin de non recevoir
opposée à l'ouvrier blessé, l'assureur
répondra qu'il s'est conformé à la « po-
lice » signée par les deux parties. Et
il n'y aura rien à reprendre à cette ré-
ponse.
Il y a cependant quelque chose de
choquant et de peu humain dans
l'usage auquel l'amendement voté
par la Chambre est destiné à mettre
fin.
Le patron, en s'assurant, ne veut
pas seulement se délivrer des réclama-
tions des ouvriers qui seraient blessés
chez lui. Il tient à s'acquitter d'une
obligation purement morale en don-
nant aux victimes la certitude d'obtenir
une indemnité.
Il doit advenir qu'un patron, après
avoir payé des primes d'assurances,
prenne le parti d'indemniser de sa
poche un ouvrier malade, la Compa-
gnie ayant plaidé avec succès le « non
assujettissement ».
L'amendement adopté par la Cham-*
bre tend, en son::ime,à insérer dans les
polices cette clause que la question de
l'assujettissement ne sera pas posée
devant les tribunaux. Bref, c'est une
sorte de quasi-contrat très sage, et
dont les Compagnies d'assurances ne
se plaindront probablement pas beau-
coup. Elles gagneront, au nouveau ré-
gime,de se placer sur un terrain moins
mouvant que celui où elles avaient
d'abord dû prendre position.
D'une façon générale, il serait rai-
sonnable de supprimer les restrictions
que la jurisprudence a apportées à la
loi du 9 avril 1898.
***
Si cette loi constitue un incontesta-
ble progrès, nous n'avons pas le droit
d'oublier que les ouvriers ont payé les
avantages qu'elle leur donne par des
concessions correspondantes. C'est l'i-
dée qu'expriment parfois les juristes
en disant que la loi sur les accidents
du travail est une loi de « transac-
tion ».
Je ne sais trop si le législateur a
compris l'énorme gravité de la mesure
qu'il prenait quand il adopta l'arti-
cle 2. Ledit article 2 interdit aux ou-
vriers d'invoquer, daas les litiges qu'ils
peuvent avoir avec leurs patrons, à
propos d'accidents du travail, les rè-
gles du droit commun.
La grand'route du code civil est bar-
rée pour les travailleurs. Ils ne doi-
vent pas sortir du chemin plus étroit
de la loi de 1898,
La plupart du temps, quand il y a
faute de la part du patron, l'ouvrier
aurait intérêt à se réclamer du droit
commun plutôt que de la loi sur les
accidents. Cette dernière n'exige pas
que l'ouvrier prouve la faute du chef
d'entreprise. En revanche, si cette
faute est établie, le blessé ne reçoit pas
une indemnité plus forte. A moins,
toutefois, que la « faute inexcusable »
soit relevée à la charge du patron. Eh
bien, le législateur a omis de définir
les termes « faute inexcusable » ; et la
jurisprudence cherche les définitions
les plus restrictives. Un arrêt de cour
d'appel prétend, je crois, que la « faute
inexcusable » révèle « une sorte de
méchanceté » chez le patron. Il faudra
en venir un jour à remanier complè-
tement la loi. En attendant, nos dépu-
tés ont raison d'opérer les réformes de
détail que les circonstances leur per-
mettent de réaliser.
Hugues Destrem.
4>
PLUS-VALUES
Le recouvrement des impôts
met une sorte d'entêtement à
vexer les nationalistes, et les
autres réactionnaires, en dé-
passant non seulement les chif-
fres des années précédentes,
mais même les évaluations budgétaires.
Pour novembre seulement, cette plus-va-
lue dépassé 28 millions. Le pays a une
façon bien particulière de crier qu'on le
mène à la ruine ; il ne cesse d'offrir plus
d'argent qu'on ne supposait en avoir à lui
demander.
Toutes les sources de l'impôt se gon-
flent: l'enregistrement, le timbre, les opé-
rations de bourse, les valeurs mobiliè-
res, les douanes, les contributions indirec-
tes, les huiles minérales, les sels, les télé-
phones; autant de ruisseaux qui augmen-
tent leur apport. Il n'est pas jusqu'aux su-
cres qui, bien que dégrevés ou peut-être
parce que dégrevés dans une proportion si
considérable, n'en sont pas moins en plus-
value de 6 millions 634.000 francs pour un
seul mois.
La seule source qui se tarisse, du coup,
c'est celle des récriminations vaines de ceux
qui jappaient aux chausses du ministre des
finances de la République, et qui triom-
phaient bruyamment des quelques fléchis-
sements qui s'étaient produits voici long-
temps déjà. Il faut que ces bons patriotes
en prennent leur parti : l'impôt rentre avec
une facilité bien faite pour décourager leurs
efforts et leurs espérances.
Il leur reste, s'ils y tiennent, la campagne
contre les caisses d'épargne ; mais celle-là
même ne leur donnera que de médiocres
satisfactions, puisque, même dans les con-
trées les plus arriérées au point de vue poli-
tique, on cesse d'ajouter foi à des attaques
qui, au surplus, ont été plusieurs fois désa-
vouées, à la Chambre, par les chefs les plus
qualifiés des anciens partis et du nationa-
lisme. — Ch. B.
Ob
DE LA LOGIQUE
Ils en ont vraiment de la logique, ces braves
nationalistes. Il suffit pour s'en convaincre de
lire l'article que M. Léon Bailby consacre, dans la
Presse d'hier soir, aux journaux républicains.
Il paraît que depuis dix jours, nous avons
noirci des colonnas entières sur le cas du
condamné de Rennes, mais que nous n'avons
pas appris au pays sur quelle pièce, sur quel
fait nouveau on va entreprendre la revision.
Eh bien, c'est inexact, nous n'avons pas
noirci des colonnes, et la presse républicaine
s'est montrée très sobre de renseignements sur
l'affaire. Et pourquoi? parce que l'affaire doit
rester cantonnée dans le domaine judiciaire,
parce que nous ne voulons pas influencer les
juges et passionner l'opinion publique.
Ouvrez au contraire les journaux réaction-
naires, vous y lisez en première page les insa-
nités dont ils ont abruti déjà pendant trois ans
leurs lecteurs. Et dire qu'ils leur trouvent tou-
jours le charme de la nouveauté ! N'insistons
pas, ce serait cruel pour la mentalité des pon-
tifes du nationalisme et celle de leurs fidèles.
Ils ne s'imaginent pas, je suppose, que nous
allons perdre du temps à réfuter leurs inep-
ties. On peut mieux employer des instants
précieux. Comment, d'ailleurs, faire voir ceux
qui sont volontairement aveugles et entendre
ceux qui sont de leur plein gré sourds !
Nous voulons donc laisser les magistrats
décider dans le calme de leur conscience ce
qu'ils croiront devoir faire.
Nous sommes, nous, logiques jusqu'au bout.
Nousne sommes pas comme M.LéonBailby qui,
hier, proclamait l'infaillibilité des conseils de
guerre, et qui, aujourd'hui, note par avance
d'infamie celui devant lequel Dreyfus compa-
raîtra prochainement.
Nous savons ce que nous voulons et nous
savons où nous allons. Nous voulons la vérité
et la lumière et nous allons vers la justice. —
Léonce Armbruster.
—. 11
GÉNÉRAL BOER A LA DOUANE AMERICAINE
(De notre correspondant particulier)
New-York, 7 décembre.
Le général boër, M. Viljœn,. qui est venu
organiser à l'Exposition de Saint-Louis des
scènes do la guerre sud-africaine, a dû subir
un interrogatoire avant de débarquer, suivant
la loi sur l'immigration. Voici comment il a
répondu aux questions du fonctionnaire de la
douane :
Quel âge ? — 30 ans. — Nationalité ? Bri-
tannique, de race hollandaise sud-africaine. —
Avez-vous été en prison ou en asile ? — Oui.
En 1902 je fus prisonnier de guerre à Sainte-
Hélène.
* : :
BRUIT INQUIÉTANT A BERLIN
fDe notre correspondant particulier)
Berlin, 7 décembre..
Une nouvelle très grave commence à trans-
pirer dans le public malgré tous les efforts des
autorités pour présenter l'étal de Guillaumell
comme satisfaisant.
La petite excroissance que les médecins ont
enlevée de la gorge de l'empereur aurait re-
poussé et une nouvelle opération serait deve-
nue nécessaire.
Certains médecins commencent à douter du
caractère bénin de la petito tumeur en ques-
tion.
LE MUSÉE
DE L'ASSISTANCE
Un projet oublié. — Louable initia-
tive de M. Mesureur. — Archives et
documents hospitaliers. — Expo-
sition utilitaire et sociale. — Un
musée qui s'impose.
Ce n'est peut-être pas une primeur dans le
domaine de l'actualité que cette question d'un
musée de l'Assistance publique. Déjà voici tan-
tôt deux ans, elle fut l'objet d'une étude atten-
tive du regretté Charles Mourier, prédéces-
seur de M.Mesureur à la direction des services
hospitaliers et de bienfaisance de la Ville de
Paris.
M. Mourier qui à sa haute compétence ad-
ministrative joignait les qualités du parfait
collectionneur, avait caressé en effet le projet
d'installer dans un des bâtiments historiques
appartenant à l'assistance une sorte de reli-
quaire destiné non seulement à recueillir les
précieux souvenirs de l'histoire de la charité
parisienne, mais encore à mettre en évidence.
pa? comparaison avec les restitutions du passé,
les progrès accomplis par la science dans les
hôpitaux, les hospices, les asiles, les maternités
et les différents services préventifs ou palliatifs
de la misère humaine.
En prévision des locaux spacieux nécessités
par une installation de ce genre, il avait eu
l'idée de choisir les bâtiments actuels de la
pharmacie centrale des hôpitaux, actuelle-
ment quai de la Tournelle, dans la maison des
Miramiones. C'est en effet dans cet immeuble
— dont le nom provenait d'une communauté
religieuse, fondée pour partie par Mme de
Miramion, veuve de J. J. de Beauharnais, sei-
gneur de Miramion, conseiller au Parlement
de Paris, en 1691, et supprimée en 1790 par
décret national, — que le préfet Frochot, en
1812, décida le Conseil général des hospices
à -- faire - installer la pharmacie centrale -- des
hôpitaux.
Les bâtiments et locaux situés en façade su»
le quai, présentent en grande partie un as-
pect d'élégance qui les désigne parfaitement à
une affectation artistique. Et ce projet n'eût
pas manqué de se réaliser, puisque M. Mou-
rier,en s'y intéressant, avait promis personnel-
lement son concours pécuniaire le plus large,
sa fortune considérable l'autorisant en effet à
ces sortes de libéralités, sans que les deniers
publics eussent à garticiper sensiblement à
ces dépenses iv.
Malheureusement. 4a mort, dans sa cruelle
soudaineté, vint aueter ce bel essor, et en sup-
primant l'appoint matériel promis, retarda
pour quelque temps la création du musée en-
trevu.
Reprise du projet
Or, il nous revient de source autorisée, qu'à
la suite de modifications survenues dans le
personnel des archives de l'Assistance, M. Me-
sureur revenant sur sa décision primitive de
maintenir ce personnel à sa plus simple ex
pression, et loin de rejeter aux calendes le
projet primitif, se préoccuperait de lui donner.
corps en utilisant ainsi la collaboration dévouée
de quelques-uns des plus proches secrétaires
dont il s'est entouré, et l'on dit qu'il ne dé-
sespère pas d'obtenir les fonds nécessaires à la
mise au jour de ces collections rétrospectives
de l'histoire du paupérisme parisien.
Il faudrait, en effet, être rebelle à toute idée
de progrès pour ne pas reconnaître l'intérêt
tout spécial qui s'attache à ce groupement des
souvenirs séculaires par lesquels l'Assistance
publique se relie, intimement à notre histoire
municipale. Comment peut-on laisser le peuple
ignorer plus longtemps les trésors artistiques
ou documentaires enfouis dans les combles
dénommés archives de l'avenue Victoria, et
que les incendies de la Commune ont dévastés
en notable quantité ? D'autres sont disséminés
çà et là clans les différents hôpitaux, exposés
au vandalisme des profanes qui en avaient la
garde et parfois même la jouissance, quand il
s'agissait de pièces de mobilier ou de fresques
murales.
Souvenirs historiques
Il n'est mystère pour personne que, seuls,
quelques rares initiés, connus de la maison,
pouvaient jusqu'à présent pénétrer le secret de
ces merveilleux autiphonaires provenant de
l'hôpital de la Charité, enluminés par Paulin
Montacier et rehaussés d'ors rebelles aux at-
teintes du temps.
Combien rares ceux qui, hormis le temps
bref de l'Exposition universelle, ont lu ou vu
le parchemin signé de Louis VII, roi de France.
les graduels, les cartulaires et les rotules, qui
présentaient les comptes de recettes intérieures
de l'Hôtel-Dieu dès le quatorzième siècle ; la
quittance autographe de quatorze cents livres
donnée par Vincent de Paul au commandeur
de Sillery pour la mission de Sancy; le livre
des privilèges royaux de l'Hôtel-Dieu, qui
date de la fin du dix-septième siècle, la Convo-
cation adressée à M. de Montyon à l'assemblée
des notables du 3 novembre 1788, le registre
des abjurations extorquées aux malades par
les religieuses, de 1693 à 1713, c'est-à-dire au
lendemain de la Révocation de l'Edit de
Nantes.
Il n'a pas fallu moins que cette exposition
universelle pour mettre en valeur, pendant
quelques mois, ces merveilles en présence du
public. Il importe que ce dernier revendique la
libre jouissance visuelle de ces objets rares qui
sont en somme sa propriété.
Ce serait là une cutieuse introduction ré-
trospective au musée historique et comparé de
l'Assistance; et, sans doute, entre-t-elle dans
le programme d'organisation si toutefois ce
dernier a déjà été élaboré.
D'ailleurs, celui qui aurait mission de pré-
parer ce travail trouverait un point de repère
fort utile dans l'organisation de 1900 à laquelle
présida le Dr Napias, mort à la peine après ce
gigantesque effort ajouté par surcroît aux
préoccupations fonctionnelles que ne prévoyait
sans doute pas le préfet Nano du département
de Sambre-ét-Loire, lorsqu'il publiait ses ré-
flexions sur l'Assistance par les soins du suc-
cesseur de M. Peyron.
Le musée documentaire et technique
A cet aperçu lontain déjà de la charité d'au-
trefois, pourrait faire suite la sériede portraits
de bienfaiteurs dont quelques œuvres de mai-
tres nous ont conservé le souvenir, notamment
le chevalier d'Aligre, attribué à Philippe'de
Champaigne ; Mme Necker; Elisa Rov, com-
tesse de Lariboisière, peinte par Gros ; Rossini,
Galignani, Chardon-Lagache, Cochin et autres
fondateurs d'hôpitaux et d'hospices.
La section topographique s'alimenterait de
dessins, d'aquarelles, de gravures et de plans
relatifs aux nombreux établissements et à leurs
transformations successives, aux intérieurs
d'aspects artistiques demeurés intacts, aux
vues des diverses et parfois si pittoresques
salles de garde, aux cartes postales illustrées
elles-môrres qui résument les aspects intéres-
sants de chaque hôpital, et. quelques pein-
tures documentaires sur les opérations et les
sujets de dévouement les plus célèbres de nos
annales médicales, quelques pièces de mobilier
ancien appropriées aux usages de jadis, les
types comparés des lits, ustensiles et instru-
ments à travers les époques, au lieu d'être ré-
j l légués on exil au magasin central ou ailleurs,
r compléteraient à merveille le côté rétrospectif
du Musée dans la partie des bâtiments de style
,îU,UâôW des Miramiones. -
Puis viendraient, appropriées aux disposi-
tions locales, les sections techniques et péda-
gogiques, relatives aux services de malades,
aux progrès de la science, de la médecine, la
chirurgie et l'obstétrique modernes ; à l'hy-
giène, objet des préoccupations les plus justi-
fiées ; à la vie intérieure et quotidienne des éta-
blissements hospitaliers et de bienfaisance. Ce
serait certes un excellent moyen d'anéantir les
vieux préjugés en raison desquels nombre de
gens préfèrent mourir sur une paillasse, à do-
micile, privés de remèdes, plutôt que de rece-
voir les soins du personnel médical et secon-
daire si dévoué, sauf quelques exceptions re-
grettables et bientôt désignées à l'opinion pu-
blique, personnel parfaitement accoutumé à
se prodiguer dans la mesure de ses facultés et
de ses forces.
-- - -- Le - résultat
C3 serait enfin une consolation, si faible
dût-elle paraître, aux mères que la destinée
contraignit à l'abandon de leur progéniture,
que le spectacle des travaux si intéressants
exécutés par les enfants assistés devenus élèves
des écoles professionnelles d'imprimorie, d'ébé-
nisterie, de broderie, de lingerie et autres tra-
vaux d'aiguilles, enfin les objets relatifs à l'as-
sistance de la première enfance,
Souvent, de simples malentendus provoquent
les pires inimitiés. Ce contact réconfortant
offert par l'Alma-Mater aux promeneurs pari-
siens, aux ouvriers désireux d'utiliser par une
leçon de choses leurs loisirs dominicaux, et
auxquels peut-être les lendemains réservent de
çf ueîles épreuves, aurait sûrement pour effet
de resserrer le lien nécessaire de solidarité qui
doit rattacher le citoyen à la personne morale
de l'Assistance publique, et de faciliter dans
une certaine mesure la tâche des braves gens
que rien ne décourage dans l'exercice public
ou privé de la saine philanthropie, l'une
des formes les plus belles de la mutualité so-
ciale.
ALCANTER DE BRAHM
CENT MILLE ANS!
Nous avons publié, l'autre jour, une note
officielle du Muséum, dont le paragraphe sui-
vant m'a fait longuement rêver :
Grâce à M. Ed. de Rothschild, on verra bientôt,
installées dans les vitrines de la galerie de Paléon-
tologie du Muséum, des pièces tout à fait intéres-
santes aes fameux gisements des phosphates du
Quercy. Entre autres curiosités, il faut signaler
des grenouilles et des morceaux de serpents dont
la peau a été conservée et qui remontent à plus
de mille siècles.
Mille siècles 1 c'est-à-dire cent mille ansf
Mais alors, quelles blagues nous apprend-t-
on à l'école ?
J'entends encore notre professeur d'histoire
nous dire d'un ton sans réplique, comme un
homme qui aurait mis la vérité dans sa poche
et son mouchoir par dessus :
« Voici, messieurs, les principales chronolo-
gies : 1° Le système de l'église grecque, qui a
pour base la version des Septante, et qui
compte, entre la création du monde et la nais-
sance du Christ, 5270 ans ; 2° Le système des
Bénédictins, resté en faveur auprès de quel-
ques érudits et qui fait remonter la création à
4.963 ans avant le Christ ; 3" Le système du
Père Tournemine qui se fonde sur le texte sa-
maritain et rapporte la naissance du Christ
à l'an 4305 ; 4° Le système d'Ussérius, conforme
au texte hébreu, et qui donne pour date à la
création du monde l'an 4004 avant le Christ :
5° Le système de Denys le Pettt, moine du 6:
siècle de notre ère, qui arrondit les chiffres et
place la création en l'an 4000 avant le Christ.«
Notre professeur ajoutait qu'il avait adopté
le système d'Ussérius ; — quatre ans de plus
que celui de Denys le Petit, ça n'avait pas d'im-
portance.
Cela en avait d'autant moins que notre pro-
fesseur enjambait des centaines d'années sans
sourciller : en 4004, création du monde ; en
3874 (?). meurtro d'Abel ; en 3770, Caïn bâtit
Hénochia, la première ville.
Presque cent ans après l'assassinat d'Abel !
Mais ça continuait à ne pas avoir d'impor-
tance. Puis un trou, un trou énorme, jus
qu'en 2348, époque à laquelle Noé entre dans
l'archo avec ses fil. Sem Cham et Japhet.
Vous dirai-je la suite ? En 2M7, les descen-
dants de Noé commencent à construire la tour
de Babel ; en 1026, vocation d'Abraham ; en
1897, destruction de Sodome, etc. Vous con-
naissez le reste, mais constatez que de 4004 à
1897 nous sommes, j'csc le dire, bien insufii
samment l'ensfngnés.
- Or, voici que l'on va nous exhiber des restes
de grenouilles et de serpents ayant existé.
95.§00 ans avant la création 1
Qu'était donc cette création, qui a demandé
six jours de travail au Dieu de la Bible, en
4004 ? Depuis des milliers et des milliers d'an-
nées,des êtres, des animaux, existaient sur la
terre, s'y nourrissaient, s'y reproduisaient.
Leur créateur était donc un autre Dieu que
celui de la Bible ?
Je me garderai bien de faire des plaisante-
ries vraiment trop faciles sur ce sujet et je me
contenterai de dire à nos lecteurs que tous ces
siècles accumulés, qui précèdent l'ère de la
création inventée par les religions, doivent
nous inspirer, comme les millions de planètes
et de mondes que ne cessent de découvrir les
astronomes, le sentiment profond de notre va-
nité et l'impérieuse nécessité de faire cons-
tamment plus forte et plus active la solidarité
humaine.
De toutes nos passions, de toutes nos éner-
gies, de toutes nos agitations, de toutes nos
découvertes, de toute notre civilisation dont
nous sommes si orgueilleux, que restera-t-il
dans mille ans?
Hélas ! pas même le souvenir, peut-être —
pas même les fragments de grenouilles et de
serpents quenous allons pouvoir contempler au
Muséum.
C'est bien la peine de ne pas être modeste et
fraternel!
G. DE VORNEY.
_-- 9 -''0'I000IIo
GRAVE INCIDENT AUX BALKANS
IDe notre correspondant particulier}
Vienne, 7 décembre.
A Scutari, en Albanie, le cavasse (soldat-
planton) du consulat hellénique, nommé Béhil,
a été assassiné à coups de revolver par un Al-
banais catholique.
TRAGIQUE PARTIE DE CHASSE
Pendant une partie de chasse à Casa de Campo, à
laquelle le roi assistait, un garde des forêts a tiré
un coup de fusil qui a atteint et tué un berger.
On dit qu'il s'agit d'un simple accident, mais le roi
en a cependant éprouvé une vive émotion et est
rentré au palais royal, où M. Maura, président du
conseil, s'est rendu aussitôt.
D'après une première version, la victime, c'est-
à-dire le berger, avait des griefs contre un fami-
lier du roi ; le berger aurait visé ce familier avec
une arme, et le garde, s'en étant aperçu, l'aurait
tué. Selon la version officielle, le berger, en char-
geant une carabine, fit partir le coup et reçut la
décharge en plein corps. Il tomba pour ne pas se
relever.
IPHIGÉNIE
La répétition générale à l'Odéon
Associations des journalistes républi-
cains et parisiens. — « Iphigénie ».
de M. Moréas. — Une œuvre
classique. — Superbe inter-
prétation.
Jeudi prochain, les deux Associations des
journalistes républicains et des journalistes
parisiens donnent, on le sait, leur commune
fête annuelle au profit de leurs caisses de se-
cours; le comité a cru bon, avec raison, de
donnera une répétition générale de l'œuvre
inscrite au programme ; ainsi, il nous est pos-
sible, par avance, de pouvoir renseigner nos
lecteurs et de leur dire, en toute sincérité, que
jeudi, se rendant à l'Odéon, ils seront certains
d'assister à un beau et intéressant spectacle.
L'œuvre de M. Moréas
L'Iphigénie, de M. Moréas, n'est pas, comme
la tragédie de Racine, une adaptation plus ou
moins heureuse ; c'est une véritable et belle
traduction du chef-d'œuvre d'Euripide. Le
moderne poète suit pas à pas le poète grec et
de la sorte Iphigénie reprend son véritable
aspect, cet aspect qu'elle avait perdu avec Ra-
cine, et le dévouement final d'Iphigénie s'ex-
plique, se comprend et acquiert une sublime
grandeur.
On assiste peu à peu à la prise complète des
âmes par l'idée de la Patrie. Pour obéir aux
Dieux, pour sauver la Patrie, tous s'inclinent,
se courbent ; tout d'abord — il y a toujours du
vrai réalisme dans les classiques — là créature
humaine se révolte,, la chair parle ; puis le
sentiment du devoir se développe, grandit et
arrive à commander en maître, et c'est avec
une sorte de joie exaltée qu'Iphigénie monte à
l'autel du sacrifice ; écoutez-la repoussant le
secours d'Achille f
Une plus haute voix et me parle et m'appelle,
Et je dépouille enfin ma faiblesse mortelle.
Pourquoi te plaindre en vain et contre ton époux,
Aigrir ainsi ton cœur, ma mère ? Devons-nous,
En insultant aux dïeux qui marquent nos journées
Prétendre à détourner le cours des destinées ?
Non, mais craignons plutôt qu'aggravant notre
[sort,
D'autres malheurs plus grands ne précèdent ma
[mort.
Faut-il que ce héros, en mutinant l'armée,
Aille risquer sa vie avec sa renommée ?
Par ma seule vertu, la Grèce en ce moment
De Pâris et de Troie, obtient le châtiment.
Sur l'autel d'Artémis, généreuse victime,
Ma mère, de ta sœur je rachète le crime.
Je soulève le flots, les vents me sont soumis ;
J'honore mes parents, je perds nos ennemis.
Et tu veux que j'hésite et que je sois avare
Dd mes jours, que je dois aux ombres du Ténare ?
Pardonne, qu'ai-je dit ? Non, non, tu ne veux pas
Que je cesse d'aimer mon illustre trépas.
Certes, je tiens de toi cette ardeur qui m'enflamme,
Certes, d'Argos, ma mère, oui, je connais ton âme.
Ce que de notre rang peut exiger l'honneur,
Tu n& le cèdes pas au plus tendre bonheur.
Tu ne souffriras point que mon père revienne
Parjure à son serment, dans l'antique Mycène.
A l'esclave doit il, l'homme libre, obéir,
Et Pâris pourra donc de son crime jouir
Sans que nous effacions la honte de l'outrage ?
Ces milliers de soldats, ces chefs au grand courage,
Volant de toutes parts pour venger leur pays,
La fille de leur roi les aura donc trahis ?
Va-t-elle fatiguer, inutile, la rame,
Les bras des matelots à cause d'une femme ?
Lorsqu'Artémis ordonne, ai-je la liberté
De refuser ma vie à la divinité ?
Venez, conduisez-moi devant toute la Grèce
Sur le terrible autel de la flèro déesse.
Venez, immolez-moi : je verrai sans horreur
Se lever le couteau du sacrificateur.
Qu'on répande mon sang ; la terre de Phrygie
Do ce sang virginal sera bientôt rougie,
Et partout l'on verra nos guerriers triomphants,
Ce sera mon hymen, mon époux, mes enfants.
Vraiment, M. Moréas a fait œuvre de poète
en nous rendant l'Iphigénie.d'Euripideet il faut
lui en savoir un gré infini.
Ses vers ont de la force et de la couleur ; on
sent qu'il s'est, comme il convenait, inspiré
du maître qu'il essayait de faire connaître
plus intimement à la masse, au peuple.
L'interprétation
Jeudi, la public éprouvera une vraie joie de
voir avec quelle perfection Iphigénie sera inter-
prétée.
A Orange—on se rappelle que cette tragédie
fut donnée pour la première fois l'été dernier
au théâtre antique de cette ville — les artistes
s'appelaient Silvain (Agamemnon) t Albert
Lambert (Achille) ; Hartmann Silvain (Iphi-
génie); Tessandier (Clytemnestre); aujour-
d'hui nous revoyons quelques uns d'entre eux :
M. Silrain garde son rôle et s'y montre par-
fait ; il est bien l'homme pris entre un patrio-
tisme ardent et son amour paternel ; Mmes
Silvain, une Iphigénie excellente, et Tessandier,
tragédienne superbe dans Clytemnestre.
M. Fenoux remplace Albert Lambert et a
de la chaleur et de l'ardeur. A côté de ces ar-
tistes, nous citerons avec éloges, MM. Gorde
et Boyer. Et nous aurons garde d'oublier Mlles
Roch, Maille, Sylvie et Rabuteau purement et
simplement exquises en Choreutes.
On a eu l'idée très artistique de vouloir une
musique de scène et de cette tâche on a chargé
M. Léon, le chef d'orchestre de la Comédie-
Française qui, très bien inspiré, a adapté, avec
un rare bonheur, la musique de Vlphigênie en
Aulide, de Gluck, sur la tragédie de M. Jean
Moréas.
En résumé: une belle œuvre,jouée excellem-
ment ; sans nul doute, jeudi, la salle de l'Odéon
sera trop petite pour contenir la foule des spec-
tateurs. — F. L.
ACADÉMIE DES SCIENCES
Une très remarquable communication a été
faite par M. Maurice Lévy au nom de M. le co-
lonel Renard sur un nouveau système de train
routier dit à propulsion continue. Le principe
du système consiste dans l'application à toutes
les voitures du convoi d'une partie de la force
engendrée par le moteur, si bien qu'en une cer-
taine mesure chacun des éléments du train de-
vient automoteur.
Grâce à ces dispositions, la propulsion et le
freinage sont continus, et :tous les éléments du
train obéissent simultanément ; de plus, l'on
obtient ce que M. Renard appelle le tournant
correct, c'est-à-dire que tous les éléments du
train passent successivement exactement au
même point, comme s'ils circulaient sur des
rails placés par la locomotive elle-même.
Quant au tracteur, grâce aux particularités
du systèmo il peut être d'un poids extrême-
ment réduit. C'est ainsi qu'avec un tracteur
pesant seulement 1,500 kilogrammes, M. Res-
nard peut remorquer un train long de 42 mè-
res et d'un poids total de 35 tonnes, en mar-
chant et en palier à la vitesse de 20 à 25 kilo-
mètres à l'heure.
A mentionner encore une note fort intéres-
sante de M. Cannevel, présentée par M. le
professeur d'Arsonval, sur le principe d'un
nouveau moteur à pétrole pour automobile,
moteur fonctionnant sans explosion, sans
allumage, sans bruit et sans choc et un
mémoire de MM. André Broca et Sulzer sur
la comparaison des éclats colorés en lumière
iatermittente.
En cours do séance, l'Académie a procédé à
doux élections : 1* Pour la désignation de deux
candidats à la chaire d'histoire générale des
sciences du Collège de France, vacante par
suite du décès de M. Pierre Laffitte. MM: Tan-
nery et Wirouboff sont présentés en 1re et en.
seconde ligne au choix du ministre ; 2° pour
la désignation de deux candidats pour la plaça
d'astronome titulaire, vacante à l'Observatoire.-1
MM. Tuiseux et Hanry, sont présentés en l'
et en seconde ligne au choix du ministre.
- G. V.
Voir à la 3° page
les Dernières Dépêches
CIO la nuit
et la Revue des Journaux
du matin
UNE RÉPONSE
-
Usant de son droit de réponse, M. Reille, députa l
du Tarn, nous adresse la lettre suivante que nous
insérons sans commentaires t i
Paris, le 5 décembre 1909, J
Messieurs J. et A. Niclausse,
24, rue des Ardennes, Paris.
Messieurs, *
Je suis en possession de votre honorée du,
courant. Je me félicite d'une interventwu.
m'a valu vos si intéressantes observations tour.
en me procurant l'honneur de vous lire. A ï»
vérité ce sont surtout les explications de M. l'
ministre de la marine que je désirais provo-
quer, car je ne pouvais douter du zèle quar
vous apporteriez à défendre les produit!t'd
votre fabrication. Les argumente que w Mi —
présentez, et dont je ne conteste pas la va
auraient gagné à être exposés par le ministres
lui-même, et vous regretterez comme moi, j'erf
suis sûr, son silence à cet égaTd. J'aurais étS
heureux d'apprendre de sa bouche que des iD:WI
quiétudes motivées par le souci légitime Ct~a~
défense nationale n'étaient pas fondées ; je sui.
heures néanmoins de l'apprendre de vous.
De très bonne foi, j'ai posé une question a
elle est restée sans réponse; si j'avais connu lal.
réponse c'est-à-dire votre lettre du 8, avril et
que je l'eusse trouvée satisfaisante, la question
devenait inutile et sans doute je ne t'aurait
pas posée.
Jo ne puis donc accepter le reproche que
vous voulez bien formuler à cet égard, non
plus que celui de n'avoir pas cité en entier 1^
lettre du 3 avril émanant du ministère.
J'ai dit, comme c'était mon devoir, tout es
que je savais. Je le répète ; j'interrogeais. La
logique veut en effet que les députés question-
nent, que les ministres répondent, que le Par-
lement et le Pays apprécient.
En l'espèce, je vous suis reconnaissant des,
renseignements que vous voulez bien me four-,
nir destinés sans doute plutôt au public, qu'à
moi-même.
Mais je persiste à penser que dans l'intérêt
de la mayne et dans le vôtre, il est regreltabla
que le ministre n'ait pas cru devoir éclairer ma
religion personnelle et celle de la Chambre
comme il l'a fait pour les sous-marins.
Croyez, Monsieur, à ma considération distin-
guée.
Baron Amédée REILLE, député.
- e- -
PARISETTES
Les deux empereurs
Pour aller fonder un empire,
Sait-on pourquoi Jacques premier.
Grand personnage qu'on admire.
A cessé d'être sucrier?
Son cousin Pierre, par son a Jaune »
Etant devenu roi « des airs »,
Jacques, pour conquérir un trône,
A fondé l'empire « désert » !
JACQUES FLORÉAL.
LES RADICAUX-SOCIALISTES
DE LA GOUTTE-D'OFL
Un groupe nombreux de citoyens, composé
de républicains indépendants, de radicaux-so-'
cialistes et de socialistes, s'est réuni salle Brayat,
31, rue de la Chapelle.
Ces électeurs, qui se souviennent des servi-'
ces nombreux et importants rendus au quar-
tier de la Goutte-d'Or par M. Alfred Breuillé,
ancien conseiller municipal de Paris, ont songé
à lui offrir la candidature aux prochaines élec-
tions municipales. Tous s'accordent à lui re-
connaître une compétence indiscutée dans les
affaires qui concernent la Ville de Paris et la
département de la Seine.
Après une discussion courtoise, M. Alfred
Breuillé a accepté la candidature qui lui est 01-.
ferte, et le comité a constitué son bureau.
♦
LES COMPLICATIONS EN EXTRÊME-ORIENT
(De notre correspondant partictiflerl
Londres, 7 décembre.
Une partie de la garnison de l'île de Wight
a reçu l'ordre de s'embarquer immédiatement
pour Hong-Kong.
On croit qu'il s'agit d'une mesure prise en
vue de la situation inquiétante en Extrême-
Orient.
Le War Office, dit-on, ferait encore Dartir
des troupes d'autres garnisons anglaises.
——————————— —————————-— 4
LE J.-J. ROUSSEAU CHINOIS
(De notre correspondant particuUer)
Shanghaï, 7 décembre.
Le tribunal mixte a acquitté trois réformi
tes accusés d'avoir, de complicité avec le jour-
nal Supao, troublé l'ordre public. Malgré ieui
acquittement, les trois réformistes ont été gar-
dés en prison afin de servir de témoins dans
un second procès. L'un de ces détenus, un
jeune homme de 19 ans, a déclaré que sa
seule ambition est de devenir le Jean-Jacques
Rousseau de la Chine et d'y préparer l'avène-
ment du régime de la liberté.
LE PEUPLE SERBE
CONTRE LE PRONUNCIAMENTD MILITAIRE
(De notre correspondant particulier)
Belgrade, 7 décembre.
Dans la garnison de Schabtz, les ofllciers,
suivant en cela l'exemple de leurs camarades
de Bolgrade et de Nisch, se sont réunis pour
manifester de leur solidarité avec los régicides.
Le peuple a envahi la salle au moment où le
chef de la garnison proposa do voter une réso-
lution. Les officiers conjurés en ont été chassés
à coups de gourdins. Une partie de l'armée
fraternise avec la population.
—^—————», m
ANGLAIS ET ITALIENS DANS LE SOMALILAND
Londres, 7 décembre.
On mande d'Aden au Daily Teltgraph, le
6 décembre :
Une démonstration a été faite contre Obbia par
les navires de guerre anglais et italiens pour faira
II croire au Mullah qu'un détachement important
allait débarquer et pour le déterminer ainsi à s'en-
fuir vers le nord-est,où l'on pourrait s'emparer de
lui. On croit cependant qu'il a pris la direction
ANNONCES
AUX BUREAUX DU JOURNAL
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Et chez MM. LAGRANGE, CERF etÇ"
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N" 12325. — Mercredi 9 Décembre 1903
17 FRIMAIRE AN 212
ADMINISTRATION: 14, rue du Mali
Adresser lettres et mandats à l'Administrateur
NOS LEADERS
les accidente k tiwi
Avant d'envoyer le budget au Sé-
nat, la Chambre a adopté un amende-
ment qui touche de près aux intérêts
des travailleurs et qu'on n'a pas assez
remarqué. Cet amendement dit que
« toutes les fois qu'une Compagnie ou
Société d'assurance mutuelle ou à
primes fixes aura assuré un chef d'en-
treprise contre les risques de la loi du
9 avril 1898 sur les accidents du tra-
vail, la question de non-assujettisse-
ment de l'entreprise ne pourra être
soulevée devant le tribunal que par
la victime ou ses ayants droit».
Ce texte a pour but de remédier à
un abus dont souffrent parfois patrons
et ouvriers. Prenons un exemple : un
propriétaire de bazar s'adresse à une
Compagnie d'assurances pour se pré-
munir contre les suites des accidents
qui pourraient arriver, dans ses ma-
gasins, à ses employés. La Compa-
gnie accepte. Le commerçant paie les
primes convenues.
Là-dessus, un ouvrier du bazar est
blessé. Il intente, aux termes de la
loi de 1898, une action judiciaire con-
tre son patron. Celui-ci me* en cause
l'assureur. Et que fait celui-ci ?
Il plaide, devant le tribunal, que les
bazars ne sont pas assujettis à la loi
sur les accidents du travail.
Et il arrivera ceci : le commerçant
aura payé des primes dans l'espérance
que ses ouvriers blessés seraient in-
demnisés, et, en réalité, les malheu-
reux ne recevront rien.
.**
Notez qu'au point de vue strictement
commercial, la Compagnie s'est con-
formée à ses engagements. Elle a pro-
mis de garantir contre toute poursuite
basée sur la loi de 1898. Elle a rempli
sa promesse. L'assureur s'est même
substitué à son client pour subir les
ennuis et les charges de la procédure.
Ne dites pas que ce soit peu de chose :
par-dessus tout, l'assureur a épargné
à l'assuré le risque. Quel risque ? Celui
d'un jugement qui aurait déclaré le
bazar assujetti à la loi sur les acci-
dents.
Or, il y a un très grand nombre d'é-
tablissements dont il est impossible de
dire, à priori, s'ils sont soumis ou non
à la loi dont nous parlons. Le cocher
d'une voiture de transport bénéficie
de la loi de 1898 ; le cocher d'une voi-
ture de livraison n'a rien à en espérer.
Telle est, du moins, la jurisprudence
jusqu'à présent. Elle peut changer,
elle changera. La jurisprudence, c'est
une girouette.
Si, dans l'exemple auquel nous nous
sommes arrêté, l'assuré se plaint à
l'assureur de la fin de non recevoir
opposée à l'ouvrier blessé, l'assureur
répondra qu'il s'est conformé à la « po-
lice » signée par les deux parties. Et
il n'y aura rien à reprendre à cette ré-
ponse.
Il y a cependant quelque chose de
choquant et de peu humain dans
l'usage auquel l'amendement voté
par la Chambre est destiné à mettre
fin.
Le patron, en s'assurant, ne veut
pas seulement se délivrer des réclama-
tions des ouvriers qui seraient blessés
chez lui. Il tient à s'acquitter d'une
obligation purement morale en don-
nant aux victimes la certitude d'obtenir
une indemnité.
Il doit advenir qu'un patron, après
avoir payé des primes d'assurances,
prenne le parti d'indemniser de sa
poche un ouvrier malade, la Compa-
gnie ayant plaidé avec succès le « non
assujettissement ».
L'amendement adopté par la Cham-*
bre tend, en son::ime,à insérer dans les
polices cette clause que la question de
l'assujettissement ne sera pas posée
devant les tribunaux. Bref, c'est une
sorte de quasi-contrat très sage, et
dont les Compagnies d'assurances ne
se plaindront probablement pas beau-
coup. Elles gagneront, au nouveau ré-
gime,de se placer sur un terrain moins
mouvant que celui où elles avaient
d'abord dû prendre position.
D'une façon générale, il serait rai-
sonnable de supprimer les restrictions
que la jurisprudence a apportées à la
loi du 9 avril 1898.
***
Si cette loi constitue un incontesta-
ble progrès, nous n'avons pas le droit
d'oublier que les ouvriers ont payé les
avantages qu'elle leur donne par des
concessions correspondantes. C'est l'i-
dée qu'expriment parfois les juristes
en disant que la loi sur les accidents
du travail est une loi de « transac-
tion ».
Je ne sais trop si le législateur a
compris l'énorme gravité de la mesure
qu'il prenait quand il adopta l'arti-
cle 2. Ledit article 2 interdit aux ou-
vriers d'invoquer, daas les litiges qu'ils
peuvent avoir avec leurs patrons, à
propos d'accidents du travail, les rè-
gles du droit commun.
La grand'route du code civil est bar-
rée pour les travailleurs. Ils ne doi-
vent pas sortir du chemin plus étroit
de la loi de 1898,
La plupart du temps, quand il y a
faute de la part du patron, l'ouvrier
aurait intérêt à se réclamer du droit
commun plutôt que de la loi sur les
accidents. Cette dernière n'exige pas
que l'ouvrier prouve la faute du chef
d'entreprise. En revanche, si cette
faute est établie, le blessé ne reçoit pas
une indemnité plus forte. A moins,
toutefois, que la « faute inexcusable »
soit relevée à la charge du patron. Eh
bien, le législateur a omis de définir
les termes « faute inexcusable » ; et la
jurisprudence cherche les définitions
les plus restrictives. Un arrêt de cour
d'appel prétend, je crois, que la « faute
inexcusable » révèle « une sorte de
méchanceté » chez le patron. Il faudra
en venir un jour à remanier complè-
tement la loi. En attendant, nos dépu-
tés ont raison d'opérer les réformes de
détail que les circonstances leur per-
mettent de réaliser.
Hugues Destrem.
4>
PLUS-VALUES
Le recouvrement des impôts
met une sorte d'entêtement à
vexer les nationalistes, et les
autres réactionnaires, en dé-
passant non seulement les chif-
fres des années précédentes,
mais même les évaluations budgétaires.
Pour novembre seulement, cette plus-va-
lue dépassé 28 millions. Le pays a une
façon bien particulière de crier qu'on le
mène à la ruine ; il ne cesse d'offrir plus
d'argent qu'on ne supposait en avoir à lui
demander.
Toutes les sources de l'impôt se gon-
flent: l'enregistrement, le timbre, les opé-
rations de bourse, les valeurs mobiliè-
res, les douanes, les contributions indirec-
tes, les huiles minérales, les sels, les télé-
phones; autant de ruisseaux qui augmen-
tent leur apport. Il n'est pas jusqu'aux su-
cres qui, bien que dégrevés ou peut-être
parce que dégrevés dans une proportion si
considérable, n'en sont pas moins en plus-
value de 6 millions 634.000 francs pour un
seul mois.
La seule source qui se tarisse, du coup,
c'est celle des récriminations vaines de ceux
qui jappaient aux chausses du ministre des
finances de la République, et qui triom-
phaient bruyamment des quelques fléchis-
sements qui s'étaient produits voici long-
temps déjà. Il faut que ces bons patriotes
en prennent leur parti : l'impôt rentre avec
une facilité bien faite pour décourager leurs
efforts et leurs espérances.
Il leur reste, s'ils y tiennent, la campagne
contre les caisses d'épargne ; mais celle-là
même ne leur donnera que de médiocres
satisfactions, puisque, même dans les con-
trées les plus arriérées au point de vue poli-
tique, on cesse d'ajouter foi à des attaques
qui, au surplus, ont été plusieurs fois désa-
vouées, à la Chambre, par les chefs les plus
qualifiés des anciens partis et du nationa-
lisme. — Ch. B.
Ob
DE LA LOGIQUE
Ils en ont vraiment de la logique, ces braves
nationalistes. Il suffit pour s'en convaincre de
lire l'article que M. Léon Bailby consacre, dans la
Presse d'hier soir, aux journaux républicains.
Il paraît que depuis dix jours, nous avons
noirci des colonnas entières sur le cas du
condamné de Rennes, mais que nous n'avons
pas appris au pays sur quelle pièce, sur quel
fait nouveau on va entreprendre la revision.
Eh bien, c'est inexact, nous n'avons pas
noirci des colonnes, et la presse républicaine
s'est montrée très sobre de renseignements sur
l'affaire. Et pourquoi? parce que l'affaire doit
rester cantonnée dans le domaine judiciaire,
parce que nous ne voulons pas influencer les
juges et passionner l'opinion publique.
Ouvrez au contraire les journaux réaction-
naires, vous y lisez en première page les insa-
nités dont ils ont abruti déjà pendant trois ans
leurs lecteurs. Et dire qu'ils leur trouvent tou-
jours le charme de la nouveauté ! N'insistons
pas, ce serait cruel pour la mentalité des pon-
tifes du nationalisme et celle de leurs fidèles.
Ils ne s'imaginent pas, je suppose, que nous
allons perdre du temps à réfuter leurs inep-
ties. On peut mieux employer des instants
précieux. Comment, d'ailleurs, faire voir ceux
qui sont volontairement aveugles et entendre
ceux qui sont de leur plein gré sourds !
Nous voulons donc laisser les magistrats
décider dans le calme de leur conscience ce
qu'ils croiront devoir faire.
Nous sommes, nous, logiques jusqu'au bout.
Nousne sommes pas comme M.LéonBailby qui,
hier, proclamait l'infaillibilité des conseils de
guerre, et qui, aujourd'hui, note par avance
d'infamie celui devant lequel Dreyfus compa-
raîtra prochainement.
Nous savons ce que nous voulons et nous
savons où nous allons. Nous voulons la vérité
et la lumière et nous allons vers la justice. —
Léonce Armbruster.
—. 11
GÉNÉRAL BOER A LA DOUANE AMERICAINE
(De notre correspondant particulier)
New-York, 7 décembre.
Le général boër, M. Viljœn,. qui est venu
organiser à l'Exposition de Saint-Louis des
scènes do la guerre sud-africaine, a dû subir
un interrogatoire avant de débarquer, suivant
la loi sur l'immigration. Voici comment il a
répondu aux questions du fonctionnaire de la
douane :
Quel âge ? — 30 ans. — Nationalité ? Bri-
tannique, de race hollandaise sud-africaine. —
Avez-vous été en prison ou en asile ? — Oui.
En 1902 je fus prisonnier de guerre à Sainte-
Hélène.
* : :
BRUIT INQUIÉTANT A BERLIN
fDe notre correspondant particulier)
Berlin, 7 décembre..
Une nouvelle très grave commence à trans-
pirer dans le public malgré tous les efforts des
autorités pour présenter l'étal de Guillaumell
comme satisfaisant.
La petite excroissance que les médecins ont
enlevée de la gorge de l'empereur aurait re-
poussé et une nouvelle opération serait deve-
nue nécessaire.
Certains médecins commencent à douter du
caractère bénin de la petito tumeur en ques-
tion.
LE MUSÉE
DE L'ASSISTANCE
Un projet oublié. — Louable initia-
tive de M. Mesureur. — Archives et
documents hospitaliers. — Expo-
sition utilitaire et sociale. — Un
musée qui s'impose.
Ce n'est peut-être pas une primeur dans le
domaine de l'actualité que cette question d'un
musée de l'Assistance publique. Déjà voici tan-
tôt deux ans, elle fut l'objet d'une étude atten-
tive du regretté Charles Mourier, prédéces-
seur de M.Mesureur à la direction des services
hospitaliers et de bienfaisance de la Ville de
Paris.
M. Mourier qui à sa haute compétence ad-
ministrative joignait les qualités du parfait
collectionneur, avait caressé en effet le projet
d'installer dans un des bâtiments historiques
appartenant à l'assistance une sorte de reli-
quaire destiné non seulement à recueillir les
précieux souvenirs de l'histoire de la charité
parisienne, mais encore à mettre en évidence.
pa? comparaison avec les restitutions du passé,
les progrès accomplis par la science dans les
hôpitaux, les hospices, les asiles, les maternités
et les différents services préventifs ou palliatifs
de la misère humaine.
En prévision des locaux spacieux nécessités
par une installation de ce genre, il avait eu
l'idée de choisir les bâtiments actuels de la
pharmacie centrale des hôpitaux, actuelle-
ment quai de la Tournelle, dans la maison des
Miramiones. C'est en effet dans cet immeuble
— dont le nom provenait d'une communauté
religieuse, fondée pour partie par Mme de
Miramion, veuve de J. J. de Beauharnais, sei-
gneur de Miramion, conseiller au Parlement
de Paris, en 1691, et supprimée en 1790 par
décret national, — que le préfet Frochot, en
1812, décida le Conseil général des hospices
à -- faire - installer la pharmacie centrale -- des
hôpitaux.
Les bâtiments et locaux situés en façade su»
le quai, présentent en grande partie un as-
pect d'élégance qui les désigne parfaitement à
une affectation artistique. Et ce projet n'eût
pas manqué de se réaliser, puisque M. Mou-
rier,en s'y intéressant, avait promis personnel-
lement son concours pécuniaire le plus large,
sa fortune considérable l'autorisant en effet à
ces sortes de libéralités, sans que les deniers
publics eussent à garticiper sensiblement à
ces dépenses iv.
Malheureusement. 4a mort, dans sa cruelle
soudaineté, vint aueter ce bel essor, et en sup-
primant l'appoint matériel promis, retarda
pour quelque temps la création du musée en-
trevu.
Reprise du projet
Or, il nous revient de source autorisée, qu'à
la suite de modifications survenues dans le
personnel des archives de l'Assistance, M. Me-
sureur revenant sur sa décision primitive de
maintenir ce personnel à sa plus simple ex
pression, et loin de rejeter aux calendes le
projet primitif, se préoccuperait de lui donner.
corps en utilisant ainsi la collaboration dévouée
de quelques-uns des plus proches secrétaires
dont il s'est entouré, et l'on dit qu'il ne dé-
sespère pas d'obtenir les fonds nécessaires à la
mise au jour de ces collections rétrospectives
de l'histoire du paupérisme parisien.
Il faudrait, en effet, être rebelle à toute idée
de progrès pour ne pas reconnaître l'intérêt
tout spécial qui s'attache à ce groupement des
souvenirs séculaires par lesquels l'Assistance
publique se relie, intimement à notre histoire
municipale. Comment peut-on laisser le peuple
ignorer plus longtemps les trésors artistiques
ou documentaires enfouis dans les combles
dénommés archives de l'avenue Victoria, et
que les incendies de la Commune ont dévastés
en notable quantité ? D'autres sont disséminés
çà et là clans les différents hôpitaux, exposés
au vandalisme des profanes qui en avaient la
garde et parfois même la jouissance, quand il
s'agissait de pièces de mobilier ou de fresques
murales.
Souvenirs historiques
Il n'est mystère pour personne que, seuls,
quelques rares initiés, connus de la maison,
pouvaient jusqu'à présent pénétrer le secret de
ces merveilleux autiphonaires provenant de
l'hôpital de la Charité, enluminés par Paulin
Montacier et rehaussés d'ors rebelles aux at-
teintes du temps.
Combien rares ceux qui, hormis le temps
bref de l'Exposition universelle, ont lu ou vu
le parchemin signé de Louis VII, roi de France.
les graduels, les cartulaires et les rotules, qui
présentaient les comptes de recettes intérieures
de l'Hôtel-Dieu dès le quatorzième siècle ; la
quittance autographe de quatorze cents livres
donnée par Vincent de Paul au commandeur
de Sillery pour la mission de Sancy; le livre
des privilèges royaux de l'Hôtel-Dieu, qui
date de la fin du dix-septième siècle, la Convo-
cation adressée à M. de Montyon à l'assemblée
des notables du 3 novembre 1788, le registre
des abjurations extorquées aux malades par
les religieuses, de 1693 à 1713, c'est-à-dire au
lendemain de la Révocation de l'Edit de
Nantes.
Il n'a pas fallu moins que cette exposition
universelle pour mettre en valeur, pendant
quelques mois, ces merveilles en présence du
public. Il importe que ce dernier revendique la
libre jouissance visuelle de ces objets rares qui
sont en somme sa propriété.
Ce serait là une cutieuse introduction ré-
trospective au musée historique et comparé de
l'Assistance; et, sans doute, entre-t-elle dans
le programme d'organisation si toutefois ce
dernier a déjà été élaboré.
D'ailleurs, celui qui aurait mission de pré-
parer ce travail trouverait un point de repère
fort utile dans l'organisation de 1900 à laquelle
présida le Dr Napias, mort à la peine après ce
gigantesque effort ajouté par surcroît aux
préoccupations fonctionnelles que ne prévoyait
sans doute pas le préfet Nano du département
de Sambre-ét-Loire, lorsqu'il publiait ses ré-
flexions sur l'Assistance par les soins du suc-
cesseur de M. Peyron.
Le musée documentaire et technique
A cet aperçu lontain déjà de la charité d'au-
trefois, pourrait faire suite la sériede portraits
de bienfaiteurs dont quelques œuvres de mai-
tres nous ont conservé le souvenir, notamment
le chevalier d'Aligre, attribué à Philippe'de
Champaigne ; Mme Necker; Elisa Rov, com-
tesse de Lariboisière, peinte par Gros ; Rossini,
Galignani, Chardon-Lagache, Cochin et autres
fondateurs d'hôpitaux et d'hospices.
La section topographique s'alimenterait de
dessins, d'aquarelles, de gravures et de plans
relatifs aux nombreux établissements et à leurs
transformations successives, aux intérieurs
d'aspects artistiques demeurés intacts, aux
vues des diverses et parfois si pittoresques
salles de garde, aux cartes postales illustrées
elles-môrres qui résument les aspects intéres-
sants de chaque hôpital, et. quelques pein-
tures documentaires sur les opérations et les
sujets de dévouement les plus célèbres de nos
annales médicales, quelques pièces de mobilier
ancien appropriées aux usages de jadis, les
types comparés des lits, ustensiles et instru-
ments à travers les époques, au lieu d'être ré-
j l légués on exil au magasin central ou ailleurs,
r compléteraient à merveille le côté rétrospectif
du Musée dans la partie des bâtiments de style
,îU,UâôW des Miramiones. -
Puis viendraient, appropriées aux disposi-
tions locales, les sections techniques et péda-
gogiques, relatives aux services de malades,
aux progrès de la science, de la médecine, la
chirurgie et l'obstétrique modernes ; à l'hy-
giène, objet des préoccupations les plus justi-
fiées ; à la vie intérieure et quotidienne des éta-
blissements hospitaliers et de bienfaisance. Ce
serait certes un excellent moyen d'anéantir les
vieux préjugés en raison desquels nombre de
gens préfèrent mourir sur une paillasse, à do-
micile, privés de remèdes, plutôt que de rece-
voir les soins du personnel médical et secon-
daire si dévoué, sauf quelques exceptions re-
grettables et bientôt désignées à l'opinion pu-
blique, personnel parfaitement accoutumé à
se prodiguer dans la mesure de ses facultés et
de ses forces.
-- - -- Le - résultat
C3 serait enfin une consolation, si faible
dût-elle paraître, aux mères que la destinée
contraignit à l'abandon de leur progéniture,
que le spectacle des travaux si intéressants
exécutés par les enfants assistés devenus élèves
des écoles professionnelles d'imprimorie, d'ébé-
nisterie, de broderie, de lingerie et autres tra-
vaux d'aiguilles, enfin les objets relatifs à l'as-
sistance de la première enfance,
Souvent, de simples malentendus provoquent
les pires inimitiés. Ce contact réconfortant
offert par l'Alma-Mater aux promeneurs pari-
siens, aux ouvriers désireux d'utiliser par une
leçon de choses leurs loisirs dominicaux, et
auxquels peut-être les lendemains réservent de
çf ueîles épreuves, aurait sûrement pour effet
de resserrer le lien nécessaire de solidarité qui
doit rattacher le citoyen à la personne morale
de l'Assistance publique, et de faciliter dans
une certaine mesure la tâche des braves gens
que rien ne décourage dans l'exercice public
ou privé de la saine philanthropie, l'une
des formes les plus belles de la mutualité so-
ciale.
ALCANTER DE BRAHM
CENT MILLE ANS!
Nous avons publié, l'autre jour, une note
officielle du Muséum, dont le paragraphe sui-
vant m'a fait longuement rêver :
Grâce à M. Ed. de Rothschild, on verra bientôt,
installées dans les vitrines de la galerie de Paléon-
tologie du Muséum, des pièces tout à fait intéres-
santes aes fameux gisements des phosphates du
Quercy. Entre autres curiosités, il faut signaler
des grenouilles et des morceaux de serpents dont
la peau a été conservée et qui remontent à plus
de mille siècles.
Mille siècles 1 c'est-à-dire cent mille ansf
Mais alors, quelles blagues nous apprend-t-
on à l'école ?
J'entends encore notre professeur d'histoire
nous dire d'un ton sans réplique, comme un
homme qui aurait mis la vérité dans sa poche
et son mouchoir par dessus :
« Voici, messieurs, les principales chronolo-
gies : 1° Le système de l'église grecque, qui a
pour base la version des Septante, et qui
compte, entre la création du monde et la nais-
sance du Christ, 5270 ans ; 2° Le système des
Bénédictins, resté en faveur auprès de quel-
ques érudits et qui fait remonter la création à
4.963 ans avant le Christ ; 3" Le système du
Père Tournemine qui se fonde sur le texte sa-
maritain et rapporte la naissance du Christ
à l'an 4305 ; 4° Le système d'Ussérius, conforme
au texte hébreu, et qui donne pour date à la
création du monde l'an 4004 avant le Christ :
5° Le système de Denys le Pettt, moine du 6:
siècle de notre ère, qui arrondit les chiffres et
place la création en l'an 4000 avant le Christ.«
Notre professeur ajoutait qu'il avait adopté
le système d'Ussérius ; — quatre ans de plus
que celui de Denys le Petit, ça n'avait pas d'im-
portance.
Cela en avait d'autant moins que notre pro-
fesseur enjambait des centaines d'années sans
sourciller : en 4004, création du monde ; en
3874 (?). meurtro d'Abel ; en 3770, Caïn bâtit
Hénochia, la première ville.
Presque cent ans après l'assassinat d'Abel !
Mais ça continuait à ne pas avoir d'impor-
tance. Puis un trou, un trou énorme, jus
qu'en 2348, époque à laquelle Noé entre dans
l'archo avec ses fil. Sem Cham et Japhet.
Vous dirai-je la suite ? En 2M7, les descen-
dants de Noé commencent à construire la tour
de Babel ; en 1026, vocation d'Abraham ; en
1897, destruction de Sodome, etc. Vous con-
naissez le reste, mais constatez que de 4004 à
1897 nous sommes, j'csc le dire, bien insufii
samment l'ensfngnés.
- Or, voici que l'on va nous exhiber des restes
de grenouilles et de serpents ayant existé.
95.§00 ans avant la création 1
Qu'était donc cette création, qui a demandé
six jours de travail au Dieu de la Bible, en
4004 ? Depuis des milliers et des milliers d'an-
nées,des êtres, des animaux, existaient sur la
terre, s'y nourrissaient, s'y reproduisaient.
Leur créateur était donc un autre Dieu que
celui de la Bible ?
Je me garderai bien de faire des plaisante-
ries vraiment trop faciles sur ce sujet et je me
contenterai de dire à nos lecteurs que tous ces
siècles accumulés, qui précèdent l'ère de la
création inventée par les religions, doivent
nous inspirer, comme les millions de planètes
et de mondes que ne cessent de découvrir les
astronomes, le sentiment profond de notre va-
nité et l'impérieuse nécessité de faire cons-
tamment plus forte et plus active la solidarité
humaine.
De toutes nos passions, de toutes nos éner-
gies, de toutes nos agitations, de toutes nos
découvertes, de toute notre civilisation dont
nous sommes si orgueilleux, que restera-t-il
dans mille ans?
Hélas ! pas même le souvenir, peut-être —
pas même les fragments de grenouilles et de
serpents quenous allons pouvoir contempler au
Muséum.
C'est bien la peine de ne pas être modeste et
fraternel!
G. DE VORNEY.
_-- 9 -''0'I000IIo
GRAVE INCIDENT AUX BALKANS
IDe notre correspondant particulier}
Vienne, 7 décembre.
A Scutari, en Albanie, le cavasse (soldat-
planton) du consulat hellénique, nommé Béhil,
a été assassiné à coups de revolver par un Al-
banais catholique.
TRAGIQUE PARTIE DE CHASSE
Pendant une partie de chasse à Casa de Campo, à
laquelle le roi assistait, un garde des forêts a tiré
un coup de fusil qui a atteint et tué un berger.
On dit qu'il s'agit d'un simple accident, mais le roi
en a cependant éprouvé une vive émotion et est
rentré au palais royal, où M. Maura, président du
conseil, s'est rendu aussitôt.
D'après une première version, la victime, c'est-
à-dire le berger, avait des griefs contre un fami-
lier du roi ; le berger aurait visé ce familier avec
une arme, et le garde, s'en étant aperçu, l'aurait
tué. Selon la version officielle, le berger, en char-
geant une carabine, fit partir le coup et reçut la
décharge en plein corps. Il tomba pour ne pas se
relever.
IPHIGÉNIE
La répétition générale à l'Odéon
Associations des journalistes républi-
cains et parisiens. — « Iphigénie ».
de M. Moréas. — Une œuvre
classique. — Superbe inter-
prétation.
Jeudi prochain, les deux Associations des
journalistes républicains et des journalistes
parisiens donnent, on le sait, leur commune
fête annuelle au profit de leurs caisses de se-
cours; le comité a cru bon, avec raison, de
donnera une répétition générale de l'œuvre
inscrite au programme ; ainsi, il nous est pos-
sible, par avance, de pouvoir renseigner nos
lecteurs et de leur dire, en toute sincérité, que
jeudi, se rendant à l'Odéon, ils seront certains
d'assister à un beau et intéressant spectacle.
L'œuvre de M. Moréas
L'Iphigénie, de M. Moréas, n'est pas, comme
la tragédie de Racine, une adaptation plus ou
moins heureuse ; c'est une véritable et belle
traduction du chef-d'œuvre d'Euripide. Le
moderne poète suit pas à pas le poète grec et
de la sorte Iphigénie reprend son véritable
aspect, cet aspect qu'elle avait perdu avec Ra-
cine, et le dévouement final d'Iphigénie s'ex-
plique, se comprend et acquiert une sublime
grandeur.
On assiste peu à peu à la prise complète des
âmes par l'idée de la Patrie. Pour obéir aux
Dieux, pour sauver la Patrie, tous s'inclinent,
se courbent ; tout d'abord — il y a toujours du
vrai réalisme dans les classiques — là créature
humaine se révolte,, la chair parle ; puis le
sentiment du devoir se développe, grandit et
arrive à commander en maître, et c'est avec
une sorte de joie exaltée qu'Iphigénie monte à
l'autel du sacrifice ; écoutez-la repoussant le
secours d'Achille f
Une plus haute voix et me parle et m'appelle,
Et je dépouille enfin ma faiblesse mortelle.
Pourquoi te plaindre en vain et contre ton époux,
Aigrir ainsi ton cœur, ma mère ? Devons-nous,
En insultant aux dïeux qui marquent nos journées
Prétendre à détourner le cours des destinées ?
Non, mais craignons plutôt qu'aggravant notre
[sort,
D'autres malheurs plus grands ne précèdent ma
[mort.
Faut-il que ce héros, en mutinant l'armée,
Aille risquer sa vie avec sa renommée ?
Par ma seule vertu, la Grèce en ce moment
De Pâris et de Troie, obtient le châtiment.
Sur l'autel d'Artémis, généreuse victime,
Ma mère, de ta sœur je rachète le crime.
Je soulève le flots, les vents me sont soumis ;
J'honore mes parents, je perds nos ennemis.
Et tu veux que j'hésite et que je sois avare
Dd mes jours, que je dois aux ombres du Ténare ?
Pardonne, qu'ai-je dit ? Non, non, tu ne veux pas
Que je cesse d'aimer mon illustre trépas.
Certes, je tiens de toi cette ardeur qui m'enflamme,
Certes, d'Argos, ma mère, oui, je connais ton âme.
Ce que de notre rang peut exiger l'honneur,
Tu n& le cèdes pas au plus tendre bonheur.
Tu ne souffriras point que mon père revienne
Parjure à son serment, dans l'antique Mycène.
A l'esclave doit il, l'homme libre, obéir,
Et Pâris pourra donc de son crime jouir
Sans que nous effacions la honte de l'outrage ?
Ces milliers de soldats, ces chefs au grand courage,
Volant de toutes parts pour venger leur pays,
La fille de leur roi les aura donc trahis ?
Va-t-elle fatiguer, inutile, la rame,
Les bras des matelots à cause d'une femme ?
Lorsqu'Artémis ordonne, ai-je la liberté
De refuser ma vie à la divinité ?
Venez, conduisez-moi devant toute la Grèce
Sur le terrible autel de la flèro déesse.
Venez, immolez-moi : je verrai sans horreur
Se lever le couteau du sacrificateur.
Qu'on répande mon sang ; la terre de Phrygie
Do ce sang virginal sera bientôt rougie,
Et partout l'on verra nos guerriers triomphants,
Ce sera mon hymen, mon époux, mes enfants.
Vraiment, M. Moréas a fait œuvre de poète
en nous rendant l'Iphigénie.d'Euripideet il faut
lui en savoir un gré infini.
Ses vers ont de la force et de la couleur ; on
sent qu'il s'est, comme il convenait, inspiré
du maître qu'il essayait de faire connaître
plus intimement à la masse, au peuple.
L'interprétation
Jeudi, la public éprouvera une vraie joie de
voir avec quelle perfection Iphigénie sera inter-
prétée.
A Orange—on se rappelle que cette tragédie
fut donnée pour la première fois l'été dernier
au théâtre antique de cette ville — les artistes
s'appelaient Silvain (Agamemnon) t Albert
Lambert (Achille) ; Hartmann Silvain (Iphi-
génie); Tessandier (Clytemnestre); aujour-
d'hui nous revoyons quelques uns d'entre eux :
M. Silrain garde son rôle et s'y montre par-
fait ; il est bien l'homme pris entre un patrio-
tisme ardent et son amour paternel ; Mmes
Silvain, une Iphigénie excellente, et Tessandier,
tragédienne superbe dans Clytemnestre.
M. Fenoux remplace Albert Lambert et a
de la chaleur et de l'ardeur. A côté de ces ar-
tistes, nous citerons avec éloges, MM. Gorde
et Boyer. Et nous aurons garde d'oublier Mlles
Roch, Maille, Sylvie et Rabuteau purement et
simplement exquises en Choreutes.
On a eu l'idée très artistique de vouloir une
musique de scène et de cette tâche on a chargé
M. Léon, le chef d'orchestre de la Comédie-
Française qui, très bien inspiré, a adapté, avec
un rare bonheur, la musique de Vlphigênie en
Aulide, de Gluck, sur la tragédie de M. Jean
Moréas.
En résumé: une belle œuvre,jouée excellem-
ment ; sans nul doute, jeudi, la salle de l'Odéon
sera trop petite pour contenir la foule des spec-
tateurs. — F. L.
ACADÉMIE DES SCIENCES
Une très remarquable communication a été
faite par M. Maurice Lévy au nom de M. le co-
lonel Renard sur un nouveau système de train
routier dit à propulsion continue. Le principe
du système consiste dans l'application à toutes
les voitures du convoi d'une partie de la force
engendrée par le moteur, si bien qu'en une cer-
taine mesure chacun des éléments du train de-
vient automoteur.
Grâce à ces dispositions, la propulsion et le
freinage sont continus, et :tous les éléments du
train obéissent simultanément ; de plus, l'on
obtient ce que M. Renard appelle le tournant
correct, c'est-à-dire que tous les éléments du
train passent successivement exactement au
même point, comme s'ils circulaient sur des
rails placés par la locomotive elle-même.
Quant au tracteur, grâce aux particularités
du systèmo il peut être d'un poids extrême-
ment réduit. C'est ainsi qu'avec un tracteur
pesant seulement 1,500 kilogrammes, M. Res-
nard peut remorquer un train long de 42 mè-
res et d'un poids total de 35 tonnes, en mar-
chant et en palier à la vitesse de 20 à 25 kilo-
mètres à l'heure.
A mentionner encore une note fort intéres-
sante de M. Cannevel, présentée par M. le
professeur d'Arsonval, sur le principe d'un
nouveau moteur à pétrole pour automobile,
moteur fonctionnant sans explosion, sans
allumage, sans bruit et sans choc et un
mémoire de MM. André Broca et Sulzer sur
la comparaison des éclats colorés en lumière
iatermittente.
En cours do séance, l'Académie a procédé à
doux élections : 1* Pour la désignation de deux
candidats à la chaire d'histoire générale des
sciences du Collège de France, vacante par
suite du décès de M. Pierre Laffitte. MM: Tan-
nery et Wirouboff sont présentés en 1re et en.
seconde ligne au choix du ministre ; 2° pour
la désignation de deux candidats pour la plaça
d'astronome titulaire, vacante à l'Observatoire.-1
MM. Tuiseux et Hanry, sont présentés en l'
et en seconde ligne au choix du ministre.
- G. V.
Voir à la 3° page
les Dernières Dépêches
CIO la nuit
et la Revue des Journaux
du matin
UNE RÉPONSE
-
Usant de son droit de réponse, M. Reille, députa l
du Tarn, nous adresse la lettre suivante que nous
insérons sans commentaires t i
Paris, le 5 décembre 1909, J
Messieurs J. et A. Niclausse,
24, rue des Ardennes, Paris.
Messieurs, *
Je suis en possession de votre honorée du,
courant. Je me félicite d'une interventwu.
m'a valu vos si intéressantes observations tour.
en me procurant l'honneur de vous lire. A ï»
vérité ce sont surtout les explications de M. l'
ministre de la marine que je désirais provo-
quer, car je ne pouvais douter du zèle quar
vous apporteriez à défendre les produit!t'd
votre fabrication. Les argumente que w Mi —
présentez, et dont je ne conteste pas la va
auraient gagné à être exposés par le ministres
lui-même, et vous regretterez comme moi, j'erf
suis sûr, son silence à cet égaTd. J'aurais étS
heureux d'apprendre de sa bouche que des iD:WI
quiétudes motivées par le souci légitime Ct~a~
défense nationale n'étaient pas fondées ; je sui.
heures néanmoins de l'apprendre de vous.
De très bonne foi, j'ai posé une question a
elle est restée sans réponse; si j'avais connu lal.
réponse c'est-à-dire votre lettre du 8, avril et
que je l'eusse trouvée satisfaisante, la question
devenait inutile et sans doute je ne t'aurait
pas posée.
Jo ne puis donc accepter le reproche que
vous voulez bien formuler à cet égard, non
plus que celui de n'avoir pas cité en entier 1^
lettre du 3 avril émanant du ministère.
J'ai dit, comme c'était mon devoir, tout es
que je savais. Je le répète ; j'interrogeais. La
logique veut en effet que les députés question-
nent, que les ministres répondent, que le Par-
lement et le Pays apprécient.
En l'espèce, je vous suis reconnaissant des,
renseignements que vous voulez bien me four-,
nir destinés sans doute plutôt au public, qu'à
moi-même.
Mais je persiste à penser que dans l'intérêt
de la mayne et dans le vôtre, il est regreltabla
que le ministre n'ait pas cru devoir éclairer ma
religion personnelle et celle de la Chambre
comme il l'a fait pour les sous-marins.
Croyez, Monsieur, à ma considération distin-
guée.
Baron Amédée REILLE, député.
- e- -
PARISETTES
Les deux empereurs
Pour aller fonder un empire,
Sait-on pourquoi Jacques premier.
Grand personnage qu'on admire.
A cessé d'être sucrier?
Son cousin Pierre, par son a Jaune »
Etant devenu roi « des airs »,
Jacques, pour conquérir un trône,
A fondé l'empire « désert » !
JACQUES FLORÉAL.
LES RADICAUX-SOCIALISTES
DE LA GOUTTE-D'OFL
Un groupe nombreux de citoyens, composé
de républicains indépendants, de radicaux-so-'
cialistes et de socialistes, s'est réuni salle Brayat,
31, rue de la Chapelle.
Ces électeurs, qui se souviennent des servi-'
ces nombreux et importants rendus au quar-
tier de la Goutte-d'Or par M. Alfred Breuillé,
ancien conseiller municipal de Paris, ont songé
à lui offrir la candidature aux prochaines élec-
tions municipales. Tous s'accordent à lui re-
connaître une compétence indiscutée dans les
affaires qui concernent la Ville de Paris et la
département de la Seine.
Après une discussion courtoise, M. Alfred
Breuillé a accepté la candidature qui lui est 01-.
ferte, et le comité a constitué son bureau.
♦
LES COMPLICATIONS EN EXTRÊME-ORIENT
(De notre correspondant partictiflerl
Londres, 7 décembre.
Une partie de la garnison de l'île de Wight
a reçu l'ordre de s'embarquer immédiatement
pour Hong-Kong.
On croit qu'il s'agit d'une mesure prise en
vue de la situation inquiétante en Extrême-
Orient.
Le War Office, dit-on, ferait encore Dartir
des troupes d'autres garnisons anglaises.
——————————— —————————-— 4
LE J.-J. ROUSSEAU CHINOIS
(De notre correspondant particuUer)
Shanghaï, 7 décembre.
Le tribunal mixte a acquitté trois réformi
tes accusés d'avoir, de complicité avec le jour-
nal Supao, troublé l'ordre public. Malgré ieui
acquittement, les trois réformistes ont été gar-
dés en prison afin de servir de témoins dans
un second procès. L'un de ces détenus, un
jeune homme de 19 ans, a déclaré que sa
seule ambition est de devenir le Jean-Jacques
Rousseau de la Chine et d'y préparer l'avène-
ment du régime de la liberté.
LE PEUPLE SERBE
CONTRE LE PRONUNCIAMENTD MILITAIRE
(De notre correspondant particulier)
Belgrade, 7 décembre.
Dans la garnison de Schabtz, les ofllciers,
suivant en cela l'exemple de leurs camarades
de Bolgrade et de Nisch, se sont réunis pour
manifester de leur solidarité avec los régicides.
Le peuple a envahi la salle au moment où le
chef de la garnison proposa do voter une réso-
lution. Les officiers conjurés en ont été chassés
à coups de gourdins. Une partie de l'armée
fraternise avec la population.
—^—————», m
ANGLAIS ET ITALIENS DANS LE SOMALILAND
Londres, 7 décembre.
On mande d'Aden au Daily Teltgraph, le
6 décembre :
Une démonstration a été faite contre Obbia par
les navires de guerre anglais et italiens pour faira
II croire au Mullah qu'un détachement important
allait débarquer et pour le déterminer ainsi à s'en-
fuir vers le nord-est,où l'on pourrait s'emparer de
lui. On croit cependant qu'il a pris la direction
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