Titre : Le XIXe siècle : journal quotidien politique et littéraire / directeur-rédacteur en chef : Gustave Chadeuil
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1903-12-04
Contributeur : Chadeuil, Gustave (1821-1896). Directeur de publication
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Description : 04 décembre 1903 04 décembre 1903
Description : 1903/12/04 (N12320). 1903/12/04 (N12320).
Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-199
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 20/06/2013
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NOS LEADERS
Les "taes u ijialisme"
Il n'est pas rare d'entendre procla-
mer que le socialisme coule à pleins
bords. C'est exact. Sous les formes et
les nuances variées de socialisme ré-
volutionnaire, socialisme réformiste,
socialisme chrétien, radical-socialisme,
le socialisme, ou plutôt l'idée socia-
liste a pénétré un peu partout. C'est
un état d'esprit politique qui se géné-
ralise de plus en plus. C'est le signe
incontestable du besoin profond de ré-
formes, de vérité, de solidarité, de jus-
tice sociale qui travaille la foule.
Mais à côté de ce socialisme fait de
tendances généreuses, d'aspirations et
d'élans, de propagande et de discours
dont presque tous les partis politiques
Cherchent à colorer leurs program-
mes, il y a une doctrine socialiste,
une doctrine qui n'a rien de vague ou
de sentimental, qui est au contraire
rigoureuse, déduite des faits, basée sur
les phénomènes sociaux et sur l'inter-
prétation des lois économiques. Le so-
cialisme ne compte pas seulement des
propagandistes convaincus, des ora-
teurs éminents, il compte aussi, dans
presque tous les pays, des philosophes
et des théoriciens et des ouvrages de
haute envergure comme les Etapes du
socialisme, le dernier ouvrage de Paul
Louis. Paul Louis est incontestablement
l'un des plus consciencieux, des plus sa-
vants, des mieux documentés et des plus
remarquables parmi ceux qui ont en-
richi d'oeuvres considérables la litté-
rature socialiste de notre pays.
Déjà dans un de ses précédents vo-
lumes, La guerre économique, il avait
tracé d'une main sûre et avec la ma-
gistrale aisance d'un homme admira-
blement familiarisé tant avec la situa-
tion spéciale des divers Etats, qu'avec
les conditions générales du commerce,
de l'industrie et du prolétariat mon-
dial, les origines des conflits contem-
porains, l'organisation générale du
monde économique et les lois de son
évolution. Dans un autre ouvrage,
l'Histoire du socialisme françaist il avait
raconté la formation et la naissance du
socialisme à travers les cent cinquante
dernières années, mettant surtout en
relief les événements les plus saillants :
l'insurrection lyonnaise en 1831, les
journées de juin 1848, la Commune
de Paris. Dans Les étapes du socialisme,
N examine, étudie, commente l'évolu-
tion des doctrines socialistes depuis la
chute de l'ancien régime. Il montre
que tous les concepts qui dominent
aujourd'hui, dans le monde entier, la
poussée prolétarienne, sont bien nés
sur notre terre de France et dans des
ouvrages français. La lecture des Eta-
pes du socialisme est attrayante et fa-
cile. La science consommée de l'auteur
S'embellit d'une forme claire, précise,
admirablement ordonnée: le style y
est d'un charme, d'une élégance et
d'un mouvement soutenus. Babœuf,
Fourrier, Saint-Simon, Considérant,
Pierre Leroux, Louis Blanc, François
Vidal, Pecqueur, Cabet, Proudhon,
Blanqui, leurs conceptions et leur doc-
trines y sont tour à tour mis en lu-
mière, jugés, comparés. Paul Louis
fait ressortir que c'est bien d'eux et
dès avant Marx et Lassalle que vien-
tient les premières critiques du capi-
talisme, les premières conclusions sur
iIe nJouvementindustriel, les premières
déductions d'avenir offertes à, la classe
ouvrière.
Viennent ensuite, à côté d'un exa-
men un peu trop rapide, suivant nous,
île l'oeuvre de Malon, Fournière, De ville,
Jaurès, l'étude et le résumé des œu-
vres récentes où l'on essaye de nous
donner la description et l'avant-goût
de la cité future. Les architectes les
iplus justement connus de la cité de
demain : Georges Renard, Deslinières,
Tombourief ont essayé de traduire
sous des formes concrètes, les conclu-
sions auxquelles aboutit suivant eux
la science sociale. Ce ne sont pas des
têveurs. Ils s'en défendent. Ils sont en
effet bien loin des conceptions pure-
ment subjectives et des rêves éthérés
de la Cité du Soleil ou de l'Icarie.
Georges Renard, Deslinières et Tom-
bourief sont des savants. Mais, malgré
leur talent qui est considérable, il leur
était bien difficile de fixer d'avance
avec une apparence de certitude les
devis et les plans d'une société dont
l'embryon même n'existe pas encore.
Le génie le plus pénétrant s'y brise-
rait. Comment établir dès aujourd'hui
Jes conditions essentiellement indéter-
minées, mouvantes et fugitives d'un
ordre de choses dont les lignes géné-
rales elles-mêmes sont problémati-
ques ? Il y a néanmoins dans leurs
œuvres le plus puissant et le plus in-
téressant des efforts.
La dernière partie de l'œuvre de Paul
Louis est consacrée à la concentration
industrielle et commerciale : le grand
problème économique de notre temps.
Ce problème n'intéresse pas seulement
;Ie socialisme; il intéresse tous les par-
afe politiques qui ont les yeux fixés sur
favenir et dont la direction et les ten-
dances générales doivent ainsi varier
pivantla solution qu'ils donnent à cette
question capitale. Paul Louis établit à
grand renfort d'arguments et de sta-
tistiques que le petit et moyen com-
merce est débordé par le grand, que
la grande industrie, le trust, le cartel
deviennent de plus en plus maîtres de
la production.
Le cadre d'un simple article ne nous
permet pas de discuter et de justifier
notre opinion qui, sur ce point, ne
diffère pas sensiblement de la sienne.
Nous y reviendrons. Qu'il nous suffise
pour aujourd'hui d'avoir signalé à nos
lecteurs un de ces ouvrages que tous
les hommes politiques doivent connaî-
tre. Qu'importe la part considérable
de rêve que comportent les théories
que les Etapes du socialisme déroulent
et font passer sous nos yeux ? N'est-ce
pas les rêveurs et les constructeurs de
systèmes de tous les temps qui ont
d'abord tracé le sillon brillant dans
lequel les hommes d'action, les hom-
mes politiques, les hommes pratiques
ont successivement jeté les semences
qui convenaient à chaque époque ?
Louis Puech.
■' - »^ii » ■
: SAGES PAROLES
Avant de quitter le service
actif pour entrer dans le cadre
de réserve, le général Pedoya a
donné aux officiers de son corps
d'armée les plus judicieux con-
seils. Il a prononcé ces paroles,
qui devraient être peintes en gros-ses let-
tres dans les mess : « L'homme qui arrive
au régiment y vient parce que la loi, libre-
ment consentie par tous, lui en fait l'obli-
gation. Vous n'avez pas le droit de lui faire
savoir quelles sont vos opinions, moins
encore de les lui imposer. »
Voilà pour les rapports de l'officier et du
soldat, en ce qui concerne les opinions reli-
gieuses ou politiques ; quant aux devoirs
de l'officier envers la République, le géné-
ral s'en expliqué avec non moins de clarté :
« Vous demandez à la République une
situation, de l'avancement, des honneurs.
Vous prenez, par cela même, l'engagement
de ne pas la desservir. Au contraire, de la
servir haut et ferme. Que penseriez-vous
de l'employé qui décrierait la maison où
il sert ?
« Je sais qu'on a trouvé une formule hy-
pocrite : « Nous servons la France et non
« la République », disent certains. Cette dis-
tinction est iiîdiguc d'un luyai-wcrldat.
« La République est le gouvernement
légal, acclamé par la nation, sanctionné
par chacune de ses consultations, reconnu
par les puissances. Il ne nous appartient
pas de savoir si le pays a bien ou mal fait
de se donner ce gouvernement. Nous som-
mes en présence de ce fait que la Républi-
que fait corps avec la patrie. Sous la mo-
narchie on disait servir le roi et la France ;
sous l'empire, l'empereur et la France.
Nous devons servir, nous, laFranceetlaRé-
publique, et je crois que nous sommes ainsi
de vrais patriotes parce que nous aimons
et servons également les deux qui se con-
fondent en une. »
Il est impossible d'exprimer avec plus de
bonheur des vérités évidentes ; en donnant
à ceux qui furent ses subordonnés ces ad-
mirables conseils, le général fait pour ar-
river à l'apaisement vrai des esprits le meil-
leur des efforts ; car nous nous persuadons
que beaucoup de ceux qui l'ont écouté,
beaucoup de ceux qui liront son allocution
paterneHe, sauront en dégager la leçon, et,
s'ils étaient disposés à abuser de leur au-
torité militaire pourimposeï leurs opinions
religieuses ou politiques à des soldats qui
n'ont pas, tant qu'ils sont dans le ung, le
pouvoir de discuter avec eux, ils renonce-
ront à des tendances et à des prétentions
qui ne s'accordent désormais ni avec notre
constitution politique ni avec notre tempé-
rament national. — Ch. B.
---
PARTI RADICAL-SOCIALISTE
Louis Martin à Amieos
Hier soir a eu lieu sous la présidence do M.
Maxime Lecomte, sénateur du Nord, une grande
conférence démocratique par M. Louis Martin,
député du Var, sur les réformes sociales immé-
diates. Sur l'estrade remarqué M. Fiquet, dé-
puté, maire d'Amiens. Devant une assistance de
plus de 800 personnes l'honorable orateur exa-
mine à grands traits la situation, et expose au
milieu des applaudissements de l'auditoire les
diverses réformes qui lui paraissent pouvoir
être dès à présent appliquées.
La conférence étant contradictoire une dis-
cussion fort intéressante et des plus courtoises
s'élève entre M. M. Hévin, conseiller municipal,
collectiviste, M. Tarlier, révolutionnaire et le
conférencier.
Lo dimanche soir a eu lieu dans les grands
salons Millécamps, sous la présidence de M. Fi-
quet, député, maire d'Amiens, un grand ban-
quet démocratique qui a rassemblé la plupart
des militants, maires, adjoints et conseillers
municipaux de la région.
LE PIGNON SÉDITIEUX
fDe notre correspondant particulier)
Constantinople, 2 décembre.
Sur le boulevard Ayas-Pasha, un Arménien
très riche a fait construire une grande maison
de rapport. Au moment de commencer la
construction du toit, le propriétaire a reçu du
gouvernement l'ordre de cesser tout travail et
de renvoyer les ouvriers.
La police secrète avait présenté au sultan un
rapport disant que du dernier étage de la mai-
son on pouvait voir par dessus la troisième mu-
raille du Yildiz-Kiosque et que des révolution-
naires pourraient en profiter pour perpétrer
des attentats.
Le propriétaire a été forcé par les autorités
de faire démolir la nouvelle maison à cinq
étages et de vendre les matériaux de démoli-
tion.
.i..
LE RETOUR DE NORDENSKJŒLD
Buenos-Ayres, 2 décembre.
il Uruguay, ayant à bord l'expédition Nor-
densKjœld¡ est arrivé. Il est entré au bassin à
5 h. du soir. De grandes fêtes sont préparées
en l'honneur de Nordenskjœld.
jyçir. te suite âmq nolro DBlJilllJfB EDITIQNI
QUESTIONS
D'ASSISTANCE1
La revision de la loi de 1838 sur les
aliénés
Les directeurs-médecins. — L'article 6.
Incompatibilités dans les fonctions.
Ou directeur ou médecin. — L'en-
combrement des asiles. — Quel-
ques citations. — Tout aux
médecins.
Où nous ne sommes plus de l'avis de l'hono-
rable D' Dubief, c'est lorsqu'il parte de direc-
tion médico-administrative : Voici l'article 6
de son projet de loi, article que je me propose
de combattre.
Art. 6. — Les asiles public,; sont administrés,
sous l'autorité du ministre de l'intérieur et des
préfets des départements, par un directeur médecin
responsable.
Les quartiers spéciaux annexés aux hôpitaux et
hospices sont administrés par les commissions ad-
ministratives de ces établissements. Ils sont as-
similés aux asiles publics, en ce qui concerne la
direction médicale, le traitement et la surveillance
des aliénés.
Cette partie du service est confiée à un médecin
en chef préposé responsable.
Dans les asiles où les services médicaux sont ré-
partis entre trois médecins au moins, la réunion
des médecins constitue le conseil des médecins de
l'asile ; il a un avis consultatif sur toutes les ques-
tions d'ordre médical. Le médecin-directeur en fait
partie et le préside.'
Dans certains cas, le ministre de l'intérieur peut,
sur l'avis du conseil supérieur de l'assistance pu-
blique et à la demande du conseil général, ad-
joindre au directeur-médecin un secrétaire géné-
ral pour l'administration, ou le décharger de tout
service médical particulier.
Dans le département de la Seine, tous les éta-
blissements destinés aux aliénés sont administrés
par un seul directeur-médecin en chef assisté d'au-
tant de secrétaires généraux qu'il y a d'établisse-
ments différents.
Les médecins traitants — saut autorisation spé
ciale du préfet sur l'avis du conseil général — ré-
sident hors de l'asile.
Ils peuvent exercer librement la médecine.
Les médecins directeurs ot les médecins trai-
tants ne peuvent être attachés par un intérêt quel-
conque à l'exploitation d'un asile privé.
Tout directeur d'asile privé faisant fonction d'a-
sile public peut, dans les cas prévus par les règle-
ments d'administration faits en exécution de la
présente loi, être suspendu par un décret du Prési-
dent de la République, et remplacé par un régis-
seur provisoire.
Le fonctionnaire chargé de la régie conserve
tous ses droits à l'avancement et à la retraite.
Cette régie provisoire ne peut avoir une durée
de plus de six mois.
Je comprends très bien que M. Dubief, se
rappelant ses précédentes fonctions de direc-
teur-médecin qu'il a remplies avec tant de dis-
tinction, tende à généraliser cette unité de
fonctions. Nous savons tous qu'il existe dans
le corps médical une solidarité qui peut paraî-
tre excessive à ceux qui n'en font point partie.
L'on sait du reste, aussi, que le corps médical
teuil a s'tjxouérer, autant qu'il lui est possible,
des responsabilités qui devraient lui incom-
ber, de là cette prétention de réunir la direc-
tion administrative à la direction médicale :
la dualité des fonctions atténuant les respon-
sabilités en les divisant.
Mais l'on se plaint partout de l'encombre
ment des asiles, comment alors arriver à rem-
plir les fonctions de médecin et celles, très
complexes, d'administrateur?
Quelques opinions
Veut-on connaître l'opinion de quelques mé-
decins aliénistes, et non des moindres, sur la
question; voici, pris dans le rapport du D*
Sérieux, dont j'ai déjà parlé, quelques cita-
tions :
Lelut déclare qu'il n'a constaté que des avanta-
ges dans la séparation des fonctions de médecin et
de directeur: (( L médecin, dit-il, se consacrera
bien plus facilement à la direction des malades
s'il n'est que médecin, que s'il a en même temps
les attributions admiiiistratives.»
Moreau de Tours croit que non seulement les
malades mais la science elle-même n'auraient qu'à
perdre à cette confusion des deux autorités.Si l'on
compte quelques hommes distingués parmi les
médecins directeurs, ils laissent à désirer sous le
rapport médical proprement dit, et les véritables
hommes de science ne sont pas directeurs
Baillarger se déclare partisan de la separatiou
des fonctions et propose des asiles de mille mala-
des avec quatre médecins chefs et un directeur du
service administratif.
Marcé estime que les soins administratifs aux-
quels se livreraient les médecins directeurs nui-
raient au service médical et à la culture de la
science.
Linas est également opposé à la réunion des
fonctions administratives et médicales. Il montre
que la tâche du médecin devient très malaisée si
ce dernier est en même temps directeur de l'asile :
h La visite se transforme alors en Wle sorte de pro-
menade monotone, de course au clocher ou d'ins-
pection à vol d'oiseau qui ne profite à personne. »
L'horreur de l'administration
Une raison milite encore en faveur de la
thèse que je soutiens ici : c'est l'inaptitude
des médecins en général pour tout ce qui est
administration ou, pour parler franc, leur
sainte horreur de cette administration qui leur
fait prendre en haine, dès leur première année
d'étudiant en médecine,tout ce qui est admi-
nistratif, érigeant en axiome que les règle-
ments sont surtout faits pour être violés.
Cela n'empêche pas du reste toutes les fonc-
tions, quelles qu'elles soient, d'être prises
d'assaut par les trop nombreux docteurs que
les facultés diplôment. tous les ans. il no reste
plus aux pauvres diables de la carrière qu'à
piétiner sur place.
Tout le monde connaît, et nous n'avons pas
l'intention de le mettre en doute, le dévoue-
ment du corps médical, on le connaît d'autant
mieux qu'il en parle davantage. Mais enfin ce
dévouement, qui reçoit sa juste rémunération,
n'est pas beaucoup plus grand, quoique moins
dangereux, que celui des pompiers, par exem-
ple, qui ne parlent jamais du leur, et qui ris-
quent pour moins d'argent et plus souvent,
leur vie pour leurs semblables sans espoir
d'attraper autre chose que de vilaines bles-
sures ou de mourir de tuberculose.
Aussi estimons-nous que le médecin ne doit
pas émettre la prétention de remplacer à lui tout
seul tout l'élément civil — médecin il est.mé-
decin il doit rester, et laisser l'administration
à l'administrateur, d'autant plus, et je t'rois
que cette raison suffirait, que les études médi-
cales n'ont rien d'administratif et que ie tra-
vail de bureau, fin ce qui concerne surtout les
asiles, si spirituellement tourne en ridicuIc
par notre corps médical, 'est trop chargé pour
être utilement fait par lui.
La façon plutôt bizarre d'interpréter la loi,
interprétation que nous avons mise en lumière
lorsque nous avons parlé des alcooliques, de-
vrait faire interdire à tout jamais au médecin
traitant, l'exercice de l'administration, si on
songe à l'omnipotence que lui donne ce titre
de docteur, on est effrayé en pensant aux er-
reurs qu'ils peuvent commettre, de la meilleu-
relirs qu'ils peuvent co.
re foi du monde.
La visité médicale
Quant à autoriser les médecins des asiles à
exercer au dehors et en ne les obligeant plus à
résider à l'asile, nous estimons que cette rncsi)-
(1) Voir les numéros des 4, 11, 19 et 27 septem-
bre, 2 et 9 octobre, 4 novembre.
ro est absolument inacceptable. 11 nous semble
en effet, qu'un médecin qui doit — ou qui
devrait — observer certains de ses malades, a
le devoir strict d'être à l'asile d'une façon per-
manente pour pouvoir justement faire ces
observations à l'improviste et en dehors de la
visite réglementaire.
Sait-on comment se fait actuellement la vi-
site dans les asiles ?
C'est encore le D1 Sérieux qui va nous le
dire dans son rapport:
Le caractéristique de la visite quotidienne
est en réalité l'absence de toute intervention médi-
cale digne de ce nom, le far-niente thérapeutique.
En revanche, certains médecins insistent sur un
caractère de première importance à leurs yeux ; nous
voulons parler de la solennité de la visite. Ils ré-
clament une pompe spéciale, une mise en scène
bien réglée, préoccupés avant tout, semble-t-il,
d'en faire une cérémonie imposante, propre à
rehausser le prestige du chef de service. Quant à
suivre de près les modifications dans l'état physi-
que et psychique des malades, il semble que ces
considérations restent au second plan. Comment
le faire d'ailleurs quand, en une heure ou deux, on
prétend visiter six ou huit cents aliénés.
On peut se demander quelle est l'utilité, au
point de vue médical, de faire défiler, devant des
centaines d'aliénés, un médecin en chef directeur
suivi d'un état-major composé d'un, ou même de
deux médecins-adjoints, d'un ou deux internes en
médecine, d'un interne en pharmacie, et entouré
d'une escorte de surveillants ei. de gardiens. La
« visite » ainsi comprise est malheureusement
aussi inefficace que solennelle.
Quel bénéfice en peuvent retirer les malades?
D'ailleurs, cette visite dont nous avons dit
les rites invariables, n'est pas seulement inutile,
elle est nuisible. Une fois la visite terminée,
alors qu'il serait possible d'examiner à loisir quel-
ques malades, le meilleur du temps disponible est
trop souvent absorbé par la rédaction de la cor-
respondance, par les questions économiques et ad-
ministratives, par les innombrables détails d'un
grand service. Et pareil au barbier qui avait pour
enseigne : « demain on rasera gratis », c'est au
lendemain que chaque jour, harcelé par mille
préoccupations extra médicales, on remet les seu-
les questions véritablement importantes, celles du
diagnostic et du traitement.
Nous pensons que ces citations sont suffi-
santes, d'abord pour constater que la a visite »
est chose inefficace puisqu'on dehors de celle
dont nous avons fait la description, il n'en
existe pas d'autres, en second lieu que les fonc-
tions de directeur et de médecin ne peuvent
être simultanément exercées et enfin, ques-
tion plus grave encore, et sur laquelle nous
reviendrons d'une façon définitive dans notre
prochain articlo, que le nombre des malades
dans les asiles est tellement élevé qu'il est im-
possible au médecin traitant non seulement
de les soigner, mais même, chose monstrueu-
sement vraie, de les connaître.
(A suivre) EMILE MÀHÉ.
Voir à la Se page
les Dernières Dépêches
LA « POUBELLE» HUMBERT
M. Georges Berry qui, tête baissée, comme
un bœuf puissant et superbe, s'est jeté sur l'af-
faire Humbert, était, hier, ivre de joie : il
croyait avoir, enfin, compromis des adversai-
res politiques 1
— Soyez certain,a-t-il dit hier soir à un journal
nationaliste, que cela marche ; des complicités po-
litiques dans l'affaire Humbert existent. Nous fini-
rons par les mettre au jour. On aura beau dire et
on a beau faire, la vérité éclatera.Il n'y a pas à le
nier, il y a des traces d'argent versé par les Hum-
bert à des hommes politiques.
Ces hommes politiques ne pourront pas nier
quand nous leur montrerons des notes, ainsi con-
çues : « Renouvelez le billet du sénateur un tel;
renouvelez le billet du député un tel. »
— Et les faux ?
— Les faux. les faux. Certes, il y en a, mais
on a bien vite fait d'en parler; j'aime mieux ne
rien dire là-dessus.
On voit que le député de la Chaussée-d'Antin
ne veut même pas admettre que les notes com-
promettant tel sénateur ou tel député puissent
être des faux : cela ne ferait plus du tout son
affaire.
Un moment, hier, notre bœuf puissant et
superbe a dû beugler d'allégresse :quand il a
découvert dans un dossier les noms de MM.
Pelletan At Charles Dupuy. Hélas! tristesse et
école de la frinité réunies! il s'agissait d'un
M. Henri Pelletan,demeurant rue de Maubeuge,
à Paris, qui avait reçu un remboursement de
9.000 fr. et d'un M. Charles Dupuy, huissier
rue d'Aboukir, qui avait touché en deux
fois 68.000 fr. pour recouvrement de créances
sur les Humbert.
Aujourd'hui ou demain la commission ter-
minera l'examen des dossiers mis à sa disposi-
tion au palais de Justice : je crois qu'on aura
découvert — une fois de plus ! — que les Hum-
bert étaient de profonds sceptiques, s'occupant
exclusivement d'exploiter la crédulité de leurs
contemporains sans distinction de nationalité,
d'opinions ou de religion. Quand il s'agissait
de taperiin républicain, on faisait étalage de
relations intimes avec des sénateurs, des dépu-
tés, des magistrats et l'on mettait en avant
jusqu'au Président de la République; quand
il s'agissait de taper un réactionnaire on invo-
quait les rapports étroits et amicaux qu'on
avait avec le général Boulanger, avec l'arche-
vêque de Paris, avec le Pape lui-même.
Mais il y a longtemps que le public sait tout
cela, et ce n'est pas sans une certaine commi.
sération dédaigneuse qu'il contemple quelques
députés s'ébrouant au milieu de vieilles pape-
rasses comme des chiffonniers autour d'une
« poubelle ».
G DE VORNEY.
Disgrâcs d'un favori du tsar
(De notre correspondant particulier)
Saint-Pétersbourg, 2 décembre.
M. Besobrasoff, le dernier favori du tsar,
dont on a tant parlé lors de la démission de
M. de Witte, a perdu les bonnes grâces de son
auguste maître.
Il comptait être nommé président de la com-
mission de l'Extrême Orient; on lui a préféré
M. Abas.
M. Besobrasoff a été relégué au second plan.
On dit même qu'il sera envoyé à un poste en
province. Quant aux causes de sa disgrâce on
ne sait encore rien do précis à ce sujet. A en
croire certains bruits de la cour, il aurait dû
céder sa place à un nouveau favori, homme
mystérieux, recommandé par le père Joham-
nes de Cronstadt.
LES SOUVERAINS MALADES
(De notre correspondant particulier)
Berlin, 2 décembre.
Uhd des illustrations de la Faculté, qui a été
souvent appelée par des souverains pour être
consultée, a rendu compte de ses impressions à
yne réunion de CGufrèceS.
L'empereur Guillaume. dit-il, est un excel-
lent malade, très docile bien qu'il ait la manie
de discuter avec le docteur eL de faire étalago
de sa science médicale recueillie dans quelques
ouvrages de vulgarisation.
Le roi Edouard VII est le patient le plus
doux qu'on puisse imaginer ; il obéit sans
faire la moindre reflexion.
Il n'en est pas de même de la jeune reine de
Hollande qui donne beaucoup de mal aux mé-
decins. Elle ne veut pas qu'on touche à elle,
même pour lui tàter le pouls.
Le tzar et le sultan sont les malades les plus
difficiles à traiter. Le premier est très impres-
sionnable et a une peur instinctive du remède
le plus inoffensif ; le second est très méfiant
et craint toujours d'être empoisonné. Abdul
Hamid a même exigé que l'ordonnance de son
médecin soit contrôlée par un autre et que
tout médicament qu'on veut lui administrer
soit analysé par un chimiste spécial.
LES ÉCONOMIES AU VATICAN
On annonce que le pape, par mesure d'éco-
nomie, a supprimé la commission cardinalice
de eliffendis ltaliœ épiscopis, qui était chargée
de faire des enquêtes sur les qualités morales
et intellectuelles des candidats aux sièges épis-
copaux d'Italie.
Cette suppression a entrainé celle d'auditeur
du pape.
Ce poste d'auditeur était vacant depuis plus
d'un an. Ces suppressions ont permis de réa-
liser quelques économies. L'auditeur, outre son
logement au Vatican jouissait d'un traitement
assez élevé et il avait avec lui plusieurs em-
ployés formant le bureau de l'auditorat.
Le pape est grandement préoccupé de la si-
tuation financière du Saint-Siège qui traverse
une crise sérieuse. L'obole de Saint Pierre di-
minue tous les jours et Pie X pense à intro-
duire de graves réformes dans l'organisation
des bureaux du Vatican.
On croit aue ce sont ces préoccupations,
ajoutées aux ennuis provenant des relations
très tendues entre le pape et la plupart des car-
dinaux qui ont altéré la santé de Pie X.
Il est certain que tous ceux qui l'approchent
ont constaté qu'il avait beaucoup maigri depuis
son avènement au pontificat; on remarque
aussi qu'il est presque toujours sombre, triste,
affaissé, lui qui auparavant était gai, réjoui et
vigoureux.
Tout le monde attribue l'espèce de découra-
gement que montre la pape aux difficultés fi-
nancières où se débat le Vatican et à la résis-
tance que Pie X rencontre autour de lui pour
réaliser des économies.—F.
- 00
LE SACRÉ-CŒUR
Un curé dans l'embarras. — La main
de Fatma. — Une double consécra-
tion. — Par devant le maire. —
Tirez le verrou!
C'était jadis une fort aristocratique petite
paroisse que la commune de C. ; mais les
hôtes de son antique manoir ont depuis long-
temps disparu et, des souvenirs féodaux d'an-
tan, il ne reste plus parmi les gens du pays
qu'une singulière tendance qui, comme une
sorte de phénomène d'atavisme, les porte à
accepter, sans contrôle aucun, toute parole
tombant de la chaire. de vérité.
Le péril (?) républicain
Aussi les électeurs de cette commune votent
mal, est-il besoin de le dire, parce que bien
pensants, et les républicains y sont excommu-
niés au même titre que les francs-maçons.
Les curés s'en donnent à qui mieux mieux en
la région et, au moment où les couvents s'in-
surgeaient, armés des pièces que l'on sait con-
tre les représentants de la loi, c'était à qui dé-
noncerait le plus ardemment le péril aux po-
pulations crédules en appelant à la rescousse
tous les saints du Paradis.
Le desservant de C. n'avait que le choix,
mais grand était son embarras : saint Antoine
de Padoue était en baisse.il y a des patrons qui
s'usent et qu'il est plus aisé de remplacer que
de rajeunir.
Le sacré-cœur était d'ailleurs en faveur à
l'évêché; les bonnes grâces de Monseigneur ne
sont jamais à dédaigner et, telle la main de
Fatma dont l'empreinte sur la porte des disci-
ples de Mahomet porte bonheur aux habitants,
l'image sanglante du sacré-cœur, qui apparaît
sur tant de demeures de la ville voisine, n'était
certes pas moins efficace, et ne pouvait-on faire
mieux encore? -
La vengeance de Saint-Antoine
L'abbé le comprit et, son église parée de —
festona magnifiques — en un tour de main,pré-
para une de ces manifestations — inoublia-
bles. qui ^mptent pour l'avancement.
Ah ! e&Éiftk.jn beau jorr. en effet, que celui
où M. le maire, ceint de l'écharpe profession-
nelle, entra à l'église en tête de son conseil et,
après l'accomplissement* des rites, signa l'en-
gagement qu'on attendait de lui et des con-
seillers pour, à jamais, consacrer ses admi-
nistrés au culte du Sacré-Cœur 1
Toute médaille a un revers, même la mé-
daille votive ! Le zélé pasteur n'avait pas pris
garde qu'il émargeait doublement sur le bud-
get des cultes, comme desservant d'abord et
ensuite à titre de prêtre secouru ; il y perdit
momentanément ce dernier subside. — Ce fut
la vengeance de Saint-Antoine I
Le culte nouveau
Quoi qu'il en soit, la grâce ne perd jamais
ses droits : quelle n'a pas été ces jours der-
niers, la stupéfaction des naïfs paroissiens de
C.., en apprenant la soudaine disparition de
leur curé concordant avec le départ inopiné
de l'institutrice qui, au dire des commères de
l'endroit, aurait été trop intimement initiée
par le dit curé au mystère du Sacré-Cœur 1
Voilà ce que c'est que de se montrer sec-
taire, ajoutait un orateur du cru, vous avez
voulu mettre le prêtre à la porte de l'école : il
rentrera demain par la fenêtre. de la cham-
bre à coucher. — Nocte sicut fur. Tirez le ver-
rou, pauvres institutrices 1 *
On passera devant M. le maire et il serait,
paraît-il, souhaitable quecela fût d'urgence!.
Le premier magistrat delà commune de C.ne
saurait se refuser à signer, en faveur des deux
passionnés adhérents du culte nouveau, une
nouvelle et authentique consécration.
Tout est bien qui finit bien et maintenant à
qui le tour ? — H. L. B.
LES MOTEURS A HUILE
DANS LA MARINE ANGLAISE
(De notre correspondant particulier)
Londres, 2 décembre,
L'amirauté a pris la décision d'adopter les
moteurs à huile pour les vaisseaux de guerre
qui seront prochainement mis en chantier.
Des expériences ont été déjà faites avec trois
canonnières dont on avait remplacé .les ma-
chines à charbon par des machines à huile.
Le résultat a été des plus satisfaisants.
LES TROUPES CHINOISES
IDe notre correspondant particulier)
Shanghaï, 2 décembre.
Sur l'ordre de l'i i-npératrice-do nai ri ère, les
soldats de la garnison de Pékin, ainsi que les
troupes mandchoues qui ont le privilège de
servir de gar Jes à la famille impériale, ap-
prennent l'exercice à l'européenne et prati-
quent le tir avec des fusils modernes.
Comme instructeurs on a engagé des offi-
ciers japonais.
A LA CHAMBRE
LE BUDGET DES FINANCES
La grosse discussion de la journée a porté
sur le budget des finances. Venons-y tout de
suite.
M. Janet voudrait obtenir du ministre des
explications sur la situation financière, la
baisse de la rente et les retraits des Caisses
d'épargne.
M. Janet. — Des journaux de ma région, et
j'imagine de toutes les régi au s de France, pu-
blient périodiquement le tableau de ces retraits.
L'un d'eux, qui est publié à Besancon, dit net-
tement comme conclusion : « Voilà comment la
confiance règne et il en sera ainsi tant que ce
gouvernement de sectaires restera au pouvoir ».
M. de Pomereu. — Nous n'avons jamais ap-
prouvé un telle campagne. (Très bien !)
M. Deville. — Vous oubliez qu'on nous a cité-
et lu ici un extrait du bulletiu de la Patrie fran-
chise qui l'approuvait.
M. Lasiss. — C'est la misère qui pousse les
déposants à retirer leurs fonds.
M. de Pomereu. — Oui, c'est le commerce;
ce sont les affaires qui ne vont pas.
M. Rouvier. — Dans mon dernier discours,
j'ai fait la décomposition du portefeuille des
caisses d'épargne et j'ai montré, chiffres en mains,
que, tous les retraits effectués, il y aurait un boni
de plusieurs centaines de millions.
M. Laurent Bougère. — Chez moi, on en eA
arrivé à ne plus payer les cantonniers. Du moins,
on ne les a pas payés dans un canton, celui du
Lion Dangers.
M. Rouvier. — Je ne puis laisser passer de pa-
reilles assertions qui voudraient faire croire que nos
caisses sont vides quand elles contiennent plusieurs
centaines de millions, sans compter les millions
que leur vaudrait leur puissance d'émission.
M. Beauquier expose d'une manière très
claire la question des fonctionnaires. 11 de-
mande la diminution de leur nombre et fait
une proposition ingénieuse :
M. Beanqnier. — Pour que les réformes que
je propose aboutissent, il faudrait peut être qu'elles
fussent proposées par quelqu'un qui a plus d'au-
torité et de compïtemce.
Mais qui vous empêche de constituer, à l'aide de
fonctionnaires et d'hommes compétents, une sorte
de jury qui donnerait son avis sur les réformes ad-
ministratives à faire, réformes qui pourraient ame-
ner des centaines de millions d'économie ?
M. Lasies revient sur la question des Caisses
d'épargne.
M. Lechevallior lui répond en complétant
certains de? renseignements fournis par le mi
nistre des finances.
Discours de M. Rouvier
C'est toujours un très grand plaisir d'enten-
dre M. Rouvier. Rares sont les orateurs qUI
savent n'être pas ennuyeux en traitant le
questions toujours spéciales des finances. Mais
M. Rouvier est seul, je crois, à poser les pro-
blèmes les plus difficiles avec une telle clarté
que personne ne s'aperçoit de ce qu'ils présen-
tent d'ardu.
Quand M. Rouvier est à la tribune, la Cham
bre compte autant de financiers que de dépu-
tés. C'est, hélas, une illusion. Mais seuls uii
talent oratoire merveilleux et une science qui
sait se faire aimable peuvent la faire naître.
M. Rouvier. — La baisse de nos rentes est
due à des causes diverses.
Tous les fondo publics d'Europe ont subi une dé-
préciation. Voilà la cause générale à laquelle la
France seule ne pouvait se flatter d'échapper, car
les divers marchés sont solidaires par une loi que
je comparerais volontiers à celle des vases com-
muniquants.
De juin 1902 à ce jour, la Rente française a
baissé de 3 francs; le Consolidé anglais de 11 francs,
le fonds Allemand de 2 fr. 60, le fonds Russe de
2 francs. »
Notre fonds national aurait dû éprouver des
dépréciations moindres si, à cette cause générale,
ne s'é¡enl ajoutées des (,a lises particulières.
Le dôflntdu budgnt a été une de ces causes, les
retraits des caisses d'épargne en ont été une autre,
car on a pu redouter que ces retraits ne nous
obligent à jeter sur le marché des paqnete de
rentes.
L'ardeur des polémiques politiques y a égale-
ment contribué. La lutte des partis a pris un ca
ractère exceptionnellement acerbe. Dos efforts ont
été faits, non pos ici, je le reconnais, mais dans
des milieux moins scrupuleux, pour exagérer ln
défiance.
Et je fais tout de suite une constatation conso
lante : une partie de ces causes a disparu ; le dé-
ficit, qui, du reste, était dû en partie à l'expédition
de Chine, a disparu. Il atteignait l'an dernier 120
millions. Il y a cette année un excédent do 70 mil-
lione. Nous sommes rentrés dans la période des
plus-values.
Notre trésorerie s'est fortifiée dans ses ressour-
ces.
J'arrive ici à une question Incidente que m'é
posée M. Janet : Y aura-t-il un emprunt? li esf
toujours délicat de répondre à une telle question.
Cela dépend moins du ministre des finances .qU\
de la politique suivie par la Chambre.
Actuellement, je puis dire : « Non, il n'y aurs
pas d'emprunt. 1) Nous avions, hier soir, en caissp
248 millions; les bons du Trésor ne figurent plu'
que pour 151) millions, au lieu de 400 million
Il y a une ombre à ce tableau : ce sont les obli-
gations à court terme. Il y en a pour 383 millions,
avec un amortissement infime de 1 million pat
an.
J'ai le choix de na pis faire d'emprunt. Mais, jt
le répète, c'est la politique flnancièro des Chambre:
qui l'évitera.
Reste la question des caisses d'épargne.
C'est la misère qui provoqua les retraite, dit M.
Lasies. Henreusement non, j'ai iâ, sous les yeux
une carte qui le montre :
En 1902, les retraits sont le plus considérable
dans le Finistère, les Côtes-du-Nord, la Lozère
le Maine-et-Loire. Tirez-en les conclusions qU(
votre connaissance en géographie politique 'VOU'
inspirera.
Nos fonds des caisses d'épargne or t durrièr* eus
un matelas de 700 millions et la signature de J.
nation française. (Vifs applaudissements )
Nous avons remboursé, l'an dernier, 174 mil-
lions ; cette année 190 millions, bientôt ; t'n tout
340 millions, sans mettre sur le marche un atome
de la rente même qui fait la garantie dey caisse;
d'épargne, sans aucune opération do ceu \el tUl't'
sans garantie, avec les seules ressources que h*
sagessa de la gestion des caisses d'épargne avrtil
mises de côté.
Quelle démonstration plus lot.3 rte leur puis
sance, de leur élasticité ?
Non! le pays n'est pas appauvri. Une opéra lion
récente le prouve. Le Crédit foncier a fait, ce
jours-ci, une émission de trois cents millions d'obli
gations foncières 11 en a été souscrit pour si: mU
liards.
Cette constatation m'i caclsé. une grande Joie
J'aurois redouté qu* l"s fonds retiras des caisses
d'épargne n'allassent dans des placsociits aventu-
reux
Non' on a reconstitué lo vieux bi3 de Yaine.
Vienne une occasion et les ressources surfissent dr
ces petits capitalistes qui sont la force de notre na-
tion. (Applaudissements.)
La discussion générale est close. M. Chart
fait adople un projt de résolution disant que-
la question des majorats devra être réglée par
une loi.
LE BUDGET DE LA MARINE
Revenons à la marine.
On était resté au chapitie 10 concernant le?
ouvriers de. l'Etat. M. Tournier demande qu'on
rétablisse certaines indemnités qui ont été sup
primées. M. Pelletan examinera la question.
M. Le Moigne, le ministre et la commission
s'entendent pour rebver de 200,000 frtnes le
même chapitre.
A propos du personnel hospitalier, MM
Lamy et Guilloteaux renouvellent le3 critiques
que l'abbé Gayraud avait formulées contre les.
laïcisations.
M. Meslier parle, d'une facoq autrement Ut-
PAIBîS'&. DtPiBTRIFNTS
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NOS LEADERS
Les "taes u ijialisme"
Il n'est pas rare d'entendre procla-
mer que le socialisme coule à pleins
bords. C'est exact. Sous les formes et
les nuances variées de socialisme ré-
volutionnaire, socialisme réformiste,
socialisme chrétien, radical-socialisme,
le socialisme, ou plutôt l'idée socia-
liste a pénétré un peu partout. C'est
un état d'esprit politique qui se géné-
ralise de plus en plus. C'est le signe
incontestable du besoin profond de ré-
formes, de vérité, de solidarité, de jus-
tice sociale qui travaille la foule.
Mais à côté de ce socialisme fait de
tendances généreuses, d'aspirations et
d'élans, de propagande et de discours
dont presque tous les partis politiques
Cherchent à colorer leurs program-
mes, il y a une doctrine socialiste,
une doctrine qui n'a rien de vague ou
de sentimental, qui est au contraire
rigoureuse, déduite des faits, basée sur
les phénomènes sociaux et sur l'inter-
prétation des lois économiques. Le so-
cialisme ne compte pas seulement des
propagandistes convaincus, des ora-
teurs éminents, il compte aussi, dans
presque tous les pays, des philosophes
et des théoriciens et des ouvrages de
haute envergure comme les Etapes du
socialisme, le dernier ouvrage de Paul
Louis. Paul Louis est incontestablement
l'un des plus consciencieux, des plus sa-
vants, des mieux documentés et des plus
remarquables parmi ceux qui ont en-
richi d'oeuvres considérables la litté-
rature socialiste de notre pays.
Déjà dans un de ses précédents vo-
lumes, La guerre économique, il avait
tracé d'une main sûre et avec la ma-
gistrale aisance d'un homme admira-
blement familiarisé tant avec la situa-
tion spéciale des divers Etats, qu'avec
les conditions générales du commerce,
de l'industrie et du prolétariat mon-
dial, les origines des conflits contem-
porains, l'organisation générale du
monde économique et les lois de son
évolution. Dans un autre ouvrage,
l'Histoire du socialisme françaist il avait
raconté la formation et la naissance du
socialisme à travers les cent cinquante
dernières années, mettant surtout en
relief les événements les plus saillants :
l'insurrection lyonnaise en 1831, les
journées de juin 1848, la Commune
de Paris. Dans Les étapes du socialisme,
N examine, étudie, commente l'évolu-
tion des doctrines socialistes depuis la
chute de l'ancien régime. Il montre
que tous les concepts qui dominent
aujourd'hui, dans le monde entier, la
poussée prolétarienne, sont bien nés
sur notre terre de France et dans des
ouvrages français. La lecture des Eta-
pes du socialisme est attrayante et fa-
cile. La science consommée de l'auteur
S'embellit d'une forme claire, précise,
admirablement ordonnée: le style y
est d'un charme, d'une élégance et
d'un mouvement soutenus. Babœuf,
Fourrier, Saint-Simon, Considérant,
Pierre Leroux, Louis Blanc, François
Vidal, Pecqueur, Cabet, Proudhon,
Blanqui, leurs conceptions et leur doc-
trines y sont tour à tour mis en lu-
mière, jugés, comparés. Paul Louis
fait ressortir que c'est bien d'eux et
dès avant Marx et Lassalle que vien-
tient les premières critiques du capi-
talisme, les premières conclusions sur
iIe nJouvementindustriel, les premières
déductions d'avenir offertes à, la classe
ouvrière.
Viennent ensuite, à côté d'un exa-
men un peu trop rapide, suivant nous,
île l'oeuvre de Malon, Fournière, De ville,
Jaurès, l'étude et le résumé des œu-
vres récentes où l'on essaye de nous
donner la description et l'avant-goût
de la cité future. Les architectes les
iplus justement connus de la cité de
demain : Georges Renard, Deslinières,
Tombourief ont essayé de traduire
sous des formes concrètes, les conclu-
sions auxquelles aboutit suivant eux
la science sociale. Ce ne sont pas des
têveurs. Ils s'en défendent. Ils sont en
effet bien loin des conceptions pure-
ment subjectives et des rêves éthérés
de la Cité du Soleil ou de l'Icarie.
Georges Renard, Deslinières et Tom-
bourief sont des savants. Mais, malgré
leur talent qui est considérable, il leur
était bien difficile de fixer d'avance
avec une apparence de certitude les
devis et les plans d'une société dont
l'embryon même n'existe pas encore.
Le génie le plus pénétrant s'y brise-
rait. Comment établir dès aujourd'hui
Jes conditions essentiellement indéter-
minées, mouvantes et fugitives d'un
ordre de choses dont les lignes géné-
rales elles-mêmes sont problémati-
ques ? Il y a néanmoins dans leurs
œuvres le plus puissant et le plus in-
téressant des efforts.
La dernière partie de l'œuvre de Paul
Louis est consacrée à la concentration
industrielle et commerciale : le grand
problème économique de notre temps.
Ce problème n'intéresse pas seulement
;Ie socialisme; il intéresse tous les par-
afe politiques qui ont les yeux fixés sur
favenir et dont la direction et les ten-
dances générales doivent ainsi varier
pivantla solution qu'ils donnent à cette
question capitale. Paul Louis établit à
grand renfort d'arguments et de sta-
tistiques que le petit et moyen com-
merce est débordé par le grand, que
la grande industrie, le trust, le cartel
deviennent de plus en plus maîtres de
la production.
Le cadre d'un simple article ne nous
permet pas de discuter et de justifier
notre opinion qui, sur ce point, ne
diffère pas sensiblement de la sienne.
Nous y reviendrons. Qu'il nous suffise
pour aujourd'hui d'avoir signalé à nos
lecteurs un de ces ouvrages que tous
les hommes politiques doivent connaî-
tre. Qu'importe la part considérable
de rêve que comportent les théories
que les Etapes du socialisme déroulent
et font passer sous nos yeux ? N'est-ce
pas les rêveurs et les constructeurs de
systèmes de tous les temps qui ont
d'abord tracé le sillon brillant dans
lequel les hommes d'action, les hom-
mes politiques, les hommes pratiques
ont successivement jeté les semences
qui convenaient à chaque époque ?
Louis Puech.
■' - »^ii » ■
: SAGES PAROLES
Avant de quitter le service
actif pour entrer dans le cadre
de réserve, le général Pedoya a
donné aux officiers de son corps
d'armée les plus judicieux con-
seils. Il a prononcé ces paroles,
qui devraient être peintes en gros-ses let-
tres dans les mess : « L'homme qui arrive
au régiment y vient parce que la loi, libre-
ment consentie par tous, lui en fait l'obli-
gation. Vous n'avez pas le droit de lui faire
savoir quelles sont vos opinions, moins
encore de les lui imposer. »
Voilà pour les rapports de l'officier et du
soldat, en ce qui concerne les opinions reli-
gieuses ou politiques ; quant aux devoirs
de l'officier envers la République, le géné-
ral s'en expliqué avec non moins de clarté :
« Vous demandez à la République une
situation, de l'avancement, des honneurs.
Vous prenez, par cela même, l'engagement
de ne pas la desservir. Au contraire, de la
servir haut et ferme. Que penseriez-vous
de l'employé qui décrierait la maison où
il sert ?
« Je sais qu'on a trouvé une formule hy-
pocrite : « Nous servons la France et non
« la République », disent certains. Cette dis-
tinction est iiîdiguc d'un luyai-wcrldat.
« La République est le gouvernement
légal, acclamé par la nation, sanctionné
par chacune de ses consultations, reconnu
par les puissances. Il ne nous appartient
pas de savoir si le pays a bien ou mal fait
de se donner ce gouvernement. Nous som-
mes en présence de ce fait que la Républi-
que fait corps avec la patrie. Sous la mo-
narchie on disait servir le roi et la France ;
sous l'empire, l'empereur et la France.
Nous devons servir, nous, laFranceetlaRé-
publique, et je crois que nous sommes ainsi
de vrais patriotes parce que nous aimons
et servons également les deux qui se con-
fondent en une. »
Il est impossible d'exprimer avec plus de
bonheur des vérités évidentes ; en donnant
à ceux qui furent ses subordonnés ces ad-
mirables conseils, le général fait pour ar-
river à l'apaisement vrai des esprits le meil-
leur des efforts ; car nous nous persuadons
que beaucoup de ceux qui l'ont écouté,
beaucoup de ceux qui liront son allocution
paterneHe, sauront en dégager la leçon, et,
s'ils étaient disposés à abuser de leur au-
torité militaire pourimposeï leurs opinions
religieuses ou politiques à des soldats qui
n'ont pas, tant qu'ils sont dans le ung, le
pouvoir de discuter avec eux, ils renonce-
ront à des tendances et à des prétentions
qui ne s'accordent désormais ni avec notre
constitution politique ni avec notre tempé-
rament national. — Ch. B.
---
PARTI RADICAL-SOCIALISTE
Louis Martin à Amieos
Hier soir a eu lieu sous la présidence do M.
Maxime Lecomte, sénateur du Nord, une grande
conférence démocratique par M. Louis Martin,
député du Var, sur les réformes sociales immé-
diates. Sur l'estrade remarqué M. Fiquet, dé-
puté, maire d'Amiens. Devant une assistance de
plus de 800 personnes l'honorable orateur exa-
mine à grands traits la situation, et expose au
milieu des applaudissements de l'auditoire les
diverses réformes qui lui paraissent pouvoir
être dès à présent appliquées.
La conférence étant contradictoire une dis-
cussion fort intéressante et des plus courtoises
s'élève entre M. M. Hévin, conseiller municipal,
collectiviste, M. Tarlier, révolutionnaire et le
conférencier.
Lo dimanche soir a eu lieu dans les grands
salons Millécamps, sous la présidence de M. Fi-
quet, député, maire d'Amiens, un grand ban-
quet démocratique qui a rassemblé la plupart
des militants, maires, adjoints et conseillers
municipaux de la région.
LE PIGNON SÉDITIEUX
fDe notre correspondant particulier)
Constantinople, 2 décembre.
Sur le boulevard Ayas-Pasha, un Arménien
très riche a fait construire une grande maison
de rapport. Au moment de commencer la
construction du toit, le propriétaire a reçu du
gouvernement l'ordre de cesser tout travail et
de renvoyer les ouvriers.
La police secrète avait présenté au sultan un
rapport disant que du dernier étage de la mai-
son on pouvait voir par dessus la troisième mu-
raille du Yildiz-Kiosque et que des révolution-
naires pourraient en profiter pour perpétrer
des attentats.
Le propriétaire a été forcé par les autorités
de faire démolir la nouvelle maison à cinq
étages et de vendre les matériaux de démoli-
tion.
.i..
LE RETOUR DE NORDENSKJŒLD
Buenos-Ayres, 2 décembre.
il Uruguay, ayant à bord l'expédition Nor-
densKjœld¡ est arrivé. Il est entré au bassin à
5 h. du soir. De grandes fêtes sont préparées
en l'honneur de Nordenskjœld.
jyçir. te suite âmq nolro DBlJilllJfB EDITIQNI
QUESTIONS
D'ASSISTANCE1
La revision de la loi de 1838 sur les
aliénés
Les directeurs-médecins. — L'article 6.
Incompatibilités dans les fonctions.
Ou directeur ou médecin. — L'en-
combrement des asiles. — Quel-
ques citations. — Tout aux
médecins.
Où nous ne sommes plus de l'avis de l'hono-
rable D' Dubief, c'est lorsqu'il parte de direc-
tion médico-administrative : Voici l'article 6
de son projet de loi, article que je me propose
de combattre.
Art. 6. — Les asiles public,; sont administrés,
sous l'autorité du ministre de l'intérieur et des
préfets des départements, par un directeur médecin
responsable.
Les quartiers spéciaux annexés aux hôpitaux et
hospices sont administrés par les commissions ad-
ministratives de ces établissements. Ils sont as-
similés aux asiles publics, en ce qui concerne la
direction médicale, le traitement et la surveillance
des aliénés.
Cette partie du service est confiée à un médecin
en chef préposé responsable.
Dans les asiles où les services médicaux sont ré-
partis entre trois médecins au moins, la réunion
des médecins constitue le conseil des médecins de
l'asile ; il a un avis consultatif sur toutes les ques-
tions d'ordre médical. Le médecin-directeur en fait
partie et le préside.'
Dans certains cas, le ministre de l'intérieur peut,
sur l'avis du conseil supérieur de l'assistance pu-
blique et à la demande du conseil général, ad-
joindre au directeur-médecin un secrétaire géné-
ral pour l'administration, ou le décharger de tout
service médical particulier.
Dans le département de la Seine, tous les éta-
blissements destinés aux aliénés sont administrés
par un seul directeur-médecin en chef assisté d'au-
tant de secrétaires généraux qu'il y a d'établisse-
ments différents.
Les médecins traitants — saut autorisation spé
ciale du préfet sur l'avis du conseil général — ré-
sident hors de l'asile.
Ils peuvent exercer librement la médecine.
Les médecins directeurs ot les médecins trai-
tants ne peuvent être attachés par un intérêt quel-
conque à l'exploitation d'un asile privé.
Tout directeur d'asile privé faisant fonction d'a-
sile public peut, dans les cas prévus par les règle-
ments d'administration faits en exécution de la
présente loi, être suspendu par un décret du Prési-
dent de la République, et remplacé par un régis-
seur provisoire.
Le fonctionnaire chargé de la régie conserve
tous ses droits à l'avancement et à la retraite.
Cette régie provisoire ne peut avoir une durée
de plus de six mois.
Je comprends très bien que M. Dubief, se
rappelant ses précédentes fonctions de direc-
teur-médecin qu'il a remplies avec tant de dis-
tinction, tende à généraliser cette unité de
fonctions. Nous savons tous qu'il existe dans
le corps médical une solidarité qui peut paraî-
tre excessive à ceux qui n'en font point partie.
L'on sait du reste, aussi, que le corps médical
teuil a s'tjxouérer, autant qu'il lui est possible,
des responsabilités qui devraient lui incom-
ber, de là cette prétention de réunir la direc-
tion administrative à la direction médicale :
la dualité des fonctions atténuant les respon-
sabilités en les divisant.
Mais l'on se plaint partout de l'encombre
ment des asiles, comment alors arriver à rem-
plir les fonctions de médecin et celles, très
complexes, d'administrateur?
Quelques opinions
Veut-on connaître l'opinion de quelques mé-
decins aliénistes, et non des moindres, sur la
question; voici, pris dans le rapport du D*
Sérieux, dont j'ai déjà parlé, quelques cita-
tions :
Lelut déclare qu'il n'a constaté que des avanta-
ges dans la séparation des fonctions de médecin et
de directeur: (( L médecin, dit-il, se consacrera
bien plus facilement à la direction des malades
s'il n'est que médecin, que s'il a en même temps
les attributions admiiiistratives.»
Moreau de Tours croit que non seulement les
malades mais la science elle-même n'auraient qu'à
perdre à cette confusion des deux autorités.Si l'on
compte quelques hommes distingués parmi les
médecins directeurs, ils laissent à désirer sous le
rapport médical proprement dit, et les véritables
hommes de science ne sont pas directeurs
Baillarger se déclare partisan de la separatiou
des fonctions et propose des asiles de mille mala-
des avec quatre médecins chefs et un directeur du
service administratif.
Marcé estime que les soins administratifs aux-
quels se livreraient les médecins directeurs nui-
raient au service médical et à la culture de la
science.
Linas est également opposé à la réunion des
fonctions administratives et médicales. Il montre
que la tâche du médecin devient très malaisée si
ce dernier est en même temps directeur de l'asile :
h La visite se transforme alors en Wle sorte de pro-
menade monotone, de course au clocher ou d'ins-
pection à vol d'oiseau qui ne profite à personne. »
L'horreur de l'administration
Une raison milite encore en faveur de la
thèse que je soutiens ici : c'est l'inaptitude
des médecins en général pour tout ce qui est
administration ou, pour parler franc, leur
sainte horreur de cette administration qui leur
fait prendre en haine, dès leur première année
d'étudiant en médecine,tout ce qui est admi-
nistratif, érigeant en axiome que les règle-
ments sont surtout faits pour être violés.
Cela n'empêche pas du reste toutes les fonc-
tions, quelles qu'elles soient, d'être prises
d'assaut par les trop nombreux docteurs que
les facultés diplôment. tous les ans. il no reste
plus aux pauvres diables de la carrière qu'à
piétiner sur place.
Tout le monde connaît, et nous n'avons pas
l'intention de le mettre en doute, le dévoue-
ment du corps médical, on le connaît d'autant
mieux qu'il en parle davantage. Mais enfin ce
dévouement, qui reçoit sa juste rémunération,
n'est pas beaucoup plus grand, quoique moins
dangereux, que celui des pompiers, par exem-
ple, qui ne parlent jamais du leur, et qui ris-
quent pour moins d'argent et plus souvent,
leur vie pour leurs semblables sans espoir
d'attraper autre chose que de vilaines bles-
sures ou de mourir de tuberculose.
Aussi estimons-nous que le médecin ne doit
pas émettre la prétention de remplacer à lui tout
seul tout l'élément civil — médecin il est.mé-
decin il doit rester, et laisser l'administration
à l'administrateur, d'autant plus, et je t'rois
que cette raison suffirait, que les études médi-
cales n'ont rien d'administratif et que ie tra-
vail de bureau, fin ce qui concerne surtout les
asiles, si spirituellement tourne en ridicuIc
par notre corps médical, 'est trop chargé pour
être utilement fait par lui.
La façon plutôt bizarre d'interpréter la loi,
interprétation que nous avons mise en lumière
lorsque nous avons parlé des alcooliques, de-
vrait faire interdire à tout jamais au médecin
traitant, l'exercice de l'administration, si on
songe à l'omnipotence que lui donne ce titre
de docteur, on est effrayé en pensant aux er-
reurs qu'ils peuvent commettre, de la meilleu-
relirs qu'ils peuvent co.
re foi du monde.
La visité médicale
Quant à autoriser les médecins des asiles à
exercer au dehors et en ne les obligeant plus à
résider à l'asile, nous estimons que cette rncsi)-
(1) Voir les numéros des 4, 11, 19 et 27 septem-
bre, 2 et 9 octobre, 4 novembre.
ro est absolument inacceptable. 11 nous semble
en effet, qu'un médecin qui doit — ou qui
devrait — observer certains de ses malades, a
le devoir strict d'être à l'asile d'une façon per-
manente pour pouvoir justement faire ces
observations à l'improviste et en dehors de la
visite réglementaire.
Sait-on comment se fait actuellement la vi-
site dans les asiles ?
C'est encore le D1 Sérieux qui va nous le
dire dans son rapport:
Le caractéristique de la visite quotidienne
est en réalité l'absence de toute intervention médi-
cale digne de ce nom, le far-niente thérapeutique.
En revanche, certains médecins insistent sur un
caractère de première importance à leurs yeux ; nous
voulons parler de la solennité de la visite. Ils ré-
clament une pompe spéciale, une mise en scène
bien réglée, préoccupés avant tout, semble-t-il,
d'en faire une cérémonie imposante, propre à
rehausser le prestige du chef de service. Quant à
suivre de près les modifications dans l'état physi-
que et psychique des malades, il semble que ces
considérations restent au second plan. Comment
le faire d'ailleurs quand, en une heure ou deux, on
prétend visiter six ou huit cents aliénés.
On peut se demander quelle est l'utilité, au
point de vue médical, de faire défiler, devant des
centaines d'aliénés, un médecin en chef directeur
suivi d'un état-major composé d'un, ou même de
deux médecins-adjoints, d'un ou deux internes en
médecine, d'un interne en pharmacie, et entouré
d'une escorte de surveillants ei. de gardiens. La
« visite » ainsi comprise est malheureusement
aussi inefficace que solennelle.
Quel bénéfice en peuvent retirer les malades?
D'ailleurs, cette visite dont nous avons dit
les rites invariables, n'est pas seulement inutile,
elle est nuisible. Une fois la visite terminée,
alors qu'il serait possible d'examiner à loisir quel-
ques malades, le meilleur du temps disponible est
trop souvent absorbé par la rédaction de la cor-
respondance, par les questions économiques et ad-
ministratives, par les innombrables détails d'un
grand service. Et pareil au barbier qui avait pour
enseigne : « demain on rasera gratis », c'est au
lendemain que chaque jour, harcelé par mille
préoccupations extra médicales, on remet les seu-
les questions véritablement importantes, celles du
diagnostic et du traitement.
Nous pensons que ces citations sont suffi-
santes, d'abord pour constater que la a visite »
est chose inefficace puisqu'on dehors de celle
dont nous avons fait la description, il n'en
existe pas d'autres, en second lieu que les fonc-
tions de directeur et de médecin ne peuvent
être simultanément exercées et enfin, ques-
tion plus grave encore, et sur laquelle nous
reviendrons d'une façon définitive dans notre
prochain articlo, que le nombre des malades
dans les asiles est tellement élevé qu'il est im-
possible au médecin traitant non seulement
de les soigner, mais même, chose monstrueu-
sement vraie, de les connaître.
(A suivre) EMILE MÀHÉ.
Voir à la Se page
les Dernières Dépêches
LA « POUBELLE» HUMBERT
M. Georges Berry qui, tête baissée, comme
un bœuf puissant et superbe, s'est jeté sur l'af-
faire Humbert, était, hier, ivre de joie : il
croyait avoir, enfin, compromis des adversai-
res politiques 1
— Soyez certain,a-t-il dit hier soir à un journal
nationaliste, que cela marche ; des complicités po-
litiques dans l'affaire Humbert existent. Nous fini-
rons par les mettre au jour. On aura beau dire et
on a beau faire, la vérité éclatera.Il n'y a pas à le
nier, il y a des traces d'argent versé par les Hum-
bert à des hommes politiques.
Ces hommes politiques ne pourront pas nier
quand nous leur montrerons des notes, ainsi con-
çues : « Renouvelez le billet du sénateur un tel;
renouvelez le billet du député un tel. »
— Et les faux ?
— Les faux. les faux. Certes, il y en a, mais
on a bien vite fait d'en parler; j'aime mieux ne
rien dire là-dessus.
On voit que le député de la Chaussée-d'Antin
ne veut même pas admettre que les notes com-
promettant tel sénateur ou tel député puissent
être des faux : cela ne ferait plus du tout son
affaire.
Un moment, hier, notre bœuf puissant et
superbe a dû beugler d'allégresse :quand il a
découvert dans un dossier les noms de MM.
Pelletan At Charles Dupuy. Hélas! tristesse et
école de la frinité réunies! il s'agissait d'un
M. Henri Pelletan,demeurant rue de Maubeuge,
à Paris, qui avait reçu un remboursement de
9.000 fr. et d'un M. Charles Dupuy, huissier
rue d'Aboukir, qui avait touché en deux
fois 68.000 fr. pour recouvrement de créances
sur les Humbert.
Aujourd'hui ou demain la commission ter-
minera l'examen des dossiers mis à sa disposi-
tion au palais de Justice : je crois qu'on aura
découvert — une fois de plus ! — que les Hum-
bert étaient de profonds sceptiques, s'occupant
exclusivement d'exploiter la crédulité de leurs
contemporains sans distinction de nationalité,
d'opinions ou de religion. Quand il s'agissait
de taperiin républicain, on faisait étalage de
relations intimes avec des sénateurs, des dépu-
tés, des magistrats et l'on mettait en avant
jusqu'au Président de la République; quand
il s'agissait de taper un réactionnaire on invo-
quait les rapports étroits et amicaux qu'on
avait avec le général Boulanger, avec l'arche-
vêque de Paris, avec le Pape lui-même.
Mais il y a longtemps que le public sait tout
cela, et ce n'est pas sans une certaine commi.
sération dédaigneuse qu'il contemple quelques
députés s'ébrouant au milieu de vieilles pape-
rasses comme des chiffonniers autour d'une
« poubelle ».
G DE VORNEY.
Disgrâcs d'un favori du tsar
(De notre correspondant particulier)
Saint-Pétersbourg, 2 décembre.
M. Besobrasoff, le dernier favori du tsar,
dont on a tant parlé lors de la démission de
M. de Witte, a perdu les bonnes grâces de son
auguste maître.
Il comptait être nommé président de la com-
mission de l'Extrême Orient; on lui a préféré
M. Abas.
M. Besobrasoff a été relégué au second plan.
On dit même qu'il sera envoyé à un poste en
province. Quant aux causes de sa disgrâce on
ne sait encore rien do précis à ce sujet. A en
croire certains bruits de la cour, il aurait dû
céder sa place à un nouveau favori, homme
mystérieux, recommandé par le père Joham-
nes de Cronstadt.
LES SOUVERAINS MALADES
(De notre correspondant particulier)
Berlin, 2 décembre.
Uhd des illustrations de la Faculté, qui a été
souvent appelée par des souverains pour être
consultée, a rendu compte de ses impressions à
yne réunion de CGufrèceS.
L'empereur Guillaume. dit-il, est un excel-
lent malade, très docile bien qu'il ait la manie
de discuter avec le docteur eL de faire étalago
de sa science médicale recueillie dans quelques
ouvrages de vulgarisation.
Le roi Edouard VII est le patient le plus
doux qu'on puisse imaginer ; il obéit sans
faire la moindre reflexion.
Il n'en est pas de même de la jeune reine de
Hollande qui donne beaucoup de mal aux mé-
decins. Elle ne veut pas qu'on touche à elle,
même pour lui tàter le pouls.
Le tzar et le sultan sont les malades les plus
difficiles à traiter. Le premier est très impres-
sionnable et a une peur instinctive du remède
le plus inoffensif ; le second est très méfiant
et craint toujours d'être empoisonné. Abdul
Hamid a même exigé que l'ordonnance de son
médecin soit contrôlée par un autre et que
tout médicament qu'on veut lui administrer
soit analysé par un chimiste spécial.
LES ÉCONOMIES AU VATICAN
On annonce que le pape, par mesure d'éco-
nomie, a supprimé la commission cardinalice
de eliffendis ltaliœ épiscopis, qui était chargée
de faire des enquêtes sur les qualités morales
et intellectuelles des candidats aux sièges épis-
copaux d'Italie.
Cette suppression a entrainé celle d'auditeur
du pape.
Ce poste d'auditeur était vacant depuis plus
d'un an. Ces suppressions ont permis de réa-
liser quelques économies. L'auditeur, outre son
logement au Vatican jouissait d'un traitement
assez élevé et il avait avec lui plusieurs em-
ployés formant le bureau de l'auditorat.
Le pape est grandement préoccupé de la si-
tuation financière du Saint-Siège qui traverse
une crise sérieuse. L'obole de Saint Pierre di-
minue tous les jours et Pie X pense à intro-
duire de graves réformes dans l'organisation
des bureaux du Vatican.
On croit aue ce sont ces préoccupations,
ajoutées aux ennuis provenant des relations
très tendues entre le pape et la plupart des car-
dinaux qui ont altéré la santé de Pie X.
Il est certain que tous ceux qui l'approchent
ont constaté qu'il avait beaucoup maigri depuis
son avènement au pontificat; on remarque
aussi qu'il est presque toujours sombre, triste,
affaissé, lui qui auparavant était gai, réjoui et
vigoureux.
Tout le monde attribue l'espèce de découra-
gement que montre la pape aux difficultés fi-
nancières où se débat le Vatican et à la résis-
tance que Pie X rencontre autour de lui pour
réaliser des économies.—F.
- 00
LE SACRÉ-CŒUR
Un curé dans l'embarras. — La main
de Fatma. — Une double consécra-
tion. — Par devant le maire. —
Tirez le verrou!
C'était jadis une fort aristocratique petite
paroisse que la commune de C. ; mais les
hôtes de son antique manoir ont depuis long-
temps disparu et, des souvenirs féodaux d'an-
tan, il ne reste plus parmi les gens du pays
qu'une singulière tendance qui, comme une
sorte de phénomène d'atavisme, les porte à
accepter, sans contrôle aucun, toute parole
tombant de la chaire. de vérité.
Le péril (?) républicain
Aussi les électeurs de cette commune votent
mal, est-il besoin de le dire, parce que bien
pensants, et les républicains y sont excommu-
niés au même titre que les francs-maçons.
Les curés s'en donnent à qui mieux mieux en
la région et, au moment où les couvents s'in-
surgeaient, armés des pièces que l'on sait con-
tre les représentants de la loi, c'était à qui dé-
noncerait le plus ardemment le péril aux po-
pulations crédules en appelant à la rescousse
tous les saints du Paradis.
Le desservant de C. n'avait que le choix,
mais grand était son embarras : saint Antoine
de Padoue était en baisse.il y a des patrons qui
s'usent et qu'il est plus aisé de remplacer que
de rajeunir.
Le sacré-cœur était d'ailleurs en faveur à
l'évêché; les bonnes grâces de Monseigneur ne
sont jamais à dédaigner et, telle la main de
Fatma dont l'empreinte sur la porte des disci-
ples de Mahomet porte bonheur aux habitants,
l'image sanglante du sacré-cœur, qui apparaît
sur tant de demeures de la ville voisine, n'était
certes pas moins efficace, et ne pouvait-on faire
mieux encore? -
La vengeance de Saint-Antoine
L'abbé le comprit et, son église parée de —
festona magnifiques — en un tour de main,pré-
para une de ces manifestations — inoublia-
bles. qui ^mptent pour l'avancement.
Ah ! e&Éiftk.jn beau jorr. en effet, que celui
où M. le maire, ceint de l'écharpe profession-
nelle, entra à l'église en tête de son conseil et,
après l'accomplissement* des rites, signa l'en-
gagement qu'on attendait de lui et des con-
seillers pour, à jamais, consacrer ses admi-
nistrés au culte du Sacré-Cœur 1
Toute médaille a un revers, même la mé-
daille votive ! Le zélé pasteur n'avait pas pris
garde qu'il émargeait doublement sur le bud-
get des cultes, comme desservant d'abord et
ensuite à titre de prêtre secouru ; il y perdit
momentanément ce dernier subside. — Ce fut
la vengeance de Saint-Antoine I
Le culte nouveau
Quoi qu'il en soit, la grâce ne perd jamais
ses droits : quelle n'a pas été ces jours der-
niers, la stupéfaction des naïfs paroissiens de
C.., en apprenant la soudaine disparition de
leur curé concordant avec le départ inopiné
de l'institutrice qui, au dire des commères de
l'endroit, aurait été trop intimement initiée
par le dit curé au mystère du Sacré-Cœur 1
Voilà ce que c'est que de se montrer sec-
taire, ajoutait un orateur du cru, vous avez
voulu mettre le prêtre à la porte de l'école : il
rentrera demain par la fenêtre. de la cham-
bre à coucher. — Nocte sicut fur. Tirez le ver-
rou, pauvres institutrices 1 *
On passera devant M. le maire et il serait,
paraît-il, souhaitable quecela fût d'urgence!.
Le premier magistrat delà commune de C.ne
saurait se refuser à signer, en faveur des deux
passionnés adhérents du culte nouveau, une
nouvelle et authentique consécration.
Tout est bien qui finit bien et maintenant à
qui le tour ? — H. L. B.
LES MOTEURS A HUILE
DANS LA MARINE ANGLAISE
(De notre correspondant particulier)
Londres, 2 décembre,
L'amirauté a pris la décision d'adopter les
moteurs à huile pour les vaisseaux de guerre
qui seront prochainement mis en chantier.
Des expériences ont été déjà faites avec trois
canonnières dont on avait remplacé .les ma-
chines à charbon par des machines à huile.
Le résultat a été des plus satisfaisants.
LES TROUPES CHINOISES
IDe notre correspondant particulier)
Shanghaï, 2 décembre.
Sur l'ordre de l'i i-npératrice-do nai ri ère, les
soldats de la garnison de Pékin, ainsi que les
troupes mandchoues qui ont le privilège de
servir de gar Jes à la famille impériale, ap-
prennent l'exercice à l'européenne et prati-
quent le tir avec des fusils modernes.
Comme instructeurs on a engagé des offi-
ciers japonais.
A LA CHAMBRE
LE BUDGET DES FINANCES
La grosse discussion de la journée a porté
sur le budget des finances. Venons-y tout de
suite.
M. Janet voudrait obtenir du ministre des
explications sur la situation financière, la
baisse de la rente et les retraits des Caisses
d'épargne.
M. Janet. — Des journaux de ma région, et
j'imagine de toutes les régi au s de France, pu-
blient périodiquement le tableau de ces retraits.
L'un d'eux, qui est publié à Besancon, dit net-
tement comme conclusion : « Voilà comment la
confiance règne et il en sera ainsi tant que ce
gouvernement de sectaires restera au pouvoir ».
M. de Pomereu. — Nous n'avons jamais ap-
prouvé un telle campagne. (Très bien !)
M. Deville. — Vous oubliez qu'on nous a cité-
et lu ici un extrait du bulletiu de la Patrie fran-
chise qui l'approuvait.
M. Lasiss. — C'est la misère qui pousse les
déposants à retirer leurs fonds.
M. de Pomereu. — Oui, c'est le commerce;
ce sont les affaires qui ne vont pas.
M. Rouvier. — Dans mon dernier discours,
j'ai fait la décomposition du portefeuille des
caisses d'épargne et j'ai montré, chiffres en mains,
que, tous les retraits effectués, il y aurait un boni
de plusieurs centaines de millions.
M. Laurent Bougère. — Chez moi, on en eA
arrivé à ne plus payer les cantonniers. Du moins,
on ne les a pas payés dans un canton, celui du
Lion Dangers.
M. Rouvier. — Je ne puis laisser passer de pa-
reilles assertions qui voudraient faire croire que nos
caisses sont vides quand elles contiennent plusieurs
centaines de millions, sans compter les millions
que leur vaudrait leur puissance d'émission.
M. Beauquier expose d'une manière très
claire la question des fonctionnaires. 11 de-
mande la diminution de leur nombre et fait
une proposition ingénieuse :
M. Beanqnier. — Pour que les réformes que
je propose aboutissent, il faudrait peut être qu'elles
fussent proposées par quelqu'un qui a plus d'au-
torité et de compïtemce.
Mais qui vous empêche de constituer, à l'aide de
fonctionnaires et d'hommes compétents, une sorte
de jury qui donnerait son avis sur les réformes ad-
ministratives à faire, réformes qui pourraient ame-
ner des centaines de millions d'économie ?
M. Lasies revient sur la question des Caisses
d'épargne.
M. Lechevallior lui répond en complétant
certains de? renseignements fournis par le mi
nistre des finances.
Discours de M. Rouvier
C'est toujours un très grand plaisir d'enten-
dre M. Rouvier. Rares sont les orateurs qUI
savent n'être pas ennuyeux en traitant le
questions toujours spéciales des finances. Mais
M. Rouvier est seul, je crois, à poser les pro-
blèmes les plus difficiles avec une telle clarté
que personne ne s'aperçoit de ce qu'ils présen-
tent d'ardu.
Quand M. Rouvier est à la tribune, la Cham
bre compte autant de financiers que de dépu-
tés. C'est, hélas, une illusion. Mais seuls uii
talent oratoire merveilleux et une science qui
sait se faire aimable peuvent la faire naître.
M. Rouvier. — La baisse de nos rentes est
due à des causes diverses.
Tous les fondo publics d'Europe ont subi une dé-
préciation. Voilà la cause générale à laquelle la
France seule ne pouvait se flatter d'échapper, car
les divers marchés sont solidaires par une loi que
je comparerais volontiers à celle des vases com-
muniquants.
De juin 1902 à ce jour, la Rente française a
baissé de 3 francs; le Consolidé anglais de 11 francs,
le fonds Allemand de 2 fr. 60, le fonds Russe de
2 francs. »
Notre fonds national aurait dû éprouver des
dépréciations moindres si, à cette cause générale,
ne s'é¡enl ajoutées des (,a lises particulières.
Le dôflntdu budgnt a été une de ces causes, les
retraits des caisses d'épargne en ont été une autre,
car on a pu redouter que ces retraits ne nous
obligent à jeter sur le marché des paqnete de
rentes.
L'ardeur des polémiques politiques y a égale-
ment contribué. La lutte des partis a pris un ca
ractère exceptionnellement acerbe. Dos efforts ont
été faits, non pos ici, je le reconnais, mais dans
des milieux moins scrupuleux, pour exagérer ln
défiance.
Et je fais tout de suite une constatation conso
lante : une partie de ces causes a disparu ; le dé-
ficit, qui, du reste, était dû en partie à l'expédition
de Chine, a disparu. Il atteignait l'an dernier 120
millions. Il y a cette année un excédent do 70 mil-
lione. Nous sommes rentrés dans la période des
plus-values.
Notre trésorerie s'est fortifiée dans ses ressour-
ces.
J'arrive ici à une question Incidente que m'é
posée M. Janet : Y aura-t-il un emprunt? li esf
toujours délicat de répondre à une telle question.
Cela dépend moins du ministre des finances .qU\
de la politique suivie par la Chambre.
Actuellement, je puis dire : « Non, il n'y aurs
pas d'emprunt. 1) Nous avions, hier soir, en caissp
248 millions; les bons du Trésor ne figurent plu'
que pour 151) millions, au lieu de 400 million
Il y a une ombre à ce tableau : ce sont les obli-
gations à court terme. Il y en a pour 383 millions,
avec un amortissement infime de 1 million pat
an.
J'ai le choix de na pis faire d'emprunt. Mais, jt
le répète, c'est la politique flnancièro des Chambre:
qui l'évitera.
Reste la question des caisses d'épargne.
C'est la misère qui provoqua les retraite, dit M.
Lasies. Henreusement non, j'ai iâ, sous les yeux
une carte qui le montre :
En 1902, les retraits sont le plus considérable
dans le Finistère, les Côtes-du-Nord, la Lozère
le Maine-et-Loire. Tirez-en les conclusions qU(
votre connaissance en géographie politique 'VOU'
inspirera.
Nos fonds des caisses d'épargne or t durrièr* eus
un matelas de 700 millions et la signature de J.
nation française. (Vifs applaudissements )
Nous avons remboursé, l'an dernier, 174 mil-
lions ; cette année 190 millions, bientôt ; t'n tout
340 millions, sans mettre sur le marche un atome
de la rente même qui fait la garantie dey caisse;
d'épargne, sans aucune opération do ceu \el tUl't'
sans garantie, avec les seules ressources que h*
sagessa de la gestion des caisses d'épargne avrtil
mises de côté.
Quelle démonstration plus lot.3 rte leur puis
sance, de leur élasticité ?
Non! le pays n'est pas appauvri. Une opéra lion
récente le prouve. Le Crédit foncier a fait, ce
jours-ci, une émission de trois cents millions d'obli
gations foncières 11 en a été souscrit pour si: mU
liards.
Cette constatation m'i caclsé. une grande Joie
J'aurois redouté qu* l"s fonds retiras des caisses
d'épargne n'allassent dans des placsociits aventu-
reux
Non' on a reconstitué lo vieux bi3 de Yaine.
Vienne une occasion et les ressources surfissent dr
ces petits capitalistes qui sont la force de notre na-
tion. (Applaudissements.)
La discussion générale est close. M. Chart
fait adople un projt de résolution disant que-
la question des majorats devra être réglée par
une loi.
LE BUDGET DE LA MARINE
Revenons à la marine.
On était resté au chapitie 10 concernant le?
ouvriers de. l'Etat. M. Tournier demande qu'on
rétablisse certaines indemnités qui ont été sup
primées. M. Pelletan examinera la question.
M. Le Moigne, le ministre et la commission
s'entendent pour rebver de 200,000 frtnes le
même chapitre.
A propos du personnel hospitalier, MM
Lamy et Guilloteaux renouvellent le3 critiques
que l'abbé Gayraud avait formulées contre les.
laïcisations.
M. Meslier parle, d'une facoq autrement Ut-
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