Titre : Le XIXe siècle : journal quotidien politique et littéraire / directeur-rédacteur en chef : Gustave Chadeuil
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1903-11-28
Contributeur : Chadeuil, Gustave (1821-1896). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
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Description : 28 novembre 1903 28 novembre 1903
Description : 1903/11/28 (N12314). 1903/11/28 (N12314).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k7575575j
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-199
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 20/06/2013
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, î.,e Numéro CINO CEN"l'Ir.,1:EB'
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Ne 1231<1, — Samedi 28 Novembre 1903
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ADMINISTRATION : 14, rue du Uail
Adresser lettres et mandats à VAdministrateur
IVOS LEADERS
L'Hnr rtlln
M. Sigismond Lacroix ne m'en vou-
dra pas de reprendre le titre de son
spirituel article de mardi. Oui! l'heure
opportune. A mon sens toute la ques-
tion est là. L'opportunité, voilà un mot
qui bénéficia jadis d'un singulier dis-
crédit. N'importe. La chose, que je sa-
che, n'a jamais cessé de constituer la
monnaie courante de la politique. Je
n'ai jamais connu de parti, je n'en con-
nais pas encore qui, dans ses actes,
ne se soit montré plus ou moins op-
portuniste. Au bon sens du mot, s'en-
tend. Comment pourrait-il en être au-
trement? N'est-il pas élémentaire, es-
sentiel de tenir compte des circons-
tances, alors surtout qu'il s'agit d'une
réforme qui doit avoir pour consé-
quence de troubler brusquement les
situations les plus légitimement acqui-
ses?
Et c'est bien le cas dans la question
qui nous occupe, puisqu'il s'agit de
modifier de fond en comble, à quel-
ques mois des élections de mai pro-
chain, le mode de votation d'une
grande ville comme Paris et d'exercer
— dans quel sens ? on l'ignore, — sur
les résultats du scrutin, une influence
prépondérante,
Cette question se présente ainsi sous
un aspect tout différent, suivant qu'on
l'examine au fond, en elle-même, ou
au point de vue.de l'opportunité.
Au fond, nous l'avons dit, tout le
monde paraît d'accord qu'il y a quel-
que chose à faire. Le scrutin par
quartier présente tous les inconvé-
nients qu'on a fait valoir si souvent à
l'encontre du scrutin d'arrondisse-
ment. D'autre part, certains petits
quartiers de Paris, tels que Gaillon ou
Bal-Air, qui n'ont que douze ou quinze
cents électeurs, nomment néanmoins
un conseiller muéinipal, tout comme
Clignancourt, qui compte vingt-deux
mille électeurs inscrits. C'est une ini-
quité flagrante. C'est la méconnais-
sance la plus brutale du principe de
la proportionnalité en matière de man-
dat public. On peut varier sur la fa-
çon, mais non sur la nécessité de por-
ter remède à de pareilles anomalies.
il y a, sans aucun doute, des mesures
à prendre et des changements à faire
dans le mode de scrutin.
Mais est-ce bien l'heure, aujour-
d'hui, de prendre ces mesures, de
faire ces changements ? Voilà le point
discutable, le point délicat.
Il y a plus de trente ans que le sys-
tème actuel fonctionne. On ne saurait
l'oublier. Non pas qu'à diverses re-
prises, qu'à divers intervalles on n'ait
formulé des propositions de réforme.
Mais aucune de ces propositions, si je
ne me trompe, n'a encore été discutée
par le Parlement. A la suite des élec-
tions municipales de 1900 qui avaient
amené à l'Hôtel de Ville un majorité
nouvelle, M. Charles Bos prit à nou-
veau l'initiative d'une proposition qui
tendait à diviser Paris en quatre ou cinq
grands secteurs dont chacun devait
nommer, au scrutin de liste, un nom-
bre de conseillers proportionnel à son
importance électorale. Personne à ce
moment là ne voulut s'intéresser à la
proposition de Charles Bos. Au con-
traire, de tous côtés on le pria même
de ne pas insister. Ce qu'il fit de la
meilleure grâce du monde. La question
ne fut plus agitée que ces derniers
jours.
Eh bien je dis qu'il est bien tard,
que l'heure est mal choisie, que cela
lie va pas tout seul; qu'il y a des
objections sérieuses.
Diviser Paris en grands secteurs
électoraux, brusquement, comme cela,
sous forme d'une loi de circonstance,
presqu'à la veille du scrutin ! Mais
dans quelles conditions? Sur quelle
base ? Quelles garanties donnerez-vous
au centre de la ville ? Est-ce que vous
auriez la prétention de le submerger
sous le flot débordant de la périphé-
rie? Vous allez faire crier à l'arbi-
traire :
Dans tous les quartiers de Paris les
positions sont déjà prises, les forma-
tions de combat arrêtées, les candidats
choisis. Les comités ont dressé l'ordre
de bataille. La campagne est partout
commencée. Vous allez paralyser les
uns, décourager les autres. Une fois
le champ du scrutin élargi par les
secteurs et par la liste, de nouveaux
candidats vont entrer en ligne. Certes
ce sera de leur part l'exercice d'un
droit incontestable. Mais n'en résul-
tera-t-il pas un désordre politique et
des froissements dont un adversaire
habile va profiter ? Ne craignez-vous
pas de voir surgir de tous côtés les
rivalités mal éteintes, de voir se dres-
ser des compétitions que maintenait
la force des situations acquises, qui
s'étaient rangées, dans un intérêt su-
périeur de discipline républicaine,
sous la bannière du conseiller sortant,
ma-is qui n'hésiteront pas à rentrer en
ligne en présence d'une situation nou-
velle et de candidats nouveaux ?
Enfin, comment une population im-
pressionnable comme la population
parisienne prendra-t-elle une réforme
en ap¡mrenœ",trop improvisée, à la-
quelle on ne semblait même pas son-
ger hier et qu'on boucle aujourd'hui,
d'urgence, comme s'il s'agissait d'une
mesure de salut public? Nos adver-
saires ne manqueront pas de présen-
ter ce changement radical comme une
sorte de mainmise de l'autorité pu-
blique sur la pleine liberté de choix
des électeurs. N'allons-nous pas leur
fournir ainsi nous-mêmes une plate-
forme électorale? Ce qu'ils cherchent
peut-être , leurs anciennes plates-
formes paraissant diablement usées.
**j(
M. Sigismond Lacroix dont le grand
sens politique est aussi remarquable
que le talent ne manquera pas d'ap-
précier la portée de ces diverses objec-
tions que je ne fais qu'indiquer, mais
dont il paraît difficile de méconnaître
la force.
C'est dans cet esprit et dans cet es-
prit seulement que je m'étais permis
de parler de l'utilité d'une entente
préalable. Je n'ai pas besoin de dire
qu'il n'y avait là, de ma part, aucune
espèce de prétention personnelle que
rien ne pourrait justifier d'ailleurs au
regard d'hommes comme le président
de l'Alliance démocratique et M. Sigis-
mond Lacroix qui sont des vétérans
de nos luttes républicaines et l'hon-
neur de notre grand parti.
Au reste, il n'est pas dit qu'il n'y a
rien à faire. Si je suis bien renseigné il
ne s'agirait plus maintenant ni de
grands secteurs, ni de scrutin de liste.
Tout resterait provisoirement en état,
on donnerait seulement à certains
quartiers dont la population électorale
est vraiment disproportionnée un ou
deux conseillers en plus. De prime
abord cela paraît de justice élémen-
taire. Les objections fondamentales
qu'on peut adresser à la réforme d'en-
semble disparaissent. Si elle amène ce
résultat, la discussion provoquée par
l'Alliance démocratique et portée à la
connaissance du grand public par
M. Sigismond Lacroix, n'aura pas été
inutile.
Louis Puech.
——————————— -
LES ŒUVRES POST-SCOLAIRES
La discussion générale du
budget de l'Instruction publique
a montré combien, dans cha-
cune des fractions républicaines
de la Chambre, on apprécie le
dévouement éclairé des institu-
teurs et des professeurs.
Les orateurs qui se sont fait entendre ont
montré la nécessité de donner le? moyens
de vivre, d'une façon convenable à ceux qui
opposent la digue de la raison et de la
science à l'inondation du soi-disant ensei-
gnement des congréganistes.
On a attiré particulièrement l'attention
de la majorité de la Chambre sur l'état des
oeuvres post-scolaires. Il est, hélas, trop
vrai, comme l'a dit M.Couyba, que la Ré-
publique ne fait pas en faveur de ces œu-
vres des sacrifices comparables à ceux que
les cléricaux consentent pour les fondations
analogues qui répandent leurs doctrines.
Dans ce journal on a rappelé qu'il avait
été question d'une « crise des Universités
populaires ». II y a eu en ce sens UDe exa-
gération pessimiste, comme le prouve la
discussion d'hier. Les œuvres libres laï-
ques, telles que les Universités populaires,
sont, ainsi que les œuvres post-scolaires
proprement dites,en voie d'agrandissement
continuel.
Mais ce serait se faire une dangereuse
illusion, de croire que l'initiative indivi-
duelle n'épuisera jamais ni ses forces ni
ses ressources.
La République doit encourager les ef-
forts qui sont tentés pour répandre dans le
pays le goût de la discussion et les princi-
pes de la Révolution.
A ce prix, elle verra se constituer autour
d'elle une phalange invinsible de défen-
seurs. - Ch. B.
| «
UNE RÉPÉTITION DE LA GUERRE DU TRANSVAAL
(De noire correspondant particulier)
Capetown, 26 novembre.
Un syndicat sud-africain a trouvé une idée
bien originale pour augmenter les fonds des-
tinés au rapatriement des Boers.
Il se propose d'organiser à l'Exposition de
Saint-Louis une reconstitution des phases de la
guerre du Transvaal.-
Des généraux boers et des officiers britan-
niques qui avaient pris part à la campagne
sud-africaine ont été gagnés à l'entreprise.
Des batteries en lieras manœuvreront sur la
scène, que figurera un vaste champ, autour
duquel il y aura un amphithéâtre pour vingt
mille spectateurs.
On a engagé des anciens combattants :
mille du côté des Boers et autant du côté des
Anglais.
Les Boers seront commandés par le géné-
ral Ben Viljoen et le commandant Kemp; les
Anglais par le commandant Ross, ancien" chef
des scouts canadiens et M. Arthur Lewis, an-
cien lieutenant du général Plumer.
UNE RÉVOLUTION DANS LE CAMP DES QUAKERS
IDe notre correspondant particulier)
Londres, 26 novembre.
Un schisme très grave menace la secte des
Quakers. Une fraction voudrait créer des prê-
tres professionnels.
Les orthodoxes s'opposent à cette « réfor-
me M; ils invoquent la tradition établie par
Georges Fox, d'après laquelle un membre
quelconque de la paroisse peut prononcer un
sermon si, étant dans la réunion des fidèles,
il est subitement inspiré par le Saint-Esprit.
- A York, un congrès s'est réuni pour tran-
cher lo différend. Les partisans de la création
d'un clergé permanent donnent comme raison
le fait Jlle les inspirations deviennent do plus
en plu:} ral's. - * -
AU METRO
.- - • I II
La ligne circulaire n° 2. — Etat des
travaux. — Trocadéro-Passy. — Le
viaduc de Passy. — Travail de
géants. — Explications tech-
niques. — Promenade
dans un chantier.
Un nouveau tronçon du Métropolitain vient
d'être mis en exploitation, il y a quelque
temps, dans la partie qui va du Trocadéro au
quai de Passy. Ce tronçon fait partie de la ligne
circulaire n" 2 (partie sud), qui ira du Troca-
déro au pont d'Austerlitz (rive droite) par les
boulevards extérieurs de la rive gauche.
La ligne circulaire n° 2 est divisée en onze
lots, dans la plupart desquels les travaux sont
achevés. Le 1er lot (Trocadéro-Passy) a été tout
récemment livré au public. Le second lot
comporte la traversée de la Seine. Les 3% 4e et
5' lots (du pont de Grenelle à la rue de Vaugi-
rard) sont en viaduc : les maçonneries sont
terminées; la partie métallique est en place.
Les 6e et T lots (do la rue de Vaugirard au
boulevard Edgar-Quinet et Ju boulevard Ed-
gar-Quinet à la rue Dareau) sont en souter-
rain. Il ne reste plus qu'à poser la voie. Les
gares sont achevées. Le 8e lot (de la rue Da-
reau à la rue Corvisart), qui est aérien, est
presque achevé.
Le 9e lot est eh bonne voie !t'exécution. Ce
lot comprend trois parties : 1° une branche
contournant la place d'Italie pour se continuer
par la ligne n° 6 (de la place d'Italie au cours
de Vincennes) ; 2° une boucle faisant le tour
de la place ; 3" une branche soudée à la boucle
et se continuant par le boulevard de l'Hôpital,
Enfin, dans les 10e et 11* lots (du boulevard
Saint-Marcel au pont d'Austerlitz) on a com-
mencé l'entreprise des ouvrages aériens.
En résumé, sur la ligne circulaire sud, les
travaux sont presque partout achevés, et avant
peu des trains pourront y circuler. Les deux
points difficiles de l'entreprise étaient les tra-
verséesTde la Seine au pont de Passy etau pont
d'Austerlitz. Au pont d'Austerlitz, les travaux
ne sont pas encore commencés. Au contraire,
le chantier est en pleine activité à Passy.
Aimables fonctionnaires
Après m'être muni de l'autorisation néces-
saire auprès de M. Bienvenue, ingénieur en
chef du service technique du Métropolitain, et
avoir écouté les explications documentées et
fort intéressantes de M. Louis Biette, ingénieur
adjoint à M. Bienvenue, je me suis transporté
à Passy, au bas de la rue Alhoni, et, par une
petite porte à glissière ménagée dans la pa-
lissade, j'ai pénétré dans le chantier. Après
mille tours et détours au milieu de blocs de
pierre, d'amas d'armatures métalliques, après
avoir manqué souventes fois de choir en des
crevasses subrepticement dissimulées par des
planches vermoulues, après m'être convena-
blement sali, je suis arrivé à , une petite mai-
sonnette en planches où j'ai trouvé trois ai-
mables fonctionnaires du Métropolitain qui,
tout de suite, m'ont offert une chaise près d'un
bon feu et une cigarette. Dans la grande pièce
aux murs tapissas d'épures, de devis et de
plans, M. Thierry, conducteur des ponts-et-
chaussées, chef de subdivision, va et vient,
vêtu d'une grande blouse blanche qui tombe
jusqu'aux talons. La tenue de ses deux ad-
joints, MM. Crocé-Spinelli, neveu du célèbre
aéronaute, et Desrues, n'est pas différente de
la sienne.
Je dis qui je suis, et j'expose le but de ma
visite.
.- Vous venez pour le Rappel et le XlXc Siècle,
dit alors l'aimable conducteur des ponts-et-chaus-
sées. Vous ne pouviez avoir une meilleure recom-
mandation auprès de moi.
Et tout de suite, il s'emparo d'une épure, et,
en termes techniques que je comprends mai,
il m'expose ce qu'on a fait, et ce qu'on fora.
Mais M. Thierry s'aperçoit bien vite que jo ne
saisis pas toutes ses explications.
— Tenez ! me dit-il, il est préférable que vous
visitiez le chantier : vous verrez beaucoup mieux
ce qui a et'!) tait. M. Desrues, qui connaît parfai-
tement l'état des travaux, va vous piloter et vous
fournir les renseignements qui intéresseront vos
lecteurs.
J'accepte, et nous nous rendons, M. Desrues
et moi, sur le chantier..
A travers un chantier
Nous parcourons tous deux le chemin que
j'ai suivi pour me rendre un instant aupara-
vant au bureau des ingénieurs, et nous nous
rendons à l'endroit où se trouvera l'entrée du
viaduc qu'on est en train de construire dans
l'axe de la rue Alboni. A nos pieds coule la
Seine.
A quelques mètres du bord, un caisson mé-
tallique, couvert d'échafaudages, de planches
et d'échelles, est à demi-enfoncé. Une équipe
d'ouvriers va et vient, travaille dans le fond
du caisson, qui va peu à peu descendre jus-
qu'au lit du fleuve et s'enfoncer dans la terre
pour constituer l'un des piliers du viaduc.
Plus loin, au milieu du fleuve, j'aperçois un
caisson identique. Ce second caisson est en
place, enfoncé à 15 mètres environ au dessous
du niveau du fleuve, dans le terrain solide qui
se trouve à la base de l'argile plastique qui
constitue le lit de la Seine.
Plus loin, c'est la pointe de l'île des Cygnes.
Là, on a fait une vaste tranchée et on a enlevé
la terre jusqu'au niveau du fleuve. Un batar-
deau a été pratiqué pour permettre le travail.
Do l'autre côté de l'île, c'est le petit bras de la
Seine, du milieu duquel dépasse le sommet
d'une échelle qui tient dans celte situation on
ne sait trop comment. Après, c'est la rive gau-
cho de la Seine, où les travaux, du point où
nous sommes,, ne paraissent pas très avancés.
Tel est le tableau que nous avons devant les
yeux.
W A droite, reposant sur pilotis, la passerelle
de Passy, l'ancienne passerelle qui se trouvait
sur l'emplacement même que va occuper le
viaduc du métropolitain et qu'on a déplacée de
30 mètres en aval. La passerelle a été coupée
longitudinalement en deux par une palissade
qui ferme de ce côté le chantier de Passy. La
portion qui est hors du chantier est livrée à la
circulation des piétons. Sur la partie qui est
dans le chantier, l'entrepreneur de travaux
publics, M. Gouchon, a installé une voie ferrée
où circulent des tracteurs électriques servant
au transport des matériaux.
Voilà ce que tout le monde peut voir en
descendant la Seine en bateau. Cela semble
peu de choses, et, à moins d'avoir un cicérone
compétent, il est impossible de savoir quel est
exactement le degré d'avancement des travaux
et quel aspect présentera, quand il sera achevé,
l'ouvrage gigantesque qui a été entrepris à cet
endroit.
Ce qu'on doit faire
L'ouvrage que nous construisons, me dit M.
Desrucs, sera d'une importance beaucoup plus
grande que la passerelle de Passy, qui se trouvait
à peu près sur le même emplacement et que,
comme vous voyez, nous avons transportée à 30
mètres en aval; car, en même temps qu'il servira
au passage du Métropolitain, il supportera une
voie de communication charretière entre les quar -
tiers de Passy et de Grenelle. Le pont charretier
aura 24 m. 70 do largeur et comportera deux
chaussées latérales séparées par un promenoir cen-
tral.
C'est au-dessus de ce promenoir que régnera,
supporté par des piliers en fer, le tablier du che-
min de fer. Les chaussées seront à 8 m. 50 envi-
ron, et le rail du Métropolitain à 16 m. au-dessus
du niveau de la Seine.
J Sur le grand bras, le pont comportera trois tra-
vées de 30 m., 54 m., et 30 m. de portée. Sur le
petit bras, il y aura également trois travées dont
les portées seront de 2% m., 42 m. et 24 m. d'une
rive à l'autre.
La longueur totale du viaduc sera de 223 m. 50
en y comprenant l'ouvrage en maçonnerie qui s'é-
difiera sur l'île des Cygnes.
Le projet primitif, ajoute mon complaisant
guide, franchissait le grand bras d'une seule arche
Mais le service de la navigation dont les décisions
sont souveraines en cette matière, s'est opposé à
cette manière de faire, et c'est lui qui a exigé que
nous construisions trois travées sur chaque bras.
Pour quelle raison? Mystère.
Les fondations des appuis sont descendues par le
procédé dit : à l'air comprimé. Les caissons des
piles mesurent 32 m. 57 sur 7 m. 50 et ceux des
culées 30 m. sur 8 m. 50. L'ossature métallique
comprendra dix fermes en acier en forme d'arc
réparties sur la largeur de l'ouvrage. Le type de
ferme adopté est celui dit « Cautilever » qui
n'exerce pas de poussées obliques sur les appuis.
Les deux fermes centrales supporteront les piliers
du tablier du chemin de fer dont la largeur sera
de 7 m. 30. Le poids totai des fers s'élevera. en- y
comprenant les travées d'approche, à 4,000 tonnes
environ, soit 4 millions de kilogrammes. Les tra-
vaux ont été adjugés, après concours; à MM.
Daydé et Pillé, constructeurs à Creil. J'en ai fini
avec les détails techniques, me dit en souriant M.
Desrues. Nous allons, si vous le voulez bien, visiter
les différentes parties du chantier et, au cours de
notre promenade, jo vous donnerai les explications
qui éciairciront considérablement ces données
scientifiques et ardues.
Ce qu'on a fait
J'accepte la proposition de mon cicérone, et
nous voilà repartis. à travers les fondrières et
les matétiaux, marchant dans la boue ou dans
[a poussière, grimpant sur des monceaux de
pierres pour mieux examiner le point de vue,
menacés à chaque minute d'être heurtés par
les madriers que transportent des ouvriers,
échappant à plusieurs reprises à un écrase-
ment certain par les wagonnets qui circulent
à toute vitesse sur les rails qui sillonnent le
chantier !
— Du côté de Passy, me dit M. Desrues, un rao
numental escalier donnera accès au pont pour les
piétons. Deux rampes de raccordement, à droite et
à gauche de cet escalier,permettront, par une pente
douce, aux voitures de gagner la voie charretière.
Les travaux de ces rampes d'accès sont à peu près
achevés, comme vous le voyez. Pour les balustres,
les bahuts et les rampes d'accès, la pierre em-
ployée est la pierre dite de Coutarnoux. Au con-
traire, pour les soubassements des culées, on em-
ploie la pierre de Souppes.
Du côté de Grenelle, le raccordement du pont se
fera de plnin-pied. Un pont à béquille franchira
d'un seul jet le pont du chemin de fer des Invali-
des et le quai de Grenelle et établira la continua-
tion de la voie du chemin de fer métropolitain
avec la partie qui est déjà achevée, en viaduc, sur
le boulevard de Grenelle.
Par un petit escalior en planches vacillan-
tes, nous montons sur la passerelle do Passy,
où, comme je l'ai déjà dit, circulent sur une
double voie des tracteurs électriques.
Sur la passerelle
Lentement, M. Desrues et moi, nous parcou-
rons la passerelle. Nous nous trouvons au ni-
veau du premier caisson qui flotte et nous re-
gardons curieusement le mouvement des ou-
vriers qui, vus ainsi on raccourci, présentent
un aspect des plus curieux.
— On travaille nuit et jour .dans le chantier, dit
M. Desrues. Dix-huit cents ouvriers se relaient in-
cessamment, divisés en 3 équipes, dont chacune
travaille 8 heures : de 6 h. du matin à 2 h. de
l'après-midi, de 2 h. à 10 h. du soir, et de 10 h. du
soir à 6 h. du matin.
Plus loin, c'est le batardeau dont j'ai déjà
parlé. A cet endroit, l'île des Cygnes a com-
plètement disparu. Il n'en reste que la pointe
extrême qu'on a conservée pour la construc-
tion du batardeau. Qu'est-ce donc qu'un ba-
tardeau ? Figurez-vous un anneau, large de
mètres environ, formé do terre battue enser-
rée entre des pilotis. Au centre de l'anneau, la
pointe de l'île, qu'une équipe d'ouvriers est
occupée à détruire et qui sera ultérieurement
remplacée par un massif de maçonnerie. Sur
l'anneau, des ouvriers, poussant des brouettes,
circulent. Du côté du petit bras, sur l'anneau,
sont installées deux puissantes pompes qui re-
tirent l'eau à mesure quo celle-ci se montre.
Là, les ouvriers travaillent dans un véritable
marécage et ils doive^têire chaussés de hautes
bottes imperméables.
Au milieu du petit bras, nous revoyons
l'échelle que nous avons aperçue du quai de
Passy.
— C'est, me dit M. Desrues,l'échelle du scaphan-
drier qui déboulonne les piliers de l'ancienne pas-
serelle.
Nous voici sur le auai de Grenelle.
L'appui du viaduc est achevé de ce côté,
comme du côté de Passy. Comme la voie du
chemin de fer des Invalides à Versailles passe
à cet endroit et que la compagnie des chemins
de fer n'a pas voulu autoriser le Métropolitain
à appuyer son ouvrage sur le soubassement de
la voie, il a fallu construire cet appui à quel-
ques mètres en avant du mur de la compagnie
de chemins de fer et cela nOa pas facilité la
besogne. L'espace resté libre entre les deux
ouvrages sera comblé avec de la terre, lorsque
tout sera terminé.
Après un coup d'œil aux travaux qui s'achè-
vent sur le boulevard de Grenelle, nous reve-
nons, mon guide et moi, sur la berge du quai
de Passy et nous allons jeter un regard sur
les machines, dynamos, moteurs à gaz, com-
presseurs pour la production d'air comprimé,
qui sont placés dans un vaste baraquement en
bois.
Je remercie M. Desrues de l'intéressante et
instructive visite qu'il vient de me faire faire,
je serre la main de M. Thierry, et je pars en
emportant de cette entreprise grandiose et si
merveilleusement conduite, une forte impres-
sion et un souvenir précis.
Puisse la façon dont j'ai traduit ce que j'ai
vu et ce qu'on m'a expliqué donner la même
impression et laisser le même souvenir aux
lecteurs du Rappel et du .ÏLF Siècle! —
André Joubert.
GRANDES MANŒUVRES AUX ÉTATS-UNIS
ffle notre correspondant particulier)
New-Yorli, 26 novembre.
L'été prochain, il y aura dans les environs
de New-York des grandes manœuvres suivant
la méthode adoptée en France.
On réunira à cet effet 150.000 hommes. Les
opérations de campagne seront précédées par
un essai de mobilisavion.
.— 1 - -■■■■
NOUVELLES DE L'EXPÉDITION
DU POLE MAGNÉTIQUE
(De noire correspondant particulier)
Christiania, 26 novembre.
Les nouvelles alarmantes répandues par les
baleinier? de Dundee sur le sort do l'expédi-
tion du capitaine Amundsen, ne se confirment
pas. Le conseiller danois, M. Hansen, qui ao
compàgnc le capitaine daps son voyage vers
le pôle magnétique vient d'écrire une lettre à
son père lui annonçant que le navire Gjœa
est arrivé sans incident à Godhavn dans le
Groenland. Tout le monde à bord se porte
bien. Lo 31 juillet l'expédition est partie de
Godhaven dans la direction du nord-ouest,
vers la baie de Baffin. Elle compte passer l'hi-
ver à Beckry-Island. Le Gjoea a fait preuve
d'une résistance admirable malgré ses petites
dimensions. D'autre part on a reçu à Chris-
tiania une lettre d'Amundsen même qui cor-
robore les renseignements de M. Hansen. Il
dit entre autres que si pendant quelque temps
on n'a pas de nouvelles de lui, ce sera bon
signe.
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les Dernières Dépêches
LE SIFFLEUR DE M. THUREAU-DANGIN
C'est de l'Est aujourd'hui que nous vient le siffleur î
A moi tous les vocatifs, toutes les interjec-
tions, tous les : Grands dieux 1 Juste ciel ! etc.,
pour essayer de vous rendre la stupéfaction,
la colère, l'indignation et l'ahurissement des
académiciens quand, sous la coupole sacrée, a
retenti, hier après-midi, un coup de sifflet
strident, sardonique et railleur.
M. Thureau-Dangin, cet illustre historien
qui avait rêvé d'être pour la bourgeoisie ce
que les Quinet et les Michelet ont été pour la
démocratie, M. Thureau-Dangin chargé de
rédiger le discours annuel sur la distribution
des prix de vertu s'était bien promis de tancer
d'importance ces infâmes républicains.
Il n'avait que l'embarras du choix, car,
parmi les lauréats, figurent toujours, par le
plus grand des hasards, une foule de cléri-
caux, de sœurs, de moines et de curés. Juste-
ment, cette année, le prix Moptyon, de 3,000
francs, est attribué à la sœur Saint-Charles,
Libreville (Congo français).
Pouvions-nous oublier, s'est écrié M. Thureau-
Dangin, avec des trémolos dans la voix, que le
courrier qui devait lui porter en Afrique la notifi-
cation du prix que nous lui décernions, lui porte-
rait en même temps le douloureux récit des
épreuves subies, sur la terre de France, par ses
sœurs en religion ? Troublée, blessée par ce récit,
elle se sera demandée avec angoisse en quoi la
vie de dévouement à laquelle elle et ses pareilles
se sont consacrées, pouvait leur attirer tant de
haines. Souhaitons qu'alors elle ait été un peu
rassurée et consolée en voyant que d'autres ho m-
mes qui ont, ce semble, un titre plus durable que
les proscriplews d'un jour, à parler au nom de
la pensée française, s'accordaient, au contraire,
sans distinction d'opinions et de croyances, à lui
témoigner leur reconnaissance et leur admira-
tion.
Au moment où l'historien prononçait son
petit passage « rosse » : .un titre plus dura-
ble que les proscripteurs d'un jour, un coup
de sifflet aigu partit de la tribune de l'Est.
Vous voyez d'ici cette révolution dans la
select assemblée, les pâmoisons des belles ma-
dames et les attitudes plastronnantes des beaux
messieurs indignés.
La séance fut suspendue une minute. Puis.
on se rassura en voyant que la coupole ne s'ef-
fondrait pas sur le siflleur sacrilège, et l'on
applaudit longuement M. Thureau-Dangin.
Avec un courage et un dévouement qui, à eux
seuls, mériteraient tous les prix Montyon réu-
nis, le grand historien, l'immortel ayant en
cette qualité « un titre plus durable à parler
au nom de la pensée française », a poursuivi
tranquillement et sans autre incident un dis-
cours qui, cette année, ne passera pas ina-
perçu.
Quant au siffleur, il n'a pu être retrouvé par
les huissiers qui s'étaient cependant précipités
vers la tribune Est avec une rapidité inaccou-
tumée et une humeur toute belliqueuse.
C'est dommage, car j'aurais serré avec plai-
sir la main de cet homme de bien, grand in-
troducteur du simet à l'Académie française —
et réactionnaire. — Rantanplan.
DANS LE XIIe ARRONDISSEMENT
Le comité républicain socialiste de la 2" cir-
conscription du 12' arrondissement (groupe
d'études sociales) organise une réunion privée
qui aura lieu demain samedi, à 8 h. 112 du
soir.
Le local choisi est la salle Ruyer, 99, boule-
vard Diderot, et 5, rue de Picpus.
Ordre du jour : 1° Conférence par le docteur
Salmon, sur le scrutin d'arrondissement et le
scrut'n de liste.
2" Conférence sur les Sociétés commerciales
de travail, par le cit. Hugues Destrem, rédac-
teur au Rappel.
Le siège social du comité est salle Duroy,
49, rue de Reuilly. — S'adresser au secrétaire
général, Ed. GIBIER.
LES « TACITURNES » DU PARLEMEfH ANGLAIS
fDe notre correspondant particulier)
Londres, 26 novembre.
L'annuaire pour la session de 1903 de la
Chambre des Communes constate qu'un cin-
quième des membres do celle honorable as-
semblée siège dans un mutisme absolu. Ces
taciturnes n'adressent pas même de questions
aux ministres.
Fait curieux, les représentants des Univer-
sités de Cambridge, de Glasgow et de Camp-
bell appartiennent à ce groupe de muets. La
presse y est aussi représentée par Sir John
Willox qui est plus loquace dans les journaux
qu'il dirige.
LES LIBRES PENSEURS DE FRANCE
La commission exécutive de l'Association
Nationale des Libres Penseurs de France a tenu
une réunion extraordinaire mercredi, à 4 h. 1]2.
M. Gustave Hubbard présidait.
Le secrétaire général fait connaître les diffi-
cultés en présence desquelles il s'est trouvé
pour l'organisation du congrès de la libre-
pensée qui devait avoir lieu à Reims et com-
munique un télégramme de M. Arnould, maire
de Reims.
Après avoir examiné la situation, la com-
mission executive décide que le congrès se
tiendra à Paris les 25, 26 et 27 décembre.
Une commission composée de Mme Nelly
Roussel, de MM. Hubbard, Baurens et Char-
bonnel est chargée de l'organisation.
Sur la proposition de M. Hubbard, une sub-
vention de 100 francs ost votée pour aider les
libres penseurs de Dunkerque à soutenir le
procès qui leur a été intenté à l'occasion des
manifestations contre les processions reli-
gieuses.
La commission décide ensuite de nommer
une commission qui sera èhatgéé dé procéder
à des enquêtes approfondies sur toutes ques-
tions pouvant intéresser la libre-pensée.
Cette commission, composée de neuf mem-
bres, est élue immédiatement. En font partie :
Mmes Maria Vérone, Pelloutier, D' Edwards
Pilliet, MM. Charpentier, Guinaudeau, D'Mes-
lier, Allemane, Paul Fleurot, Mirel.
M. Rebins demande la création a'une com-
mission d'assistance juridique, et M. Georges
Renard l'établissement d'une sorte de bureau
de placement destiné à venir en aide aux prê-
tres qui s'évadent du clergé.
Cette dernière proposition est momentané-
ment écartée.
Le principe d'une commission d'assistance
juridique est adopté; il sera fait appel aux
concours d'un certain nombre d'avocats libres-
penseurs dont la liste sera établie ultérieure-
ment. — Le secrétaire ; Paul FLEUROT.
LA JOURNEE
PARLEMENTAIRE
A LA CHAMBRE
LE BUDGET DES POSTES
La Chambre a tenu, hier, une séance le m:¡,
tin et une autre l'après-midi.
M. Etienne préside la première.
M. Paul Constans demande un relèvement
de crédit en faveur du personnel des agents
des postes.
M. Charles Chabert dépose une motion pour
diminuer les crédits do l'Ecole professionnelle
des postes. - -
M. Marcel bembat. réclame la suppression
des feuilles signalétiques qui renferment sur
les agents des notes secrètes que leurs chefs
sont seuls à connaître.
M. Cachet demande l'extension de cette sup-
pression à tous les fonctionnaires, -
M. Paul Constans demande un jour de congd
par mois pour les sous-agents.
Deuxième séance
M. Léon Bourgeois préside.
La Chambre adopte la proposition de M„
Carnaud, relative aux sociétés d'auteurs et dè
compositeurs de musique.
On revient au budget des Postes.
M. Fournier critique l'organisation de la
Poste restante qui délivre les lettres trop faci«
lement. Elle ne devrait du reste recevoir que
les lettres qui portent le nom du destinataire;"
M. Sembat montre que cette mesure ne ser-
virait à rien qu'à faire remplacer les initiales
employées par les personnes qui ne veulentpaj.
déceler leur identité, par des pseudonymes.
Un projet de résolution de M. Chasteneteil
faveur de la diminution des abonnements est
adopté.
LE BUDGET DE L'INSTRUCTION
PUBLIOU
La Chambre passe au budget de l'instruM
tion publique.
M. Chaume! prend la parole dans la diseur
sion générale. 1
Bjl. Chaumet. — Le rapporteur a rendu un
juste hommage à l'Université, tout en lui adres-,
sant quelques critiques. L'Etat est suffisamment
armé, espérons-le, contre l'influenee des coteries,
signalée par le rapporteur. S il en était autre-,
ment, le Parlement devrait intervenir.
Il faut conjurer le péril de l'enseignement pri"
maire qui sera aggravé après le service de deuf,
ans que la Chambre votera bientôt.
Il faut relever le traitement des instituteurs.
Les traitements de 187;) étaient des traitements
minima auxquels il fallait ajouter le produit de la
rétribution scolaire. Eu fait, dans beaucoup de
communes, les traitements étaient supérieurs &
deux mille francs. La loi de 1880 établit la gra-
tuité de l'enseignement primaire aux dépens des
instituteurs eux-mêmes. La loi de 1889 ne put pas
apporter une amélioration sensible à la situation
des instituteurs, en raison de la façon dont était
établi le classement.
La Chambre a le devoir de réparer les injustices
du passé.
Il faut établir le classement en tenant compte
de l'ancienneté générale des services.
J'ai déposé, avec plusieurs de mes collègues, tiner
proposition qui a été renvoyée à la * commission
du budget.
M. Couyba signale à la Chambre la situation
critique des œuvres post-scolaires et particu-
lièrement des cours d'adultes, si peu subven-
tionnés par l'Etat et si fortement attaqués par
les œuvres confessionnelles.
Dans un rapport, M. Edouard Petit divis'e
les œuvres post-scolaires en deux catégories:
œuvres d'enseignement et œuvres sociales.
Toutes ces œuvres sont en progrès. Toute-
fois, il faut faire une réserve en ce, qui con-
cerne les cours d'adolescents.
M. Couyba parle successivement des lectures-
publiques, des sociétés d'instruction populaire,
des Universités populaires, des Foyers du sol-
dat, des Mutualités scolaires — Petites Cavé.
— L'Etat devrait encourager ces œuvres.
M. Couyba s'occupe de l'organisation néces-
saire des œuvres post-scolaires. -
M. J. Thierry traite la question de l'ensei..
gnement du droit.
M. J. Thierry. — En Allemagne, en Angle-
terre, partout où la vie économique est devenue
intense, on a reconnu la nécessité d'améliorer
l'enseignement supérieur dans toutes ses branches
pour le mettre en harmonie avec les besoins de.
notre époque.
Nos Facultés de Droit sont restées en arrière,
malgré les réformes successives opérées depuis
1880. - j
Il faudrait supprimer ce qui encombre actuelle-
ment l'enseignement du Droit : l'Histoire du Droit
et le Droit Romain. • Il y aurait plusieurs licences avec un fonds
commun ; licences économique, politique, juri.
dique. -
M. Paul Beauregard dit que les critiques ap;/
portées par M. Thierry méritent une discus-
sion. (,
M. Beauregard. — Il faut remarquer que let:
Facultés de droit sont surtout destinées à formel
des jurisconsultes, et qu'il serait dangereux d'in-
troduire dans l'enseignement de cette Faculté une
trop grande quantité da sciences économiques et
sociales.
Nous ne laisserons rien retirer d'une œuvre que
nous avons considéré un peu comme la nôtre, et
qui a consisté à introduire l'histoire dans l'enseï
gnement juridique.
Nier l'histoire, c'est nier le plus haut des prin-
cipes philosophiques : celui de l'évolution.
Il convient de maintenir le droit romain qui est
partie intégrante de l'histoire. --,
Les paroles si hautes et si justes de M. Paul
Beauregard sont applaudies sur tous les bancs.
M. Thierry-Cazès se réserve de traiter ulté-
rieurement la question de la liberté politique
des membres de l'enseignement.
M. Thierry-Cazes. — J'espère que la Cham-
bre, avec l'aide du ministre, fera tout son possibla
pour donner satisfaction au projet des Amicales
des instituteurs.
La mission de l'instituteur grandit et devient
un véritable apostolat. -
Il sera en dehors des querelles locales le plu
utile auxiliaire de la République. '.,
En ce qui concerne l'enseignement secondaire,
on ne dira jamais assez de bien du zèle, de savoir
et du dévouement des professeurs.
Les professeurs des - collèges demandent avec?
raison à être assimilés aux chargés de cours des
lycées. M. Lafferre a déposé une proposition de lot
que la Chambre devra voter.
Il faut supprimer les notes secrètes..
Il convient de ne pas conserver l'école no?DttàM
supérieure qui, aujourùhlU, n'a plus de raison
d'être et fait double emploi avec les Facultés des'
Universités.
En attendant, les boursiers dM Universités doi-
vent être mis sur le même pied que les norma-
liens au point de vue de la retraite.
M. G. Baron dit que la condition modeste
faite aux membres de l'enseignement secon-
daire est indigne de la République -, j
Le budget de l'enseignement est ud budget'
qui s'impose à la démocratie.
M. Syveton f^-srle à son tour du sort du per-'
sonnel éfcseignant. -.
La discussion est renvoyée A aujourd'hui. i
H. D. 1
-
AU SÉNAT
M. Fallières préside. — Î
On valide l'élection de M. Gustave Riret daal
l'Isère:
p/.r^ £ DrP'WtMcnTS
, î.,e Numéro CINO CEN"l'Ir.,1:EB'
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AUX BUREAUX DU JOURNAL
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De 4 à 8 heures du soir et de 10 heures du soir à 1 heure du matin
Ne 1231<1, — Samedi 28 Novembre 1903
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ADMINISTRATION : 14, rue du Uail
Adresser lettres et mandats à VAdministrateur
IVOS LEADERS
L'Hnr rtlln
M. Sigismond Lacroix ne m'en vou-
dra pas de reprendre le titre de son
spirituel article de mardi. Oui! l'heure
opportune. A mon sens toute la ques-
tion est là. L'opportunité, voilà un mot
qui bénéficia jadis d'un singulier dis-
crédit. N'importe. La chose, que je sa-
che, n'a jamais cessé de constituer la
monnaie courante de la politique. Je
n'ai jamais connu de parti, je n'en con-
nais pas encore qui, dans ses actes,
ne se soit montré plus ou moins op-
portuniste. Au bon sens du mot, s'en-
tend. Comment pourrait-il en être au-
trement? N'est-il pas élémentaire, es-
sentiel de tenir compte des circons-
tances, alors surtout qu'il s'agit d'une
réforme qui doit avoir pour consé-
quence de troubler brusquement les
situations les plus légitimement acqui-
ses?
Et c'est bien le cas dans la question
qui nous occupe, puisqu'il s'agit de
modifier de fond en comble, à quel-
ques mois des élections de mai pro-
chain, le mode de votation d'une
grande ville comme Paris et d'exercer
— dans quel sens ? on l'ignore, — sur
les résultats du scrutin, une influence
prépondérante,
Cette question se présente ainsi sous
un aspect tout différent, suivant qu'on
l'examine au fond, en elle-même, ou
au point de vue.de l'opportunité.
Au fond, nous l'avons dit, tout le
monde paraît d'accord qu'il y a quel-
que chose à faire. Le scrutin par
quartier présente tous les inconvé-
nients qu'on a fait valoir si souvent à
l'encontre du scrutin d'arrondisse-
ment. D'autre part, certains petits
quartiers de Paris, tels que Gaillon ou
Bal-Air, qui n'ont que douze ou quinze
cents électeurs, nomment néanmoins
un conseiller muéinipal, tout comme
Clignancourt, qui compte vingt-deux
mille électeurs inscrits. C'est une ini-
quité flagrante. C'est la méconnais-
sance la plus brutale du principe de
la proportionnalité en matière de man-
dat public. On peut varier sur la fa-
çon, mais non sur la nécessité de por-
ter remède à de pareilles anomalies.
il y a, sans aucun doute, des mesures
à prendre et des changements à faire
dans le mode de scrutin.
Mais est-ce bien l'heure, aujour-
d'hui, de prendre ces mesures, de
faire ces changements ? Voilà le point
discutable, le point délicat.
Il y a plus de trente ans que le sys-
tème actuel fonctionne. On ne saurait
l'oublier. Non pas qu'à diverses re-
prises, qu'à divers intervalles on n'ait
formulé des propositions de réforme.
Mais aucune de ces propositions, si je
ne me trompe, n'a encore été discutée
par le Parlement. A la suite des élec-
tions municipales de 1900 qui avaient
amené à l'Hôtel de Ville un majorité
nouvelle, M. Charles Bos prit à nou-
veau l'initiative d'une proposition qui
tendait à diviser Paris en quatre ou cinq
grands secteurs dont chacun devait
nommer, au scrutin de liste, un nom-
bre de conseillers proportionnel à son
importance électorale. Personne à ce
moment là ne voulut s'intéresser à la
proposition de Charles Bos. Au con-
traire, de tous côtés on le pria même
de ne pas insister. Ce qu'il fit de la
meilleure grâce du monde. La question
ne fut plus agitée que ces derniers
jours.
Eh bien je dis qu'il est bien tard,
que l'heure est mal choisie, que cela
lie va pas tout seul; qu'il y a des
objections sérieuses.
Diviser Paris en grands secteurs
électoraux, brusquement, comme cela,
sous forme d'une loi de circonstance,
presqu'à la veille du scrutin ! Mais
dans quelles conditions? Sur quelle
base ? Quelles garanties donnerez-vous
au centre de la ville ? Est-ce que vous
auriez la prétention de le submerger
sous le flot débordant de la périphé-
rie? Vous allez faire crier à l'arbi-
traire :
Dans tous les quartiers de Paris les
positions sont déjà prises, les forma-
tions de combat arrêtées, les candidats
choisis. Les comités ont dressé l'ordre
de bataille. La campagne est partout
commencée. Vous allez paralyser les
uns, décourager les autres. Une fois
le champ du scrutin élargi par les
secteurs et par la liste, de nouveaux
candidats vont entrer en ligne. Certes
ce sera de leur part l'exercice d'un
droit incontestable. Mais n'en résul-
tera-t-il pas un désordre politique et
des froissements dont un adversaire
habile va profiter ? Ne craignez-vous
pas de voir surgir de tous côtés les
rivalités mal éteintes, de voir se dres-
ser des compétitions que maintenait
la force des situations acquises, qui
s'étaient rangées, dans un intérêt su-
périeur de discipline républicaine,
sous la bannière du conseiller sortant,
ma-is qui n'hésiteront pas à rentrer en
ligne en présence d'une situation nou-
velle et de candidats nouveaux ?
Enfin, comment une population im-
pressionnable comme la population
parisienne prendra-t-elle une réforme
en ap¡mrenœ",trop improvisée, à la-
quelle on ne semblait même pas son-
ger hier et qu'on boucle aujourd'hui,
d'urgence, comme s'il s'agissait d'une
mesure de salut public? Nos adver-
saires ne manqueront pas de présen-
ter ce changement radical comme une
sorte de mainmise de l'autorité pu-
blique sur la pleine liberté de choix
des électeurs. N'allons-nous pas leur
fournir ainsi nous-mêmes une plate-
forme électorale? Ce qu'ils cherchent
peut-être , leurs anciennes plates-
formes paraissant diablement usées.
**j(
M. Sigismond Lacroix dont le grand
sens politique est aussi remarquable
que le talent ne manquera pas d'ap-
précier la portée de ces diverses objec-
tions que je ne fais qu'indiquer, mais
dont il paraît difficile de méconnaître
la force.
C'est dans cet esprit et dans cet es-
prit seulement que je m'étais permis
de parler de l'utilité d'une entente
préalable. Je n'ai pas besoin de dire
qu'il n'y avait là, de ma part, aucune
espèce de prétention personnelle que
rien ne pourrait justifier d'ailleurs au
regard d'hommes comme le président
de l'Alliance démocratique et M. Sigis-
mond Lacroix qui sont des vétérans
de nos luttes républicaines et l'hon-
neur de notre grand parti.
Au reste, il n'est pas dit qu'il n'y a
rien à faire. Si je suis bien renseigné il
ne s'agirait plus maintenant ni de
grands secteurs, ni de scrutin de liste.
Tout resterait provisoirement en état,
on donnerait seulement à certains
quartiers dont la population électorale
est vraiment disproportionnée un ou
deux conseillers en plus. De prime
abord cela paraît de justice élémen-
taire. Les objections fondamentales
qu'on peut adresser à la réforme d'en-
semble disparaissent. Si elle amène ce
résultat, la discussion provoquée par
l'Alliance démocratique et portée à la
connaissance du grand public par
M. Sigismond Lacroix, n'aura pas été
inutile.
Louis Puech.
——————————— -
LES ŒUVRES POST-SCOLAIRES
La discussion générale du
budget de l'Instruction publique
a montré combien, dans cha-
cune des fractions républicaines
de la Chambre, on apprécie le
dévouement éclairé des institu-
teurs et des professeurs.
Les orateurs qui se sont fait entendre ont
montré la nécessité de donner le? moyens
de vivre, d'une façon convenable à ceux qui
opposent la digue de la raison et de la
science à l'inondation du soi-disant ensei-
gnement des congréganistes.
On a attiré particulièrement l'attention
de la majorité de la Chambre sur l'état des
oeuvres post-scolaires. Il est, hélas, trop
vrai, comme l'a dit M.Couyba, que la Ré-
publique ne fait pas en faveur de ces œu-
vres des sacrifices comparables à ceux que
les cléricaux consentent pour les fondations
analogues qui répandent leurs doctrines.
Dans ce journal on a rappelé qu'il avait
été question d'une « crise des Universités
populaires ». II y a eu en ce sens UDe exa-
gération pessimiste, comme le prouve la
discussion d'hier. Les œuvres libres laï-
ques, telles que les Universités populaires,
sont, ainsi que les œuvres post-scolaires
proprement dites,en voie d'agrandissement
continuel.
Mais ce serait se faire une dangereuse
illusion, de croire que l'initiative indivi-
duelle n'épuisera jamais ni ses forces ni
ses ressources.
La République doit encourager les ef-
forts qui sont tentés pour répandre dans le
pays le goût de la discussion et les princi-
pes de la Révolution.
A ce prix, elle verra se constituer autour
d'elle une phalange invinsible de défen-
seurs. - Ch. B.
| «
UNE RÉPÉTITION DE LA GUERRE DU TRANSVAAL
(De noire correspondant particulier)
Capetown, 26 novembre.
Un syndicat sud-africain a trouvé une idée
bien originale pour augmenter les fonds des-
tinés au rapatriement des Boers.
Il se propose d'organiser à l'Exposition de
Saint-Louis une reconstitution des phases de la
guerre du Transvaal.-
Des généraux boers et des officiers britan-
niques qui avaient pris part à la campagne
sud-africaine ont été gagnés à l'entreprise.
Des batteries en lieras manœuvreront sur la
scène, que figurera un vaste champ, autour
duquel il y aura un amphithéâtre pour vingt
mille spectateurs.
On a engagé des anciens combattants :
mille du côté des Boers et autant du côté des
Anglais.
Les Boers seront commandés par le géné-
ral Ben Viljoen et le commandant Kemp; les
Anglais par le commandant Ross, ancien" chef
des scouts canadiens et M. Arthur Lewis, an-
cien lieutenant du général Plumer.
UNE RÉVOLUTION DANS LE CAMP DES QUAKERS
IDe notre correspondant particulier)
Londres, 26 novembre.
Un schisme très grave menace la secte des
Quakers. Une fraction voudrait créer des prê-
tres professionnels.
Les orthodoxes s'opposent à cette « réfor-
me M; ils invoquent la tradition établie par
Georges Fox, d'après laquelle un membre
quelconque de la paroisse peut prononcer un
sermon si, étant dans la réunion des fidèles,
il est subitement inspiré par le Saint-Esprit.
- A York, un congrès s'est réuni pour tran-
cher lo différend. Les partisans de la création
d'un clergé permanent donnent comme raison
le fait Jlle les inspirations deviennent do plus
en plu:} ral's. - * -
AU METRO
.- - • I II
La ligne circulaire n° 2. — Etat des
travaux. — Trocadéro-Passy. — Le
viaduc de Passy. — Travail de
géants. — Explications tech-
niques. — Promenade
dans un chantier.
Un nouveau tronçon du Métropolitain vient
d'être mis en exploitation, il y a quelque
temps, dans la partie qui va du Trocadéro au
quai de Passy. Ce tronçon fait partie de la ligne
circulaire n" 2 (partie sud), qui ira du Troca-
déro au pont d'Austerlitz (rive droite) par les
boulevards extérieurs de la rive gauche.
La ligne circulaire n° 2 est divisée en onze
lots, dans la plupart desquels les travaux sont
achevés. Le 1er lot (Trocadéro-Passy) a été tout
récemment livré au public. Le second lot
comporte la traversée de la Seine. Les 3% 4e et
5' lots (du pont de Grenelle à la rue de Vaugi-
rard) sont en viaduc : les maçonneries sont
terminées; la partie métallique est en place.
Les 6e et T lots (do la rue de Vaugirard au
boulevard Edgar-Quinet et Ju boulevard Ed-
gar-Quinet à la rue Dareau) sont en souter-
rain. Il ne reste plus qu'à poser la voie. Les
gares sont achevées. Le 8e lot (de la rue Da-
reau à la rue Corvisart), qui est aérien, est
presque achevé.
Le 9e lot est eh bonne voie !t'exécution. Ce
lot comprend trois parties : 1° une branche
contournant la place d'Italie pour se continuer
par la ligne n° 6 (de la place d'Italie au cours
de Vincennes) ; 2° une boucle faisant le tour
de la place ; 3" une branche soudée à la boucle
et se continuant par le boulevard de l'Hôpital,
Enfin, dans les 10e et 11* lots (du boulevard
Saint-Marcel au pont d'Austerlitz) on a com-
mencé l'entreprise des ouvrages aériens.
En résumé, sur la ligne circulaire sud, les
travaux sont presque partout achevés, et avant
peu des trains pourront y circuler. Les deux
points difficiles de l'entreprise étaient les tra-
verséesTde la Seine au pont de Passy etau pont
d'Austerlitz. Au pont d'Austerlitz, les travaux
ne sont pas encore commencés. Au contraire,
le chantier est en pleine activité à Passy.
Aimables fonctionnaires
Après m'être muni de l'autorisation néces-
saire auprès de M. Bienvenue, ingénieur en
chef du service technique du Métropolitain, et
avoir écouté les explications documentées et
fort intéressantes de M. Louis Biette, ingénieur
adjoint à M. Bienvenue, je me suis transporté
à Passy, au bas de la rue Alhoni, et, par une
petite porte à glissière ménagée dans la pa-
lissade, j'ai pénétré dans le chantier. Après
mille tours et détours au milieu de blocs de
pierre, d'amas d'armatures métalliques, après
avoir manqué souventes fois de choir en des
crevasses subrepticement dissimulées par des
planches vermoulues, après m'être convena-
blement sali, je suis arrivé à , une petite mai-
sonnette en planches où j'ai trouvé trois ai-
mables fonctionnaires du Métropolitain qui,
tout de suite, m'ont offert une chaise près d'un
bon feu et une cigarette. Dans la grande pièce
aux murs tapissas d'épures, de devis et de
plans, M. Thierry, conducteur des ponts-et-
chaussées, chef de subdivision, va et vient,
vêtu d'une grande blouse blanche qui tombe
jusqu'aux talons. La tenue de ses deux ad-
joints, MM. Crocé-Spinelli, neveu du célèbre
aéronaute, et Desrues, n'est pas différente de
la sienne.
Je dis qui je suis, et j'expose le but de ma
visite.
.- Vous venez pour le Rappel et le XlXc Siècle,
dit alors l'aimable conducteur des ponts-et-chaus-
sées. Vous ne pouviez avoir une meilleure recom-
mandation auprès de moi.
Et tout de suite, il s'emparo d'une épure, et,
en termes techniques que je comprends mai,
il m'expose ce qu'on a fait, et ce qu'on fora.
Mais M. Thierry s'aperçoit bien vite que jo ne
saisis pas toutes ses explications.
— Tenez ! me dit-il, il est préférable que vous
visitiez le chantier : vous verrez beaucoup mieux
ce qui a et'!) tait. M. Desrues, qui connaît parfai-
tement l'état des travaux, va vous piloter et vous
fournir les renseignements qui intéresseront vos
lecteurs.
J'accepte, et nous nous rendons, M. Desrues
et moi, sur le chantier..
A travers un chantier
Nous parcourons tous deux le chemin que
j'ai suivi pour me rendre un instant aupara-
vant au bureau des ingénieurs, et nous nous
rendons à l'endroit où se trouvera l'entrée du
viaduc qu'on est en train de construire dans
l'axe de la rue Alboni. A nos pieds coule la
Seine.
A quelques mètres du bord, un caisson mé-
tallique, couvert d'échafaudages, de planches
et d'échelles, est à demi-enfoncé. Une équipe
d'ouvriers va et vient, travaille dans le fond
du caisson, qui va peu à peu descendre jus-
qu'au lit du fleuve et s'enfoncer dans la terre
pour constituer l'un des piliers du viaduc.
Plus loin, au milieu du fleuve, j'aperçois un
caisson identique. Ce second caisson est en
place, enfoncé à 15 mètres environ au dessous
du niveau du fleuve, dans le terrain solide qui
se trouve à la base de l'argile plastique qui
constitue le lit de la Seine.
Plus loin, c'est la pointe de l'île des Cygnes.
Là, on a fait une vaste tranchée et on a enlevé
la terre jusqu'au niveau du fleuve. Un batar-
deau a été pratiqué pour permettre le travail.
Do l'autre côté de l'île, c'est le petit bras de la
Seine, du milieu duquel dépasse le sommet
d'une échelle qui tient dans celte situation on
ne sait trop comment. Après, c'est la rive gau-
cho de la Seine, où les travaux, du point où
nous sommes,, ne paraissent pas très avancés.
Tel est le tableau que nous avons devant les
yeux.
W A droite, reposant sur pilotis, la passerelle
de Passy, l'ancienne passerelle qui se trouvait
sur l'emplacement même que va occuper le
viaduc du métropolitain et qu'on a déplacée de
30 mètres en aval. La passerelle a été coupée
longitudinalement en deux par une palissade
qui ferme de ce côté le chantier de Passy. La
portion qui est hors du chantier est livrée à la
circulation des piétons. Sur la partie qui est
dans le chantier, l'entrepreneur de travaux
publics, M. Gouchon, a installé une voie ferrée
où circulent des tracteurs électriques servant
au transport des matériaux.
Voilà ce que tout le monde peut voir en
descendant la Seine en bateau. Cela semble
peu de choses, et, à moins d'avoir un cicérone
compétent, il est impossible de savoir quel est
exactement le degré d'avancement des travaux
et quel aspect présentera, quand il sera achevé,
l'ouvrage gigantesque qui a été entrepris à cet
endroit.
Ce qu'on doit faire
L'ouvrage que nous construisons, me dit M.
Desrucs, sera d'une importance beaucoup plus
grande que la passerelle de Passy, qui se trouvait
à peu près sur le même emplacement et que,
comme vous voyez, nous avons transportée à 30
mètres en aval; car, en même temps qu'il servira
au passage du Métropolitain, il supportera une
voie de communication charretière entre les quar -
tiers de Passy et de Grenelle. Le pont charretier
aura 24 m. 70 do largeur et comportera deux
chaussées latérales séparées par un promenoir cen-
tral.
C'est au-dessus de ce promenoir que régnera,
supporté par des piliers en fer, le tablier du che-
min de fer. Les chaussées seront à 8 m. 50 envi-
ron, et le rail du Métropolitain à 16 m. au-dessus
du niveau de la Seine.
J Sur le grand bras, le pont comportera trois tra-
vées de 30 m., 54 m., et 30 m. de portée. Sur le
petit bras, il y aura également trois travées dont
les portées seront de 2% m., 42 m. et 24 m. d'une
rive à l'autre.
La longueur totale du viaduc sera de 223 m. 50
en y comprenant l'ouvrage en maçonnerie qui s'é-
difiera sur l'île des Cygnes.
Le projet primitif, ajoute mon complaisant
guide, franchissait le grand bras d'une seule arche
Mais le service de la navigation dont les décisions
sont souveraines en cette matière, s'est opposé à
cette manière de faire, et c'est lui qui a exigé que
nous construisions trois travées sur chaque bras.
Pour quelle raison? Mystère.
Les fondations des appuis sont descendues par le
procédé dit : à l'air comprimé. Les caissons des
piles mesurent 32 m. 57 sur 7 m. 50 et ceux des
culées 30 m. sur 8 m. 50. L'ossature métallique
comprendra dix fermes en acier en forme d'arc
réparties sur la largeur de l'ouvrage. Le type de
ferme adopté est celui dit « Cautilever » qui
n'exerce pas de poussées obliques sur les appuis.
Les deux fermes centrales supporteront les piliers
du tablier du chemin de fer dont la largeur sera
de 7 m. 30. Le poids totai des fers s'élevera. en- y
comprenant les travées d'approche, à 4,000 tonnes
environ, soit 4 millions de kilogrammes. Les tra-
vaux ont été adjugés, après concours; à MM.
Daydé et Pillé, constructeurs à Creil. J'en ai fini
avec les détails techniques, me dit en souriant M.
Desrues. Nous allons, si vous le voulez bien, visiter
les différentes parties du chantier et, au cours de
notre promenade, jo vous donnerai les explications
qui éciairciront considérablement ces données
scientifiques et ardues.
Ce qu'on a fait
J'accepte la proposition de mon cicérone, et
nous voilà repartis. à travers les fondrières et
les matétiaux, marchant dans la boue ou dans
[a poussière, grimpant sur des monceaux de
pierres pour mieux examiner le point de vue,
menacés à chaque minute d'être heurtés par
les madriers que transportent des ouvriers,
échappant à plusieurs reprises à un écrase-
ment certain par les wagonnets qui circulent
à toute vitesse sur les rails qui sillonnent le
chantier !
— Du côté de Passy, me dit M. Desrues, un rao
numental escalier donnera accès au pont pour les
piétons. Deux rampes de raccordement, à droite et
à gauche de cet escalier,permettront, par une pente
douce, aux voitures de gagner la voie charretière.
Les travaux de ces rampes d'accès sont à peu près
achevés, comme vous le voyez. Pour les balustres,
les bahuts et les rampes d'accès, la pierre em-
ployée est la pierre dite de Coutarnoux. Au con-
traire, pour les soubassements des culées, on em-
ploie la pierre de Souppes.
Du côté de Grenelle, le raccordement du pont se
fera de plnin-pied. Un pont à béquille franchira
d'un seul jet le pont du chemin de fer des Invali-
des et le quai de Grenelle et établira la continua-
tion de la voie du chemin de fer métropolitain
avec la partie qui est déjà achevée, en viaduc, sur
le boulevard de Grenelle.
Par un petit escalior en planches vacillan-
tes, nous montons sur la passerelle do Passy,
où, comme je l'ai déjà dit, circulent sur une
double voie des tracteurs électriques.
Sur la passerelle
Lentement, M. Desrues et moi, nous parcou-
rons la passerelle. Nous nous trouvons au ni-
veau du premier caisson qui flotte et nous re-
gardons curieusement le mouvement des ou-
vriers qui, vus ainsi on raccourci, présentent
un aspect des plus curieux.
— On travaille nuit et jour .dans le chantier, dit
M. Desrues. Dix-huit cents ouvriers se relaient in-
cessamment, divisés en 3 équipes, dont chacune
travaille 8 heures : de 6 h. du matin à 2 h. de
l'après-midi, de 2 h. à 10 h. du soir, et de 10 h. du
soir à 6 h. du matin.
Plus loin, c'est le batardeau dont j'ai déjà
parlé. A cet endroit, l'île des Cygnes a com-
plètement disparu. Il n'en reste que la pointe
extrême qu'on a conservée pour la construc-
tion du batardeau. Qu'est-ce donc qu'un ba-
tardeau ? Figurez-vous un anneau, large de
mètres environ, formé do terre battue enser-
rée entre des pilotis. Au centre de l'anneau, la
pointe de l'île, qu'une équipe d'ouvriers est
occupée à détruire et qui sera ultérieurement
remplacée par un massif de maçonnerie. Sur
l'anneau, des ouvriers, poussant des brouettes,
circulent. Du côté du petit bras, sur l'anneau,
sont installées deux puissantes pompes qui re-
tirent l'eau à mesure quo celle-ci se montre.
Là, les ouvriers travaillent dans un véritable
marécage et ils doive^têire chaussés de hautes
bottes imperméables.
Au milieu du petit bras, nous revoyons
l'échelle que nous avons aperçue du quai de
Passy.
— C'est, me dit M. Desrues,l'échelle du scaphan-
drier qui déboulonne les piliers de l'ancienne pas-
serelle.
Nous voici sur le auai de Grenelle.
L'appui du viaduc est achevé de ce côté,
comme du côté de Passy. Comme la voie du
chemin de fer des Invalides à Versailles passe
à cet endroit et que la compagnie des chemins
de fer n'a pas voulu autoriser le Métropolitain
à appuyer son ouvrage sur le soubassement de
la voie, il a fallu construire cet appui à quel-
ques mètres en avant du mur de la compagnie
de chemins de fer et cela nOa pas facilité la
besogne. L'espace resté libre entre les deux
ouvrages sera comblé avec de la terre, lorsque
tout sera terminé.
Après un coup d'œil aux travaux qui s'achè-
vent sur le boulevard de Grenelle, nous reve-
nons, mon guide et moi, sur la berge du quai
de Passy et nous allons jeter un regard sur
les machines, dynamos, moteurs à gaz, com-
presseurs pour la production d'air comprimé,
qui sont placés dans un vaste baraquement en
bois.
Je remercie M. Desrues de l'intéressante et
instructive visite qu'il vient de me faire faire,
je serre la main de M. Thierry, et je pars en
emportant de cette entreprise grandiose et si
merveilleusement conduite, une forte impres-
sion et un souvenir précis.
Puisse la façon dont j'ai traduit ce que j'ai
vu et ce qu'on m'a expliqué donner la même
impression et laisser le même souvenir aux
lecteurs du Rappel et du .ÏLF Siècle! —
André Joubert.
GRANDES MANŒUVRES AUX ÉTATS-UNIS
ffle notre correspondant particulier)
New-Yorli, 26 novembre.
L'été prochain, il y aura dans les environs
de New-York des grandes manœuvres suivant
la méthode adoptée en France.
On réunira à cet effet 150.000 hommes. Les
opérations de campagne seront précédées par
un essai de mobilisavion.
.— 1 - -■■■■
NOUVELLES DE L'EXPÉDITION
DU POLE MAGNÉTIQUE
(De noire correspondant particulier)
Christiania, 26 novembre.
Les nouvelles alarmantes répandues par les
baleinier? de Dundee sur le sort do l'expédi-
tion du capitaine Amundsen, ne se confirment
pas. Le conseiller danois, M. Hansen, qui ao
compàgnc le capitaine daps son voyage vers
le pôle magnétique vient d'écrire une lettre à
son père lui annonçant que le navire Gjœa
est arrivé sans incident à Godhavn dans le
Groenland. Tout le monde à bord se porte
bien. Lo 31 juillet l'expédition est partie de
Godhaven dans la direction du nord-ouest,
vers la baie de Baffin. Elle compte passer l'hi-
ver à Beckry-Island. Le Gjoea a fait preuve
d'une résistance admirable malgré ses petites
dimensions. D'autre part on a reçu à Chris-
tiania une lettre d'Amundsen même qui cor-
robore les renseignements de M. Hansen. Il
dit entre autres que si pendant quelque temps
on n'a pas de nouvelles de lui, ce sera bon
signe.
Voir- à la 3e page
les Dernières Dépêches
LE SIFFLEUR DE M. THUREAU-DANGIN
C'est de l'Est aujourd'hui que nous vient le siffleur î
A moi tous les vocatifs, toutes les interjec-
tions, tous les : Grands dieux 1 Juste ciel ! etc.,
pour essayer de vous rendre la stupéfaction,
la colère, l'indignation et l'ahurissement des
académiciens quand, sous la coupole sacrée, a
retenti, hier après-midi, un coup de sifflet
strident, sardonique et railleur.
M. Thureau-Dangin, cet illustre historien
qui avait rêvé d'être pour la bourgeoisie ce
que les Quinet et les Michelet ont été pour la
démocratie, M. Thureau-Dangin chargé de
rédiger le discours annuel sur la distribution
des prix de vertu s'était bien promis de tancer
d'importance ces infâmes républicains.
Il n'avait que l'embarras du choix, car,
parmi les lauréats, figurent toujours, par le
plus grand des hasards, une foule de cléri-
caux, de sœurs, de moines et de curés. Juste-
ment, cette année, le prix Moptyon, de 3,000
francs, est attribué à la sœur Saint-Charles,
Libreville (Congo français).
Pouvions-nous oublier, s'est écrié M. Thureau-
Dangin, avec des trémolos dans la voix, que le
courrier qui devait lui porter en Afrique la notifi-
cation du prix que nous lui décernions, lui porte-
rait en même temps le douloureux récit des
épreuves subies, sur la terre de France, par ses
sœurs en religion ? Troublée, blessée par ce récit,
elle se sera demandée avec angoisse en quoi la
vie de dévouement à laquelle elle et ses pareilles
se sont consacrées, pouvait leur attirer tant de
haines. Souhaitons qu'alors elle ait été un peu
rassurée et consolée en voyant que d'autres ho m-
mes qui ont, ce semble, un titre plus durable que
les proscriplews d'un jour, à parler au nom de
la pensée française, s'accordaient, au contraire,
sans distinction d'opinions et de croyances, à lui
témoigner leur reconnaissance et leur admira-
tion.
Au moment où l'historien prononçait son
petit passage « rosse » : .un titre plus dura-
ble que les proscripteurs d'un jour, un coup
de sifflet aigu partit de la tribune de l'Est.
Vous voyez d'ici cette révolution dans la
select assemblée, les pâmoisons des belles ma-
dames et les attitudes plastronnantes des beaux
messieurs indignés.
La séance fut suspendue une minute. Puis.
on se rassura en voyant que la coupole ne s'ef-
fondrait pas sur le siflleur sacrilège, et l'on
applaudit longuement M. Thureau-Dangin.
Avec un courage et un dévouement qui, à eux
seuls, mériteraient tous les prix Montyon réu-
nis, le grand historien, l'immortel ayant en
cette qualité « un titre plus durable à parler
au nom de la pensée française », a poursuivi
tranquillement et sans autre incident un dis-
cours qui, cette année, ne passera pas ina-
perçu.
Quant au siffleur, il n'a pu être retrouvé par
les huissiers qui s'étaient cependant précipités
vers la tribune Est avec une rapidité inaccou-
tumée et une humeur toute belliqueuse.
C'est dommage, car j'aurais serré avec plai-
sir la main de cet homme de bien, grand in-
troducteur du simet à l'Académie française —
et réactionnaire. — Rantanplan.
DANS LE XIIe ARRONDISSEMENT
Le comité républicain socialiste de la 2" cir-
conscription du 12' arrondissement (groupe
d'études sociales) organise une réunion privée
qui aura lieu demain samedi, à 8 h. 112 du
soir.
Le local choisi est la salle Ruyer, 99, boule-
vard Diderot, et 5, rue de Picpus.
Ordre du jour : 1° Conférence par le docteur
Salmon, sur le scrutin d'arrondissement et le
scrut'n de liste.
2" Conférence sur les Sociétés commerciales
de travail, par le cit. Hugues Destrem, rédac-
teur au Rappel.
Le siège social du comité est salle Duroy,
49, rue de Reuilly. — S'adresser au secrétaire
général, Ed. GIBIER.
LES « TACITURNES » DU PARLEMEfH ANGLAIS
fDe notre correspondant particulier)
Londres, 26 novembre.
L'annuaire pour la session de 1903 de la
Chambre des Communes constate qu'un cin-
quième des membres do celle honorable as-
semblée siège dans un mutisme absolu. Ces
taciturnes n'adressent pas même de questions
aux ministres.
Fait curieux, les représentants des Univer-
sités de Cambridge, de Glasgow et de Camp-
bell appartiennent à ce groupe de muets. La
presse y est aussi représentée par Sir John
Willox qui est plus loquace dans les journaux
qu'il dirige.
LES LIBRES PENSEURS DE FRANCE
La commission exécutive de l'Association
Nationale des Libres Penseurs de France a tenu
une réunion extraordinaire mercredi, à 4 h. 1]2.
M. Gustave Hubbard présidait.
Le secrétaire général fait connaître les diffi-
cultés en présence desquelles il s'est trouvé
pour l'organisation du congrès de la libre-
pensée qui devait avoir lieu à Reims et com-
munique un télégramme de M. Arnould, maire
de Reims.
Après avoir examiné la situation, la com-
mission executive décide que le congrès se
tiendra à Paris les 25, 26 et 27 décembre.
Une commission composée de Mme Nelly
Roussel, de MM. Hubbard, Baurens et Char-
bonnel est chargée de l'organisation.
Sur la proposition de M. Hubbard, une sub-
vention de 100 francs ost votée pour aider les
libres penseurs de Dunkerque à soutenir le
procès qui leur a été intenté à l'occasion des
manifestations contre les processions reli-
gieuses.
La commission décide ensuite de nommer
une commission qui sera èhatgéé dé procéder
à des enquêtes approfondies sur toutes ques-
tions pouvant intéresser la libre-pensée.
Cette commission, composée de neuf mem-
bres, est élue immédiatement. En font partie :
Mmes Maria Vérone, Pelloutier, D' Edwards
Pilliet, MM. Charpentier, Guinaudeau, D'Mes-
lier, Allemane, Paul Fleurot, Mirel.
M. Rebins demande la création a'une com-
mission d'assistance juridique, et M. Georges
Renard l'établissement d'une sorte de bureau
de placement destiné à venir en aide aux prê-
tres qui s'évadent du clergé.
Cette dernière proposition est momentané-
ment écartée.
Le principe d'une commission d'assistance
juridique est adopté; il sera fait appel aux
concours d'un certain nombre d'avocats libres-
penseurs dont la liste sera établie ultérieure-
ment. — Le secrétaire ; Paul FLEUROT.
LA JOURNEE
PARLEMENTAIRE
A LA CHAMBRE
LE BUDGET DES POSTES
La Chambre a tenu, hier, une séance le m:¡,
tin et une autre l'après-midi.
M. Etienne préside la première.
M. Paul Constans demande un relèvement
de crédit en faveur du personnel des agents
des postes.
M. Charles Chabert dépose une motion pour
diminuer les crédits do l'Ecole professionnelle
des postes. - -
M. Marcel bembat. réclame la suppression
des feuilles signalétiques qui renferment sur
les agents des notes secrètes que leurs chefs
sont seuls à connaître.
M. Cachet demande l'extension de cette sup-
pression à tous les fonctionnaires, -
M. Paul Constans demande un jour de congd
par mois pour les sous-agents.
Deuxième séance
M. Léon Bourgeois préside.
La Chambre adopte la proposition de M„
Carnaud, relative aux sociétés d'auteurs et dè
compositeurs de musique.
On revient au budget des Postes.
M. Fournier critique l'organisation de la
Poste restante qui délivre les lettres trop faci«
lement. Elle ne devrait du reste recevoir que
les lettres qui portent le nom du destinataire;"
M. Sembat montre que cette mesure ne ser-
virait à rien qu'à faire remplacer les initiales
employées par les personnes qui ne veulentpaj.
déceler leur identité, par des pseudonymes.
Un projet de résolution de M. Chasteneteil
faveur de la diminution des abonnements est
adopté.
LE BUDGET DE L'INSTRUCTION
PUBLIOU
La Chambre passe au budget de l'instruM
tion publique.
M. Chaume! prend la parole dans la diseur
sion générale. 1
Bjl. Chaumet. — Le rapporteur a rendu un
juste hommage à l'Université, tout en lui adres-,
sant quelques critiques. L'Etat est suffisamment
armé, espérons-le, contre l'influenee des coteries,
signalée par le rapporteur. S il en était autre-,
ment, le Parlement devrait intervenir.
Il faut conjurer le péril de l'enseignement pri"
maire qui sera aggravé après le service de deuf,
ans que la Chambre votera bientôt.
Il faut relever le traitement des instituteurs.
Les traitements de 187;) étaient des traitements
minima auxquels il fallait ajouter le produit de la
rétribution scolaire. Eu fait, dans beaucoup de
communes, les traitements étaient supérieurs &
deux mille francs. La loi de 1880 établit la gra-
tuité de l'enseignement primaire aux dépens des
instituteurs eux-mêmes. La loi de 1889 ne put pas
apporter une amélioration sensible à la situation
des instituteurs, en raison de la façon dont était
établi le classement.
La Chambre a le devoir de réparer les injustices
du passé.
Il faut établir le classement en tenant compte
de l'ancienneté générale des services.
J'ai déposé, avec plusieurs de mes collègues, tiner
proposition qui a été renvoyée à la * commission
du budget.
M. Couyba signale à la Chambre la situation
critique des œuvres post-scolaires et particu-
lièrement des cours d'adultes, si peu subven-
tionnés par l'Etat et si fortement attaqués par
les œuvres confessionnelles.
Dans un rapport, M. Edouard Petit divis'e
les œuvres post-scolaires en deux catégories:
œuvres d'enseignement et œuvres sociales.
Toutes ces œuvres sont en progrès. Toute-
fois, il faut faire une réserve en ce, qui con-
cerne les cours d'adolescents.
M. Couyba parle successivement des lectures-
publiques, des sociétés d'instruction populaire,
des Universités populaires, des Foyers du sol-
dat, des Mutualités scolaires — Petites Cavé.
— L'Etat devrait encourager ces œuvres.
M. Couyba s'occupe de l'organisation néces-
saire des œuvres post-scolaires. -
M. J. Thierry traite la question de l'ensei..
gnement du droit.
M. J. Thierry. — En Allemagne, en Angle-
terre, partout où la vie économique est devenue
intense, on a reconnu la nécessité d'améliorer
l'enseignement supérieur dans toutes ses branches
pour le mettre en harmonie avec les besoins de.
notre époque.
Nos Facultés de Droit sont restées en arrière,
malgré les réformes successives opérées depuis
1880. - j
Il faudrait supprimer ce qui encombre actuelle-
ment l'enseignement du Droit : l'Histoire du Droit
et le Droit Romain. •
commun ; licences économique, politique, juri.
dique. -
M. Paul Beauregard dit que les critiques ap;/
portées par M. Thierry méritent une discus-
sion. (,
M. Beauregard. — Il faut remarquer que let:
Facultés de droit sont surtout destinées à formel
des jurisconsultes, et qu'il serait dangereux d'in-
troduire dans l'enseignement de cette Faculté une
trop grande quantité da sciences économiques et
sociales.
Nous ne laisserons rien retirer d'une œuvre que
nous avons considéré un peu comme la nôtre, et
qui a consisté à introduire l'histoire dans l'enseï
gnement juridique.
Nier l'histoire, c'est nier le plus haut des prin-
cipes philosophiques : celui de l'évolution.
Il convient de maintenir le droit romain qui est
partie intégrante de l'histoire. --,
Les paroles si hautes et si justes de M. Paul
Beauregard sont applaudies sur tous les bancs.
M. Thierry-Cazès se réserve de traiter ulté-
rieurement la question de la liberté politique
des membres de l'enseignement.
M. Thierry-Cazes. — J'espère que la Cham-
bre, avec l'aide du ministre, fera tout son possibla
pour donner satisfaction au projet des Amicales
des instituteurs.
La mission de l'instituteur grandit et devient
un véritable apostolat. -
Il sera en dehors des querelles locales le plu
utile auxiliaire de la République. '.,
En ce qui concerne l'enseignement secondaire,
on ne dira jamais assez de bien du zèle, de savoir
et du dévouement des professeurs.
Les professeurs des - collèges demandent avec?
raison à être assimilés aux chargés de cours des
lycées. M. Lafferre a déposé une proposition de lot
que la Chambre devra voter.
Il faut supprimer les notes secrètes..
Il convient de ne pas conserver l'école no?DttàM
supérieure qui, aujourùhlU, n'a plus de raison
d'être et fait double emploi avec les Facultés des'
Universités.
En attendant, les boursiers dM Universités doi-
vent être mis sur le même pied que les norma-
liens au point de vue de la retraite.
M. G. Baron dit que la condition modeste
faite aux membres de l'enseignement secon-
daire est indigne de la République -, j
Le budget de l'enseignement est ud budget'
qui s'impose à la démocratie.
M. Syveton f^-srle à son tour du sort du per-'
sonnel éfcseignant. -.
La discussion est renvoyée A aujourd'hui. i
H. D. 1
-
AU SÉNAT
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