Titre : Le XIXe siècle : journal quotidien politique et littéraire / directeur-rédacteur en chef : Gustave Chadeuil
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1903-11-27
Contributeur : Chadeuil, Gustave (1821-1896). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32757974m
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 68249 Nombre total de vues : 68249
Description : 27 novembre 1903 27 novembre 1903
Description : 1903/11/27 (N12313). 1903/11/27 (N12313).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k75755744
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-199
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 20/06/2013
CINQ CENTIMES le Naméroj PARIS DÉPARTEMENTS Le Numéro CINQ CENTIMES
f f W1W* CJîfifIT P
Juli Al A Dl £ ii9lj £ s
ArérVOWCES
AUX BUREAUX DU JOURNAL
14, rue du Mail, Paris.
TO chez MM. LAGRANGE, CERF etC*
6, place de la Bourse, 6
âtfNMe Télégraphique : XIX. SIÈCLE - PARIS
ACONE!U:ENTS
Paris. 8Trots sois 6 f. six mois 11 f. un a 20f.
Départements - 7 f. — 1 f. - Il r.
Union Postale — 9 f. — 16 f. - 32 te
Les Abonnements sont reçus sans frais
dans tous les Bureaux de Poste
REDACTION s 14, rue du Mail Paris
Do 4 à 8 heures du soir et de 10 heures du soir à 1 heure du matin
Nw 12313* - Vendredi 27 Novembre 1903
5 FRIMAIRE AN 112
IADHINISTRATION: 14, rue du Xail
Adresser lettres et mandats à VAi niantrateur
NOS LEADERS
L Pmm trr
Notre excellent collaborateur et ami,
Charles Grolleau, publie le deuxième
et dernier volume du « Journal du
capitaine François ».
J'ai présenté, voilà un peu plus de
quatre mois, aux lecteurs du Rappel,
le premier volume. Ils n'ont certes pas
tout à fait oublié ce capitaine François
qui, engagé volontaire à dix-sept ans,
en 92, guerroya tout d'une haleine
jusqu'en 1824, en Hollande, en Belgi-
que, en Italie, en Egypte, en Allema-
gne, en Espagne, en Russie — et en
France, lorsque l' « épopée » impériale
eut son dénouement logique, inévita-
ble: l'invasion.
Je me souviens d'avoir été dans
mon premier article quelque peu sé-
vère pour ce capitaine François, qua-
lifié : « modèle des soldats », et qui me
paraissait peu fait pour donner l'exem-
ple de toutes les vertus. En somme,
ce François n'était guère qu'un che-
napan, ne connaissant que la débau-
che après le massacre, et n'ayant au-
cun scrupule à se faire entretenir par
les « belles » que fascinaient ses mous-
taches.
Mais quoi? n'est-ce pas là ce que
l'habitude de la guerre fait des hom-
mes ? Nommez-moi un soldat de car-
rière qui n'ait pas été un brigand.
Faites-vous une différence, vous, en-
tre un conquérant et le chef d'une
bande de voleurs ? Napoléon Ier opé-
rait en p* lus grand que Cartouche,
Mandrin, Schinderhanne et le Rouge
d'Auneau, voilà tout. -
Mais néanmoins je félicitais, et
très sincèrement, Grolleau d'avoir re-
trouvé et publié ce journal du capi-
taine François. Je disais, on me par-
donnera de me citer moi-même — on
verra tout à l'heure pourquoi je le
fais :
« Le livre publié par M. Charles
Grolleau est un grand livre d'éduca-
tion morale ; faites-le lire aux jeunes
gens en leur disant : Voilà ce qu'on
devient, voilà à quel degré d'abjection
on arrive quand on prend l'habitude
de la guerre ; voilà en quelles bêtes fé-
roces et immondes la guerre trans-
forme les hommes, voilà ce qu'étaient
les prétendus héros de l' « épopée » :
des brigands, des scélérats. »
Certes! je n'ai rien à retrancher de
ce que j'écrivais il y a quatre mois,
mais voilà que, tout à l'heure, comme
j'étais en train de lire avec un intérêt
soutenu le deuxième volume, et que
j'étais arrivé à la page 609, j'ai senti
courir le long de mon échine un petit
frisson ; vous savez,ce frisson qui vous
saisit quand passe devant vous quel-
que chose de très beau.
Ecoutez ceci :
***
C'est en juin 1807, tout de suite après
la prise de Dantzick. La grande armée
campe, victorieuse, sur les champs de
bataille où elle a écrit avec son sang
des noms glorieux de victoires. L'an-
née précédente, c'était Iéna; l'année
d'avant, ç'avait été Austerlitz : hier,
c'était Eylau; demain, ce sera Fried-
land. A peine si les soldats, dont la
trombe formidable ravage l'Europe
épouvantée, ont le temps de reprendre
haleine entre deux mêlées.
Le corps auquel appartient François
est campé sur un des bords de la ri-
vière d'Omuler. Sur l'autre bord, sont
des cosaques.
On se regarde, vous comprenez, dans
le blanc des yeux ; sur les deux rives
de cette eau qui coule, tranquille et
pure, ignorante des crimes qui se com-
mettent à côté d'elle, sont les survi-
vants de la tuerie dont le flamboiement
achève à peine de s'éteindre dans les
cieux ; et ils fourbissent leurs armes,
dans l'attente de la tuerie dont la pro-
chaine aurore va donner Le signal.
Tout à l'heure le canon va se remet-
tre à gronder.et tous ces hommes mar-
cheront les uns contre les autres ; et
les « Hourra ! » des cosaques répon-
dront aux « Vive l'empereur ! » des
Français; et l'on va s'égorger, tâcher
de tout tuer, d' « anéantir M, le mot
sinistre, le mot infâme qui revient si
souvent dans le journal du capitaine
François. C'est la guerre.
Mais, en attendant, on a faim. Vain-
queurs et vaincus sont tacitement d'ac-
cord sur ceci : que les vivres sont ra-
res, et les estomacs creux.
Or, dans une lie, au milieu de la ri-
vière, s'aperçoivent, au ras du sol,
des feuillages bien connus. Il y a là
des pommes de terre !. Mais com-
ment faire pour les avoir? L'île est à
bonne portée de fusil de l'une et de
l'autre berge. Nul doute que ceux,
Français ou Russes, qui verront les
autres s'avancer, en bateau, à la con-
quête des bienheureuses fommes de
terre, ne tirent dessus.
Alors, comme cette pensée est venue
& tous, on s'entend; cosaques et volti-
geurs conviennent par signes— je suis
pas à pas le récit du capitaine Fran-
çais — par signes, car ils seraient
bien embarrassés de se faire compren-
dre par le langage, d'aller chercher, de
bon accord, les pommes de terre con-
voitées. A moyen d'une mimique ex-
pressive — quand on a faim, on devient
ingénieux — ils arrêtent toutes les
clauses de la convention conclue. De
part et d'autres ils déposesont leurs
armes avant de gagner l'île, cherche-
ront ensemble, mettront en commun
le produit de leurs recherches, et par-
tageront. Oui, vous avez bien lu : par-
tageront équitablement, en amis, en
frères. Et ainsi fut fait.
Vous les voyez : ces cosaques et ces
voltigeurs qui, cinq mois auparavant,
autour du funèbre cimetière d'Eylau,
s'entr'égorgeaient, fouillant ensemble
le sol, accroupis, agenouillés, creusant
le sol, mêlant ainsi leurs mains et je-
tant tous au même tas les précieuses
pommes de terre. Le capitaine Fran-
çois affirme, peut-être par amour-pro-
pre national, que les voltigeurs, « plus
alertes » ont trouvé plus de pommes
de terre que les cosaques. C'est possi-
ble. Ce qui importe, c'est que l'on ait
partagé bien également et qu'en se
quittant on se soit donné la main.
« Cela est arrivé souvent », ajoute
François, avec la sérénité de l'homme
qui n'a pas compris. Au surplus, dans
Toute la lyre, Victor Hugo raconte
comment s'était produit à Talaveyra-
de-la-Reine, en Espagne, un fait abso-
- lument analogue. En pleine action, les
combattants, étouffant de chaleur, dé-
vorés de soif, aperçoivent un ruisseau
qui court sous des arbres ; ils y cou-
rent, posant leurs armes, boivent côtè
à côte, se passent mutuellement les
casques pleins d'eau, puis, rafraîchis,
reviennent se battre.
***
- Ainsi vous le voyez : la guerre a
beau transformer les hommes en bêtes
féroces et immondes, l'instinct de so-
lidarité persiste et domine; il rappro-
che, lorsque les capitaines - ces meur-
triers i — ont le dos tourné, les hu-
mains qui, quels que soient les efforts
que l'on ait faits pour pervertir et en-
sanglanter leur conscience, compren-
nent confusément qu'ils sont sur la
terre non pour se faire réciproquement
du mal mais pour s'entr'aider, pour se
porter aide et secours les uns aux au-
tres, pour s'aimer.
Je les trouve superbement symboli-
ques ces pommes de terre que les vol-
tigeurs et les cosaques ont partagé
selon la justice en deux moitiés. Au
milieu des horreurs et des abomina-
tions que raconte le « Journal du capi-
taine François », cela fait l'effet de
l'arc-en-ciel balafrant de ses clartés
d'espérance le noir troupeau des
nuées.
Ah ! que les hommes seront bons,
qu'ils seront sages, qu'ils seront heu-
reux, quand il n'y aura plus, pour les
armer les uns contre les autres, ni
prêtres, ni rois !
Lucien Victor-Meunier,
IVoUs publierons demain l'article
de M. Louis Puech
NATIONALISTES-BONAPARTISTES
Personne ne s'est mépris sur
le sens de la séance où la Cham-
bre a refusé de souscrire à une
malheureuse parole de M. de
Pressensé. L'opinion que nous
avons exprimée ici est celle qui
a prévalu dans la plupart des journaux
républicains. îmrtiîe donc d'insister sur un
regrettable incident, car aucune équivo-
que ne saurait réussir à se faire jour.
Ncus nous contenterons de rire des ef-
forts que font les nationalistes pour inter-
préter - daus un sens favorable à 'leurs
ooetrines irrémédiablement condamnées
— l'opinion de la Chambre.
Les nationalistes, qui ne sont plus sûrs
d'être la majorité ni dans l'Assemblée mu-
nicipale de Paris, ni dans l'Assemblée dé-
partementale de la Seine, ont essayé d'ob-
tenir du Conseil général une manifesta-
tion favorable à leur triste cause.
- Ils sont parvenus à faire rejeter, à une
voix de majorité, le vœu de M. d'Estour-
nelles de Constant, qui n'a cependant rien
d'antipatriotique ni de révolutionnaire,
puisqu'il se contente de demander en vigueur de la convention de la Haye et
la signature de traités d'arbitrage entre les
nations ».
Ce premier résultat obtenu, le conseiller
nationaliste, M. Galli, a demandé que la
protestation des députés d'Alsace-Lorraine
à l'Assemblée nationale fût affichée dans
toutes les écoles.
Il n'y a pas eu d'opposition, et il ne pou-
vait pas y en avoir.
Mais M. Berthaut s'est plu à donner une
leçon aux réactionnaires du Conseil général.
Il a proposé de faire suivre la protesta-
tion des députés 'd'Alsace-Lorraine d'une
mention « flétrissant l'empire responsable
de nos désastres ». -
Les nationalistes se sont hâtés de deman-
der l'ordre du jour pur et simple.
La situation était nette. Ceux qui vou-
laient épargner à l'Empire une flétrissure
pourtant méritée voteraient l'ordre du jour
pur et simple.
Eh bien, il y a eu 43 nationalistes pour
réclamer cet ordre du jour pur et simple.
Aux prochaines élections, nous remettrons
sous les yeux de ces nationalistes-le vote
qui prouve qu'ils sont bien, comme nous
l'avons toujours dit, de véritables bona-
partistes.
Je sais bien qu'il y a eu 44 républicains
pour repousser l'ordre du jour pur et sim-
ple ; que, conséquemment, les nationalistes
ont été forcés de se prononcer sur le fond
dé la motion Berthaut, et qu'alors beaucoup
d'entre eux ont été réduits à la votée-
Mais ils ne l'ont votée qu'après avoir
essayé de l'écarter, comme je viens de le
raconter, par l'ordre du jour pur et simple.
Ils l'ont votée, contraints et forcés. Nos na-
tionalistes ne sont que des bonapartistes
honteux, d'accord. Ce sont des bonapartis-
tes tout de même.
Il n'y a rien de commun entre eux et les
républicains. Leur patriotisme électoral ne
ressemble en rien au vrai patriotisme, à
celui dont Clemenceau précisait hier les
principes dans le superbe article dont nous
avons reproduit quelques-uns des plus dé-
cisifs passages. — Ch. B.
- 1 m
LE PRINCE DE WAGRAM
La République française verso annuellement
au prince de Wagram la jolie somme de
295,966 fr. Il n'y a probablement que l'heu
reux titulaire do cette rente qui trouve cela
tout naturel.
Alors que nous sommes si chiches de pen-
sions envers les modestes employés de l'Etat,
les anciens militaires et les - vieux ouvriers,
nous nous montrons d'une générosité fastueuse
vis-à vis du descendant du maréchal Berthier
que Napoléon dota avec une splendeur sans
égale. ,
Il fallut à l'empereur quinze décrets pour
gratifier à sa convenance son grand favori.
Dans la répartition du fonds de 11 millions
appartenant à la grande armée, Berthier reçut
déjà le 23 septembre 1807, 1 million 500,000
francs. II est alors prince de Neufchatel ; en
1813, on le fait prince de Wagram, et on érige
pour lui en principauté le château de Cham-
bord.
Puis comme majorat on lui donne en reve-
nus annuels : 180,000 francs provenant d'un
domaine de Westphalie, 141,000 francs prove-
nant du Hanovre, 29,411 francs de rente sur
le grand livre, 500,000 francs en argent trans-
formés en 33,000 francs de rente nouvelle,
250,000 francs de Chambord, 200,000 francs
sur l'octroi du Rhin, 300,000 francs du dépar-
tement de la Roër et enfin une autre inscription
de rente de 50,000 francs comme grand veneur.
On croira sans peine que ce majorat a déjà
rapporté à lui seul près de 20,000.000 de
francs en revenu malgré les diminutions su-
bies par là force des choses en 1814. L'héri-
tier actuel de Berthier, le prince de Wagram,
son arrière petit-fils, a été, le 12 novembre
1887, investi de la jouissance d'un titre de
rente sur l'Etat de 223,292 francs et en plus
d'immeubles situés en France,biens du Do-
maine, produisant un revenu total de 72.679
francs.
On s'imagine que l'on rêve lorsqu'on lit le
détail de la pension magnifique que la France
démocratique fait au rejeton de l'anobli de
l'Empire. Le prince de Wagram, qui est le plus
directement visé par la suppression des majo-
rats, car du haut de ses 300.000 francs de rente
il domine dédaigneusement les autres titulai-
res do pensions, trouvera-t-il un défenseur à
la Chambre ? Et à supposer qu'il en trouve un,
que pourrait dire ce dernier qui ne soit un
défi porté à la raison ?
« La conscience publique no reçoit elle pas
quelque offense de voir l'impôt exercé chaque
année pour continuer des libéralités jetées à
poignées dans l'ivresse d'uno grandeur éphé-
mère à une postérité lointaine qui en jouit sans
rendre aucun service à l'Etat qui n'en a d'ail-
leurs aucun besoin ? Et bien que ces pensions
aient été inscrites sur le Grand-Livre pour en
assurer la perpétuité, ne sont elles pas contrai-
res à nos mœurs ? Si le progrès de nos insti-
tutions interdit qu'aucun citoyen obtienne à la
charge de tous les autres des récompenses qu'il
n'a pas méritées par des actions personnelles,
l'ordre public n'est-il pas troublé par cette pré-
tention de quelques favorisés de recevoir pour
âtre venus au monde la même récompense que
le capitaine qui a gagné des batailles et d'être
à perpétuité, par privilège d'aînesse dans leur
descendance, au-dessus des lois ? »
Ainsi s'exprime M. Denis dans son lumineux
rapport sur les majorats. On ne saurait être ni
plus juste ni, plus précis.
Nous rayerons donc du Grand-Livre le nom
du prince de Wagram; nous en avons le droit
comme nous en avons le devoir. Et qui le con-
testerait? Les majorats ne sont pas des libéra-
lités, des récompenses nationales pour des
services rendus à l'Etat, ils ont un caractère
onéreux. Napoléon a conféré à ses compagnons
d'armes des charges de cour, avec, puisqu'ils
étaient sans fortune, les ressources indispen-
sables pour qu'ils puissent entourer le trône
héréditaire de l'éclat et de la splendeur désués.
Le majorat assurait les frais du. train de vie
somptueuse seul compatible avec les grands
emplois.
En conséquence, la chute du trône devait
entraîner la chute des principautés et des do-
tations ; les dépenses nécessitées par les char-
ges impériales cessant avec le régime, les ma-
jorats destinés à y subvenir devaient dispa-
raître avec elles ; l'obligation d'accompagner
le souverain à la guerre, de lui servir de
ministre ou de chambellan et partant d'avoir
un train d'apparat qui profitait au commerce
du pays n'existant plus, les pensions, elles
aussi, devaient être supprimées.
Le prince de Wagram, notamment,avait une
inscription de rente de cinquante mille francs
à titre de grand veneur. Lors de la dernière
investiture en 1887 il prétendit qu'elle faisait
partie du majorat. Je ne sais si théoriquement
le titre de grand veneur est héréditaire dans
la famille de Wagram, mais en fait la rente
n'avait-elle pas disparu avec la fonction ?
Nous n'avons plus de grand veneur que je
sache,et c'est bien regrettablepourle futur titu-
laire du majorat Berthier. Ce jeune homme âgé
aujourd'hui de 20 ans, a trouvé en effet dans
son berceau, autre le titre de prince, l'espoir
d'être grand veneur, et la certitude de venir,
après la mort de son père, toucher annuelle-
ment des mains de « Marianne la Gueuse » la
somme rondelette de 300,000 francs ?
Le malheureux prince! Il ne sera jamais
grand veneur, et la Chambre va lui enlever
toute illusion au sujet de son majorat ? Non,
vraiment, il est à plaindre ! — Léonce Arm-
bruster.
LES CHIENS DE L'EMPEREUR
(De notre correspondant particulier)
Berlin, 25 novembre.
Comme le premier chancelier M. de Bismark,
Guillaume il est toujours entouré de chiens afin
d'être mieux gardé. Le chancelier de fer avait des
dogues connus sons l'appellation de « chiens d'em-
pire», tandis que l'empereur a une préférence pour
les terriers. Il se rattrape d'ailleurs par le nombre
car il en a .quatre autour de lui : Ils s'appellent :
Hexe (sorcière), Dœchs (blaireau), Bella et Liesel.
Or Hexe et Liesel sont tombés malades et ont été
envoyés au château de Monbijou où on leur pro-
digue des soins spéciaux. L'empereur a différé son
voyage jusqu'à la guérison de ces deux quadrupè-
des car il tient à avoir avec lui sa garde au com-
plet. Rappelons à ce propos que du temps de M.
do Bismark, M. Sigel, rédacteur du Vaterland à
Munich, a été condamné à huit mois de prison
pour avoir parlé irrévérencieusement de Tiras, le
chien du chancelier.
On ne prendra donc jamais assez de précautions
en parlant des terriers de l'empereur.
Les magistrats sont prompts à parler de délits
de lèse-majesté.
-- LE NOUVEAU-PARIS -
La préservation des monuments. —
Souvenirs et vestiges. — Le Vieux
et le Nouveau-Paris. — Mono-
graphies intéressantes. —
Autre temps, autre cadre.
Dans sa dernière séance, la commission d'ini-
tiative de la société du Nouveau-Paris a dé-
cidé de faire établir par ses architectes des
nouveaux projets de transformation du Palais-
Royal.
Voilà donc un fait acquis : la société du
Nouveau-Paris fonctionne et, de temps à autre,
donne acte de sa vitalité.
Tout naturellement, la curiosité du lecteur
doit s'éveiller à la vue d'un pareil titre qui
apporte comme un souffle de jeunesse et de
vivifiance à notre grand Paris, soucieux de
son glorieux passé, de ses traditions, de ses
monuments, et qui jusqu'à présent était par-
venu à défier l'atteinte des siècles, mieux en-
core, à triompher de tous les obstacles que la
nature et los querelles humaines opposèrent à
sa prospérité.
Qu'avait-on besoin, s'écrièrent les grincheux,
de créer une association de gens susceptibles
de remanier encore les dispositions d'un tracé
topographique, de provoquer les architectes et
les entrepreneurs à défoncer chaque jour une
partie de notre sol afin d'y placer de nouveaux
bâtiments, et de donner peu à peu à celle qui
fut jadis la pittoresque LuLèce, l'aspect d'une
ville américaine dont les voies sont tracées au
cordeau, et les alignements rigoureusement ob-
servés ?
« Le Vieux-Paris»
Et s'il ne s'agissait que de défendre, de pré-
server l'existence des vétustes vestiges de no-
tre histoire parisienne, de veiller à ce que les
corbeaux et les gargouilles des églises en rui-
nes ne fussent point pulvérisés -par la pioche
barbare du terrassier, ne suffisait-il pas des
lumières de cette autre société d'élite, compo-
sée d'archéologues, d'artistes et de savants, et
dont les vœux entendus et pris en considéra-
tion par la municipalité parisienne, ont donné
à cette collectivité universellement connue
sous son vocable : La Commission du Vieux
Paris, une incontestable autorité?
Ils sont là, en effet, quelques douzaines de
laborieux, d'érudits et de dilettantes artistes
ou lettrés, dont l'esprit toujours en éveil, s'in-
quiète de tout ce qui peut se relativer à la
conservation de notre cher Paris, et quand,
sous le patronage présidentiel du préfet de la
Seine ou de l'un des vice-présidents se tien-
nent les séances ordinaires de cette assemblée
d'élite, on peut être sûr chaque fois d'appren
dre la découverte tantôt d'un ancien cimetière
gallo-romain, tantôt d'une route stratégique,
comme celle que Labienus, par exemple, dut
suivre pour combattre le célèbre chef gaulois
Camulogène entre les hauteurs de Montrouge
et le plateau de Malakoff.
Ou bien c'est une vieille statue rare, un es-
calier de fer forgé ca une façade ignorée, per-
due dans quelque cour reléguée au second
plan d'un immeuble par les nécessités de l'ali-
gnement ou l'âpreté au gain d'un propriétaire.
Mais toujours, dans leurs procès-verbaux, les
trois secrétaires de cette commission, connus
à des titres divers pour leurs nombreux tra-
vaux sur l'histoire documentaire de Paris, et
qui sont MM. Lambeau, Charles Sellier et
Louis Tesson, toujours, dis-je, ils nous appor-
tent quelque bonne et intéressante nouvelle.
Protection sociale
Quelle est donc, demanderons-nous après les
susdits grincheux de tout à l'heure, la raison
d'être d'un groupe congloméré sous la rubrique
du : Nouveau-Paris? Serait-ce, par hasard,
une concurrence ? Non, simplement une auxi-
liaire.
Pour mieux m'en assurer, je n'ai eu qu'à
interroger ses fondateurs, M. Frantz Jourdain,
l'éminent architecte, MM. Georges Bans, Emile
Straus, directeur de la Critique, Hector Gui-
mard, qui hier encore prêchait la bonne croi-
sade contre le mauvais goût en matière de
construction moderne, et déplorait notamment
que la participation architecturale de la France
à l'Exposition de Saint-Louis se bornât à une
reproduction du Petit Trianon, c'est-à-dire à la
restitution d'un monument de style déjà an-
cien, et tous, d'un commun accord, ont déclaré
que le but de leur association serait l'étude de
toutes questions pouvant intéresser la ville de
Paris, tant au point de vue de sa beauté que
de l'utilité publique.
— Ce n'est pas à dire, loin de là, ajouta M.
Georges Bans, que le désintéressement des ques-
tions du présent puisse être un grief à imputer à
notre aîné le « Vieux Paris ». Loin de là notre
pensée. A lui, comme à nous, il adviendra de pro
tester centre la laideur des édicules divers et des
kiosques du boulevard, contre le fâcheux effet des
trolleys et des viaducs du Métro, contre la dissem-
blance que l'on cherche, bien à tort à faire régner
entre les gares de ce chemin de fer parisien,
sur les deux rives de la Seine ; mais ce que nous
voulons surtout, c'est ne pas rester hypnotisés sur
la contemplation des époques disparues, c'est vi-
vre notre temps et le vivre en beauté, harmoniser
le sens de l'activité fébrile qui nous obsède avec le
sentiment d'un art nouveau propre à utiliser cette
activité, c'est voir transformer ce qui, dans notre
Paris, n'a rien que d'opposé à la beauté, dispa-
raître les vieilles ruelles infectes, les sentines'
nauséeuses de certains quartiers populeux en
cités coquettes et jeunes où le repos des laborieux
puisse servir réellement à la reconstitution des
forces nécessaires au travail du lendemain.
Et M. Frantz Jourdain ajoutait, avec cette
note à la fois généreuse et finement ironique,
caractérisant son talent de lettré :
— Nous trouvons qu'une ville n'appartient pas
à quelques rares privilégiés et à une infime mino
rité de dilettantes raffinés mais à tous, et la sau-
vegarde de la vie d'un seul être, quelqu'humble
soit-il, nous parait plus importante que la conser-
vation d'une ruine, fût-elle trois fois centenaire.
Monographies d'anciens hôtels
Il serait désolant que les historiographes de
nos vieilles briques et de nos historiques
moellons se tinssent pour visés personnelle-
ment dans cette déclaration qui résume à elle
seule toutes les aspirations des partisans du
progrès social.
Ils ont en général trop d'esprit pour cela, et
le prouventen animant d'une vie toute spéciale
le vestige que leur charme d'attraction puis-
sante a su galvaniser.
Témoin notre collaborateur et ami Léon
Riotor qui dans un ospuscule tout récemment
paru, a refait l'historiquede la maison de Vic-
tor Hugo, Place Royale, aujourd'hui affectée
au musée dans lequel s'entassent les souvenirs,
les œuvres d'art et les meubles du Maître, fa-
çonnés de sa main ; témoin aussi M. Charles
Sellier, déjà nommé, et dont l'érudition fait
autorité en matière d'histoire parisienne, jus-
tifiant ainsi, très hautement, sa situation de
conservateur-adjoint au Musée Carnavalet, et
ses préférences pour la section archéologique
de ce temple des souvenirs parisiens.
M. Charles Sellier vient en effet de publier
une monographie précieuse du célèbre Hôtel
d'Aumont, sis rue de Jouy, siège actuel de la
Pharmacie centrale de France.
De vieux souvenirs
[ Avec le souci d'impeccable .documentation
qui lui est propre, il a compulsé nombre d'ar-
chives publiques ou notariales, secoué la pous-
[ sière de,# K^liothèquos, et pied à pied, année
par année pour ainsi dire il ajremonté dans la
nuit des sîccTés acoules afin de.tracer délibéré-
ment à l'issue de ses recherches, l'histoire de
cet immeuble vieux de plus de six siècles, déjà
contemporain de l'époque de Charles VII, et
dans lequel si l'on s'en réfère à l'opinion de
l'auteur il est permis de supposer que Riche-
lieu, le célèbre ministre de Louis XIII. vit le
jour en l'an 1585, si l'on s'en réfère au texte
du Dictionnaire de Baudraud, lexicographe du
XVIIe siècle. Voilà un détail qui certes sera de
nature à inquiéter M. Gabriel Hanotaux, his-
torien de l'Eminence rouge, lequel a fait naître
son Armand Duplessis, dans la rue du Bouloi,
sur la foi des registres paroissiaux de St-Eus-
tache, sans songer peut-être que l'enfant n'ayant
été baptisé que neuf mois après sa naissance,
avait fort bien pu changer de domicile depuis
le jour de sa naissance.
Ce serait le cas ou jamais pour résoudre ce
différend, et mettre fin au célèbre duel Hano-
taux-Seliier narré jadis par Georges Mon-
torgueil, de consulter par la voie du spiritisme
le masque moulé sur la dépouille mortelle de
Richelieu, lors de l'exhumation de ses restes, à
la Sorbonne, moulage dont précisément le
musée Carnavalet a la garde, au fond de ses
réserves, en attendant les agrandissements
prochains qui se réclament chaque jour plus
impérieusement en faveur des collections his-
toriques de la ville.
Toujours est-il que cette étude restitutive
digne d'être comparée aux infatigables re-
cherches des Bénédictins contribuera à pré-
server de l'oubli et aussi de la pioche barbare
des démolisseurs un des derniers hôtels pari-
siens où se puisse encore retrouver la trace de
François Mansart, l'architecte, et du peintre
Le Brun. Et M. Sellier n'oublie pas de rappeler
que l'hôtel d'Aumont servit de local à la mai-
rie du 9e arrondissement de l'ancien Paris,
(aujourd'hui le 4") et fut le siège d'une institu-
tion privée qui compta parmi ses élèves les
plus célèbres, Saint-René Taillandier et M.
Paul Meurice. Ce sont là des souvenirs inté-
ressants dont l'évocation mérite notre recon-
naissance.
ALCANTER DE BRAHM
!_■
UN INSPECTEUR D'ACADÉMIE RÉPUBLICAIN
M. Léger, inspecteur d'académie du Morbi-
han, vient d'adresser la circulaire suivante aux
inspecteurs primaires :
Je vous prie d'assurer intégralement dans votre
ressort l'observation de la circulaire ministérielle
relative à la neutralité scolaire, en date du 9 avril
1903. Il importe que les lois ne soient pas rendues
inutiles et vaines par de fâcheuses complaisances
pour des traditions contraires à la liberté de
conscience
La circulaire ministérielle pose en principe que
l'éducation religieuse est uniquement l'affaire de
la famille. La liberté du jeudi et du dimanche
permet aux enfants de la recevoir des ministres
du culte.
Vous ne tolérerez donc plus te, répétition du ca-
téchisme par les instituteurs et les institutrices, ni
pendant les heures de classe, ni en dehors des
heures de classe. Vous ne tolérerez pas non plus
que les onfants des écoles publiques reçoivent cet
enseignement dans le local d'une école privée.
Vous ne tolérerez pas davantage que les institu-
teurs et institutrices participent, à la tête de leurs
élèves, aux manifestations extérieures du culte, et
notamment aux processions qui sont en usage dans
certaines communes.
Enfin, vous ne tolérerez pas les prières dans les
classes des écoles primaires et maternelles pu-
bliques. -
L'inspecteur d'académie,
LÉGER.
Nous vivons sous un régime si. bizarre-
ment républicain que cette circulaire pourrait
être considérée, même dans le département do
la Seine, comme un acte de courage.
Mais qu'en dire, lorsque son auteur l'adresse
en pleine Bretagne, dans ce département du
Morbihan où les cléricaux et les réactionnaires
se considèrent comme des seigneurs et maî-
tres ?
Toutes nos félicitations au vaillant inspec-
teur d'académie.
Voir à la 3« page
les Dernihree Dépêches
LES SOCIALISTES JAPONAIS
ET LA GUERRE CONTRE LA RUSSIE
(De notre correspondant particulierl
Tokio, 25 novembre.
Les socialistes de la capitale japonaise ont tenu
une grande réunion publique afin de discuter la
question du conflit riisso-japonaig. Plusieurs natio-
nalistes qui étaient dansla salloont essayé d'exciter
l'auditoire par des paroles haineuses contre les
Russes. Du côté des socialistes, les citoyens Kata-
gama et Abr ont parlé dans le sens d'une politique
pacifique.
L'assemblée a voté une résolution qui condamne
l'idée d'une déclaration de guerre à la Russie.
L'ABDICATION DU ROI DE GRÈCE ?
(De notre correspondant particulier)
Copenhague, 23 novembre.
Le roi de Grèce a acheté dans cette ville une
belle maison d'une architecture moyenâgeuse et
appartenant à la famille Adler. On dit que l'im-
meuble sera mis en état et transforme en palais
princier.
On en conclut que le roi a l'intention d'abdiquer
et de se retirer à Copenhague.
———————— ———— ..--
LE YACHT DE LA REINE DRAGa
We notre correspondant parflcuUtr)
Belgrade, 25 novembre.
Le yacht Draga, qui fait partie de la succession
du roi Alexandre, sera vendu aux enchères le
2 janvier. La mise à prix est de 40.000 fr.
L'INSURRECTION DANS L'AFRIQUE ALLEMANDE
(De noire correspondant particulier]
Capetown, 25 novembre.
Une troupe de 600 Hottentots est campée près de
Romans Drift, au bord de l'Orange. On n'a aucune
nouvelle sur le dernier engagement des Allemands
avec les indigènes.
M. Lariche et M. King, sujets anglais, sont arri-
vés dans le Transvaal venant de Warmbad. Les
Hottentots les avaient laissés partir librement
avant d'attaquer la garnison allemande.
el
LA RÉVOLUTION A SAINT-DOMINGUE
New-York, 25 novembre.
Selon un télégramme de Cap-Haïtien, des
dépêches do Puerto-Plata annoncent que la
ville do Saint-Domingue a capitulé dans la
matinée.
Le président Wos-y-Gil et les ministres se
sont réfugiés sur un navire de guerre alle-
mand.
Un grand enthousiasme règne à Saint-Do-
minguo.
LES CONGRÉGATIONS
Dijon, 25 novembre.
Statuant sur l'appel interjeté par les frères de
Marie de Saint-Genis-Laval qui avaient été con-
damnés par le tribunal de Charolles, le 8 80x111903,
à 100 fr. et 25 fr. d'amende pour avoir dirigé et en-
seigné dans une école congréganiste à Charolles,
la cour de Dijon a confirmé purement et simple-
ment le jugement.
A LA C H me E
LE BUDGET DES POSTES
M. Lockroy préside.
La Chambre adopte plusieurs projets d'in-
térêt local.
M. Bagnol se plaint que le gouvernement
soit mal desservi au point de vue postal. Le
nombre des facteurs est insuffisant.
M. Bagnol attire ensuite l'attention de la
Chambre sur le sort des travailleurs des postesi
et télégraphes qui se livrent à des travaux
souterrains dans des conditions d'hygiène dé-
testables.
M. Emile Dubois constate que les recettes
des postes et télégraphes pour 1903 dépasse-:
ront de 20 millions celles de 1902.
Ne faudrait il pas. comme cela se pratique
dans les exploitations industrielles, consacrer
une partie de ces bénéfices à l'amélioration da
l'outfllage, au renforcement du personnel, à,
l'augmentation et à l'amélioration des locaux ï'
Quand les employés de l'administration sont
malades, on leur accorde le traitement ordi-
naire pendant trois mois, le traitement da
demi-solde pendant le trimestre suivant ; puis,
plus rien. Cela n'est pas admissible.
M. Roger-Ballu estime que les taxes sont
trop élevées, que la correspondance coûta
trop cher.
Il termine sur cette jolie phrase :
« Aujourd'hui, la législation de la carte pos
taie, c'est le compliqué dans l'absurde. »
Vous ne nierez pas que M. Roger-Ballu ait
des qualités de style.
Le personnel féminin
M. Rouanet parle du personnel féminin des
postes. Le sous-secrétaire d'Etat a tenu en
partie seulement les promesses qu'il avait
faites. Il a élevé le traitement de début da
1,000 francs à 1,100 francs. Il faut espérer que
cet effort sera continué dans le prochain bud«
getde façon qu'à un travail égal corresponde
un salaire égal.
En vertu d'une instruction ministérielle, Iar
dame rèceveuse qui veut se marier doit faire
connaître à l'administration la situation dç
fortune de son fiancé. C'est une sujétion cho-
quante et immorale.
Le sous-secrétaire d'Etat promet de remé-
- dier à - une situation si -- regrettable.
Discours de M. Marcel Sembat.
M. Marcel Sembat, rapporteur, prononça
un important et intéressant discours.
M. Marcel Sembat. — L'exploitation des pos-
tes n'est pas uniquement destinée à fournir des
recettes au trésor ; elle doit aussi prendre en con-
sidération le développement des correspondances
et les services à rendre au public.
En présence des recettes qui augmentent et du
trafic qui s'accroît, on refuse les crédits nécessai-
res au bon fonctionnement des services. C'est ce
qui arrive pour les ambulants, Sur la ligne du
Havre, le trafic adoublé et le personnel est resté le
même.
Il en résulte qne le tri des lettres ne peut pas sa
faire et que jusqu'à 1.500 lettres subissent quoti-
diennement des retards par suite de la surcharge
des services.
Le Trésor a le droit d'attendre des Postes un ex.
cèdent de recettes. Mais il a aussi le devoir da-
consacrer une part de cet excédent à l'amélioration
des services.
M. de Lanessan avait proposé duscrire cette r
gle dans la loi de finances.
Je me suis efforcé, depuis trois ans, de saisir I&
preuve de l'existence d'an cabinet noir pour les
lettres. Je n'ai pas trouvé un commencement dl
preuve de l'existence d'une telle institution.
Il n'en est pas de même pour les télégraphes.
Plusieurs fois la police a arrêté des dépêches
adressées aux- journaux sous prétexte qulles;
avaient un caractère politique. Il faut que cela
cesse, car il n'y a aucune raison de maintenir,
notre époque, une différence quelconque à cet
égard entre la poste et le télégraphe.
Autre chose : les envois de petites choses et
sur!out de bonnes choses ont de grandes chances
de ne pas arriver intacts. L'administration doit
donner satisfaction sur ce point aux réclamations
fondées du public pour l'organisation d'un con-
trôle.
Elle devrait aussi se montrer très large pour
rembourser les mandats-poste toutes les fois qu'il
n'y a pas vol organisé.
Eufin., U faudrait organiser le repos hebdoma-
daire qui est déjà réalisé à l'étranger.
M. Bérard, sous-secrétaire d'Etat, constate
qtwtous les orateurs ont rendu un juste hom-
mage «u personnel des postes.
En ce qui concerne le téléphone à Paris,
l'administration réalise toutes les améliora-
tions de détail qu'il lui est possible de faire.
Pour le personnel, des améliorations seront
apportées à son sort. On a augmenté de dix-
millions, depuis 1895, l'ensemble des appoin-
tements.
M. Bouctot estime qu'il faut arriver à l'au-
tonomie postale complète.
En ce qui concerne la question des télépho-
nes, M. Bouctot demande à M. Bérard de lui
confirmer ce qu'il a bien voulu lui dire pour
le bureau de Rouen. D'ici à quelques mois, la
ville de Rouen peut-elle espérer un traitement
semblable à celui de Lille et de Lyon t
M. Bérard. — Le plus tôt possible.
M. Bouctot.— J'insiste en terminant, en faveur
des expéditionnaires, qui ne sont pas traités de la
même façon que tes ouvriers de même ordre deff
autres administrations. ,
v
M. du Halgouet parle de la situation cri-
tique des sous-agents quand ils sont malades.
M. Pastre demande dans quelles conditioDt
seront comptés les services militaires antérieurit
au décret. Il faudrait que les plus anciens dee
militaires pussent voir leur siiuationr égulari-
sée d'un seul coup. -
La discussion est close.
M. Chabert, à la fin de la séance, demanda
sur le chapitre premier une réduction de l.OOûir.
pour réduire le nombre des bureauy de l'admi-
nistration centrale.
L'amendement est repoussé.
Sur la proposition du président de la com-
mission du budget, la Chambra décide de sié-
ger ce matin.
H. D.
l'
Les Coulisses des Chambres
Le règlement de la Chambre
Deux projets de résolution modifiant le rè-
glement de la Chambre viennent d'être dépo-
sés par MM G. Hubbard et Paul Meunier.
M. G. Hubbard demande que des questions
écrites puissent être posées au ministre des af-
faires étrangères.
Sur réponse également écrite du ministre, la
Chambre retiendrait elle-même les questions
dignes d'être discutées en séance publique.
M. Meunier demande une mesure analogue
pour les questions adressées à tous les minis-
tres.
La Loire navigable
Hier matin, la délégation de la Loire navi-
gable désignée par les représentants des comi-
tés réunis le 26 octobre à Tours a été reçue pat
le ministre des travaux publics.
Elle se composait de :
MM. Linyer, président; Schwob, membre du
comité central.; Denis, sénateur, président du
comité de Laval; Chalon-Desforges, président
du comité d'Orléans ; Thurot, président du co-
mité de Tours ; Hédin, président du comité du
Mans ; Girard, président du comité de
Saumur.
f f W1W* CJîfifIT P
Juli Al A Dl £ ii9lj £ s
ArérVOWCES
AUX BUREAUX DU JOURNAL
14, rue du Mail, Paris.
TO chez MM. LAGRANGE, CERF etC*
6, place de la Bourse, 6
âtfNMe Télégraphique : XIX. SIÈCLE - PARIS
ACONE!U:ENTS
Paris. 8Trots sois 6 f. six mois 11 f. un a 20f.
Départements - 7 f. — 1 f. - Il r.
Union Postale — 9 f. — 16 f. - 32 te
Les Abonnements sont reçus sans frais
dans tous les Bureaux de Poste
REDACTION s 14, rue du Mail Paris
Do 4 à 8 heures du soir et de 10 heures du soir à 1 heure du matin
Nw 12313* - Vendredi 27 Novembre 1903
5 FRIMAIRE AN 112
IADHINISTRATION: 14, rue du Xail
Adresser lettres et mandats à VAi niantrateur
NOS LEADERS
L Pmm trr
Notre excellent collaborateur et ami,
Charles Grolleau, publie le deuxième
et dernier volume du « Journal du
capitaine François ».
J'ai présenté, voilà un peu plus de
quatre mois, aux lecteurs du Rappel,
le premier volume. Ils n'ont certes pas
tout à fait oublié ce capitaine François
qui, engagé volontaire à dix-sept ans,
en 92, guerroya tout d'une haleine
jusqu'en 1824, en Hollande, en Belgi-
que, en Italie, en Egypte, en Allema-
gne, en Espagne, en Russie — et en
France, lorsque l' « épopée » impériale
eut son dénouement logique, inévita-
ble: l'invasion.
Je me souviens d'avoir été dans
mon premier article quelque peu sé-
vère pour ce capitaine François, qua-
lifié : « modèle des soldats », et qui me
paraissait peu fait pour donner l'exem-
ple de toutes les vertus. En somme,
ce François n'était guère qu'un che-
napan, ne connaissant que la débau-
che après le massacre, et n'ayant au-
cun scrupule à se faire entretenir par
les « belles » que fascinaient ses mous-
taches.
Mais quoi? n'est-ce pas là ce que
l'habitude de la guerre fait des hom-
mes ? Nommez-moi un soldat de car-
rière qui n'ait pas été un brigand.
Faites-vous une différence, vous, en-
tre un conquérant et le chef d'une
bande de voleurs ? Napoléon Ier opé-
rait en p* lus grand que Cartouche,
Mandrin, Schinderhanne et le Rouge
d'Auneau, voilà tout. -
Mais néanmoins je félicitais, et
très sincèrement, Grolleau d'avoir re-
trouvé et publié ce journal du capi-
taine François. Je disais, on me par-
donnera de me citer moi-même — on
verra tout à l'heure pourquoi je le
fais :
« Le livre publié par M. Charles
Grolleau est un grand livre d'éduca-
tion morale ; faites-le lire aux jeunes
gens en leur disant : Voilà ce qu'on
devient, voilà à quel degré d'abjection
on arrive quand on prend l'habitude
de la guerre ; voilà en quelles bêtes fé-
roces et immondes la guerre trans-
forme les hommes, voilà ce qu'étaient
les prétendus héros de l' « épopée » :
des brigands, des scélérats. »
Certes! je n'ai rien à retrancher de
ce que j'écrivais il y a quatre mois,
mais voilà que, tout à l'heure, comme
j'étais en train de lire avec un intérêt
soutenu le deuxième volume, et que
j'étais arrivé à la page 609, j'ai senti
courir le long de mon échine un petit
frisson ; vous savez,ce frisson qui vous
saisit quand passe devant vous quel-
que chose de très beau.
Ecoutez ceci :
***
C'est en juin 1807, tout de suite après
la prise de Dantzick. La grande armée
campe, victorieuse, sur les champs de
bataille où elle a écrit avec son sang
des noms glorieux de victoires. L'an-
née précédente, c'était Iéna; l'année
d'avant, ç'avait été Austerlitz : hier,
c'était Eylau; demain, ce sera Fried-
land. A peine si les soldats, dont la
trombe formidable ravage l'Europe
épouvantée, ont le temps de reprendre
haleine entre deux mêlées.
Le corps auquel appartient François
est campé sur un des bords de la ri-
vière d'Omuler. Sur l'autre bord, sont
des cosaques.
On se regarde, vous comprenez, dans
le blanc des yeux ; sur les deux rives
de cette eau qui coule, tranquille et
pure, ignorante des crimes qui se com-
mettent à côté d'elle, sont les survi-
vants de la tuerie dont le flamboiement
achève à peine de s'éteindre dans les
cieux ; et ils fourbissent leurs armes,
dans l'attente de la tuerie dont la pro-
chaine aurore va donner Le signal.
Tout à l'heure le canon va se remet-
tre à gronder.et tous ces hommes mar-
cheront les uns contre les autres ; et
les « Hourra ! » des cosaques répon-
dront aux « Vive l'empereur ! » des
Français; et l'on va s'égorger, tâcher
de tout tuer, d' « anéantir M, le mot
sinistre, le mot infâme qui revient si
souvent dans le journal du capitaine
François. C'est la guerre.
Mais, en attendant, on a faim. Vain-
queurs et vaincus sont tacitement d'ac-
cord sur ceci : que les vivres sont ra-
res, et les estomacs creux.
Or, dans une lie, au milieu de la ri-
vière, s'aperçoivent, au ras du sol,
des feuillages bien connus. Il y a là
des pommes de terre !. Mais com-
ment faire pour les avoir? L'île est à
bonne portée de fusil de l'une et de
l'autre berge. Nul doute que ceux,
Français ou Russes, qui verront les
autres s'avancer, en bateau, à la con-
quête des bienheureuses fommes de
terre, ne tirent dessus.
Alors, comme cette pensée est venue
& tous, on s'entend; cosaques et volti-
geurs conviennent par signes— je suis
pas à pas le récit du capitaine Fran-
çais — par signes, car ils seraient
bien embarrassés de se faire compren-
dre par le langage, d'aller chercher, de
bon accord, les pommes de terre con-
voitées. A moyen d'une mimique ex-
pressive — quand on a faim, on devient
ingénieux — ils arrêtent toutes les
clauses de la convention conclue. De
part et d'autres ils déposesont leurs
armes avant de gagner l'île, cherche-
ront ensemble, mettront en commun
le produit de leurs recherches, et par-
tageront. Oui, vous avez bien lu : par-
tageront équitablement, en amis, en
frères. Et ainsi fut fait.
Vous les voyez : ces cosaques et ces
voltigeurs qui, cinq mois auparavant,
autour du funèbre cimetière d'Eylau,
s'entr'égorgeaient, fouillant ensemble
le sol, accroupis, agenouillés, creusant
le sol, mêlant ainsi leurs mains et je-
tant tous au même tas les précieuses
pommes de terre. Le capitaine Fran-
çois affirme, peut-être par amour-pro-
pre national, que les voltigeurs, « plus
alertes » ont trouvé plus de pommes
de terre que les cosaques. C'est possi-
ble. Ce qui importe, c'est que l'on ait
partagé bien également et qu'en se
quittant on se soit donné la main.
« Cela est arrivé souvent », ajoute
François, avec la sérénité de l'homme
qui n'a pas compris. Au surplus, dans
Toute la lyre, Victor Hugo raconte
comment s'était produit à Talaveyra-
de-la-Reine, en Espagne, un fait abso-
- lument analogue. En pleine action, les
combattants, étouffant de chaleur, dé-
vorés de soif, aperçoivent un ruisseau
qui court sous des arbres ; ils y cou-
rent, posant leurs armes, boivent côtè
à côte, se passent mutuellement les
casques pleins d'eau, puis, rafraîchis,
reviennent se battre.
***
- Ainsi vous le voyez : la guerre a
beau transformer les hommes en bêtes
féroces et immondes, l'instinct de so-
lidarité persiste et domine; il rappro-
che, lorsque les capitaines - ces meur-
triers i — ont le dos tourné, les hu-
mains qui, quels que soient les efforts
que l'on ait faits pour pervertir et en-
sanglanter leur conscience, compren-
nent confusément qu'ils sont sur la
terre non pour se faire réciproquement
du mal mais pour s'entr'aider, pour se
porter aide et secours les uns aux au-
tres, pour s'aimer.
Je les trouve superbement symboli-
ques ces pommes de terre que les vol-
tigeurs et les cosaques ont partagé
selon la justice en deux moitiés. Au
milieu des horreurs et des abomina-
tions que raconte le « Journal du capi-
taine François », cela fait l'effet de
l'arc-en-ciel balafrant de ses clartés
d'espérance le noir troupeau des
nuées.
Ah ! que les hommes seront bons,
qu'ils seront sages, qu'ils seront heu-
reux, quand il n'y aura plus, pour les
armer les uns contre les autres, ni
prêtres, ni rois !
Lucien Victor-Meunier,
IVoUs publierons demain l'article
de M. Louis Puech
NATIONALISTES-BONAPARTISTES
Personne ne s'est mépris sur
le sens de la séance où la Cham-
bre a refusé de souscrire à une
malheureuse parole de M. de
Pressensé. L'opinion que nous
avons exprimée ici est celle qui
a prévalu dans la plupart des journaux
républicains. îmrtiîe donc d'insister sur un
regrettable incident, car aucune équivo-
que ne saurait réussir à se faire jour.
Ncus nous contenterons de rire des ef-
forts que font les nationalistes pour inter-
préter - daus un sens favorable à 'leurs
ooetrines irrémédiablement condamnées
— l'opinion de la Chambre.
Les nationalistes, qui ne sont plus sûrs
d'être la majorité ni dans l'Assemblée mu-
nicipale de Paris, ni dans l'Assemblée dé-
partementale de la Seine, ont essayé d'ob-
tenir du Conseil général une manifesta-
tion favorable à leur triste cause.
- Ils sont parvenus à faire rejeter, à une
voix de majorité, le vœu de M. d'Estour-
nelles de Constant, qui n'a cependant rien
d'antipatriotique ni de révolutionnaire,
puisqu'il se contente de demander en vigueur de la convention de la Haye et
la signature de traités d'arbitrage entre les
nations ».
Ce premier résultat obtenu, le conseiller
nationaliste, M. Galli, a demandé que la
protestation des députés d'Alsace-Lorraine
à l'Assemblée nationale fût affichée dans
toutes les écoles.
Il n'y a pas eu d'opposition, et il ne pou-
vait pas y en avoir.
Mais M. Berthaut s'est plu à donner une
leçon aux réactionnaires du Conseil général.
Il a proposé de faire suivre la protesta-
tion des députés 'd'Alsace-Lorraine d'une
mention « flétrissant l'empire responsable
de nos désastres ». -
Les nationalistes se sont hâtés de deman-
der l'ordre du jour pur et simple.
La situation était nette. Ceux qui vou-
laient épargner à l'Empire une flétrissure
pourtant méritée voteraient l'ordre du jour
pur et simple.
Eh bien, il y a eu 43 nationalistes pour
réclamer cet ordre du jour pur et simple.
Aux prochaines élections, nous remettrons
sous les yeux de ces nationalistes-le vote
qui prouve qu'ils sont bien, comme nous
l'avons toujours dit, de véritables bona-
partistes.
Je sais bien qu'il y a eu 44 républicains
pour repousser l'ordre du jour pur et sim-
ple ; que, conséquemment, les nationalistes
ont été forcés de se prononcer sur le fond
dé la motion Berthaut, et qu'alors beaucoup
d'entre eux ont été réduits à la votée-
Mais ils ne l'ont votée qu'après avoir
essayé de l'écarter, comme je viens de le
raconter, par l'ordre du jour pur et simple.
Ils l'ont votée, contraints et forcés. Nos na-
tionalistes ne sont que des bonapartistes
honteux, d'accord. Ce sont des bonapartis-
tes tout de même.
Il n'y a rien de commun entre eux et les
républicains. Leur patriotisme électoral ne
ressemble en rien au vrai patriotisme, à
celui dont Clemenceau précisait hier les
principes dans le superbe article dont nous
avons reproduit quelques-uns des plus dé-
cisifs passages. — Ch. B.
- 1 m
LE PRINCE DE WAGRAM
La République française verso annuellement
au prince de Wagram la jolie somme de
295,966 fr. Il n'y a probablement que l'heu
reux titulaire do cette rente qui trouve cela
tout naturel.
Alors que nous sommes si chiches de pen-
sions envers les modestes employés de l'Etat,
les anciens militaires et les - vieux ouvriers,
nous nous montrons d'une générosité fastueuse
vis-à vis du descendant du maréchal Berthier
que Napoléon dota avec une splendeur sans
égale. ,
Il fallut à l'empereur quinze décrets pour
gratifier à sa convenance son grand favori.
Dans la répartition du fonds de 11 millions
appartenant à la grande armée, Berthier reçut
déjà le 23 septembre 1807, 1 million 500,000
francs. II est alors prince de Neufchatel ; en
1813, on le fait prince de Wagram, et on érige
pour lui en principauté le château de Cham-
bord.
Puis comme majorat on lui donne en reve-
nus annuels : 180,000 francs provenant d'un
domaine de Westphalie, 141,000 francs prove-
nant du Hanovre, 29,411 francs de rente sur
le grand livre, 500,000 francs en argent trans-
formés en 33,000 francs de rente nouvelle,
250,000 francs de Chambord, 200,000 francs
sur l'octroi du Rhin, 300,000 francs du dépar-
tement de la Roër et enfin une autre inscription
de rente de 50,000 francs comme grand veneur.
On croira sans peine que ce majorat a déjà
rapporté à lui seul près de 20,000.000 de
francs en revenu malgré les diminutions su-
bies par là force des choses en 1814. L'héri-
tier actuel de Berthier, le prince de Wagram,
son arrière petit-fils, a été, le 12 novembre
1887, investi de la jouissance d'un titre de
rente sur l'Etat de 223,292 francs et en plus
d'immeubles situés en France,biens du Do-
maine, produisant un revenu total de 72.679
francs.
On s'imagine que l'on rêve lorsqu'on lit le
détail de la pension magnifique que la France
démocratique fait au rejeton de l'anobli de
l'Empire. Le prince de Wagram, qui est le plus
directement visé par la suppression des majo-
rats, car du haut de ses 300.000 francs de rente
il domine dédaigneusement les autres titulai-
res do pensions, trouvera-t-il un défenseur à
la Chambre ? Et à supposer qu'il en trouve un,
que pourrait dire ce dernier qui ne soit un
défi porté à la raison ?
« La conscience publique no reçoit elle pas
quelque offense de voir l'impôt exercé chaque
année pour continuer des libéralités jetées à
poignées dans l'ivresse d'uno grandeur éphé-
mère à une postérité lointaine qui en jouit sans
rendre aucun service à l'Etat qui n'en a d'ail-
leurs aucun besoin ? Et bien que ces pensions
aient été inscrites sur le Grand-Livre pour en
assurer la perpétuité, ne sont elles pas contrai-
res à nos mœurs ? Si le progrès de nos insti-
tutions interdit qu'aucun citoyen obtienne à la
charge de tous les autres des récompenses qu'il
n'a pas méritées par des actions personnelles,
l'ordre public n'est-il pas troublé par cette pré-
tention de quelques favorisés de recevoir pour
âtre venus au monde la même récompense que
le capitaine qui a gagné des batailles et d'être
à perpétuité, par privilège d'aînesse dans leur
descendance, au-dessus des lois ? »
Ainsi s'exprime M. Denis dans son lumineux
rapport sur les majorats. On ne saurait être ni
plus juste ni, plus précis.
Nous rayerons donc du Grand-Livre le nom
du prince de Wagram; nous en avons le droit
comme nous en avons le devoir. Et qui le con-
testerait? Les majorats ne sont pas des libéra-
lités, des récompenses nationales pour des
services rendus à l'Etat, ils ont un caractère
onéreux. Napoléon a conféré à ses compagnons
d'armes des charges de cour, avec, puisqu'ils
étaient sans fortune, les ressources indispen-
sables pour qu'ils puissent entourer le trône
héréditaire de l'éclat et de la splendeur désués.
Le majorat assurait les frais du. train de vie
somptueuse seul compatible avec les grands
emplois.
En conséquence, la chute du trône devait
entraîner la chute des principautés et des do-
tations ; les dépenses nécessitées par les char-
ges impériales cessant avec le régime, les ma-
jorats destinés à y subvenir devaient dispa-
raître avec elles ; l'obligation d'accompagner
le souverain à la guerre, de lui servir de
ministre ou de chambellan et partant d'avoir
un train d'apparat qui profitait au commerce
du pays n'existant plus, les pensions, elles
aussi, devaient être supprimées.
Le prince de Wagram, notamment,avait une
inscription de rente de cinquante mille francs
à titre de grand veneur. Lors de la dernière
investiture en 1887 il prétendit qu'elle faisait
partie du majorat. Je ne sais si théoriquement
le titre de grand veneur est héréditaire dans
la famille de Wagram, mais en fait la rente
n'avait-elle pas disparu avec la fonction ?
Nous n'avons plus de grand veneur que je
sache,et c'est bien regrettablepourle futur titu-
laire du majorat Berthier. Ce jeune homme âgé
aujourd'hui de 20 ans, a trouvé en effet dans
son berceau, autre le titre de prince, l'espoir
d'être grand veneur, et la certitude de venir,
après la mort de son père, toucher annuelle-
ment des mains de « Marianne la Gueuse » la
somme rondelette de 300,000 francs ?
Le malheureux prince! Il ne sera jamais
grand veneur, et la Chambre va lui enlever
toute illusion au sujet de son majorat ? Non,
vraiment, il est à plaindre ! — Léonce Arm-
bruster.
LES CHIENS DE L'EMPEREUR
(De notre correspondant particulier)
Berlin, 25 novembre.
Comme le premier chancelier M. de Bismark,
Guillaume il est toujours entouré de chiens afin
d'être mieux gardé. Le chancelier de fer avait des
dogues connus sons l'appellation de « chiens d'em-
pire», tandis que l'empereur a une préférence pour
les terriers. Il se rattrape d'ailleurs par le nombre
car il en a .quatre autour de lui : Ils s'appellent :
Hexe (sorcière), Dœchs (blaireau), Bella et Liesel.
Or Hexe et Liesel sont tombés malades et ont été
envoyés au château de Monbijou où on leur pro-
digue des soins spéciaux. L'empereur a différé son
voyage jusqu'à la guérison de ces deux quadrupè-
des car il tient à avoir avec lui sa garde au com-
plet. Rappelons à ce propos que du temps de M.
do Bismark, M. Sigel, rédacteur du Vaterland à
Munich, a été condamné à huit mois de prison
pour avoir parlé irrévérencieusement de Tiras, le
chien du chancelier.
On ne prendra donc jamais assez de précautions
en parlant des terriers de l'empereur.
Les magistrats sont prompts à parler de délits
de lèse-majesté.
-- LE NOUVEAU-PARIS -
La préservation des monuments. —
Souvenirs et vestiges. — Le Vieux
et le Nouveau-Paris. — Mono-
graphies intéressantes. —
Autre temps, autre cadre.
Dans sa dernière séance, la commission d'ini-
tiative de la société du Nouveau-Paris a dé-
cidé de faire établir par ses architectes des
nouveaux projets de transformation du Palais-
Royal.
Voilà donc un fait acquis : la société du
Nouveau-Paris fonctionne et, de temps à autre,
donne acte de sa vitalité.
Tout naturellement, la curiosité du lecteur
doit s'éveiller à la vue d'un pareil titre qui
apporte comme un souffle de jeunesse et de
vivifiance à notre grand Paris, soucieux de
son glorieux passé, de ses traditions, de ses
monuments, et qui jusqu'à présent était par-
venu à défier l'atteinte des siècles, mieux en-
core, à triompher de tous les obstacles que la
nature et los querelles humaines opposèrent à
sa prospérité.
Qu'avait-on besoin, s'écrièrent les grincheux,
de créer une association de gens susceptibles
de remanier encore les dispositions d'un tracé
topographique, de provoquer les architectes et
les entrepreneurs à défoncer chaque jour une
partie de notre sol afin d'y placer de nouveaux
bâtiments, et de donner peu à peu à celle qui
fut jadis la pittoresque LuLèce, l'aspect d'une
ville américaine dont les voies sont tracées au
cordeau, et les alignements rigoureusement ob-
servés ?
« Le Vieux-Paris»
Et s'il ne s'agissait que de défendre, de pré-
server l'existence des vétustes vestiges de no-
tre histoire parisienne, de veiller à ce que les
corbeaux et les gargouilles des églises en rui-
nes ne fussent point pulvérisés -par la pioche
barbare du terrassier, ne suffisait-il pas des
lumières de cette autre société d'élite, compo-
sée d'archéologues, d'artistes et de savants, et
dont les vœux entendus et pris en considéra-
tion par la municipalité parisienne, ont donné
à cette collectivité universellement connue
sous son vocable : La Commission du Vieux
Paris, une incontestable autorité?
Ils sont là, en effet, quelques douzaines de
laborieux, d'érudits et de dilettantes artistes
ou lettrés, dont l'esprit toujours en éveil, s'in-
quiète de tout ce qui peut se relativer à la
conservation de notre cher Paris, et quand,
sous le patronage présidentiel du préfet de la
Seine ou de l'un des vice-présidents se tien-
nent les séances ordinaires de cette assemblée
d'élite, on peut être sûr chaque fois d'appren
dre la découverte tantôt d'un ancien cimetière
gallo-romain, tantôt d'une route stratégique,
comme celle que Labienus, par exemple, dut
suivre pour combattre le célèbre chef gaulois
Camulogène entre les hauteurs de Montrouge
et le plateau de Malakoff.
Ou bien c'est une vieille statue rare, un es-
calier de fer forgé ca une façade ignorée, per-
due dans quelque cour reléguée au second
plan d'un immeuble par les nécessités de l'ali-
gnement ou l'âpreté au gain d'un propriétaire.
Mais toujours, dans leurs procès-verbaux, les
trois secrétaires de cette commission, connus
à des titres divers pour leurs nombreux tra-
vaux sur l'histoire documentaire de Paris, et
qui sont MM. Lambeau, Charles Sellier et
Louis Tesson, toujours, dis-je, ils nous appor-
tent quelque bonne et intéressante nouvelle.
Protection sociale
Quelle est donc, demanderons-nous après les
susdits grincheux de tout à l'heure, la raison
d'être d'un groupe congloméré sous la rubrique
du : Nouveau-Paris? Serait-ce, par hasard,
une concurrence ? Non, simplement une auxi-
liaire.
Pour mieux m'en assurer, je n'ai eu qu'à
interroger ses fondateurs, M. Frantz Jourdain,
l'éminent architecte, MM. Georges Bans, Emile
Straus, directeur de la Critique, Hector Gui-
mard, qui hier encore prêchait la bonne croi-
sade contre le mauvais goût en matière de
construction moderne, et déplorait notamment
que la participation architecturale de la France
à l'Exposition de Saint-Louis se bornât à une
reproduction du Petit Trianon, c'est-à-dire à la
restitution d'un monument de style déjà an-
cien, et tous, d'un commun accord, ont déclaré
que le but de leur association serait l'étude de
toutes questions pouvant intéresser la ville de
Paris, tant au point de vue de sa beauté que
de l'utilité publique.
— Ce n'est pas à dire, loin de là, ajouta M.
Georges Bans, que le désintéressement des ques-
tions du présent puisse être un grief à imputer à
notre aîné le « Vieux Paris ». Loin de là notre
pensée. A lui, comme à nous, il adviendra de pro
tester centre la laideur des édicules divers et des
kiosques du boulevard, contre le fâcheux effet des
trolleys et des viaducs du Métro, contre la dissem-
blance que l'on cherche, bien à tort à faire régner
entre les gares de ce chemin de fer parisien,
sur les deux rives de la Seine ; mais ce que nous
voulons surtout, c'est ne pas rester hypnotisés sur
la contemplation des époques disparues, c'est vi-
vre notre temps et le vivre en beauté, harmoniser
le sens de l'activité fébrile qui nous obsède avec le
sentiment d'un art nouveau propre à utiliser cette
activité, c'est voir transformer ce qui, dans notre
Paris, n'a rien que d'opposé à la beauté, dispa-
raître les vieilles ruelles infectes, les sentines'
nauséeuses de certains quartiers populeux en
cités coquettes et jeunes où le repos des laborieux
puisse servir réellement à la reconstitution des
forces nécessaires au travail du lendemain.
Et M. Frantz Jourdain ajoutait, avec cette
note à la fois généreuse et finement ironique,
caractérisant son talent de lettré :
— Nous trouvons qu'une ville n'appartient pas
à quelques rares privilégiés et à une infime mino
rité de dilettantes raffinés mais à tous, et la sau-
vegarde de la vie d'un seul être, quelqu'humble
soit-il, nous parait plus importante que la conser-
vation d'une ruine, fût-elle trois fois centenaire.
Monographies d'anciens hôtels
Il serait désolant que les historiographes de
nos vieilles briques et de nos historiques
moellons se tinssent pour visés personnelle-
ment dans cette déclaration qui résume à elle
seule toutes les aspirations des partisans du
progrès social.
Ils ont en général trop d'esprit pour cela, et
le prouventen animant d'une vie toute spéciale
le vestige que leur charme d'attraction puis-
sante a su galvaniser.
Témoin notre collaborateur et ami Léon
Riotor qui dans un ospuscule tout récemment
paru, a refait l'historiquede la maison de Vic-
tor Hugo, Place Royale, aujourd'hui affectée
au musée dans lequel s'entassent les souvenirs,
les œuvres d'art et les meubles du Maître, fa-
çonnés de sa main ; témoin aussi M. Charles
Sellier, déjà nommé, et dont l'érudition fait
autorité en matière d'histoire parisienne, jus-
tifiant ainsi, très hautement, sa situation de
conservateur-adjoint au Musée Carnavalet, et
ses préférences pour la section archéologique
de ce temple des souvenirs parisiens.
M. Charles Sellier vient en effet de publier
une monographie précieuse du célèbre Hôtel
d'Aumont, sis rue de Jouy, siège actuel de la
Pharmacie centrale de France.
De vieux souvenirs
[ Avec le souci d'impeccable .documentation
qui lui est propre, il a compulsé nombre d'ar-
chives publiques ou notariales, secoué la pous-
[ sière de,# K^liothèquos, et pied à pied, année
par année pour ainsi dire il ajremonté dans la
nuit des sîccTés acoules afin de.tracer délibéré-
ment à l'issue de ses recherches, l'histoire de
cet immeuble vieux de plus de six siècles, déjà
contemporain de l'époque de Charles VII, et
dans lequel si l'on s'en réfère à l'opinion de
l'auteur il est permis de supposer que Riche-
lieu, le célèbre ministre de Louis XIII. vit le
jour en l'an 1585, si l'on s'en réfère au texte
du Dictionnaire de Baudraud, lexicographe du
XVIIe siècle. Voilà un détail qui certes sera de
nature à inquiéter M. Gabriel Hanotaux, his-
torien de l'Eminence rouge, lequel a fait naître
son Armand Duplessis, dans la rue du Bouloi,
sur la foi des registres paroissiaux de St-Eus-
tache, sans songer peut-être que l'enfant n'ayant
été baptisé que neuf mois après sa naissance,
avait fort bien pu changer de domicile depuis
le jour de sa naissance.
Ce serait le cas ou jamais pour résoudre ce
différend, et mettre fin au célèbre duel Hano-
taux-Seliier narré jadis par Georges Mon-
torgueil, de consulter par la voie du spiritisme
le masque moulé sur la dépouille mortelle de
Richelieu, lors de l'exhumation de ses restes, à
la Sorbonne, moulage dont précisément le
musée Carnavalet a la garde, au fond de ses
réserves, en attendant les agrandissements
prochains qui se réclament chaque jour plus
impérieusement en faveur des collections his-
toriques de la ville.
Toujours est-il que cette étude restitutive
digne d'être comparée aux infatigables re-
cherches des Bénédictins contribuera à pré-
server de l'oubli et aussi de la pioche barbare
des démolisseurs un des derniers hôtels pari-
siens où se puisse encore retrouver la trace de
François Mansart, l'architecte, et du peintre
Le Brun. Et M. Sellier n'oublie pas de rappeler
que l'hôtel d'Aumont servit de local à la mai-
rie du 9e arrondissement de l'ancien Paris,
(aujourd'hui le 4") et fut le siège d'une institu-
tion privée qui compta parmi ses élèves les
plus célèbres, Saint-René Taillandier et M.
Paul Meurice. Ce sont là des souvenirs inté-
ressants dont l'évocation mérite notre recon-
naissance.
ALCANTER DE BRAHM
!_■
UN INSPECTEUR D'ACADÉMIE RÉPUBLICAIN
M. Léger, inspecteur d'académie du Morbi-
han, vient d'adresser la circulaire suivante aux
inspecteurs primaires :
Je vous prie d'assurer intégralement dans votre
ressort l'observation de la circulaire ministérielle
relative à la neutralité scolaire, en date du 9 avril
1903. Il importe que les lois ne soient pas rendues
inutiles et vaines par de fâcheuses complaisances
pour des traditions contraires à la liberté de
conscience
La circulaire ministérielle pose en principe que
l'éducation religieuse est uniquement l'affaire de
la famille. La liberté du jeudi et du dimanche
permet aux enfants de la recevoir des ministres
du culte.
Vous ne tolérerez donc plus te, répétition du ca-
téchisme par les instituteurs et les institutrices, ni
pendant les heures de classe, ni en dehors des
heures de classe. Vous ne tolérerez pas non plus
que les onfants des écoles publiques reçoivent cet
enseignement dans le local d'une école privée.
Vous ne tolérerez pas davantage que les institu-
teurs et institutrices participent, à la tête de leurs
élèves, aux manifestations extérieures du culte, et
notamment aux processions qui sont en usage dans
certaines communes.
Enfin, vous ne tolérerez pas les prières dans les
classes des écoles primaires et maternelles pu-
bliques. -
L'inspecteur d'académie,
LÉGER.
Nous vivons sous un régime si. bizarre-
ment républicain que cette circulaire pourrait
être considérée, même dans le département do
la Seine, comme un acte de courage.
Mais qu'en dire, lorsque son auteur l'adresse
en pleine Bretagne, dans ce département du
Morbihan où les cléricaux et les réactionnaires
se considèrent comme des seigneurs et maî-
tres ?
Toutes nos félicitations au vaillant inspec-
teur d'académie.
Voir à la 3« page
les Dernihree Dépêches
LES SOCIALISTES JAPONAIS
ET LA GUERRE CONTRE LA RUSSIE
(De notre correspondant particulierl
Tokio, 25 novembre.
Les socialistes de la capitale japonaise ont tenu
une grande réunion publique afin de discuter la
question du conflit riisso-japonaig. Plusieurs natio-
nalistes qui étaient dansla salloont essayé d'exciter
l'auditoire par des paroles haineuses contre les
Russes. Du côté des socialistes, les citoyens Kata-
gama et Abr ont parlé dans le sens d'une politique
pacifique.
L'assemblée a voté une résolution qui condamne
l'idée d'une déclaration de guerre à la Russie.
L'ABDICATION DU ROI DE GRÈCE ?
(De notre correspondant particulier)
Copenhague, 23 novembre.
Le roi de Grèce a acheté dans cette ville une
belle maison d'une architecture moyenâgeuse et
appartenant à la famille Adler. On dit que l'im-
meuble sera mis en état et transforme en palais
princier.
On en conclut que le roi a l'intention d'abdiquer
et de se retirer à Copenhague.
———————— ———— ..--
LE YACHT DE LA REINE DRAGa
We notre correspondant parflcuUtr)
Belgrade, 25 novembre.
Le yacht Draga, qui fait partie de la succession
du roi Alexandre, sera vendu aux enchères le
2 janvier. La mise à prix est de 40.000 fr.
L'INSURRECTION DANS L'AFRIQUE ALLEMANDE
(De noire correspondant particulier]
Capetown, 25 novembre.
Une troupe de 600 Hottentots est campée près de
Romans Drift, au bord de l'Orange. On n'a aucune
nouvelle sur le dernier engagement des Allemands
avec les indigènes.
M. Lariche et M. King, sujets anglais, sont arri-
vés dans le Transvaal venant de Warmbad. Les
Hottentots les avaient laissés partir librement
avant d'attaquer la garnison allemande.
el
LA RÉVOLUTION A SAINT-DOMINGUE
New-York, 25 novembre.
Selon un télégramme de Cap-Haïtien, des
dépêches do Puerto-Plata annoncent que la
ville do Saint-Domingue a capitulé dans la
matinée.
Le président Wos-y-Gil et les ministres se
sont réfugiés sur un navire de guerre alle-
mand.
Un grand enthousiasme règne à Saint-Do-
minguo.
LES CONGRÉGATIONS
Dijon, 25 novembre.
Statuant sur l'appel interjeté par les frères de
Marie de Saint-Genis-Laval qui avaient été con-
damnés par le tribunal de Charolles, le 8 80x111903,
à 100 fr. et 25 fr. d'amende pour avoir dirigé et en-
seigné dans une école congréganiste à Charolles,
la cour de Dijon a confirmé purement et simple-
ment le jugement.
A LA C H me E
LE BUDGET DES POSTES
M. Lockroy préside.
La Chambre adopte plusieurs projets d'in-
térêt local.
M. Bagnol se plaint que le gouvernement
soit mal desservi au point de vue postal. Le
nombre des facteurs est insuffisant.
M. Bagnol attire ensuite l'attention de la
Chambre sur le sort des travailleurs des postesi
et télégraphes qui se livrent à des travaux
souterrains dans des conditions d'hygiène dé-
testables.
M. Emile Dubois constate que les recettes
des postes et télégraphes pour 1903 dépasse-:
ront de 20 millions celles de 1902.
Ne faudrait il pas. comme cela se pratique
dans les exploitations industrielles, consacrer
une partie de ces bénéfices à l'amélioration da
l'outfllage, au renforcement du personnel, à,
l'augmentation et à l'amélioration des locaux ï'
Quand les employés de l'administration sont
malades, on leur accorde le traitement ordi-
naire pendant trois mois, le traitement da
demi-solde pendant le trimestre suivant ; puis,
plus rien. Cela n'est pas admissible.
M. Roger-Ballu estime que les taxes sont
trop élevées, que la correspondance coûta
trop cher.
Il termine sur cette jolie phrase :
« Aujourd'hui, la législation de la carte pos
taie, c'est le compliqué dans l'absurde. »
Vous ne nierez pas que M. Roger-Ballu ait
des qualités de style.
Le personnel féminin
M. Rouanet parle du personnel féminin des
postes. Le sous-secrétaire d'Etat a tenu en
partie seulement les promesses qu'il avait
faites. Il a élevé le traitement de début da
1,000 francs à 1,100 francs. Il faut espérer que
cet effort sera continué dans le prochain bud«
getde façon qu'à un travail égal corresponde
un salaire égal.
En vertu d'une instruction ministérielle, Iar
dame rèceveuse qui veut se marier doit faire
connaître à l'administration la situation dç
fortune de son fiancé. C'est une sujétion cho-
quante et immorale.
Le sous-secrétaire d'Etat promet de remé-
- dier à - une situation si -- regrettable.
Discours de M. Marcel Sembat.
M. Marcel Sembat, rapporteur, prononça
un important et intéressant discours.
M. Marcel Sembat. — L'exploitation des pos-
tes n'est pas uniquement destinée à fournir des
recettes au trésor ; elle doit aussi prendre en con-
sidération le développement des correspondances
et les services à rendre au public.
En présence des recettes qui augmentent et du
trafic qui s'accroît, on refuse les crédits nécessai-
res au bon fonctionnement des services. C'est ce
qui arrive pour les ambulants, Sur la ligne du
Havre, le trafic adoublé et le personnel est resté le
même.
Il en résulte qne le tri des lettres ne peut pas sa
faire et que jusqu'à 1.500 lettres subissent quoti-
diennement des retards par suite de la surcharge
des services.
Le Trésor a le droit d'attendre des Postes un ex.
cèdent de recettes. Mais il a aussi le devoir da-
consacrer une part de cet excédent à l'amélioration
des services.
M. de Lanessan avait proposé duscrire cette r
gle dans la loi de finances.
Je me suis efforcé, depuis trois ans, de saisir I&
preuve de l'existence d'an cabinet noir pour les
lettres. Je n'ai pas trouvé un commencement dl
preuve de l'existence d'une telle institution.
Il n'en est pas de même pour les télégraphes.
Plusieurs fois la police a arrêté des dépêches
adressées aux- journaux sous prétexte qulles;
avaient un caractère politique. Il faut que cela
cesse, car il n'y a aucune raison de maintenir,
notre époque, une différence quelconque à cet
égard entre la poste et le télégraphe.
Autre chose : les envois de petites choses et
sur!out de bonnes choses ont de grandes chances
de ne pas arriver intacts. L'administration doit
donner satisfaction sur ce point aux réclamations
fondées du public pour l'organisation d'un con-
trôle.
Elle devrait aussi se montrer très large pour
rembourser les mandats-poste toutes les fois qu'il
n'y a pas vol organisé.
Eufin., U faudrait organiser le repos hebdoma-
daire qui est déjà réalisé à l'étranger.
M. Bérard, sous-secrétaire d'Etat, constate
qtwtous les orateurs ont rendu un juste hom-
mage «u personnel des postes.
En ce qui concerne le téléphone à Paris,
l'administration réalise toutes les améliora-
tions de détail qu'il lui est possible de faire.
Pour le personnel, des améliorations seront
apportées à son sort. On a augmenté de dix-
millions, depuis 1895, l'ensemble des appoin-
tements.
M. Bouctot estime qu'il faut arriver à l'au-
tonomie postale complète.
En ce qui concerne la question des télépho-
nes, M. Bouctot demande à M. Bérard de lui
confirmer ce qu'il a bien voulu lui dire pour
le bureau de Rouen. D'ici à quelques mois, la
ville de Rouen peut-elle espérer un traitement
semblable à celui de Lille et de Lyon t
M. Bérard. — Le plus tôt possible.
M. Bouctot.— J'insiste en terminant, en faveur
des expéditionnaires, qui ne sont pas traités de la
même façon que tes ouvriers de même ordre deff
autres administrations. ,
v
M. du Halgouet parle de la situation cri-
tique des sous-agents quand ils sont malades.
M. Pastre demande dans quelles conditioDt
seront comptés les services militaires antérieurit
au décret. Il faudrait que les plus anciens dee
militaires pussent voir leur siiuationr égulari-
sée d'un seul coup. -
La discussion est close.
M. Chabert, à la fin de la séance, demanda
sur le chapitre premier une réduction de l.OOûir.
pour réduire le nombre des bureauy de l'admi-
nistration centrale.
L'amendement est repoussé.
Sur la proposition du président de la com-
mission du budget, la Chambra décide de sié-
ger ce matin.
H. D.
l'
Les Coulisses des Chambres
Le règlement de la Chambre
Deux projets de résolution modifiant le rè-
glement de la Chambre viennent d'être dépo-
sés par MM G. Hubbard et Paul Meunier.
M. G. Hubbard demande que des questions
écrites puissent être posées au ministre des af-
faires étrangères.
Sur réponse également écrite du ministre, la
Chambre retiendrait elle-même les questions
dignes d'être discutées en séance publique.
M. Meunier demande une mesure analogue
pour les questions adressées à tous les minis-
tres.
La Loire navigable
Hier matin, la délégation de la Loire navi-
gable désignée par les représentants des comi-
tés réunis le 26 octobre à Tours a été reçue pat
le ministre des travaux publics.
Elle se composait de :
MM. Linyer, président; Schwob, membre du
comité central.; Denis, sénateur, président du
comité de Laval; Chalon-Desforges, président
du comité d'Orléans ; Thurot, président du co-
mité de Tours ; Hédin, président du comité du
Mans ; Girard, président du comité de
Saumur.
Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 99.53%.
En savoir plus sur l'OCR
En savoir plus sur l'OCR
Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 99.53%.
- Auteurs similaires Veuillot Louis Veuillot Louis /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Veuillot Louis" or dc.contributor adj "Veuillot Louis")Veuillot François Veuillot François /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Veuillot François" or dc.contributor adj "Veuillot François")
-
-
Page
chiffre de pagination vue 1/4
- Recherche dans le document Recherche dans le document https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/search/ark:/12148/bpt6k75755744/f1.image ×
Recherche dans le document
- Partage et envoi par courriel Partage et envoi par courriel https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/share/ark:/12148/bpt6k75755744/f1.image
- Téléchargement / impression Téléchargement / impression https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/download/ark:/12148/bpt6k75755744/f1.image
- Mise en scène Mise en scène ×
Mise en scène
Créer facilement :
- Marque-page Marque-page https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/bookmark/ark:/12148/bpt6k75755744/f1.image ×
Gérer son espace personnel
Ajouter ce document
Ajouter/Voir ses marque-pages
Mes sélections ()Titre - Acheter une reproduction Acheter une reproduction https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/pa-ecommerce/ark:/12148/bpt6k75755744
- Acheter le livre complet Acheter le livre complet https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/indisponible/achat/ark:/12148/bpt6k75755744
- Signalement d'anomalie Signalement d'anomalie https://sindbadbnf.libanswers.com/widget_standalone.php?la_widget_id=7142
- Aide Aide https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/aide/ark:/12148/bpt6k75755744/f1.image × Aide
Facebook
Twitter
Pinterest