Titre : Le XIXe siècle : journal quotidien politique et littéraire / directeur-rédacteur en chef : Gustave Chadeuil
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1903-11-12
Contributeur : Chadeuil, Gustave (1821-1896). Directeur de publication
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Description : 12 novembre 1903 12 novembre 1903
Description : 1903/11/12 (N12298). 1903/11/12 (N12298).
Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-199
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 20/06/2013
, CINQ CENTIMES le Num.éro. PAP.J5 & DERT!:MEÑTS '-. -- Le Nu:rn.éro CINQ CENTIMES
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IWS LEADERS
La Paix Sociale
En adoptant à l'unanimité, samedi,
l'ordre du jour que nous avons repro-
duit, la Chambre des députés s'est li-
vrée à une manifestation dont il con-
vient de signaler l'importance et la
portée.
Trop souvent sous la coupole du
Palais Bourbon résonnent des cris de
défiance et de haine ; le jour où, dans
l'enceinte législative, se font entendre
des paroles de concorde et de solida-
rité, c'est notre devoir d'applaudir, et
nous applaudissons
Au fond de ce douloureux conflit
d'Armentières, qui a. été le prétexte à
d'abominables excès, qu'y a-t-il ?
Le refus des patrons de soumettre à
rarbitrage le différend qui s'est élevé
entre eux et leurs ouvriers.
Que dit l'ordre du jour de M. Jau-
rès?
« La Chambre compte sur le gou-
vernement pour renouveler auprès des
patrons, dans la grève de la Vallée de
la Lys, la proposition d'arbitrage. »
Cela a été adopté à l'unanimité de
512 votants.
La Chambre nous parait ici s'être
rendu parfaitement compte de son rôle
et de sa mission. Tour à tour, la cause
des patrons et celle des ouvriers ont
été- plaidées devant elle. Mais avait-
elle dans les mains assez de documents
pour pouvoir dire qui des uns ou des
autres ont raison ? Etait-elle, après
cette discussion, en mesure de se pro-
noncer sur le litige lui-même ? Nul ne
l'a pensé.
Certes, la Chambre eût risqué de
commettre une erreur si, munie des
seuls renseignements qu'elle pouvait
posséder, elle eût assumé la respon-
sabilité d'une décision. Au contraire,
elle s'est mise à l'abri de tout repro-
che sincère en se bornant, comme M.
Jaurès l'y conviait, à demander au
gouvernement de renouveler auprès
des patrons la proposition d'arbitrage.
Le ministre du commerce a déclaré
qu'il accepterait de grand cœur la
mission conciliatrice dont on le char-
geait. Voilà qui est au mieux.
Voilà une bonne journée pour la
paix sociale. v
***
Ils sont peu satisfaits, cela va sans
dire, ceux qui vivent dans l'espérance
de troubles et de désordres à la faveur
desquels ils pourraient essayer de re-
venir un peu sur l'eau. L'attitude des
journaux réactionnaires, durant cette
journée de samedi, est curieuse à ob-
server.
La République française, le journal
de « feu Méline » ainsi que je l'ai
entendu appeler l'autre jour, dis-
cutaille, ergote, chicane, fait observer
que le vœu,formulé à l'unanimité par
la Chambre, de voir les patrons d'Ar-
mentières accepter la proposition d'ar-
bitrage, « n'est qu'un vœu, et ne pou-
vait être chose ». N'est-ce pas admi-
rable? Voilà quelles sottises on arrive
à dire,quand on n'a rien à dire.ou plu-
tôt quand on n'ose pas dire ce qu'on
pense.
Vous savez que l'ordre du jour Jau-
rès ordonne, dans sa seconde partie,
une enquête sur l'état des industries
textiles et des ouvriers tisseurs. La
République française écrit gravement :
ff Il est permis de remarquer que cette
décision de faire une enquête implique
l'aveu,dela part de l'assemblée,qu'elle
connaît imparfaitement la question.
Dans ces conditions, il aurait peut-être
mieux valu qu'elle attend il de la con-
naître pour donner un avis. »
Quel avis? La Chambre n'en a émis
- qu'un. Celui qu'il serait souhaitable
que les patrons d'Armentières accep-
tassent l'arbitrage. Tout-à-l'heure, la
République Française faisait observer
dédaigneusement que ce n'était qu'«un
vœu ».
Voulez-vous Cj Ge je vous dise ce qu'il
y a en dessous de tout cela? Il y a le
, dépit, la rage de voir les socialistes
tenir un tel langage, si modéré, si
juste, que le gouvernement et la Cham-
bre n'hésitent point a leur donner rai-
son.
Est-ce que les réactionnaires -qu'ils
-s'intitulent républicains ou bien qu'ils
Ment conservé les vieilles étiquettes de
jadis — désirent la paix sociale, veu-
lent la paix sociale? Point. Représen-
tants de ce qu'on appelle : les classes
dirigeantes, de la bourgeoisie capita-
liste, ils ont trop d'intérêt à ce que
s'éternise l'antagonisme entre les pos..
sédants et. les non-possédants, pour
voir d'un bon œil progresser les idées
de solidarité, de justice dont le triom-
phe amènera la paix sociale.
Mais détournons nos regards de ces
hommes qu'assurément il faut plain-
dre, puisqu'ils sont victimes de leurs
vpassions et qu'elles leur font perdre
toute notion du vrai, tout sensd ] jUf. e;
repoussons ces feuilles qui puent la
'mauvaise foi.
***
<. Je viens d'écrire le mot qui contient
Va venir : solidarité. Précisément l'A-
cadémie des Sciences morales et poli-
tiques — elle a le sens de l'actualité,
cette vieille dame — met au concours,
pour le prix Saintour,- 3,000 fr., à dé-
cerner en 1906 — ce sujet : « De la
solidarité sociale ». Beau sujet, certes!
Dites, ne semble-t-il pas qu'un
rayon d'espoir brille dans notre ciel à
travers les nuages si longtemps si,
noirs ? Est-ce que, vraiment, il y a,
d'un côté comme de l'autre, des hom-.
mes de bonne volonté pour, rejetant
loin d'eux les haillons de la guerre ci-
viles,unirleurs mains fraternelles daas
un effort commun ? Si cela est,
croyez-le, l'humanité est sauvée.
Le jour où les hommes seront con-
vaincus qu'ils ont tous les uns envers
les autres des obligations réciproques,
et que,tous étant solidaires, le mal fait
à l'un atteint l'autre, fatalement — ce
jour-là, la paix sociale qui n'est en-
core aujourd'hui que le beau rêve de,
quelques esprits généreux, sera; pour
le bonheur des hommes, une rayon-
nante réalité.
Lucien Victor-Meunier,
—rr*
L'AFFAIRE DES PETITS OISEAUX
— Jamais, a dit Lockroy, qui.
présidait, hier, la séance de la-1
Chambre, je n'aurais cru que
les petits oiseaux pussent faire
tant de bruit.
Mais les petits oiseaux étaient
bien innocents. Et ils ont su que le Parle-
ment s'occupait d'eux, ils n'ont pu qu'en
être fâchés.
Vous trouverez plus loin le récit de l'in-
cident : une centaine de députés qui ve-
naient de tenir une mystérieuse réunion
dans je ne sais quel bureau du Palais-
Bourbon ont fait brusquement, dans la,
salle des délibérations, une entrée tumul-
tueuse.
Ils se sont lancés à l'assaut du banc des:
ministres ; ils ont entouré M. Mougeot, ils
ont poussé des cris et ils ont ébauché des;
gestes menaçants.
— Messieurs,, disait le ministre, que vou-
lez-vous ?
— Les petits oiseaux !
— Les petits oiseaux ? Je les protège de
mon mieux, suivant la volonté de la Cham
bre et conformément aux intérêts de l'agri-
culture.
— C'est ce que nous vous reprochons,
ont repris les mécontents ; nous ne sommes
pas, comme vous semblez le croire, les
amis des petits oiseaux; nous sommes leurs
ennemis : nous voulons les dévorer, tous,
jusqu'au dernier; nous avons faim d'alouet-
tes et de ces grives à défaut desquelles on
mange des merles. Et nos électeurs sont
comme nous. Ils entendent que des bro-
chettes de petits oiseaux figurent chaque,
jour sur leurs tables. A nous les fusils
bourrés de cendrée ! A nous les filets, à
nous les trébuchets, à nous les pièges en-
duits de glu !
Sur la prière de Lockroy, les membres
du groupe des oiseleurs ont regagné leurs
places. Mais ils ont déposé un ordre du
jour invitant le gouvernement à mettre
moins de zèle à protéger les petits oiseaux.
Comme cet ordre du jour ne compre-
nait pas une expression de confiancedans
le gouvernement, on a tremblé pour l'exis-
tence du cabinet.
Heureusement, l'ordre du jour pur. et
simple, réclamé par M. Mougeot, a été
adopté.
Telles sont les inconséquences de la vie
politique on s'occupait nier, au Sénat,
de la loi Falhux1 et, à la Chambre, des
petits oiseaux. é'est la séance de la Cham-
bre qui a été orageuse. - Ch. B.
———————— o ,
L'ENSEIGNEMENT SECONDAIRE
ET L'AMENDÈRENT GIRARD
Dans la soirée, l'agence H a va s nous transmet la
note suivante :
La réunion habituelle du conseil dos minis-
tres, qui cievait avoir lieu vendredi matin à
l'Elysée, sous la présidence de M. Loubet, est
avancée de 24 heures, afin de permettre au
gouvernement de délibérer sur l'amendement
soumis cet après-midi au Sénat par M. Girard,
sénateur du inord.
L'EMPEREUR DU SAHARA
On pouvait croire, jusqu'ici, que M. Jac-
ques Lcbaudy n'était qu'un lugubre plaisantin,
ne prenant pas lui-même très au sérieux ses
foILs turlupinades. Mais, oici, ô stupéfaction !
que M. Jacques Lebaudy s'imagine que « c'est
arrivée. Il a pris un monsieur Benoît comme
officier d'ordonnance, et ce pauvre Benoit
a reçu pour première mission d'aller porter
dare-dare la lettre suivante à Me Audouin,
avoué à Paris :
Monsieur,
Sa Majesté l'Empereur du Sahara a été informé
que vous êtes chargé par plusieurs militaires,.
ayant servi sous ses drapeaux, de l'assigner de- ;
vant les tribunaux français pour lui réclamer cent
mille francs de dommages-intérêts à payer à cha-
que homme.
Sa Majesté estimant que,le procès n'est pas réel-
lement entre d'anciens soldats et elle, mais bien
entre la puissante République française et le jeune
et faible-Empire du Sahara, est d'avis que, ni les,
tribunaux français, ni les tribunaux sahariens ne
peuvent juger cette affaire, avec l'impartialité,
voulue.
En conséquence, Sa Majesté propose aux de-
mandeurs la juridiction des tribunaux d'une puis-
sance, neutre, telle que l'Angleterre, la Belgique,
la Hollande ou la Suisse.
A moins que vos clients ne préfèrent la nomi-
nation d'un arbitre, et, en ce cas, Sa Majesté est
prête à accepter l'arbitrage do l'honorable M.
Ditte, président du tribunal de la Seine, dont la
grande, équité est universellement appréciée.
Ce dernier système aura l'avantage do donner
au litige une solution rapide.
Sa Majesté se trouvant actuellement à Londres
(Savoy Hôtel), je vous serai reconnaissant de vou-
loir bien bien lui faire connaître votre décision.
veuillez agréer, monsieur, l'assurance de ma
considération distinguée.
BENOIT
ofllc ier d'ordonnance.
Ce bon Jacques oublie que « son jeune et
faible empire du Sahara », n'ayant jamais
existé que dans son imagination, n'a jamais pu
ôtre reconnu. Donc.
Au surphs, tout récemment, Sa Majesté n'a-
t-elle pas aveué qu'elle était un simple contri-
buable français en adressant le montant de ses;
impôts écîius au percepteur de son quartier ? .!
Voyons, Jacques, mon cher Jacques, on n'est'
J'as sucrier à ce point-là 1 -::' Rantanvlm,
INTERVIEW DE PIE X
Simples réflexions d'un laique
Comment on fait un Dieu-Roi. — Re-
ligion basée sur la « destruction ».
— Ce que le pape entend par
« Eglise militante ». — Fils de
l'homme, mais mauvais fils. —
Peut-on apprivoiser et acca-
parer la République ? —
Esprit malin et malin
esprit.
Notre confrère Henri des Houx qui s'est fait
une spécialité des interviews pontificales, vient
de nous donner, - dans le Matin, celle de Pie X.
Si nos lecteurs le veulent bien, nous allons
lire ensemble quelques-unes des paroles mémo-
rables que notre confrère a scrupuleusement
et religieusement transcrile et noter hâtive-
ment, au courant de la plume, certaines ré-
flexions qu'elles nous suggèrent.
Trop d'évangiles
S'adressant aux catholiques français, Pie X
dit :
- Qu'Us n'oublient pas qu'ils sont enrôlés dans
l'Eglise militante. Ils subissent des tribulations ;
mais n'est-ce pas le sort que Jésus-Christ a préféré
dans sa vie terrestre ? Il pouvait naître et vivre
roi : il a préféré la condition d'artisan. On lui a
même offert la couronne et le sceptro d'or et toutes
les grandeurs terrestres ; il a préféré la couronne
d'épines, le sceptre de roseau, et, s'il a consenti à
être exalté au-dessus des autres hommes, c'est ¡ar
la croix d'infamie.
On sait que, sur 5't évangiles, l'Eglise n'en
a conservé que quatre : ceux de Jean, Luc,
Marc et Mathieu — sous prétexte qu'il n'y a
que quatre points cardinaux et qu'il n'y avait
que quatre fleuves dans le Paradis terrestre.
La vraie raison est, sans doute, comme l'a
dit saint Jérôme, à la fin du 4e siècle, « que
les évangiles écrits en latin comprenaient pres-
,que autant de versions différentes que d'exem-
plaires ».
D'ailleurs, les quatre évangiles qui subsis-
tent et qui forment la base des croyances ca-
tholiques, sont remplis de contradictions. Ils
sont, pourtant, d'accord sur un point: C'est
que Jésus, né de Marie (Myriam, la grosse) et
du charpentier Joseph, eut quatre frères et
deux sœurs ; ils donnent même les noms des
frères de Jésus. Le clergé prétend, naturelle-
ment, qu'il s'agit de cousins ou d'enfants que
Joseph aurait In eus d'un précédent mariage.
Cela n'empêche pas d'autres membres du
clergé de- proclamer que, comme Marie, Jo-
seph est resté vierge toute sa vie 1
Nul n'est prophète dans son paya
- Pie X nous dit que Jésus « qui pouvait naî-
tre et vivre roi, a préféré la condition d'arti-
san ». Comme artisan,Jésus est peu connu: on
le connaît mieux comme agitateur, comme
conférencier en plein air, vivant avec ses dis-
ciples sur la crédulité publique. N'est-ce pas
saint Luc qui nous montre la courtisane-Marie
de Magdala et d'autres femmes, accompagnant
Jésus et l'aidant de leurs biens?
L'évangélisto Jean nous dit bien (Jean VI-
15) que les partisans du Christ voulaient le
proclamer roi, et que Jésus fut obligé de s'en-
fuir — mais il ajoute que les juifs avaient
cherché deux fois à le lapider, et une autrefois
à le précipiter du haut d'un rocher (Jean VIII
et X — Luc IV). Quant à ses frères, à ses sœurs
et à sa mère elle-même, qu'il traita toujours
avec une rudesse révoltante, ils le considé-
raient comme un fou qu'on devait arrêter et
enfermer (Marc III, 21-31). Aussi, ce pauvre
Jésus disait-il tristement : « Nul n'est prophète
dans son pays (Mathieu XI-11-57).Un prophète
n'est méprisé que dans son pays, parmi ses
parents et ceux de sa famille » (Marc VI-4).
Vouloir ! Pouvoir 1
Jésus ne PUT pas être roi.
L'Eglise dit qu'il ne VOULUT pas être roi.
Dans cette distinction s'épanouit toute la doc-
trine politique et religieuse de l'Eglise. Elle est
la « distinction», fondamentale : toutes les au-
tres « distinctions » même celles des disciples
de Loyola, qu'on relève à chaque ligne, à cha-
que mot, pour ainsi dire, dans les dogmes et la
morale de l'Eglise, ne sont que secondaires.
Et l'on reste atterré, anéanti, quand on
songe que c'est sur des « distinctions » aussi
futiles, aussi puériles, que s'est fondée cette for-
midable religion qui a coûté tant de sang à
l'humanité.
Pie X aurait certainement pu se dispenserde
.nous le rappeler.
Nous descendrons dans la carrière.
Cependant, sans sourciller, le pape invite les
catholiques français à se promener en France
comme Jésus le faisait en Palestine.
Le Christ est leur modèle, et l'Evangile leur
dicte leur devoir. Jésus parcourait les villes, les
villages, les campagnes, prêchant partout au mi-
lieu des foules la bonne parole de douceur et de
charité. De même, les catholiques français ne doi-
vent pas avoir honte de descendre sur la place pu-
blique, dussent-ils y rencontrer leurs ennemis,
non pour contester à César ce qui est à César, non
pour y faire prévaloir des intérêts humains, ou
pour y donner carrière à des passions de parti,
mais pour aftirmer leur foi, revendiquer leur li-
berté, témoigner leur fraternelle union et leurs
vertus.
Voyez-vous tous ces Christs modernes se
baladant dans nos rues, haranguant la foule à
la fête de Montmartre, dans les omnibus et
dans le métro ? Si encore ils n'imitent Jésus
que dans ses paroles de douceur et de cha-
rité, cela passera au milieu des rires ; mais
,s'ils veulent l'imiter dans ses accès de colère,
cela se gâtera rapidement. Imaginez-vous tous
ces Christs se précipitant à la Bourse ou dans
les maisons de banque, renversant les tables,
les bureaux ; jetant au vent les pièces d'or et
les billets de banque et bousculant les gens
frappés à coups de fouet ?
Tes père et mère honoreras.
Pour se rapprocher d'eux (les hommes) plus en-
core, dit Pie X, Dieu a réuni toutes les grâces et
toutes les vertus humaines dans une femme, qu'il
a désignée pour intercéder en faveur des hommes
auprès du Très-Haut ; c'est (ici je dois citer les
paroles italiennes) la mamma di Cristo. <
Quand il s'adressait à sa mère, Jésus disait :
« Femme, que me veux-tu? » d'un ton qui
méritait au moins une paire de gifles. Au dé-
but du christianisme ces paroles semblaient
si naturelles qu'on discuta même dans un con-
cile la question de savoir si la femme avait
une âme comme l'homme.
Je m'en voudrais do vous citer les' opinions
des Pères de l'Eglise et d'une quantité de saints
sur les femmes -:'. opinions injurieuses, ex-
primées en termes si grossiers, d'ailleurs,qu'on,
ne pourrait les publier toutes dans un jour-
nal.
Mais, autres temps, autres mœurs I La
femme prenant peu à peu la place qu'elle doit
occuper dans l'humanité, l'Eglise change de
tactique : elle adule, elle encense, elle déifie
cette femme, dans laquelle, la veille, "elle ne
voulait même pas voir un être humain 1
Et Jésus, qui a passé sa vie à rabrouer sa
mère, n'écoute plus qu'elle — à ce qu'assurent
les papes.
Avances et menaces
Il est vrai, poursuit Pie X, que les catholiques
ont affaire à des adversaires redoutables. L'ennemi
de tout ordre divin et humain travaille assidûment,
de son côté, à semer dans les sociétés la discorde,
la haine, les impatientes convoitises. Une société
fondée sur les principes de l'Esprit malin, c'est
déjà l'enfer sur la terre.
Et voyez, dans votre pays même, on en vient à
s'engager dans une politique que je qualifierai de
« déicide » ; car, en molestant les fidèles, c'est 1er
Christ qu'on vise, c'est le Christ dont on veut re-
nouveler les humiliations et le supplice. C'est donc
autour du Christ que les fidèles doivent se presser,
se serrer, se grouper, en parfaite concorde.La moin-
dre division donne prise sur eux à l'ennemi impie
et antisocial, et ils ne peuvent être unis que dans
l'Eglise, l'Eglise qui ne saurait être inféodée à au-
cun parti. En effet, qui dit parti dit division.
Il y a eu de bons empereurs et de bons rois:
Charlemagne, saint Louis. Il y a eu de mauvais
empereurs et de mauvais rois. Il y en eut, enfin,
comme Napoléon, qui, après avoir rendu à l'Eglise
d'immenses services, l'ont persécutée terrible-
ment.
N.y a-t-il pas aussi des républiques où les catho-
liques jouissent do la plénitude de leurs libertés et
de leurs droits ? Le cardinal Gibbons m'a raconté
avecïjuels égards il avait fté Mcueilli par le prési-
dent Roosevelt, quoique protestant. Les catholi-
ques français ne peuvent-ils, pas envier le sort qui
est accordé par la protestante Angleterre aux ca-
tholiques et à leurs œuvres, et aussi la situation
conquise par les catholiques allemands sous le
rëgre d'un empereur luthérien ?
Enfin! nous y voilà! « La République sera
catholique, apostolique et romaine — ou elle;
ne sera pas. »
C'est le développement, le commentaire de
la pensée exprimée dans la chanson de Bé-
renger :
Un pape nous abolit :
Il mourut dans les coliques.
Un pape nous rétablit:
Nous en ferons des reliques
Les principes de l'Esprit malin sur lesquels
est fondée notre société, vous les connaissez ;
ils sont au fronton de tous nos monuments,
ils sont dans tous nos discours, ils sont dans
le cœur de tous les citoyens dignes de ce nom :
ils s'appellent : Liberté — Egalité — Frater-
nité — et nous y avons joint, récemment, ces
deux autres : Bonté — Justice.
Nous doutons fort que l'application de ces
principes soit le germe « des discordes, des
haines et des impatientes convoitises » dont
parle Pie X. Je dirai même plus : c'est grâce
à notre « politique déicide » que nous évite-
rons ces discordes et ces haines.
Intolérance cléricale. — Tolérance
laïque
Par ce mot « déicide », le pape qui n'est pas
l'Esprit malin, mais un malin esprit, ne veut'
pas dire que nous tuons Dieu — puisqu'on ne
peut pas tuer Dieu; il nous reproche unique-
ment de vouloir nous débarrasser des congré-
ganistes.
Hé 1 oui, nous voulons nous en débarrasser,
parce que ce sont eux les semeurs de haine,
de discorde et d'impatientes convoitises.
Quant au couplet sur les bons rois — Saint
Louis et Edouard VII; sur les bons empereurs
— Charlemagne et Guillaume II ; sur les bon-
nes républiques — les Etats-Unisetle président
Roosevelt, il cherche en vain à établir, à
maintenir une* monstrueuse confusion qu'on
sait bien ne pas exister mais qu'on croit ha-
bile de répandre et de propager — confusiou
qui consiste à faire croire que nous persécu-
tons tous les croyants parce que nous chassons
quelques moines. Edouard VII pas plus que le
Kaiser, Guillaume II pas plus que le président
Roosevelt, ne se laisseraient poignarder dans
le dos par les congrégations.
Ils se montrent tolérants pour le culte ca-
tholique, dit le pape. Et la République fran-
çaise, l'est-elle moins?
Hier encore, le fils d'un de nos ministres se
mariait à l'église; aujourd'hui, c'était la fille
d'un ancien président de la République.
Nous n'en sommes pas plus fiers pour cela,
il est vrai ; nous éprouvons même, avouons-le,
quelque humiliation à voir des cerveaux, que
nous croyions affranchis, s'incliner devant des
prêtres.
- Mais, à rencontre de ces mêmes prêtres qui
injurient les mariages civils et les obsèques
civiles, nous nous taisons, respectueux de la
liberté de conscience.
C'est par la seule raison, et non par les bû-
chers et les tortures de l'Inquisition,que nous
voulons émanciper et régénérer l'être humain,
— et tout en nous défendant contre les congré-
ganistes qui nous font une guerre implacable,
sans trêve ni merci, nous tendons la main aux
croyants sincères qui sont eux-mêmes les vic-
times volontaires des congréganistes.
Ce n'est pas dans le parti de la lumière, de
la bonté et de la justice que l'on rencontre les'
"« décerveleurs ».
>->,,,, G. de Vorney.
Nous publierons demain :
LE RAPPEL ARTISTIQUE ET LITTÉRAIRE
de notre ami et collaborateur Léon RIOTOR.
L'état de Fei-priacesse deSazs
[De notre correspondant particulier)
Munich, 10 novembre.
La nouvelle de la tentative de suicide de
,1'ex-princesse de Saxe est arrivée par voie in-
directe à la cour de Munich où la famille de
Toscane compte de nombreux amis. Bien en-
tendu, personne n'a prétendu que cet incident
pénible, mais heureusement resté sans effet,
s'était produit en Bavière même.
Il est question de ramener la princesse à
Lindau, mais la famille ne le fera qu'avec le
consentement de l'ex-princesse même. Le
voyage de celle-ci à Lyon, dont parlait une
ahence française, paraît indiquer que l'an-
cienne épouse du prince de Saxo s'est laissé
décider à rejoindre Lindau où elle pourrait
être mieux soignée.Le grand-duc de Toscane,
fort ému de l'état grave de sa fille, est disposé
à se réconcilier avec elle. En attendant on à"
envoyé à M. Lachenal, avocat à Genève, une
dépêche démentant la nouvelle alarmante' sur
la santé de son ancienne cliente. La famille de
Toscane veut par ce moyen éviter que la
presse s'occupe à nouveau de ses affaires.
FIANÇAILLES
DANS LA FAMILLE ROYALE ANGLAISE
(De notre correspondant particulier)
Londres, 10 novembre.
A la cour de Saint-James on parle d'un pro-
jet de mariage entre deux jeunes membres de
la famille royale. Le roi Edouard a déjà donné
son consentement. Les fiançailles seront annon-
cées officiellement d'ici quelques jours.
IMPORTANTE INVENTION NAUTIQUE
> (De notre correspondant particulier)
Rome, 10 novembre.
M. Vigo Amico a fait une invention très im-î
portante pour la marine marchande et pour
les navires de guerre. Par une cembinaison de
plans horizontaux et obliques il peut assnrer
aux bateaux à vapeur une position horizontale
constante même en mer agitée.
Les premières expériences viennent d'avoir;
lieu dans le port de Catanie et ont donné UD
excellent résultat.
Un des principaux avantages de l'invention
| I est d'augmenter la rapidité des navires.
LA JOURNEE
PARLEMENTAIRE
AU SÉNAT
LA LOI FALLOUX
Le Sénat a terminé hier la discussion géné-
rale des projets d'abrogation de la loi Falloux.
M. Tbézard, rapporteur, a prononcé, au nom
de la Commission, un discours qui a été vive-
ment et justement applaudi par la gauche.
M. Thézard, rapporteur. — Pendant les vingt
ans qui ont précédé l'établissement de la loi Fal--
loux, toute la jeunesse a été élevée dans les lycées
de l'Etat. C'est le régime qu'on a appelé « le mono-
pole universitaire».
Le régime a eu ses mérites et sa grandeur. Il a
établi dans la jeunesse du pays une unité morale
certaine. L'unité morale a existé avant 1850. C'est
depuis 1830 seulement qu'elle est compromise.
Le régime do 1830 à 1850 n'a jamais été sévère-
ment critiqué que par ceux-là seuls auxquels il
barrait la route, c'est-à-dire par les congrégations
et leurs défenseurs.
Jamais les libéraux du temps de Louis-Philippe
n'ont réclamé ce qu'on a appelé, depuis, la liberté
de l'enseignement. Mais les cléricaux, eux, n'ont
cessé do la demander, et parmi eux, Lacordaire,
qui avait réalisé ce paradoxe de plaider publique-
ment la cause de la liberté, revêtu de la robe blan-
che du fondateur de l'Inquisition.
La loi de 1850 a été faite au profit des con-
: grégations. 11 s'agit aujourd'hui deir si 7 le
régime dont on connaît les résultuts persistera ou
si l'Etat reprendra ce qu'il a eu la, faiblesse" d'a-
bandonner.
La commission estime insuffisant le projet du
gouvernement. Les. garanties qu'il présente sont
illusoires. C'est pourquoi elle présente un autre
projet plus avantageux et plus efficace. (Vifs ap-
plaudissements. )
M. Ponthier de Chamaillard répond à M.
Thézard :
M. Ponthier de Cbamaillard. — Je me pro-
pose de combattre la thèse de M. Thézard à l'aide
même des arguments que M. Thézard et ses amis
ont apportés à la tribune.
Ces arguments sont nombreux ; et, comme s'ils
ne l'étaient pas assez, le ministre de la marine
qui, décidément, secoue toutes les disciplines.
Le président. — Je vous prie de ne pas met-
'tre en cause un ministre absent.
M. Chaumié, ministre de l'instruction publi-
que. — Le gouvernement est d'accord et unanime
sur la qnestion qui nous occupe. Le langage prêté
à M. le ministre de la marine par les journaux est
inexact.
M. P. de Chamaillard supplie le Sénat de ne
pas adopter le projet Thézard.
Pour M.de Marcère, il suffit de citer la pé-
roraison de son discours pour en faire connaî-
tre l'esprit :
M. de Marcère. - Depuis quatorze siècles, la
Franco est catholique ; le catholicisme a fait son
unité, sa grandeur, sa force, il a imprégné son
-génie.
Vous imaginez-vous que, d'un trait de plume,
vous allez abolir tout ce passé ? Non vous échoue-
rez,et vous aurez le regret d'avoir compromia dans
cette entreprise ce qui a été de tout temps l'hon-
neur du parti républicain. (Applaudissements à
droite.)
M. de Blois est le neveu de M. de Falloux et
son exécuteur testamentaire. Il défend l'œuvre
de son oncle avec énergie :
En somme on poursuit l'asservissement d'une
partie de la nation,la France catholique. Le tort de
certains Français, ce n'est pas d'être de mauvais
Français, c'est de ne pas penser comme le gouver-
nement. Le Sénat se refusera certainement à sui-
vre les auteurs de la proposition dans la voie où
ils veulent l'engager. (Applaudissements à droite.)
Le contre-projet Girard
A propos du contre-projet Girard s'est pro-
duit une discussion assez vive et qui pourra
avoir son influence sur la suite du débat. M.
Clemenceau a pris parti d'une façon très nette,
dans de courtes observations que nous repro-
duisons plus bas.
M. Alfred Girard (du Nord). — Le projet de
la commission, aussi bien que celui du gouverne-
ment, seront inefficaces. C'est une itlusion de croire
qu'on aura raison de l'enseignement congréganiste
en interdisant l'enseignement aux congrégations
non autorisées. Si les congrégations n'existent
plus, les congréganistes sont partout.
Les projets présentés laissent passer une fissure
par laquelle peut pa'Mer la congrégation tout en-
tière. C'est pourquoi je propose qu'on exige du di-
recteur d'un établissement la déclaration qu'il n'a
point prononcé de vœu d'obéissance et de célibat.
Je retire le dror d'enseigner uniquement à ceux
qui, ayant fait lilière de leur personnalité, se mét-
tent en dehors de la famille et de la Société. (Ap-
plaudissements. )
M. Clemenceau — La Commission et le gou-
vernement acceptent-ils ce contre-projet ?
M. Thézard, rapporteur. — La commission en
délibérera.
Le président. — Ce n'est pas un contre-projet
mais en réalité un amendement. Il ne pourra
être mis en discussion qu'au moment où le
projet du gouvernement sera mis en discus-
sion, si le texte proposé par la commission est re
poussé.
M. Chaumié, minore de l'instruction publi-
que. — Je ne puis répondre sur un projet de cette
importance sans que le gouvernement en ait déli-
béré. La commission a également besoin de délibé-
rer.
Le président. — Le moment n'est pas venu
de discuter l'amendement de M. Girard. Le Sé-
nat devra d'abord statuer sur les véritables con-
tre-projets et ensuite sur le projet de la commis-
sion.
M. Clemenceau. — H faut que le Sénat vote
en pleine clarté. Beaucoup d'entre nous pourront
se prononcer pour ou contre le projet de la com-
mission, suivant la réponse qui sera faite par le
gouvernement à l'amendement de M. Girard. Je
dis que cette réponse doit être connue avant que
le Sénat statue sur l'article premier de la commis-
sion.
Voix à gauche, - C'est l'ajournement. (Longue
agitation.)
Le président. — L'ajournement n'est pas de-
mandé et le Sénat doit d'abord discuter les contre-
projets. (Très bien!)
M. Fallières, qui préside, donne lecture du
contre-projet Wallon. La discussion est ensuite
renvoyée à demain jeudi.
A LA CHAMBRE
LE BUDGET DE L'AGRICULTURE
Après avoir adopté une proposition de M.
Raoul Peret sur la situation des enfants natu-
rels, la Chambre reprend la discussion du bud-
get de l'agriculture.
On adopte un amendement de M. Mulac
comportant un crédit de 25.000 francs pour le
relèvement des prix du Concours des animaux
gras, à Paris.
M. Defumado se plaint de la réduction du
nombre des concours régionaux. M. Mougeot
répond que, en même temps, on a pu augmen-,
ter le nombre des petits concours spéciaux.
M. Poisson réclame un relèvement de crédit
de 500.000 fr. pour les primes à la sériciculture.
Sur la demande de M. Doumer, président de la,
commission du budget, M. Poisson rotire son
amendement. Des araeodemeots ratants aux
primes à la c sUurs du iii ««ni retiré.} dans
les mêmes conditions.
- M. Bouctot demande &u ministre de prendre:
des mesures efficaces pour réprimer la fabri-
cation des beurres. M. Mougeot, en réponse à ;
M. Krauss, promet de s'occuper de la situation
du personnel des écoles vétérinaires.
Les petits oiseaux
M. Suchetet trouve les instructions données
au sujet de la protection des petits oiseaux
excessivement sévères.
M. Mougeot rréplique que les mesures priser
ont été décidées da's l'intérêt de l'agriculture.
M. Sucbatet dépose une motion invitant la
gouvernement à user de tolérance en cette
matière.
L'ordre du jour pur et simple, demandé pal
M. Mougeot. est adopté à mains levées.
On va s'occuper de la date de l'ouverture de.
la chasse du faisan. La discussion est renvoyée
à aujourd'hui.
H. Dr
LA REFORME OES POSTES
Le 31 octobre dernier, nous avons publié, eu
exposant les arguments militant en faveur de
cette mesure, un article au sujet d'une réforme
importante en préparation à l'administration
des postes.
La Hernie des piste*, tout en nous approu"
vant et en reproduisant notre article presque
en entier, exprime la crainte qu'on ne fassff
échouer la réforme sous le prétexte qu'elle est
antidémocratique
La Revue est de notre avis ; elle ne partage
pas l'opinion des adversaires de la réforme-
mais elle va au-devant de l'objection et rap-
pelle ce qui s'est passé lors d'une tentativft
analogue, quand on a créé les agents trieurs-,
La création des agents trieurs n'a pas ét&
à vrai dire une réforme. On avait youlu, s&nt
étude sérieuse préliminaire, tenter un essai,
qu'une opposition doat tout ie monde aujour-
d'hui connait les secrets, ilt, rapidement
échouer. Il no fut nullement question alors de
démocratie ou d'antidémocratie.
Il n'en est pas de même de l'institution des
commis auxiliaires que l'administration avait
également créée dans le but de réaliser des
économies et qui était antidémocratique af
premier chef. Le Parlement, avec raison, a
supprimé cette catégorie d'employés il y a une-
dizaine d'années.
Voici en quoi consistait cette réforme; on val
voir tout de suite qu'elle n'était pas viabll
dans une république comme la nôtre.
Après un examen un peu moins élevé, moins.
difficile que celui .des commis ordinaires, on
prenait des employés, débutant à 1.000 fr. et
ne pouvant dépasser 2.000 fr., n'ayant aucun
droit à aucuue retraite et on les chargeait de
la même beso jne absolument que les commis,,
débutant à 1.500 fr., pouvant aspirer aux plus
hauts grades do l'administration et ayant droit
à retraite.
Il n'y avait entre les deux catégories d'em-
ployée quo cette légère différence d'instruction.
Mais l'insuffisance d'instruction ne faisait pas.
trouver mauvais les uns pour la besogne; elle
ne les faisait éliminor que des avantages et
.des profits. ,.
Cela oui, c'était antidémocratique; aussi
quand le Parlement s'en occupa, personne n'osa,
soutenir l'institution.
En est-ii de même de la réforma en ques-.,
tion? On propose de confier à des facteurs, à
des hommes de peino, une besogne facile, n'exi-
geant pas d'études préalables, comme la ma-
nipulation des lettres, le transport, le ficelage
et le cachetage de sacs, besogne actuellement
exécutéo par tous les commis indifféremmento
qu'ils soient bacheliers, licenciés, ou simple-
ment pourvus du certificat d'études.
Avec la nouvelle réforme, on pourra donner
à chacun un travail suivant ses goûts, ses ten-
dances, son éducation, et on pourra dire :
« Chacun son métier, les vaches seront bien
gardées ». — L. F.
Voir à la 3* page
les Dernières Dépèoheu.
de la nuit
et la Revue des Journaux
du matin J
LA POLITIQUE ET LES SYNDICATS
L'Angleterre est la pays de l'Europe où le
parti ouvrier est le plus solidement organisé
pour soutenir ses revendications. Le syndica-
lisme anglais réunit presque tous les ouvriers
de chaque métier, mineurs, tisseurs, etc., et les,,
employés des grandes compagnies, dans deW
groupements appelés trade unions, dont touaf
les membres payent une cotisation mensuella
et obéissent à une discipline très rigoureuso.
Possédant des capitaux considérables variant
entre dix et quinze millions pour la plupart,:
ces organisations ouvrières assurent à leurï
adhérents en cas de chômage, grève ou mala-
die, les moyens de vivre pendant qu'ils ne tra-*
vaillent pas. - ..u - - ---
D autre part lorsque pour aes motiis légiti-
mes approuvés par le syndicat tout entier les
ouvriers adressent des réclamations à leur?
patrons ceux-ci cèdent plus facilement à dea.
grévistes dont la vie est largement assurée pen-^
dant toute la durée du cbômage si longue soit-
elle.
Les pouvoirs publics ont essayé de résister
au mouvement syndical, ils ont profité de ce
que certaines trade-unions avaient boycotté'
des patrons employant dans leurs établisse-
ments des ouvriers non syndiqués et empêch
par la force ces mêmes anciens de continuerl
leur travail pour apporter une limitation an
développement des associations ouvrières.
On s'est servi do certaines obscurités de la
loi pour reconnaitre à l'organisation syndi-
cale si complexe qu'elle soit la personnalité ci-
vile et l'on a pu la poursuivre comme telle.
devant les tribunaux. Les atteintes à la liberté
du travail ont été le plus souvent la cause do,
ces poursuites et les syndicats ont été obligés
parfois de payer des amendes très fortes aux
patrons et aux ouvriers non syndiqués.
Aussi les chefs du parti ouvrier se sont
aperçus des fautes qui avaient été commises
et la discipline des syndiqués est telle qu'il?
n'a fallu qu'un ordre pour en empêcher la
retour.
D'autre part les Trade-Unions ont considéré:
que tant qu'elles n'auraient pas de représen- -,
tant au Parlementlcurs revendications, mêmaî
acceptées par les patrons, n'auraient pas de
sanction légale.
Au ds,{\térsement des affaires publiqueg,
dont eUes ont fait preuve jusqu'à présent it
succédé une fiévreuse activité politique. Dit
tous côtés, des comités se sont formés en vua
do rdi-e élire des députés dont l'unique préoc-
cupation serait de faire voter des lois qui con-
firmeraient définitivement les succès que le$
syndicat? ont déjà obtenus dans tour lutte:
contre les abus du patronat.
Un » remier résultat a été déjà obtenu. Lef
Trades-Unions ont fait élire, dans un des fau-
bourgs de Londres qui jusqu'alors avait étit
considéré comme ua des fiefs du parti conser-
vateur, un de leurs candidats qui a obtenuC(
malgré une pression officielle considérable,una
majorité de plus de six mille suffrages.
II y a lieu de 'féliciter les ouvriers anglai
d'être sortis de l'abstention volontaire dans.
laquelle ils s'étaient jusqu'à i présent canton-
nés, et d'avoir compris que l'action syndicale,'
n'est rien, si elle ne s'appuie sur l'action poli-
tique. Que veulent les syndicats ? des réfor4
mes ouvrières. Or, les réformes dépendent dos',
lois et les lois du Parlement. Comment donc,!
dès lors, ne pas s'intéresser à l'œuvre poliut
que ?
- ---_--..---- - -- -- - -- - -
ANNONCES
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14, rue du Mail, Paris.
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Adresser lettres et mandats à l'A i ninislrateur
IWS LEADERS
La Paix Sociale
En adoptant à l'unanimité, samedi,
l'ordre du jour que nous avons repro-
duit, la Chambre des députés s'est li-
vrée à une manifestation dont il con-
vient de signaler l'importance et la
portée.
Trop souvent sous la coupole du
Palais Bourbon résonnent des cris de
défiance et de haine ; le jour où, dans
l'enceinte législative, se font entendre
des paroles de concorde et de solida-
rité, c'est notre devoir d'applaudir, et
nous applaudissons
Au fond de ce douloureux conflit
d'Armentières, qui a. été le prétexte à
d'abominables excès, qu'y a-t-il ?
Le refus des patrons de soumettre à
rarbitrage le différend qui s'est élevé
entre eux et leurs ouvriers.
Que dit l'ordre du jour de M. Jau-
rès?
« La Chambre compte sur le gou-
vernement pour renouveler auprès des
patrons, dans la grève de la Vallée de
la Lys, la proposition d'arbitrage. »
Cela a été adopté à l'unanimité de
512 votants.
La Chambre nous parait ici s'être
rendu parfaitement compte de son rôle
et de sa mission. Tour à tour, la cause
des patrons et celle des ouvriers ont
été- plaidées devant elle. Mais avait-
elle dans les mains assez de documents
pour pouvoir dire qui des uns ou des
autres ont raison ? Etait-elle, après
cette discussion, en mesure de se pro-
noncer sur le litige lui-même ? Nul ne
l'a pensé.
Certes, la Chambre eût risqué de
commettre une erreur si, munie des
seuls renseignements qu'elle pouvait
posséder, elle eût assumé la respon-
sabilité d'une décision. Au contraire,
elle s'est mise à l'abri de tout repro-
che sincère en se bornant, comme M.
Jaurès l'y conviait, à demander au
gouvernement de renouveler auprès
des patrons la proposition d'arbitrage.
Le ministre du commerce a déclaré
qu'il accepterait de grand cœur la
mission conciliatrice dont on le char-
geait. Voilà qui est au mieux.
Voilà une bonne journée pour la
paix sociale. v
***
Ils sont peu satisfaits, cela va sans
dire, ceux qui vivent dans l'espérance
de troubles et de désordres à la faveur
desquels ils pourraient essayer de re-
venir un peu sur l'eau. L'attitude des
journaux réactionnaires, durant cette
journée de samedi, est curieuse à ob-
server.
La République française, le journal
de « feu Méline » ainsi que je l'ai
entendu appeler l'autre jour, dis-
cutaille, ergote, chicane, fait observer
que le vœu,formulé à l'unanimité par
la Chambre, de voir les patrons d'Ar-
mentières accepter la proposition d'ar-
bitrage, « n'est qu'un vœu, et ne pou-
vait être chose ». N'est-ce pas admi-
rable? Voilà quelles sottises on arrive
à dire,quand on n'a rien à dire.ou plu-
tôt quand on n'ose pas dire ce qu'on
pense.
Vous savez que l'ordre du jour Jau-
rès ordonne, dans sa seconde partie,
une enquête sur l'état des industries
textiles et des ouvriers tisseurs. La
République française écrit gravement :
ff Il est permis de remarquer que cette
décision de faire une enquête implique
l'aveu,dela part de l'assemblée,qu'elle
connaît imparfaitement la question.
Dans ces conditions, il aurait peut-être
mieux valu qu'elle attend il de la con-
naître pour donner un avis. »
Quel avis? La Chambre n'en a émis
- qu'un. Celui qu'il serait souhaitable
que les patrons d'Armentières accep-
tassent l'arbitrage. Tout-à-l'heure, la
République Française faisait observer
dédaigneusement que ce n'était qu'«un
vœu ».
Voulez-vous Cj Ge je vous dise ce qu'il
y a en dessous de tout cela? Il y a le
, dépit, la rage de voir les socialistes
tenir un tel langage, si modéré, si
juste, que le gouvernement et la Cham-
bre n'hésitent point a leur donner rai-
son.
Est-ce que les réactionnaires -qu'ils
-s'intitulent républicains ou bien qu'ils
Ment conservé les vieilles étiquettes de
jadis — désirent la paix sociale, veu-
lent la paix sociale? Point. Représen-
tants de ce qu'on appelle : les classes
dirigeantes, de la bourgeoisie capita-
liste, ils ont trop d'intérêt à ce que
s'éternise l'antagonisme entre les pos..
sédants et. les non-possédants, pour
voir d'un bon œil progresser les idées
de solidarité, de justice dont le triom-
phe amènera la paix sociale.
Mais détournons nos regards de ces
hommes qu'assurément il faut plain-
dre, puisqu'ils sont victimes de leurs
vpassions et qu'elles leur font perdre
toute notion du vrai, tout sensd ] jUf. e;
repoussons ces feuilles qui puent la
'mauvaise foi.
***
<. Je viens d'écrire le mot qui contient
Va venir : solidarité. Précisément l'A-
cadémie des Sciences morales et poli-
tiques — elle a le sens de l'actualité,
cette vieille dame — met au concours,
pour le prix Saintour,- 3,000 fr., à dé-
cerner en 1906 — ce sujet : « De la
solidarité sociale ». Beau sujet, certes!
Dites, ne semble-t-il pas qu'un
rayon d'espoir brille dans notre ciel à
travers les nuages si longtemps si,
noirs ? Est-ce que, vraiment, il y a,
d'un côté comme de l'autre, des hom-.
mes de bonne volonté pour, rejetant
loin d'eux les haillons de la guerre ci-
viles,unirleurs mains fraternelles daas
un effort commun ? Si cela est,
croyez-le, l'humanité est sauvée.
Le jour où les hommes seront con-
vaincus qu'ils ont tous les uns envers
les autres des obligations réciproques,
et que,tous étant solidaires, le mal fait
à l'un atteint l'autre, fatalement — ce
jour-là, la paix sociale qui n'est en-
core aujourd'hui que le beau rêve de,
quelques esprits généreux, sera; pour
le bonheur des hommes, une rayon-
nante réalité.
Lucien Victor-Meunier,
—rr*
L'AFFAIRE DES PETITS OISEAUX
— Jamais, a dit Lockroy, qui.
présidait, hier, la séance de la-1
Chambre, je n'aurais cru que
les petits oiseaux pussent faire
tant de bruit.
Mais les petits oiseaux étaient
bien innocents. Et ils ont su que le Parle-
ment s'occupait d'eux, ils n'ont pu qu'en
être fâchés.
Vous trouverez plus loin le récit de l'in-
cident : une centaine de députés qui ve-
naient de tenir une mystérieuse réunion
dans je ne sais quel bureau du Palais-
Bourbon ont fait brusquement, dans la,
salle des délibérations, une entrée tumul-
tueuse.
Ils se sont lancés à l'assaut du banc des:
ministres ; ils ont entouré M. Mougeot, ils
ont poussé des cris et ils ont ébauché des;
gestes menaçants.
— Messieurs,, disait le ministre, que vou-
lez-vous ?
— Les petits oiseaux !
— Les petits oiseaux ? Je les protège de
mon mieux, suivant la volonté de la Cham
bre et conformément aux intérêts de l'agri-
culture.
— C'est ce que nous vous reprochons,
ont repris les mécontents ; nous ne sommes
pas, comme vous semblez le croire, les
amis des petits oiseaux; nous sommes leurs
ennemis : nous voulons les dévorer, tous,
jusqu'au dernier; nous avons faim d'alouet-
tes et de ces grives à défaut desquelles on
mange des merles. Et nos électeurs sont
comme nous. Ils entendent que des bro-
chettes de petits oiseaux figurent chaque,
jour sur leurs tables. A nous les fusils
bourrés de cendrée ! A nous les filets, à
nous les trébuchets, à nous les pièges en-
duits de glu !
Sur la prière de Lockroy, les membres
du groupe des oiseleurs ont regagné leurs
places. Mais ils ont déposé un ordre du
jour invitant le gouvernement à mettre
moins de zèle à protéger les petits oiseaux.
Comme cet ordre du jour ne compre-
nait pas une expression de confiancedans
le gouvernement, on a tremblé pour l'exis-
tence du cabinet.
Heureusement, l'ordre du jour pur. et
simple, réclamé par M. Mougeot, a été
adopté.
Telles sont les inconséquences de la vie
politique on s'occupait nier, au Sénat,
de la loi Falhux1 et, à la Chambre, des
petits oiseaux. é'est la séance de la Cham-
bre qui a été orageuse. - Ch. B.
———————— o ,
L'ENSEIGNEMENT SECONDAIRE
ET L'AMENDÈRENT GIRARD
Dans la soirée, l'agence H a va s nous transmet la
note suivante :
La réunion habituelle du conseil dos minis-
tres, qui cievait avoir lieu vendredi matin à
l'Elysée, sous la présidence de M. Loubet, est
avancée de 24 heures, afin de permettre au
gouvernement de délibérer sur l'amendement
soumis cet après-midi au Sénat par M. Girard,
sénateur du inord.
L'EMPEREUR DU SAHARA
On pouvait croire, jusqu'ici, que M. Jac-
ques Lcbaudy n'était qu'un lugubre plaisantin,
ne prenant pas lui-même très au sérieux ses
foILs turlupinades. Mais, oici, ô stupéfaction !
que M. Jacques Lebaudy s'imagine que « c'est
arrivée. Il a pris un monsieur Benoît comme
officier d'ordonnance, et ce pauvre Benoit
a reçu pour première mission d'aller porter
dare-dare la lettre suivante à Me Audouin,
avoué à Paris :
Monsieur,
Sa Majesté l'Empereur du Sahara a été informé
que vous êtes chargé par plusieurs militaires,.
ayant servi sous ses drapeaux, de l'assigner de- ;
vant les tribunaux français pour lui réclamer cent
mille francs de dommages-intérêts à payer à cha-
que homme.
Sa Majesté estimant que,le procès n'est pas réel-
lement entre d'anciens soldats et elle, mais bien
entre la puissante République française et le jeune
et faible-Empire du Sahara, est d'avis que, ni les,
tribunaux français, ni les tribunaux sahariens ne
peuvent juger cette affaire, avec l'impartialité,
voulue.
En conséquence, Sa Majesté propose aux de-
mandeurs la juridiction des tribunaux d'une puis-
sance, neutre, telle que l'Angleterre, la Belgique,
la Hollande ou la Suisse.
A moins que vos clients ne préfèrent la nomi-
nation d'un arbitre, et, en ce cas, Sa Majesté est
prête à accepter l'arbitrage do l'honorable M.
Ditte, président du tribunal de la Seine, dont la
grande, équité est universellement appréciée.
Ce dernier système aura l'avantage do donner
au litige une solution rapide.
Sa Majesté se trouvant actuellement à Londres
(Savoy Hôtel), je vous serai reconnaissant de vou-
loir bien bien lui faire connaître votre décision.
veuillez agréer, monsieur, l'assurance de ma
considération distinguée.
BENOIT
ofllc ier d'ordonnance.
Ce bon Jacques oublie que « son jeune et
faible empire du Sahara », n'ayant jamais
existé que dans son imagination, n'a jamais pu
ôtre reconnu. Donc.
Au surphs, tout récemment, Sa Majesté n'a-
t-elle pas aveué qu'elle était un simple contri-
buable français en adressant le montant de ses;
impôts écîius au percepteur de son quartier ? .!
Voyons, Jacques, mon cher Jacques, on n'est'
J'as sucrier à ce point-là 1 -::' Rantanvlm,
INTERVIEW DE PIE X
Simples réflexions d'un laique
Comment on fait un Dieu-Roi. — Re-
ligion basée sur la « destruction ».
— Ce que le pape entend par
« Eglise militante ». — Fils de
l'homme, mais mauvais fils. —
Peut-on apprivoiser et acca-
parer la République ? —
Esprit malin et malin
esprit.
Notre confrère Henri des Houx qui s'est fait
une spécialité des interviews pontificales, vient
de nous donner, - dans le Matin, celle de Pie X.
Si nos lecteurs le veulent bien, nous allons
lire ensemble quelques-unes des paroles mémo-
rables que notre confrère a scrupuleusement
et religieusement transcrile et noter hâtive-
ment, au courant de la plume, certaines ré-
flexions qu'elles nous suggèrent.
Trop d'évangiles
S'adressant aux catholiques français, Pie X
dit :
- Qu'Us n'oublient pas qu'ils sont enrôlés dans
l'Eglise militante. Ils subissent des tribulations ;
mais n'est-ce pas le sort que Jésus-Christ a préféré
dans sa vie terrestre ? Il pouvait naître et vivre
roi : il a préféré la condition d'artisan. On lui a
même offert la couronne et le sceptro d'or et toutes
les grandeurs terrestres ; il a préféré la couronne
d'épines, le sceptre de roseau, et, s'il a consenti à
être exalté au-dessus des autres hommes, c'est ¡ar
la croix d'infamie.
On sait que, sur 5't évangiles, l'Eglise n'en
a conservé que quatre : ceux de Jean, Luc,
Marc et Mathieu — sous prétexte qu'il n'y a
que quatre points cardinaux et qu'il n'y avait
que quatre fleuves dans le Paradis terrestre.
La vraie raison est, sans doute, comme l'a
dit saint Jérôme, à la fin du 4e siècle, « que
les évangiles écrits en latin comprenaient pres-
,que autant de versions différentes que d'exem-
plaires ».
D'ailleurs, les quatre évangiles qui subsis-
tent et qui forment la base des croyances ca-
tholiques, sont remplis de contradictions. Ils
sont, pourtant, d'accord sur un point: C'est
que Jésus, né de Marie (Myriam, la grosse) et
du charpentier Joseph, eut quatre frères et
deux sœurs ; ils donnent même les noms des
frères de Jésus. Le clergé prétend, naturelle-
ment, qu'il s'agit de cousins ou d'enfants que
Joseph aurait In eus d'un précédent mariage.
Cela n'empêche pas d'autres membres du
clergé de- proclamer que, comme Marie, Jo-
seph est resté vierge toute sa vie 1
Nul n'est prophète dans son paya
- Pie X nous dit que Jésus « qui pouvait naî-
tre et vivre roi, a préféré la condition d'arti-
san ». Comme artisan,Jésus est peu connu: on
le connaît mieux comme agitateur, comme
conférencier en plein air, vivant avec ses dis-
ciples sur la crédulité publique. N'est-ce pas
saint Luc qui nous montre la courtisane-Marie
de Magdala et d'autres femmes, accompagnant
Jésus et l'aidant de leurs biens?
L'évangélisto Jean nous dit bien (Jean VI-
15) que les partisans du Christ voulaient le
proclamer roi, et que Jésus fut obligé de s'en-
fuir — mais il ajoute que les juifs avaient
cherché deux fois à le lapider, et une autrefois
à le précipiter du haut d'un rocher (Jean VIII
et X — Luc IV). Quant à ses frères, à ses sœurs
et à sa mère elle-même, qu'il traita toujours
avec une rudesse révoltante, ils le considé-
raient comme un fou qu'on devait arrêter et
enfermer (Marc III, 21-31). Aussi, ce pauvre
Jésus disait-il tristement : « Nul n'est prophète
dans son pays (Mathieu XI-11-57).Un prophète
n'est méprisé que dans son pays, parmi ses
parents et ceux de sa famille » (Marc VI-4).
Vouloir ! Pouvoir 1
Jésus ne PUT pas être roi.
L'Eglise dit qu'il ne VOULUT pas être roi.
Dans cette distinction s'épanouit toute la doc-
trine politique et religieuse de l'Eglise. Elle est
la « distinction», fondamentale : toutes les au-
tres « distinctions » même celles des disciples
de Loyola, qu'on relève à chaque ligne, à cha-
que mot, pour ainsi dire, dans les dogmes et la
morale de l'Eglise, ne sont que secondaires.
Et l'on reste atterré, anéanti, quand on
songe que c'est sur des « distinctions » aussi
futiles, aussi puériles, que s'est fondée cette for-
midable religion qui a coûté tant de sang à
l'humanité.
Pie X aurait certainement pu se dispenserde
.nous le rappeler.
Nous descendrons dans la carrière.
Cependant, sans sourciller, le pape invite les
catholiques français à se promener en France
comme Jésus le faisait en Palestine.
Le Christ est leur modèle, et l'Evangile leur
dicte leur devoir. Jésus parcourait les villes, les
villages, les campagnes, prêchant partout au mi-
lieu des foules la bonne parole de douceur et de
charité. De même, les catholiques français ne doi-
vent pas avoir honte de descendre sur la place pu-
blique, dussent-ils y rencontrer leurs ennemis,
non pour contester à César ce qui est à César, non
pour y faire prévaloir des intérêts humains, ou
pour y donner carrière à des passions de parti,
mais pour aftirmer leur foi, revendiquer leur li-
berté, témoigner leur fraternelle union et leurs
vertus.
Voyez-vous tous ces Christs modernes se
baladant dans nos rues, haranguant la foule à
la fête de Montmartre, dans les omnibus et
dans le métro ? Si encore ils n'imitent Jésus
que dans ses paroles de douceur et de cha-
rité, cela passera au milieu des rires ; mais
,s'ils veulent l'imiter dans ses accès de colère,
cela se gâtera rapidement. Imaginez-vous tous
ces Christs se précipitant à la Bourse ou dans
les maisons de banque, renversant les tables,
les bureaux ; jetant au vent les pièces d'or et
les billets de banque et bousculant les gens
frappés à coups de fouet ?
Tes père et mère honoreras.
Pour se rapprocher d'eux (les hommes) plus en-
core, dit Pie X, Dieu a réuni toutes les grâces et
toutes les vertus humaines dans une femme, qu'il
a désignée pour intercéder en faveur des hommes
auprès du Très-Haut ; c'est (ici je dois citer les
paroles italiennes) la mamma di Cristo. <
Quand il s'adressait à sa mère, Jésus disait :
« Femme, que me veux-tu? » d'un ton qui
méritait au moins une paire de gifles. Au dé-
but du christianisme ces paroles semblaient
si naturelles qu'on discuta même dans un con-
cile la question de savoir si la femme avait
une âme comme l'homme.
Je m'en voudrais do vous citer les' opinions
des Pères de l'Eglise et d'une quantité de saints
sur les femmes -:'. opinions injurieuses, ex-
primées en termes si grossiers, d'ailleurs,qu'on,
ne pourrait les publier toutes dans un jour-
nal.
Mais, autres temps, autres mœurs I La
femme prenant peu à peu la place qu'elle doit
occuper dans l'humanité, l'Eglise change de
tactique : elle adule, elle encense, elle déifie
cette femme, dans laquelle, la veille, "elle ne
voulait même pas voir un être humain 1
Et Jésus, qui a passé sa vie à rabrouer sa
mère, n'écoute plus qu'elle — à ce qu'assurent
les papes.
Avances et menaces
Il est vrai, poursuit Pie X, que les catholiques
ont affaire à des adversaires redoutables. L'ennemi
de tout ordre divin et humain travaille assidûment,
de son côté, à semer dans les sociétés la discorde,
la haine, les impatientes convoitises. Une société
fondée sur les principes de l'Esprit malin, c'est
déjà l'enfer sur la terre.
Et voyez, dans votre pays même, on en vient à
s'engager dans une politique que je qualifierai de
« déicide » ; car, en molestant les fidèles, c'est 1er
Christ qu'on vise, c'est le Christ dont on veut re-
nouveler les humiliations et le supplice. C'est donc
autour du Christ que les fidèles doivent se presser,
se serrer, se grouper, en parfaite concorde.La moin-
dre division donne prise sur eux à l'ennemi impie
et antisocial, et ils ne peuvent être unis que dans
l'Eglise, l'Eglise qui ne saurait être inféodée à au-
cun parti. En effet, qui dit parti dit division.
Il y a eu de bons empereurs et de bons rois:
Charlemagne, saint Louis. Il y a eu de mauvais
empereurs et de mauvais rois. Il y en eut, enfin,
comme Napoléon, qui, après avoir rendu à l'Eglise
d'immenses services, l'ont persécutée terrible-
ment.
N.y a-t-il pas aussi des républiques où les catho-
liques jouissent do la plénitude de leurs libertés et
de leurs droits ? Le cardinal Gibbons m'a raconté
avecïjuels égards il avait fté Mcueilli par le prési-
dent Roosevelt, quoique protestant. Les catholi-
ques français ne peuvent-ils, pas envier le sort qui
est accordé par la protestante Angleterre aux ca-
tholiques et à leurs œuvres, et aussi la situation
conquise par les catholiques allemands sous le
rëgre d'un empereur luthérien ?
Enfin! nous y voilà! « La République sera
catholique, apostolique et romaine — ou elle;
ne sera pas. »
C'est le développement, le commentaire de
la pensée exprimée dans la chanson de Bé-
renger :
Un pape nous abolit :
Il mourut dans les coliques.
Un pape nous rétablit:
Nous en ferons des reliques
Les principes de l'Esprit malin sur lesquels
est fondée notre société, vous les connaissez ;
ils sont au fronton de tous nos monuments,
ils sont dans tous nos discours, ils sont dans
le cœur de tous les citoyens dignes de ce nom :
ils s'appellent : Liberté — Egalité — Frater-
nité — et nous y avons joint, récemment, ces
deux autres : Bonté — Justice.
Nous doutons fort que l'application de ces
principes soit le germe « des discordes, des
haines et des impatientes convoitises » dont
parle Pie X. Je dirai même plus : c'est grâce
à notre « politique déicide » que nous évite-
rons ces discordes et ces haines.
Intolérance cléricale. — Tolérance
laïque
Par ce mot « déicide », le pape qui n'est pas
l'Esprit malin, mais un malin esprit, ne veut'
pas dire que nous tuons Dieu — puisqu'on ne
peut pas tuer Dieu; il nous reproche unique-
ment de vouloir nous débarrasser des congré-
ganistes.
Hé 1 oui, nous voulons nous en débarrasser,
parce que ce sont eux les semeurs de haine,
de discorde et d'impatientes convoitises.
Quant au couplet sur les bons rois — Saint
Louis et Edouard VII; sur les bons empereurs
— Charlemagne et Guillaume II ; sur les bon-
nes républiques — les Etats-Unisetle président
Roosevelt, il cherche en vain à établir, à
maintenir une* monstrueuse confusion qu'on
sait bien ne pas exister mais qu'on croit ha-
bile de répandre et de propager — confusiou
qui consiste à faire croire que nous persécu-
tons tous les croyants parce que nous chassons
quelques moines. Edouard VII pas plus que le
Kaiser, Guillaume II pas plus que le président
Roosevelt, ne se laisseraient poignarder dans
le dos par les congrégations.
Ils se montrent tolérants pour le culte ca-
tholique, dit le pape. Et la République fran-
çaise, l'est-elle moins?
Hier encore, le fils d'un de nos ministres se
mariait à l'église; aujourd'hui, c'était la fille
d'un ancien président de la République.
Nous n'en sommes pas plus fiers pour cela,
il est vrai ; nous éprouvons même, avouons-le,
quelque humiliation à voir des cerveaux, que
nous croyions affranchis, s'incliner devant des
prêtres.
- Mais, à rencontre de ces mêmes prêtres qui
injurient les mariages civils et les obsèques
civiles, nous nous taisons, respectueux de la
liberté de conscience.
C'est par la seule raison, et non par les bû-
chers et les tortures de l'Inquisition,que nous
voulons émanciper et régénérer l'être humain,
— et tout en nous défendant contre les congré-
ganistes qui nous font une guerre implacable,
sans trêve ni merci, nous tendons la main aux
croyants sincères qui sont eux-mêmes les vic-
times volontaires des congréganistes.
Ce n'est pas dans le parti de la lumière, de
la bonté et de la justice que l'on rencontre les'
"« décerveleurs ».
>->,,,, G. de Vorney.
Nous publierons demain :
LE RAPPEL ARTISTIQUE ET LITTÉRAIRE
de notre ami et collaborateur Léon RIOTOR.
L'état de Fei-priacesse deSazs
[De notre correspondant particulier)
Munich, 10 novembre.
La nouvelle de la tentative de suicide de
,1'ex-princesse de Saxe est arrivée par voie in-
directe à la cour de Munich où la famille de
Toscane compte de nombreux amis. Bien en-
tendu, personne n'a prétendu que cet incident
pénible, mais heureusement resté sans effet,
s'était produit en Bavière même.
Il est question de ramener la princesse à
Lindau, mais la famille ne le fera qu'avec le
consentement de l'ex-princesse même. Le
voyage de celle-ci à Lyon, dont parlait une
ahence française, paraît indiquer que l'an-
cienne épouse du prince de Saxo s'est laissé
décider à rejoindre Lindau où elle pourrait
être mieux soignée.Le grand-duc de Toscane,
fort ému de l'état grave de sa fille, est disposé
à se réconcilier avec elle. En attendant on à"
envoyé à M. Lachenal, avocat à Genève, une
dépêche démentant la nouvelle alarmante' sur
la santé de son ancienne cliente. La famille de
Toscane veut par ce moyen éviter que la
presse s'occupe à nouveau de ses affaires.
FIANÇAILLES
DANS LA FAMILLE ROYALE ANGLAISE
(De notre correspondant particulier)
Londres, 10 novembre.
A la cour de Saint-James on parle d'un pro-
jet de mariage entre deux jeunes membres de
la famille royale. Le roi Edouard a déjà donné
son consentement. Les fiançailles seront annon-
cées officiellement d'ici quelques jours.
IMPORTANTE INVENTION NAUTIQUE
> (De notre correspondant particulier)
Rome, 10 novembre.
M. Vigo Amico a fait une invention très im-î
portante pour la marine marchande et pour
les navires de guerre. Par une cembinaison de
plans horizontaux et obliques il peut assnrer
aux bateaux à vapeur une position horizontale
constante même en mer agitée.
Les premières expériences viennent d'avoir;
lieu dans le port de Catanie et ont donné UD
excellent résultat.
Un des principaux avantages de l'invention
| I est d'augmenter la rapidité des navires.
LA JOURNEE
PARLEMENTAIRE
AU SÉNAT
LA LOI FALLOUX
Le Sénat a terminé hier la discussion géné-
rale des projets d'abrogation de la loi Falloux.
M. Tbézard, rapporteur, a prononcé, au nom
de la Commission, un discours qui a été vive-
ment et justement applaudi par la gauche.
M. Thézard, rapporteur. — Pendant les vingt
ans qui ont précédé l'établissement de la loi Fal--
loux, toute la jeunesse a été élevée dans les lycées
de l'Etat. C'est le régime qu'on a appelé « le mono-
pole universitaire».
Le régime a eu ses mérites et sa grandeur. Il a
établi dans la jeunesse du pays une unité morale
certaine. L'unité morale a existé avant 1850. C'est
depuis 1830 seulement qu'elle est compromise.
Le régime do 1830 à 1850 n'a jamais été sévère-
ment critiqué que par ceux-là seuls auxquels il
barrait la route, c'est-à-dire par les congrégations
et leurs défenseurs.
Jamais les libéraux du temps de Louis-Philippe
n'ont réclamé ce qu'on a appelé, depuis, la liberté
de l'enseignement. Mais les cléricaux, eux, n'ont
cessé do la demander, et parmi eux, Lacordaire,
qui avait réalisé ce paradoxe de plaider publique-
ment la cause de la liberté, revêtu de la robe blan-
che du fondateur de l'Inquisition.
La loi de 1850 a été faite au profit des con-
: grégations. 11 s'agit aujourd'hui deir si 7 le
régime dont on connaît les résultuts persistera ou
si l'Etat reprendra ce qu'il a eu la, faiblesse" d'a-
bandonner.
La commission estime insuffisant le projet du
gouvernement. Les. garanties qu'il présente sont
illusoires. C'est pourquoi elle présente un autre
projet plus avantageux et plus efficace. (Vifs ap-
plaudissements. )
M. Ponthier de Chamaillard répond à M.
Thézard :
M. Ponthier de Cbamaillard. — Je me pro-
pose de combattre la thèse de M. Thézard à l'aide
même des arguments que M. Thézard et ses amis
ont apportés à la tribune.
Ces arguments sont nombreux ; et, comme s'ils
ne l'étaient pas assez, le ministre de la marine
qui, décidément, secoue toutes les disciplines.
Le président. — Je vous prie de ne pas met-
'tre en cause un ministre absent.
M. Chaumié, ministre de l'instruction publi-
que. — Le gouvernement est d'accord et unanime
sur la qnestion qui nous occupe. Le langage prêté
à M. le ministre de la marine par les journaux est
inexact.
M. P. de Chamaillard supplie le Sénat de ne
pas adopter le projet Thézard.
Pour M.de Marcère, il suffit de citer la pé-
roraison de son discours pour en faire connaî-
tre l'esprit :
M. de Marcère. - Depuis quatorze siècles, la
Franco est catholique ; le catholicisme a fait son
unité, sa grandeur, sa force, il a imprégné son
-génie.
Vous imaginez-vous que, d'un trait de plume,
vous allez abolir tout ce passé ? Non vous échoue-
rez,et vous aurez le regret d'avoir compromia dans
cette entreprise ce qui a été de tout temps l'hon-
neur du parti républicain. (Applaudissements à
droite.)
M. de Blois est le neveu de M. de Falloux et
son exécuteur testamentaire. Il défend l'œuvre
de son oncle avec énergie :
En somme on poursuit l'asservissement d'une
partie de la nation,la France catholique. Le tort de
certains Français, ce n'est pas d'être de mauvais
Français, c'est de ne pas penser comme le gouver-
nement. Le Sénat se refusera certainement à sui-
vre les auteurs de la proposition dans la voie où
ils veulent l'engager. (Applaudissements à droite.)
Le contre-projet Girard
A propos du contre-projet Girard s'est pro-
duit une discussion assez vive et qui pourra
avoir son influence sur la suite du débat. M.
Clemenceau a pris parti d'une façon très nette,
dans de courtes observations que nous repro-
duisons plus bas.
M. Alfred Girard (du Nord). — Le projet de
la commission, aussi bien que celui du gouverne-
ment, seront inefficaces. C'est une itlusion de croire
qu'on aura raison de l'enseignement congréganiste
en interdisant l'enseignement aux congrégations
non autorisées. Si les congrégations n'existent
plus, les congréganistes sont partout.
Les projets présentés laissent passer une fissure
par laquelle peut pa'Mer la congrégation tout en-
tière. C'est pourquoi je propose qu'on exige du di-
recteur d'un établissement la déclaration qu'il n'a
point prononcé de vœu d'obéissance et de célibat.
Je retire le dror d'enseigner uniquement à ceux
qui, ayant fait lilière de leur personnalité, se mét-
tent en dehors de la famille et de la Société. (Ap-
plaudissements. )
M. Clemenceau — La Commission et le gou-
vernement acceptent-ils ce contre-projet ?
M. Thézard, rapporteur. — La commission en
délibérera.
Le président. — Ce n'est pas un contre-projet
mais en réalité un amendement. Il ne pourra
être mis en discussion qu'au moment où le
projet du gouvernement sera mis en discus-
sion, si le texte proposé par la commission est re
poussé.
M. Chaumié, minore de l'instruction publi-
que. — Je ne puis répondre sur un projet de cette
importance sans que le gouvernement en ait déli-
béré. La commission a également besoin de délibé-
rer.
Le président. — Le moment n'est pas venu
de discuter l'amendement de M. Girard. Le Sé-
nat devra d'abord statuer sur les véritables con-
tre-projets et ensuite sur le projet de la commis-
sion.
M. Clemenceau. — H faut que le Sénat vote
en pleine clarté. Beaucoup d'entre nous pourront
se prononcer pour ou contre le projet de la com-
mission, suivant la réponse qui sera faite par le
gouvernement à l'amendement de M. Girard. Je
dis que cette réponse doit être connue avant que
le Sénat statue sur l'article premier de la commis-
sion.
Voix à gauche, - C'est l'ajournement. (Longue
agitation.)
Le président. — L'ajournement n'est pas de-
mandé et le Sénat doit d'abord discuter les contre-
projets. (Très bien!)
M. Fallières, qui préside, donne lecture du
contre-projet Wallon. La discussion est ensuite
renvoyée à demain jeudi.
A LA CHAMBRE
LE BUDGET DE L'AGRICULTURE
Après avoir adopté une proposition de M.
Raoul Peret sur la situation des enfants natu-
rels, la Chambre reprend la discussion du bud-
get de l'agriculture.
On adopte un amendement de M. Mulac
comportant un crédit de 25.000 francs pour le
relèvement des prix du Concours des animaux
gras, à Paris.
M. Defumado se plaint de la réduction du
nombre des concours régionaux. M. Mougeot
répond que, en même temps, on a pu augmen-,
ter le nombre des petits concours spéciaux.
M. Poisson réclame un relèvement de crédit
de 500.000 fr. pour les primes à la sériciculture.
Sur la demande de M. Doumer, président de la,
commission du budget, M. Poisson rotire son
amendement. Des araeodemeots ratants aux
primes à la c sUurs du iii ««ni retiré.} dans
les mêmes conditions.
- M. Bouctot demande &u ministre de prendre:
des mesures efficaces pour réprimer la fabri-
cation des beurres. M. Mougeot, en réponse à ;
M. Krauss, promet de s'occuper de la situation
du personnel des écoles vétérinaires.
Les petits oiseaux
M. Suchetet trouve les instructions données
au sujet de la protection des petits oiseaux
excessivement sévères.
M. Mougeot rréplique que les mesures priser
ont été décidées da's l'intérêt de l'agriculture.
M. Sucbatet dépose une motion invitant la
gouvernement à user de tolérance en cette
matière.
L'ordre du jour pur et simple, demandé pal
M. Mougeot. est adopté à mains levées.
On va s'occuper de la date de l'ouverture de.
la chasse du faisan. La discussion est renvoyée
à aujourd'hui.
H. Dr
LA REFORME OES POSTES
Le 31 octobre dernier, nous avons publié, eu
exposant les arguments militant en faveur de
cette mesure, un article au sujet d'une réforme
importante en préparation à l'administration
des postes.
La Hernie des piste*, tout en nous approu"
vant et en reproduisant notre article presque
en entier, exprime la crainte qu'on ne fassff
échouer la réforme sous le prétexte qu'elle est
antidémocratique
La Revue est de notre avis ; elle ne partage
pas l'opinion des adversaires de la réforme-
mais elle va au-devant de l'objection et rap-
pelle ce qui s'est passé lors d'une tentativft
analogue, quand on a créé les agents trieurs-,
La création des agents trieurs n'a pas ét&
à vrai dire une réforme. On avait youlu, s&nt
étude sérieuse préliminaire, tenter un essai,
qu'une opposition doat tout ie monde aujour-
d'hui connait les secrets, ilt, rapidement
échouer. Il no fut nullement question alors de
démocratie ou d'antidémocratie.
Il n'en est pas de même de l'institution des
commis auxiliaires que l'administration avait
également créée dans le but de réaliser des
économies et qui était antidémocratique af
premier chef. Le Parlement, avec raison, a
supprimé cette catégorie d'employés il y a une-
dizaine d'années.
Voici en quoi consistait cette réforme; on val
voir tout de suite qu'elle n'était pas viabll
dans une république comme la nôtre.
Après un examen un peu moins élevé, moins.
difficile que celui .des commis ordinaires, on
prenait des employés, débutant à 1.000 fr. et
ne pouvant dépasser 2.000 fr., n'ayant aucun
droit à aucuue retraite et on les chargeait de
la même beso jne absolument que les commis,,
débutant à 1.500 fr., pouvant aspirer aux plus
hauts grades do l'administration et ayant droit
à retraite.
Il n'y avait entre les deux catégories d'em-
ployée quo cette légère différence d'instruction.
Mais l'insuffisance d'instruction ne faisait pas.
trouver mauvais les uns pour la besogne; elle
ne les faisait éliminor que des avantages et
.des profits. ,.
Cela oui, c'était antidémocratique; aussi
quand le Parlement s'en occupa, personne n'osa,
soutenir l'institution.
En est-ii de même de la réforma en ques-.,
tion? On propose de confier à des facteurs, à
des hommes de peino, une besogne facile, n'exi-
geant pas d'études préalables, comme la ma-
nipulation des lettres, le transport, le ficelage
et le cachetage de sacs, besogne actuellement
exécutéo par tous les commis indifféremmento
qu'ils soient bacheliers, licenciés, ou simple-
ment pourvus du certificat d'études.
Avec la nouvelle réforme, on pourra donner
à chacun un travail suivant ses goûts, ses ten-
dances, son éducation, et on pourra dire :
« Chacun son métier, les vaches seront bien
gardées ». — L. F.
Voir à la 3* page
les Dernières Dépèoheu.
de la nuit
et la Revue des Journaux
du matin J
LA POLITIQUE ET LES SYNDICATS
L'Angleterre est la pays de l'Europe où le
parti ouvrier est le plus solidement organisé
pour soutenir ses revendications. Le syndica-
lisme anglais réunit presque tous les ouvriers
de chaque métier, mineurs, tisseurs, etc., et les,,
employés des grandes compagnies, dans deW
groupements appelés trade unions, dont touaf
les membres payent une cotisation mensuella
et obéissent à une discipline très rigoureuso.
Possédant des capitaux considérables variant
entre dix et quinze millions pour la plupart,:
ces organisations ouvrières assurent à leurï
adhérents en cas de chômage, grève ou mala-
die, les moyens de vivre pendant qu'ils ne tra-*
vaillent pas. - ..u - - ---
D autre part lorsque pour aes motiis légiti-
mes approuvés par le syndicat tout entier les
ouvriers adressent des réclamations à leur?
patrons ceux-ci cèdent plus facilement à dea.
grévistes dont la vie est largement assurée pen-^
dant toute la durée du cbômage si longue soit-
elle.
Les pouvoirs publics ont essayé de résister
au mouvement syndical, ils ont profité de ce
que certaines trade-unions avaient boycotté'
des patrons employant dans leurs établisse-
ments des ouvriers non syndiqués et empêch
par la force ces mêmes anciens de continuerl
leur travail pour apporter une limitation an
développement des associations ouvrières.
On s'est servi do certaines obscurités de la
loi pour reconnaitre à l'organisation syndi-
cale si complexe qu'elle soit la personnalité ci-
vile et l'on a pu la poursuivre comme telle.
devant les tribunaux. Les atteintes à la liberté
du travail ont été le plus souvent la cause do,
ces poursuites et les syndicats ont été obligés
parfois de payer des amendes très fortes aux
patrons et aux ouvriers non syndiqués.
Aussi les chefs du parti ouvrier se sont
aperçus des fautes qui avaient été commises
et la discipline des syndiqués est telle qu'il?
n'a fallu qu'un ordre pour en empêcher la
retour.
D'autre part les Trade-Unions ont considéré:
que tant qu'elles n'auraient pas de représen- -,
tant au Parlementlcurs revendications, mêmaî
acceptées par les patrons, n'auraient pas de
sanction légale.
Au ds,{\térsement des affaires publiqueg,
dont eUes ont fait preuve jusqu'à présent it
succédé une fiévreuse activité politique. Dit
tous côtés, des comités se sont formés en vua
do rdi-e élire des députés dont l'unique préoc-
cupation serait de faire voter des lois qui con-
firmeraient définitivement les succès que le$
syndicat? ont déjà obtenus dans tour lutte:
contre les abus du patronat.
Un » remier résultat a été déjà obtenu. Lef
Trades-Unions ont fait élire, dans un des fau-
bourgs de Londres qui jusqu'alors avait étit
considéré comme ua des fiefs du parti conser-
vateur, un de leurs candidats qui a obtenuC(
malgré une pression officielle considérable,una
majorité de plus de six mille suffrages.
II y a lieu de 'féliciter les ouvriers anglai
d'être sortis de l'abstention volontaire dans.
laquelle ils s'étaient jusqu'à i présent canton-
nés, et d'avoir compris que l'action syndicale,'
n'est rien, si elle ne s'appuie sur l'action poli-
tique. Que veulent les syndicats ? des réfor4
mes ouvrières. Or, les réformes dépendent dos',
lois et les lois du Parlement. Comment donc,!
dès lors, ne pas s'intéresser à l'œuvre poliut
que ?
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