Titre : Le XIXe siècle : journal quotidien politique et littéraire / directeur-rédacteur en chef : Gustave Chadeuil
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1903-10-26
Contributeur : Chadeuil, Gustave (1821-1896). Directeur de publication
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Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
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Description : 26 octobre 1903 26 octobre 1903
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Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-199
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 20/06/2013
CïTTCTO CENTIMES le INTtjLméroi
PAFîS & DEPARTEMENTS X_.o 1ST xxnrx^-ro CINQ CENTIMES
--': ANNONCES -' -i
AUX BUREAUX DU JOURNAL
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Et chez MM. LAGRANGE, CERF et Q"
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No 12281, — Lundi 26 Octobre 1903
3 BRUMAIRE AN 112
ADMINISTRATION : I I, rue du Hall
Adresser lettres et mandats à l'Administrateur
NOS LEADERS
Cbarité CIrial..
Charité Cléricale
les journaux réactionnaires discutent
<- ane circulaire adressée par M. G. Me-
sureur, directeur de l'Assistance pu-
blique, aux maires des arrondisse-
, ments de Paris. Cette circulaire a
Irait aux quêtes qui sont faites an-
nuellement par les soins des adminis-
trateurs des bureaux de bienfaisance.
M. G. Mesureur présente, dans la
circulaire en question, les observa-
tions suivantes, en ce qui concerne
l'appel à la charité des Parisiens que
font périodiquement nos maires :
Cet appel ne trouve qu'un écho insuffisant:
tes portes s'ouvrent difficilement devant vos
- quêteurs, et le cercle de vos donateurs est,
restreint. Ce n'est pas que la population soit
indifférente à ceux qui souffrent, mais, peu à
peu, par des attaques exagérées contre de pré-
tendus abus, par des légendes habilement en
tretenues, par des erreurs volontairement pro-
pagées dans un intérêt de parti, on a fait péné
trer dans l'esprit du public des préjugés et des
préventions injustes contre l'Assistance publi-
que.
M. G. Mesureur a raison de montrer
que la campagne des cléricaux contre
la République atteint principalement
les pauvres. Les nationalistes avaient
commencé par s'en prendre aux éco-
nomies des travailleurs en essayant de
ruiner la si utile et si morale institu-
tion des Caisses d'épargne. Nous sa-
vons maintenant qu'ils continuent leur
bominable campagne en essayant de
: réduire les misérables à la famine.
':': *
Imaginez la mentalité des riches
Conservateurs, qui, mal satisfaits de
notre politique d'action républicaine,
--- formulent le raisonnement suivant :
- 1( Nous ne sommes pas contents du
gouvernement ; donc nous couperons
les vivres, cette année, au bureau de
bienfaisance. »
L'Autorité paraît regretter l'attitude
adoptée par une partie de cette bour-
geoisie cléricale sur laquelle elle a de
l'influence. Le journal bonapartiste
tente cependant de plaider les circon-
stances atténuantes en faveur des
Harpagons du nationalisme.
Les attaques de certains monarchis-
tes contre l'assistance publique, dit,
en résumé, l'Autorité,ne peuvent avoir
aucune influence sur les républicains.,
Elles ont simplement tari les sources
de la charité catholique. Si l'Assis-
tance publique s'en aperçoit, c'est que
les républicains eux-mêmes ne sont
point des donateurs très zélés.
Notre confrère impérialiste se rend
compte, à coup sûr, de la faiblesse de
son argumentation. Quels sont les ar-
rondissements qui sont capables de
verser des sommes importantes, au
total, aux bureaux de bienfaisance ?
Ce sont les arrondissements riches..
Eh bien,,les arrondissements riches
sont loin d'être les plus fidèles à la
démocratie. Les Halles, où sont les
gros marchands de l'alimentation et
les placeurs, le faubourg Saint-Honoré,
citadelle des négociants fortunés, la
Plaine-Monceau, peuplée de rentiers,
le faubourg Saint-Germain, réduit de
l'aristocratie, les Champs-Elysées, ras-
semblement d'industriels, de rentiers
et d'étrangers oisifs — tous ces quar-
tiers, où il circule énormément d'ar-
gent, prit une représentation munici-
pale et législative réactionnaire.
Vous dites que Belleville, La Villette,
La Maison-Blanche, Grenelle et les
communes suburbaines, bref, les cités
-ouvrières, doivent suffire à alimenter
le budget de l'Assistance publique ?
Vous dites que l'exercice de la solida-
rité, dans la République, est à la charge
des seuls travailleurs républicains ?
Soit. Affirmez, affichez cette idée, qui
est défendable après tout, La Libre-
Pensée et le Socialisme ont intérêt à
ce que les capitalistes cléricaux ces-
sent de tromper les pauvres sur le
mensonge de la charité chrétienne.
Moins de charité et plus de solidarité :
J'avantage sera de notre côté.
C'est entendu : les cléricaux garde-
ront leurs billets de banque et leurs
pièces d'or. En revanche, nous espé-
rons qu'ils n'essayeront plus de drai-
4er les gros sous des républicains.
★**
L'occasion se présenté de mettre nos
amis en garde contre un danger qui
les menace tous au commencement de
l'hiver,
Vous voyez arriver chez vous deux
messieurs correctement mis, qui ont
tout à fait l'allure des délégués du bu-*
reau de bienfaisance. Ils présentent
des papiers, un registre qui ressem-
blent assez aux pièces que la mairie
remet aux personnes qu'elle accrédite.
Vous avez économisé une petite somme
que vous réservez pour l'Assistance-
publique. Vous remettez cette obole
- aux quêteurs. Ils vous remercient avec
effusion. Ils se retirent.
Vous venez de payer involontaire-
ment une redevance à un ouvroir ca-
tholique, à une œuvre de propagande
cléricale, voire à un comité électoral
dévoué à la congrégation.
Donc, ne manquons pas de ques-
fionner les quêteurs sur leur identité,
examinons les papiers qu'ils nous pré-
sentent, vérifions les timbres apposés
sur les feuilles qu'ils nous montrent.
Comme le dit en termes excellents
l'Autorité : « La charité, l'amour du
prochain et la pitié, n'ont pas d'opi-
nion; seulement, il est bon de savoir,
quand on vient en aide à des adver-
saires politiques, où va l'argent ».
Quand on vient en aide aux cléri-
caux, l'argent va toujours, directe-
ment ou par des voies détournées, à la
congrégation. Et la congrégation n'est
déjà que trop riche. 1
Hugues Destrem.
CONTRE LES IGHORflWTIHS
Nous avons été des premiers,
à féliciter notre ami Béraud de;
l'intention qu'il avait manifes-
tée, au cours des vacances par-
lementaires, de demander au
gouvernement le retrait de l'au -
torisation conférée aux Frères de la Doc-
trine chrétienne. C'est avec plaisir que noùs
apprenons que le sénateur républicain va
donner suite à. son projet. On annonce au-
jourd'hui que Béraud déposera sa motion
au début de la discussion du projet Chau-
mié, au Sénat. Mais déjà, voici que des
difficultés sont soulevées. Les timides ob-
jectent qu'il n'est pas dans les habitudes
du Sénat de porter à son ordre du jour
des motions semblables. Pourtant, les plus
modérés avouent que la motion Béraud
serait adoptée à une grosse majorité.
Quant au gouvernement, on laisse en-
tendre qu'il ne serait pas très reconnais-
sant à l'Assemblée du Luxembourg du ca-
deau de 800.000 élèves qu'elle ferait aux,
écoles laïques. ,- :
Ce serait une grosse charge pour l'en--:
seignement public : nous ne le contestons
pas. Mais, voyons, il n'est pas bon d'avoir
une politique qu'on développe dans des
discours, et une politique moins brillante,
dont on se contente pour l'exercice du pou-
voir. -
M. Combes a promis l'autre jour la sup-'
pression de l'enseignement congréganiste.
Béraud lui propose de commencer par
l'enseignement des Ignorantins. C'est de
bonne méthode, puisque les écoles de la
doctrine chrétienne constituent l'organisa-
tion centrale autour de laquelle se groupent'
les établissements moins importants. *
Ne remettons pas à demain. - Ch. B.
PARTI RADICAL-SOCIALISTE
Le comité exécutif s'est réuni hier soir, 9,
rue de Valois, sous la présidence de M. Louis
Puech, député de la Seine.
M. Poisson, député, remplissait les fonctions
de secrétaire de séance
Le président, en une chaude et brillante al-
locution, après les remerciements exprimés au
nom du bureau, caractérise le congrès de Mar-
seille aussi imposant par la quantité que par
la qualité des délégués; Tous ceux qui ont
, suivi le congrès ont eu cette impression que le
parti républicain radical et radical-socialiste
est un des faisceaux les plus unis et les plus
énergiques du grand parti républicain. Si le
| comité exécutif hâte les mesures qui doivent
compléter l'organisation entreprise, nul doute
que le parti ne puisse bientôt faire aboutir mé-
thodiquement ses - revendications.. -
M. Louis Puech demande à ses collègues de
se renfermer exclusivement dans les discus-
sions d'idées et de principes, puis il expose
l'idéal du parti et termine par un éloge ému
de son prédécesseur, M. Fernand Dubief, vers
qui vont les unanimes sympathies républicai-
nes, et qui peut être placé, entre les Bourgeois
et les Brisson, parmi ceux qui ont déjà rendu
do grands services à la démocratie, et M. Du-
bief, dont la mâle et belle éloquence et la gran-
de puissance de travail font notre admiration,
est appelé à en rendre beaucoup,
Le discours de M. Puech, coupé de marques
d'approbation, est couvert d'applaudissements..
Saisi d'une question sur l'application de-'
l'art. 11 du règlement du parti, le comité-
exécutif approuve à l'unanimité les proposé
tions du Bureau qui ne voit rien à modifier
dans l'organisation actuelle du secrétariat par-co
manent.
Le comité exécutif saisit cette occasion pour
exprimer toute sa confiance en son secrétaire
permanent, M. F. Bouffandeau, et lui adresser,
ainsi qu'à ses collaborateurs, ses vives félici-
tations pour le travail de l'année et la belle
organisation du Congrès.
M. Baudoh, vice président, expose la situa-
tion de la 2e circonscription de,Bourg, dans
l'Ain. Le comité exécutif aura à revenir sur
cette question.
M. Ltntilhac, vice-président, dit au nom dn
bureau comment on doit entreprendre tout de
suite l'œuvre do propagande et, en particulier,
la campagne de conférences. Les comités adhé-
rents seront invités tout de suite à. adresser
leurs demandes de conférenciers en indiquant
la date approximative et en donnant des rensei-
gnements sur la situation locale pour que l'on
puisse déterminer le choix des sujets à traiter.
Un certain nombre de questions seront mises
à l'étude et les conférenciers du parti les trai-
teront sur les divers points du pays.
Après échange d'observations, ce plan de
campagne est adopté.
M. Gigot, secrétaire, amorce devant le Co-
mité la question des élections municipales.
Après discussion, à laquelle prennent part
MM. Hector Depasse, Ranson, Patenne, Ch..
Bos, René Renoult, Bonnet, Lucciardi, le Co
mité donne mandat à son Bureau d'étudier
avec les autres groupements républicains la;
question des élections municipales sur les
bases adoptées en séance. Une proposition re-
lative au sectionnement de Paris est renvoyée
au bureau.
Le Comité décide de déléguer auprès de M.
le président du Conseil son Bureau auquel,
sera adjoint M. Hector Depasse, rapporteur,
pour l'entretenir des réformes électorales.
Le Comité maintient les commissions d'études
qu'il avait formées l'an passé ; suivant un vote
du Congrès il sera constitué une commission
de la politique extérieure et des affaires colo-
niales. Le même délégué ne pourra faire partie
que d'une seule commission. La nomination
des commissions aura lieu à la prochaine
séancù.
RUSSES ET JAPONAIS ]
Londres, 24 octobre.
On mande de Tien-Tsin au Daily Mail, le
23 octobre :
Le Japon a notifié à la Chine que, si la Russie
n'évacue pas la Mandchourie, il prendra aussi pos-
session d'un territoire chinois.
A LA CAMPAGNE
Les maladies des céréales et le chaulage
Maladies cryptogamiques. — Des di-
verses sortes de maladies, — Leur
évolution, leurs conséquences. —
Chaux et sulfates. - Comment
chauler les grains ? - Les sels
de cuivre et les cryptogames.
, ,- A quoi tiennent les dé-
couvertes ?
Pendant leur végétation, les céréales peu-
vent être attaquées par certaines maladies dues
à la présence de quelques cryptogames (cham-
pignons). Ces maladies ont une influence des
plus fâcheuses sur le développement et le
rendement des plantes auxquelles elles s'atta-
quent.
Toutes nos céréales sans distinction, peuvent
être attaquées par les maladies cryptogami-
ques. C'est ainsi que le seigle, assez souvent,
et le froment, très rarement, peuvent être at-
taqués par l'ergot. De même le froment,
l'avoine, l'orge et le maïs peuvent être envahis
par le charbon et la rouille ; enfin, le froment
est tout spécialement sujet à la carie qui s'at-
taque aussi parfois au maïs et au millet mais
respecte, l'orge, l'avoine et le seiglo.
Ergot, charbon, rouille et carie
Voici, du reste, une description sommaire
de ces maladies ; L'ergot, que l'on trouve très
rarement sur le froment, mais assez souvent
sur le seigle, est dû à un champignon (le Cla-
viceps purpurea) qui se développe sur l'ovaire
et qui remplace le grain par une excroissance
de couleur foncée, en forme d'ergot de coq,
Cette maladie peut avoir des conséquences né-
fastes sur la santé de ceux qui consomment du
seigle ergoté.
Le pain de seigle ergoté produit chez l'hom-
me une maladie très grave gangréneuse, spas?
modique, connue sous le nom d'ergotisme.
Le charbon des céréales Ustilago carbo est
causé par le développement d'un champignon"
de la famille des ustilâginées*. Ce champignon
remplit le grain d'une poussière noire; il se
développe aussi dans 10 parenchyme des glu-
mes, des balles, de l'axe des épillets et de leur
pédicelles. La poussière de charbon, constitué
par les spores de l'IJstilago carbo n'a pas d'o-_
deur ; ceci différencie cette maladie de la carie
qui donne une poussière fétide.
La carie du blé Tilbetia caries est aussi due
au développement d'un cryptogame de la f à-,
mille des ustilaginées. Le Tilbetia caries rem-
plit les grains d'une poussière noire, dont
:l'odeur est désagréable et même fétide. -
Les pieds do froment atteints par la carie-
ont des épis droits avec desglumesblanchâtres;
les grains sont courts renflés et colorés en gris,
brun. En général, tous les épis d'un même
pied sont cariés.
Nos grands-pères qui, certes, au moins au-
tant que nous étaient doués de l'esprit d'ob-
servation, avaient remarqué qu'on pouvait
empêcher le développement des maladies, dont-
il vient d'être question, en soumettant les se-
mences à l'action d'un lait de chaux. De là,
naquit la pratique du chaulage des graines.
Plus tard, on imagina de remplacer la chaux
par divers sulfates dont l'action sur les spores
ou semonces des champignons est plus efticace
que la chaux.
On eut alors le sulfatage des semences.
Bien que le sulfatage ait remplacé, à pau
près partout, le chaulage des graines, il existe
encore de nombreux cultivateurs qui sont res-
tés attachés à la vieille méthode.
Les deux procédés étant encore pratiqués,
nous allons faire la description de ces deux
opérations.
Le chaulage des grains
Cette opération consiste à traiter les grains
que l'on veut semer par un lait de chaux. On
la pratique, soit en employant l'eau et la chaux
à l'état pur, soit en faisant un lait de chaux
avec de la lessive ou même avec de l'eau salée.
Quel que soit le procédé employé, eau pure,
Lessive de cendres ou eau salée, on a le choix
entre deux méthodes de chaulage : le chaulage
par aspersion et le chaulage par immersion. ,
Le chaulage pas aspersion consiste à déposer
le grain à chauler sur une aire quelconque et
à verser dessus cinq ou six litres de lait de
,à chaux, par hectolitre de semence. -
Après que le lait de chaux a été répandu sur
les grains, il faut brasser énergiquement, à
plusieurs reprises, de façon à ce que tous les
grains soient bien imprégnés, bien mouillés
par le liquide.
Si on a employé de l'eau pure pour préparer
le lait de chaux, il est bon de répandre, sur le
tas de grains, cinq cents grammes do sel de
cuisine par hectolitre à sulfater. Le brassagè:
fait dissoudre le sel, les grains s'en trouvent
imprégnés, et l'adhérence de la chaux est ainsi
plus complète.
Quand le brassage des grains est terminé, il
est nécessaire de les laisser sécher pendant au
moins vingt-quatre heures avant de semer.
Le chaulage par immarsion est plus énergi-
que que le chaulage pas aspersion. Il consiste
à préparer le lait de chaux dans un large cu-
veau ou dans un bassin et à y plonger le grain
contenu dans des paniers d'osier ou dans des
récipients en toile, avec armature de bois.
Quand le grain est bien imprégné, on le retire
du lait de chaux et on le disperse sur le sol
pour le faire sécher. Comme dans le chaulage
par aspersion, s'il a été employé de l'eau pure,
pour la préparation du lait de chaux, il est
bon de mélanger du sel de cuisine au grain, à
la dose de 500 grammes par hectolitre de se-
mence.
Bien que le chaulage soit un bon remède
préventif contre l'apparition de la carie, du
charbon et de l'ergot, son action est cependant
moins énergique que celle, qu'on oWi-ent par
le sulfatage, opération que nous allons étudier.
-, Le sulfatage des grains
Le hasard est un grand inventeur. En la
circonstance, on lui doit la découverte de l'ac-
tion des sels de cuivre sur les semences des,
cryptogames qui s'attaquent aux céréales. Ce
fut Benedict Prévost qui, le premier, eut l'idée'
d'employer le sulfate de cuivre pour ses se-
mences et cette idée ne lui vint qu'après
qu'il eut remarqué le bon état des récoltes
qu'obtenait un cultivateur qui chaulait ses se-
mences dans un vieux chaudron couvert de
vert-de-gris.
Prévost essaya de tremper ses grains de se-
mence dans une dissolution de sulfate de cui-
vre; cette opération lui ayant donné de bons ré-
sultats, il en conseilla l'emploi et,tout aussitôt,
le sulfatage entra dans la pratique courante.
Le sulfatage des grains, à l'aide du sulfate
de cuivre on vitriol bleu, se fait de deux façons,
comme pour le chaulage par aspersion et par
immersion. On emploie pour cela quatre à
cinq kilogrammes de sulfate de cuivre par hec-
tolitre d'eau.
Quand on emploie la méthode de sulfatage
par immersion, il est bon de laisser le grain
en contact avec le liquide, une douzaine d'heu-
res environ. Il est nécessaire de laisser les
grains sécher avant de procéder à leur ense-
mencement; cinq ou six heures suffisent pour
_cela.
Les grains sulfatés avee une solution de vi-
triol bleu ont leur houppe de couleur bleuâtre.
Depuis quelques années, '>D tend à remplaces
le sulfatage de fer ou vitriol vert. L'action pro-
duite est tout aussi efficace. Nous avons nous
même fait des essais comparatifs à ce sujet et
nous n'avons trouvé aucune différence entre
les deux méthodes, depuis six années que nous
poursuivons ces essais.Mais, comme il y a une
différence de prix très sensible,entre le sulfate
de cuivre et le sulfate de fer — le sulfate de fer
vaut de 5 fr. 25 à 7 fr. les cent kilogrammes
alors que le sulfate de cuivre se vend 58 à 65 fr.
- il y a donc un réel avantage à employer le
sulfate de '- fer "à l'exclusion du sulfate de
cuivre,
La dose à employer est d'ailleurs absolument
la même que pour le sulfate.de cuivre.
En terminant, j'insiste de nouveau sur l'éco-
nomie très notable qui peut être réalisée du"
fait de l'emploi du sulfate de fer pour le sulfa-
tage des semences. Il n'y a pas de raison pour
jeter hénévolament son argent au vent.
Les cultivateurs ont assez de peine à joindre
les deux bouts; pour eux, 'w% plus petite écono-
mie est une véritable aubaine. N'oublions' pas,
d'ailleurs, que ce sont les petits ruisseaux qui
forment les grandes rivières.
A. MONTOHX.
Voir à la 3a p ige
les Dernières DépAohes-
de la nui+.
PAS DE PAPE, PAS DE TKICLUt
Navrés du rapprochement qui s'est produit
entre les deux sœurs latines, la France et l'Ita-
lie ; désolés de voir l'entente s'établir entre le
gouvernement français laïque et le gouverne-
ment italien considéré comme un spolia-
teur par tous les cordicoles, les cléricaux ne
cessent de répéter, dans leurs journaux, que
« les intérêts supérieurs et permanents du
pays exigent une entrevue entre M. Loubet et
Pie X j). C'en est iini de la France si le Prési-
dent de la République ne fait pas de salamalecs
au pape et ne baise pas pieusement la mule 1
A diverses reprises nous avons déjà signalé
l'absurdité de ces prétentions, mais nous se-
rions vraiment bien naïfs de ne pas montrer
une fois de plus que la papauté fut la cause
essentielle et primordiale du différend qui tint
si longtemps éloignées l'une de l'autre la
France et l'Italie. -
Cette nouvelle preuve, nous la trouvons dans
les Mémoires de M. de Blowitz; que M. Abel
Chevalley publie et commente en ce moment
dans le Temps :
La France, dit Blovitz, avait envoyé un vaisseau,
l'Orénoque à Civita-Vecehia, où il resta pendant
quelques années, comme une sorte de défi à l'unité
conquise de l'Italie. L'idée était que, si cela était
nécessaire, le pape pourrait trouver là un refuge
dans les eaux italiennes, une étape sûre sur le
chemin de l'exil. Ce navire, ancré comme une
constante protestation contre l'occupation de Rome
par les Italiens, devint un objet d'irritation pour
le gouvernement italien. Le chevalier de Nigra qui
était alors ambassadeur d'Italie à Paris m'en parla
souvent comme « d'une faute d'orthographe obs-
tinée » (telle était son expression pittoresque) que
la France avait commise dans ses relations avec
l'Italie.
— Mais pourquoi, lui dis-je un jour, n'en parlez-
vous pas au duc Decazes?
— C'est impossible, répondit le chevalier de Ni-
gra. Si je lui parle de la question, il faudra que
nous allions jusqu'au bout. Dans une affaire de ce
genre, il n'y a pas de milieu. Quand une nation
dit : je vous prie de retirer ce navire, il faut bien-
tôt ajouter : je vous demande de le retirer. Mais
vous, quand vous verrez le duc, expliquez-lui donc
cela, afin qu'il puisse comprendre que malgré
l'irritation causée par cette affaire de l'Orénoque,
je ne puis pas lui en parler.
En effet, à la suite de cette conversation, je vis'
le duc Decazes. -
--Il serait certainement bon, me dit-il, de trai-
ter cette affaire entre l'ambassadeur et moi. Mais
il faut qu'il sache bien que la conversation doit
être purement amicale, sans rien d'officiel, et
qu'aucune trace écrite ne doit rester.
La couversatron eut lieu. J'appris ensuite qu'elle
se termina par ces mots, prononcés par le chevalier
de Nigra : « Vous nous obligerez à chercher l'ami-
tié de ceux qui nous traitent moins cavalièrement»:
On ne, peut prouver plus clairement que, si
le noble duc Decazès n'avait pas sacrifié les
intérêts supérieurs du pays aux intérêts de
ceux qui nous assourdissaient alors par leur :
« Sauvez Rome et la France au nom du Sa-
cré-Cœur », la Triplice n'aurait probablement
jamais existé. — G. de V. -
- ————————————.
LE CABINET NOIR EN BULGARIE
fDe noTre correspondant particitlierl
Sofia, 24octobre.
M. Koulyabo-Korelki, correspondant do plusieurs
journaux russes, a adressé au président du Conseil,
M. le général Petroff, une lettre ouverte dénonçant
les agissements d'un cabinet noir établi à Sofia. Il
à pu se convaincre de l'existence de ce bureau clan-
destin par l'incident suivant. Le cabinet avait ou-
vert deux lettres destinées à M. Korezlci ; l'une ve-
nait d'Odossa et l'autre de Varna. En les refermant
le fonctionnaire s'était trompé d'enveloppe.
Le directeur des Postes et Télégraphes, de son
côté.déclare que les faits dont so plaint M. Korezki
sont imputables à des agents de la police secrète
russe qui ont réussi à corrompre plusieurs em-
ployés des Postes.
■■
LE COMTE LAMSDORF ET M. DELCftSSÉ
Des télégrammes de Darmstadt, — où se
trouvent actuellement l'empereur et l'impéra-
trice de Russie, — ont donné récemment com-
me probable la venue prochaine du comte
Lamsdôrf en France. Nous croyons savoir, dit
à ce sujet le Temps, que le ministre russe des
affaires étrangères a en effet l'intention de se
rencontrer avec son collègue français, mais
que la date de cette entrevue n'est pas encore
arrêtée. ; -
UN COMPAGNON D'ORSINI
- particulier)
* correspondant particulier}
• : Gênes, 24 octobre.
Un correspondant du Càffaro a découvert à Ro-
veredo un anji et compagnon d'Orsini, M. Natale
Jmperatori, qui a joué un rôle important dans l'at-
tentat par des bombes à la sortie de l'Opéra, rue
Lepeletier.
M. Natale Imperatori a aujourd'hui 74 ans, mais
il est encore très vert et fait des ascensions dans
les Alpes. Quand on lui rappelle le passé il a l'ha-
bitude de répondre en son patois : 0 fa el me
dover. (J'ai fait mon devoir.)
L'ancien compagnon d'Orsini est d'une amabilité
et d'une politesse extraordinaires. Il s'est montré
très content du voyage du couple royal italien à
Paris.
« Que les temps sont changés! s'écria-t-il,comme
« la civilisation a fait des progrès. Nos souverains,
« sont fêtés à Paris et on resserre les liens qui
$C unissent les deux peuples latins. »
-. LA FORTUNE DU RÉGICIDE
: De notre correspondant particulier}
Budapest, 24 octobre.
Le général Maschine, l'organisateur du massa-
cre au Konak de Belgrade, a acheté en Hongrie
une grande manufacture de tissage pour le prix
de 600,000 francs. L'établissement sera exploitée
sous un autre notn, mais au profit de l'officier
régicide.
On se demande d'où vient au beau-frère de la
reine Draga cette somme énorme. Du temps du
roi Alexandre, quand le général Maschine n'était
que colonel, il n'avait d'autres - ressources que son
traitement. -
LA CROIX DU PANTHÉON
A quand la fin de l'emblème ? — Un
signe d'un autre âge. — Vain et
inutile.- Un temple national et
laïque. — Toujours des scru-
pules. — Hâtons-nous ! —
Le mot de la fin.
Les drapeaux, derniers vestiges des fêtes
franco-italiennes, qui claquent encore au vent,
au sommet de la coupole, ont caché un instant
ànos regards la croix du Panthéon ; mais, si
flottants, si larges qu'ils puissent êtres ils ne
parviendront certes pas à" nous faire complète-
ment oublier qu'il y a, là-haut, au faite de la
superbe « couronne de colonnes », un emblème
vain et inutile qui jure au-dessus de ce temple
laïque et national.
Sur l'ombre des grands hommes, libres-pen-
seurs fameux, républicains célèbres, sur les
Voltaire, les J.-J. Rousseau, les Carnot, les
Mirabeau, cette croix ridicule qui étend ses
bras maigres de sinistre memoire, paraît s'ap-
pesantir et planer lourdement, tel un maître
imaginaire et despote, farceur de mauvais
goût, qui écrase du talon de sa botte des fronts
prosternés. Or, aujourd'hui, ces fronts proter-
nés se relèvent de plus en plus sous la lumière
qui les éclaire ; la science, la philosophie vont
leur chemin, et tous, jusqu'aux plus humbles,
veulent s'affranchir de ces sortes de jougs d'un
autre âge
Eux-mêmes, ces morts que recèle cette crypte
et dont Victor Hugo a dit :
C'est pour ces morts, dont l'ombre est ici bienvenue,
Que le haut Panthéon élève dans la nue,
Au-dessus de Paris la ville aux mille tours,
La reine de nos Tyrs et de nos Babylones,
Cette couronne de colonnes
Que le soleil levant redore tous les jours,
ces morts seraient, dans leur sommeil, secoués
d'un hoquet de fou rire s'ils pouvaient aper-
cevoir, les couvant de son ironie, cette croix
do pierre inutile.
La question
Et nous, les libres-penseurs qu'aucune des
niaiseries évangéliques n'asservit, nous de-
mandons, parce qu'ils sont déplacés, et même
profanes en cet endroit, nous demandons qu'on
enlève de là ce tronc et ces deux bras.
Maintes fois déjà, nous avons posé la ques-
tion. Toujours l'administration a joué la stu-
péfaction et, sans en avoir l'air, a simplement
passé outre. Maintenant nous voulons être
écoutés et entendus.
- On nous objecte que la croix du Panthéon,
masse énorme autant que vaine, ne saurait
être descendue de son socle à une pareille hau-
teur. Une logique tout élémentaire s'impose
ici: le dôme est en réparation; des échafauda-
ges monstres l'enserrent; pour faire monter
jusque-là les sacs de ciment et de plâtre, les
outils de toutes dimensions dont disposent les
ouvriers, qu'a-t-on imagiué? Ceci simplement :
En ce même endroit du cintre où se trouvait
le pendule de Foucault, on a fixé une énorme
poulie, munie d'un double cordage et, en
bas, juste au-dessous, on a installé une ma-
nivelle sur laquelle s'enroule un cordage, tan-
dis q!e l'autre monte les matériaux jusqu'aux
échafaudages. Alors demandez à l'un des ou-
vriers ce qu'il pense de la chose; il vous ré-
pondra très simplement :
— Mais c'est du petit jeu ! Qu'on laisse aller no-
tre pioche et vous verrez ! Nous commencerons
par réduire la croix en morceaux et ainsi, petit à
petit, par le même chemin que suivent nos sacs
de ciment et de plâtre, l'emblème descendra de
son socle jusqu'à terre, sans avaries, lentement
mais sûrement.
Conclusion
Cela n'est-il pas logique, encore une fois ?
Et. allez trouver maintenant le brave homme
de gardien qui, drapé dans sa houppelande
pour se préserver de la glace de ce temple,
écoute sans broncher, par habitude déjà, le
grincement des cordes sur la poulie ; deman-
dez-lui son avis : il vous répondra la même
chose, exactement, parce que « cela est tout
indiqué » et comme il est au moins autant
philosophe dans sa cave grandiose que Dio-
gène dans son humble tonneau, il ajoutera
avec un petit hochement de tête de droite à
gauche :
— Et puis, moi, vous savez, cela me laisse
froid ! Pourvu que les morts ne me jouent pas de
vilains tours, là-dessous, je me moque du reste.
D'ailleurs, pourquoi diable vous mettez-vous en
peine à propos de cette croix ? Vous savez bien
qu'on n'y touchera pas, voyons !
Enfin, la vérité en tout ceci, c'est que l'on a
encore des scrupules, en haut lieu. A ce point
que quand les « qui-de-droit » vous disent,
d'un petit air bonhomme : « Bah ! cette croix
ne gêne personne ! Le jeu ne vaut pas la chan-
delle 1 Laissons cela! », ils ont plutôt l'air de
penser, les « qui de droit » : « Diau du ciel ! si
nous touchions à cette croix, elle pourrait
bien nous tomber sur le nez I » C'est le mot
de la fin !. Le temps n'est pas vieux où des
femmes se pâmaient do frayeur devant un feu
follet!. — II.-A. Afortagne.
DECOUVERTE D'UNE IMPRIMERIE
RÉVOLUTIONNAIRE EN RUSSIE
(De notre correspondant particulier)
Saint-Pétersbourg, 24 octobre.
La police a découvert à proximité du Newski
Prospect, donc dans le quartier le plus élégant,
une imprimerie clandestine des révolutionnaires
russes.
La découverte est due à un pur hasard. Deux
agents en bourgeois, en tournée, avaient remarqué
qu'un homme très bien mis avait laissé tomber
une feuille imprimée en déboutonnant son paletot.
Ils ramassèrent le papier et virent que c'était
une proclamation révolutionnaire. Ils suivireut,
ensuite le passant qui entra dans un hôtel privé
construit en style pavillon. Les agents ont appelé
des renforts et ont fait irruption dans le petit hô-
tel. L'imprimerie se trouvait dans un souterrain.
On a arrêté trois typographes et deux ouvrières
qui étaient en train de travailler.
Les cinq personnes arrêtées refusent de faire
connaître le nom du propriétaire de l'hôtel.
LES CHAMBRES DE COMMERCE ANGLAISES A PARIS
C'est mercredi prochain que les délégués de
la City of London internrtional and commercial
Association viennent se rendre, à Paris, à l'in-
vitation qui leur a été adressée par le Comité
républicain du commerce et de l'industrie.
M. Mascurâud, président du comité, nous a
exposé le programme des fêtes données en
l'honneur des chambres de commerce anglaises:
Quant au programme,le voici: Débarquement, le
mercredi 28 à Calais, à l'heure du déjeuner. Ré-
ception par le Comiié local du commerce et de
l'industrie, par le député de, Calais, M. Mill, et par
une délégation du Comité parisien. A 2 h. le train
s'ébranle à la gara ; il est à 4 h. 57 à Paris.
Là, réception officielle, souhaits do bienvenue.
On vide quelques coupes de Champagne et A 5 heu-
res 112 on se sépare pour se retrouver à 7 h. 112
au banquet. Servi au Grand Hôtel, dans la grande
salle du Zodiaque, le repas, je n'ai pas bessoin de
vous le dire, sera somptueux. Chaquo convive
trouvera à sa place,en même temps que son menu,
une élégante enveloppe timbrée aux armes de la
Ville et qui renfermera des cigares do choix. La
musique de la garde se fera entendre au cours du
dîner.
L'élément officiel sera représentér largement :
Outre le ministre du commerce, qui prendra la
parole au dessert, tous les ministres seront lt,
même le président du - conseil, et, avec eux, les
anciens ministres du commerce, le président de la
chambre de commerce, lo gouverneur de la
lJttnquo do France.
« Le lendemain, jeudi, à 3 h.,l'éception à l'Hôtel de
Ville: à 8 h. !{2 soirée de gala à l'Opéra. On y re-
présentera le 3? acte d'Aïcla, les 41 et 5e acteat
d'Œdipe-Roi, le ballet de la Maladeltâ.
Le vendredi, réception des délégués, au Grand
Palais, par le conseil d'administration de l'exposi-
tion de l'habitation; lunch, musique, etc., sans
parler de deux ou trois autres "réceptionsr qui na
sont pas encore définitivement arrêtées, mais qui
suivant toute apparence, auront lieu. Départ dans
la soirée.
Vous, voyez que. le programme est chargé. Il se
déroulera, j'en ai là certitude, sans accroc, et nous
serons très fiers, après avoir pris congé de nos
hètes, du souvenir que nous leur aurons laissé da
Paris et de la Franco.
————————-———
UNE EXPLOSION AUX ARTS-ET-MÉTIERS
Une explosion d'une certaine violence s'es
produite hier soir, vers 6 h., au Conservatoir
des Arts et-Métiers. Les passants, très nom"
breux à cette heure, en ces parages, eurent u-
réel moment d'émoi, bien légitime ; toutefois
et heureusement il y avait plus de bruit qu*
de mal..
De l'enquête à laquelle nous nous sommes,
livré, voici ce qu'il résulte. Un jeune homme
de 24 ans environ, nommé Janet et habitant
quai de la Gare, 63, faisait, en l'absence da
son professeur, M. Jungfleisch, des expérien.-
ces ae chimie dans un laboratoire du Conser-
vatoire, lorsque tout à coup un accessoire en
verre qu'il maniait fit explosion, le blessant
quelque peu au visage, et assez grièvement,
en particulier à l'œil droit. Immédiatement,
l'on conduisit M Janet à la pharmacie la plua
proche, la « pharmacie polytechnique », où il
reçut les premiers soins que nécessitait son
état. Le pharmacien qui l'a soigné s'accorde à
dire que le blessé n'a au visage que quelques
égratignures sans importance faites par les
éclats de verre, que l'œil droit est plus grave-
ment atteint, mais qu'apparemment la vue dit
jeune homme n'est nullement compromise.
Au commissariat de police du quartier où
nous nous sommes rendus en dernier lieu. ont
nous a confirmé ces faits, en ajoutant qu'il
convenait de ramener l'accident à ses justes
proportions.
PIERRE LAFFITTE
M. Jean Canora n'est pas seulement un dé-
licat poète, c'est un délicieux contour. On sa
rappelle la scène lyrique composée lors de l'i-
nauguration de la statue d'Auguste Comte, et
où tant de virilité s'alliait à tant de grâce.
Aujourd'hui M. Canora publie dans la Nou-
velle Revue un article anecdotique d'un puis-
sant intérêt, sur Pierre Laffitte, le' successeur
et l'héritier intellectuel d'Auguste Comte.
La vie intime de Pierre Laffitte fut peu con-
nue. Le philosophe vécut, pauvrè,désintéressé,
insoucieux de la réclame,ne recherchant ni les
succès faciles ni la popularité, ni les hon-
neurs ni les décorations, puisant dans Un tra-
vail incessant les seules jouissances qu'il pût
désirer.
Ses Considérations sur l'ensemble de la civi-
lisation chinoise « son Etude sur le catholi-
cisme demeureront des livres fondamentaux
qui s'imposeront à l'attention de tous les pen-
seurs et de tous les hommes politiques qui'na
se contentent point d'une simple phraséologie
déclamatoire. -
Ce qui caractérise surtout Pierre Laffîttet
c'est sa grande foi - en l'idéal de l'humanité.
« Il croyait de tout son cœur, de tout son ,es-
prit, de toute son âme. Il avait cette force qui
soutient les apôtrès, d'être convaincu qu'il con-
vertissait.
Et M. Jean Canora conte à ce propos unf
charmante anecdote qu'il tient d'Anatolf
France. Pierre Laffitte s'était rendu à Pap
avec la société des Félibres, avec Anatole
France et Paul Arène. Après un banquet plua
que copieux, paraftiI, on se rendit dans une-
grande salle où Pierre Laffitte devait faire une
confërence sur Henri IV et la manière dont K
entendait les devoirs do roi..
Là les convives se sentirent bientôt gagnéf
par l'engourdissement précurseur du sommeiï.
Quant aux hommes et aux femmes qui n'a-
vaient point banqueté et souffraient de la cha-
leur intense ils se montraient hostiles à toute
philosophie ; ils commencèrent au bout d'une
heure à donner des signes d'impatience. Pierre
Laffitte continuait toujours.
Il s'était laissé emporter par son sujet, f
exposait la situation politique de la France a a
temps de laLigue, il parlait, il parlait toujours.
Ni les accents de la Marseillaise qui interrom-
pirent son discours, ni le vide fait dans la salle
par le départ des assistants ne l'empêchèrent da
développer son sujet. Entrainé par l'improvisa-
tion, il poursuivait sa conférence sans s'aper-
cevoir qu'il n'avait plus d'auditoire et à onZ4
heures du soir il commençait sa péroraison.
Puis il descendit en souriant de sa chaire,
et retrouvant ses amis qui venaient de rentrer,
il leur dit : a J'ai parlé peut-être un peu long-
temps, car ma montre était arrêtée - mais ils
ne m'en ont pas voulu. Je crois qu'ils ont
compris. »
« Ce trait peint l'homme, conclut M. Canora.
Il lui fallut la conviction qu'il était suivi Par
beaucoup pour entrainer quelques-uns et met-:
tre en leur cœur un peu de cette foi en l'h !!
manité dont son cœur débordait. Cela deva t
suffire. » — Ch. Darcy.
A L'HOTEL DE VILLE -
-
Au Conseil général
Le préfet de la Seine a signé, hier après-mitit"
l'arrêté convoquant les conseillers généraux du dé-
partement de la Seine eu session ordinaire pour 1»
mercredi 11 novembre. prochain. A l'ordre dii
jour : les tramways de pénétration.
Les maires de la banlieue
Les conseillers d'arrondissement et les maires d.
;la banlieue seront reçus par les membres du Con-
seil général de la Seine, et par MM. de Selves, pré-
fet de la Seine, Lépine, préfet de police, en l'Hôtel
de Ville, dans la salle des Prévôts, le samedi 31 OC.'
tobre, à 3 h. de l'après-midi.
Après les discours de MM. Ilémard, président du
Conseil général, de Selves, préfet de la Seine, La-
pine, préfet de police, un lunch sera servi aux in-
vités du Conseil général.
L'INSURRECTION EN MACÉDOINE
Les insurgés
Londres, 24 octobre.
On mande de Sofia au Times, le 23 octobre:
On télégraphie, de la frontière, que des bande,
insurgées se sont emparées mercredi soir du posta
fortifié de-Mercaze.
La garnison turque s'est enfuie sans tirer un
coup de fusil.
Les insurgés ont brûlé lo poste ainsi que le
camp adjacent, puis ont dynamité les fortifleationv
et les casernes.
Trois cents soldats turcs stationnés dans les en-
virons n'ont pas bougé.
pour arrêter les excès
Londres, 24 octobre.
On télégraphie do Constantinople au Jloming:
Post, le 23 octobre :
Les quatre officiers belges enrôlés pour la rdor-,
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De 4 à 8 heures du soir et de 10 heures du soir à 1 heure du matin
No 12281, — Lundi 26 Octobre 1903
3 BRUMAIRE AN 112
ADMINISTRATION : I I, rue du Hall
Adresser lettres et mandats à l'Administrateur
NOS LEADERS
Cbarité CIrial..
Charité Cléricale
les journaux réactionnaires discutent
<- ane circulaire adressée par M. G. Me-
sureur, directeur de l'Assistance pu-
blique, aux maires des arrondisse-
, ments de Paris. Cette circulaire a
Irait aux quêtes qui sont faites an-
nuellement par les soins des adminis-
trateurs des bureaux de bienfaisance.
M. G. Mesureur présente, dans la
circulaire en question, les observa-
tions suivantes, en ce qui concerne
l'appel à la charité des Parisiens que
font périodiquement nos maires :
Cet appel ne trouve qu'un écho insuffisant:
tes portes s'ouvrent difficilement devant vos
- quêteurs, et le cercle de vos donateurs est,
restreint. Ce n'est pas que la population soit
indifférente à ceux qui souffrent, mais, peu à
peu, par des attaques exagérées contre de pré-
tendus abus, par des légendes habilement en
tretenues, par des erreurs volontairement pro-
pagées dans un intérêt de parti, on a fait péné
trer dans l'esprit du public des préjugés et des
préventions injustes contre l'Assistance publi-
que.
M. G. Mesureur a raison de montrer
que la campagne des cléricaux contre
la République atteint principalement
les pauvres. Les nationalistes avaient
commencé par s'en prendre aux éco-
nomies des travailleurs en essayant de
ruiner la si utile et si morale institu-
tion des Caisses d'épargne. Nous sa-
vons maintenant qu'ils continuent leur
bominable campagne en essayant de
: réduire les misérables à la famine.
':': *
Imaginez la mentalité des riches
Conservateurs, qui, mal satisfaits de
notre politique d'action républicaine,
--- formulent le raisonnement suivant :
- 1( Nous ne sommes pas contents du
gouvernement ; donc nous couperons
les vivres, cette année, au bureau de
bienfaisance. »
L'Autorité paraît regretter l'attitude
adoptée par une partie de cette bour-
geoisie cléricale sur laquelle elle a de
l'influence. Le journal bonapartiste
tente cependant de plaider les circon-
stances atténuantes en faveur des
Harpagons du nationalisme.
Les attaques de certains monarchis-
tes contre l'assistance publique, dit,
en résumé, l'Autorité,ne peuvent avoir
aucune influence sur les républicains.,
Elles ont simplement tari les sources
de la charité catholique. Si l'Assis-
tance publique s'en aperçoit, c'est que
les républicains eux-mêmes ne sont
point des donateurs très zélés.
Notre confrère impérialiste se rend
compte, à coup sûr, de la faiblesse de
son argumentation. Quels sont les ar-
rondissements qui sont capables de
verser des sommes importantes, au
total, aux bureaux de bienfaisance ?
Ce sont les arrondissements riches..
Eh bien,,les arrondissements riches
sont loin d'être les plus fidèles à la
démocratie. Les Halles, où sont les
gros marchands de l'alimentation et
les placeurs, le faubourg Saint-Honoré,
citadelle des négociants fortunés, la
Plaine-Monceau, peuplée de rentiers,
le faubourg Saint-Germain, réduit de
l'aristocratie, les Champs-Elysées, ras-
semblement d'industriels, de rentiers
et d'étrangers oisifs — tous ces quar-
tiers, où il circule énormément d'ar-
gent, prit une représentation munici-
pale et législative réactionnaire.
Vous dites que Belleville, La Villette,
La Maison-Blanche, Grenelle et les
communes suburbaines, bref, les cités
-ouvrières, doivent suffire à alimenter
le budget de l'Assistance publique ?
Vous dites que l'exercice de la solida-
rité, dans la République, est à la charge
des seuls travailleurs républicains ?
Soit. Affirmez, affichez cette idée, qui
est défendable après tout, La Libre-
Pensée et le Socialisme ont intérêt à
ce que les capitalistes cléricaux ces-
sent de tromper les pauvres sur le
mensonge de la charité chrétienne.
Moins de charité et plus de solidarité :
J'avantage sera de notre côté.
C'est entendu : les cléricaux garde-
ront leurs billets de banque et leurs
pièces d'or. En revanche, nous espé-
rons qu'ils n'essayeront plus de drai-
4er les gros sous des républicains.
★**
L'occasion se présenté de mettre nos
amis en garde contre un danger qui
les menace tous au commencement de
l'hiver,
Vous voyez arriver chez vous deux
messieurs correctement mis, qui ont
tout à fait l'allure des délégués du bu-*
reau de bienfaisance. Ils présentent
des papiers, un registre qui ressem-
blent assez aux pièces que la mairie
remet aux personnes qu'elle accrédite.
Vous avez économisé une petite somme
que vous réservez pour l'Assistance-
publique. Vous remettez cette obole
- aux quêteurs. Ils vous remercient avec
effusion. Ils se retirent.
Vous venez de payer involontaire-
ment une redevance à un ouvroir ca-
tholique, à une œuvre de propagande
cléricale, voire à un comité électoral
dévoué à la congrégation.
Donc, ne manquons pas de ques-
fionner les quêteurs sur leur identité,
examinons les papiers qu'ils nous pré-
sentent, vérifions les timbres apposés
sur les feuilles qu'ils nous montrent.
Comme le dit en termes excellents
l'Autorité : « La charité, l'amour du
prochain et la pitié, n'ont pas d'opi-
nion; seulement, il est bon de savoir,
quand on vient en aide à des adver-
saires politiques, où va l'argent ».
Quand on vient en aide aux cléri-
caux, l'argent va toujours, directe-
ment ou par des voies détournées, à la
congrégation. Et la congrégation n'est
déjà que trop riche. 1
Hugues Destrem.
CONTRE LES IGHORflWTIHS
Nous avons été des premiers,
à féliciter notre ami Béraud de;
l'intention qu'il avait manifes-
tée, au cours des vacances par-
lementaires, de demander au
gouvernement le retrait de l'au -
torisation conférée aux Frères de la Doc-
trine chrétienne. C'est avec plaisir que noùs
apprenons que le sénateur républicain va
donner suite à. son projet. On annonce au-
jourd'hui que Béraud déposera sa motion
au début de la discussion du projet Chau-
mié, au Sénat. Mais déjà, voici que des
difficultés sont soulevées. Les timides ob-
jectent qu'il n'est pas dans les habitudes
du Sénat de porter à son ordre du jour
des motions semblables. Pourtant, les plus
modérés avouent que la motion Béraud
serait adoptée à une grosse majorité.
Quant au gouvernement, on laisse en-
tendre qu'il ne serait pas très reconnais-
sant à l'Assemblée du Luxembourg du ca-
deau de 800.000 élèves qu'elle ferait aux,
écoles laïques. ,- :
Ce serait une grosse charge pour l'en--:
seignement public : nous ne le contestons
pas. Mais, voyons, il n'est pas bon d'avoir
une politique qu'on développe dans des
discours, et une politique moins brillante,
dont on se contente pour l'exercice du pou-
voir. -
M. Combes a promis l'autre jour la sup-'
pression de l'enseignement congréganiste.
Béraud lui propose de commencer par
l'enseignement des Ignorantins. C'est de
bonne méthode, puisque les écoles de la
doctrine chrétienne constituent l'organisa-
tion centrale autour de laquelle se groupent'
les établissements moins importants. *
Ne remettons pas à demain. - Ch. B.
PARTI RADICAL-SOCIALISTE
Le comité exécutif s'est réuni hier soir, 9,
rue de Valois, sous la présidence de M. Louis
Puech, député de la Seine.
M. Poisson, député, remplissait les fonctions
de secrétaire de séance
Le président, en une chaude et brillante al-
locution, après les remerciements exprimés au
nom du bureau, caractérise le congrès de Mar-
seille aussi imposant par la quantité que par
la qualité des délégués; Tous ceux qui ont
, suivi le congrès ont eu cette impression que le
parti républicain radical et radical-socialiste
est un des faisceaux les plus unis et les plus
énergiques du grand parti républicain. Si le
| comité exécutif hâte les mesures qui doivent
compléter l'organisation entreprise, nul doute
que le parti ne puisse bientôt faire aboutir mé-
thodiquement ses - revendications.. -
M. Louis Puech demande à ses collègues de
se renfermer exclusivement dans les discus-
sions d'idées et de principes, puis il expose
l'idéal du parti et termine par un éloge ému
de son prédécesseur, M. Fernand Dubief, vers
qui vont les unanimes sympathies républicai-
nes, et qui peut être placé, entre les Bourgeois
et les Brisson, parmi ceux qui ont déjà rendu
do grands services à la démocratie, et M. Du-
bief, dont la mâle et belle éloquence et la gran-
de puissance de travail font notre admiration,
est appelé à en rendre beaucoup,
Le discours de M. Puech, coupé de marques
d'approbation, est couvert d'applaudissements..
Saisi d'une question sur l'application de-'
l'art. 11 du règlement du parti, le comité-
exécutif approuve à l'unanimité les proposé
tions du Bureau qui ne voit rien à modifier
dans l'organisation actuelle du secrétariat par-co
manent.
Le comité exécutif saisit cette occasion pour
exprimer toute sa confiance en son secrétaire
permanent, M. F. Bouffandeau, et lui adresser,
ainsi qu'à ses collaborateurs, ses vives félici-
tations pour le travail de l'année et la belle
organisation du Congrès.
M. Baudoh, vice président, expose la situa-
tion de la 2e circonscription de,Bourg, dans
l'Ain. Le comité exécutif aura à revenir sur
cette question.
M. Ltntilhac, vice-président, dit au nom dn
bureau comment on doit entreprendre tout de
suite l'œuvre do propagande et, en particulier,
la campagne de conférences. Les comités adhé-
rents seront invités tout de suite à. adresser
leurs demandes de conférenciers en indiquant
la date approximative et en donnant des rensei-
gnements sur la situation locale pour que l'on
puisse déterminer le choix des sujets à traiter.
Un certain nombre de questions seront mises
à l'étude et les conférenciers du parti les trai-
teront sur les divers points du pays.
Après échange d'observations, ce plan de
campagne est adopté.
M. Gigot, secrétaire, amorce devant le Co-
mité la question des élections municipales.
Après discussion, à laquelle prennent part
MM. Hector Depasse, Ranson, Patenne, Ch..
Bos, René Renoult, Bonnet, Lucciardi, le Co
mité donne mandat à son Bureau d'étudier
avec les autres groupements républicains la;
question des élections municipales sur les
bases adoptées en séance. Une proposition re-
lative au sectionnement de Paris est renvoyée
au bureau.
Le Comité décide de déléguer auprès de M.
le président du Conseil son Bureau auquel,
sera adjoint M. Hector Depasse, rapporteur,
pour l'entretenir des réformes électorales.
Le Comité maintient les commissions d'études
qu'il avait formées l'an passé ; suivant un vote
du Congrès il sera constitué une commission
de la politique extérieure et des affaires colo-
niales. Le même délégué ne pourra faire partie
que d'une seule commission. La nomination
des commissions aura lieu à la prochaine
séancù.
RUSSES ET JAPONAIS ]
Londres, 24 octobre.
On mande de Tien-Tsin au Daily Mail, le
23 octobre :
Le Japon a notifié à la Chine que, si la Russie
n'évacue pas la Mandchourie, il prendra aussi pos-
session d'un territoire chinois.
A LA CAMPAGNE
Les maladies des céréales et le chaulage
Maladies cryptogamiques. — Des di-
verses sortes de maladies, — Leur
évolution, leurs conséquences. —
Chaux et sulfates. - Comment
chauler les grains ? - Les sels
de cuivre et les cryptogames.
, ,- A quoi tiennent les dé-
couvertes ?
Pendant leur végétation, les céréales peu-
vent être attaquées par certaines maladies dues
à la présence de quelques cryptogames (cham-
pignons). Ces maladies ont une influence des
plus fâcheuses sur le développement et le
rendement des plantes auxquelles elles s'atta-
quent.
Toutes nos céréales sans distinction, peuvent
être attaquées par les maladies cryptogami-
ques. C'est ainsi que le seigle, assez souvent,
et le froment, très rarement, peuvent être at-
taqués par l'ergot. De même le froment,
l'avoine, l'orge et le maïs peuvent être envahis
par le charbon et la rouille ; enfin, le froment
est tout spécialement sujet à la carie qui s'at-
taque aussi parfois au maïs et au millet mais
respecte, l'orge, l'avoine et le seiglo.
Ergot, charbon, rouille et carie
Voici, du reste, une description sommaire
de ces maladies ; L'ergot, que l'on trouve très
rarement sur le froment, mais assez souvent
sur le seigle, est dû à un champignon (le Cla-
viceps purpurea) qui se développe sur l'ovaire
et qui remplace le grain par une excroissance
de couleur foncée, en forme d'ergot de coq,
Cette maladie peut avoir des conséquences né-
fastes sur la santé de ceux qui consomment du
seigle ergoté.
Le pain de seigle ergoté produit chez l'hom-
me une maladie très grave gangréneuse, spas?
modique, connue sous le nom d'ergotisme.
Le charbon des céréales Ustilago carbo est
causé par le développement d'un champignon"
de la famille des ustilâginées*. Ce champignon
remplit le grain d'une poussière noire; il se
développe aussi dans 10 parenchyme des glu-
mes, des balles, de l'axe des épillets et de leur
pédicelles. La poussière de charbon, constitué
par les spores de l'IJstilago carbo n'a pas d'o-_
deur ; ceci différencie cette maladie de la carie
qui donne une poussière fétide.
La carie du blé Tilbetia caries est aussi due
au développement d'un cryptogame de la f à-,
mille des ustilaginées. Le Tilbetia caries rem-
plit les grains d'une poussière noire, dont
:l'odeur est désagréable et même fétide. -
Les pieds do froment atteints par la carie-
ont des épis droits avec desglumesblanchâtres;
les grains sont courts renflés et colorés en gris,
brun. En général, tous les épis d'un même
pied sont cariés.
Nos grands-pères qui, certes, au moins au-
tant que nous étaient doués de l'esprit d'ob-
servation, avaient remarqué qu'on pouvait
empêcher le développement des maladies, dont-
il vient d'être question, en soumettant les se-
mences à l'action d'un lait de chaux. De là,
naquit la pratique du chaulage des graines.
Plus tard, on imagina de remplacer la chaux
par divers sulfates dont l'action sur les spores
ou semonces des champignons est plus efticace
que la chaux.
On eut alors le sulfatage des semences.
Bien que le sulfatage ait remplacé, à pau
près partout, le chaulage des graines, il existe
encore de nombreux cultivateurs qui sont res-
tés attachés à la vieille méthode.
Les deux procédés étant encore pratiqués,
nous allons faire la description de ces deux
opérations.
Le chaulage des grains
Cette opération consiste à traiter les grains
que l'on veut semer par un lait de chaux. On
la pratique, soit en employant l'eau et la chaux
à l'état pur, soit en faisant un lait de chaux
avec de la lessive ou même avec de l'eau salée.
Quel que soit le procédé employé, eau pure,
Lessive de cendres ou eau salée, on a le choix
entre deux méthodes de chaulage : le chaulage
par aspersion et le chaulage par immersion. ,
Le chaulage pas aspersion consiste à déposer
le grain à chauler sur une aire quelconque et
à verser dessus cinq ou six litres de lait de
,à chaux, par hectolitre de semence. -
Après que le lait de chaux a été répandu sur
les grains, il faut brasser énergiquement, à
plusieurs reprises, de façon à ce que tous les
grains soient bien imprégnés, bien mouillés
par le liquide.
Si on a employé de l'eau pure pour préparer
le lait de chaux, il est bon de répandre, sur le
tas de grains, cinq cents grammes do sel de
cuisine par hectolitre à sulfater. Le brassagè:
fait dissoudre le sel, les grains s'en trouvent
imprégnés, et l'adhérence de la chaux est ainsi
plus complète.
Quand le brassage des grains est terminé, il
est nécessaire de les laisser sécher pendant au
moins vingt-quatre heures avant de semer.
Le chaulage par immarsion est plus énergi-
que que le chaulage pas aspersion. Il consiste
à préparer le lait de chaux dans un large cu-
veau ou dans un bassin et à y plonger le grain
contenu dans des paniers d'osier ou dans des
récipients en toile, avec armature de bois.
Quand le grain est bien imprégné, on le retire
du lait de chaux et on le disperse sur le sol
pour le faire sécher. Comme dans le chaulage
par aspersion, s'il a été employé de l'eau pure,
pour la préparation du lait de chaux, il est
bon de mélanger du sel de cuisine au grain, à
la dose de 500 grammes par hectolitre de se-
mence.
Bien que le chaulage soit un bon remède
préventif contre l'apparition de la carie, du
charbon et de l'ergot, son action est cependant
moins énergique que celle, qu'on oWi-ent par
le sulfatage, opération que nous allons étudier.
-, Le sulfatage des grains
Le hasard est un grand inventeur. En la
circonstance, on lui doit la découverte de l'ac-
tion des sels de cuivre sur les semences des,
cryptogames qui s'attaquent aux céréales. Ce
fut Benedict Prévost qui, le premier, eut l'idée'
d'employer le sulfate de cuivre pour ses se-
mences et cette idée ne lui vint qu'après
qu'il eut remarqué le bon état des récoltes
qu'obtenait un cultivateur qui chaulait ses se-
mences dans un vieux chaudron couvert de
vert-de-gris.
Prévost essaya de tremper ses grains de se-
mence dans une dissolution de sulfate de cui-
vre; cette opération lui ayant donné de bons ré-
sultats, il en conseilla l'emploi et,tout aussitôt,
le sulfatage entra dans la pratique courante.
Le sulfatage des grains, à l'aide du sulfate
de cuivre on vitriol bleu, se fait de deux façons,
comme pour le chaulage par aspersion et par
immersion. On emploie pour cela quatre à
cinq kilogrammes de sulfate de cuivre par hec-
tolitre d'eau.
Quand on emploie la méthode de sulfatage
par immersion, il est bon de laisser le grain
en contact avec le liquide, une douzaine d'heu-
res environ. Il est nécessaire de laisser les
grains sécher avant de procéder à leur ense-
mencement; cinq ou six heures suffisent pour
_cela.
Les grains sulfatés avee une solution de vi-
triol bleu ont leur houppe de couleur bleuâtre.
Depuis quelques années, '>D tend à remplaces
le sulfatage de fer ou vitriol vert. L'action pro-
duite est tout aussi efficace. Nous avons nous
même fait des essais comparatifs à ce sujet et
nous n'avons trouvé aucune différence entre
les deux méthodes, depuis six années que nous
poursuivons ces essais.Mais, comme il y a une
différence de prix très sensible,entre le sulfate
de cuivre et le sulfate de fer — le sulfate de fer
vaut de 5 fr. 25 à 7 fr. les cent kilogrammes
alors que le sulfate de cuivre se vend 58 à 65 fr.
- il y a donc un réel avantage à employer le
sulfate de '- fer "à l'exclusion du sulfate de
cuivre,
La dose à employer est d'ailleurs absolument
la même que pour le sulfate.de cuivre.
En terminant, j'insiste de nouveau sur l'éco-
nomie très notable qui peut être réalisée du"
fait de l'emploi du sulfate de fer pour le sulfa-
tage des semences. Il n'y a pas de raison pour
jeter hénévolament son argent au vent.
Les cultivateurs ont assez de peine à joindre
les deux bouts; pour eux, 'w% plus petite écono-
mie est une véritable aubaine. N'oublions' pas,
d'ailleurs, que ce sont les petits ruisseaux qui
forment les grandes rivières.
A. MONTOHX.
Voir à la 3a p ige
les Dernières DépAohes-
de la nui+.
PAS DE PAPE, PAS DE TKICLUt
Navrés du rapprochement qui s'est produit
entre les deux sœurs latines, la France et l'Ita-
lie ; désolés de voir l'entente s'établir entre le
gouvernement français laïque et le gouverne-
ment italien considéré comme un spolia-
teur par tous les cordicoles, les cléricaux ne
cessent de répéter, dans leurs journaux, que
« les intérêts supérieurs et permanents du
pays exigent une entrevue entre M. Loubet et
Pie X j). C'en est iini de la France si le Prési-
dent de la République ne fait pas de salamalecs
au pape et ne baise pas pieusement la mule 1
A diverses reprises nous avons déjà signalé
l'absurdité de ces prétentions, mais nous se-
rions vraiment bien naïfs de ne pas montrer
une fois de plus que la papauté fut la cause
essentielle et primordiale du différend qui tint
si longtemps éloignées l'une de l'autre la
France et l'Italie. -
Cette nouvelle preuve, nous la trouvons dans
les Mémoires de M. de Blowitz; que M. Abel
Chevalley publie et commente en ce moment
dans le Temps :
La France, dit Blovitz, avait envoyé un vaisseau,
l'Orénoque à Civita-Vecehia, où il resta pendant
quelques années, comme une sorte de défi à l'unité
conquise de l'Italie. L'idée était que, si cela était
nécessaire, le pape pourrait trouver là un refuge
dans les eaux italiennes, une étape sûre sur le
chemin de l'exil. Ce navire, ancré comme une
constante protestation contre l'occupation de Rome
par les Italiens, devint un objet d'irritation pour
le gouvernement italien. Le chevalier de Nigra qui
était alors ambassadeur d'Italie à Paris m'en parla
souvent comme « d'une faute d'orthographe obs-
tinée » (telle était son expression pittoresque) que
la France avait commise dans ses relations avec
l'Italie.
— Mais pourquoi, lui dis-je un jour, n'en parlez-
vous pas au duc Decazes?
— C'est impossible, répondit le chevalier de Ni-
gra. Si je lui parle de la question, il faudra que
nous allions jusqu'au bout. Dans une affaire de ce
genre, il n'y a pas de milieu. Quand une nation
dit : je vous prie de retirer ce navire, il faut bien-
tôt ajouter : je vous demande de le retirer. Mais
vous, quand vous verrez le duc, expliquez-lui donc
cela, afin qu'il puisse comprendre que malgré
l'irritation causée par cette affaire de l'Orénoque,
je ne puis pas lui en parler.
En effet, à la suite de cette conversation, je vis'
le duc Decazes. -
--Il serait certainement bon, me dit-il, de trai-
ter cette affaire entre l'ambassadeur et moi. Mais
il faut qu'il sache bien que la conversation doit
être purement amicale, sans rien d'officiel, et
qu'aucune trace écrite ne doit rester.
La couversatron eut lieu. J'appris ensuite qu'elle
se termina par ces mots, prononcés par le chevalier
de Nigra : « Vous nous obligerez à chercher l'ami-
tié de ceux qui nous traitent moins cavalièrement»:
On ne, peut prouver plus clairement que, si
le noble duc Decazès n'avait pas sacrifié les
intérêts supérieurs du pays aux intérêts de
ceux qui nous assourdissaient alors par leur :
« Sauvez Rome et la France au nom du Sa-
cré-Cœur », la Triplice n'aurait probablement
jamais existé. — G. de V. -
- ————————————.
LE CABINET NOIR EN BULGARIE
fDe noTre correspondant particitlierl
Sofia, 24octobre.
M. Koulyabo-Korelki, correspondant do plusieurs
journaux russes, a adressé au président du Conseil,
M. le général Petroff, une lettre ouverte dénonçant
les agissements d'un cabinet noir établi à Sofia. Il
à pu se convaincre de l'existence de ce bureau clan-
destin par l'incident suivant. Le cabinet avait ou-
vert deux lettres destinées à M. Korezlci ; l'une ve-
nait d'Odossa et l'autre de Varna. En les refermant
le fonctionnaire s'était trompé d'enveloppe.
Le directeur des Postes et Télégraphes, de son
côté.déclare que les faits dont so plaint M. Korezki
sont imputables à des agents de la police secrète
russe qui ont réussi à corrompre plusieurs em-
ployés des Postes.
■■
LE COMTE LAMSDORF ET M. DELCftSSÉ
Des télégrammes de Darmstadt, — où se
trouvent actuellement l'empereur et l'impéra-
trice de Russie, — ont donné récemment com-
me probable la venue prochaine du comte
Lamsdôrf en France. Nous croyons savoir, dit
à ce sujet le Temps, que le ministre russe des
affaires étrangères a en effet l'intention de se
rencontrer avec son collègue français, mais
que la date de cette entrevue n'est pas encore
arrêtée. ; -
UN COMPAGNON D'ORSINI
- particulier)
* correspondant particulier}
• : Gênes, 24 octobre.
Un correspondant du Càffaro a découvert à Ro-
veredo un anji et compagnon d'Orsini, M. Natale
Jmperatori, qui a joué un rôle important dans l'at-
tentat par des bombes à la sortie de l'Opéra, rue
Lepeletier.
M. Natale Imperatori a aujourd'hui 74 ans, mais
il est encore très vert et fait des ascensions dans
les Alpes. Quand on lui rappelle le passé il a l'ha-
bitude de répondre en son patois : 0 fa el me
dover. (J'ai fait mon devoir.)
L'ancien compagnon d'Orsini est d'une amabilité
et d'une politesse extraordinaires. Il s'est montré
très content du voyage du couple royal italien à
Paris.
« Que les temps sont changés! s'écria-t-il,comme
« la civilisation a fait des progrès. Nos souverains,
« sont fêtés à Paris et on resserre les liens qui
$C unissent les deux peuples latins. »
-. LA FORTUNE DU RÉGICIDE
: De notre correspondant particulier}
Budapest, 24 octobre.
Le général Maschine, l'organisateur du massa-
cre au Konak de Belgrade, a acheté en Hongrie
une grande manufacture de tissage pour le prix
de 600,000 francs. L'établissement sera exploitée
sous un autre notn, mais au profit de l'officier
régicide.
On se demande d'où vient au beau-frère de la
reine Draga cette somme énorme. Du temps du
roi Alexandre, quand le général Maschine n'était
que colonel, il n'avait d'autres - ressources que son
traitement. -
LA CROIX DU PANTHÉON
A quand la fin de l'emblème ? — Un
signe d'un autre âge. — Vain et
inutile.- Un temple national et
laïque. — Toujours des scru-
pules. — Hâtons-nous ! —
Le mot de la fin.
Les drapeaux, derniers vestiges des fêtes
franco-italiennes, qui claquent encore au vent,
au sommet de la coupole, ont caché un instant
ànos regards la croix du Panthéon ; mais, si
flottants, si larges qu'ils puissent êtres ils ne
parviendront certes pas à" nous faire complète-
ment oublier qu'il y a, là-haut, au faite de la
superbe « couronne de colonnes », un emblème
vain et inutile qui jure au-dessus de ce temple
laïque et national.
Sur l'ombre des grands hommes, libres-pen-
seurs fameux, républicains célèbres, sur les
Voltaire, les J.-J. Rousseau, les Carnot, les
Mirabeau, cette croix ridicule qui étend ses
bras maigres de sinistre memoire, paraît s'ap-
pesantir et planer lourdement, tel un maître
imaginaire et despote, farceur de mauvais
goût, qui écrase du talon de sa botte des fronts
prosternés. Or, aujourd'hui, ces fronts proter-
nés se relèvent de plus en plus sous la lumière
qui les éclaire ; la science, la philosophie vont
leur chemin, et tous, jusqu'aux plus humbles,
veulent s'affranchir de ces sortes de jougs d'un
autre âge
Eux-mêmes, ces morts que recèle cette crypte
et dont Victor Hugo a dit :
C'est pour ces morts, dont l'ombre est ici bienvenue,
Que le haut Panthéon élève dans la nue,
Au-dessus de Paris la ville aux mille tours,
La reine de nos Tyrs et de nos Babylones,
Cette couronne de colonnes
Que le soleil levant redore tous les jours,
ces morts seraient, dans leur sommeil, secoués
d'un hoquet de fou rire s'ils pouvaient aper-
cevoir, les couvant de son ironie, cette croix
do pierre inutile.
La question
Et nous, les libres-penseurs qu'aucune des
niaiseries évangéliques n'asservit, nous de-
mandons, parce qu'ils sont déplacés, et même
profanes en cet endroit, nous demandons qu'on
enlève de là ce tronc et ces deux bras.
Maintes fois déjà, nous avons posé la ques-
tion. Toujours l'administration a joué la stu-
péfaction et, sans en avoir l'air, a simplement
passé outre. Maintenant nous voulons être
écoutés et entendus.
- On nous objecte que la croix du Panthéon,
masse énorme autant que vaine, ne saurait
être descendue de son socle à une pareille hau-
teur. Une logique tout élémentaire s'impose
ici: le dôme est en réparation; des échafauda-
ges monstres l'enserrent; pour faire monter
jusque-là les sacs de ciment et de plâtre, les
outils de toutes dimensions dont disposent les
ouvriers, qu'a-t-on imagiué? Ceci simplement :
En ce même endroit du cintre où se trouvait
le pendule de Foucault, on a fixé une énorme
poulie, munie d'un double cordage et, en
bas, juste au-dessous, on a installé une ma-
nivelle sur laquelle s'enroule un cordage, tan-
dis q!e l'autre monte les matériaux jusqu'aux
échafaudages. Alors demandez à l'un des ou-
vriers ce qu'il pense de la chose; il vous ré-
pondra très simplement :
— Mais c'est du petit jeu ! Qu'on laisse aller no-
tre pioche et vous verrez ! Nous commencerons
par réduire la croix en morceaux et ainsi, petit à
petit, par le même chemin que suivent nos sacs
de ciment et de plâtre, l'emblème descendra de
son socle jusqu'à terre, sans avaries, lentement
mais sûrement.
Conclusion
Cela n'est-il pas logique, encore une fois ?
Et. allez trouver maintenant le brave homme
de gardien qui, drapé dans sa houppelande
pour se préserver de la glace de ce temple,
écoute sans broncher, par habitude déjà, le
grincement des cordes sur la poulie ; deman-
dez-lui son avis : il vous répondra la même
chose, exactement, parce que « cela est tout
indiqué » et comme il est au moins autant
philosophe dans sa cave grandiose que Dio-
gène dans son humble tonneau, il ajoutera
avec un petit hochement de tête de droite à
gauche :
— Et puis, moi, vous savez, cela me laisse
froid ! Pourvu que les morts ne me jouent pas de
vilains tours, là-dessous, je me moque du reste.
D'ailleurs, pourquoi diable vous mettez-vous en
peine à propos de cette croix ? Vous savez bien
qu'on n'y touchera pas, voyons !
Enfin, la vérité en tout ceci, c'est que l'on a
encore des scrupules, en haut lieu. A ce point
que quand les « qui-de-droit » vous disent,
d'un petit air bonhomme : « Bah ! cette croix
ne gêne personne ! Le jeu ne vaut pas la chan-
delle 1 Laissons cela! », ils ont plutôt l'air de
penser, les « qui de droit » : « Diau du ciel ! si
nous touchions à cette croix, elle pourrait
bien nous tomber sur le nez I » C'est le mot
de la fin !. Le temps n'est pas vieux où des
femmes se pâmaient do frayeur devant un feu
follet!. — II.-A. Afortagne.
DECOUVERTE D'UNE IMPRIMERIE
RÉVOLUTIONNAIRE EN RUSSIE
(De notre correspondant particulier)
Saint-Pétersbourg, 24 octobre.
La police a découvert à proximité du Newski
Prospect, donc dans le quartier le plus élégant,
une imprimerie clandestine des révolutionnaires
russes.
La découverte est due à un pur hasard. Deux
agents en bourgeois, en tournée, avaient remarqué
qu'un homme très bien mis avait laissé tomber
une feuille imprimée en déboutonnant son paletot.
Ils ramassèrent le papier et virent que c'était
une proclamation révolutionnaire. Ils suivireut,
ensuite le passant qui entra dans un hôtel privé
construit en style pavillon. Les agents ont appelé
des renforts et ont fait irruption dans le petit hô-
tel. L'imprimerie se trouvait dans un souterrain.
On a arrêté trois typographes et deux ouvrières
qui étaient en train de travailler.
Les cinq personnes arrêtées refusent de faire
connaître le nom du propriétaire de l'hôtel.
LES CHAMBRES DE COMMERCE ANGLAISES A PARIS
C'est mercredi prochain que les délégués de
la City of London internrtional and commercial
Association viennent se rendre, à Paris, à l'in-
vitation qui leur a été adressée par le Comité
républicain du commerce et de l'industrie.
M. Mascurâud, président du comité, nous a
exposé le programme des fêtes données en
l'honneur des chambres de commerce anglaises:
Quant au programme,le voici: Débarquement, le
mercredi 28 à Calais, à l'heure du déjeuner. Ré-
ception par le Comiié local du commerce et de
l'industrie, par le député de, Calais, M. Mill, et par
une délégation du Comité parisien. A 2 h. le train
s'ébranle à la gara ; il est à 4 h. 57 à Paris.
Là, réception officielle, souhaits do bienvenue.
On vide quelques coupes de Champagne et A 5 heu-
res 112 on se sépare pour se retrouver à 7 h. 112
au banquet. Servi au Grand Hôtel, dans la grande
salle du Zodiaque, le repas, je n'ai pas bessoin de
vous le dire, sera somptueux. Chaquo convive
trouvera à sa place,en même temps que son menu,
une élégante enveloppe timbrée aux armes de la
Ville et qui renfermera des cigares do choix. La
musique de la garde se fera entendre au cours du
dîner.
L'élément officiel sera représentér largement :
Outre le ministre du commerce, qui prendra la
parole au dessert, tous les ministres seront lt,
même le président du - conseil, et, avec eux, les
anciens ministres du commerce, le président de la
chambre de commerce, lo gouverneur de la
lJttnquo do France.
« Le lendemain, jeudi, à 3 h.,l'éception à l'Hôtel de
Ville: à 8 h. !{2 soirée de gala à l'Opéra. On y re-
présentera le 3? acte d'Aïcla, les 41 et 5e acteat
d'Œdipe-Roi, le ballet de la Maladeltâ.
Le vendredi, réception des délégués, au Grand
Palais, par le conseil d'administration de l'exposi-
tion de l'habitation; lunch, musique, etc., sans
parler de deux ou trois autres "réceptionsr qui na
sont pas encore définitivement arrêtées, mais qui
suivant toute apparence, auront lieu. Départ dans
la soirée.
Vous, voyez que. le programme est chargé. Il se
déroulera, j'en ai là certitude, sans accroc, et nous
serons très fiers, après avoir pris congé de nos
hètes, du souvenir que nous leur aurons laissé da
Paris et de la Franco.
————————-———
UNE EXPLOSION AUX ARTS-ET-MÉTIERS
Une explosion d'une certaine violence s'es
produite hier soir, vers 6 h., au Conservatoir
des Arts et-Métiers. Les passants, très nom"
breux à cette heure, en ces parages, eurent u-
réel moment d'émoi, bien légitime ; toutefois
et heureusement il y avait plus de bruit qu*
de mal..
De l'enquête à laquelle nous nous sommes,
livré, voici ce qu'il résulte. Un jeune homme
de 24 ans environ, nommé Janet et habitant
quai de la Gare, 63, faisait, en l'absence da
son professeur, M. Jungfleisch, des expérien.-
ces ae chimie dans un laboratoire du Conser-
vatoire, lorsque tout à coup un accessoire en
verre qu'il maniait fit explosion, le blessant
quelque peu au visage, et assez grièvement,
en particulier à l'œil droit. Immédiatement,
l'on conduisit M Janet à la pharmacie la plua
proche, la « pharmacie polytechnique », où il
reçut les premiers soins que nécessitait son
état. Le pharmacien qui l'a soigné s'accorde à
dire que le blessé n'a au visage que quelques
égratignures sans importance faites par les
éclats de verre, que l'œil droit est plus grave-
ment atteint, mais qu'apparemment la vue dit
jeune homme n'est nullement compromise.
Au commissariat de police du quartier où
nous nous sommes rendus en dernier lieu. ont
nous a confirmé ces faits, en ajoutant qu'il
convenait de ramener l'accident à ses justes
proportions.
PIERRE LAFFITTE
M. Jean Canora n'est pas seulement un dé-
licat poète, c'est un délicieux contour. On sa
rappelle la scène lyrique composée lors de l'i-
nauguration de la statue d'Auguste Comte, et
où tant de virilité s'alliait à tant de grâce.
Aujourd'hui M. Canora publie dans la Nou-
velle Revue un article anecdotique d'un puis-
sant intérêt, sur Pierre Laffitte, le' successeur
et l'héritier intellectuel d'Auguste Comte.
La vie intime de Pierre Laffitte fut peu con-
nue. Le philosophe vécut, pauvrè,désintéressé,
insoucieux de la réclame,ne recherchant ni les
succès faciles ni la popularité, ni les hon-
neurs ni les décorations, puisant dans Un tra-
vail incessant les seules jouissances qu'il pût
désirer.
Ses Considérations sur l'ensemble de la civi-
lisation chinoise « son Etude sur le catholi-
cisme demeureront des livres fondamentaux
qui s'imposeront à l'attention de tous les pen-
seurs et de tous les hommes politiques qui'na
se contentent point d'une simple phraséologie
déclamatoire. -
Ce qui caractérise surtout Pierre Laffîttet
c'est sa grande foi - en l'idéal de l'humanité.
« Il croyait de tout son cœur, de tout son ,es-
prit, de toute son âme. Il avait cette force qui
soutient les apôtrès, d'être convaincu qu'il con-
vertissait.
Et M. Jean Canora conte à ce propos unf
charmante anecdote qu'il tient d'Anatolf
France. Pierre Laffitte s'était rendu à Pap
avec la société des Félibres, avec Anatole
France et Paul Arène. Après un banquet plua
que copieux, paraftiI, on se rendit dans une-
grande salle où Pierre Laffitte devait faire une
confërence sur Henri IV et la manière dont K
entendait les devoirs do roi..
Là les convives se sentirent bientôt gagnéf
par l'engourdissement précurseur du sommeiï.
Quant aux hommes et aux femmes qui n'a-
vaient point banqueté et souffraient de la cha-
leur intense ils se montraient hostiles à toute
philosophie ; ils commencèrent au bout d'une
heure à donner des signes d'impatience. Pierre
Laffitte continuait toujours.
Il s'était laissé emporter par son sujet, f
exposait la situation politique de la France a a
temps de laLigue, il parlait, il parlait toujours.
Ni les accents de la Marseillaise qui interrom-
pirent son discours, ni le vide fait dans la salle
par le départ des assistants ne l'empêchèrent da
développer son sujet. Entrainé par l'improvisa-
tion, il poursuivait sa conférence sans s'aper-
cevoir qu'il n'avait plus d'auditoire et à onZ4
heures du soir il commençait sa péroraison.
Puis il descendit en souriant de sa chaire,
et retrouvant ses amis qui venaient de rentrer,
il leur dit : a J'ai parlé peut-être un peu long-
temps, car ma montre était arrêtée - mais ils
ne m'en ont pas voulu. Je crois qu'ils ont
compris. »
« Ce trait peint l'homme, conclut M. Canora.
Il lui fallut la conviction qu'il était suivi Par
beaucoup pour entrainer quelques-uns et met-:
tre en leur cœur un peu de cette foi en l'h !!
manité dont son cœur débordait. Cela deva t
suffire. » — Ch. Darcy.
A L'HOTEL DE VILLE -
-
Au Conseil général
Le préfet de la Seine a signé, hier après-mitit"
l'arrêté convoquant les conseillers généraux du dé-
partement de la Seine eu session ordinaire pour 1»
mercredi 11 novembre. prochain. A l'ordre dii
jour : les tramways de pénétration.
Les maires de la banlieue
Les conseillers d'arrondissement et les maires d.
;la banlieue seront reçus par les membres du Con-
seil général de la Seine, et par MM. de Selves, pré-
fet de la Seine, Lépine, préfet de police, en l'Hôtel
de Ville, dans la salle des Prévôts, le samedi 31 OC.'
tobre, à 3 h. de l'après-midi.
Après les discours de MM. Ilémard, président du
Conseil général, de Selves, préfet de la Seine, La-
pine, préfet de police, un lunch sera servi aux in-
vités du Conseil général.
L'INSURRECTION EN MACÉDOINE
Les insurgés
Londres, 24 octobre.
On mande de Sofia au Times, le 23 octobre:
On télégraphie, de la frontière, que des bande,
insurgées se sont emparées mercredi soir du posta
fortifié de-Mercaze.
La garnison turque s'est enfuie sans tirer un
coup de fusil.
Les insurgés ont brûlé lo poste ainsi que le
camp adjacent, puis ont dynamité les fortifleationv
et les casernes.
Trois cents soldats turcs stationnés dans les en-
virons n'ont pas bougé.
pour arrêter les excès
Londres, 24 octobre.
On télégraphie do Constantinople au Jloming:
Post, le 23 octobre :
Les quatre officiers belges enrôlés pour la rdor-,
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