Titre : Le XIXe siècle : journal quotidien politique et littéraire / directeur-rédacteur en chef : Gustave Chadeuil
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1903-10-24
Contributeur : Chadeuil, Gustave (1821-1896). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 24 octobre 1903 24 octobre 1903
Description : 1903/10/24 (N12279). 1903/10/24 (N12279).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k7575540b
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-199
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 20/06/2013
CINQ CENTIMES le Numéroi
ÊAR& &*Bë £ ÀBtÉtâOTrs. Le l.t:t:'!'nero CINQ CENTIME S
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No 12279. - - Samedi 24 Octobre 1903
1" BRUMAIRE AN 112
ADMINISTRATION : 14, rue du Uail
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NOS LEADERS
Plitiijn aal
M. Lasies, dès la première séance
de la rentrée, s'est rué sur les corps
des soldats tombés à El Moungar.
Vous vous rappelez les faits, je sup-
pose. Surpris, en halte, par une troupe
-nombreuse de ces bandits qui éeument
le désert, un détachement a lutté bra-
vement jusqu'à ce que des renforts
arrivassent. Les deux officiers étaient
tombés, sitôt les premiers coups de feu;
un fourrier a pris le commandement
et les hommes ont combattu.
Ils n'avaient point d'autre alter-
native, en effet : ou tenir l'ennemi à
distance ou mourir. Et mourir tout de
suite valait mieux encore certes que
risquer d'être fait prisonnier. Cela est
si vrai, que certains parmi les blessés,
ce jour-là, redoutant de tomber vivants
encore entre les mains de l'ennemi, se
sont fait sauter la cervelle, ne trouvant
"* que ce moyen d'échapper aux tortures
que leur eussent fait subir les bri-
gands.
Mais écoutez M. Lasies. Je copie
"e compte rendu du Temps, n'ayant
point l'offieiel sous les yeux: - « L'ar-
mée a montré ainsi comment elle se
- venge des injures et des attaques. »
Vous voyez : le chacal-Bilboquet dé-
terrant un corps mort et se disant,
ivec joie :
- « Ce cadavre doit être à moi ».
***
Il me semble qu'à tous les cœurs
Dien placés cette intervention de M.
Lasies a dû causer une impression de
malaise. Ah ! pauvres braves gens qui,
du lever au coucher du soleil, vous
êtes battus dans ce sinistre défilé d'El-
Moungar, brûlant toutes vos cartou-
ches, avec l'angoisse de voir arriver la
fin de vos munitions avant celle du
combat, si torturés de soif que vous -
avez essayé de boire votre urine, ten-
dant à chaque instant l'oreille et re-
gardant avec avidité du côté par où
devaient arriver lçs secours, ah ! pau-
vres gens, vous ne vous doutiez guère
que votre agonie devrait être exploi-
tée, sans pudeur, par ceux qui se font
du patriotisme une carrière. Vous ne
vous doutiez pas qu'en défendant votre
vie, vous faisiez de la politique.
Et quelle politique ! la plus mauvaise
de toutes; la politique de haine ef de
suspicion, celle qui cherche à semer
dans la foule des germes de division et
de découragement !
Vous ne vous doutiez pas qu'en ré-
sistant pied à pied, ainsi que vous l'a-
vez fait, parce que c'était votre intérêt
autant que votre devoir de le faire, vous
fournissiez un argument aux adver-
saires de la politique de réformes et
d'améliorations poursuivie avec tant de
ténacité par le ministre de la guerre.
Pitoyable argument; d'ailleurs !
Au lendemain de la désastreuse af-
faire d'El Moungar, nous en avons, ici
même, dégagé la seule moralité qui
pût en être tirée, nous indignant et
nous désolant de ce que, trente-trois
ans après la guerre allemande, les
mêmes erreurs, les mêmes fautes qui
ont amené les défaites d'alors pussent
se reproduire, entraînant les mêmes
conséquences.
Le rapport officiel a établi que le
chef du détachement surpris à El
Moungar avait pris toutes les précau-
tions prescrites par les règlements.
Soit. Mais il n'en reste pas moins vrai
qu'en scindant l'escorte du convoi en
trois fractions et en faisant évoluer ces
fractions à une distance trop gran-
de les unes des autres, pour qu'elles
puissent se porter mutuellement se
cours, on a commis une faute lourde
dont le résultat a été la mort de trop
de braves sodats.
Est-ce ainsi, pour reprendre les ex-
pressions mêmes de M. Lasies, que « l'ar-
mée a montré comment elle se venge
des injures et des outrages ? »
Tout ce qui a pu être démontré, en
cette triste circonstance, c'est la né-
tessité de réformes profondes, radi-
cales, puisque l'armée, hélas! semble
continuer de marcher dans les mêmes
ornières où elle s'est traînée si lamen-
iablement en 70.
***
Et puis, que signifie ce langage vrai-
ment indigne ? Qui donc « injurie »,
qui donc « attaque » l'armée ? A qui
ces paroles s'adressent-elles ? Qui cela
ïise-t-il? Qu'est-ce que cela veut
ire ?
M. Lasies, en vérité, retarde. Il se
croit sans doute encore au temps de
l'affaire Dreyfus.
- Alors, oui, les chenapans qui accla-
maient le traître Esterhazy et Henry,
le faussaire; qui liaient partie avec
Margot Quatre-Doigts; qui bâillon-
naient Picquart ; qui s'affublaient des
lunettes bleues de du Paty et de la
barbe de Gribelin ; qui, pour défendre
ce qu'ils appelaient l'honneur de l'ar-
mée, accumulaient les crimes, men-
taient avec Cavaignac, Savignaud et
Boisdeffre, entassaient faux sur faux,
depuis le faux de l'Eclair jusqu'à la
hausse dépêché Peuizzardi i alors, Quit
tous ces misérables-là outrageaient
gravement l'armée, qu'ils rendaient,
bon gré mal gré, solidaire de leurs
manœuvres, de leurs agissements cri-
minels.
Mais depuis que cette bande a été ré-
duite au silence, depuis qu'elle a été
dispersée à coups de botte, qui donc
injurie, qui donc attaque l'armée?
Oh ! j'entends bien que les réaction-
naires, et avec eux ces réactionnaires
pires, parce que plus hypocrites qu'on
appelle les républicains modérés, accu-
sent les mesures prises par le gouver-
nement actuel d'affaiblir, de désorga-
niser l'armée. Mais ils se chargent eux-
mêmes de se convaincre de mensonge,
en reconnaissant, comme ils ont bien
été obligés de le constater, à l'occasion
des dernières grandes manœuvres, que
jamais l'armée n'a été si forte, si dis-
ciplinée, si belle.
Mais il suffit. C'est faire trop d'hon-
neur sans doute aux paroles émises
par M. Lasies que de les relever ainsi ;
mais je n'ai pu, je l'avoue, voir, sans
qu'un frémissement de colère me cou-
rût dans le sang, des politiciens cher-
cher à s'emparer des cadavres tombés
dans le défilé d'El Moungar. Il semble
pourtant, n'est-ce pas ? qu'il devrait y
avoir des terrains où la politique, par
respect, par pudeur, se défendît d'en-
trer, et que de ces terrains dût être
celui où dorment les soldats morts en
combattant. Mais allez donc deman-
der de la pudeur aux chacals !.
Lucien Victor-Meunier.
m n i|[J||ii ■
ON CALOMNIE M. NELINE
On calomnie M. Méline, on
calomnie le père du protection-
nisme français.
Et d'être tant calomnié, ça le
gêne. Précisément, hier, il a
reçu la visite d'un correspondant
de la Tribuna. On a échangé d'abord des
compliments. « M. Méline s'est montré heu-
reux des excellents rapports qui unissent
actuellement la France et l'Italie. » Mais
vous sentez bien que notre confrère italien
voulait surtout se rendre compte de l'effet
produit, par le rapprochement franco-ita-
lien, sur un homme qui aime tant les bornes-
frontières et les perceptions douanières
qu'elles motivent. ,
— Moi ? S'est écrié M. Méline, mais vous
me trouvez désolé ; on vous accable, vous,
bons Italiens, nos amis, de droits d'entrée
infiniment trop élevés.
— Vraiment ?
— C'est comme j'ai l'honneur de vous le
dire ; tenez, le bétail italien ; eh bien, le
bétail italien, il paie trop cher à l'entrée.
C'est la Chambre française qui a voté ces
malheureux droits ; quant à moi : (( Je me
serais contenté des tarifs votés par le Sénat,
tarifs qui représentaient une protection
suffisante pour le bétail français. ))
Le journaliste italien est parti, légère-
ment éberlué, j'imagine, de cette entrevue
où M. Méline, contre toute espérance, s'est
montré si agressif envers les droits pro-
tecteurs.
Auprès de ceux de nos voisins qui ne
seraient pas prévenus, M. Méline, après
cette conversation, passerait aisément pour
un neveu de Cobden, alors qu'il est un
frère de Joë Chamberlain. Mais la réputa-
tion de l'ancien président du conseil est
trop solidement assise pour que quelque
malentendu de ce genre soit à craindre ; et
malgré la riposte qu'il a eu l'esprit de trou-
ver, à propos de bétail, l'Europe entière
et la France savent à quoi s'en tenir sur son
compte. — Ch. B.
Voir à la 3« page
les Dernières Dépêches
de la nuit.
SOLIDARITÉ
Le Rappel a annoncé hier la constitution à
Paris d'une association des dames employées
des postes, télégraphes et téléphones de France.
Il a ajouté que M. Bérard, sous-secrétaire
d'Etat, avait encouragé cette œuvre de soli-
darité.
Le sous-secrétaire d'Etat des postes et télé-
graphes n'a fait, en cela que se conformer au
vœu récemment émis par le congrès radical
et radical-socialiste de Marseille, sur la propo-
sition de M. Guiral, délégué de la Fédération
départementale de défense républicaine de la
Seine-Inférieure.
Rappelons que ce vœu est ainsi conçu :
Le congrès :
Considérant que tous les employés d'administra-
tions publiques, ayant les mêmes obligations en-
vers l'Etat, doivent avoir également les mêmes
droits à l'exercice des libertés reconnues à tous les
citoyens;
Considérant, en outre, que les associations ami-
cales de fonctionnaires, par la compétence de leurs
membres à l'étude des questions professionnelles,
peuvent aider et aideront efficacement le Parle-
ment dans les réformes administratives ;
Attendu que des associations de fonctionnaires
sont encouragées par des ministres qui assistent à
leurs fêtes et réunions :
Emet le vœu :
Que le gouvernement favorise la formation de
toutes les associations amicales de fonctionnaires
et les reconnaisse légalement ;
Et demande aux membres du Parlement d'accor-
der leur appui aux groupes des associations de
fonctionnaires formés ou en formation dans leur
circonscription. 1
Il est bon de remarquer que l'auteur de ce
_vœu, M. Guiral. est secrétaire de l'Union gé-;
nérale des contributions indirectes, dont nous
avons déjà parlé à différentes reprises.
Il est à souhaiter que le ministre des finances
suive l'exemple du sous-secrétaire d'Etat et
qu'il accorde aux fonctionnaires placés sous,
ses ordres la protection et l'encouragement
dont ils sont dignes. Le nouveau directeur des
contributions indirectes, M. Louis Martin,
s inspirera, lui aussi,certainemc,nt du vœu voté
par les représentants de toute la France répu-
blicaine, et nous serions heureux de le voir,
comme don de joyeux avènement, reconnaître,
officiellement l'Union générale qui, malgré
quelques mois d'existence, a su, par une éner-
gie raisonnée et soutenue, montrer à différen-*
tes reprises et notamment dans l'affaire Loize-
i niant, tout ce <¡- l'on pouvait espérer d'elle,
< j-iA.i
LE CRIME
D'AIX.lES.BAINS
MORT DE L'ASSASSIN
La mort de Ladermann. — Une lettre
de l'assassin. — Les origines du
criminel. - Une lettre de M.
Briotet. - L'impression à
Chambéry. — Les recé-
leurs.
Ainsi que nous l'avions fait prévoir, hier,
dans notre 2" édition, l'assassin d'Aix-les-Bains
est mort dans la nuit, vers 1 h. 112, sans avoir
repris connaissance, à l'Hôtel-Dieu de Lyon.
Voici exactement à la suite de quelles cir-
constances la Sûreté de Lyon avait été mise
sur la trace de l'assassin.
En dépit des assertions du frère de Lader-
mann, M. Briotet, prévoyant que l'assassin
d'Aix-les-Bains n'avait bu aller loia avec les
faibles ressources dont il disposait, faisait sur-
veiller les abords de tous les hôtels où il sup-
posait que César pourrait se réfugier, et de
tous les cafés qu'il fréquentait. Ces mesures se
sont trouvées justifiées. En effet, vers 9 h. 112,
un ami de Ladermann recevait, par un jeune
homme, une lettre à lui adressée et ainsi con-
çue :
Cher ami, je ne quitterai pas ce monde avant de
venir te remercier de tous les services si souvent
rendus pour nous tous. Je regrette beaucoup de
finir sur un coup que vous connaissez mal, mais
je t'assure que mourir n'est rien ; c'est presque,
du bonheur pour moi, car j'ai trop souffert depuis
1895 pour pouvoir lutter encore longtemps. Mais
c'est pour ceux que je laisse, mon pauvre Edouard,
ma pauvre femme et sa petite, que vont-ils deve-
nir après un pareil coup ? Ils ne pourront pas seu-
lement quitter cette ville où ils sont connus et où
ils auront toujours sous les yeux le souvenir do
mon passé.S'il m'était permis que tu fasses encore
quelque chose pour moi après ma mort, ce serait
le plus grand des bienfaits que je t'aurais demandé.
Rassemblez-vous et faites quelques fonds pour eux,
afin qu'ils puissent partir. Je ne puis parler d'eux
sans que cela me déchire le cœur et me fasse pleu-
rer. Je me détruis. Adieu. Merci. Rue Vieil-Ren-
versé, 6.
Sans perdre un instant, les agents se rendi-
rent au pas de course à l'adresse indiquée ;
mais en les entendant monter, Ladermann se
tira un coup de revolver à la tempe droite. M.
Condamiu, l'internoTr» service qui a été appelé
à le soigner à rilôtr^oc ju,déclara qu'il pouvait"
être considéré comme perdu. On n'a trouvé au-
cun argent sur lui, mais seulement un récit
détaillé du crime confirmant celui que le mal-
heureux a fait à son frère hier. Il avait loué la
chambre le matin et n'avait pas un sou pour la
payer.
Ladermann et sa famille
César Ladermann est le fils d'une très ho-
norable famille. Le père, de nationalité suisse,
exerce la profession de tailleur. Il a épousé une
jeune fille des Echelles (Savoie). Le ménage
travaillait pour la haute société de Chambéry.
Ils eurent trois fils. Les deux aînés apprirentle
métier de leur père, mais bientôt ils quittèrent
le travail pour aller à Lyon, tandis que le
plus jeune quittant son métier de typographe,
devenait camelot, puis souteneur et finalement
était expulsé do France. La misère étant alors
entrée dans le ménage, la mère Ladermann
allait mourir à l'hospice. Le père partit en
Suisse, où il est actuellement. César Ltder-
mann était connu à Chambéry comme un fort
mauvais sujet.
Le chef de la Sûreté a perquisitionné, hier
matin, à l'hôtel de la Marine française, dans
la chambre qu'avait occupée Ladermann pen-
dant son séjour à Paris. M. Hamard a décou-
vert dans ses investigations le chapeau mar-
ron et la eanne- à poignée recourbée qui ont
servi à le faire reconnaître par Victorine Gi-
riat, comme nous l'avons raconté. Il a égale-
ment retrouvé le vêtement grisâtre que l'assas-
sin portait à Aix-les-Bains le jour du crime.
Outre ces objets, plusieurs photographies de
Ladermann ont été saisies, ainsi que de nom-
breux papiers. M. Hamard a remarqué quede:i
lettres avaient été brûlées dans la cheminée de
la chambre. Quant aux bijoux, Ladermann a
déclaré à son frère que c'est Bassot qui les pos-
sède, et M. Hamard croit bien qu'il a dit la vé-
rité sur ce point.
Les deux chefs de la Sûreté
Voici le texte de la lettre adressée par M.
Briotet, chef de la Sûreté, à son collègue de
Paris, M. Hamard :
Ladermann, César, avait loué, sous le nom de
Louis Borel, âgé de vingt-huit ans, né à Avignon,"
ouvrier peintre, une chambre, rue du Vicil-Ren
versé, 6. Il s'est tiré une balle dans la tête, à la
tempe droite, à neuf heures vingt du soir, au mo-
ment où les agents frappaient à sa porte. La ma--
tière cérébrale est sortie par le trou profond et son-
état est considéré comme désespéré. On s'attend à
ce qu'il succombe dans la nuit. Je viens de le faire
transporter à l'Hôtel-Dieu. Il râle. Des papiers en-
core chauds et fumants ont été trouvés dans la
cheminée de sa chambre. Il a laissé trGis lettres :
l'une qui vous est adressée, l'autre à son frère
Edouard, et la troisième à sa maîtresse. Dans ces
lettres, Ladermann fait des aveux complets et qui
sont plus vraisemblables que les déclarations qu'il
a faites à son frère au sujet de son crime.
On mande de Chambéry que l'arrestation
et le suicide de Ladermann, dont la famille
était bien connue, a causé une profonde émo-
tion. Les journaux s'arrachent.
Les recherches continuent
Des mandats d'amener vont être lancés con-
tre des individus soupçonnés de recéler les bi-
joux, en Suisse et à Lyon. M. Hamard n'avait
pas reçu, hier soir, au moment du dernier cour-
rier, la lettre do Ladermann, que M. Briotet,
chef de la Sûreté de Lyon, a mise à la poste,
mercredi soir, à 9 h, 50.
- -———————————-.
6 DIOCÈSES = 6 TRAINS ?
Les Croix sont dans la jubilation.
En 1902, il y eut 126 trains, venus de 52 dio-
cèses, qui amenèrent à Lourdes 78.000 pèle-
rins.
En 1903, il y a eu 132 trains, venus de 46
diocèses, qui ont envoyé à Lourdes près de.-
cent mille pèlerins.
Cette fois, on ne précise plus le chiffre exact
des pèlerins ; mais ne chicanons pas et admet-
tons pour vraie et authentique cette centaine
de mille.
Constatons seulement ce fait : les successeurs
de Mme Pailhasson ont, cette année, gagné
6 trains et perdu 6 diocèses.
Toute la question est de savoir, dirait M.
Combes,qui a remis en honneur l'arithmétique
dans l'éloquence — toute la question est de
savoir si 1 train égale 1 diocèse.
Nous en dcutons fort, et, à la place des
Croix, nous nous garderions d'avouer que six
diocèses semblent enfin répudier les honteuses
et répugnantes superstitions de Lourdes. —
Rantanplan.
♦ —
L'armée du nouveau Prophète Elis
(De notre correspondant particulier)
New-York, 22 octobre.
Le D' Dowie, nouvelle incarnation du pro-
phète Elie, joue évidemment de malheur avec
sa croisade entreprise pour la conquête de
New-York, Presse la moitié de son armée:
s'est gravement enrhumée grâce à la baisse
subite de la température et à la défectuosité de
l'équipement des croisés. Des sociétés philan-
thropiques sont occupées à confier ses malades
aux soins des hôpitaux. Le Dr Dowie loin de se
décourager,voit là l'action du ciel qui lui per-
mettra de distinguer «les grains de l'ivraie ».
«Ceux qui ne recouvrent pas rapidement leur
santé, dit orophète, manquent de foi et mé-
ritent de périr.»
LE PRÉFET PHILANTHROPE
ET LES « VIEUX » DE NANTERRE
Grâce aux soins dévoués et intelligents du
préfet de police et de son secrétaire général,
M. Laurent, le régime de la Maison de Nan-
terre — cette Maison à laquelle l'épithète hos-
pitalière paraissait être, jusqu'ici, quelque peu
ironique — vient d'être très sensiblement amé-
lioré.
M. Lépine vient, en effet, de réaliser, en fa-
veur des pauvres gens qu'abrite cet asile, ( di-
verses modifications visant spécialement l'ali-
mentation, qui a fait l'objet de tant de criti-
ques, et la répartition des hospitalisés dans les
diverses sections.
Le système qui consistait à préparer, à la
cuisine, les gamelles de tous les hospitalisés, a
vécu, et c'est grand merci; on y a substitué
celui de la répartition des aliments, dans les
réfectoires, aux seuls pensionnaires présents,
et suivant leur appétit; de cette façon, il est
maintenant facile de ne ne préparer que les
quantités de denrées vraiment nécessaires et
les « eiux grasses », c'est-à-dire les portions
perdues, sont tombées, de 4 à 500 litres par
jour, à un nombre de litres insignifiant. Du
même coup, des disponibilités d'argent très
importantes se sont produites, et le préfet, sans
avoir à demander au conseil général aucun
crédit nouveau, a pu non seulement améliorer
la nourriture de toutes les sections, instituer
les trois repas par jour traditionnels, alors
que ces braves gens n'en avaient jamais connu
que deux, mais encore distribuer à une bonne
part Je la population de cette petite ville, du
café le matin et du vin à midi — comble de
délices 1
Les privilégiés, en tout ceci, sont naturelle-
ment les vieux, les infirmes; les jeunes eens,
eux, ont du travail dehors, et en tous cas, leurs
bras et leurs forces pour se procurer un sup-
plément de nourriture.
Les casiers judiciaires
D'autre part, et quoique des lois spéciales
aient été votées dans le but d'atténuer et même
de supprimer los effets du casier judiciaire,
après peine purgée, les malheureux qui avaient
sur la conscience quelque condamnation, ai
infime et si lointaine qu'elle fût, formaient une
section à part, vêtue de gris, et subissant un
régime spécial, tracassier et humilliant. Grâce
encore à M. Lépine, cet état de choses n'existe
plus; désormais, en effet, le degré do capacité
au travail servira uniquement de base d'appré-
ciation pour le classemeut des Densionnaires
dans les diverses sections; la Maison ne renfer-
mera pas une lamentable armée de parias invo-
lontaires.
Toutes ces innovations bienfaisantes, à l'hon-
neur de M. Lépine, sont autant de preuves
ajoutées à beaucoup d'autres, qui mettent en
valeur la justice et l'humanité de notre préfet
de police.
Au reste, la joie des braves gens hospitalisés
à la (t Maison de Nanterre », leurs visages ha-
bituellement renfrognés et aujourd'hui déridés,
leur satisfation enfin, tout cela constitue bien
le meilleur remerciement qui puisse être adres-
sé à ce préfet de police peu ordinaire — puisque
philanthrope. — G. de V.
- ♦
A L'HOTEL DE VILLE
Le préfet de la Seine a signé, hier après-
midi, l'arrêté convoquant nos conseillers mu-
nicipaux pour le mercredi 4 novembre pro-
chain. A l'ordre du jour : la question du gaz
et les affaires non délibérées à la dernière
réunion.
PAR LE PEUPLE
Le théâtre populaire est à l'ordre du jour.
Cela ne surprend pas qui sait de quelle impor-
tance il sera dans l'éducation future de la dé-
mocratie. La scène est la tribune la plus reten-
tissante. Les idées progressent d'autant plus
rapidement qu'elles ont triomphé sur les plan-
ches.
Mais ce n'est pas uniquement dans ce but de
propagande que les partis avancés cherchent à
- s'emparer du théâtre. Le peuple, que des écri-
vains aristocratiques ou des observateurs su-
perficiels accusent volontiers de grossièreté, a,
de la beauté, des notions vagues qu'il tend à
préciser. Il sent que le théâtre doit être pour
lui le maître le plus parfait parce qu'il parti-
.cipe de tous les arts : de la littérature, do la
statuaire, de la peinture et de la musique.
Aujourd'hui, le théâtre est un plaisir de ri-
ches. Comment le permettre aux humbles ?
Henri Turot a entrepris de résoudre le problème.
Il voudrait que l'édilité parisienne créât un
théâtre municipal qui, suivant l'expression
d'Eugène Fournière, jouerait pour le peuple,
c'est à-uire pour nous tous, riches et pauvres,
savants et illettrés, les œuvres d'art et de vé-
rité.
Et Fournière, dans 1 article auquel j'em-
prunte cette belle définition du théâtre que
nous voulons créer, tout en reconnaissant les
services que rendrait une scène municipale,
fait des objections valables. Il explique fort
bien que les directeurs, si indépendants et no-
vateurs fussent-ils, subiront fatalement des
influences administratives et peut-être électo-
rales qui les contraindront à ne rechercher que
des moyennes d'art. Il leur faudra bien con-
tenter le plus de monde possible. Un théâtre
coopératif échapperait à cette critique. Il doit
être l'avant-garde qui dégagera la route du
théâtre municipal.
Cette combinaison serait très favorable à
l'art. Le théâtre municipal serait comme un
théâtre Français plus hardi que celui qui
existe et le théâtre coopératif poursuivrait avec
des ressources plus grandes l'œuvre entreprise
par de précédents novateurs.
Mais dans tout cela, que devient le peuple ?
Les nouvelles troupes auront les mêmes char-
ges que les anciennes et comme les directeurs
d'aujourd'hui ne font pas fortune, il est à
supposer que ceux de demain ne diminueront
en rien le prix des places. Le pauvre restera
toujours étranger à l'art dramatique.
Je ne vois, pour ma part, d'autre solution
que de chercher dans le peuple lui-même les
éléments du théâtre populaire. Nos camarades
du « théâtre du peuple », de la « rouge églan-
tine », de la «Marianne », de la « lyre sociale
de la rive gauche » me semblent plus près du
but que Tarot et Fournière.
Il existe dans les troupes d'amateurs des ta-
lents réels qui mettront la foule en présence
grand art, quand ils auront trouvé des maî-
tres pour les dégager du cabotinage facile qui
les empêche do donner leur mesure. Quand
nous leur aurons ouvert une école où ils ap-
prendront l'histoire du théâtre, la littérature
dramatique, les principes de la déclamation et
du jeu scénique, nous aurons résolu le pro-
blème et cela non seulement pour le peuple
de Paris, mais pour la France entière, -
Maurice Juncter*
LA JOURNEE- -¡.-
PARLEMENTAIRE
A LA CHAMBRE
Voici donc que M. Combes a été amené
une fois de plus à prononcer un discours
sur sa politique générale. Après ces nou-
velles paroles, nous attendons toujours un
programme un peu détaillé et précis, corn:
portant une solution acceptable de la ques-
tion dé renseignement.
A une centaine de voix les déclarations
du gouvernement ont été approuvées. Il
ne pouvait en être autrement. Le langage
de M. Combes a certainement donné satis-
faction « en gros » à la majorité.
Le président du conseil a un peu rétréci
le champ de bataille en disant que la lutte
était engagée entre le gouvernement et la
congrégation. La lutte dont il s'agit met
aux prises l'Etat laïque, la Nation et
l'Eglise. C'est autrement grave.
M. Combes a terminé en jurant « la sup-
pression de l'enseignement congréganiste».
Bien parlé. Nous serons entièrement satis-
faits quand le gouvernement nous aura
donné connaissance des voies juridiques
par lesquelles il entend nous mener au
pays de Chanaan du régime laïque.
Le public n'a pas montré beaucoup d'em-
pressement. Au fond, tout le monde sent
bien que le duel qui va s'engager entre les
réactionnaires et le gouvernement ne sau-
rait être très dramatique. L'opposition de
droite avoue elle même son impuissance.
M. Léon Bourgeois préside.
Au banc des ministres, sont MM. Com-
bes, Delcassé, Doumergue, Trouillot et
Bérard.
Les frais de justice
En ouvrant la séance, le président an-
nonce, comme nous l'avions fait prévoir,
que l'interpellation de notre ami Charles
Bos, sur le nouveau tarif des frais de jus-
tice, sera discutée le 6 novembre, date ac-
ceptée par le garde des sceaux.
Des interpellations sur les bouilleurs de
cru sont déposées par MM. Marlot, Castil-
lard etPerroche. Elles sont jointes au débat
de lundi.
Avant-propos
M. Combes propose de joindre les inter-
pellations Denys Cochin et Lemire, sur les
congrégations, à celle de M. Gauthier (de
Clagny), qui va être discutée immédiate-
ment.
M. Denys Cochin prétend que son inter-
pellation ne regarde pas M. Combes, mais
M. Delcassé, ministre des affaires étran
gères.
Par 342 voir contre 218, la jonction est
néanmoins prononcée.
Alors, M. Denys Cochin retire son inter-
pellation. L'abbé Lemire imite cette déci-
sion.
La politique générale
M. Gauthier (de Clagny) a alors le champ
libre pour développer son interpellation sur
la politique générale du gouvernement.
M. Gauthier (de Clagny) commence par
présenter au président du conseil les obser-
vations que, précisément, lui soumettent
quelquefois les radicaux-socialistes. Cette
partie du discours du député nationaliste
est assez habilement composée :
M. Gauthier (de Clagny). — Je suis trop
ancien parlementaire pour me faire des. illu-
sions sur le sort de mon interpellation.
M. Coûtant. — Alors nous perdons notre
temps.
M. Gauthier. — Non, car je parle pour le
pays.
M. Braud. — Il est avec le gouvernement
et la majorité.
M. Gauthier. — Je veux, en tout cas,
montrer les incohérences de la politique du
cabinet.
Il ferme des écoles congréganistes dans un
quartier et les laisse ouvertes dans un autre ;
par un prodige inexplicable, il se garde de tou-
cher au pèlerinage fameux de Lourdes.
M. Làsies. — C'est, à coup sûr, le plus
grand miracle du siècle que Lourdes ait opéré.
(Hilarité.)
M. Gauthier. — Je passe rapidement sur
ces questions,car j'ai hâte de parler de certains
incidents graves qui se sont produits pendant
les vacances.
Vous êtes au pouvoir depuis dix-huit mois,
êtes soutenu par une majorité fidèle jusqu'à
l'aveuglement, et vous affirmez hautement que
le pays républicain est avec vous. Si cela est
vrai, comment, depuis dix-huit mois, n'avez-
vous encore abordé la discussion d'aucune des
grandes réformes du programme radical ?
Vous n'en avez même effleuré aucune et je
puis dire que vous n'avez rien fait pour
cette démocratie qui, dites-ious, vous ap-
prouve.
Un de vos plus distingués collègues, M.
Henry Maret, vous faisait ce même reproche
dans un article que vous connaissez certaine
ment.
Le reste du discours de M. Gauthier (de
Clagny) résume les reproches formulés par
les réactionnaires contre la politique ré-
publicaine. On a fait justice depuis long-
temps d'arguments que nos lecteurs nous
reprocheraient de reproduire une fois de
plus.
Enfin, l'orateur arrive à la question fi-
nancière :
M. Gauthier. — Si vous n'aviez pas la
chance d'avoir comme ministre des finances
un financier éminent qui inspire la confiance,
les fonds d'Etat baisseraient encore plus.
M. Berteaux — Je trouve étrange qu'un
esprit aussi avisé que le vôtre, reproche au
gouvernement les mouvements de bourse qui
sont l'œuvre de votre parti.
J'ajoute qu'à l'heure où l'on fait cette cam-
pagne, le budget de l'Etat se solde par un ex-
cédent de 63 millions. Voilà tout le résultat de
votre campagne.
M. Pugliesi-Conti prend à son tour la
parole.
L'« Internationale )
M. Pugliesi-Conti. - je demande à la
Chambre toute sa patriotique attention. Il
s'agit d'un sujet grave, attristant-; il s'agit de
ce chant séditieux et criminel de l'lnternatw-
nale, qui, inventé par le communard Pottier,
vieillissait, silencieux, dans l'arsenal des re-
frains révolutionnaires, lorsqu'un parti a ré-
solu de le jeter, comme le déli de l'anarchie à
la patrie et à l'armée.
M. Pugliesi-Conti développe ce thème
au milieu de l'inattention de la Chambre.
Jl est clair que la foule républicaine choisit
ses chants comme if lui plait. Personne
n'en est responsable. D'ailleurs, l'Interna-
tionale a quelques beaux couplets,si l'un,an
moins, est discutable. M. Sembat renoncia
à répondre à M. Pugliesi-Conti.
I..a grève d'Armentières
M. Dansette interpelle sur les grèves
d'Armentières.
Il accuse legouvernement d'imprévoyan.
ce et d'impuissance. Il rappelle les troubleat
que l'on connaît et termine comme suit :
M. Dansette. — Je demande au gouver-
nement ce qu'il a fait, quels ordres, quelle*
eonsigne ont été donnés aux troupes ? quellee
mesures il a prises contre le maire d'Houplinest.
chef reconnu de l'émeute ?
M. Coûtant. — Vous le dénoncez, parce,
qu'il a été votre adversaire.
M. Dansette. — Il a même été mon con,
current. Je l'ai battu et à une grosse majorité.
à Armentières. Est-ce une raison pour taira;
son nom quand il est l'auteur responsable dea
désordr.
Du reste, je ne l'accuse pas, je ne l'exposa
pas aux rigueurs du gouvernement en le nom-
mant : il est l'ami du gouvernement. Il serait
demain le candidat officiel, (Rires et applau-
dissements sur les mêmes bancs.)
Votre fonction, monsieur le président dtl.
conseil, était de faire respecter l'ordre ; votre *
devoir était d'assurer la liberté du travail ;
comment avez-vous rempli ce devoir et cette
fonction ?
Voilà ma question, j'attends votre réponso,
(Applaudissements répétés à droite et au cen
tre.)
M. Delory réplique.
M. Delory. — Je constate que M. Dansette
n'a apporté aucun document probant.
La cause de la grève est dans les réductions
successives des tarifs de salaires, par les pa«
trons.
-Dans une interview publiée par le journal
Le Tentps, un patron armentiérois le reconnaît
formellement. Il constate qu'en ce qui le con-
cerne, il paye ses ouvriers le mieux de la ré--
gion.
Nous n'avons pas poussé à la lutte, ainsi
qu'on nous en accuse, au contraire; mats
quand, malgré nos conseils, la classe ouvrière
entre en lutte contre lè patronat, nous n'avons
pas à l'en empêcher.
Puisque M Dansette est maire d'Armentiè..
res, qu'il mette son écharpe entre les ouvrieta
et les soldats.
Au lieu de reprocher au gouvernement d&
n'avoir pas exercé une répression plus sévère,
il aurait dû se saisir de son mandat de député
pour faire cesser les troubles ; mais il n'était
pas à Armenticres quand tout cela se passait.
Les incidents d'Hennebont
M. Lamy rappelle comment le palais de
justice de Lorient fut envahi par les gré-,
vistes, à la suite de condamnations por-v
tées contre les grévistes.
M. Dejeante rejette la responsabilité de
la grève d'Hennebont sur les patrons.
M. Guieysse, à son tour, monte à la tri-
bune : -
M. Guieysse. — On reproche aux ouvriers
d'Hennebont d'avoir résisté à la force publique;
cela se rattache à un mouvement général qui
se produit dans toute la Bretagne.
On oublie que d'autres manifestations ar-
mées s'étaient produites et que l'expulsion des
Eudistes avaient suscité quelques troubles à
Lorient.
Ceux qui se sont produits au palais de justice
ont été une espèce de réponse .et de leçon de
choses.
On a voulu protester contre des condamna-
tions trop fortes infligées à des grévistes, dont
le seul crime, était d'avoir fait partie d'attrou-
pement illicite, alors que les Eudistes n'avaient
été condamnés qu'à l'amende et, encore, avec la
loi Bérenger. (Applaudissements.)
- Discours de M Combes
M. - Combes, que la droite interrompt
constamment, on ne sait pourquoi, pro-
nonce un discours dont voici les passages
essentels :
M, Combes. — Je n'ai trouvé, dans le dis-
cours do M. Gauthier (de Clagny) rien qui se
rapporte à la politique générale. Néanmoins je
lui répondrai en exposant la politique générale
du gouvernement.
Le système de politique générale oxige un
but a atteindre et des moyens à employer. Au
début de sa formation, le ministère a déclare
qu'il voulait gouverner avec tout le parti répu-
blicain, contre la coalition réactionnaire.
C'était la politique du précédent cabinet, c'est
aussi la nôtre, et nous n'avons qu'à nous féli-
citer des résultats obtenus.
Grâce à l'entente des républicains, le minis-
tère précédent avait réduit au silence la conspi-
ration nationaliste.
Grâce à une entente semblable, le ministère
actuel en a déjoué une autre: celle de la main-
mise cléricale sur la société civile.
Le ministère n'abandonnera pas cette mé-
thode avant d'en avoir retiré tous les avantages.
Quand même le parti républicain n'aurait
d'autre raison à persister dans l'union qui fait
sa force, que la persistance de ses adversaires
dans une union, non moins étroite, il lui suf-
fisait de considérer combien il est nécessaire,
pour lui, d'y persister, afin do conserver les
résultats acquis, au prix de tant d'efforts.
Les libéraux de nos jours en sont arrivés à
personnifier la liberté dans les congrégations,
c'est-à-dire dans un des instruments les plus
perfectionnés de la servitude intellectuelle et
morale.
C'est au nom de la liberté qu'ils ont com-
battu la loi de 1901 et combattent son applica-
tion.
M. Renault-Morlière. — Vous aurez de
la peine à faire de moi ua clérical. (Applau-
dissements au centre.)
M. Combes. — Les modérés accusent le
gouvernement et la majorité' de violer la li-
berté ; alors que signifient leurs avances à une
certaine partie de la majorité? Espèrent-ils
donc amener les radicaux à comprendre comme
eux la liberté des congrégations?
C'est encore une mauvaise querelle qua M.
Dansette a faite au gouvernement.
Interpellé au moment do la grève générale
des mineurs, nous avons déclaré que nous fe-
rions respecter le droit de grève et le droit au
travail, tout en nous efforçant d'amener la con-
ciliation.
C'est l'attitude que nous avons observée à
Armentières.
Nous avons voulu autant que nous l'avons pu
garantir la sécurité des personnes et des biens,
sans porter atteinte au droit de grève.
Ce sera pour moi, pour nous, une satisfac-
tion sans égale que' de pouvoir dire que tous
les conflits qui sont nés pendant notre minis-
tère ont été résolus sans qu'une seule goutte de
sang ait été versée. (Vifs applaudissements à
gauche)
L'opposition a voulu connaître les disposi-
tions morales de la majorité, au lendemain des
mois qu'elle vient de passer en contact intime
avec les électeurs. La majorité républicaine lui
répondra, aujourd'hui, par son vote comme
-elle répondait hier, qu'elle est pour la pensée
ÊAR& &*Bë £ ÀBtÉtâOTrs. Le l.t:t:'!'nero CINQ CENTIME S
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No 12279. - - Samedi 24 Octobre 1903
1" BRUMAIRE AN 112
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NOS LEADERS
Plitiijn aal
M. Lasies, dès la première séance
de la rentrée, s'est rué sur les corps
des soldats tombés à El Moungar.
Vous vous rappelez les faits, je sup-
pose. Surpris, en halte, par une troupe
-nombreuse de ces bandits qui éeument
le désert, un détachement a lutté bra-
vement jusqu'à ce que des renforts
arrivassent. Les deux officiers étaient
tombés, sitôt les premiers coups de feu;
un fourrier a pris le commandement
et les hommes ont combattu.
Ils n'avaient point d'autre alter-
native, en effet : ou tenir l'ennemi à
distance ou mourir. Et mourir tout de
suite valait mieux encore certes que
risquer d'être fait prisonnier. Cela est
si vrai, que certains parmi les blessés,
ce jour-là, redoutant de tomber vivants
encore entre les mains de l'ennemi, se
sont fait sauter la cervelle, ne trouvant
"* que ce moyen d'échapper aux tortures
que leur eussent fait subir les bri-
gands.
Mais écoutez M. Lasies. Je copie
"e compte rendu du Temps, n'ayant
point l'offieiel sous les yeux: - « L'ar-
mée a montré ainsi comment elle se
- venge des injures et des attaques. »
Vous voyez : le chacal-Bilboquet dé-
terrant un corps mort et se disant,
ivec joie :
- « Ce cadavre doit être à moi ».
***
Il me semble qu'à tous les cœurs
Dien placés cette intervention de M.
Lasies a dû causer une impression de
malaise. Ah ! pauvres braves gens qui,
du lever au coucher du soleil, vous
êtes battus dans ce sinistre défilé d'El-
Moungar, brûlant toutes vos cartou-
ches, avec l'angoisse de voir arriver la
fin de vos munitions avant celle du
combat, si torturés de soif que vous -
avez essayé de boire votre urine, ten-
dant à chaque instant l'oreille et re-
gardant avec avidité du côté par où
devaient arriver lçs secours, ah ! pau-
vres gens, vous ne vous doutiez guère
que votre agonie devrait être exploi-
tée, sans pudeur, par ceux qui se font
du patriotisme une carrière. Vous ne
vous doutiez pas qu'en défendant votre
vie, vous faisiez de la politique.
Et quelle politique ! la plus mauvaise
de toutes; la politique de haine ef de
suspicion, celle qui cherche à semer
dans la foule des germes de division et
de découragement !
Vous ne vous doutiez pas qu'en ré-
sistant pied à pied, ainsi que vous l'a-
vez fait, parce que c'était votre intérêt
autant que votre devoir de le faire, vous
fournissiez un argument aux adver-
saires de la politique de réformes et
d'améliorations poursuivie avec tant de
ténacité par le ministre de la guerre.
Pitoyable argument; d'ailleurs !
Au lendemain de la désastreuse af-
faire d'El Moungar, nous en avons, ici
même, dégagé la seule moralité qui
pût en être tirée, nous indignant et
nous désolant de ce que, trente-trois
ans après la guerre allemande, les
mêmes erreurs, les mêmes fautes qui
ont amené les défaites d'alors pussent
se reproduire, entraînant les mêmes
conséquences.
Le rapport officiel a établi que le
chef du détachement surpris à El
Moungar avait pris toutes les précau-
tions prescrites par les règlements.
Soit. Mais il n'en reste pas moins vrai
qu'en scindant l'escorte du convoi en
trois fractions et en faisant évoluer ces
fractions à une distance trop gran-
de les unes des autres, pour qu'elles
puissent se porter mutuellement se
cours, on a commis une faute lourde
dont le résultat a été la mort de trop
de braves sodats.
Est-ce ainsi, pour reprendre les ex-
pressions mêmes de M. Lasies, que « l'ar-
mée a montré comment elle se venge
des injures et des outrages ? »
Tout ce qui a pu être démontré, en
cette triste circonstance, c'est la né-
tessité de réformes profondes, radi-
cales, puisque l'armée, hélas! semble
continuer de marcher dans les mêmes
ornières où elle s'est traînée si lamen-
iablement en 70.
***
Et puis, que signifie ce langage vrai-
ment indigne ? Qui donc « injurie »,
qui donc « attaque » l'armée ? A qui
ces paroles s'adressent-elles ? Qui cela
ïise-t-il? Qu'est-ce que cela veut
ire ?
M. Lasies, en vérité, retarde. Il se
croit sans doute encore au temps de
l'affaire Dreyfus.
- Alors, oui, les chenapans qui accla-
maient le traître Esterhazy et Henry,
le faussaire; qui liaient partie avec
Margot Quatre-Doigts; qui bâillon-
naient Picquart ; qui s'affublaient des
lunettes bleues de du Paty et de la
barbe de Gribelin ; qui, pour défendre
ce qu'ils appelaient l'honneur de l'ar-
mée, accumulaient les crimes, men-
taient avec Cavaignac, Savignaud et
Boisdeffre, entassaient faux sur faux,
depuis le faux de l'Eclair jusqu'à la
hausse dépêché Peuizzardi i alors, Quit
tous ces misérables-là outrageaient
gravement l'armée, qu'ils rendaient,
bon gré mal gré, solidaire de leurs
manœuvres, de leurs agissements cri-
minels.
Mais depuis que cette bande a été ré-
duite au silence, depuis qu'elle a été
dispersée à coups de botte, qui donc
injurie, qui donc attaque l'armée?
Oh ! j'entends bien que les réaction-
naires, et avec eux ces réactionnaires
pires, parce que plus hypocrites qu'on
appelle les républicains modérés, accu-
sent les mesures prises par le gouver-
nement actuel d'affaiblir, de désorga-
niser l'armée. Mais ils se chargent eux-
mêmes de se convaincre de mensonge,
en reconnaissant, comme ils ont bien
été obligés de le constater, à l'occasion
des dernières grandes manœuvres, que
jamais l'armée n'a été si forte, si dis-
ciplinée, si belle.
Mais il suffit. C'est faire trop d'hon-
neur sans doute aux paroles émises
par M. Lasies que de les relever ainsi ;
mais je n'ai pu, je l'avoue, voir, sans
qu'un frémissement de colère me cou-
rût dans le sang, des politiciens cher-
cher à s'emparer des cadavres tombés
dans le défilé d'El Moungar. Il semble
pourtant, n'est-ce pas ? qu'il devrait y
avoir des terrains où la politique, par
respect, par pudeur, se défendît d'en-
trer, et que de ces terrains dût être
celui où dorment les soldats morts en
combattant. Mais allez donc deman-
der de la pudeur aux chacals !.
Lucien Victor-Meunier.
m n i|[J||ii ■
ON CALOMNIE M. NELINE
On calomnie M. Méline, on
calomnie le père du protection-
nisme français.
Et d'être tant calomnié, ça le
gêne. Précisément, hier, il a
reçu la visite d'un correspondant
de la Tribuna. On a échangé d'abord des
compliments. « M. Méline s'est montré heu-
reux des excellents rapports qui unissent
actuellement la France et l'Italie. » Mais
vous sentez bien que notre confrère italien
voulait surtout se rendre compte de l'effet
produit, par le rapprochement franco-ita-
lien, sur un homme qui aime tant les bornes-
frontières et les perceptions douanières
qu'elles motivent. ,
— Moi ? S'est écrié M. Méline, mais vous
me trouvez désolé ; on vous accable, vous,
bons Italiens, nos amis, de droits d'entrée
infiniment trop élevés.
— Vraiment ?
— C'est comme j'ai l'honneur de vous le
dire ; tenez, le bétail italien ; eh bien, le
bétail italien, il paie trop cher à l'entrée.
C'est la Chambre française qui a voté ces
malheureux droits ; quant à moi : (( Je me
serais contenté des tarifs votés par le Sénat,
tarifs qui représentaient une protection
suffisante pour le bétail français. ))
Le journaliste italien est parti, légère-
ment éberlué, j'imagine, de cette entrevue
où M. Méline, contre toute espérance, s'est
montré si agressif envers les droits pro-
tecteurs.
Auprès de ceux de nos voisins qui ne
seraient pas prévenus, M. Méline, après
cette conversation, passerait aisément pour
un neveu de Cobden, alors qu'il est un
frère de Joë Chamberlain. Mais la réputa-
tion de l'ancien président du conseil est
trop solidement assise pour que quelque
malentendu de ce genre soit à craindre ; et
malgré la riposte qu'il a eu l'esprit de trou-
ver, à propos de bétail, l'Europe entière
et la France savent à quoi s'en tenir sur son
compte. — Ch. B.
Voir à la 3« page
les Dernières Dépêches
de la nuit.
SOLIDARITÉ
Le Rappel a annoncé hier la constitution à
Paris d'une association des dames employées
des postes, télégraphes et téléphones de France.
Il a ajouté que M. Bérard, sous-secrétaire
d'Etat, avait encouragé cette œuvre de soli-
darité.
Le sous-secrétaire d'Etat des postes et télé-
graphes n'a fait, en cela que se conformer au
vœu récemment émis par le congrès radical
et radical-socialiste de Marseille, sur la propo-
sition de M. Guiral, délégué de la Fédération
départementale de défense républicaine de la
Seine-Inférieure.
Rappelons que ce vœu est ainsi conçu :
Le congrès :
Considérant que tous les employés d'administra-
tions publiques, ayant les mêmes obligations en-
vers l'Etat, doivent avoir également les mêmes
droits à l'exercice des libertés reconnues à tous les
citoyens;
Considérant, en outre, que les associations ami-
cales de fonctionnaires, par la compétence de leurs
membres à l'étude des questions professionnelles,
peuvent aider et aideront efficacement le Parle-
ment dans les réformes administratives ;
Attendu que des associations de fonctionnaires
sont encouragées par des ministres qui assistent à
leurs fêtes et réunions :
Emet le vœu :
Que le gouvernement favorise la formation de
toutes les associations amicales de fonctionnaires
et les reconnaisse légalement ;
Et demande aux membres du Parlement d'accor-
der leur appui aux groupes des associations de
fonctionnaires formés ou en formation dans leur
circonscription. 1
Il est bon de remarquer que l'auteur de ce
_vœu, M. Guiral. est secrétaire de l'Union gé-;
nérale des contributions indirectes, dont nous
avons déjà parlé à différentes reprises.
Il est à souhaiter que le ministre des finances
suive l'exemple du sous-secrétaire d'Etat et
qu'il accorde aux fonctionnaires placés sous,
ses ordres la protection et l'encouragement
dont ils sont dignes. Le nouveau directeur des
contributions indirectes, M. Louis Martin,
s inspirera, lui aussi,certainemc,nt du vœu voté
par les représentants de toute la France répu-
blicaine, et nous serions heureux de le voir,
comme don de joyeux avènement, reconnaître,
officiellement l'Union générale qui, malgré
quelques mois d'existence, a su, par une éner-
gie raisonnée et soutenue, montrer à différen-*
tes reprises et notamment dans l'affaire Loize-
i niant, tout ce <¡- l'on pouvait espérer d'elle,
< j-iA.i
LE CRIME
D'AIX.lES.BAINS
MORT DE L'ASSASSIN
La mort de Ladermann. — Une lettre
de l'assassin. — Les origines du
criminel. - Une lettre de M.
Briotet. - L'impression à
Chambéry. — Les recé-
leurs.
Ainsi que nous l'avions fait prévoir, hier,
dans notre 2" édition, l'assassin d'Aix-les-Bains
est mort dans la nuit, vers 1 h. 112, sans avoir
repris connaissance, à l'Hôtel-Dieu de Lyon.
Voici exactement à la suite de quelles cir-
constances la Sûreté de Lyon avait été mise
sur la trace de l'assassin.
En dépit des assertions du frère de Lader-
mann, M. Briotet, prévoyant que l'assassin
d'Aix-les-Bains n'avait bu aller loia avec les
faibles ressources dont il disposait, faisait sur-
veiller les abords de tous les hôtels où il sup-
posait que César pourrait se réfugier, et de
tous les cafés qu'il fréquentait. Ces mesures se
sont trouvées justifiées. En effet, vers 9 h. 112,
un ami de Ladermann recevait, par un jeune
homme, une lettre à lui adressée et ainsi con-
çue :
Cher ami, je ne quitterai pas ce monde avant de
venir te remercier de tous les services si souvent
rendus pour nous tous. Je regrette beaucoup de
finir sur un coup que vous connaissez mal, mais
je t'assure que mourir n'est rien ; c'est presque,
du bonheur pour moi, car j'ai trop souffert depuis
1895 pour pouvoir lutter encore longtemps. Mais
c'est pour ceux que je laisse, mon pauvre Edouard,
ma pauvre femme et sa petite, que vont-ils deve-
nir après un pareil coup ? Ils ne pourront pas seu-
lement quitter cette ville où ils sont connus et où
ils auront toujours sous les yeux le souvenir do
mon passé.S'il m'était permis que tu fasses encore
quelque chose pour moi après ma mort, ce serait
le plus grand des bienfaits que je t'aurais demandé.
Rassemblez-vous et faites quelques fonds pour eux,
afin qu'ils puissent partir. Je ne puis parler d'eux
sans que cela me déchire le cœur et me fasse pleu-
rer. Je me détruis. Adieu. Merci. Rue Vieil-Ren-
versé, 6.
Sans perdre un instant, les agents se rendi-
rent au pas de course à l'adresse indiquée ;
mais en les entendant monter, Ladermann se
tira un coup de revolver à la tempe droite. M.
Condamiu, l'internoTr» service qui a été appelé
à le soigner à rilôtr^oc ju,déclara qu'il pouvait"
être considéré comme perdu. On n'a trouvé au-
cun argent sur lui, mais seulement un récit
détaillé du crime confirmant celui que le mal-
heureux a fait à son frère hier. Il avait loué la
chambre le matin et n'avait pas un sou pour la
payer.
Ladermann et sa famille
César Ladermann est le fils d'une très ho-
norable famille. Le père, de nationalité suisse,
exerce la profession de tailleur. Il a épousé une
jeune fille des Echelles (Savoie). Le ménage
travaillait pour la haute société de Chambéry.
Ils eurent trois fils. Les deux aînés apprirentle
métier de leur père, mais bientôt ils quittèrent
le travail pour aller à Lyon, tandis que le
plus jeune quittant son métier de typographe,
devenait camelot, puis souteneur et finalement
était expulsé do France. La misère étant alors
entrée dans le ménage, la mère Ladermann
allait mourir à l'hospice. Le père partit en
Suisse, où il est actuellement. César Ltder-
mann était connu à Chambéry comme un fort
mauvais sujet.
Le chef de la Sûreté a perquisitionné, hier
matin, à l'hôtel de la Marine française, dans
la chambre qu'avait occupée Ladermann pen-
dant son séjour à Paris. M. Hamard a décou-
vert dans ses investigations le chapeau mar-
ron et la eanne- à poignée recourbée qui ont
servi à le faire reconnaître par Victorine Gi-
riat, comme nous l'avons raconté. Il a égale-
ment retrouvé le vêtement grisâtre que l'assas-
sin portait à Aix-les-Bains le jour du crime.
Outre ces objets, plusieurs photographies de
Ladermann ont été saisies, ainsi que de nom-
breux papiers. M. Hamard a remarqué quede:i
lettres avaient été brûlées dans la cheminée de
la chambre. Quant aux bijoux, Ladermann a
déclaré à son frère que c'est Bassot qui les pos-
sède, et M. Hamard croit bien qu'il a dit la vé-
rité sur ce point.
Les deux chefs de la Sûreté
Voici le texte de la lettre adressée par M.
Briotet, chef de la Sûreté, à son collègue de
Paris, M. Hamard :
Ladermann, César, avait loué, sous le nom de
Louis Borel, âgé de vingt-huit ans, né à Avignon,"
ouvrier peintre, une chambre, rue du Vicil-Ren
versé, 6. Il s'est tiré une balle dans la tête, à la
tempe droite, à neuf heures vingt du soir, au mo-
ment où les agents frappaient à sa porte. La ma--
tière cérébrale est sortie par le trou profond et son-
état est considéré comme désespéré. On s'attend à
ce qu'il succombe dans la nuit. Je viens de le faire
transporter à l'Hôtel-Dieu. Il râle. Des papiers en-
core chauds et fumants ont été trouvés dans la
cheminée de sa chambre. Il a laissé trGis lettres :
l'une qui vous est adressée, l'autre à son frère
Edouard, et la troisième à sa maîtresse. Dans ces
lettres, Ladermann fait des aveux complets et qui
sont plus vraisemblables que les déclarations qu'il
a faites à son frère au sujet de son crime.
On mande de Chambéry que l'arrestation
et le suicide de Ladermann, dont la famille
était bien connue, a causé une profonde émo-
tion. Les journaux s'arrachent.
Les recherches continuent
Des mandats d'amener vont être lancés con-
tre des individus soupçonnés de recéler les bi-
joux, en Suisse et à Lyon. M. Hamard n'avait
pas reçu, hier soir, au moment du dernier cour-
rier, la lettre do Ladermann, que M. Briotet,
chef de la Sûreté de Lyon, a mise à la poste,
mercredi soir, à 9 h, 50.
- -———————————-.
6 DIOCÈSES = 6 TRAINS ?
Les Croix sont dans la jubilation.
En 1902, il y eut 126 trains, venus de 52 dio-
cèses, qui amenèrent à Lourdes 78.000 pèle-
rins.
En 1903, il y a eu 132 trains, venus de 46
diocèses, qui ont envoyé à Lourdes près de.-
cent mille pèlerins.
Cette fois, on ne précise plus le chiffre exact
des pèlerins ; mais ne chicanons pas et admet-
tons pour vraie et authentique cette centaine
de mille.
Constatons seulement ce fait : les successeurs
de Mme Pailhasson ont, cette année, gagné
6 trains et perdu 6 diocèses.
Toute la question est de savoir, dirait M.
Combes,qui a remis en honneur l'arithmétique
dans l'éloquence — toute la question est de
savoir si 1 train égale 1 diocèse.
Nous en dcutons fort, et, à la place des
Croix, nous nous garderions d'avouer que six
diocèses semblent enfin répudier les honteuses
et répugnantes superstitions de Lourdes. —
Rantanplan.
♦ —
L'armée du nouveau Prophète Elis
(De notre correspondant particulier)
New-York, 22 octobre.
Le D' Dowie, nouvelle incarnation du pro-
phète Elie, joue évidemment de malheur avec
sa croisade entreprise pour la conquête de
New-York, Presse la moitié de son armée:
s'est gravement enrhumée grâce à la baisse
subite de la température et à la défectuosité de
l'équipement des croisés. Des sociétés philan-
thropiques sont occupées à confier ses malades
aux soins des hôpitaux. Le Dr Dowie loin de se
décourager,voit là l'action du ciel qui lui per-
mettra de distinguer «les grains de l'ivraie ».
«Ceux qui ne recouvrent pas rapidement leur
santé, dit orophète, manquent de foi et mé-
ritent de périr.»
LE PRÉFET PHILANTHROPE
ET LES « VIEUX » DE NANTERRE
Grâce aux soins dévoués et intelligents du
préfet de police et de son secrétaire général,
M. Laurent, le régime de la Maison de Nan-
terre — cette Maison à laquelle l'épithète hos-
pitalière paraissait être, jusqu'ici, quelque peu
ironique — vient d'être très sensiblement amé-
lioré.
M. Lépine vient, en effet, de réaliser, en fa-
veur des pauvres gens qu'abrite cet asile, ( di-
verses modifications visant spécialement l'ali-
mentation, qui a fait l'objet de tant de criti-
ques, et la répartition des hospitalisés dans les
diverses sections.
Le système qui consistait à préparer, à la
cuisine, les gamelles de tous les hospitalisés, a
vécu, et c'est grand merci; on y a substitué
celui de la répartition des aliments, dans les
réfectoires, aux seuls pensionnaires présents,
et suivant leur appétit; de cette façon, il est
maintenant facile de ne ne préparer que les
quantités de denrées vraiment nécessaires et
les « eiux grasses », c'est-à-dire les portions
perdues, sont tombées, de 4 à 500 litres par
jour, à un nombre de litres insignifiant. Du
même coup, des disponibilités d'argent très
importantes se sont produites, et le préfet, sans
avoir à demander au conseil général aucun
crédit nouveau, a pu non seulement améliorer
la nourriture de toutes les sections, instituer
les trois repas par jour traditionnels, alors
que ces braves gens n'en avaient jamais connu
que deux, mais encore distribuer à une bonne
part Je la population de cette petite ville, du
café le matin et du vin à midi — comble de
délices 1
Les privilégiés, en tout ceci, sont naturelle-
ment les vieux, les infirmes; les jeunes eens,
eux, ont du travail dehors, et en tous cas, leurs
bras et leurs forces pour se procurer un sup-
plément de nourriture.
Les casiers judiciaires
D'autre part, et quoique des lois spéciales
aient été votées dans le but d'atténuer et même
de supprimer los effets du casier judiciaire,
après peine purgée, les malheureux qui avaient
sur la conscience quelque condamnation, ai
infime et si lointaine qu'elle fût, formaient une
section à part, vêtue de gris, et subissant un
régime spécial, tracassier et humilliant. Grâce
encore à M. Lépine, cet état de choses n'existe
plus; désormais, en effet, le degré do capacité
au travail servira uniquement de base d'appré-
ciation pour le classemeut des Densionnaires
dans les diverses sections; la Maison ne renfer-
mera pas une lamentable armée de parias invo-
lontaires.
Toutes ces innovations bienfaisantes, à l'hon-
neur de M. Lépine, sont autant de preuves
ajoutées à beaucoup d'autres, qui mettent en
valeur la justice et l'humanité de notre préfet
de police.
Au reste, la joie des braves gens hospitalisés
à la (t Maison de Nanterre », leurs visages ha-
bituellement renfrognés et aujourd'hui déridés,
leur satisfation enfin, tout cela constitue bien
le meilleur remerciement qui puisse être adres-
sé à ce préfet de police peu ordinaire — puisque
philanthrope. — G. de V.
- ♦
A L'HOTEL DE VILLE
Le préfet de la Seine a signé, hier après-
midi, l'arrêté convoquant nos conseillers mu-
nicipaux pour le mercredi 4 novembre pro-
chain. A l'ordre du jour : la question du gaz
et les affaires non délibérées à la dernière
réunion.
PAR LE PEUPLE
Le théâtre populaire est à l'ordre du jour.
Cela ne surprend pas qui sait de quelle impor-
tance il sera dans l'éducation future de la dé-
mocratie. La scène est la tribune la plus reten-
tissante. Les idées progressent d'autant plus
rapidement qu'elles ont triomphé sur les plan-
ches.
Mais ce n'est pas uniquement dans ce but de
propagande que les partis avancés cherchent à
- s'emparer du théâtre. Le peuple, que des écri-
vains aristocratiques ou des observateurs su-
perficiels accusent volontiers de grossièreté, a,
de la beauté, des notions vagues qu'il tend à
préciser. Il sent que le théâtre doit être pour
lui le maître le plus parfait parce qu'il parti-
.cipe de tous les arts : de la littérature, do la
statuaire, de la peinture et de la musique.
Aujourd'hui, le théâtre est un plaisir de ri-
ches. Comment le permettre aux humbles ?
Henri Turot a entrepris de résoudre le problème.
Il voudrait que l'édilité parisienne créât un
théâtre municipal qui, suivant l'expression
d'Eugène Fournière, jouerait pour le peuple,
c'est à-uire pour nous tous, riches et pauvres,
savants et illettrés, les œuvres d'art et de vé-
rité.
Et Fournière, dans 1 article auquel j'em-
prunte cette belle définition du théâtre que
nous voulons créer, tout en reconnaissant les
services que rendrait une scène municipale,
fait des objections valables. Il explique fort
bien que les directeurs, si indépendants et no-
vateurs fussent-ils, subiront fatalement des
influences administratives et peut-être électo-
rales qui les contraindront à ne rechercher que
des moyennes d'art. Il leur faudra bien con-
tenter le plus de monde possible. Un théâtre
coopératif échapperait à cette critique. Il doit
être l'avant-garde qui dégagera la route du
théâtre municipal.
Cette combinaison serait très favorable à
l'art. Le théâtre municipal serait comme un
théâtre Français plus hardi que celui qui
existe et le théâtre coopératif poursuivrait avec
des ressources plus grandes l'œuvre entreprise
par de précédents novateurs.
Mais dans tout cela, que devient le peuple ?
Les nouvelles troupes auront les mêmes char-
ges que les anciennes et comme les directeurs
d'aujourd'hui ne font pas fortune, il est à
supposer que ceux de demain ne diminueront
en rien le prix des places. Le pauvre restera
toujours étranger à l'art dramatique.
Je ne vois, pour ma part, d'autre solution
que de chercher dans le peuple lui-même les
éléments du théâtre populaire. Nos camarades
du « théâtre du peuple », de la « rouge églan-
tine », de la «Marianne », de la « lyre sociale
de la rive gauche » me semblent plus près du
but que Tarot et Fournière.
Il existe dans les troupes d'amateurs des ta-
lents réels qui mettront la foule en présence
grand art, quand ils auront trouvé des maî-
tres pour les dégager du cabotinage facile qui
les empêche do donner leur mesure. Quand
nous leur aurons ouvert une école où ils ap-
prendront l'histoire du théâtre, la littérature
dramatique, les principes de la déclamation et
du jeu scénique, nous aurons résolu le pro-
blème et cela non seulement pour le peuple
de Paris, mais pour la France entière, -
Maurice Juncter*
LA JOURNEE- -¡.-
PARLEMENTAIRE
A LA CHAMBRE
Voici donc que M. Combes a été amené
une fois de plus à prononcer un discours
sur sa politique générale. Après ces nou-
velles paroles, nous attendons toujours un
programme un peu détaillé et précis, corn:
portant une solution acceptable de la ques-
tion dé renseignement.
A une centaine de voix les déclarations
du gouvernement ont été approuvées. Il
ne pouvait en être autrement. Le langage
de M. Combes a certainement donné satis-
faction « en gros » à la majorité.
Le président du conseil a un peu rétréci
le champ de bataille en disant que la lutte
était engagée entre le gouvernement et la
congrégation. La lutte dont il s'agit met
aux prises l'Etat laïque, la Nation et
l'Eglise. C'est autrement grave.
M. Combes a terminé en jurant « la sup-
pression de l'enseignement congréganiste».
Bien parlé. Nous serons entièrement satis-
faits quand le gouvernement nous aura
donné connaissance des voies juridiques
par lesquelles il entend nous mener au
pays de Chanaan du régime laïque.
Le public n'a pas montré beaucoup d'em-
pressement. Au fond, tout le monde sent
bien que le duel qui va s'engager entre les
réactionnaires et le gouvernement ne sau-
rait être très dramatique. L'opposition de
droite avoue elle même son impuissance.
M. Léon Bourgeois préside.
Au banc des ministres, sont MM. Com-
bes, Delcassé, Doumergue, Trouillot et
Bérard.
Les frais de justice
En ouvrant la séance, le président an-
nonce, comme nous l'avions fait prévoir,
que l'interpellation de notre ami Charles
Bos, sur le nouveau tarif des frais de jus-
tice, sera discutée le 6 novembre, date ac-
ceptée par le garde des sceaux.
Des interpellations sur les bouilleurs de
cru sont déposées par MM. Marlot, Castil-
lard etPerroche. Elles sont jointes au débat
de lundi.
Avant-propos
M. Combes propose de joindre les inter-
pellations Denys Cochin et Lemire, sur les
congrégations, à celle de M. Gauthier (de
Clagny), qui va être discutée immédiate-
ment.
M. Denys Cochin prétend que son inter-
pellation ne regarde pas M. Combes, mais
M. Delcassé, ministre des affaires étran
gères.
Par 342 voir contre 218, la jonction est
néanmoins prononcée.
Alors, M. Denys Cochin retire son inter-
pellation. L'abbé Lemire imite cette déci-
sion.
La politique générale
M. Gauthier (de Clagny) a alors le champ
libre pour développer son interpellation sur
la politique générale du gouvernement.
M. Gauthier (de Clagny) commence par
présenter au président du conseil les obser-
vations que, précisément, lui soumettent
quelquefois les radicaux-socialistes. Cette
partie du discours du député nationaliste
est assez habilement composée :
M. Gauthier (de Clagny). — Je suis trop
ancien parlementaire pour me faire des. illu-
sions sur le sort de mon interpellation.
M. Coûtant. — Alors nous perdons notre
temps.
M. Gauthier. — Non, car je parle pour le
pays.
M. Braud. — Il est avec le gouvernement
et la majorité.
M. Gauthier. — Je veux, en tout cas,
montrer les incohérences de la politique du
cabinet.
Il ferme des écoles congréganistes dans un
quartier et les laisse ouvertes dans un autre ;
par un prodige inexplicable, il se garde de tou-
cher au pèlerinage fameux de Lourdes.
M. Làsies. — C'est, à coup sûr, le plus
grand miracle du siècle que Lourdes ait opéré.
(Hilarité.)
M. Gauthier. — Je passe rapidement sur
ces questions,car j'ai hâte de parler de certains
incidents graves qui se sont produits pendant
les vacances.
Vous êtes au pouvoir depuis dix-huit mois,
êtes soutenu par une majorité fidèle jusqu'à
l'aveuglement, et vous affirmez hautement que
le pays républicain est avec vous. Si cela est
vrai, comment, depuis dix-huit mois, n'avez-
vous encore abordé la discussion d'aucune des
grandes réformes du programme radical ?
Vous n'en avez même effleuré aucune et je
puis dire que vous n'avez rien fait pour
cette démocratie qui, dites-ious, vous ap-
prouve.
Un de vos plus distingués collègues, M.
Henry Maret, vous faisait ce même reproche
dans un article que vous connaissez certaine
ment.
Le reste du discours de M. Gauthier (de
Clagny) résume les reproches formulés par
les réactionnaires contre la politique ré-
publicaine. On a fait justice depuis long-
temps d'arguments que nos lecteurs nous
reprocheraient de reproduire une fois de
plus.
Enfin, l'orateur arrive à la question fi-
nancière :
M. Gauthier. — Si vous n'aviez pas la
chance d'avoir comme ministre des finances
un financier éminent qui inspire la confiance,
les fonds d'Etat baisseraient encore plus.
M. Berteaux — Je trouve étrange qu'un
esprit aussi avisé que le vôtre, reproche au
gouvernement les mouvements de bourse qui
sont l'œuvre de votre parti.
J'ajoute qu'à l'heure où l'on fait cette cam-
pagne, le budget de l'Etat se solde par un ex-
cédent de 63 millions. Voilà tout le résultat de
votre campagne.
M. Pugliesi-Conti prend à son tour la
parole.
L'« Internationale )
M. Pugliesi-Conti. - je demande à la
Chambre toute sa patriotique attention. Il
s'agit d'un sujet grave, attristant-; il s'agit de
ce chant séditieux et criminel de l'lnternatw-
nale, qui, inventé par le communard Pottier,
vieillissait, silencieux, dans l'arsenal des re-
frains révolutionnaires, lorsqu'un parti a ré-
solu de le jeter, comme le déli de l'anarchie à
la patrie et à l'armée.
M. Pugliesi-Conti développe ce thème
au milieu de l'inattention de la Chambre.
Jl est clair que la foule républicaine choisit
ses chants comme if lui plait. Personne
n'en est responsable. D'ailleurs, l'Interna-
tionale a quelques beaux couplets,si l'un,an
moins, est discutable. M. Sembat renoncia
à répondre à M. Pugliesi-Conti.
I..a grève d'Armentières
M. Dansette interpelle sur les grèves
d'Armentières.
Il accuse legouvernement d'imprévoyan.
ce et d'impuissance. Il rappelle les troubleat
que l'on connaît et termine comme suit :
M. Dansette. — Je demande au gouver-
nement ce qu'il a fait, quels ordres, quelle*
eonsigne ont été donnés aux troupes ? quellee
mesures il a prises contre le maire d'Houplinest.
chef reconnu de l'émeute ?
M. Coûtant. — Vous le dénoncez, parce,
qu'il a été votre adversaire.
M. Dansette. — Il a même été mon con,
current. Je l'ai battu et à une grosse majorité.
à Armentières. Est-ce une raison pour taira;
son nom quand il est l'auteur responsable dea
désordr.
Du reste, je ne l'accuse pas, je ne l'exposa
pas aux rigueurs du gouvernement en le nom-
mant : il est l'ami du gouvernement. Il serait
demain le candidat officiel, (Rires et applau-
dissements sur les mêmes bancs.)
Votre fonction, monsieur le président dtl.
conseil, était de faire respecter l'ordre ; votre *
devoir était d'assurer la liberté du travail ;
comment avez-vous rempli ce devoir et cette
fonction ?
Voilà ma question, j'attends votre réponso,
(Applaudissements répétés à droite et au cen
tre.)
M. Delory réplique.
M. Delory. — Je constate que M. Dansette
n'a apporté aucun document probant.
La cause de la grève est dans les réductions
successives des tarifs de salaires, par les pa«
trons.
-Dans une interview publiée par le journal
Le Tentps, un patron armentiérois le reconnaît
formellement. Il constate qu'en ce qui le con-
cerne, il paye ses ouvriers le mieux de la ré--
gion.
Nous n'avons pas poussé à la lutte, ainsi
qu'on nous en accuse, au contraire; mats
quand, malgré nos conseils, la classe ouvrière
entre en lutte contre lè patronat, nous n'avons
pas à l'en empêcher.
Puisque M Dansette est maire d'Armentiè..
res, qu'il mette son écharpe entre les ouvrieta
et les soldats.
Au lieu de reprocher au gouvernement d&
n'avoir pas exercé une répression plus sévère,
il aurait dû se saisir de son mandat de député
pour faire cesser les troubles ; mais il n'était
pas à Armenticres quand tout cela se passait.
Les incidents d'Hennebont
M. Lamy rappelle comment le palais de
justice de Lorient fut envahi par les gré-,
vistes, à la suite de condamnations por-v
tées contre les grévistes.
M. Dejeante rejette la responsabilité de
la grève d'Hennebont sur les patrons.
M. Guieysse, à son tour, monte à la tri-
bune : -
M. Guieysse. — On reproche aux ouvriers
d'Hennebont d'avoir résisté à la force publique;
cela se rattache à un mouvement général qui
se produit dans toute la Bretagne.
On oublie que d'autres manifestations ar-
mées s'étaient produites et que l'expulsion des
Eudistes avaient suscité quelques troubles à
Lorient.
Ceux qui se sont produits au palais de justice
ont été une espèce de réponse .et de leçon de
choses.
On a voulu protester contre des condamna-
tions trop fortes infligées à des grévistes, dont
le seul crime, était d'avoir fait partie d'attrou-
pement illicite, alors que les Eudistes n'avaient
été condamnés qu'à l'amende et, encore, avec la
loi Bérenger. (Applaudissements.)
- Discours de M Combes
M. - Combes, que la droite interrompt
constamment, on ne sait pourquoi, pro-
nonce un discours dont voici les passages
essentels :
M, Combes. — Je n'ai trouvé, dans le dis-
cours do M. Gauthier (de Clagny) rien qui se
rapporte à la politique générale. Néanmoins je
lui répondrai en exposant la politique générale
du gouvernement.
Le système de politique générale oxige un
but a atteindre et des moyens à employer. Au
début de sa formation, le ministère a déclare
qu'il voulait gouverner avec tout le parti répu-
blicain, contre la coalition réactionnaire.
C'était la politique du précédent cabinet, c'est
aussi la nôtre, et nous n'avons qu'à nous féli-
citer des résultats obtenus.
Grâce à l'entente des républicains, le minis-
tère précédent avait réduit au silence la conspi-
ration nationaliste.
Grâce à une entente semblable, le ministère
actuel en a déjoué une autre: celle de la main-
mise cléricale sur la société civile.
Le ministère n'abandonnera pas cette mé-
thode avant d'en avoir retiré tous les avantages.
Quand même le parti républicain n'aurait
d'autre raison à persister dans l'union qui fait
sa force, que la persistance de ses adversaires
dans une union, non moins étroite, il lui suf-
fisait de considérer combien il est nécessaire,
pour lui, d'y persister, afin do conserver les
résultats acquis, au prix de tant d'efforts.
Les libéraux de nos jours en sont arrivés à
personnifier la liberté dans les congrégations,
c'est-à-dire dans un des instruments les plus
perfectionnés de la servitude intellectuelle et
morale.
C'est au nom de la liberté qu'ils ont com-
battu la loi de 1901 et combattent son applica-
tion.
M. Renault-Morlière. — Vous aurez de
la peine à faire de moi ua clérical. (Applau-
dissements au centre.)
M. Combes. — Les modérés accusent le
gouvernement et la majorité' de violer la li-
berté ; alors que signifient leurs avances à une
certaine partie de la majorité? Espèrent-ils
donc amener les radicaux à comprendre comme
eux la liberté des congrégations?
C'est encore une mauvaise querelle qua M.
Dansette a faite au gouvernement.
Interpellé au moment do la grève générale
des mineurs, nous avons déclaré que nous fe-
rions respecter le droit de grève et le droit au
travail, tout en nous efforçant d'amener la con-
ciliation.
C'est l'attitude que nous avons observée à
Armentières.
Nous avons voulu autant que nous l'avons pu
garantir la sécurité des personnes et des biens,
sans porter atteinte au droit de grève.
Ce sera pour moi, pour nous, une satisfac-
tion sans égale que' de pouvoir dire que tous
les conflits qui sont nés pendant notre minis-
tère ont été résolus sans qu'une seule goutte de
sang ait été versée. (Vifs applaudissements à
gauche)
L'opposition a voulu connaître les disposi-
tions morales de la majorité, au lendemain des
mois qu'elle vient de passer en contact intime
avec les électeurs. La majorité républicaine lui
répondra, aujourd'hui, par son vote comme
-elle répondait hier, qu'elle est pour la pensée
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