Titre : Le XIXe siècle : journal quotidien politique et littéraire / directeur-rédacteur en chef : Gustave Chadeuil
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1903-10-13
Contributeur : Chadeuil, Gustave (1821-1896). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
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Description : 13 octobre 1903 13 octobre 1903
Description : 1903/10/13 (N12268). 1903/10/13 (N12268).
Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-199
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 20/06/2013
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Ne 1226S. - IVIar-di 13 Octobre 1903
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-
ÏVÔS LEADERS
- LE
ongrs Mcal-SÉliste
Marseille, 11 octobre.
il a fallu une dernière séance, ce
matin, pour achever les travaux enta-
més par le Congrès. M. Henri Brisson,
quoique indisposé, avait tenu à assis-
ter à une partie, au moins, des débats.
Il était arrivé de Paris, dans la nuit. Il
a donc pris place au bureau, en sa
qualité de président d'honneur; à côté
de luise sont placés les présidents effec-
tifs, MM. Maurice Faure et Béraud, sé-
nateurs, ainsi que M. Chevillon, vice-
, président.
***
M. Henri Brisson a prononcé une,
allocution pour remercier le congrès;
appréciant la situation politique, il a
montré le parti radical «t radical-so-
cialiste, prenant une importance sans
cesse grandissante.
M. Henry Bérenger s'est plaint des
fausses sécularisations, il a demandé
au congrès le vote d'une résolution
demandant au gouvernement de faire
respecter la loi. Il a signalé les obsta-
• cles opposés à la justice, par les ma-
gistrats réactionnaires ; : il a dit que le
gouvernement devrait faire le néces-
saire pour imposer à ces magistrats
l'observation de leurs devoirs. Le con-
grès s'est associé à ce vœu.'
La question du siège du prochain
Congrès a été ensuite discutée. Notfe
confrère Maurice Sarraut a insisté
pour que, cette fois, la ville choisie fut
Toulouse. Sarraut a exposé que les ré-
publicains du Sud-Oùest, toujours à
Pavant-garde, avaient droit à la solli-
citude du parti radical-socialiste.
Le citoyen Debierre a réclamé en
faveur de Lille : « Voilà, a-t-il dit,
deux congrès qui ont lieu dans le
Midi ; le Nord ne doit pas être délaissé;
l'influence du congrès serait excellente
dans des départements où nous avons
tant de circonscriptions à conquérir. »
Certains demandaient que le congrès
revint à Paris. Une motion fut aussi
présentée en faveur de Rochefort-sur-
Mer. Henri Brisson constata, avec
beaucoup de plaisir, l'empressement
des grandes villes de. France à récla-
mer l'honneur d'être choisies. Il ob-
serva qu'aucun esprit de rivalité ne se
mêlait à ce concours de bonnes vo-
lontés.
Au scrutin, ce fut Toulouse qui fut
choisie.
***
M. Hector Depasse a présenté un in-
téressant rapport au nom de la sep-
tième commission ; il a appelé l'atten-
tion du gouvernement sur les réformes
électorales, si nécessaires, à la veille
des consultations municipales. Deux
motions, présentées par le rapporteur,
ont été adoptées. M. Queyrel a fait
adopter un rapport sur l'hygiène so-
ciale. v 1
A noter un vœu très intéressant de
M. de Kerguézec, l'ardent conseiller
général républicain des Cùtes-du-Nord.
Ce vœu a pour but d'interdire aux of-
ficiers de servir dans les régions où ils
possèdent des relations de famille et
des influences de fortune. Cela pour
prévenir la formation, dans certains
régiments, de véritables comités de
propagande en faveur de la congréga-
tion.
M. Hector Dépassé est - revenu à la
tribune pour lire, cette fois, la Décla-
ration du parti. Il a montré la néces-
sité de donner au peuple, dont les es-
pérances ont été trop longtemps du-
pées,la République réellement républi-
caine : « Il faut, s'est écrié' M. Hector
Depasse, que la République triomphe,
malgré l'hypocrisie de ses ennemis et
dedonctionnaires. Pour cela, elle doit
briser toutes les entraves, et frapper
les traîtres et les suppôts de la réac-
tion. » La belle déclaration de M. Hec-
tor Depasse a été vivement applaudie.
M. Henri Brisson a clôturé le Congrès
par un superbe discours plein - d'émo-
tion républicaine. Il a rappelé les suc-
cès de la cause démocratique, triom-
phant, en Bretagne, aux fêtes de Tré-
guier, comme à Marseille : « Voilà, a
dit Henri Brisson,ce qui est doublement
réconfortant, pour ceux qui, comme
moi, ont, les premiers, engagé réso-
lument la lutte contre l'Eglise et contre
- la théocratie. »
Des salves d'applaudissements ont
remercié notre éminent ami de ses
paroles énergiques. On s'est séparé en
criant : Vive la République ! et : Vive
Brisson i
***
Les délégués ont participé, une heure
1 plus tard, mjn grand et cordial ban-
quet 'c.ïr le Prado. Ils se sont donné
r-wta-vous pour l'an prochain, à Tou-
louse. Souhaitons qu'ils aient alors à
enregistrer non plus seulement des
promesses gouvernementales, mais
des réformes acquises.
Hugues Destrem.
LE DISCOURS DE M. COMBES
Nous conseillons à tous de
lire avec attention le discours
que M. Combes vient de pronon-
cer à Clermont-Ferrand et que
nous publions plus loin.Le texte
nous enparvient si tard que nous
devons aujourd'hui nous borner à de brèves
réflexions ; mais d'ici le 20 octobre, jour
de la rentrée des Chambres, nous avons le
temps de l'étudier, et d'y revenir.
Car c'est un discours fait spécialement,
semble-t-il, en vue de la rentrée du Parle-
ment, et il est visible, quand il s'exprime si
longuement sur « l'arithmétique » des qua-
tre groupes de gauche, qu'il s'adresse beau-
coup plus aux députés qui vont reprendre
séance qu'aux citoyens qui, à Clermont-
Ferrand, entouraient hier le président du
Conseil. ,
Mais, avant de passer à une objection que
cette harangue nous paraît appeler, nous
voulons tout de suite féliciter M. Combes
d'abord de l'excellente définition qu'il don-
ne, au début de son discours, du véritable
"patriotisme ; nous voulons le féliciter aussi
des assurances tiès nettes qu'il donne dè
son désir de voir aboutir promptement un
certain nombre des réformes qui nous tien-
nent à coeur : le service de deux ans, la ré-
forme des conseils de guerre, l'abrogation
de la loi Falloux, etc.
Maintenant, avons-nous mal lu? il nous
-semble bien, cette fois, n'avoir trouvé
qu'une bien incertaine allusion à la ques-,
tion de la séparation des Eglises et de l'E-
tat que l'orateur appelle : la question des
rapports de l'Eglise et de l'Etat, et qu'il
renvoie en une demi-phrase, tout à la
fin des futurs contingents. Et ceci nous
semble assez contradictoire avec la ten-
dance indiquée par la note si impor-
tante que l'on nous communiquait avant
hier et qui avait trait aux « prélats sans
traitement ». Que M. Combes juge que le
moment n'est pas venu de solutionner cette
question, c'est son droit, et il expliquera
sans doute à la Chambre pourquoi, sur ce
point, il refuse d'entrer dans la voie que lui
ouvrent les indications du Congrès radi-
cal de Marseille. Il donnera, disons-nous,"
des raisons, et nonlplus, espérons-le, d'inu-
tiles coups de boutoir contre les députés
républicains qui, sur cette question de la
séparation, pour ne citer que celle-là, se
déclarent selon leur conviction, selon leur
droit aussi, un peu plus que lui pressés
d'aboutir.
TROIS ANS DE PRISON
POUR DIX PORTRAITS -
Je n'étais plus journaliste — et je m'en féli-
tais et je m'en désolais tout à la fois. Je m'en
félicitais, parce que l'on maugrée toujours
contre la profession que l'on exerce, même
quand on l'a embrassée au début comme une
maîtresse, c'est-à-dire avec effusion et empres-
sement — et je m'en désolais parce que, en
dépit de toutes mes ratiocinations, je conti-
nuais à mettre mon orgueil dans ce simple et
modeste titre de journaliste.
Je m'en désolais surtout — et j'avoue toute
ma faiblesse humaine — parce que je compa
raissais, à cer moment, devant des juges au
front sévère, au regard dur et inquisiteur.
- Votre nom ? me dit l'un d'eux.
Tiens ! me dis-je, ils no connaissent pas
mon nom. Je vais leur en donner un qui ne
puisse me faire reconnaître, et je répondis :
— Simmerlein.
- Votre profession ? continua le juge.
— Batteur d'or, m'écriai-je avec un sourire,
songeant agréablement aux journalistes qui
frappent leurs phrases comme les batteurs
frappent l'or.
— Vous savez de quel crima vous êtes ac-
cusé ?
-?
- Dans les couloirs de l'Hôtel de Ville de
Nuremberg vous avez lacéré, déchiqueté en
morceaux dix portraits de notre gracieux et
aimé souverain, l'empereur Guillaume.
- Je venais d'être victime d'une inj ustiCJ.
et, dans un accès de colère, j'ai déchiré des pa-
piers que j'avais entre les mains.
- C'est bien. Le tribunal appréciera vos
excuses et tâchera d'adoucir le terrible châti-
ment que comporte votre abominable attentat
que l'on pourrait comparer à un parricide !
— ?
- Oui, un parricide, car notre bien-aimé
kaiser n'est-il pas le père de ses sujets? Vous
mériteriez qu'on vous coupât ces mains qui ont
osé déchirer le portrait de S. M. Guillaume.
Mais le tribunal, tout imprégné lui-même de la
mansuétude impériale,ne vous condamne qu'à
trois ans de prison.
Atterré, anéanti, je m'écriai dans un spasme
d'immense douleur : — Grâce pour ma femme !
Grâce pour mes enfants qui vont mourir de
faim! ■
Et je me réveillai, la poitrine oppressée, vic-
time d'un affreux cauchemar.
Je venais tout bètement de rêver que j'étais
Simmerlein, ce batteur d'or de Nuremberg,
condamné à trois ans de prison, comme nous
l'a télégraphié avant-hier un correspondant du
Rappel; pour avoir coupé en moreea-ux dix
portraits de l'empereur Guillaume— pas même
la douzaine.
G. DE VORNEY.
«" 1 ^8" 1 m » M.j
CRISE MINISTÉRIELLE EN RUSSIE
(De notre correspondant particulier)
Saint-Pétersbourg, Il octobre.
Dans l'entourage du tsar, on affirme que le
ministre de la guerre, M. le général Kouropat-
kine, et le ministre des affaires étrangères, M.
le comte Lamsdorf, quitteront prochainement
leurs postes et seront remplacés par des pro-
tégés du procureur du Saint Synode.
Leur départ a été décidé le lendemain de la
démission de M. de Witte, mais il n'aura lieu
qu'à la rentrée du tsar.
GRÈVE DE POTACHES
[De noire correspondant particulier)
Belgrade, 11 octobre.
Tous les élèves du lycée Paschitsch se sont;
mis en grève pour protester contre les condi-
tions antihygiéniques dans lesquelles se trouve
le bâtiment de l'école. ,
b
Les élèves ont convoqué un meeting des pa-
rents afin do démontrer quo leur cause est iôs
plus légitimes.
A MARSEILLE -
LA SÉANCE DE NUIT
L'ordre du jour de vendredi au congrès radical-
Jsociaiiste n'a pu être épuisé qu'au prix d'une
Iscance supplémentaire tenue dans la nuit ; la dé-
pêche suivante nous donne le compte rendu de ce
débat final :
Marseille, 10 octobre:
La séance est reprise à 10 h. 30 du soir,
sous la présidence de M. Debierre, professeur
à la Faculté de Lille. - -
- Les vœux
Le congrès, adopte unvrcu tendant à accor-
der l'électorat consulaire aux commis-voya-
geurs. Il exprime ensuite le désir qu'une loi
de solidarité soit instituée, reconnaissant des
droits indiscutables aux individualités des
deux sexes, infirmes ou âgées, n'ayant pas
d'autres ressources que le produit de leur tra-
vait. Le congrès émet le yœu que le benéiiee
de la loi du 9 avril 1893 sur les accidents soit
étendu aux ouvriers de toutes professions,
notamment aux ouvriers agricoles ; il vote
l'extension du bénéfice de celta loi aux mala-
dies professionnelles.
Les réformes fiscales
L'ordre du jour appelle la question des ré-
formes fiscales. D'après H. Maurice Sarrant,
rapporteur, :elte réforme devra consacrer les
principes suivants : L'impôt sur le revenu doit
répondre à l'idéal républicain de solidarité, et,
en permettant, par la suppression progressive
des impôts indirects, de décharger la masse
des non-possédants, il doit se substituer à'
tous les impôts directs, comporter une pro-'
gression qui atteigne l'argent là où il est, éta-'
blir à la base les plus larges exemptions'; il ne"
doit pas peser-sur le nécessaire, il doit favori-
ser le travail et, par cela même, la fortune en
formation, accorder une diminution- sérieusej
de leurs charges aux familles nombreuses ; il
implique nécessairement la taxation de la glo-
balité du revenu et la déclaration. :
Ces conclusions sont adoptées.
Les majorats et les pensions A
Le congrès émet le vœu que les majorats et
les pensions soient revisés d'urgence dans Je
sens démocratique, en -supprimant tous ceux
qui résultent d'abus et de privilèges contraires
à nos doctrines ; en ce qui concerne les droits
de succession, que le projet déposé le 11 juin
dernier par M. Maujan soit adopté par le Par
lement.
La décentralisation
Au sujet des réformes administratives, le
congrès estime nécessaire de procéder à une
nouvelle division territoriale du pays, en aug-
mentant les libertés locales sur la base d'une
décentralisation rationnelle, résumée dans la
formule suivante : Aux communes les intérêts
communs ; aux provinces, régions ou déparle-.
ments, les intérêts régionaux ; à l'Etat les in-
térêts nationaux.
L'arbitrage
Un rapport présenté par M. Le Foyer en fa-
veur de la prompte conclusion de traités d'ar-
bitrage permanent entre la France et d'autres
nations, est adopté par le congrès qui, heureux
de la réception des parlementaires français à
Londres et de la prochaine visite des parle-
mentaires anglais à Paris, ainsi que du voyage
des souverains italiens, est d'avis que le gou-
vernement négocie les conclusions de traités
d'arbitrage permanent avec l'Italie et l'Angle-
terre.
Le congrès prie le gouvernement de nommer
une commission chargée de préparer li codifi-
cation des principes des conventions de La
Haye et de se concerter à cet égard avec les
gouvernements étrangers.
Le congrès envoie ses félicitations à M. Tho-
mas Barciay pour la vigoureuse campagne
qu'il a entreprise en faveur de l'arbitrage.
Arménie et Macédoine
Le congrès, ému par les massacres qui se
poursuivent en Arménie et en Macédoine,
est d'avis qu'il est du devoir de la République
française d'insister auprès des autres puissan-
ces signataires du traité de Berlin comme des
conventions de Là Haye, afin qu'une action
commune, diplomatique et périodique, mette
fin a un état de choses contraire au droit in
ternational et aux exigences de l'humanité.
L'enseignement laïque. — Les militai-
res fonctionnaires.
A la suite de la lecture d'un vœu que lui a
fait parvenir la loge de Saigon, le congrès de-
mande à la commission du budget de réserver
aux associations d'enseignement laïque les
subventions 'affectées jusqu'à ce jour à des
missionnaires religieux dans les colonies.
Sur la proposition de M. Kerguesek, le con-
grès appelle l'attention du gouvernement sur
les dangers qui résultent, notamment dans
l'Ouest, de la nomination dans leur pays d'o-
rigine de nombreux officiers ; il exprime l'es-
poir que le gouvernement saura prendre les
mesures nécessaires pour parer à ces dan-
gers.
La séance est levée à 1 heure du matin. -
LA SÉANCE DE DIMANCHE
Marseille, 11 octobre.
La séance est ouverte à 9 heures du matin.
M. Debierre,professeur à la Faculté de Lille,
qui, la nuit précédente, avait-cédé la présidence
à M. Henri Béranger, dirige ce matin les dé-
bats. -
L'assemblée procède à la discussion et au
vote de quelques vœux relatifs aux réformes
laïques. L'entrée de M. Henri Brisson est sa-
luée par les applaudissements de l'assistance ;
la présidence lui est aussitôt conférée par ac-
clamations.
Les fausses sécularisations
Le Congrès émet le vœu qu'en attendant l'a-
brogation définitive do la loi Falloux et l'éta-
blissement intégral du monopole de l'enseigne-
ment laïque par l'Etat, il soit mis fin dans le
plus bref délai par le Parlement et le gouver-
nement à la « comédie des soi-disant sécula-
risations, par laquelle les écoles congréganistes
non autorisées ont échappé à la loi de 1902 et
menacent de battre en brèche plus violemment
que jamais la raison moderne, l'Université et
la République ».
Les prières à l'école
Sur la proposition de M. Nervug Bertiger, le
Congrès émet ensuite le vœu que 10 ministre de
l'instruction publique mette fin à la récitation
du catéchisme et des- prières dans les écoles et
lycées de là République, qu'il fasse enlever de
ces mêmes établissements tous* les crucifix et
autres emblèmes religieux, qu'il propose, dès
cette année, par voie budgétniré, la suppres-
sion des aumôniers dans les lycées, qu'en un
mot, M. Chaumié assure avec plus d'énergie et
d'esprit de suite que par le passé, la laïcisa-
tion intégrale de l'Université républicaine dont
il a la garde.
Les petits séminaires
M. Maurice Faure présente ensuite un rap-
port dont les considérants amènent au vœu qui
suit :
Que le gouvernement fasse strictement appliquer
la circulaire, du, 30 septembre 1885 et prenne iea
mesurer efHcaces pour que les petits .séminaires,
ramenés à leur nombre normal, observent scrupu-
leusement la'lég'alitê et se renferment dans ICtir
mission religieuse : que les faveurs et pri vilège-s
dont ils jouissent leur soient retirés.
Les cisterciens, les noviciats
L'assemblée émet le vœu que le gouverne-
ment et le Sénat repoussent catégoriquement
toute demande d'autorisation des moines cis-
terciens de l'île Saint-Horu3oral,et par extension
achève l'œuvre do laïcisation commencée en
retirant toute autorisation à tout noviciat.
Utilisation du budget des cultes
Sur la proposition de MM. Baudon et Caze-
neuve, députés, le Congrès émet le vœu que
les 45 millions destinés au budget des cultes
servent pour 30 millions à gager un emprunt
à 6 0[0 de 500 millions, dont la destination
servirait à concourir à l'édification de maisons
de retraite pour la vieillesse et à la construc-
tion d'écoles. Les 15 millions complémentaires
figureraient au budget de l'intérieur à titre
d'annuité pour attribuer des pensions de re-
traite aux vieillards et aux infiriiDs.
L'inamovibilité des magistrats
Un vœu tendant à la suppression de l'inamo-
vibilité du poste dans la magistrature est
adopté.
La dénonciation du Concordat. — La
séparation.
Sur la proposition de M. Buisson, l'assem
blée émet le vœu que lo Parlement mette à so-
ordre du jour le plus prochainement possibln
les projets relatifs à la dénonciation du Con.
cordât et à la séparation des Eglises et de l'Er
tat ; Qu'il élabore simultanément une loi su-
l'exercice des cultes, ayant pour caractères es_
sentiels do garantir à tous les citoyens la li
berté de conscience, mais aussi de refuser à
toute personne et à toute association, sous
quelque prétexte que ce soit, un caractère of-
ficiel, constituant une préférence ou un privi-
lège d'ordre matériel ou moral, et notamment
toute location exclusive d'immeubles natio-
naux ou toute mesure spéciale de police en
faveur d'aucun culte, l'Etat devant garder la
plus égalé neutralité entre tous ;
Que du reste cette loi ménage libéralement,
par des mesures transitoires à l'égard des per-
sonnes, le passage du régime concordataire
au régime de la liberté et de l'égalité dans le
droit commune
Que, quel que soit le projet présenté à la
Chambre par la commission parlementaire, il
soit bien spécifié que la loi ne consacrera en
aucune manière l'affectation exclusive d'im-
meubles nationaux à un seul culte, et ne pro-
tégera par aucune mesure spéciale de prison
ou d'amende les ministres du culte en dehors
du droit commun.
Cette proposition est adoptée à l'unani-
mité.
Clôture du congrès
11 est décidé que le prochain congrès radi-
cal-socialiste se tiendra, en 1904, à Toulouse.
Après une allocution de M. Henri Brisson, la
séance est levée.
La serfsion du congrès est close. ;
La banquet
Le banquet qui a terminé aujourd'hui les
travaux du Congrès radical et radioal-socia-
liste réunissait environ 400 convives.
11 était présidé par M. Henri Brisson, qui
avait à ses côtés MM. Leblanc, président du
comité de Marseille, Leydet, Maurice Faure,
sénateurs; Dubief, Michel, Berteaux, Janet,
Dauzon, députés, etc.
Après une courte allocution de M. Brisson,
des discours ont été prononcés par MM. Le-
blanc, Maurice Faure, Leydet, Michel, Caze-
neuve, député du Rhône ; Dubief, Berteaux et
Morin, vice-président du conseil de l'ordre du
Grand-Orient de Paria, et Sarraut.
SAINT EXPÉDIT
Depuis de longues années déjà, les Angevins
avaient voué une dévotion particulière à saint
Expédit, dont la renommée miraculeuse s'éten-
dait d'ailleurs dans toute la France.
Comme saint Antoine de Padoue et saint
François de Sales, saint Expédit d'Angers re-
trouvait, contre rétribution, les objets perdus,
il protégeait moyennant intérêt dans les affai-
res, les commerces et les industries naissantes,
il faisait réussir les mariages, guérissait les
malades, et aidait à recouvrer les créances
douteuses.
Qu'était-ce au juste que ce saint Expédit?:
Le Larousse ignorait son nom, les calendriers
l'omettaient, plus souvent qu'à son tour. Par
quelles conversions merveilleuses, par quelle
piété exemplaire avait-il mérité d'être canonisé?
Avait-il même jamais existé? Voilà ce dont ne
se préoccupaient guère les bonnesgensqui por-
taient à son autel leurs offrandes et enrichis-
saient ses représentants sur la terre.
Le saint, en effet, était de ceux qu'on n'in-,
voque pas en vain. Plusieurs de ses adora-
teurs reçurent les marques de sa bienveillance
et éprouvèrent son pouvoir. A ceux qui s'in-
quiétaient de ne pas être davantage renseignés
sur la vie d'Expédit, on répondait, s'appuyant
sur l'étymologie de ce prénom:
« Saint Expédit, qui d'une manière générale
s'intéresse à tous, a des préférés pourtant,
Saint Expédit est le patron des transporteurs,
par route, par chemin de fer et par bateau. Il
est le patron de M. Santos-Dumont qui trans-
porte par air, des compagnies d'omnibus, des
bateaux-mouches et du Métropolitain. Il est le
patron des expéditeurs et des voyageurs. Il
protège aussi les expéditionnaires qui le vé-
nèrent dans les études d'avoués, de notaires et
d'huissiers. »
« Il affectionne particulièrement les gens qui
vivent d'expédients, chevaliers d'industrie ou
moines exploiteurs de la crédulité publique.
il est le saint préféré des fonctionnaires les
plus nombreux de France, les employés des
postes, qui sont les grands ouvriers des expo-
rtions. Il est le patron de leur chef, M. Alexan-
dre Bérard, sous-secrétaire d'Etat, et si nous
Quêtions pas gouvernés par des mécréants, nous
varions, dans le cabinet du grand maître des
télégraphes, le portrait de saint Expédit- en
pied, en face de la photographie de M. Emile
Icubet.
« Il est, enfin, le protecteur des gouverne-
ments démissionnaires ou en minorité, car ils
expédient les affaires courantes. »
Mais saint Antoine de Padoue ne l'entendit
pH:1 de cette oreille-là. Il se fâcha tout rouge
un beau jour contre ce concurrent accapareur
qt i voulait l'évincer en lui volant ses prati-
ques,et pour se venger,il inspira à l'abbé Plan-
tin de faire des recherches sur son rival.
L'abbé Plantin découvrit que le fameux saint
Expédit, qui avait fait tant de cures miracu-
leu ws, n'avait jamais eu d'existence réelle.
Dn: coup, saint Antoine va reconquérir toute
sa clientèle, il va même l'augmenter, car les
quelques prêtres qui ont perdu, dans saint Ex-
pédit, le plus clair de leurs moyens d'existence
vont jans doute s'adresser à lui pour les re1
trouur.
0 Hi'and saint Antoine, ne soyez pas plein
de rancune, et exaucez les vœux des serviteurs
de votre ennemi qui n'est plus. La pitié con-
vient aux vainqueurs, et l'on sait que votre
miséricorde est iaûiilg 1 — Léonce Armbruster.
LES FÊTES DE
CLERMONT. FERRA ND
M. Combes reçoit. — La statue de
Vercingétorix.-- L'inauguration du
monument. — Le banquet de
Gravanches. — Les discours.
Clermont-Ferrand, 11 octobre.
Avant de quitter la préfacture pour aller as-
sister à l'inauguration du monument de Ver-
cingétorix, M. Combes a reçu une délégation
du comité stéphanois d'action et de défense
républicaines, foudé .dans la Loire sous le mi-
nistère de M. Waldeck-Rousseau. Les délégués
ont été présentés par M. Mascle, préfet de la
Loire. Ils ont dit qu'ils avaient tenu à venir
exprimer au chef du gouvernement leurs féli-
citations pour l'œuvre poursuivie avec tant
d'énergie par le cabinet actuel et l'assurer de
leur concours.
M. Combes a répondu qu'il n'avait reçu au-
cune des nombreuses délégations venues à Cler-
mont à l'occasion des fêtes. H a tenu cependant
à faire une exception en faveur du comité des
amis de son éminent prédécesseur, pour lequel
il professe, malgré quelques divergences de
vues, une vive sympathie et une très grande
admiration.
A 9 h., les ministres quittent la Préfecture et
se dirigent vers la place Lecoq, où ils procèdent
a la pose de la première pierre de la Biblio-
thèque.
Les ministres et les personnages officiels
prennent place dans une petite tribune dressée
pour la circonstance, et des discours sont suc-
cessivement prononcés par MM. Erhard, ad-
joint au maire; Zoller, recteur de l'Académie
de Clermont, et Mougeot, ministre de l'agricul-
ture.
Les ministres visitent ensuite le nouveau
musée, puis l'Hôtel-Dieu, qui n'est pas encore
laïcisé, et dont ils parcourent les principales'
salles.
Place de Jaude
Le président du conseil et les ministres se
rendent enfin place de Jaude où a lieu l'inau-
guration du monument de Vercingétorix. Le
temps est très beau et la foule, plus considéra-
ble encore qu'hier, continue à saluer de ses
applaudissements et de ses cris les représen-
tants du gouvernement.
L'œuvre du sculpteur Bartholdi est. posée sur
un ; iédestal d'une hauteur de 13 mètres.
Elle représente Vercingétorix, le glaive à là
main, piétinant sous les sabots de son cheval
le cadavre d'un Romain,
Des discours sont prononcés par le maire,
qui remercie 1e comité qui a pris l'initiative
.de l'érection du monument; par M. des Es-
sarts, doyen de la faculté des lettres, président
du comité, qui dit que Vercingétorix fut le
glorieux ancêtre de ceux qui ont voulu et de
ceux qui veulent la France grande,.forte et
éternelle, et par 1e ministre de la guerre.
Le général André déclare que le gouverne-
ment de la République a été heureux de s'as-
socier à une cérémonie essentiellement patrio-
tique :
La noble figure da Vercingétorix, dit-il, plane
sur le passé et sur l'avenir de la France. La Gaule
se croyait vaincue par les légions romaines qui
l'avaient parcourue en tous sens ; les dissensions
suseitéesentre les diverses provinces avaient mis
la Gaule à la merci de César, alors un homme
:s'esL levé, qui a senti que toutes ces provinces fai-
saient partie d'une même unité et que l'entente et
la communauté d'action devaient s'établir pour
vaincre l'ennemi. C'est surtout dans le peuple,
parmi les plus pauvres, que V treingétorix fit surgir
:le sentiment du patriotisme.
Je ne puis oublier, ajoute le ministre de la
guerre, que quelques siècles plus tard, lorsque la
nationalité française parut compromise une se-
conde fois, les guerriers, les nobles et les prêtres
considéraient avec désespoir sans doute, mais
prenaient leur parti d'un nouveau démembre-
ment.
•Ce fut encore une fille du peuple, ce fut Jeanne
d'Arc qui sauva la patrie en s'inspirant des mêmes
sentiments de dévouement et de patriotisme.
Le ministre, associant Vercingétorix et
Jeanne d'Arc dans une même pensée de re-
connaissance, se félicite do ce qu'on ait enfin
érigé un monument à la mémoire du héros
gaulois suc les lieux mêmes où à deux reprises
différentes, il sut faire reculer les légions ro-
maines.
La Gaule, poursuit le général André, devint
néanmoins sujette de l'empire romain. Après dix-
neuf siècles écoulés, la domination s'est continuée
sous uue autre forme. La France a repris son indé-
pendance temporelle, mais la lutte s'engage au-
jourd'hui pour qu'elle reconquière son indépen-
dance spirituelle. Pour la reconquérir, il faut que.
l'union se fasse et se maintienne entre tous ceux
qui veulent l'affranchissement définitif delà France.
C'est l'enseignement qui se dégage de cette fête et
qu'il importe de retenir.
Le général André termine en citant les paro-
les qui sont gravées sur le piédestal du monu-
ment : « A la gloire de l'Auvergne d'où sur-
git le premier cri de patriotisme sur le sol de
France. »
Après le discours du général André, les mi-
nistres quittent la place de Jaude et se rendent
à la gare, où ils montent en voiture pour aller
aux Gravanches, localité située à six kilomè-
tres de Clermont, et où va avoir lieu le ban-
quet démocratique.
LE BANQUET
Il a été impossible de trouver dans Clermont
une salle assez vaste pour contenir les souscrip-
teurs au banquet démocratique d'aujourd'hui,
et force a été aux organisateurs de la manifes-
tation de se servir de l'une des dépendances
du parc d'artillerie des Gravanches.
Trois trains spéciaux ont été nécessaires pour
amener aux Gravanches les 4,300 personnes
assistant au banquet.
Un hangar de l'Arsenal a été transformé en
salle à manger. La salle est décorée avec goût
de drapeaux, de guirlandes de feuillage, de
bandes tricolores. Les tables se garnissent ra-
pidement, et les souscripteurs au banquet font
un accueil à la fois sympathique et bruyant
aux sénateurs et députés du département et
aux notabilités républicaines de la région.
Le président du conseil occupe le centre de la
table d'honneur, ayant à sa droite le ministre
de l'agriculture et à sa gauche M. Marrou, pré- I
sident du Comité d'organisation du banquet et
de la Ligue des Droits de l'Homme et du Ci-
toyen; en face de lui se trouve le général
André qui a à ses côtés le préfet et le maire.
Ont également pris place à la table d'hon-
neur :
Les sénateurs, députés et hauts fonctionnaires
du Puy-de-Dôme, un très grand nombre de séna-
teurs et députés d'autres départements, MM. Bois-
sier, Gacon, Delpech, Colliard, Regnier, Peronneau,
Henrique, Rouby, Rabier, Tavé, Brun, Augé,
Lachaud, etc ; M. Augagneur, maire de Lyon,
etc., etc.
Une grande banderole traverse la salle, por-
tant cette inscription : Honneur au gouverne-
ment d'action et de défense républicaine.
Les convives arrivent par groupes, prennent
place aux tables spécialement réservées aux di-
vers groupes. L'ordre est parfait.
A une heure, MM. Combes, André et Mou-
geot font leur entrée. De longues acclamations
retentissent, puis les assistants entonnent la
Marseillaise. L'enthousiasme est au comble.
Le menu est ainsi composé ;
Jambon d'York
PMia d'Auvergne
Saumon sauce verte
• Gigot cresson
Fromage
Dessert
Raisins. - Biscuits
Vins de Beaumont, Bordeaux
Le service du banquet se fait avec peu d'or
dre et beaucoup de lenteur. Le nombre des
souscripteurs ayant dépassé à la dernière mi-
nute le chiffre prévu, les cuisinas ont été pri-
ses au dépourvu ; plusieurs tables sont pri-
vées de la presque totalité des, plats. Le pain
même manque sur certains points presque
complètement.
Les convives acceptent d'ailleurs, avec beau-
coup de bonne humeur, ces légers contre-
temps et les protestations n'atteignent pas un
diapason excessif. Les plus affamés se pressent
autour de la cuisine, s'efforçant d'arracher aux
serveurs un morceau de pain ou un débris de
victuaille.
Les toasts
Au dessert, une tribune est avariée jusqu'à
la table d'honneur.
Les convives quittent aussitôt leur place et
se pressent en rangs tellement serrés autour
des ministresetdes personnages officiels, qu'un
cordon d'artilleurs doit être formé pour les
contenir.
M. Joly, préfet du Puy-de-Dôme, monte Io
premier à la tribune et ouvre la série des dis-
cours en portant un toast au préidcilt de la
République.
Le président du comité d'organisation lui
succède.
M. Guyot-Dessaigne, député, dit que le chei
du gouvernement a toute la confiance des ré-
publicains et qu'il est heureux do lui témoi-
gner sa sympathie.
Le président du conseil est l'objet d'une ova-
tion lorsqu'il gravit, à son tour les marches
conduisant à la tribune. Pendant qu'il parle,
il est sans cesse interrompu par les cris de :
« Vive Combes ! »
Nos lecteurs trouveront le discours de M.
Combes dans notre 2' édition.
A la fin du banquet, quelques convives en-
tonnent l'Internationale. Après le banquet, le
général André, en compagnie du général Gl-
rardel.est allé visiter le plateau de Gèrgovie,
ou était situé l'ancien camp romain.
M. Combes est rentré à la préfecture où il a
dîné avec les autres ministres. Il a pris ce soir
le train de 9 h. pour Paris.
(Voir la suite dans notre DEUXIEME EDITION,
La msadi&ils à Constantinople,
iDe notre coriespondant parliculierj
Constantinople, 11 octobre.
Un iradé du sultan ordonne la suppression
do la mendicité à Constantinople. Les men-
diants nés dans la capitale seront hospitalisés
dans le grand asile à Ferikoè, les autres Seront
expulsés et ramenés en Asie Mineure. La me-
sure s'étend aussi aux nombreux derviches-
mendiants qui vivent de la charité publique et
qui, par leur fanatisme, provoquent des trou-
bles politiques.
LE CINQUANTENAIRE DE SEBASTOPOL EN RUSSIE
(De notre correspondant particulier)
Saint-Pétersbourg, H octobre.
De grands préparatifs se font déjà pour le
cinquantième anniversaire de la défense de
Sébastopol qui sera célébré l'an prochain.
L'administration militaire vient d'arrêter le
programme de cette fête commémorative. Il y
aura une grande revue de la flotte de la Mer
Noire.
Les survivants des combattants de Sébasto-
pol viendront revêtus de J'uniforme de l'épo-
que et défileront devant les troupes. A cette
occasion on accordera une rente à ceux d'en-
tre eux qui se trouvent dans une situation pré-
caire.
L'abondance des matières nous oblige à j'e.
mettre à demain a Causerie pédagogi-
que de notre ami et collaborateur Armand
Depper.
LE CRIME DE SAINT-GERMAIN
L'un des assassins arrêtés. — Le ves-
ton révélateur. - A veux complets.
— Le récit du crime.
Nos prévisions se sont réaliséès : la piste
suivie, et dont nous parlions hier, était la
bonne. L'un des assassins du malheureux Au-
bry a été arrêté.Voici dans quelles circonftan-
ces. Nous avions dit qu'un individu était venu,
le lendemain du crime, louer une chambre à
l'hôtel de la rue Coustou. Il disait connaitre
Aubry et il demanda la permission de déposer
un paquet dans la chambre de ce dernier, ce
qui lui fut accordé.
Lors de la perquisition dans la chambre de
la victime, le paquet fut ouvert : il contenait
un vieux veston de garçon de café. L'enquête
établit que ce vêtement avait appartenu à un
nommé Dugas, garçon de café, qui l'avait
donné à un de ses amis, Gustave Combaneyre,
sans place et sans ressources.
En possession de ce renseignement, les re-
cherches se précisèrent, et l'on sut bientôt que
Combaneyre avait habité au n* 4 de la rue
Coustou, sous le nom de Sergent, avec un indi-
vidu du même âge que lui, lequel s'était fait
inscrire à l'hôtel sous le nom de Dupont. Ce
Dupont s'appelle en réalité Trombert.
Le 2 octobre, Trombert,qui habitait alors au
numéro 15, de la- rue Belhomme, fut mis à la
porte par son logeur et ses malles furent gar-
dées en nantissement de ce qui était dû. Sans
argent, Trombert alla demeurer à Houilles,
chez une femme. Convoqué hier, par M. Blot,
chef-adjoint de la Sûreté, Trombert se troubla
dès les premières questions et.serré de près, fi-
nit par s'avouer l'auteur de l'assassinat de
Victor Aubry. Il désigna son complice, Gus-
tave Combaneyre, et lit à M. Blot le récit du
crime.
Un guet-apens
Trombert commença par raconter ce que
nous avons déjà dit à nos lecteurs. Sachant que
Victor Aubry avait des économies, Comba-
neyre et Trombert résolurent de l'attirer dans
un guet-apens et de l'assassiner pour le dé-
pouiller. C'est dans ce but que fut organisée
l'excursion du 11 août. à Saint-Germain. On
sait que les trois jeunes gens s'arrêtèrent dans
un débit de la rue de Pontoise, à Saint Ger-
main, où ils burent plusieurs apéritifs, s'atta-
chant surtout à faire boire Aubry de manière
à en venir plus facilement à leurs fins.
En sortant du débit, vers 11 h. du matin,
Trombert et Combaneyre proposèrent un tour
en forêt,
Victor Aubry accepta la proposition, mais
en arrivant dans le bois, il manifesta quelque
crainte, surtout quand il vit qu on 1 entraînait
dans un fourré assez épais. Les deux complices
raillèrent alors la pusillanimité de leur cama-
rade et celui-ci les suivit. Dès qu'on fut bien
engagé dans le fourré, loin de la route, Com-
baneyre saisit Aubry à la gorge et le fit tom-
ber à genoux.
Dans estîô position, Trombert sortit de sa
jpochô une oorde neuve, acboWe le matin même,
ùô IMtzraôr-o CIZXTQ CENTIMES
ANNONCES
AUX BUREAUX DU JOURNAL
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Ne 1226S. - IVIar-di 13 Octobre 1903
20 VENDÉMIAIRE AN 112
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L'échéance du 15 octobre étant une des
plus considérables de l'année, nous prions les
personnes dont l'abonnement expi-l'e à cette
date d'envoyer, dès à présent, avec la
dernière bande, le montant de leur renou-
vellement à l'Administrateur de notre jour
nal, 14, rïie du Mail.
On peut également s'aboniter sans frais
dans tous les bureaux de poste.
-
ÏVÔS LEADERS
- LE
ongrs Mcal-SÉliste
Marseille, 11 octobre.
il a fallu une dernière séance, ce
matin, pour achever les travaux enta-
més par le Congrès. M. Henri Brisson,
quoique indisposé, avait tenu à assis-
ter à une partie, au moins, des débats.
Il était arrivé de Paris, dans la nuit. Il
a donc pris place au bureau, en sa
qualité de président d'honneur; à côté
de luise sont placés les présidents effec-
tifs, MM. Maurice Faure et Béraud, sé-
nateurs, ainsi que M. Chevillon, vice-
, président.
***
M. Henri Brisson a prononcé une,
allocution pour remercier le congrès;
appréciant la situation politique, il a
montré le parti radical «t radical-so-
cialiste, prenant une importance sans
cesse grandissante.
M. Henry Bérenger s'est plaint des
fausses sécularisations, il a demandé
au congrès le vote d'une résolution
demandant au gouvernement de faire
respecter la loi. Il a signalé les obsta-
• cles opposés à la justice, par les ma-
gistrats réactionnaires ; : il a dit que le
gouvernement devrait faire le néces-
saire pour imposer à ces magistrats
l'observation de leurs devoirs. Le con-
grès s'est associé à ce vœu.'
La question du siège du prochain
Congrès a été ensuite discutée. Notfe
confrère Maurice Sarraut a insisté
pour que, cette fois, la ville choisie fut
Toulouse. Sarraut a exposé que les ré-
publicains du Sud-Oùest, toujours à
Pavant-garde, avaient droit à la solli-
citude du parti radical-socialiste.
Le citoyen Debierre a réclamé en
faveur de Lille : « Voilà, a-t-il dit,
deux congrès qui ont lieu dans le
Midi ; le Nord ne doit pas être délaissé;
l'influence du congrès serait excellente
dans des départements où nous avons
tant de circonscriptions à conquérir. »
Certains demandaient que le congrès
revint à Paris. Une motion fut aussi
présentée en faveur de Rochefort-sur-
Mer. Henri Brisson constata, avec
beaucoup de plaisir, l'empressement
des grandes villes de. France à récla-
mer l'honneur d'être choisies. Il ob-
serva qu'aucun esprit de rivalité ne se
mêlait à ce concours de bonnes vo-
lontés.
Au scrutin, ce fut Toulouse qui fut
choisie.
***
M. Hector Depasse a présenté un in-
téressant rapport au nom de la sep-
tième commission ; il a appelé l'atten-
tion du gouvernement sur les réformes
électorales, si nécessaires, à la veille
des consultations municipales. Deux
motions, présentées par le rapporteur,
ont été adoptées. M. Queyrel a fait
adopter un rapport sur l'hygiène so-
ciale. v 1
A noter un vœu très intéressant de
M. de Kerguézec, l'ardent conseiller
général républicain des Cùtes-du-Nord.
Ce vœu a pour but d'interdire aux of-
ficiers de servir dans les régions où ils
possèdent des relations de famille et
des influences de fortune. Cela pour
prévenir la formation, dans certains
régiments, de véritables comités de
propagande en faveur de la congréga-
tion.
M. Hector Dépassé est - revenu à la
tribune pour lire, cette fois, la Décla-
ration du parti. Il a montré la néces-
sité de donner au peuple, dont les es-
pérances ont été trop longtemps du-
pées,la République réellement républi-
caine : « Il faut, s'est écrié' M. Hector
Depasse, que la République triomphe,
malgré l'hypocrisie de ses ennemis et
dedonctionnaires. Pour cela, elle doit
briser toutes les entraves, et frapper
les traîtres et les suppôts de la réac-
tion. » La belle déclaration de M. Hec-
tor Depasse a été vivement applaudie.
M. Henri Brisson a clôturé le Congrès
par un superbe discours plein - d'émo-
tion républicaine. Il a rappelé les suc-
cès de la cause démocratique, triom-
phant, en Bretagne, aux fêtes de Tré-
guier, comme à Marseille : « Voilà, a
dit Henri Brisson,ce qui est doublement
réconfortant, pour ceux qui, comme
moi, ont, les premiers, engagé réso-
lument la lutte contre l'Eglise et contre
- la théocratie. »
Des salves d'applaudissements ont
remercié notre éminent ami de ses
paroles énergiques. On s'est séparé en
criant : Vive la République ! et : Vive
Brisson i
***
Les délégués ont participé, une heure
1 plus tard, mjn grand et cordial ban-
quet 'c.ïr le Prado. Ils se sont donné
r-wta-vous pour l'an prochain, à Tou-
louse. Souhaitons qu'ils aient alors à
enregistrer non plus seulement des
promesses gouvernementales, mais
des réformes acquises.
Hugues Destrem.
LE DISCOURS DE M. COMBES
Nous conseillons à tous de
lire avec attention le discours
que M. Combes vient de pronon-
cer à Clermont-Ferrand et que
nous publions plus loin.Le texte
nous enparvient si tard que nous
devons aujourd'hui nous borner à de brèves
réflexions ; mais d'ici le 20 octobre, jour
de la rentrée des Chambres, nous avons le
temps de l'étudier, et d'y revenir.
Car c'est un discours fait spécialement,
semble-t-il, en vue de la rentrée du Parle-
ment, et il est visible, quand il s'exprime si
longuement sur « l'arithmétique » des qua-
tre groupes de gauche, qu'il s'adresse beau-
coup plus aux députés qui vont reprendre
séance qu'aux citoyens qui, à Clermont-
Ferrand, entouraient hier le président du
Conseil. ,
Mais, avant de passer à une objection que
cette harangue nous paraît appeler, nous
voulons tout de suite féliciter M. Combes
d'abord de l'excellente définition qu'il don-
ne, au début de son discours, du véritable
"patriotisme ; nous voulons le féliciter aussi
des assurances tiès nettes qu'il donne dè
son désir de voir aboutir promptement un
certain nombre des réformes qui nous tien-
nent à coeur : le service de deux ans, la ré-
forme des conseils de guerre, l'abrogation
de la loi Falloux, etc.
Maintenant, avons-nous mal lu? il nous
-semble bien, cette fois, n'avoir trouvé
qu'une bien incertaine allusion à la ques-,
tion de la séparation des Eglises et de l'E-
tat que l'orateur appelle : la question des
rapports de l'Eglise et de l'Etat, et qu'il
renvoie en une demi-phrase, tout à la
fin des futurs contingents. Et ceci nous
semble assez contradictoire avec la ten-
dance indiquée par la note si impor-
tante que l'on nous communiquait avant
hier et qui avait trait aux « prélats sans
traitement ». Que M. Combes juge que le
moment n'est pas venu de solutionner cette
question, c'est son droit, et il expliquera
sans doute à la Chambre pourquoi, sur ce
point, il refuse d'entrer dans la voie que lui
ouvrent les indications du Congrès radi-
cal de Marseille. Il donnera, disons-nous,"
des raisons, et nonlplus, espérons-le, d'inu-
tiles coups de boutoir contre les députés
républicains qui, sur cette question de la
séparation, pour ne citer que celle-là, se
déclarent selon leur conviction, selon leur
droit aussi, un peu plus que lui pressés
d'aboutir.
TROIS ANS DE PRISON
POUR DIX PORTRAITS -
Je n'étais plus journaliste — et je m'en féli-
tais et je m'en désolais tout à la fois. Je m'en
félicitais, parce que l'on maugrée toujours
contre la profession que l'on exerce, même
quand on l'a embrassée au début comme une
maîtresse, c'est-à-dire avec effusion et empres-
sement — et je m'en désolais parce que, en
dépit de toutes mes ratiocinations, je conti-
nuais à mettre mon orgueil dans ce simple et
modeste titre de journaliste.
Je m'en désolais surtout — et j'avoue toute
ma faiblesse humaine — parce que je compa
raissais, à cer moment, devant des juges au
front sévère, au regard dur et inquisiteur.
- Votre nom ? me dit l'un d'eux.
Tiens ! me dis-je, ils no connaissent pas
mon nom. Je vais leur en donner un qui ne
puisse me faire reconnaître, et je répondis :
— Simmerlein.
- Votre profession ? continua le juge.
— Batteur d'or, m'écriai-je avec un sourire,
songeant agréablement aux journalistes qui
frappent leurs phrases comme les batteurs
frappent l'or.
— Vous savez de quel crima vous êtes ac-
cusé ?
-?
- Dans les couloirs de l'Hôtel de Ville de
Nuremberg vous avez lacéré, déchiqueté en
morceaux dix portraits de notre gracieux et
aimé souverain, l'empereur Guillaume.
- Je venais d'être victime d'une inj ustiCJ.
et, dans un accès de colère, j'ai déchiré des pa-
piers que j'avais entre les mains.
- C'est bien. Le tribunal appréciera vos
excuses et tâchera d'adoucir le terrible châti-
ment que comporte votre abominable attentat
que l'on pourrait comparer à un parricide !
— ?
- Oui, un parricide, car notre bien-aimé
kaiser n'est-il pas le père de ses sujets? Vous
mériteriez qu'on vous coupât ces mains qui ont
osé déchirer le portrait de S. M. Guillaume.
Mais le tribunal, tout imprégné lui-même de la
mansuétude impériale,ne vous condamne qu'à
trois ans de prison.
Atterré, anéanti, je m'écriai dans un spasme
d'immense douleur : — Grâce pour ma femme !
Grâce pour mes enfants qui vont mourir de
faim! ■
Et je me réveillai, la poitrine oppressée, vic-
time d'un affreux cauchemar.
Je venais tout bètement de rêver que j'étais
Simmerlein, ce batteur d'or de Nuremberg,
condamné à trois ans de prison, comme nous
l'a télégraphié avant-hier un correspondant du
Rappel; pour avoir coupé en moreea-ux dix
portraits de l'empereur Guillaume— pas même
la douzaine.
G. DE VORNEY.
«" 1 ^8" 1 m » M.j
CRISE MINISTÉRIELLE EN RUSSIE
(De notre correspondant particulier)
Saint-Pétersbourg, Il octobre.
Dans l'entourage du tsar, on affirme que le
ministre de la guerre, M. le général Kouropat-
kine, et le ministre des affaires étrangères, M.
le comte Lamsdorf, quitteront prochainement
leurs postes et seront remplacés par des pro-
tégés du procureur du Saint Synode.
Leur départ a été décidé le lendemain de la
démission de M. de Witte, mais il n'aura lieu
qu'à la rentrée du tsar.
GRÈVE DE POTACHES
[De noire correspondant particulier)
Belgrade, 11 octobre.
Tous les élèves du lycée Paschitsch se sont;
mis en grève pour protester contre les condi-
tions antihygiéniques dans lesquelles se trouve
le bâtiment de l'école. ,
b
Les élèves ont convoqué un meeting des pa-
rents afin do démontrer quo leur cause est iôs
plus légitimes.
A MARSEILLE -
LA SÉANCE DE NUIT
L'ordre du jour de vendredi au congrès radical-
Jsociaiiste n'a pu être épuisé qu'au prix d'une
Iscance supplémentaire tenue dans la nuit ; la dé-
pêche suivante nous donne le compte rendu de ce
débat final :
Marseille, 10 octobre:
La séance est reprise à 10 h. 30 du soir,
sous la présidence de M. Debierre, professeur
à la Faculté de Lille. - -
- Les vœux
Le congrès, adopte unvrcu tendant à accor-
der l'électorat consulaire aux commis-voya-
geurs. Il exprime ensuite le désir qu'une loi
de solidarité soit instituée, reconnaissant des
droits indiscutables aux individualités des
deux sexes, infirmes ou âgées, n'ayant pas
d'autres ressources que le produit de leur tra-
vait. Le congrès émet le yœu que le benéiiee
de la loi du 9 avril 1893 sur les accidents soit
étendu aux ouvriers de toutes professions,
notamment aux ouvriers agricoles ; il vote
l'extension du bénéfice de celta loi aux mala-
dies professionnelles.
Les réformes fiscales
L'ordre du jour appelle la question des ré-
formes fiscales. D'après H. Maurice Sarrant,
rapporteur, :elte réforme devra consacrer les
principes suivants : L'impôt sur le revenu doit
répondre à l'idéal républicain de solidarité, et,
en permettant, par la suppression progressive
des impôts indirects, de décharger la masse
des non-possédants, il doit se substituer à'
tous les impôts directs, comporter une pro-'
gression qui atteigne l'argent là où il est, éta-'
blir à la base les plus larges exemptions'; il ne"
doit pas peser-sur le nécessaire, il doit favori-
ser le travail et, par cela même, la fortune en
formation, accorder une diminution- sérieusej
de leurs charges aux familles nombreuses ; il
implique nécessairement la taxation de la glo-
balité du revenu et la déclaration. :
Ces conclusions sont adoptées.
Les majorats et les pensions A
Le congrès émet le vœu que les majorats et
les pensions soient revisés d'urgence dans Je
sens démocratique, en -supprimant tous ceux
qui résultent d'abus et de privilèges contraires
à nos doctrines ; en ce qui concerne les droits
de succession, que le projet déposé le 11 juin
dernier par M. Maujan soit adopté par le Par
lement.
La décentralisation
Au sujet des réformes administratives, le
congrès estime nécessaire de procéder à une
nouvelle division territoriale du pays, en aug-
mentant les libertés locales sur la base d'une
décentralisation rationnelle, résumée dans la
formule suivante : Aux communes les intérêts
communs ; aux provinces, régions ou déparle-.
ments, les intérêts régionaux ; à l'Etat les in-
térêts nationaux.
L'arbitrage
Un rapport présenté par M. Le Foyer en fa-
veur de la prompte conclusion de traités d'ar-
bitrage permanent entre la France et d'autres
nations, est adopté par le congrès qui, heureux
de la réception des parlementaires français à
Londres et de la prochaine visite des parle-
mentaires anglais à Paris, ainsi que du voyage
des souverains italiens, est d'avis que le gou-
vernement négocie les conclusions de traités
d'arbitrage permanent avec l'Italie et l'Angle-
terre.
Le congrès prie le gouvernement de nommer
une commission chargée de préparer li codifi-
cation des principes des conventions de La
Haye et de se concerter à cet égard avec les
gouvernements étrangers.
Le congrès envoie ses félicitations à M. Tho-
mas Barciay pour la vigoureuse campagne
qu'il a entreprise en faveur de l'arbitrage.
Arménie et Macédoine
Le congrès, ému par les massacres qui se
poursuivent en Arménie et en Macédoine,
est d'avis qu'il est du devoir de la République
française d'insister auprès des autres puissan-
ces signataires du traité de Berlin comme des
conventions de Là Haye, afin qu'une action
commune, diplomatique et périodique, mette
fin a un état de choses contraire au droit in
ternational et aux exigences de l'humanité.
L'enseignement laïque. — Les militai-
res fonctionnaires.
A la suite de la lecture d'un vœu que lui a
fait parvenir la loge de Saigon, le congrès de-
mande à la commission du budget de réserver
aux associations d'enseignement laïque les
subventions 'affectées jusqu'à ce jour à des
missionnaires religieux dans les colonies.
Sur la proposition de M. Kerguesek, le con-
grès appelle l'attention du gouvernement sur
les dangers qui résultent, notamment dans
l'Ouest, de la nomination dans leur pays d'o-
rigine de nombreux officiers ; il exprime l'es-
poir que le gouvernement saura prendre les
mesures nécessaires pour parer à ces dan-
gers.
La séance est levée à 1 heure du matin. -
LA SÉANCE DE DIMANCHE
Marseille, 11 octobre.
La séance est ouverte à 9 heures du matin.
M. Debierre,professeur à la Faculté de Lille,
qui, la nuit précédente, avait-cédé la présidence
à M. Henri Béranger, dirige ce matin les dé-
bats. -
L'assemblée procède à la discussion et au
vote de quelques vœux relatifs aux réformes
laïques. L'entrée de M. Henri Brisson est sa-
luée par les applaudissements de l'assistance ;
la présidence lui est aussitôt conférée par ac-
clamations.
Les fausses sécularisations
Le Congrès émet le vœu qu'en attendant l'a-
brogation définitive do la loi Falloux et l'éta-
blissement intégral du monopole de l'enseigne-
ment laïque par l'Etat, il soit mis fin dans le
plus bref délai par le Parlement et le gouver-
nement à la « comédie des soi-disant sécula-
risations, par laquelle les écoles congréganistes
non autorisées ont échappé à la loi de 1902 et
menacent de battre en brèche plus violemment
que jamais la raison moderne, l'Université et
la République ».
Les prières à l'école
Sur la proposition de M. Nervug Bertiger, le
Congrès émet ensuite le vœu que 10 ministre de
l'instruction publique mette fin à la récitation
du catéchisme et des- prières dans les écoles et
lycées de là République, qu'il fasse enlever de
ces mêmes établissements tous* les crucifix et
autres emblèmes religieux, qu'il propose, dès
cette année, par voie budgétniré, la suppres-
sion des aumôniers dans les lycées, qu'en un
mot, M. Chaumié assure avec plus d'énergie et
d'esprit de suite que par le passé, la laïcisa-
tion intégrale de l'Université républicaine dont
il a la garde.
Les petits séminaires
M. Maurice Faure présente ensuite un rap-
port dont les considérants amènent au vœu qui
suit :
Que le gouvernement fasse strictement appliquer
la circulaire, du, 30 septembre 1885 et prenne iea
mesurer efHcaces pour que les petits .séminaires,
ramenés à leur nombre normal, observent scrupu-
leusement la'lég'alitê et se renferment dans ICtir
mission religieuse : que les faveurs et pri vilège-s
dont ils jouissent leur soient retirés.
Les cisterciens, les noviciats
L'assemblée émet le vœu que le gouverne-
ment et le Sénat repoussent catégoriquement
toute demande d'autorisation des moines cis-
terciens de l'île Saint-Horu3oral,et par extension
achève l'œuvre do laïcisation commencée en
retirant toute autorisation à tout noviciat.
Utilisation du budget des cultes
Sur la proposition de MM. Baudon et Caze-
neuve, députés, le Congrès émet le vœu que
les 45 millions destinés au budget des cultes
servent pour 30 millions à gager un emprunt
à 6 0[0 de 500 millions, dont la destination
servirait à concourir à l'édification de maisons
de retraite pour la vieillesse et à la construc-
tion d'écoles. Les 15 millions complémentaires
figureraient au budget de l'intérieur à titre
d'annuité pour attribuer des pensions de re-
traite aux vieillards et aux infiriiDs.
L'inamovibilité des magistrats
Un vœu tendant à la suppression de l'inamo-
vibilité du poste dans la magistrature est
adopté.
La dénonciation du Concordat. — La
séparation.
Sur la proposition de M. Buisson, l'assem
blée émet le vœu que lo Parlement mette à so-
ordre du jour le plus prochainement possibln
les projets relatifs à la dénonciation du Con.
cordât et à la séparation des Eglises et de l'Er
tat ; Qu'il élabore simultanément une loi su-
l'exercice des cultes, ayant pour caractères es_
sentiels do garantir à tous les citoyens la li
berté de conscience, mais aussi de refuser à
toute personne et à toute association, sous
quelque prétexte que ce soit, un caractère of-
ficiel, constituant une préférence ou un privi-
lège d'ordre matériel ou moral, et notamment
toute location exclusive d'immeubles natio-
naux ou toute mesure spéciale de police en
faveur d'aucun culte, l'Etat devant garder la
plus égalé neutralité entre tous ;
Que du reste cette loi ménage libéralement,
par des mesures transitoires à l'égard des per-
sonnes, le passage du régime concordataire
au régime de la liberté et de l'égalité dans le
droit commune
Que, quel que soit le projet présenté à la
Chambre par la commission parlementaire, il
soit bien spécifié que la loi ne consacrera en
aucune manière l'affectation exclusive d'im-
meubles nationaux à un seul culte, et ne pro-
tégera par aucune mesure spéciale de prison
ou d'amende les ministres du culte en dehors
du droit commun.
Cette proposition est adoptée à l'unani-
mité.
Clôture du congrès
11 est décidé que le prochain congrès radi-
cal-socialiste se tiendra, en 1904, à Toulouse.
Après une allocution de M. Henri Brisson, la
séance est levée.
La serfsion du congrès est close. ;
La banquet
Le banquet qui a terminé aujourd'hui les
travaux du Congrès radical et radioal-socia-
liste réunissait environ 400 convives.
11 était présidé par M. Henri Brisson, qui
avait à ses côtés MM. Leblanc, président du
comité de Marseille, Leydet, Maurice Faure,
sénateurs; Dubief, Michel, Berteaux, Janet,
Dauzon, députés, etc.
Après une courte allocution de M. Brisson,
des discours ont été prononcés par MM. Le-
blanc, Maurice Faure, Leydet, Michel, Caze-
neuve, député du Rhône ; Dubief, Berteaux et
Morin, vice-président du conseil de l'ordre du
Grand-Orient de Paria, et Sarraut.
SAINT EXPÉDIT
Depuis de longues années déjà, les Angevins
avaient voué une dévotion particulière à saint
Expédit, dont la renommée miraculeuse s'éten-
dait d'ailleurs dans toute la France.
Comme saint Antoine de Padoue et saint
François de Sales, saint Expédit d'Angers re-
trouvait, contre rétribution, les objets perdus,
il protégeait moyennant intérêt dans les affai-
res, les commerces et les industries naissantes,
il faisait réussir les mariages, guérissait les
malades, et aidait à recouvrer les créances
douteuses.
Qu'était-ce au juste que ce saint Expédit?:
Le Larousse ignorait son nom, les calendriers
l'omettaient, plus souvent qu'à son tour. Par
quelles conversions merveilleuses, par quelle
piété exemplaire avait-il mérité d'être canonisé?
Avait-il même jamais existé? Voilà ce dont ne
se préoccupaient guère les bonnesgensqui por-
taient à son autel leurs offrandes et enrichis-
saient ses représentants sur la terre.
Le saint, en effet, était de ceux qu'on n'in-,
voque pas en vain. Plusieurs de ses adora-
teurs reçurent les marques de sa bienveillance
et éprouvèrent son pouvoir. A ceux qui s'in-
quiétaient de ne pas être davantage renseignés
sur la vie d'Expédit, on répondait, s'appuyant
sur l'étymologie de ce prénom:
« Saint Expédit, qui d'une manière générale
s'intéresse à tous, a des préférés pourtant,
Saint Expédit est le patron des transporteurs,
par route, par chemin de fer et par bateau. Il
est le patron de M. Santos-Dumont qui trans-
porte par air, des compagnies d'omnibus, des
bateaux-mouches et du Métropolitain. Il est le
patron des expéditeurs et des voyageurs. Il
protège aussi les expéditionnaires qui le vé-
nèrent dans les études d'avoués, de notaires et
d'huissiers. »
« Il affectionne particulièrement les gens qui
vivent d'expédients, chevaliers d'industrie ou
moines exploiteurs de la crédulité publique.
il est le saint préféré des fonctionnaires les
plus nombreux de France, les employés des
postes, qui sont les grands ouvriers des expo-
rtions. Il est le patron de leur chef, M. Alexan-
dre Bérard, sous-secrétaire d'Etat, et si nous
Quêtions pas gouvernés par des mécréants, nous
varions, dans le cabinet du grand maître des
télégraphes, le portrait de saint Expédit- en
pied, en face de la photographie de M. Emile
Icubet.
« Il est, enfin, le protecteur des gouverne-
ments démissionnaires ou en minorité, car ils
expédient les affaires courantes. »
Mais saint Antoine de Padoue ne l'entendit
pH:1 de cette oreille-là. Il se fâcha tout rouge
un beau jour contre ce concurrent accapareur
qt i voulait l'évincer en lui volant ses prati-
ques,et pour se venger,il inspira à l'abbé Plan-
tin de faire des recherches sur son rival.
L'abbé Plantin découvrit que le fameux saint
Expédit, qui avait fait tant de cures miracu-
leu ws, n'avait jamais eu d'existence réelle.
Dn: coup, saint Antoine va reconquérir toute
sa clientèle, il va même l'augmenter, car les
quelques prêtres qui ont perdu, dans saint Ex-
pédit, le plus clair de leurs moyens d'existence
vont jans doute s'adresser à lui pour les re1
trouur.
0 Hi'and saint Antoine, ne soyez pas plein
de rancune, et exaucez les vœux des serviteurs
de votre ennemi qui n'est plus. La pitié con-
vient aux vainqueurs, et l'on sait que votre
miséricorde est iaûiilg 1 — Léonce Armbruster.
LES FÊTES DE
CLERMONT. FERRA ND
M. Combes reçoit. — La statue de
Vercingétorix.-- L'inauguration du
monument. — Le banquet de
Gravanches. — Les discours.
Clermont-Ferrand, 11 octobre.
Avant de quitter la préfacture pour aller as-
sister à l'inauguration du monument de Ver-
cingétorix, M. Combes a reçu une délégation
du comité stéphanois d'action et de défense
républicaines, foudé .dans la Loire sous le mi-
nistère de M. Waldeck-Rousseau. Les délégués
ont été présentés par M. Mascle, préfet de la
Loire. Ils ont dit qu'ils avaient tenu à venir
exprimer au chef du gouvernement leurs féli-
citations pour l'œuvre poursuivie avec tant
d'énergie par le cabinet actuel et l'assurer de
leur concours.
M. Combes a répondu qu'il n'avait reçu au-
cune des nombreuses délégations venues à Cler-
mont à l'occasion des fêtes. H a tenu cependant
à faire une exception en faveur du comité des
amis de son éminent prédécesseur, pour lequel
il professe, malgré quelques divergences de
vues, une vive sympathie et une très grande
admiration.
A 9 h., les ministres quittent la Préfecture et
se dirigent vers la place Lecoq, où ils procèdent
a la pose de la première pierre de la Biblio-
thèque.
Les ministres et les personnages officiels
prennent place dans une petite tribune dressée
pour la circonstance, et des discours sont suc-
cessivement prononcés par MM. Erhard, ad-
joint au maire; Zoller, recteur de l'Académie
de Clermont, et Mougeot, ministre de l'agricul-
ture.
Les ministres visitent ensuite le nouveau
musée, puis l'Hôtel-Dieu, qui n'est pas encore
laïcisé, et dont ils parcourent les principales'
salles.
Place de Jaude
Le président du conseil et les ministres se
rendent enfin place de Jaude où a lieu l'inau-
guration du monument de Vercingétorix. Le
temps est très beau et la foule, plus considéra-
ble encore qu'hier, continue à saluer de ses
applaudissements et de ses cris les représen-
tants du gouvernement.
L'œuvre du sculpteur Bartholdi est. posée sur
un ; iédestal d'une hauteur de 13 mètres.
Elle représente Vercingétorix, le glaive à là
main, piétinant sous les sabots de son cheval
le cadavre d'un Romain,
Des discours sont prononcés par le maire,
qui remercie 1e comité qui a pris l'initiative
.de l'érection du monument; par M. des Es-
sarts, doyen de la faculté des lettres, président
du comité, qui dit que Vercingétorix fut le
glorieux ancêtre de ceux qui ont voulu et de
ceux qui veulent la France grande,.forte et
éternelle, et par 1e ministre de la guerre.
Le général André déclare que le gouverne-
ment de la République a été heureux de s'as-
socier à une cérémonie essentiellement patrio-
tique :
La noble figure da Vercingétorix, dit-il, plane
sur le passé et sur l'avenir de la France. La Gaule
se croyait vaincue par les légions romaines qui
l'avaient parcourue en tous sens ; les dissensions
suseitéesentre les diverses provinces avaient mis
la Gaule à la merci de César, alors un homme
:s'esL levé, qui a senti que toutes ces provinces fai-
saient partie d'une même unité et que l'entente et
la communauté d'action devaient s'établir pour
vaincre l'ennemi. C'est surtout dans le peuple,
parmi les plus pauvres, que V treingétorix fit surgir
:le sentiment du patriotisme.
Je ne puis oublier, ajoute le ministre de la
guerre, que quelques siècles plus tard, lorsque la
nationalité française parut compromise une se-
conde fois, les guerriers, les nobles et les prêtres
considéraient avec désespoir sans doute, mais
prenaient leur parti d'un nouveau démembre-
ment.
•Ce fut encore une fille du peuple, ce fut Jeanne
d'Arc qui sauva la patrie en s'inspirant des mêmes
sentiments de dévouement et de patriotisme.
Le ministre, associant Vercingétorix et
Jeanne d'Arc dans une même pensée de re-
connaissance, se félicite do ce qu'on ait enfin
érigé un monument à la mémoire du héros
gaulois suc les lieux mêmes où à deux reprises
différentes, il sut faire reculer les légions ro-
maines.
La Gaule, poursuit le général André, devint
néanmoins sujette de l'empire romain. Après dix-
neuf siècles écoulés, la domination s'est continuée
sous uue autre forme. La France a repris son indé-
pendance temporelle, mais la lutte s'engage au-
jourd'hui pour qu'elle reconquière son indépen-
dance spirituelle. Pour la reconquérir, il faut que.
l'union se fasse et se maintienne entre tous ceux
qui veulent l'affranchissement définitif delà France.
C'est l'enseignement qui se dégage de cette fête et
qu'il importe de retenir.
Le général André termine en citant les paro-
les qui sont gravées sur le piédestal du monu-
ment : « A la gloire de l'Auvergne d'où sur-
git le premier cri de patriotisme sur le sol de
France. »
Après le discours du général André, les mi-
nistres quittent la place de Jaude et se rendent
à la gare, où ils montent en voiture pour aller
aux Gravanches, localité située à six kilomè-
tres de Clermont, et où va avoir lieu le ban-
quet démocratique.
LE BANQUET
Il a été impossible de trouver dans Clermont
une salle assez vaste pour contenir les souscrip-
teurs au banquet démocratique d'aujourd'hui,
et force a été aux organisateurs de la manifes-
tation de se servir de l'une des dépendances
du parc d'artillerie des Gravanches.
Trois trains spéciaux ont été nécessaires pour
amener aux Gravanches les 4,300 personnes
assistant au banquet.
Un hangar de l'Arsenal a été transformé en
salle à manger. La salle est décorée avec goût
de drapeaux, de guirlandes de feuillage, de
bandes tricolores. Les tables se garnissent ra-
pidement, et les souscripteurs au banquet font
un accueil à la fois sympathique et bruyant
aux sénateurs et députés du département et
aux notabilités républicaines de la région.
Le président du conseil occupe le centre de la
table d'honneur, ayant à sa droite le ministre
de l'agriculture et à sa gauche M. Marrou, pré- I
sident du Comité d'organisation du banquet et
de la Ligue des Droits de l'Homme et du Ci-
toyen; en face de lui se trouve le général
André qui a à ses côtés le préfet et le maire.
Ont également pris place à la table d'hon-
neur :
Les sénateurs, députés et hauts fonctionnaires
du Puy-de-Dôme, un très grand nombre de séna-
teurs et députés d'autres départements, MM. Bois-
sier, Gacon, Delpech, Colliard, Regnier, Peronneau,
Henrique, Rouby, Rabier, Tavé, Brun, Augé,
Lachaud, etc ; M. Augagneur, maire de Lyon,
etc., etc.
Une grande banderole traverse la salle, por-
tant cette inscription : Honneur au gouverne-
ment d'action et de défense républicaine.
Les convives arrivent par groupes, prennent
place aux tables spécialement réservées aux di-
vers groupes. L'ordre est parfait.
A une heure, MM. Combes, André et Mou-
geot font leur entrée. De longues acclamations
retentissent, puis les assistants entonnent la
Marseillaise. L'enthousiasme est au comble.
Le menu est ainsi composé ;
Jambon d'York
PMia d'Auvergne
Saumon sauce verte
• Gigot cresson
Fromage
Dessert
Raisins. - Biscuits
Vins de Beaumont, Bordeaux
Le service du banquet se fait avec peu d'or
dre et beaucoup de lenteur. Le nombre des
souscripteurs ayant dépassé à la dernière mi-
nute le chiffre prévu, les cuisinas ont été pri-
ses au dépourvu ; plusieurs tables sont pri-
vées de la presque totalité des, plats. Le pain
même manque sur certains points presque
complètement.
Les convives acceptent d'ailleurs, avec beau-
coup de bonne humeur, ces légers contre-
temps et les protestations n'atteignent pas un
diapason excessif. Les plus affamés se pressent
autour de la cuisine, s'efforçant d'arracher aux
serveurs un morceau de pain ou un débris de
victuaille.
Les toasts
Au dessert, une tribune est avariée jusqu'à
la table d'honneur.
Les convives quittent aussitôt leur place et
se pressent en rangs tellement serrés autour
des ministresetdes personnages officiels, qu'un
cordon d'artilleurs doit être formé pour les
contenir.
M. Joly, préfet du Puy-de-Dôme, monte Io
premier à la tribune et ouvre la série des dis-
cours en portant un toast au préidcilt de la
République.
Le président du comité d'organisation lui
succède.
M. Guyot-Dessaigne, député, dit que le chei
du gouvernement a toute la confiance des ré-
publicains et qu'il est heureux do lui témoi-
gner sa sympathie.
Le président du conseil est l'objet d'une ova-
tion lorsqu'il gravit, à son tour les marches
conduisant à la tribune. Pendant qu'il parle,
il est sans cesse interrompu par les cris de :
« Vive Combes ! »
Nos lecteurs trouveront le discours de M.
Combes dans notre 2' édition.
A la fin du banquet, quelques convives en-
tonnent l'Internationale. Après le banquet, le
général André, en compagnie du général Gl-
rardel.est allé visiter le plateau de Gèrgovie,
ou était situé l'ancien camp romain.
M. Combes est rentré à la préfecture où il a
dîné avec les autres ministres. Il a pris ce soir
le train de 9 h. pour Paris.
(Voir la suite dans notre DEUXIEME EDITION,
La msadi&ils à Constantinople,
iDe notre coriespondant parliculierj
Constantinople, 11 octobre.
Un iradé du sultan ordonne la suppression
do la mendicité à Constantinople. Les men-
diants nés dans la capitale seront hospitalisés
dans le grand asile à Ferikoè, les autres Seront
expulsés et ramenés en Asie Mineure. La me-
sure s'étend aussi aux nombreux derviches-
mendiants qui vivent de la charité publique et
qui, par leur fanatisme, provoquent des trou-
bles politiques.
LE CINQUANTENAIRE DE SEBASTOPOL EN RUSSIE
(De notre correspondant particulier)
Saint-Pétersbourg, H octobre.
De grands préparatifs se font déjà pour le
cinquantième anniversaire de la défense de
Sébastopol qui sera célébré l'an prochain.
L'administration militaire vient d'arrêter le
programme de cette fête commémorative. Il y
aura une grande revue de la flotte de la Mer
Noire.
Les survivants des combattants de Sébasto-
pol viendront revêtus de J'uniforme de l'épo-
que et défileront devant les troupes. A cette
occasion on accordera une rente à ceux d'en-
tre eux qui se trouvent dans une situation pré-
caire.
L'abondance des matières nous oblige à j'e.
mettre à demain a Causerie pédagogi-
que de notre ami et collaborateur Armand
Depper.
LE CRIME DE SAINT-GERMAIN
L'un des assassins arrêtés. — Le ves-
ton révélateur. - A veux complets.
— Le récit du crime.
Nos prévisions se sont réaliséès : la piste
suivie, et dont nous parlions hier, était la
bonne. L'un des assassins du malheureux Au-
bry a été arrêté.Voici dans quelles circonftan-
ces. Nous avions dit qu'un individu était venu,
le lendemain du crime, louer une chambre à
l'hôtel de la rue Coustou. Il disait connaitre
Aubry et il demanda la permission de déposer
un paquet dans la chambre de ce dernier, ce
qui lui fut accordé.
Lors de la perquisition dans la chambre de
la victime, le paquet fut ouvert : il contenait
un vieux veston de garçon de café. L'enquête
établit que ce vêtement avait appartenu à un
nommé Dugas, garçon de café, qui l'avait
donné à un de ses amis, Gustave Combaneyre,
sans place et sans ressources.
En possession de ce renseignement, les re-
cherches se précisèrent, et l'on sut bientôt que
Combaneyre avait habité au n* 4 de la rue
Coustou, sous le nom de Sergent, avec un indi-
vidu du même âge que lui, lequel s'était fait
inscrire à l'hôtel sous le nom de Dupont. Ce
Dupont s'appelle en réalité Trombert.
Le 2 octobre, Trombert,qui habitait alors au
numéro 15, de la- rue Belhomme, fut mis à la
porte par son logeur et ses malles furent gar-
dées en nantissement de ce qui était dû. Sans
argent, Trombert alla demeurer à Houilles,
chez une femme. Convoqué hier, par M. Blot,
chef-adjoint de la Sûreté, Trombert se troubla
dès les premières questions et.serré de près, fi-
nit par s'avouer l'auteur de l'assassinat de
Victor Aubry. Il désigna son complice, Gus-
tave Combaneyre, et lit à M. Blot le récit du
crime.
Un guet-apens
Trombert commença par raconter ce que
nous avons déjà dit à nos lecteurs. Sachant que
Victor Aubry avait des économies, Comba-
neyre et Trombert résolurent de l'attirer dans
un guet-apens et de l'assassiner pour le dé-
pouiller. C'est dans ce but que fut organisée
l'excursion du 11 août. à Saint-Germain. On
sait que les trois jeunes gens s'arrêtèrent dans
un débit de la rue de Pontoise, à Saint Ger-
main, où ils burent plusieurs apéritifs, s'atta-
chant surtout à faire boire Aubry de manière
à en venir plus facilement à leurs fins.
En sortant du débit, vers 11 h. du matin,
Trombert et Combaneyre proposèrent un tour
en forêt,
Victor Aubry accepta la proposition, mais
en arrivant dans le bois, il manifesta quelque
crainte, surtout quand il vit qu on 1 entraînait
dans un fourré assez épais. Les deux complices
raillèrent alors la pusillanimité de leur cama-
rade et celui-ci les suivit. Dès qu'on fut bien
engagé dans le fourré, loin de la route, Com-
baneyre saisit Aubry à la gorge et le fit tom-
ber à genoux.
Dans estîô position, Trombert sortit de sa
jpochô une oorde neuve, acboWe le matin même,
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