Titre : Le XIXe siècle : journal quotidien politique et littéraire / directeur-rédacteur en chef : Gustave Chadeuil
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1903-10-08
Contributeur : Chadeuil, Gustave (1821-1896). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 08 octobre 1903 08 octobre 1903
Description : 1903/10/08 (N12263). 1903/10/08 (N12263).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k75755247
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-199
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 20/06/2013
CINQ CENTIMES le NuixiéfO. - - PARIS « DtPARTTWFMTS
Le Ttfti xxi^r-o CINQ CENTIMES
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: ADMINISTRATION : 14, rue du Mail
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NOS LEADERS
LE
Congrès RaicaI-ocialiste
Demain s'ouvre à Marseille le troi-
sième congrès du parti républicain ra-
dical et radical-socialiste. La période
de préparation n'a pas été bruyante ;
elle n'a donné lieu à aucune de ces
discussions dont la presse est friande,
— trop friande parfois. Rien ne prouve
mieux que tout le monde parmi nous
sait où aller et y va sans hésitation. :
Nos congrès ont déjà pour eux la
tradition du succès, qui donne la con-
fiance. Il ne s'agit plus, comme au
congrès de Paris, de grouper les élé-
ments jusqu'alors trop dispersés du
parti, pour les jeter en masse compacte
sur les armées coalisées des césariens
et des cléricaux. Il ne s'agit plus, com-
me au congrès de Lyon, de donner au
parti une constitution permanente en
remplacement du régime provisoire
adopté dans l'attente des élections gé-
nérales. --
Notre organisation est maintenant
un mécanisme solide, qui a fait ses
preuves, et son fonctionnement maté-
riel n'est plus ce qui doit nous préoc-
cuper par-dessus tout.
Le sang-froid des journaux radicaux
et radicaux-socialistes, qui n'éprouvent
aucun besoin de discuter sur des dé-
bats qui ne sont pas ouverts, semble
surprendre certains de nos adversai-
res.
— Ce silence est singulier, disent-
ils. Que présage-t-il ?
Il présage des assises laborieuses et
fraternelles, semblables à celles dont
notre parti a déjà donné un exemple
dont d'autres organisations politiques
pourraient faire leur profit.
— Mais, reprennent certains enne-
mis, qu'allez-vous faire dans votre
Congrès ? Pourquoi vous réunir si, d'a-
vance, vous savez que vous êtes tous
d'accord ?
La question ne peut être posée que
par des gens qui ne se font aucune idée
de la vie et de la dignité d'un grand
parti.
- Est-ce que des milliers de militants,
dont l'action attire, aux élections gé-
nérales, des millions de suffrages à la
démocratie ont le droit ou même le
pouvoir de rester sans lien solide, sans
entente permanente pendant les lon-
gues périodes qui séparent les con-
sultations du pays ? Est-ce que les fé-
dérations qui se sont formées dans cha-
que département ne seraient pas cou-
pables de s'isoler ? Ne faut-il pas
qu'un parti comme le nôtre établisse,
une fois par an au moins,, une sorte
de « tableau de marche », écartant le
danger des fausses manœuvres et la
fatigue qui nait infailliblement de l'in-
cohérence ?
Ainsi, quand même nous traverse-
rions un de ces âges froids et calmes
où la politique tient le m-oins de place
dans les préoccupations du pays, nou-3
serions inexcusables de ne point nous
réunir.
Mais, précisément, il y a longtemps
que la vie politique en France n'a été
aussi intense, aussi passionnée qu'on
la voit aujourd'hui. Rarement les luttes
politiques ont été plus serrées; jamais
les mouvements des adversaires en
présence n'ont été plus rapides : la
physionomie du champ de bataille
change à chaque instant.
Dans une mêlée à ce point tumul-
tueuse ne faut-il que « de l'audace, en-
core de l'audace » ? Une direction pré-
cise, une discipline exacte, un plan
studieusement examiné et scrupuleu-
sement suivi sont les conditions des
victoires prochaines. Elles n'ôtent rien
au prix des initiatives individuelles.
Mais la direction que nous récla-
mons, qui donc nous la donnera avec
une autorité que l'on ne puisse contes-
ter ? Quelques-uns, mal dégagés des
vieilles dcctrines, ont sur ce point une
opinion intransigeante. Pour eux, c'est
au gouvernement, au gouvernement
seul a donner une ligne de conduite à
sa majorité.
Je ne sais pas si les ministres seraient
heureux d'endosser une telle respon-
sabilité. En tout cas, les récents dis-
cours du président du conseil ne con-
tiendraient que d'insuffisantes instruc-
tions sur la tache à laquelle notre parti
doit s'appliquer.
Conformément à nos principes ré-
publicains et socialistes, nous n'avons
de confiance dans l'autorité que si elle
vient du peuple.
Le parti lui-même, et non quelques
individualités, va parler à Marseille,
exposer ses revendications, dire ce
1 qu'il attend de la Chambre et du gou-
vernement. -
Qui sait ce qu'attend M. Combes,
pour sortir des généralités, des mena-
ces qui hésitent, des promesses qui se
rétractent; pour offrir des solutions
positives aux grosses questions du
moment : la séparation des Eglises et
de l'Etat, le monopole de l'enseigne-
ment ? Il espère peut-être une parole
ïette de la démocratie. Le Congrès du
parti radical et radical-socialiste réunit
des pouvoirs assez étendus pour donner
une indication formelle, et dont nul
gouvernement républicain n'ose refu-
ser de tenir compte.
Hugues Destrem,
FRONT D'AIRAIN
1
Savez-vous ce que viennent'
d'imaginer les cléricaux ? Non,
vous ne devineriez jamais.
Nous nous sommes élevé,
avec tous les bons républicains,
contre l'hypothèse absurde sui-
vant laquelle M. Loubet, au cours de son
prochain voyage à Rome, destiné à répon-
dre à la visite du roi d'Italie, profiterait de
la circonstance pour aller faire au pape
une visite qui ne pourrait être interprétée
:-que comme un acte de mea culpa pour la
loi sur la congrégation ; nous sommes de
ceux qui ne comprendraient pas que le mi-
nistère imposât une telle démarche au Pré-
sident de la République, et, de fait, nous
- ne l'avons jamais accusé d'avoir une pa-
reille intention.
Maintenant, voici, d'après le Soleil, com-
ment le cléricalisme envisage la question :
S. Em. le cardinal Lecot aurait l'intention de^
faire, en son nom et au nom de quelques-uns'
de ses collègues de l'épiscopat, une démarche
auprès du Souverain-Pontife, pour le prier dé
recevoir M. Loubet, lors de son futur voyage à-,
Rome.
Le groupe des prélats ayant donné son assen-
timent à la démarche du prélat d'Aquitaine
comprend, en outre des évêques connus pour
leur déférence pour les pouvoirs publics, des
prélats notoirement hostiles au gouvernement-
actuel. L'un d'eux a même eu, tout récemment,-;
son traitement supprimé pour une manifesta-:
tion très énergique.
Un confident et ami de Mgr Lecot nous a ex-
pliqué, en ces termes, le sens et le but de la dé-'
marche qu'il veut tenter :
« Si le président de la République française
n'est pas reçu par le Saint-Père, c'est la rup-'
ture certâiné, définitive. Le conflit entre l'Eglise:
et le gouvernement est devenu trop aigu pour
qu'il soit permis d'en douter.
« C'est cette conséquence d'une si exception-
nelle gravité que le prince de l'Eglise et ses vé-
nérés collègues ont envisagée et qu'ils veulent
éviter.
« La forme sous laquelle les prélats présen-
teront leur supplique n'est pas encore détermi-
née.
« Depuis l'occupation des Etats pontificaux
par la monarchie de Savoie, les papes ont re-
fusé d'entrer en relations avec ceux qu'ils con-
sidèrent comme des usurpateurs. Bien plus, ils
ont usé de toute leur influence près des souve<
rains catholiques pour les isoler et les frapper:
d'une sorte d interdit. :
« Aucun chef d'Etat catholique n'a franchi
les portes de la Ville-Eternelle depuis qu'elle
est la capitale de t Italie unifiée. -.
« II est bien évident que si Al. Loubet, ren-^
dant à Sa Majesté Victor-Emmanuel 111 sa vi-'
site à Rome, est reçu par le souverain pontife,
ce sera la fin de l'ostracisme. ))
De sorte que l'épiscopat — déférent ou.
non déférent — non seulement ne suppose
pas que M. Loubet puisse se dispenser,
d'aller voir le pape, mais encore laisse en-
tendre que le pape ne consentira à cette
visite que s'il en est « supplié » bien hum-
blement par nos seigneurs Jes évêques.
Moyennant l'humiliation qu'il propose au
gouvernement français, il lui offre de de-
senguignonner la monarchie italienne, en
restituant à celle-ci, les visites que les mo-"
narques catholiques ont, depuis l'occupa-
tion de Rome, négligé de lui rendre.
C'est une façon de nous indiquer que le
cléricalisme français est puissant, puisqu'il*
est de force à rétablir des relations coui toi-
ses entre le roi d'Italie et les divers princes
de la chrétienté.
Nous reconnaissons, sans embarras, que
le toupet du cléricalisme français est remar-
quable ; son front est d'airain; il affecte
ici de nous offrir comme récompense, ce
que nous repoussons de toutes nos forces,
comme une faute absurde et comme une
humiliation inutile. C'est, de sa part, très
bien joué. Mais nous ne nous laisserons pas
prendre à ce jeu : le cabinet n'enverra cer-
tainement pas M Loubet au Vatican.
PARTI RADICAL-SOCIALBSTE
Punch maçonnique
Les loges maçonniques de l'Orient de Mar-
seille offrent un punch le mercredi soir, 7 oc-
tobre, à 9 heures, dans leur local, 24, rue
Piscatoris, aux francs-maçons qui sont délé-
gués ou adhérents au congrès du parti radical
et radical-socialiste qui doit s'ouvrir le jeudi
8 octobre.
Nous ne doutons pas que cette fête toute;
intime ait le caractère le plus cordial et les'
membres maçons du congrès se feront certai-
nement un plaisir sensible d'y assister.
Le roi de Serbie séquestré?
/De notre correspondant particulier)
Zimony ( frontière magyaro-serbe),
6 octobre.
Un bruit étrange, qui mérite d'être noté, cir-
cule depuis deux jours avec une rare insis-
tance.
On se raconte que les officiers régicides se
sont emparés nuitamment du roi et l'ont trans-
porté dans la forteresse de Belgrade, où il est
détenu comme prisonnier. La population de
Belgrade ignore encore cette séquestration. Le
roi signe les pièces et expédie les affaires, de
sa prison ; il agit sous la pression d'une sorte
de triumvirat occulte nommé par les officiers
conjurés.
Les partisans du colonel Maschine ont sé-
questré le roi parce que celui-ci ne voulait pas
gràcier les officiers de Nisch, récemment con-
damnés.
Ce récit trouve beaucoup de créance parmi
les habitants de la frontière serbe. Il fait sup-
poser que les agitations sourdes continuent en"
Serbie. - ;
LE NOUVEAU FUSIL DE L'ARMÉE ANGLAISE
(De notre correspondant particulier)
Londres, 6 octobre. --
,Lf e War Office vient de conclure avec plu- --
sieurs manufactures de Birmingham un traité
pour la fabrication du nouveau fusil anglais.
Toute la commande .doit être livrée avant le
1" mars 1905. Les premiers fusils du nouveau
modèle seront distribués à partir du 1" jan-
vier 1904. Ce sont les troupes du camp d'Al-
dershot qui, les premières, seront munies de la
nouvelle armç.
LE RAPPEL
ARTISTIQUE ET LITTÉRAIRE
Voyage à Venise. — Cinquième expo-
sition d'art. - Les salles de la
Presse. — Inspirations à saisir.
- Envois de nos amis.
Une Exposition internationale d'art, la cin-
quième, a été ouverte à Venise, sous la prési-
dence du maire, comte F. Grimani. Dans le
comité d'organisation, des artistes avérés, pein-
tres et statuaires, de nationalités diverses,
Charles Cottet, Marius de Maria, N. Nono,
.F. Sartorelli, F. Scattola, L. Selvatico, J. Ta-
lamini, Sartorio, Baertsoen, Calandra, Trenta-
coste, ayant à leur tête G. Ciardi et C. Loren-
zetti. D'aucuns sont connus chez nous, d'au-
tres au-delà des Alpes. D'ailleurs, oarmi les
envois, vous reconnaîtriez la plupart des noms
que nous saluons chaque jour. L'art contem-
porain est plus que jamais cosmopolite. Les
décors ne sont plus localisés aux seuls aspects
du terroir. L'appel au public traverse les fron-
tières. Nous prenons droit de cité les uns chez
les autres.
Voyage à Venise
Que ne donnerai-je pas pour vous guider
moi-même sur le Broglio,aux bords des Escla-
vons et du Gindecca, pour vous retracer cette
visite inoubliable — si j'avais pu la faire moi-
même ? Les chaînes de la vie ne me l'ont pas
permis. Rivé aux nécessités quotidiennes j'ai
soupiré en vain après Venise, et je ne saurais,
vous en parler si un critique d'art des plus es-,:
timables, M. Gustave Soulier, directeur de
Y Art décoratif ne nous autorisait à le suivre'
en son intéressante excursion.
Les salons répètent sans nous lasser les sites
de cette ville oit chaque heure égrène des cou-
leurs. Le matin, azur; le midi, or rouge; le
crépuscule, violet, de gammes variées à l'in-
fini. Les toiles rapportées de Venise sont si vi-
ves de tons que le Parisien se demande s'il n'y
a pas d'exagération, si ces buées chatoyantes
de rouge, d'azur et d'or ne sont pas issues'
.d'imaginations excessives, si ces gondoles où
"chaiftentles nocturnes mandolines ne se sont pas
égarées à l'aurore sur ces lagunes irradiées.
Et le Passé surgit, passé de joies et de terreurs,
l'Histoire claironne les gloires de celte Répu-
blique sans pitié, pleure dans l'ombre sa chùte
entre nos mains, et les tristesses finales de ces
époques fastueuses.
Le voyageur comprend la présence de ces
palais grandioses, et pourquoi dans les ruelles
tortueuses gagnées sur la boue gémissent en-
core tant de sordides demeures.Mais vraiment
dans ces clartés et ces souvenirs, dans cette
cité qui recèle un monde, dans cette Reine de
la couleur, toute manifestation de grâce et de
beauté peut-elle ne pas être merveilleuse? Le
décor est unique: lumière, histoire. Les eaux
et la verdure baignent cette flotte de marbre
ancrée dans le ciel. Venise est bien la première
à pouvoir convier la Terre à une magie d'art
internationale.
Une exposition bien comprise
La composition n'a pas été la même que pour
notre Champ-de-Mars. Chaque galerie révèle
un ensemble, une suite d'idées logiquement
enchaînées. Les tableaux, les statues, les tis-
sus ne sont pas en tas, par espèées ni séries.
C'est une association.
L'Italie qui nous avait conviés, l'année der-
nière, à Turin à la première exposition d'art
décoratif, devait compléter l'effort en ces
lieux.
L'agréable mélange de toiles, de meubles,
de tentures et de tapis, apporte à chacun des
salons l'impression du logement habitable et
de la vie. Ailleurs c'est le musée, qu'on ne fait
que traverser, en craignant un heurt intem-
pestif. Ici, on peut tousser, s'asseoir et s'ins-
taller, sans que la majesté du cadre soit en
rien amoindrie. La sensation est nouvelle :
« C'est, dit M. Soulier, une belle leçon de mo-
rale artistique. »
Les salles de la Presse
Entrons à sa suite. De spacieux couloirs ac-
cèdent dans le salon central qui commence la
série des salles internationales de peinture et
sculpture, de A. à L. Plus loin les collabora-
tions groupées sous les étiquettes appropriées,
salles Vénitienne, Piémontaise, de l'Emilie,
Toscane, Lombarde, révèlent le goût plus spé-
cial de chaque province, et nous pourrons en-
suite aller rédiger nos notes et les transcrire
dans la vaste galerie que les organisateurs ont
consacrée aux critiques.
Ces Salles de la Presse comprennent un ves-
tibule, un fumoir, une lecture-bibliothèque, un
salon de réception, et même un bureau dé
poste. C'est une continuation d'appartements
meublés et décorés par un peintre vénitien, M.
R. Mainella. Il a misa contribution les métiers
qui ont porté aux bornes du monde la réputa-
tion luxueuse de la Cité, miroirs, glaces, ver-'
reries, dentelles, ferronnerie, tissus brodés.
L'idée est heureuse, M. Mainella a su en ti-
rer tout le parti désirable, et j'aimerais voir,
dans n03 grandes tentatives périodiques, ces
utilisations de professions locales où la main
le dispute à la grâce. Rien ne serait d'ailleurs
si facile à réaliser chez nous. Des comités de
limonadiers en plein vent l'ont montré lors de
1889 et de 1900, ressuscitant des coins de Sain-
tonge, de Bretagne ou de Poitou. Il ne s'agi-
rait que d'y penser.
C'est une succession de clartés diverses où
le public peut puiser de neuves inspirations.
Dans le vestibule en stuc blanc, des reliefs de
fleurs et de fruits, des navires aux voiles ten-
dues sous la brise, des meubles en érable, une
porte historiée de feuillages légers, un vitrail,
des pigeons dans les nuages. Le salon de ré-
ception rappelle les ondes qui bercent la ville..
Des poissons brodés nagent dans la soie bleu
tendre des murailles, des méduses ornent le
canapé, les verreries diaphanes ou laiteuses
ont des formes d'algues et de coquillages. La
bibliothèque s'élève au fond de la salle de lec-
ture, dans une demi-rotonde à laquelle monte
un double escalier. Dans les rampes de fer
forgé volent des aigles de cuivre travaillés , marteau, et la révolution des degrés est limitée
au balcon central par deux torses gracieux et
puissants, la Liberté et la Justice, d'Annibalé
de Letto. La tenture, de damas cramoisi,
fleurit de rosiers ton sur ton. Au centre une
table de calcaire vert à pieds de bronze,
ue banc de bois et des fauteuils accroupis.
Le fumoir rénove l'emploi byzantin des
marbres et des mosaïques, de larges plaques
accordent leurs veines et leurs grisailles, de
petits cubes d'or s'essaiment en fumées dans
une voûte à pans coupés. Des tubes d'opaline,
suspendus en pendeloques à des chaînettes,
contiennent des ampoules électriques. Il n'est
pas jusqu'au bureau de poste et télégraphe
dont la décoration ne soit un rappel de goût
et de vivacité.
Quel mortel fortuné peut composer ainsi sa
maison ? Pas tous. Cependant il n'est pas
d'inspiration, si luxueuse soit-elle, qui ne
puisse s'adapter aux bourses modestes. Et
songez que c'est un moyen de joie et de santé
de varier le décor où se meuvent nos jours.
Les peintres vénitiens
La galerie, occupée par les salles de la
Presse, que je viens de décrire sommairement,
et comme nous n'en eûmes jamais aux rives
de la Seine, borde le canal Santa-Elena et
grèpie aux pefftttrreœ et sculptures.
Dans ces étalages cosmopolites, les natio-
naux se sont quand même réservés certains
coins, ai-je dit. La salle N est uniquement vé-
nitienne et la salle 0, piémontaise.
- Je n'ai ni l'espace ni le loisir de relater toile
à toile tout ce qui attire nos regards, parmi
ces noms qui ne vous rappelleraient rien. Il y.
a de nombreux portraits, mais, aussi, et cela
n'a rien qui puisse surprendre, des pages à la
gloire du Lion ailé, « qui avait assis son trône
au milieu de ces cent îles », comme le chante
lyriquement lord Byron. Escorté de gondoles
sveltes, au claquement des bannières de soie,
le Bucentaure, maître de la Méditerranée, cin-
gle pour ses trois royaumes de Chypre, de
Candie et de Négrepont. D'autres scènes mon-
trent le Rialto, ses orfèvres, le grand canal et
ses régates, le fameux Pont des Soupirs « en-
tre un palais et une prison ». Et c'est tou-
jours. encore et toujours, ces évocations de
lumière, d'histoire orgueilleuse, d'arrogance
et de servitude.
Envois. de nos amis
La salle P est consacrée au Portrait mo-
derne. Nos amis y triomphent, Jacques Blan-
che, Besnard, La Gandara, Dagnan-Bouveret,
avec l'œuvre des dernières années, MM. Caro-
lus-Duran et John Sargent avec Mme Feydeau
et ses enfants, et ces jolies Demoiselles Hunter
qui figuraient à notre dernier Grand-Palais. Le
Salon Central contient les femmes encapuchon-
nées de noir, de M. Charles Cottet, Office du
soir en Bretagne; une Bucolique, de M. Henri
Martin; la Demoiselle d'honneur, de M. Raf-
"ftSRff, «rdetix toilog de- M. L~towtte, io ~o M/!wr
et la Mort du Fatine. Dans la salle D sont
réunies une quinzaine des superbes études de
mœurs de M. Zuloaga, et c'est bien un des
principaux attraits de cette longue promenade,
Dansda salle E, Le Cidre, de M. Brangwyn,
prestigieux coloriste : un pressoir, à la barro
duquel tirent les travailleurs, des enfants nus
dans les fruits, un joueur de fifre, poudroyants,
chatoyants, vibrants.
; La salie F. est une corbeille française, im-
pressionniste selon le terme cher à nos an-
ciens, à coup sûr des plus odorantes, avec Re-
noir, Pissaro, Claude Monet, Sisley. Voiei en-
core Raffaelli, trois tableaux d'Alfred Roll, un
paneau entier de Jacques Blanche. La salle G
garde MM. Lévy-Dhurmer, Lucien Simon,
Jean Veber; la salle 1, M. René Ménard.
La sculpture, assurément moins saisissante,
et do moindre tenue, nous avait cependant ar-
rêté déjà avec un groupe de femmes, Douleur
maternelle, de M. Charlier, un Printemps de
M. Jacques Froment-Meurice, deux figures de
M. Constantin Meunier. Enfin, voici dans la
salle L, à laquelle on a donné le nom de Tri-
bune Internationale, et qui semble plus parti-
culièrement réservée à la sculpture, les mou-
lages de Rodin, pris dans la Porte de l'Enfer.
C'est bien le commentaire le plus surhumain
qui ait encore été fait du poème dantesque, et
cela seul vaudrait le voyage à Venise.
LÉON RIOTOR.
Voi à la 3° page
les Dernières Dépêches
SUR UN BANC DE SQUARE
Le vent faisait tournoyer les feuilles roussie'
des arbres, les roulait quelques instants dans*
les allées du square et venait les entasser au-
tour du banc où je me trouvais assis près d'un
vieil ouvrier aux traits rudes mais intelligente
presque mélancoliques et cependant gouail-
leurs. Mon voisin lisait un journal républicain.
Soudain, il se tourna vers moi.
— Bon 1 dit-il, encore un curé qu'on vieM
d'arrêter pour avoir fait des « cochonneries».
— Vous me dites cela d'un ton presque fâ-
ché?
— Je vais vous expliquer : on a bien fait
d'arrêter ce curé, mais ce qui me contrarie,
c'est tout le boniment que le journal fait à 03
propos. Des « dégoûlants », parbleu, il y en a
dans tous les mondes! Est-ce uniquement
parce qu'un curé a violé des fillettes que nous
devons être anticléricaux? Alors, si un insti-
tuteur laïque commet le même crime, nous
devons tous, le lendemain, être anti-laïques ?
Insister ainsi, tout le temps, sur les igno-
minies do certains prêtres, n'est ce pas nou i
faire entendre que les curés seraient accepta-
bles s'ils avaient de bonnes mœurs ?
Hé! bien, à mon avis, là est la grande
erreur. Je vous dis cela en vieux républicai i
que je suis, ayant pas mal « roulé ma bosse V
et ayant acquis de l'expérience, je vous as-
sure.
Par exemple, en rentrant à la maison, i ù
vais montrer l'article du journal à ma femme.
D'avance je connais la réponse : « Hé! bien,
oui, voilà encore un mauvais curé; mais touîj
ne sont pas ainsi, il y en a de bons 1 »
Hé ! non, il n'y en a pas de bons, il n'y en V
pas un seul qui puisse être bon s'il est prêtre con-
vaincu. Dans la vie privée, ils peuvent con-
server certaines qualités naturelles que leur
.religion n'est pas parvenue à étouffermai9
en temps que prêtres ils sont tous exécrables
parce que leur enssignement est exécrable.
Mon interlocuteur s'était animé peu à peu,
bien que sa voix n'eût pris aucun ton décla-
matoire. Ce n'était point un orateur habituel
de réunions publiques — c'était bien, simple.
ment, comme je l'avais pensé, un brave homm
qui émettait toutbonnement une opinion qu'il
croyait juste.
Du reste, il s'était vite ressaisi. Les plis
gouailleurs s'accentuèrent autour de sa bou-
che, et il reprit :
— Si j'avais vu et connu le journaliste qui
a écrit l'article contre le curé, je lui aurais
dit : « Oui, signalez-nous rapidement les tur
pitudes de ce prêtre isolé — mais, surtout,
faites bien ressortir que si les autres ne souil.
lent pas corporellement nos enfants, ils vio
lent leur cerveau, ils violent leur esprit, ilî*
violent leur cœur et que cela suffit pour les"
repousser tous avec la même indignation. *
Ce sont ces idées me semble-t-il, qu'il fau
drait développer et répandre. Mais, voilà
moi, je n'ai que ma petite « jugeotte », je ne
sais pas écrire.
Et mon voisin se replongea dans la lectur )
de son journal, pendant que les feuilles mor
tes continuaient à tournoyer autour de notrd
banc.
G. de VORNEY.
Les dépenses des touristes en Suissu
IDe notre correspondant particulier)
Zurich, 6 octobre.
M. Freuler, le statisticien bien connu, vient
n'adresser au gouvernement fédéral un rap-
port sur les résultats économiques du mouve-
ment des étrangers en Suisse. Il en ressort qus
'is touristes étrangers dépensent, bon an mal
u, 60 millions dans les hôtels et les pensions ;
Ù1 millions en billets de chemin de fer, voitu-
les et bateaux à vapeur. Le nombre des per',
sannes occupéos au service des hôtels et des
psnsions se monte au chiffre de 35.000. Le to-
tal des pourboires que les étrangers leur dis-
tribuent atteint par année la somme respecta
blç de quatre millions de francs.
LE ROI D'ITALIE A PARIS
Le voyage des souverains. - Le pro-
giamme officiel définitif. - L'arri-
vée à Paris. - A Versailles et à
Rambouillet. - Réceptions, di-
ners et fêtes. - Les rues de
Paris. — Décorations et illu-
minations.
Le Président de la République vient déter-
miner l'examen des projets qui ont été dressés
par la direction du protocole, pour le séjour
du roi et de la reine d'Italie à Paris. Voici le
programme des fêtes, désormais complet et dé-
finitif. On remarquera que la visite projetée à.
l'Hôtel des Invalides n'aura pas lieu; le retour
de Versailles s'effectuera en chemin de fer, et
non, à cause de la saison, en voiture.
Mercredi 14 octobre
9 h. 30 matin. — Arrivée des souverains à Dijon.
Réception officielle à la gare. Le roi et la roi ne se-
ront salués par : le préfet de la Côte-d'Or ; le maire
de Dijon ; le général commandant le 8e corps d'ar-
mée ; le premier président de la cour d'appel ; le
procureur général : les généraux de la division ; le
recteur de l'Université ; le président du tribunal
civil ; le procureur de la République : le président
du tribunal de commerce ; le président de la cham-"
bre de commerce (grande tenue). Les présentations
seront faites par le préfet.
Les personnes désignées pour être attachées aux
.souverains pendant leur séjour en France viendront
se mettre à leurs ordres.
Seront également présentés aux souverains : lej.
président du conseil d'administration, le directeur
et les hauts fonctionnaires de la Compagnie
-É»' in'E,- TWHW4t JDijoa-pow - F—avoir -la* souve-
rains.
9 h. 45 matin. — Départ de Dijon.
3 h. 30. — Arrivée à Paris (station de l'avenue
du Bois-de-Boulognc).
Les souverains seront reçus sur le quai de la
gare par : le Président de la République ; les pré-
sidents du Sénat, de la Chambre, du conseil des
ministres, les ministres et le sous-secrétaire d'Etat;
le grand-chancelier de la Légion d'honneur ; le gé
néral gouverneur militaire de Paris ; les préfets de
la Seine et de Police;. les présidents du conseil
municipal et du conseil général (grande tenue). Le
Président de la République présentera aux souve-
rains les autorités présentes, ainsi que le président
du conseil d'administration, le directeur et les
hauts fonctionnaires de la Compagnie d3 l'Ouest.
Mme Loubet se trouvera également à la gare pour
recevoir les souverains. Le Président de ta Répu-
: blique et Mme Loubet conduiront les souverains
-au palais 'des,Atiaires étrangères. Le président du
conseil ot le ministre des Affaires. étrangères ac-
compagneront également les souverains.
5 h. — Les souverains rendront visite au Prési- ,
: deI\.! de la République et à Mme Loubet au Palais
de l'Elysée.
5 h. 1[2. - Le roi ira déposer sa carte chez le-
président du Sénat et chez le président de la-
Chambre.
7 h. 30. — Dîner au Palais de l'Elysée (grande
tenue).
Jeudi 15 octobre.
9 h. 40 matin. — Le Président de la République
et Mme Loubet iront chercher les souverains au
palais des Affaires étrangères pour aller à Versail-
; les. (Tenue : redingote, et pour les officiers tenue
: de jour.)
9 h. 50. — Départ par la gare des Invalides.
■ 10 h. lo. — Arrivée à Versailles. Le préfet de
1 Seine-et Oise, le général commandant le départe-
ment de Seine-et-Oise, le maire do Versailles se
trouveront à la gare pour saluer les souverains.
10 h. 30. — Arrivée au palais, visite du musée.
Midi. — Déjeuner au palais.
2 h. — Promenade en voiture dans le parc, gran-
des eaux, visite de Trianon
4 h. 4p. — Retour en chemin de fer.
a h. 10. — Arrivée à Paris, gare des Invalides.
7 h. — Les souverains dîneront dans leurs ap-
partements au palais des Affaires étrangères.
8 h. 112. — La Président de la République et
Mme Loubet viendront chercher les souverains au
palais des affaires étrangères pour les conduire à
la représentation de gala donnée en leur honneur
à l'Académie nationale de musique(graude tenue).
Vendredi 16 octobre
10 h. matin. - Le Président de la République
et Mme Loubet viendront prendre les souverains
au palais des Affaires étrangères pour faire une
promenade dans Paris (tenue: redingote, et pour
les officiers, tenue de jour).
10 h. 10. — Visite de l'Hôtel des Monnaies.
11 h. — Réception à l'Hôtel de Ville.
Midi, —Retour au palais des Affaires étrangères
7 h. 112. — Dîner donné en l'honneur des sou-
verains par le ministre des Affaires étrangères et
Mme Delcassé (grande tenue).
Samedi il octobre
9 h. 20 matin. — Le Président viendra chercher
le roi pour "llcr chasser à Rambouillet.
9 h. 30. — Départ par la gare des Invalides.
10 h. 15. — Arrivée à Rambouillet.
11 h. — Déjeuner au château.
4 h. 55. — Départ de Rambouillet.
5 h. 45. — Arrivée à Paris, gare des Invalides.
7 h. 1[2. — Dîner intime au Palais de l'Elysée
(tenue : l'habit sans grand-cordon. — Pour les of-
ficiers : tenue de jour). Pendant que le roi chas-
sera à Rambouillet, la reine déjeunera à midi au
Palais de l'Elysée. A 2 h., elle visitera le Musée du
LOuvre.
Dimanche 18 octobre
8 h. 50 matin. — Le Président de la République
et Mme Loubet viendront prendre les souverains
pour se rendre à la revue.
10 heures. — Revue.
Midi 112. — Retour au palais des Affaires étran-.'
gères.
1 h. 114. — Déjeuner militaire au palais de
l'Elysée.
3 h. 20. — Départ des souverains du palais de
l'Elysée. Le Président de la République et Mme
Loubet accompagneront les souverains à la gare.
Les présidents du Sénat, de la Chambre, du con-
seil des ministres ; les ministres et le sous-secré-
taire d'Etat; le grand-chancelier de la Légion
d'honneur ; le général gouverneur militaire de
Paris ; les préfets de la Seine et de Police ; les pré-
sidents du conseil municipal et du conseil général,
viendront saluer les souverains à leur départ.
Les personnes attachées aux , souverains les ac-
compagneront jusqu'à la frontière.
Les personnes qui accompagnent le roi d'Italie
sont : le vice-amiral Morin, ministre des Affaires
étrangères; le lieutenant de vaisseau Heukens-
feldt-Slaghek, aide de camp du vice-amiral Mo-
rin; le lieutenant-général Ponzo-Vaglia, ministre
de la Maison royale ; le comte Glanotti, préfet du
Palais; le lieutenant-général Brusati. premier
aide de camp général ; le contre-amiral de Libero
aide de camp général ; le capitaine de corvette
> comte Leonardi di Casalino y Pismengo, aide de
camp : le major Uboldi de Capéi, aide do camp ;
le comte Brusehi Fulgari, maître des cérémonies;
le docteur Quirico, médecin du roi.
Les personnes qui accompagneront la reine d I-
talie sont : la duchesse d'Ascoli, dame de la cour :
la comtesse Guicciardini, dame 4e la cour ; le due
d'Ascoli, gentilhomme de la cour; le comte Guic-
ciardini, gentilhomme de la cour.
Lest fonctibnnaires du ministère de la maison
royale qui accompagneront les souverains sont :
MM. F. Comotto, directeur-chef de la 1" division ;
J. Bosisio, directeur-chef du service télégraphique
privé ; le comte Giannuzzi, chef de section en fonc-
tion de directeur des voyages ; C. Zanotti, secré
taire.
L'amiral Morin, le lieutenant général Ponzo-
Vaglia, le comte Gianotti, le lieutenant général
Brusati, le docteur Quirico, la duchesse d'Ascoli,
la comtesse Guicciardini, MM. F. Comotto et J.
Bosisio descendront au palais des Affaires étran-
gères.
Seront attachés à la personne des souverains
pendant leur séjour en France :
Le général de division Dalstein, commandant le
6e corps d'armée; le vice-amiral Mallarmé; préfet
maritime à Brestj le capitaine de vaisseau Davin,
attaché naval à l'ambassade de la République à'
Romey le chef de bataillon Fraysso,. officier d'or-
donnance du Président do la République ; le chef
de bataillon de Saint-James, attaché militaire à
l'ambassade de la République à Rome.
Enfin, M. C. Piccioni, secrétaire d'ambassade de
lrt clussc, cbcfdo cabinet du ministre des Affaires
étrangères, seta. attaché à la personne du vice-
amiral ,., - — -. -
La décoration de Paris
On s'apprête à recevoir dignement les sou;,
verains italiens à Paris.
De tous côtés des comités se sont constitués,
dont le but est la décoration des rues de Paris.
Nous avons déjà parlé, (ns jours derniers, du
comité de l'avenue de l'Opéra, qui a à sa têt&
M. Sineux, de celui des Grands Boulevards,que
préside M. Marguery.
Au faubourg Saint-Honoré, un autre oomité
est piésidé par M. E. Aublanc, joaillier-orfè-
vre. M. Aublanc nous écrit que le comité qu'il
a formé a décidé de pavoiser, depuis la rue
Royale jusqu'à la place Beau veau. Tout le long
du faubo.urg, des mâts se dresseront, reliés par
des guirlandes de fleurs lumineuses. Entre les
mâts, figureront les armes d'Italie surmontées
de la couronne royale. Ce sera Su plus joli
effet.
Boulevard Voltaire, un comité s'est formé,
qui s'occupe des dispositions à prendre pour
illuminer et pavoiser. On sait que lo cortège
traversera cette voie centrale, en revenant de
la revue de Vincennes.
Les Parisiennes et la reine
La Ligue franco-italienne a décidé de con-
vier les Parisiennes à offrir à la reine Hélèn9
une adresse gravée sur parchemin et un bou-
quet de perce-neige ot de myosotis, fleurs pré-
férées de la souveraine ; les souscriptions sont
reçues chez le secrétaire de la Ligue.
Au théâtre Sarah-Bernhardt
-.Le soirde l'arrivée.du roi et de la reine d'I-
talie, M. de Max, Mlles Moreno et Dufrène di-
ront, entre les 3' et 4' actes de la Légende du
Cœur, un à-propos en vers de M. Jean Aicard.
Les trois personnages de ce poème sont l'Italie,
la France et le Messager.
Il est fort probable que cette poésie sera dite
également à la réception de l'Hôtel de Ville.
FAILLITE ?
Les journatfx réactionnaires et modérés se
sont attaché ces temps-ci à démontrer que le
parti radical faisait une fois de plus faillite à
ses engagements. J'ai lu ces démonstrations
sans trop d'étonnements : Les apparences son?
en effet contre nU8 et les Cassagnac, les. Ro-
chefort, les Drumont, les Berthoulat ont beau
jeu. A la suite des dernières élections législa-
tives le pays a envoyé à la Chambre une ma-
jorité radicale et radicale-socialiste, an bloc
dont le gouvernement est, en quelque sorte,
l'émanation.
Cette majorité avait promis aux électeurs do
réaliser un programme bien défini dont les
éléments principaux étaient : séparation des
j Eglises et de l'Etat, dénonciation du Concor-
dat, laïcité de l'enseignement à tous les degrés,
service de deux ans, retraites ouvrières, dimi-
nution des frais do justice,impôt sur le revenu;
voilà autant de réformes promises dont il n'a
été jusqu'à présent question que dans quelques
discours d'apparat.
Rien n'a été fait, et en ce sens les réaction-
naires ont raison de dire que les radicaux oni
fait faillite. Mais à qui la faute ? Est-ce que,
nos amis de la Chambre et du Sénat doiven:
porter le lourd poids d'un responsabilité qui
incombe au gouvernement seul et particulière-
ment au président du conseil? Est-ce qu'ils ni
se seraient pas tous levés pour voter l'une oc
l'autre des lois qu'ils se sont engagés d'hon-
neur à faire; aboutir ? Mais M. Combes n'
songé à demander à aucune des deux assem-
blées la réalisation de progrès qu'il n'a paf
-- oublié pourtant dans sa déclaration ministé-,
rielle.
Bien plus, il a demandé à la Chambre de
voter le buJget des cultes, et si dans quelque
banquet, à quelque inauguration il a pensé à
parler de la séparation des Eglises et de l'E-
t.it, il est clair qu'il considère cette mesure
comme un jouet dont il est bon de menacet
do temps en temps le clergé récalcitrant.
Le général André, ministre de la guerre, pa-
rait plus soucieux de conduire la République
à la messe en grand uniforme et de discouri?
plus ou moins utilement à tous propos qu'à
consacrer tous ses efforts à hâter la discussion
du projet relatif au service de deux ans.
Le garde des sceaux, à qui incombait la tâ.
che de diminuer les frais de justice, a mis sa
signature au bas d'un décret dont l'unique
effet est de les surélever, ceci n'est plus à
prouver après l'admirable démonstration qu'en
a fait notre ami Charles Bos.
Les retraites ouvrières. on n'y pense plu!f.
L'impôt progressif sur le revenu, on le recon-
naîtrait à peine dans le projet très étudié et
très scrupuleux pourtant qui, grâce à l'activité
de M. Kouvier est sorti des conseils du gou-
vernement.
Quand on fait cette récapitutation, on trépi-
gna d'impatience. Insister serait cruel. Voilà le
bilan de la politique gouvernementale. Voilà
pourquoi il est inexact de dire que le parti ra-
dical a fait faillite, quand c'est le cabinet seul
qui doit être accusé.
Il est intéressant de préciser tous ces points
au moment même où le Parti républicain va
tenir à Marseille ses assises solennelles. Que
dira M. Combes pour justifier son inertie ?
Dira-t'il, reprenant la vieille formule opportu-
niste que nous combattîmes jadis que les ré-
formes en question ne sont pas mûres, qu'il
faut les réserver, pour plus tard, que la cham-
bre, en dépit des apparences n'est pas décidée
à les voter?
Si c'est vrai, c'est malheureux pour le pays,
si c'est faux, c'est bien triste pour le président
du conseil. Quoi qu'il en soit, il doit sortir du
Congrès de Marseille des indications précises,
et espérons-le, une orientation nouvelle de la
politique ministérielle. — Léonce Armbrmter.
L'INSURRECTION EN MACÉDOINE
Les notes identiques
Londres, 6 octobre.
Une dépêche en date de Solia, 5 octobre, at
Times, annonce qu'une copie des instructions
envoyées par le comto Lamsdorf à l'ambassa-
deur de Russie à Constantinople, a été remise
aujourd'hui au général Pélroff. Le texte eiat
identique à celui que le comte Goluchowsky a
adressé au baron do Calice et qui a été publié
hier soir à Vienne.
Les ministres de Russie et d'Autriche ont
reçu l'ordre d'adresser, en remettant ces docu-
ments, de très sérieuses représentations ac
gouvernement bulgare et do l'informer que,
s'il ne contribue pas loyalement à l'œuvre de
pacification, il s'exposera aux désastres lee
plus cruels.
Le pape et la Macédoine
Sofia, 6 octobre.
On annonce que l'archevêque catholiquo de
Philippopoli a envoyé au pape un long rapport
sur la situation à Andrinople et en Macédoina
lui demandant d'intervenir pour mettro fil
aux atrocités et aux massacres.
Nouvelles de source turque
L'ambassade ottomane communique la dépêchi
suivante :
Constantinople, 6 octobre.
Les troupes ottomanes ont eu deux rencon-
tres avec les insurgés bulgares à Razlik et à
Timour Hissar (Monastir). Cinquante-six in
Le Ttfti xxi^r-o CINQ CENTIMES
f fi WlWE QIWP1 W
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De 1 à 8 heures du soir et de iO heures du soir à 1 heure du matin
Ne 12263. — Jeudi 8 Octobre 1903
15 VENDÉMIAIRE AN 112
: ADMINISTRATION : 14, rue du Mail
Adresser lettres et mandats à l'Administrateur
NOS LEADERS
LE
Congrès RaicaI-ocialiste
Demain s'ouvre à Marseille le troi-
sième congrès du parti républicain ra-
dical et radical-socialiste. La période
de préparation n'a pas été bruyante ;
elle n'a donné lieu à aucune de ces
discussions dont la presse est friande,
— trop friande parfois. Rien ne prouve
mieux que tout le monde parmi nous
sait où aller et y va sans hésitation. :
Nos congrès ont déjà pour eux la
tradition du succès, qui donne la con-
fiance. Il ne s'agit plus, comme au
congrès de Paris, de grouper les élé-
ments jusqu'alors trop dispersés du
parti, pour les jeter en masse compacte
sur les armées coalisées des césariens
et des cléricaux. Il ne s'agit plus, com-
me au congrès de Lyon, de donner au
parti une constitution permanente en
remplacement du régime provisoire
adopté dans l'attente des élections gé-
nérales. --
Notre organisation est maintenant
un mécanisme solide, qui a fait ses
preuves, et son fonctionnement maté-
riel n'est plus ce qui doit nous préoc-
cuper par-dessus tout.
Le sang-froid des journaux radicaux
et radicaux-socialistes, qui n'éprouvent
aucun besoin de discuter sur des dé-
bats qui ne sont pas ouverts, semble
surprendre certains de nos adversai-
res.
— Ce silence est singulier, disent-
ils. Que présage-t-il ?
Il présage des assises laborieuses et
fraternelles, semblables à celles dont
notre parti a déjà donné un exemple
dont d'autres organisations politiques
pourraient faire leur profit.
— Mais, reprennent certains enne-
mis, qu'allez-vous faire dans votre
Congrès ? Pourquoi vous réunir si, d'a-
vance, vous savez que vous êtes tous
d'accord ?
La question ne peut être posée que
par des gens qui ne se font aucune idée
de la vie et de la dignité d'un grand
parti.
- Est-ce que des milliers de militants,
dont l'action attire, aux élections gé-
nérales, des millions de suffrages à la
démocratie ont le droit ou même le
pouvoir de rester sans lien solide, sans
entente permanente pendant les lon-
gues périodes qui séparent les con-
sultations du pays ? Est-ce que les fé-
dérations qui se sont formées dans cha-
que département ne seraient pas cou-
pables de s'isoler ? Ne faut-il pas
qu'un parti comme le nôtre établisse,
une fois par an au moins,, une sorte
de « tableau de marche », écartant le
danger des fausses manœuvres et la
fatigue qui nait infailliblement de l'in-
cohérence ?
Ainsi, quand même nous traverse-
rions un de ces âges froids et calmes
où la politique tient le m-oins de place
dans les préoccupations du pays, nou-3
serions inexcusables de ne point nous
réunir.
Mais, précisément, il y a longtemps
que la vie politique en France n'a été
aussi intense, aussi passionnée qu'on
la voit aujourd'hui. Rarement les luttes
politiques ont été plus serrées; jamais
les mouvements des adversaires en
présence n'ont été plus rapides : la
physionomie du champ de bataille
change à chaque instant.
Dans une mêlée à ce point tumul-
tueuse ne faut-il que « de l'audace, en-
core de l'audace » ? Une direction pré-
cise, une discipline exacte, un plan
studieusement examiné et scrupuleu-
sement suivi sont les conditions des
victoires prochaines. Elles n'ôtent rien
au prix des initiatives individuelles.
Mais la direction que nous récla-
mons, qui donc nous la donnera avec
une autorité que l'on ne puisse contes-
ter ? Quelques-uns, mal dégagés des
vieilles dcctrines, ont sur ce point une
opinion intransigeante. Pour eux, c'est
au gouvernement, au gouvernement
seul a donner une ligne de conduite à
sa majorité.
Je ne sais pas si les ministres seraient
heureux d'endosser une telle respon-
sabilité. En tout cas, les récents dis-
cours du président du conseil ne con-
tiendraient que d'insuffisantes instruc-
tions sur la tache à laquelle notre parti
doit s'appliquer.
Conformément à nos principes ré-
publicains et socialistes, nous n'avons
de confiance dans l'autorité que si elle
vient du peuple.
Le parti lui-même, et non quelques
individualités, va parler à Marseille,
exposer ses revendications, dire ce
1 qu'il attend de la Chambre et du gou-
vernement. -
Qui sait ce qu'attend M. Combes,
pour sortir des généralités, des mena-
ces qui hésitent, des promesses qui se
rétractent; pour offrir des solutions
positives aux grosses questions du
moment : la séparation des Eglises et
de l'Etat, le monopole de l'enseigne-
ment ? Il espère peut-être une parole
ïette de la démocratie. Le Congrès du
parti radical et radical-socialiste réunit
des pouvoirs assez étendus pour donner
une indication formelle, et dont nul
gouvernement républicain n'ose refu-
ser de tenir compte.
Hugues Destrem,
FRONT D'AIRAIN
1
Savez-vous ce que viennent'
d'imaginer les cléricaux ? Non,
vous ne devineriez jamais.
Nous nous sommes élevé,
avec tous les bons républicains,
contre l'hypothèse absurde sui-
vant laquelle M. Loubet, au cours de son
prochain voyage à Rome, destiné à répon-
dre à la visite du roi d'Italie, profiterait de
la circonstance pour aller faire au pape
une visite qui ne pourrait être interprétée
:-que comme un acte de mea culpa pour la
loi sur la congrégation ; nous sommes de
ceux qui ne comprendraient pas que le mi-
nistère imposât une telle démarche au Pré-
sident de la République, et, de fait, nous
- ne l'avons jamais accusé d'avoir une pa-
reille intention.
Maintenant, voici, d'après le Soleil, com-
ment le cléricalisme envisage la question :
S. Em. le cardinal Lecot aurait l'intention de^
faire, en son nom et au nom de quelques-uns'
de ses collègues de l'épiscopat, une démarche
auprès du Souverain-Pontife, pour le prier dé
recevoir M. Loubet, lors de son futur voyage à-,
Rome.
Le groupe des prélats ayant donné son assen-
timent à la démarche du prélat d'Aquitaine
comprend, en outre des évêques connus pour
leur déférence pour les pouvoirs publics, des
prélats notoirement hostiles au gouvernement-
actuel. L'un d'eux a même eu, tout récemment,-;
son traitement supprimé pour une manifesta-:
tion très énergique.
Un confident et ami de Mgr Lecot nous a ex-
pliqué, en ces termes, le sens et le but de la dé-'
marche qu'il veut tenter :
« Si le président de la République française
n'est pas reçu par le Saint-Père, c'est la rup-'
ture certâiné, définitive. Le conflit entre l'Eglise:
et le gouvernement est devenu trop aigu pour
qu'il soit permis d'en douter.
« C'est cette conséquence d'une si exception-
nelle gravité que le prince de l'Eglise et ses vé-
nérés collègues ont envisagée et qu'ils veulent
éviter.
« La forme sous laquelle les prélats présen-
teront leur supplique n'est pas encore détermi-
née.
« Depuis l'occupation des Etats pontificaux
par la monarchie de Savoie, les papes ont re-
fusé d'entrer en relations avec ceux qu'ils con-
sidèrent comme des usurpateurs. Bien plus, ils
ont usé de toute leur influence près des souve<
rains catholiques pour les isoler et les frapper:
d'une sorte d interdit. :
« Aucun chef d'Etat catholique n'a franchi
les portes de la Ville-Eternelle depuis qu'elle
est la capitale de t Italie unifiée. -.
« II est bien évident que si Al. Loubet, ren-^
dant à Sa Majesté Victor-Emmanuel 111 sa vi-'
site à Rome, est reçu par le souverain pontife,
ce sera la fin de l'ostracisme. ))
De sorte que l'épiscopat — déférent ou.
non déférent — non seulement ne suppose
pas que M. Loubet puisse se dispenser,
d'aller voir le pape, mais encore laisse en-
tendre que le pape ne consentira à cette
visite que s'il en est « supplié » bien hum-
blement par nos seigneurs Jes évêques.
Moyennant l'humiliation qu'il propose au
gouvernement français, il lui offre de de-
senguignonner la monarchie italienne, en
restituant à celle-ci, les visites que les mo-"
narques catholiques ont, depuis l'occupa-
tion de Rome, négligé de lui rendre.
C'est une façon de nous indiquer que le
cléricalisme français est puissant, puisqu'il*
est de force à rétablir des relations coui toi-
ses entre le roi d'Italie et les divers princes
de la chrétienté.
Nous reconnaissons, sans embarras, que
le toupet du cléricalisme français est remar-
quable ; son front est d'airain; il affecte
ici de nous offrir comme récompense, ce
que nous repoussons de toutes nos forces,
comme une faute absurde et comme une
humiliation inutile. C'est, de sa part, très
bien joué. Mais nous ne nous laisserons pas
prendre à ce jeu : le cabinet n'enverra cer-
tainement pas M Loubet au Vatican.
PARTI RADICAL-SOCIALBSTE
Punch maçonnique
Les loges maçonniques de l'Orient de Mar-
seille offrent un punch le mercredi soir, 7 oc-
tobre, à 9 heures, dans leur local, 24, rue
Piscatoris, aux francs-maçons qui sont délé-
gués ou adhérents au congrès du parti radical
et radical-socialiste qui doit s'ouvrir le jeudi
8 octobre.
Nous ne doutons pas que cette fête toute;
intime ait le caractère le plus cordial et les'
membres maçons du congrès se feront certai-
nement un plaisir sensible d'y assister.
Le roi de Serbie séquestré?
/De notre correspondant particulier)
Zimony ( frontière magyaro-serbe),
6 octobre.
Un bruit étrange, qui mérite d'être noté, cir-
cule depuis deux jours avec une rare insis-
tance.
On se raconte que les officiers régicides se
sont emparés nuitamment du roi et l'ont trans-
porté dans la forteresse de Belgrade, où il est
détenu comme prisonnier. La population de
Belgrade ignore encore cette séquestration. Le
roi signe les pièces et expédie les affaires, de
sa prison ; il agit sous la pression d'une sorte
de triumvirat occulte nommé par les officiers
conjurés.
Les partisans du colonel Maschine ont sé-
questré le roi parce que celui-ci ne voulait pas
gràcier les officiers de Nisch, récemment con-
damnés.
Ce récit trouve beaucoup de créance parmi
les habitants de la frontière serbe. Il fait sup-
poser que les agitations sourdes continuent en"
Serbie. - ;
LE NOUVEAU FUSIL DE L'ARMÉE ANGLAISE
(De notre correspondant particulier)
Londres, 6 octobre. --
,Lf e War Office vient de conclure avec plu- --
sieurs manufactures de Birmingham un traité
pour la fabrication du nouveau fusil anglais.
Toute la commande .doit être livrée avant le
1" mars 1905. Les premiers fusils du nouveau
modèle seront distribués à partir du 1" jan-
vier 1904. Ce sont les troupes du camp d'Al-
dershot qui, les premières, seront munies de la
nouvelle armç.
LE RAPPEL
ARTISTIQUE ET LITTÉRAIRE
Voyage à Venise. — Cinquième expo-
sition d'art. - Les salles de la
Presse. — Inspirations à saisir.
- Envois de nos amis.
Une Exposition internationale d'art, la cin-
quième, a été ouverte à Venise, sous la prési-
dence du maire, comte F. Grimani. Dans le
comité d'organisation, des artistes avérés, pein-
tres et statuaires, de nationalités diverses,
Charles Cottet, Marius de Maria, N. Nono,
.F. Sartorelli, F. Scattola, L. Selvatico, J. Ta-
lamini, Sartorio, Baertsoen, Calandra, Trenta-
coste, ayant à leur tête G. Ciardi et C. Loren-
zetti. D'aucuns sont connus chez nous, d'au-
tres au-delà des Alpes. D'ailleurs, oarmi les
envois, vous reconnaîtriez la plupart des noms
que nous saluons chaque jour. L'art contem-
porain est plus que jamais cosmopolite. Les
décors ne sont plus localisés aux seuls aspects
du terroir. L'appel au public traverse les fron-
tières. Nous prenons droit de cité les uns chez
les autres.
Voyage à Venise
Que ne donnerai-je pas pour vous guider
moi-même sur le Broglio,aux bords des Escla-
vons et du Gindecca, pour vous retracer cette
visite inoubliable — si j'avais pu la faire moi-
même ? Les chaînes de la vie ne me l'ont pas
permis. Rivé aux nécessités quotidiennes j'ai
soupiré en vain après Venise, et je ne saurais,
vous en parler si un critique d'art des plus es-,:
timables, M. Gustave Soulier, directeur de
Y Art décoratif ne nous autorisait à le suivre'
en son intéressante excursion.
Les salons répètent sans nous lasser les sites
de cette ville oit chaque heure égrène des cou-
leurs. Le matin, azur; le midi, or rouge; le
crépuscule, violet, de gammes variées à l'in-
fini. Les toiles rapportées de Venise sont si vi-
ves de tons que le Parisien se demande s'il n'y
a pas d'exagération, si ces buées chatoyantes
de rouge, d'azur et d'or ne sont pas issues'
.d'imaginations excessives, si ces gondoles où
"chaiftentles nocturnes mandolines ne se sont pas
égarées à l'aurore sur ces lagunes irradiées.
Et le Passé surgit, passé de joies et de terreurs,
l'Histoire claironne les gloires de celte Répu-
blique sans pitié, pleure dans l'ombre sa chùte
entre nos mains, et les tristesses finales de ces
époques fastueuses.
Le voyageur comprend la présence de ces
palais grandioses, et pourquoi dans les ruelles
tortueuses gagnées sur la boue gémissent en-
core tant de sordides demeures.Mais vraiment
dans ces clartés et ces souvenirs, dans cette
cité qui recèle un monde, dans cette Reine de
la couleur, toute manifestation de grâce et de
beauté peut-elle ne pas être merveilleuse? Le
décor est unique: lumière, histoire. Les eaux
et la verdure baignent cette flotte de marbre
ancrée dans le ciel. Venise est bien la première
à pouvoir convier la Terre à une magie d'art
internationale.
Une exposition bien comprise
La composition n'a pas été la même que pour
notre Champ-de-Mars. Chaque galerie révèle
un ensemble, une suite d'idées logiquement
enchaînées. Les tableaux, les statues, les tis-
sus ne sont pas en tas, par espèées ni séries.
C'est une association.
L'Italie qui nous avait conviés, l'année der-
nière, à Turin à la première exposition d'art
décoratif, devait compléter l'effort en ces
lieux.
L'agréable mélange de toiles, de meubles,
de tentures et de tapis, apporte à chacun des
salons l'impression du logement habitable et
de la vie. Ailleurs c'est le musée, qu'on ne fait
que traverser, en craignant un heurt intem-
pestif. Ici, on peut tousser, s'asseoir et s'ins-
taller, sans que la majesté du cadre soit en
rien amoindrie. La sensation est nouvelle :
« C'est, dit M. Soulier, une belle leçon de mo-
rale artistique. »
Les salles de la Presse
Entrons à sa suite. De spacieux couloirs ac-
cèdent dans le salon central qui commence la
série des salles internationales de peinture et
sculpture, de A. à L. Plus loin les collabora-
tions groupées sous les étiquettes appropriées,
salles Vénitienne, Piémontaise, de l'Emilie,
Toscane, Lombarde, révèlent le goût plus spé-
cial de chaque province, et nous pourrons en-
suite aller rédiger nos notes et les transcrire
dans la vaste galerie que les organisateurs ont
consacrée aux critiques.
Ces Salles de la Presse comprennent un ves-
tibule, un fumoir, une lecture-bibliothèque, un
salon de réception, et même un bureau dé
poste. C'est une continuation d'appartements
meublés et décorés par un peintre vénitien, M.
R. Mainella. Il a misa contribution les métiers
qui ont porté aux bornes du monde la réputa-
tion luxueuse de la Cité, miroirs, glaces, ver-'
reries, dentelles, ferronnerie, tissus brodés.
L'idée est heureuse, M. Mainella a su en ti-
rer tout le parti désirable, et j'aimerais voir,
dans n03 grandes tentatives périodiques, ces
utilisations de professions locales où la main
le dispute à la grâce. Rien ne serait d'ailleurs
si facile à réaliser chez nous. Des comités de
limonadiers en plein vent l'ont montré lors de
1889 et de 1900, ressuscitant des coins de Sain-
tonge, de Bretagne ou de Poitou. Il ne s'agi-
rait que d'y penser.
C'est une succession de clartés diverses où
le public peut puiser de neuves inspirations.
Dans le vestibule en stuc blanc, des reliefs de
fleurs et de fruits, des navires aux voiles ten-
dues sous la brise, des meubles en érable, une
porte historiée de feuillages légers, un vitrail,
des pigeons dans les nuages. Le salon de ré-
ception rappelle les ondes qui bercent la ville..
Des poissons brodés nagent dans la soie bleu
tendre des murailles, des méduses ornent le
canapé, les verreries diaphanes ou laiteuses
ont des formes d'algues et de coquillages. La
bibliothèque s'élève au fond de la salle de lec-
ture, dans une demi-rotonde à laquelle monte
un double escalier. Dans les rampes de fer
forgé volent des aigles de cuivre travaillés ,
au balcon central par deux torses gracieux et
puissants, la Liberté et la Justice, d'Annibalé
de Letto. La tenture, de damas cramoisi,
fleurit de rosiers ton sur ton. Au centre une
table de calcaire vert à pieds de bronze,
ue banc de bois et des fauteuils accroupis.
Le fumoir rénove l'emploi byzantin des
marbres et des mosaïques, de larges plaques
accordent leurs veines et leurs grisailles, de
petits cubes d'or s'essaiment en fumées dans
une voûte à pans coupés. Des tubes d'opaline,
suspendus en pendeloques à des chaînettes,
contiennent des ampoules électriques. Il n'est
pas jusqu'au bureau de poste et télégraphe
dont la décoration ne soit un rappel de goût
et de vivacité.
Quel mortel fortuné peut composer ainsi sa
maison ? Pas tous. Cependant il n'est pas
d'inspiration, si luxueuse soit-elle, qui ne
puisse s'adapter aux bourses modestes. Et
songez que c'est un moyen de joie et de santé
de varier le décor où se meuvent nos jours.
Les peintres vénitiens
La galerie, occupée par les salles de la
Presse, que je viens de décrire sommairement,
et comme nous n'en eûmes jamais aux rives
de la Seine, borde le canal Santa-Elena et
grèpie aux pefftttrreœ et sculptures.
Dans ces étalages cosmopolites, les natio-
naux se sont quand même réservés certains
coins, ai-je dit. La salle N est uniquement vé-
nitienne et la salle 0, piémontaise.
- Je n'ai ni l'espace ni le loisir de relater toile
à toile tout ce qui attire nos regards, parmi
ces noms qui ne vous rappelleraient rien. Il y.
a de nombreux portraits, mais, aussi, et cela
n'a rien qui puisse surprendre, des pages à la
gloire du Lion ailé, « qui avait assis son trône
au milieu de ces cent îles », comme le chante
lyriquement lord Byron. Escorté de gondoles
sveltes, au claquement des bannières de soie,
le Bucentaure, maître de la Méditerranée, cin-
gle pour ses trois royaumes de Chypre, de
Candie et de Négrepont. D'autres scènes mon-
trent le Rialto, ses orfèvres, le grand canal et
ses régates, le fameux Pont des Soupirs « en-
tre un palais et une prison ». Et c'est tou-
jours. encore et toujours, ces évocations de
lumière, d'histoire orgueilleuse, d'arrogance
et de servitude.
Envois. de nos amis
La salle P est consacrée au Portrait mo-
derne. Nos amis y triomphent, Jacques Blan-
che, Besnard, La Gandara, Dagnan-Bouveret,
avec l'œuvre des dernières années, MM. Caro-
lus-Duran et John Sargent avec Mme Feydeau
et ses enfants, et ces jolies Demoiselles Hunter
qui figuraient à notre dernier Grand-Palais. Le
Salon Central contient les femmes encapuchon-
nées de noir, de M. Charles Cottet, Office du
soir en Bretagne; une Bucolique, de M. Henri
Martin; la Demoiselle d'honneur, de M. Raf-
"ftSRff, «rdetix toilog de- M. L~towtte, io ~o M/!wr
et la Mort du Fatine. Dans la salle D sont
réunies une quinzaine des superbes études de
mœurs de M. Zuloaga, et c'est bien un des
principaux attraits de cette longue promenade,
Dansda salle E, Le Cidre, de M. Brangwyn,
prestigieux coloriste : un pressoir, à la barro
duquel tirent les travailleurs, des enfants nus
dans les fruits, un joueur de fifre, poudroyants,
chatoyants, vibrants.
; La salie F. est une corbeille française, im-
pressionniste selon le terme cher à nos an-
ciens, à coup sûr des plus odorantes, avec Re-
noir, Pissaro, Claude Monet, Sisley. Voiei en-
core Raffaelli, trois tableaux d'Alfred Roll, un
paneau entier de Jacques Blanche. La salle G
garde MM. Lévy-Dhurmer, Lucien Simon,
Jean Veber; la salle 1, M. René Ménard.
La sculpture, assurément moins saisissante,
et do moindre tenue, nous avait cependant ar-
rêté déjà avec un groupe de femmes, Douleur
maternelle, de M. Charlier, un Printemps de
M. Jacques Froment-Meurice, deux figures de
M. Constantin Meunier. Enfin, voici dans la
salle L, à laquelle on a donné le nom de Tri-
bune Internationale, et qui semble plus parti-
culièrement réservée à la sculpture, les mou-
lages de Rodin, pris dans la Porte de l'Enfer.
C'est bien le commentaire le plus surhumain
qui ait encore été fait du poème dantesque, et
cela seul vaudrait le voyage à Venise.
LÉON RIOTOR.
Voi à la 3° page
les Dernières Dépêches
SUR UN BANC DE SQUARE
Le vent faisait tournoyer les feuilles roussie'
des arbres, les roulait quelques instants dans*
les allées du square et venait les entasser au-
tour du banc où je me trouvais assis près d'un
vieil ouvrier aux traits rudes mais intelligente
presque mélancoliques et cependant gouail-
leurs. Mon voisin lisait un journal républicain.
Soudain, il se tourna vers moi.
— Bon 1 dit-il, encore un curé qu'on vieM
d'arrêter pour avoir fait des « cochonneries».
— Vous me dites cela d'un ton presque fâ-
ché?
— Je vais vous expliquer : on a bien fait
d'arrêter ce curé, mais ce qui me contrarie,
c'est tout le boniment que le journal fait à 03
propos. Des « dégoûlants », parbleu, il y en a
dans tous les mondes! Est-ce uniquement
parce qu'un curé a violé des fillettes que nous
devons être anticléricaux? Alors, si un insti-
tuteur laïque commet le même crime, nous
devons tous, le lendemain, être anti-laïques ?
Insister ainsi, tout le temps, sur les igno-
minies do certains prêtres, n'est ce pas nou i
faire entendre que les curés seraient accepta-
bles s'ils avaient de bonnes mœurs ?
Hé! bien, à mon avis, là est la grande
erreur. Je vous dis cela en vieux républicai i
que je suis, ayant pas mal « roulé ma bosse V
et ayant acquis de l'expérience, je vous as-
sure.
Par exemple, en rentrant à la maison, i ù
vais montrer l'article du journal à ma femme.
D'avance je connais la réponse : « Hé! bien,
oui, voilà encore un mauvais curé; mais touîj
ne sont pas ainsi, il y en a de bons 1 »
Hé ! non, il n'y en a pas de bons, il n'y en V
pas un seul qui puisse être bon s'il est prêtre con-
vaincu. Dans la vie privée, ils peuvent con-
server certaines qualités naturelles que leur
.religion n'est pas parvenue à étouffermai9
en temps que prêtres ils sont tous exécrables
parce que leur enssignement est exécrable.
Mon interlocuteur s'était animé peu à peu,
bien que sa voix n'eût pris aucun ton décla-
matoire. Ce n'était point un orateur habituel
de réunions publiques — c'était bien, simple.
ment, comme je l'avais pensé, un brave homm
qui émettait toutbonnement une opinion qu'il
croyait juste.
Du reste, il s'était vite ressaisi. Les plis
gouailleurs s'accentuèrent autour de sa bou-
che, et il reprit :
— Si j'avais vu et connu le journaliste qui
a écrit l'article contre le curé, je lui aurais
dit : « Oui, signalez-nous rapidement les tur
pitudes de ce prêtre isolé — mais, surtout,
faites bien ressortir que si les autres ne souil.
lent pas corporellement nos enfants, ils vio
lent leur cerveau, ils violent leur esprit, ilî*
violent leur cœur et que cela suffit pour les"
repousser tous avec la même indignation. *
Ce sont ces idées me semble-t-il, qu'il fau
drait développer et répandre. Mais, voilà
moi, je n'ai que ma petite « jugeotte », je ne
sais pas écrire.
Et mon voisin se replongea dans la lectur )
de son journal, pendant que les feuilles mor
tes continuaient à tournoyer autour de notrd
banc.
G. de VORNEY.
Les dépenses des touristes en Suissu
IDe notre correspondant particulier)
Zurich, 6 octobre.
M. Freuler, le statisticien bien connu, vient
n'adresser au gouvernement fédéral un rap-
port sur les résultats économiques du mouve-
ment des étrangers en Suisse. Il en ressort qus
'is touristes étrangers dépensent, bon an mal
u, 60 millions dans les hôtels et les pensions ;
Ù1 millions en billets de chemin de fer, voitu-
les et bateaux à vapeur. Le nombre des per',
sannes occupéos au service des hôtels et des
psnsions se monte au chiffre de 35.000. Le to-
tal des pourboires que les étrangers leur dis-
tribuent atteint par année la somme respecta
blç de quatre millions de francs.
LE ROI D'ITALIE A PARIS
Le voyage des souverains. - Le pro-
giamme officiel définitif. - L'arri-
vée à Paris. - A Versailles et à
Rambouillet. - Réceptions, di-
ners et fêtes. - Les rues de
Paris. — Décorations et illu-
minations.
Le Président de la République vient déter-
miner l'examen des projets qui ont été dressés
par la direction du protocole, pour le séjour
du roi et de la reine d'Italie à Paris. Voici le
programme des fêtes, désormais complet et dé-
finitif. On remarquera que la visite projetée à.
l'Hôtel des Invalides n'aura pas lieu; le retour
de Versailles s'effectuera en chemin de fer, et
non, à cause de la saison, en voiture.
Mercredi 14 octobre
9 h. 30 matin. — Arrivée des souverains à Dijon.
Réception officielle à la gare. Le roi et la roi ne se-
ront salués par : le préfet de la Côte-d'Or ; le maire
de Dijon ; le général commandant le 8e corps d'ar-
mée ; le premier président de la cour d'appel ; le
procureur général : les généraux de la division ; le
recteur de l'Université ; le président du tribunal
civil ; le procureur de la République : le président
du tribunal de commerce ; le président de la cham-"
bre de commerce (grande tenue). Les présentations
seront faites par le préfet.
Les personnes désignées pour être attachées aux
.souverains pendant leur séjour en France viendront
se mettre à leurs ordres.
Seront également présentés aux souverains : lej.
président du conseil d'administration, le directeur
et les hauts fonctionnaires de la Compagnie
-É»' in'E,- TWHW4t JDijoa-pow - F—avoir -la* souve-
rains.
9 h. 45 matin. — Départ de Dijon.
3 h. 30. — Arrivée à Paris (station de l'avenue
du Bois-de-Boulognc).
Les souverains seront reçus sur le quai de la
gare par : le Président de la République ; les pré-
sidents du Sénat, de la Chambre, du conseil des
ministres, les ministres et le sous-secrétaire d'Etat;
le grand-chancelier de la Légion d'honneur ; le gé
néral gouverneur militaire de Paris ; les préfets de
la Seine et de Police;. les présidents du conseil
municipal et du conseil général (grande tenue). Le
Président de la République présentera aux souve-
rains les autorités présentes, ainsi que le président
du conseil d'administration, le directeur et les
hauts fonctionnaires de la Compagnie d3 l'Ouest.
Mme Loubet se trouvera également à la gare pour
recevoir les souverains. Le Président de ta Répu-
: blique et Mme Loubet conduiront les souverains
-au palais 'des,Atiaires étrangères. Le président du
conseil ot le ministre des Affaires. étrangères ac-
compagneront également les souverains.
5 h. — Les souverains rendront visite au Prési- ,
: deI\.! de la République et à Mme Loubet au Palais
de l'Elysée.
5 h. 1[2. - Le roi ira déposer sa carte chez le-
président du Sénat et chez le président de la-
Chambre.
7 h. 30. — Dîner au Palais de l'Elysée (grande
tenue).
Jeudi 15 octobre.
9 h. 40 matin. — Le Président de la République
et Mme Loubet iront chercher les souverains au
palais des Affaires étrangères pour aller à Versail-
; les. (Tenue : redingote, et pour les officiers tenue
: de jour.)
9 h. 50. — Départ par la gare des Invalides.
■ 10 h. lo. — Arrivée à Versailles. Le préfet de
1 Seine-et Oise, le général commandant le départe-
ment de Seine-et-Oise, le maire do Versailles se
trouveront à la gare pour saluer les souverains.
10 h. 30. — Arrivée au palais, visite du musée.
Midi. — Déjeuner au palais.
2 h. — Promenade en voiture dans le parc, gran-
des eaux, visite de Trianon
4 h. 4p. — Retour en chemin de fer.
a h. 10. — Arrivée à Paris, gare des Invalides.
7 h. — Les souverains dîneront dans leurs ap-
partements au palais des Affaires étrangères.
8 h. 112. — La Président de la République et
Mme Loubet viendront chercher les souverains au
palais des affaires étrangères pour les conduire à
la représentation de gala donnée en leur honneur
à l'Académie nationale de musique(graude tenue).
Vendredi 16 octobre
10 h. matin. - Le Président de la République
et Mme Loubet viendront prendre les souverains
au palais des Affaires étrangères pour faire une
promenade dans Paris (tenue: redingote, et pour
les officiers, tenue de jour).
10 h. 10. — Visite de l'Hôtel des Monnaies.
11 h. — Réception à l'Hôtel de Ville.
Midi, —Retour au palais des Affaires étrangères
7 h. 112. — Dîner donné en l'honneur des sou-
verains par le ministre des Affaires étrangères et
Mme Delcassé (grande tenue).
Samedi il octobre
9 h. 20 matin. — Le Président viendra chercher
le roi pour "llcr chasser à Rambouillet.
9 h. 30. — Départ par la gare des Invalides.
10 h. 15. — Arrivée à Rambouillet.
11 h. — Déjeuner au château.
4 h. 55. — Départ de Rambouillet.
5 h. 45. — Arrivée à Paris, gare des Invalides.
7 h. 1[2. — Dîner intime au Palais de l'Elysée
(tenue : l'habit sans grand-cordon. — Pour les of-
ficiers : tenue de jour). Pendant que le roi chas-
sera à Rambouillet, la reine déjeunera à midi au
Palais de l'Elysée. A 2 h., elle visitera le Musée du
LOuvre.
Dimanche 18 octobre
8 h. 50 matin. — Le Président de la République
et Mme Loubet viendront prendre les souverains
pour se rendre à la revue.
10 heures. — Revue.
Midi 112. — Retour au palais des Affaires étran-.'
gères.
1 h. 114. — Déjeuner militaire au palais de
l'Elysée.
3 h. 20. — Départ des souverains du palais de
l'Elysée. Le Président de la République et Mme
Loubet accompagneront les souverains à la gare.
Les présidents du Sénat, de la Chambre, du con-
seil des ministres ; les ministres et le sous-secré-
taire d'Etat; le grand-chancelier de la Légion
d'honneur ; le général gouverneur militaire de
Paris ; les préfets de la Seine et de Police ; les pré-
sidents du conseil municipal et du conseil général,
viendront saluer les souverains à leur départ.
Les personnes attachées aux , souverains les ac-
compagneront jusqu'à la frontière.
Les personnes qui accompagnent le roi d'Italie
sont : le vice-amiral Morin, ministre des Affaires
étrangères; le lieutenant de vaisseau Heukens-
feldt-Slaghek, aide de camp du vice-amiral Mo-
rin; le lieutenant-général Ponzo-Vaglia, ministre
de la Maison royale ; le comte Glanotti, préfet du
Palais; le lieutenant-général Brusati. premier
aide de camp général ; le contre-amiral de Libero
aide de camp général ; le capitaine de corvette
> comte Leonardi di Casalino y Pismengo, aide de
camp : le major Uboldi de Capéi, aide do camp ;
le comte Brusehi Fulgari, maître des cérémonies;
le docteur Quirico, médecin du roi.
Les personnes qui accompagneront la reine d I-
talie sont : la duchesse d'Ascoli, dame de la cour :
la comtesse Guicciardini, dame 4e la cour ; le due
d'Ascoli, gentilhomme de la cour; le comte Guic-
ciardini, gentilhomme de la cour.
Lest fonctibnnaires du ministère de la maison
royale qui accompagneront les souverains sont :
MM. F. Comotto, directeur-chef de la 1" division ;
J. Bosisio, directeur-chef du service télégraphique
privé ; le comte Giannuzzi, chef de section en fonc-
tion de directeur des voyages ; C. Zanotti, secré
taire.
L'amiral Morin, le lieutenant général Ponzo-
Vaglia, le comte Gianotti, le lieutenant général
Brusati, le docteur Quirico, la duchesse d'Ascoli,
la comtesse Guicciardini, MM. F. Comotto et J.
Bosisio descendront au palais des Affaires étran-
gères.
Seront attachés à la personne des souverains
pendant leur séjour en France :
Le général de division Dalstein, commandant le
6e corps d'armée; le vice-amiral Mallarmé; préfet
maritime à Brestj le capitaine de vaisseau Davin,
attaché naval à l'ambassade de la République à'
Romey le chef de bataillon Fraysso,. officier d'or-
donnance du Président do la République ; le chef
de bataillon de Saint-James, attaché militaire à
l'ambassade de la République à Rome.
Enfin, M. C. Piccioni, secrétaire d'ambassade de
lrt clussc, cbcfdo cabinet du ministre des Affaires
étrangères, seta. attaché à la personne du vice-
amiral ,., - — -. -
La décoration de Paris
On s'apprête à recevoir dignement les sou;,
verains italiens à Paris.
De tous côtés des comités se sont constitués,
dont le but est la décoration des rues de Paris.
Nous avons déjà parlé, (ns jours derniers, du
comité de l'avenue de l'Opéra, qui a à sa têt&
M. Sineux, de celui des Grands Boulevards,que
préside M. Marguery.
Au faubourg Saint-Honoré, un autre oomité
est piésidé par M. E. Aublanc, joaillier-orfè-
vre. M. Aublanc nous écrit que le comité qu'il
a formé a décidé de pavoiser, depuis la rue
Royale jusqu'à la place Beau veau. Tout le long
du faubo.urg, des mâts se dresseront, reliés par
des guirlandes de fleurs lumineuses. Entre les
mâts, figureront les armes d'Italie surmontées
de la couronne royale. Ce sera Su plus joli
effet.
Boulevard Voltaire, un comité s'est formé,
qui s'occupe des dispositions à prendre pour
illuminer et pavoiser. On sait que lo cortège
traversera cette voie centrale, en revenant de
la revue de Vincennes.
Les Parisiennes et la reine
La Ligue franco-italienne a décidé de con-
vier les Parisiennes à offrir à la reine Hélèn9
une adresse gravée sur parchemin et un bou-
quet de perce-neige ot de myosotis, fleurs pré-
férées de la souveraine ; les souscriptions sont
reçues chez le secrétaire de la Ligue.
Au théâtre Sarah-Bernhardt
-.Le soirde l'arrivée.du roi et de la reine d'I-
talie, M. de Max, Mlles Moreno et Dufrène di-
ront, entre les 3' et 4' actes de la Légende du
Cœur, un à-propos en vers de M. Jean Aicard.
Les trois personnages de ce poème sont l'Italie,
la France et le Messager.
Il est fort probable que cette poésie sera dite
également à la réception de l'Hôtel de Ville.
FAILLITE ?
Les journatfx réactionnaires et modérés se
sont attaché ces temps-ci à démontrer que le
parti radical faisait une fois de plus faillite à
ses engagements. J'ai lu ces démonstrations
sans trop d'étonnements : Les apparences son?
en effet contre nU8 et les Cassagnac, les. Ro-
chefort, les Drumont, les Berthoulat ont beau
jeu. A la suite des dernières élections législa-
tives le pays a envoyé à la Chambre une ma-
jorité radicale et radicale-socialiste, an bloc
dont le gouvernement est, en quelque sorte,
l'émanation.
Cette majorité avait promis aux électeurs do
réaliser un programme bien défini dont les
éléments principaux étaient : séparation des
j Eglises et de l'Etat, dénonciation du Concor-
dat, laïcité de l'enseignement à tous les degrés,
service de deux ans, retraites ouvrières, dimi-
nution des frais do justice,impôt sur le revenu;
voilà autant de réformes promises dont il n'a
été jusqu'à présent question que dans quelques
discours d'apparat.
Rien n'a été fait, et en ce sens les réaction-
naires ont raison de dire que les radicaux oni
fait faillite. Mais à qui la faute ? Est-ce que,
nos amis de la Chambre et du Sénat doiven:
porter le lourd poids d'un responsabilité qui
incombe au gouvernement seul et particulière-
ment au président du conseil? Est-ce qu'ils ni
se seraient pas tous levés pour voter l'une oc
l'autre des lois qu'ils se sont engagés d'hon-
neur à faire; aboutir ? Mais M. Combes n'
songé à demander à aucune des deux assem-
blées la réalisation de progrès qu'il n'a paf
-- oublié pourtant dans sa déclaration ministé-,
rielle.
Bien plus, il a demandé à la Chambre de
voter le buJget des cultes, et si dans quelque
banquet, à quelque inauguration il a pensé à
parler de la séparation des Eglises et de l'E-
t.it, il est clair qu'il considère cette mesure
comme un jouet dont il est bon de menacet
do temps en temps le clergé récalcitrant.
Le général André, ministre de la guerre, pa-
rait plus soucieux de conduire la République
à la messe en grand uniforme et de discouri?
plus ou moins utilement à tous propos qu'à
consacrer tous ses efforts à hâter la discussion
du projet relatif au service de deux ans.
Le garde des sceaux, à qui incombait la tâ.
che de diminuer les frais de justice, a mis sa
signature au bas d'un décret dont l'unique
effet est de les surélever, ceci n'est plus à
prouver après l'admirable démonstration qu'en
a fait notre ami Charles Bos.
Les retraites ouvrières. on n'y pense plu!f.
L'impôt progressif sur le revenu, on le recon-
naîtrait à peine dans le projet très étudié et
très scrupuleux pourtant qui, grâce à l'activité
de M. Kouvier est sorti des conseils du gou-
vernement.
Quand on fait cette récapitutation, on trépi-
gna d'impatience. Insister serait cruel. Voilà le
bilan de la politique gouvernementale. Voilà
pourquoi il est inexact de dire que le parti ra-
dical a fait faillite, quand c'est le cabinet seul
qui doit être accusé.
Il est intéressant de préciser tous ces points
au moment même où le Parti républicain va
tenir à Marseille ses assises solennelles. Que
dira M. Combes pour justifier son inertie ?
Dira-t'il, reprenant la vieille formule opportu-
niste que nous combattîmes jadis que les ré-
formes en question ne sont pas mûres, qu'il
faut les réserver, pour plus tard, que la cham-
bre, en dépit des apparences n'est pas décidée
à les voter?
Si c'est vrai, c'est malheureux pour le pays,
si c'est faux, c'est bien triste pour le président
du conseil. Quoi qu'il en soit, il doit sortir du
Congrès de Marseille des indications précises,
et espérons-le, une orientation nouvelle de la
politique ministérielle. — Léonce Armbrmter.
L'INSURRECTION EN MACÉDOINE
Les notes identiques
Londres, 6 octobre.
Une dépêche en date de Solia, 5 octobre, at
Times, annonce qu'une copie des instructions
envoyées par le comto Lamsdorf à l'ambassa-
deur de Russie à Constantinople, a été remise
aujourd'hui au général Pélroff. Le texte eiat
identique à celui que le comte Goluchowsky a
adressé au baron do Calice et qui a été publié
hier soir à Vienne.
Les ministres de Russie et d'Autriche ont
reçu l'ordre d'adresser, en remettant ces docu-
ments, de très sérieuses représentations ac
gouvernement bulgare et do l'informer que,
s'il ne contribue pas loyalement à l'œuvre de
pacification, il s'exposera aux désastres lee
plus cruels.
Le pape et la Macédoine
Sofia, 6 octobre.
On annonce que l'archevêque catholiquo de
Philippopoli a envoyé au pape un long rapport
sur la situation à Andrinople et en Macédoina
lui demandant d'intervenir pour mettro fil
aux atrocités et aux massacres.
Nouvelles de source turque
L'ambassade ottomane communique la dépêchi
suivante :
Constantinople, 6 octobre.
Les troupes ottomanes ont eu deux rencon-
tres avec les insurgés bulgares à Razlik et à
Timour Hissar (Monastir). Cinquante-six in
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