Titre : Le XIXe siècle : journal quotidien politique et littéraire / directeur-rédacteur en chef : Gustave Chadeuil
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1903-10-02
Contributeur : Chadeuil, Gustave (1821-1896). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
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Description : 02 octobre 1903 02 octobre 1903
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Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-199
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 20/06/2013
C.-.1reQ CENTIMES le .1 PAP'1.s a DÉPARTEMENTS ., >11
CINQ OE3NTTÏ3VEES le Nerd;" 'PARIS & DÉPARTEMENTS , *Liô Numero .CINQ CENTIMES 11'
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No 12257. — Vendredi 2 Octobre 1903
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ADMINISTRATION ; 14, rue dit Mail
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NOS LEADERS
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Ll Frt a®
', On sait que la loi de 1884 sur les
syndicats professionnels n'a pas trouvé
dans les campagnes une application
identique à celle qu'on lui a donnée
dans les villes. Les travailleurs des
cités industrielles se sont servis des
syndicats pour contrebalancer par la
force du nombre la puissance de l'ex-
ploitation capitaliste. Les ouvriers des
campagnes ont peu suivi ce mouve-
ment. La loi de 1884 a surtout favorisé
dans les régions agricoles des groupe-
ments de petits propriétaires qui ten-
dent, du reste, à devenir de plus en
plus prospères. -
Ce serait cependant une erreur de
croire que toutes les catégories de pay-
sans restent hostiles à des formations
syndicales semblables à celles qui se
centralisent dans les Bourses du Tra-
vail de nos villes.
***
A ce propos, M. L.-H. Roblin, nous
signale dans un livre documenté (1) les
intéressantes tentatives des bûcherons
du Cher et de la Nièvre. Ces tentatives
ont été en quelque- sorte spontanées.
Les ouvriers dont il s'agit ont, en gé-
néral, une instruction et une éduca-
tion professionnelles peu développées.
L école laïque, du reste, n'a point en-
core accompli entièrement son œuvre
dans les régions forestières du Cher et
de la Nièvre.Parmi les plus âgés,nom-
breux sont les illettrés.
Bailleur.s, ,M. Roblin nous explique
que les ouvriers de la forêt sont au
: nombre des moins spécialisés. Un
tpvailleur vigoureux et habile peut
faire un bûcheron en quelques jours.
C'est-à-dire qu'il saura se servir de
la cognée et de la serpette, qu'il saura
aussi écorcer l'arbre abattu.
Dans ces conditions, il semblerait
que le danger,, pour les bûcherons, fut
surtout dans la concurrence des tra-
vailleurs nomades qui peuvent venir,
du Morvan, par exemple, louer leurs
services dans le Berry. Ne le croyez
pas. Les Morvandeaux accourrent en
foule dans la Nièvre et dans le Cher à
l'époque de la moisson des céréales.
Ils ne songent pas à offrir leurs ser-
vices aux propriétaires de la forêt.
C'est qu'il n'y a guère de tâche plus
mal rémunérée et plus aléatoire que
celle du bûcheron. Les côupes se font
à une époque de l'année où les jour-
nées sont courtes. Voilà déjà une rai-
son pour que le salaire quotidien soit
peu élevé. Même avec les progrès réa-
lisés grâce aux syndicats, les bûche-
rons gagnent à peine, en moyenne,
deux francs par jour. Les* pauvres gens
ne couvriraient pas leurs frais s'ils
étaient obligés de se nourrir ailleurs
que dans leurs familles. Pour ne pas
raccourcir encore leur journée par des
allées et venues, ils doivent demeurer
dans un rayon de huit à dix kilomè-
tres au plus du lieu de leur travail.
Aussi le bûcheron exerce-t-il d'or-
dinaire une autre profession que celle
qui l'amène dans la forêt. L'abattage
des arbres est pour lui une source de
bénéfice qu'il accepte avec plaisir quand
elle se présente, mais dont il peut se
passer au besoin,
Le développement de syndicats ou-
vriers dans une population très dissé-
minée et employée dans une industrie
dont la forme est si « anarchique », a
quelque chose d'inattendu. Quelles sont
les origines d'un phénomène écono-
mique que tout le monde s'accorde à
trouver surprenant ? M. Roblin donne
du fait une explication bien curieuse :
ce seraient, suivant lui, les agitateurs
de la réaction boulangiste qui auraient
involontairement conduit les bûche-
rons du Cher et de la Nièvre au socia-
lisme. De 1887 à 1889, ils ont repro-
ché aux électeurs des deux départe-
ments la misère à laquelle ils étaient
tii proie, les assurant que le gouver-
nement était la cause de leurs maux.
Cet enseignement n'a pas été perdu :
mais le bon sens des ouvriers a éli-
miné du raisonnement des boulangis-
ies ce qu'il avait d'excessif et de faux ;
et les bûcherons du Cher et de la Niè-
vre sont maintenant, en immense ma-
jorité, radicaux-socialistes ou socialis-
tes. Sans accuser la République des
torts de la ploutocratie, ils demandent
au Parlement d'opérer les réformes so-
ciales qui finiront par améliorer de fa-
çon sensible le sort du plus grand
Nombre.
***
: On comprend donc aisément que
les travailleurs de la forêt soient so-
ciaJistes. De là à être syndicalistes, il
n'y a qu'un pas. Les entrepreneurs,
par leurs maladresses, ont déterminé
les bûcherons à faire ce pas.
: Quand la propagande socialiste com-
mença à pénétrer dans le pays, les en-
tropreneurs eurent la fâcheuse idée de
vouloir exclure des chantiers ceux
- qu'ils appelaient les « meneurs »,
! (1) les bûcherons dit Cher et de la Nièvre, leurs
tyndiciits, par J.-H. RlJlin, avocat, docteur en
IroIt, aux éditions du Mouvement socialiste, 10,
1Ue Monsjeur-Le-Prince.
Or les bûcherons ont, par tradition,
une idée de la liberté du travail abso-
lument particulière. Ils se soulevèrent
contre la prétention patronale qui cho-
quait les usages du pays. Des petits
commerçants qut poussaient leurs
clients endettés à réclamer un supplé-
ment de salaire furent mis à l'index
par les entrepreneurs, et, pour se dé-
fendre, coopérèrent volontiers à l'or-
ganisation syndicale.
Après une période de déclin, les
groupements des bûcherons ont recon-
quis le.ur vigueur première et s'ap-
puient sur les autres syndicats ouvriers
de la région.
Il est à souhaiter que l'exemple de
M. L.-H. Roblin soit suivi et que d'au-
tres écrivains nous [renseignent d'une
façon précise sur les particularités du
mouvement syndical dans chaque dé -
partement.
Ainsi, nous saurons si le phénomèm;
qui s'est produit dans le Cher et dans
la Nièvre est purement local, ou s'il
annonce une évolution dans l'organi-
sation du travail agricole.
Hugues Destrem.
--
LA LOI EN TUNISIE
Un bruit aussitôt démenti que
répandu, c'est celui dont quel-
ques journaux se sont fait hier
les échos, et d'après lequel M.
Pichon serait dans l'intention
de donner sa démission de rési-
dent général en iunisie.
On peut se demander quels motifs au-
raient poussé M. Pichon à quitter le poste
qu'il occupe. Certains journaux nous don-
nent cette raison que M. Pichonétait opposé
à l'application en Tunisie de la loi sur la
congrégation, Or M. Pichon a été comme
journaliste et comme député un membre
très fidèle de l'extrême gauche républi-
caine, et nous ne le voyons pas bien dans
le rôle d'un adversaire de la loi des asso-
ciations ; à supposer même, ce que nous
ne pensons pas, qu'il eut écouté sur ce
point les objections,-- tirées de la situation
particulière de la Tunisie, et des éléments
italiens ou maltais qui l'habitent — des
partis réactionnaires de la régence, M.
Pichon aurait eu bien vite le temps
de se reprendre, puisque nous avons
vu l'un des plus notables opposants,
M. de Carnières, président de la cham-
bre d'agriculture de Tunis, qui s'é-
tait déclaré l'adversaire de l'application des
mesures contre la congrégation, publier
un article où il déclare, lui et ses amis, se
soumettre par respect pour la loi. Si donc
il y a eu en Tunisie, un essai d'objection à
la légalité nouvelle, cet essai n'a pas
abouti et ce n'est certainement pas M. Pi-
chon qui aurait fait le moindre effort pour'
l'encourager, Son passé, sous ce rapport,
n&us tranquillise pleinement.
Il était donc à peine besoin de démentir
la rumeur qui a couru de son intention de
se retirer, La loi sera exécutée en Tunisie
comme partout où ilotte le d'apeau fran-
çais ; il faudra que nos cléricaux prennent
leur parti de cette situation.
— iii^» i
LA SÉPARATION DES EGLISES
ET DE L'ETAT
-
M. Aristide Briand, qui vient de terminer son
rapport sur la séparation des Eglises et de l'Etat,
donne au Temps les renseignements suivants sur
son travail.
Après avoir exposé qu'H s'est inspiré des divers
projets déposés, il continue en ces termes :
"Très sincèrement, je me stlis efforce d'éta-
blir nn avant-projet aussi libéral que j'ai pu.
La liberté de la religion et la liberté des cultes
sont "absolument sauvegardées. J'ai horreur
des brimades contre n'importe qui, et mon
travail n'en comporte pas. J'accorde un trai-
tement égal aux agents de tous les cultes. Les
seules restrictions incluses dans mon avant-
projet visent les abus que les Eglises pour-
raient faire de leur force. On ne saurait me le
reprocher, car notre devoir est d'assurer la
prédominance de l'Etat et jo comprends les
craintes que les Eglises, instruments politi-
pues, inspirent à certains de mes collègues.
Cette réserve votée, mon avant-projet est
absolument libéral. Il permet à toute associa-
tion de se former pour assurer l'entretien et
l'exercice du culte, sans immixtion de l'Etat
dans les questions d'organisation intérieure :
règlement des cérémonies, fixation des ta-
rifs, eto. »
J'ai réglé la question des édifices suivant
une jurisprudence constante du Conseil d'Etat,
qui a toujours attribué la propriété des cathé-
drales, temples et synagogues à l'Etat ou aux
communes, mais j'ai spécifié qu'un droit de
revendication pourrait être exercé par les as-
sociations intéressées pour la possession des
édifices religieux construits depuis le Concor-
dat, à ['aide de libéralités des fidèles, en de-
hors de toute contribution de l'Etat ou des
communes.
Donc, les édifices, propriété communale
ou nationale, seront loués aux associations
constituées d'après la loi. J'en tfais une obliga-
tion aux communes et à l'Etat pendant une
période déterminée. Vous voyez que je ne sors
toujours pas du droit commun pour gêner les
Eglises. Les édifices devront leur être loués et
à des prix plus que raisonnables.
Enfin, je prévois naturellement et juste-
ment des pensions de retraite au profit des mi-
nistres des cultes actuellement salariés par
l'Etat et qui, au moment de la .séparation,
rempliront certaines conditions d'âge — qua
rante-cinq ans - et de durée de fonctions I—
vingt ans. Ces pensions seront proportionnelles
à la durée de la fonction, avec un maximum
qui ne pourra, en aucun cas, être inférieur à
600 francs.
Ajoutez à cela que mon avant-projet édicté
des dispositions relatives au régime nouveau
les inhumations -et vous en aurez une analyse
complète.
LA FILLE DE MOURAD V
(De notre correspondant particulier}
Constantinople, 30 septembre.
La princesse Alix, fille de l'ex-sultan Mou-
rad V et nièce du sultan Abdul Hamid, vient
de mourir à l'âge de 19 ans, à Ydliz-Kjosk. La
princesse était atteinte de phtisie pulmonaire.
Elle ne figure pas dans l'almanach de Gotha,
étant née après la destitution de son père. Le
Sultan régnant ne lui a jamais permis de voir
son père,.
OUEST-IONS
D'ASSISTANCE"'
La revision de la loi de 1838
sur les aliénés
Encore les aliénés alcooliques. — Une
lacune. — Deux vœux. — Les « bu- v-
veurs d'habitude ». - Asiles
spéciaux ou colonies agrico-
les. — A l'étranger. — Un
maximum de mala-
des.—Fixation de
l'internement
Si la loi de 1838 peut, comme nous l'avons
vu dans un précédent article, subir toutes les
transformations qNi. passeront par la tête
des médecins il est inutile de la reviser et d'en
faire une autre, car il est probable que cette
nouvelle loi sera aussi mal observée ou inter-
prêtée que l'ancienne, surtout si on leur laisse
la faculté, comme aujourd'hui, d'en agir avec
autant de désinvolture. -
La nouvelle loi devrait donc combler la fâ-
cheuse lacune qui existait dans la loi de 1838,
Malheureusement elle ne parle des alcooliques
que pour demander pour eux des quartiers
spéciaux au même titre que les épileptiques,
les idiots, les arriérés, etc., sans spécifier si,
étant donné leur état spécial, il ne faudra pas
pour eux une disposition de la loi qui per-
mettra aux médecins de les garder après
la guérison des symptômes aigus de leur ma-
ladie.
La tendance de la majeure partie des méde-
cins étant, comme nous l'avons prouvé, de
garder illégalement des malades que le peu de
sùreté des diagnostics peut faire conserver
indéfiniment à l'asile, il faut coupsr dans le
vif et fixer un maximum de réclusion. J'ajou-
terai que si l'alcoolique est peu intéressant au
point de vue social, ce n'en est pas moins un
individu que l'on ne doit pas, sous prétexte do
délits futurs et partant très problématiques,
retenir arbitrairement dans un lieu d'oll il noi
peut vaquer à ses affaires, ce lieu fut-il un
hôpital. -
Quant aux alcooliques qui se sont rendue
coupables de délits ou d'un crime, l'asile do*
aliénés criminels sera la pour les recevoir,
mais nous le répétons, rien dans la législation..
actuelle n'autorise le médecin aliéniste à reto
nir le malade dès qu'il a reconnu la guérisot
de son délire, et le malade fut-il cent fois cri
minel, le médecin n'a pas le droit de se substi
tuer à la justice et condamner un individu;
qu'elle a reconnu irresponsable.
De tels abus d'hommes, dont le pouvoir,
quand ils parlent au nom de la science, es t
sans bornes, sont absolument intolérables, at
la loi justement doit être faite pour délimiter
ce pouvoir, car rien ne serait plus facile, s'il
en était autrement, de retirer de la société. au
nom de cette science et de manière préventive,
les gens qui pourraient « peut-être » devenir
gênants ou dangereux. Une telle omnipotence
donnée à la science est en contradiction avec
l'évolution sociale : il ne faut pas subordonner
l'homme à la science ; il faut que la science
soit la servante de l'homme et l'aide à faire le
bien, non le mal, et c'est faire le mal que d'en
mésuser. )
A la Société pour l'étude des questions
d'assistance
A la suite du rapport du docteur—Toulouse,
dont nous parlons dans notre dernier article,
la Société internationale pour l'étude diS ques-
tions d'assistance a adopté les deux vœux sui-
vants :
1° Dans les conditions Jôgaies actuelles, il est
désirable que, dans un but de prophyl axie so-
ciale et dans l'intérêt des malades, les aliénés al-
cooliques, puissent, comme cela se fait générale-
ment, être maintenus à l'asile après la disparition
des troubles délirants ayant motivé l'internement
pendant leur convalescence physique ut morale,
étant bien entendu que ce maintien ne puisse
avoir lieu contre le gré des malades.
Ce premier vœu nous semble très platoni-
nique, car il n'y a qu'une loi qui puisse cor-
riger ou amender une autre loi. Je crois avoir
démontré que la loi de 1838 est formelle et ne
permet aucune réserve — ou l'aliéné est guéri
et il doit sortir de suite, ou il n'est pas guéri
et on peut le garder à l'asile, et quoiqu'en dise
M. le docteur Toulouse l'administration n'a
pas à intervenir et n'interviendra pas : son
devoir est de veiller à ce que la loi soit stric-
tement observée et il est probable qu'après les
révélations scandaleuses, monstrueuses mêmes,
apportées par les réponses que l'on a lues dans
mon dernier article elle y apportera toute son
attention et empêchera à l'avenir une sembla-
ble violation qui ne comporte pas d'excuses,
même si les médecins qui la commettent exci-
pent d'une bonne foi, qui pour moi n'est pas
douteuse, et du désir de bien faire.
Les alcooliques inoffensifs et les dan-
gereux -
Voici le texte du deuxième vœu :
Au sujet des conditions légales nouvelles, la So-
ciété émoi le vœu que les aliénés alcooliques ne
présentant plus de troubles délirants puissent être
assistés :
Les alcooliques inoffensifs, — dans les asiles de
convalescence ouverts ou dans des annexes des
asiles actuels ayant les mêmes caractères ;
Les alcooliques dangereux, — dans des asiles
spéciaux fermés ; mais dans ce cas, ils ne pour-
ront être maintenus que lorsqu'ils auront commis
un acte délictueux et en vertu d'une décision ju-
diciaire.
Avec celui-ci, nous n'avons plus les mêmes
restrictions à faire et tout au contraire, nous y
applaudissons des deux mains.
Nous sommes tout à fait d'avis, en effet,qu'il
doit y avoir dans la prochaine loi un article
visant spécialement les aliénés alcooliques qui
dira que les « buveurs d'habitude inoffensifs
devront être retenus, dans une colonie agri-
cole, autant que possible, qui leur sera des-
tinée, à l'exception de -tous autres malades.»
Cet article devra déterminer un maximum
d'internement, sauf recours du médecin trai-
tant, si le malade n'est pas guéri à la limite
prescrite. -
Les alcooliques présumés dangereux, mais
n'ayant pas commis de crimes ou délits, pour-
ront après la disparition des troubles soma-
tiques être retenus un laps de temps plus con-
sidérable, laissé à l'appréciation du médecin-
traitant, cependant et pour éviter des abus
possibles, peut-être pourrait-on limiter égale-
ment ce supplément de soins à un maximum
de six mois qui pourrait être étendu sur le
rapport du médecin.
Quant aux aliénés ayant commis des crimes
ou des actes délictueux, ils seront traités au
même titre que les aliénés criminels dont il est
question à l'article spécial de la loi.
Si nous nous reportons à ce qui se fait ac-
tuellement à l'étranger, nous y voyons que
pour le traitement des alcooliques aussi,, bfôn
qu'en ce qui concerne les" autres moyens Ue
soigner les différentes - formes de l'aliénation
mentale, la France est considérablement en
retard.
Dans le rapport si complet et si intéressant
du D' Sérieux sur l'assistance des. aliénés en
France, en Allemagne, en Italie et en Suisse,
(1) Voir les numéros des 4, 11, 19 et 27 septem-
,, bre 1903.
la question des -buveurs d'habitude est large-
ment traitée, et nous y constatons que tous les
pays visités par M. Sérieux- ont un certain
nombre d'asiles spéciaux où sont soignes les
alcooliques, après la gtiérison des troubles
aigus.
En Suisse
La Suisse, même a fait une loi spéciale, la
loi de Saint-Gall, qui détermine les conditions
dans lesquelles doivent êtres internés les bu-
veurs.
Une des caractéristiques de ces asiles d'al-
cooliques èst le petit nombre de malades soi-
gnés dans un même établissement : aucun n'a
plus de 50 pensionnaires.
D'après M. le professeur Forel, les buveurs
ne peuvent pas être soignés en bloc, il y a là
une œuvre de thérapeutique psychique qui se-
rait impossible avec un grand nombre de su-
jetset il limite à 50 et môme 40 le chiffre de
malades soumis aux soins d'un seul médecin.
Ne pourrait-on s'inspirer, dans la prochaine
loi, des indications si précieuses contenues
dans le rapport do M. Sérieux, surtout en ce
qui concerne les asiles ou les-colonies a créer
pour les alcooliques en profitant pour les eîTïé-
liorer encore des observations qu'une pratique
journalière peut suggérer.
Ce serait je pense le meilleur moyen d'évi-
ter ces internements arbitraires que nous re-
prochons actuellement aux médecins.
Pour nous résumer, nous demanderons donc:
Qu'il soit spécifié dans la loi que des asiles
ou des colonies spécialement affectés aux al-
cooliques guéris de leurs accès aigus seront
créés ; ,
Qu'il soit fixé pour les ..services médicaux
an chitIrcmaxiroum de malades ; -
Que la loi fixe un temps maximum d'inter-
nement pour les « buveurs d'habitude », maxi-
mum qui pourra être, après visite do deux
médecins et rapport circonstancié, augmenté
dans des limites, qui ne devront pas dépasser
le quart du temps maximum ; cette mesure
étant renouvelable dans les mêmes condi-
tions. -
(a suivre) EMILE MAHÉ.
Voir à la 39 page
les Dernières Dépêches
de la nuit
et la Revue des Journaux
du matin
TOASTS IMPERIAUX -
Le Tzar et l'empereur d'Autriche ont échangé
hier des toasts dont on trouvera plus loin le
texte.
/Ï1 n'est question, dans ces deux courtes al-
locutions, que de « la grande œuvre pacifica-
trices, dont les deux souverains se sont char-
gés en Macédoine, et le soin qu'ils ont pris de
ne faire allusion qu'à cette œuvre, indique
assez l'importance qu'ils attachent à l'aiifrma-
tion de leur entente complète sur ce point spé-
cial de leur politique extérieure.
Il reste donc acquis que la Russie et l'Au-
triche sont entièrement d'accord sur la ques-
tion do la Macédoine. D'autres gouvernements
ont déclaré dernièrement que la Russie et l'Au-
triche étaient, dans la circonstance, chargées
d'une sorte de mandat de l'Europe..
Il semble, en conséquence, quo l'action des
cabinets de Saint-Pétersbourg et de Vienne
devrait, puisqu'elle est avouée par tout le
monde, être toute puissante à Constantinople,
comme à Sofia. Il est un peu surprenant qu'il
n'en soit pas tout à fait ainsi, et que ceux qui
sont, — nous l'apprenons une fois de plus —
les porte-parole de l'Europe, aient tant de
peine à se faire écouter sur le Bosphore. Car,
jusqu'à présent, il semble bien que l'on se soit
borné, — entre deux massacres — à leur ré-
pondre par des politesses.
Il se faut pas jouer avec le feu
(De notre correspondant particulier)
Berlin, 30 septembre.
A l'occasion de l'arrivée prochaine des re-
crues au régiment, les officiers ont enjoint aux
sous-ofliciers instructeurs, d'éviter tout con-
tact matériel avec les recrues. En inspectant
la tenue des hommes, les instructeurs ne doi-
vent pas eux-mêmes remettre le casque mal
placé, ni ajuster les plis mal formés. Les com-
mandements doivent être prononcés à une dis-
tance de cinq pas de l'homme. De cette ma-
nière on évitera que le sous officier ou sergent
se laisse entraîner à un geste irréfléchi. En
général il est interdit de frapper les soldats et
même de les insulter par de gros mots. On dit
aussi que l'empereur adressera aux chefs un
ordre du jour spécial concernant les mauvais
traitements dans l'armée., naturellement.
—— S
UN PROJET DE MARIAGE PRINCIER
ïDe notre correspondant particulier)
Copenhague, 30 septembre.
On attache une grande importance dans les
cercles de la Cour, à la visite de la reine-mère
d'Italie. La reine Marguerite avait une mission
spéciale, plutôt d'ordre privé que d'ordre poli-
tique, mais qui n'en intéressait pas moins la
diplomatie.
Il s'agit du projet de mariage d'une prin
cesse danoise avec un jeune prince de la mai
son de Savoie. La cour de Russie serait parti-
culièrement favorable a une pareille alliance.
.h.
Da pédicure, général de brigade
(De notre correspondant particulier)
Saint-Pétersbourg, 30 septembre
Parmi la suite nombreuse qui accompag ne
le Tsar Nicolas Il pendant son voyage à
Vienne et à Rome, se trouve un haut digni-
taire d'un caractère tout à fait spécial et, .Iis-
;cret. C'est M. Korowin, pédicure particulier du
i tsar. Ce praticien a le grade de général do bri-
gade sans avoir, pour cela, jamais fait de ser-
vice militaire. Quand il est en tenue, les trou-
ves lui présentent les armes. A ce propos il
: convient de signaler une nouvelle mesura Sur
l'ordre du Tsar on changera les uniformes des
généraux. Ceux qui n'ont du général que le
.titre n'auront plus de graines d'épinards.
L'INCIDENT DE MONZIE-G. TÉRY
M. Gustave Téry, qui était professeur de
philosophie au lycée de Laval, vient d'être at-
taché au lycée de Roanne.
Il proteste dans une lettre adressée au mi-
nistre do l'Instruction publique et dont voici le
pasftige essentiel :
Il me suffirait, monsieur le ministre, d'affirmer
à nouveau mon droit de titulaire sur la chaire de
Laval, et d'en appeler au Conseil supérieur de
l'instruction publique.
Mais, si j'en juge par les termes mêmes dont se
sert M. de Monzie, il ne s'agit apparemment que
d'une gracieuse proposition. S'il en est ainsi, per-
mettez-moi de ne la point accepter, et trouvez ici,
avec mes remerciements les plus sincères, l'exprûs-
sion de tout te respect que je dc4s au ministre de
l'instruction publique.
L'INSURRECTION --- l,
EN MACEDOINE
Un meeting à Londres
Londres, 30 septembre.
Un grand meeting public a eu lieu ce soir à
Saint-James-Hall, à Londres.
Il a adopté des résolutions déclarant : lapref-
mière, que la mauvaise administration de la
Macédoine et l'échçc de toutes les tentatives
pour introduire des réformes sous le contrôle
de la Turquie rendent nécessaire la cessation
du gouvernement direct des provinces macédo-
niennes par le Sultan ; la seconde, que le traité
de Berlin oblige l'Angleterre à prendre des me-
sures pour arrêter le massacre des non-combat-
tants et la dévastation du territoire, et à insis-
ter auprès des autres signataires du traité sur
les avantages de la politique préconisée dans
la première résolution ; la troisième, déclarant
que des secours urgents sont nécessaires pour
empêcher la famine et demandant aux Comi-
tès des Balkans de faire face aux maux actuels.
Parmi les orateurs et parmi l'assistance on
remarquait des représentants de tous les partis
politiques et de toutesles croyances religieuses.
Réclamations anglaises
Constantinople, 29 septembre.
(Source anglaise).
L'ambassadeur d'Angleterre s'est plaint à
nouveau, hier, des excès commis par les trou-
pes et les bachibouzouks dans les villayets de
Roumélié, et a insisté sur l'adoption de mesu-
res pour mettre immédiatement un terme à
cet état de choses. V
Le grand vizir a répondu que les excès com-
mis par les troupes régulières ont été grande-
ment exagérés, que des tribunaux militaires
seraient établis dans les trois vilayets pour ju-
ger et condamner les officiers et les soldats
coupables.
L'amhassadeur d'Angleterre a, de nouveau,
fait ressortir l'insuffisance du plan de réfor-
mes austro-russe. Il est le seul des représen-
tants des puissances qui ait fait cette réserve.
* L'àttitudé de la Bulgarie ,
Sofia, 30 septembre.
Uns députation de la colonie macédonienne
de Sofia s'est présentée au général Pétroff, pré-
sident du conseil des ministres, afin de lui de-
mander quelle est actuellement et quelle sera
dans l'avenir l'attitude du gouvernement bul-
gare en ce qui concerne la question macédo-
nienne, et comment le gouvernement envisage
l'éventualité d'une guerre aggressive contre la
Turquie.
Le ministre a répondu :
Aucun gouvernement n'a eu plus à cœur que le
gouvernement actuel les intérêts macédo-adriano-
politaitis. Les vues du gouvernement, qui' a tou-
jours recherché l'amitié de la Turquie et l'entente
directe pour toutes les questions litigieuses, n'ont
pas été modifiées par les derniers évC;nements. Il
suit cependant ces événements ayeNinlérêt qu'ils
comportent et il ne négligera jamais d'être utile à
ses compatriotes, ce qu'il considère surtout en ce
moment comme un droit et un devoir. Il le fera
de la façon qu'il jugera la plus conforme aux inté-
rêts de ses frères de la Macédoiue et d'Andrinople,
sans risquer cependant de compromettre les inté-
rêts vitaux de la Bulgarie; car, a ajouté M. Pé-
troff, pour tout gouvernement bulgare, les intérêts
et la sécurité de la Bulgarie doivent avoir le pas
sur la sympathie et le devoir envers ses frères de
Turquie.
Nomination d'Omer Pacha
Londres, 30 septembre.
On mande de Constantinople au Standard,
le 28 septembre :
Omer Pacha a été nommé commandant en chef
de toutes les forces stationnées dans la Turquie
d'Europe.
Cette mesure est exactement celle qui serait prise
si la guerre était déclarée.
Les combats
Londres, 30 septembre.
On mande de SQfia le 29 septembre :
Un télégramme du monastère de Rilo annonce
des combats continuels sur la frontière.
Razlog a été détruit. La population chrétienne a
été massacrée. Les cris des victimes ont été enten-
dus jusque dans les montagnes. Les fugitifs arri-
vent par ccntaines. Les flls télégraphiques sont
coupés.
Les insurgés attaquent Bachevo ; les troupes tur-
ques s'enfuient en désordre.
Appel de recrues
Constantinople, 29 septembre.
Un ïradé appelle sous les armes cinquante
mille recrues des districts' des second et troi-
sième corps d'armée, afin de compléter l'effec-
tif des bataillons de Nizam, en Macédoine,
pour les porter à mille hommes chacun.
LÈS SOUTERRAINS DU PALAIS DES DOGES
(De notre correspondant particulier)
Venise, 30 septembre.
L'architecte Rupolo, en faisant exécuter
quelques travaux de restauration dans le Pa-
lais des Doges a découvert un long couloir
souterrain qui selon toute apparence conduit à
la crypte de la basilique de Saint-Marc. On a
déjà pu établir que c'était par cette galerie que
le doge Candiano IV a voulu fuir après
l'incendie du Palais en 976. On sait que le
doge ne put s'enfuir. Le peuple qui le détestait
à cause de sa tyrannie, le massacra.
LES CONGRÉGATIONS
A Bourg-la-Reille. — En Bretagne. —
En province.
A la suite de la récente circulaire du préfet
de la Seine, les sœurs de Notre-Dame du Cal-
vaire qui dirigent, à Bourg-la-Reine, une
école de sourdes-muettes, ont fermé leur pen-
sionnat de jeunes filles contigu. Mais le père
d'une de leurs élèves est devenu acquéreur du
fonds et a pris à bail l'immeuble : cet établis-
sement d'éducation rouvrira ses portes, dès Ie3
premiers jours d'octobre, sous une autre direc-
tion.
Piré (Ille-el-Vilaine), 30 septembre.
M. Surty, le mandataire de M. Lecouturier,
est arrivé, ce matin, à Amanlis, à 7 h. 112.
Deux brigades de gendarmerie à cheval et
deux à pied l'accompagnaient. Une compagnie
du 41° était cantonnée depuis la veille à la
mairie. Mais l'on avait renoncé à toute mani-
festation.
M. de Talhouet, maire révoqué, propriétaire
de l'école, a fait constater qu'il ne cédait qu'à
la force.
D'Amanlis, le liquidateur s'est rendu à Pire
où est également cantonnée une compagnie du
41' Un millier de personnes, à la tête des-
quelles se trouve M. Caron, maire de Piré,
conseiller général, accueille le cortège pai>des
sifflets et des cris divers.
Après les formalités d'usage, le juge de
paix du canton de Janzé, ayant constaté l'im-
possibilité matérielle de procéder à l'expulsion,
le mandataire du propriétaire absent s'étant
refusé à ouvrir les portes, a décidé qu'il y se-
rait procédé en même temps qu'à l'apposition
des scellés, après l'ordonnance de référé qui
sera l'caùuc demain matin.
Chambéry, 30 septembre.
Les sMurs de SaintiJoseph. qui tiennent une
école à Albertville, ont reçu la visite du com-
JûiSSûiCû* qui-leur a signifie l'ordre da fermo.
leur maison et de s'éloigner dans lessix jours
Avignon, 30 septembre.
Les sœurs de Saint-François d'Assise qui
desser/aient la lingerie et l'infirmerie du lycJe
d'Avignon, ont reçu l'ordre d'avoir à quitter
rétablissement dans le plus bref délai.
Poitiers, 30 septembre.
Le commissaire de police a notifié aux
sœurs de la Sagesse le rejet de la demande en
autorisation qu'elles avaient formée pour leur
établissement scolaire de la rue Jean-Bouchor.
Un délai de 48 heures-a été accordé aux reli-
gieuses pour se disperser.
- • ♦—;
LA MORT D'UN BRAVE, HOMME
Ce n est pas sans émotion que nous avons
appris, hier matin, la mort subite d'un vieil
ami de ce journal, M. Boncour, bien connu à.
BellcvHIe pour le dévouement qu'il ne cessait
de témoigner aux malheureux de ce quartier si
populeux.
Né en 1832, il connut à la fleur de l'ilge, les
émotions poignantes.des luttes politiques. Hie:l
vite conquis aux idées républicaines, il aimait
a raconter à ses jeunes amis les exemples vé-
cus des luttes terribles qui ensaùglantèred
Paris et dont il fut un des témoins. 1848-1871
étaient pour lui deux dates sacrées dont il no
parlait qu'avec une sorte de respect mêlé à un
grand enthousiasme pour les hommes qui
soutinrent avec tant d'énergie le drapeau ré-
publicain.
- Allain-Targé, Gambeita, le comptèrent
parmi leurs plus ardents défenseurs.
La crise boulangiste, plus récemment la
contre-révoluticn nationaliste, l'eurent ponjr
adversaire irréductible et chacun à Bslleviilj
se souvient encore de la part active, qu'il prit
aux dernières élections pour soutenir la candi-
dature de notre ami et rédacteur en chef,
Charles Bos.
Ouvrier facteur en pianos, il ne passa p33
moins de 40 ans à l'atelier, où il connut la mi-
sère et aussi l'aisance.
Retiré depuis une quinzaine (Pairnées, il ai-
mait à s'occuper du sort des malheureux.
Administrateur du bureau de bienfaisance,
de la caisse d'épargne, il contribua vivement
à l'organisation de ces services, avec un dé-
vouement qui nese départit jamais. Enfin,la loi
de 1&S6 sur renseignement primaire, le trouva
tout disposé. Membre de hi caisse des écoles,
délégué, cantonal, il aimait à parcourir les
écoles, encourager les enfants qui l'adoraient,
les maîtres qui l'estimaient et le vénéraient.
"Sa mort causera dans le 19* arrondissement
un vide profond dont les malheureux se conso-
leront difficilement.
Officier de l'Instruction publique, il avait
obtenu ces années dernières la grande médaiila
d'honneur du ministère de l'Intérieur.
Ses obsèques purement. civiles auront lieu
vendredi matin à 10 heures.
On se réunira à la maison mortuaire, 103,
rue de Bclleville. — A. D.
:—« ———————————-.
AU CIMETIÈRE WOHTIARTRE
Là visite de dimanche prochain
A Médan, avant de se séparer, les nombreui
admirateurs ét amis qui ont accompli ce pre-
mier pèlerin îge, se sont donné rendez-vau.
pour dimanche prochain au cimetière Mont
martre où se trouve la sépulture d'Emile Zola
Cette manifestation populaire a été décidée afin
de permettre aux travailleurs-de Paris de ren-
dre un solennel hommage à l'immortel écri-
vain qui les a chantés si magnifiquement, aï
grand écrivain qui nous a donné l'impérissable
et fécond exemple d'un courage héroïque. Les
divefses sections de la Ligue des droits da
l'homme, des grcupes d'instituteurs, les orga-
nisations syndicales, les Universités populaires
se préparent à prendre part à cette imposante
visite. Ajoutons que de nombreux isolés, des
ouvriers, d'humbles amoureuses, une multi-
tude d'inconnus, viendront prouver leur atta-
chement à celui qui a tant aimé le peuple, à
l'apôtrp de la Vérité, de la Justice et de la
Bonté. Le rendez-vous est fixé à 2 h. 1\2.
-
LA MAISON NATALE DE DICKENS
(De notre correspondant particulier)
Londres, 30 septembre.
La maison sise 393. Commercial road, i
P*"çJ35BOuth, dans laquelle Charles Dickens a
FU le jour, vient d'être vendue aux enchères.
La mise à prix était de 10.000 fr., mais des
amateurs ont poussé le prix. Finalement la
maison a été adjugée à la Corporation de Ports-
mouth pour la somme de 28.i2o fr. On y ins-
tallera un Musée Dickens.
LE TSAR A VIENNE
Réception cordiale. — Déjeuner de
gala. - Un meeting de protestation.
vienno, 30 septembre.
Le tsar, accompagné d'une suite nombreuse
parmi laquelle se trouve le comte Lamsdorf
ministre des affaires étrangères, est arrivé ce
matin. Il a été reçu à la gare par l'empereur ci
les archiducs.
Les salutations échangées entre les deux mo-
narques ont été particulièrement cordiales : ilr
se sont serré la main et se sont embrassés pat
deux fois. i-
L'arrivée du tsar a eu lieu par un temps su-
perbe. Sur tout le trajet, de la gara de l'Ouest
à Schœnbrunn, une grande affluence de popu-
lation était massée derrière les troupes formant
la haie. -
Le tsar portait l'uniforme de son régiment
autrichien de uhlans. L'empereur Franchis-Jo-
seph portait l'uniforme russe. Les deux souve-
rains ont été très acclamés. v- ,
Les rues par où passait le cortège impérial
étaient ornées de mâts, avec oriflammes aux
couleurs russes et austro-hongroises.
Au château de Schœnbrunn
Puis les souverains sont montés en voiture
pour se rendre au château de Schœnbrunn,
pendant que l'artillerie tirait des salves. Tout
le long de la route, les troupes formaient la
haie ; derrière les soldats, se pressait une foule
énorme qui a accueilli les souverains par des
vivats enthousiastes.
Au déjeuner de gala donné au château èiet
Schœnbrunn assistaient les deux empereurs,
les archiducs et archiduchesses, les comtes
Lamsdorf et Goluchowski, le comte Kapnist,
ambassadeur de Russie à Vienne; le baron
d'Arenthal, ambassadeur d'Autriche a Saint-
Pétersbourg ; les ministres et les titulaires des
grandes charges de la cour.
Le départ pour:-Murzsteg a lieu à 2 h. lr-î.
Les deux empereurs, en costume de chassa,
accompignés dos invité?, s? sont rendus a la.
gars de Hetzendorf.
Là, ils ont été accueillis par les ovations en.
thousiastes de la foulo qui s était amassée en
grand nombre pour les acclamer.
A 2 h. 30, les deux souverains ont quitté
Hetzendorf.
En chasse I
Murzstez, 30 septembre.
Le tsar Nicolas il, l'empereur François-Fer1
CINQ OE3NTTÏ3VEES le Nerd;" 'PARIS & DÉPARTEMENTS , *Liô Numero .CINQ CENTIMES 11'
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', On sait que la loi de 1884 sur les
syndicats professionnels n'a pas trouvé
dans les campagnes une application
identique à celle qu'on lui a donnée
dans les villes. Les travailleurs des
cités industrielles se sont servis des
syndicats pour contrebalancer par la
force du nombre la puissance de l'ex-
ploitation capitaliste. Les ouvriers des
campagnes ont peu suivi ce mouve-
ment. La loi de 1884 a surtout favorisé
dans les régions agricoles des groupe-
ments de petits propriétaires qui ten-
dent, du reste, à devenir de plus en
plus prospères. -
Ce serait cependant une erreur de
croire que toutes les catégories de pay-
sans restent hostiles à des formations
syndicales semblables à celles qui se
centralisent dans les Bourses du Tra-
vail de nos villes.
***
A ce propos, M. L.-H. Roblin, nous
signale dans un livre documenté (1) les
intéressantes tentatives des bûcherons
du Cher et de la Nièvre. Ces tentatives
ont été en quelque- sorte spontanées.
Les ouvriers dont il s'agit ont, en gé-
néral, une instruction et une éduca-
tion professionnelles peu développées.
L école laïque, du reste, n'a point en-
core accompli entièrement son œuvre
dans les régions forestières du Cher et
de la Nièvre.Parmi les plus âgés,nom-
breux sont les illettrés.
Bailleur.s, ,M. Roblin nous explique
que les ouvriers de la forêt sont au
: nombre des moins spécialisés. Un
tpvailleur vigoureux et habile peut
faire un bûcheron en quelques jours.
C'est-à-dire qu'il saura se servir de
la cognée et de la serpette, qu'il saura
aussi écorcer l'arbre abattu.
Dans ces conditions, il semblerait
que le danger,, pour les bûcherons, fut
surtout dans la concurrence des tra-
vailleurs nomades qui peuvent venir,
du Morvan, par exemple, louer leurs
services dans le Berry. Ne le croyez
pas. Les Morvandeaux accourrent en
foule dans la Nièvre et dans le Cher à
l'époque de la moisson des céréales.
Ils ne songent pas à offrir leurs ser-
vices aux propriétaires de la forêt.
C'est qu'il n'y a guère de tâche plus
mal rémunérée et plus aléatoire que
celle du bûcheron. Les côupes se font
à une époque de l'année où les jour-
nées sont courtes. Voilà déjà une rai-
son pour que le salaire quotidien soit
peu élevé. Même avec les progrès réa-
lisés grâce aux syndicats, les bûche-
rons gagnent à peine, en moyenne,
deux francs par jour. Les* pauvres gens
ne couvriraient pas leurs frais s'ils
étaient obligés de se nourrir ailleurs
que dans leurs familles. Pour ne pas
raccourcir encore leur journée par des
allées et venues, ils doivent demeurer
dans un rayon de huit à dix kilomè-
tres au plus du lieu de leur travail.
Aussi le bûcheron exerce-t-il d'or-
dinaire une autre profession que celle
qui l'amène dans la forêt. L'abattage
des arbres est pour lui une source de
bénéfice qu'il accepte avec plaisir quand
elle se présente, mais dont il peut se
passer au besoin,
Le développement de syndicats ou-
vriers dans une population très dissé-
minée et employée dans une industrie
dont la forme est si « anarchique », a
quelque chose d'inattendu. Quelles sont
les origines d'un phénomène écono-
mique que tout le monde s'accorde à
trouver surprenant ? M. Roblin donne
du fait une explication bien curieuse :
ce seraient, suivant lui, les agitateurs
de la réaction boulangiste qui auraient
involontairement conduit les bûche-
rons du Cher et de la Nièvre au socia-
lisme. De 1887 à 1889, ils ont repro-
ché aux électeurs des deux départe-
ments la misère à laquelle ils étaient
tii proie, les assurant que le gouver-
nement était la cause de leurs maux.
Cet enseignement n'a pas été perdu :
mais le bon sens des ouvriers a éli-
miné du raisonnement des boulangis-
ies ce qu'il avait d'excessif et de faux ;
et les bûcherons du Cher et de la Niè-
vre sont maintenant, en immense ma-
jorité, radicaux-socialistes ou socialis-
tes. Sans accuser la République des
torts de la ploutocratie, ils demandent
au Parlement d'opérer les réformes so-
ciales qui finiront par améliorer de fa-
çon sensible le sort du plus grand
Nombre.
***
: On comprend donc aisément que
les travailleurs de la forêt soient so-
ciaJistes. De là à être syndicalistes, il
n'y a qu'un pas. Les entrepreneurs,
par leurs maladresses, ont déterminé
les bûcherons à faire ce pas.
: Quand la propagande socialiste com-
mença à pénétrer dans le pays, les en-
tropreneurs eurent la fâcheuse idée de
vouloir exclure des chantiers ceux
- qu'ils appelaient les « meneurs »,
! (1) les bûcherons dit Cher et de la Nièvre, leurs
tyndiciits, par J.-H. RlJlin, avocat, docteur en
IroIt, aux éditions du Mouvement socialiste, 10,
1Ue Monsjeur-Le-Prince.
Or les bûcherons ont, par tradition,
une idée de la liberté du travail abso-
lument particulière. Ils se soulevèrent
contre la prétention patronale qui cho-
quait les usages du pays. Des petits
commerçants qut poussaient leurs
clients endettés à réclamer un supplé-
ment de salaire furent mis à l'index
par les entrepreneurs, et, pour se dé-
fendre, coopérèrent volontiers à l'or-
ganisation syndicale.
Après une période de déclin, les
groupements des bûcherons ont recon-
quis le.ur vigueur première et s'ap-
puient sur les autres syndicats ouvriers
de la région.
Il est à souhaiter que l'exemple de
M. L.-H. Roblin soit suivi et que d'au-
tres écrivains nous [renseignent d'une
façon précise sur les particularités du
mouvement syndical dans chaque dé -
partement.
Ainsi, nous saurons si le phénomèm;
qui s'est produit dans le Cher et dans
la Nièvre est purement local, ou s'il
annonce une évolution dans l'organi-
sation du travail agricole.
Hugues Destrem.
--
LA LOI EN TUNISIE
Un bruit aussitôt démenti que
répandu, c'est celui dont quel-
ques journaux se sont fait hier
les échos, et d'après lequel M.
Pichon serait dans l'intention
de donner sa démission de rési-
dent général en iunisie.
On peut se demander quels motifs au-
raient poussé M. Pichon à quitter le poste
qu'il occupe. Certains journaux nous don-
nent cette raison que M. Pichonétait opposé
à l'application en Tunisie de la loi sur la
congrégation, Or M. Pichon a été comme
journaliste et comme député un membre
très fidèle de l'extrême gauche républi-
caine, et nous ne le voyons pas bien dans
le rôle d'un adversaire de la loi des asso-
ciations ; à supposer même, ce que nous
ne pensons pas, qu'il eut écouté sur ce
point les objections,-- tirées de la situation
particulière de la Tunisie, et des éléments
italiens ou maltais qui l'habitent — des
partis réactionnaires de la régence, M.
Pichon aurait eu bien vite le temps
de se reprendre, puisque nous avons
vu l'un des plus notables opposants,
M. de Carnières, président de la cham-
bre d'agriculture de Tunis, qui s'é-
tait déclaré l'adversaire de l'application des
mesures contre la congrégation, publier
un article où il déclare, lui et ses amis, se
soumettre par respect pour la loi. Si donc
il y a eu en Tunisie, un essai d'objection à
la légalité nouvelle, cet essai n'a pas
abouti et ce n'est certainement pas M. Pi-
chon qui aurait fait le moindre effort pour'
l'encourager, Son passé, sous ce rapport,
n&us tranquillise pleinement.
Il était donc à peine besoin de démentir
la rumeur qui a couru de son intention de
se retirer, La loi sera exécutée en Tunisie
comme partout où ilotte le d'apeau fran-
çais ; il faudra que nos cléricaux prennent
leur parti de cette situation.
— iii^» i
LA SÉPARATION DES EGLISES
ET DE L'ETAT
-
M. Aristide Briand, qui vient de terminer son
rapport sur la séparation des Eglises et de l'Etat,
donne au Temps les renseignements suivants sur
son travail.
Après avoir exposé qu'H s'est inspiré des divers
projets déposés, il continue en ces termes :
"Très sincèrement, je me stlis efforce d'éta-
blir nn avant-projet aussi libéral que j'ai pu.
La liberté de la religion et la liberté des cultes
sont "absolument sauvegardées. J'ai horreur
des brimades contre n'importe qui, et mon
travail n'en comporte pas. J'accorde un trai-
tement égal aux agents de tous les cultes. Les
seules restrictions incluses dans mon avant-
projet visent les abus que les Eglises pour-
raient faire de leur force. On ne saurait me le
reprocher, car notre devoir est d'assurer la
prédominance de l'Etat et jo comprends les
craintes que les Eglises, instruments politi-
pues, inspirent à certains de mes collègues.
Cette réserve votée, mon avant-projet est
absolument libéral. Il permet à toute associa-
tion de se former pour assurer l'entretien et
l'exercice du culte, sans immixtion de l'Etat
dans les questions d'organisation intérieure :
règlement des cérémonies, fixation des ta-
rifs, eto. »
J'ai réglé la question des édifices suivant
une jurisprudence constante du Conseil d'Etat,
qui a toujours attribué la propriété des cathé-
drales, temples et synagogues à l'Etat ou aux
communes, mais j'ai spécifié qu'un droit de
revendication pourrait être exercé par les as-
sociations intéressées pour la possession des
édifices religieux construits depuis le Concor-
dat, à ['aide de libéralités des fidèles, en de-
hors de toute contribution de l'Etat ou des
communes.
Donc, les édifices, propriété communale
ou nationale, seront loués aux associations
constituées d'après la loi. J'en tfais une obliga-
tion aux communes et à l'Etat pendant une
période déterminée. Vous voyez que je ne sors
toujours pas du droit commun pour gêner les
Eglises. Les édifices devront leur être loués et
à des prix plus que raisonnables.
Enfin, je prévois naturellement et juste-
ment des pensions de retraite au profit des mi-
nistres des cultes actuellement salariés par
l'Etat et qui, au moment de la .séparation,
rempliront certaines conditions d'âge — qua
rante-cinq ans - et de durée de fonctions I—
vingt ans. Ces pensions seront proportionnelles
à la durée de la fonction, avec un maximum
qui ne pourra, en aucun cas, être inférieur à
600 francs.
Ajoutez à cela que mon avant-projet édicté
des dispositions relatives au régime nouveau
les inhumations -et vous en aurez une analyse
complète.
LA FILLE DE MOURAD V
(De notre correspondant particulier}
Constantinople, 30 septembre.
La princesse Alix, fille de l'ex-sultan Mou-
rad V et nièce du sultan Abdul Hamid, vient
de mourir à l'âge de 19 ans, à Ydliz-Kjosk. La
princesse était atteinte de phtisie pulmonaire.
Elle ne figure pas dans l'almanach de Gotha,
étant née après la destitution de son père. Le
Sultan régnant ne lui a jamais permis de voir
son père,.
OUEST-IONS
D'ASSISTANCE"'
La revision de la loi de 1838
sur les aliénés
Encore les aliénés alcooliques. — Une
lacune. — Deux vœux. — Les « bu- v-
veurs d'habitude ». - Asiles
spéciaux ou colonies agrico-
les. — A l'étranger. — Un
maximum de mala-
des.—Fixation de
l'internement
Si la loi de 1838 peut, comme nous l'avons
vu dans un précédent article, subir toutes les
transformations qNi. passeront par la tête
des médecins il est inutile de la reviser et d'en
faire une autre, car il est probable que cette
nouvelle loi sera aussi mal observée ou inter-
prêtée que l'ancienne, surtout si on leur laisse
la faculté, comme aujourd'hui, d'en agir avec
autant de désinvolture. -
La nouvelle loi devrait donc combler la fâ-
cheuse lacune qui existait dans la loi de 1838,
Malheureusement elle ne parle des alcooliques
que pour demander pour eux des quartiers
spéciaux au même titre que les épileptiques,
les idiots, les arriérés, etc., sans spécifier si,
étant donné leur état spécial, il ne faudra pas
pour eux une disposition de la loi qui per-
mettra aux médecins de les garder après
la guérison des symptômes aigus de leur ma-
ladie.
La tendance de la majeure partie des méde-
cins étant, comme nous l'avons prouvé, de
garder illégalement des malades que le peu de
sùreté des diagnostics peut faire conserver
indéfiniment à l'asile, il faut coupsr dans le
vif et fixer un maximum de réclusion. J'ajou-
terai que si l'alcoolique est peu intéressant au
point de vue social, ce n'en est pas moins un
individu que l'on ne doit pas, sous prétexte do
délits futurs et partant très problématiques,
retenir arbitrairement dans un lieu d'oll il noi
peut vaquer à ses affaires, ce lieu fut-il un
hôpital. -
Quant aux alcooliques qui se sont rendue
coupables de délits ou d'un crime, l'asile do*
aliénés criminels sera la pour les recevoir,
mais nous le répétons, rien dans la législation..
actuelle n'autorise le médecin aliéniste à reto
nir le malade dès qu'il a reconnu la guérisot
de son délire, et le malade fut-il cent fois cri
minel, le médecin n'a pas le droit de se substi
tuer à la justice et condamner un individu;
qu'elle a reconnu irresponsable.
De tels abus d'hommes, dont le pouvoir,
quand ils parlent au nom de la science, es t
sans bornes, sont absolument intolérables, at
la loi justement doit être faite pour délimiter
ce pouvoir, car rien ne serait plus facile, s'il
en était autrement, de retirer de la société. au
nom de cette science et de manière préventive,
les gens qui pourraient « peut-être » devenir
gênants ou dangereux. Une telle omnipotence
donnée à la science est en contradiction avec
l'évolution sociale : il ne faut pas subordonner
l'homme à la science ; il faut que la science
soit la servante de l'homme et l'aide à faire le
bien, non le mal, et c'est faire le mal que d'en
mésuser. )
A la Société pour l'étude des questions
d'assistance
A la suite du rapport du docteur—Toulouse,
dont nous parlons dans notre dernier article,
la Société internationale pour l'étude diS ques-
tions d'assistance a adopté les deux vœux sui-
vants :
1° Dans les conditions Jôgaies actuelles, il est
désirable que, dans un but de prophyl axie so-
ciale et dans l'intérêt des malades, les aliénés al-
cooliques, puissent, comme cela se fait générale-
ment, être maintenus à l'asile après la disparition
des troubles délirants ayant motivé l'internement
pendant leur convalescence physique ut morale,
étant bien entendu que ce maintien ne puisse
avoir lieu contre le gré des malades.
Ce premier vœu nous semble très platoni-
nique, car il n'y a qu'une loi qui puisse cor-
riger ou amender une autre loi. Je crois avoir
démontré que la loi de 1838 est formelle et ne
permet aucune réserve — ou l'aliéné est guéri
et il doit sortir de suite, ou il n'est pas guéri
et on peut le garder à l'asile, et quoiqu'en dise
M. le docteur Toulouse l'administration n'a
pas à intervenir et n'interviendra pas : son
devoir est de veiller à ce que la loi soit stric-
tement observée et il est probable qu'après les
révélations scandaleuses, monstrueuses mêmes,
apportées par les réponses que l'on a lues dans
mon dernier article elle y apportera toute son
attention et empêchera à l'avenir une sembla-
ble violation qui ne comporte pas d'excuses,
même si les médecins qui la commettent exci-
pent d'une bonne foi, qui pour moi n'est pas
douteuse, et du désir de bien faire.
Les alcooliques inoffensifs et les dan-
gereux -
Voici le texte du deuxième vœu :
Au sujet des conditions légales nouvelles, la So-
ciété émoi le vœu que les aliénés alcooliques ne
présentant plus de troubles délirants puissent être
assistés :
Les alcooliques inoffensifs, — dans les asiles de
convalescence ouverts ou dans des annexes des
asiles actuels ayant les mêmes caractères ;
Les alcooliques dangereux, — dans des asiles
spéciaux fermés ; mais dans ce cas, ils ne pour-
ront être maintenus que lorsqu'ils auront commis
un acte délictueux et en vertu d'une décision ju-
diciaire.
Avec celui-ci, nous n'avons plus les mêmes
restrictions à faire et tout au contraire, nous y
applaudissons des deux mains.
Nous sommes tout à fait d'avis, en effet,qu'il
doit y avoir dans la prochaine loi un article
visant spécialement les aliénés alcooliques qui
dira que les « buveurs d'habitude inoffensifs
devront être retenus, dans une colonie agri-
cole, autant que possible, qui leur sera des-
tinée, à l'exception de -tous autres malades.»
Cet article devra déterminer un maximum
d'internement, sauf recours du médecin trai-
tant, si le malade n'est pas guéri à la limite
prescrite. -
Les alcooliques présumés dangereux, mais
n'ayant pas commis de crimes ou délits, pour-
ront après la disparition des troubles soma-
tiques être retenus un laps de temps plus con-
sidérable, laissé à l'appréciation du médecin-
traitant, cependant et pour éviter des abus
possibles, peut-être pourrait-on limiter égale-
ment ce supplément de soins à un maximum
de six mois qui pourrait être étendu sur le
rapport du médecin.
Quant aux aliénés ayant commis des crimes
ou des actes délictueux, ils seront traités au
même titre que les aliénés criminels dont il est
question à l'article spécial de la loi.
Si nous nous reportons à ce qui se fait ac-
tuellement à l'étranger, nous y voyons que
pour le traitement des alcooliques aussi,, bfôn
qu'en ce qui concerne les" autres moyens Ue
soigner les différentes - formes de l'aliénation
mentale, la France est considérablement en
retard.
Dans le rapport si complet et si intéressant
du D' Sérieux sur l'assistance des. aliénés en
France, en Allemagne, en Italie et en Suisse,
(1) Voir les numéros des 4, 11, 19 et 27 septem-
,, bre 1903.
la question des -buveurs d'habitude est large-
ment traitée, et nous y constatons que tous les
pays visités par M. Sérieux- ont un certain
nombre d'asiles spéciaux où sont soignes les
alcooliques, après la gtiérison des troubles
aigus.
En Suisse
La Suisse, même a fait une loi spéciale, la
loi de Saint-Gall, qui détermine les conditions
dans lesquelles doivent êtres internés les bu-
veurs.
Une des caractéristiques de ces asiles d'al-
cooliques èst le petit nombre de malades soi-
gnés dans un même établissement : aucun n'a
plus de 50 pensionnaires.
D'après M. le professeur Forel, les buveurs
ne peuvent pas être soignés en bloc, il y a là
une œuvre de thérapeutique psychique qui se-
rait impossible avec un grand nombre de su-
jetset il limite à 50 et môme 40 le chiffre de
malades soumis aux soins d'un seul médecin.
Ne pourrait-on s'inspirer, dans la prochaine
loi, des indications si précieuses contenues
dans le rapport do M. Sérieux, surtout en ce
qui concerne les asiles ou les-colonies a créer
pour les alcooliques en profitant pour les eîTïé-
liorer encore des observations qu'une pratique
journalière peut suggérer.
Ce serait je pense le meilleur moyen d'évi-
ter ces internements arbitraires que nous re-
prochons actuellement aux médecins.
Pour nous résumer, nous demanderons donc:
Qu'il soit spécifié dans la loi que des asiles
ou des colonies spécialement affectés aux al-
cooliques guéris de leurs accès aigus seront
créés ; ,
Qu'il soit fixé pour les ..services médicaux
an chitIrcmaxiroum de malades ; -
Que la loi fixe un temps maximum d'inter-
nement pour les « buveurs d'habitude », maxi-
mum qui pourra être, après visite do deux
médecins et rapport circonstancié, augmenté
dans des limites, qui ne devront pas dépasser
le quart du temps maximum ; cette mesure
étant renouvelable dans les mêmes condi-
tions. -
(a suivre) EMILE MAHÉ.
Voir à la 39 page
les Dernières Dépêches
de la nuit
et la Revue des Journaux
du matin
TOASTS IMPERIAUX -
Le Tzar et l'empereur d'Autriche ont échangé
hier des toasts dont on trouvera plus loin le
texte.
/Ï1 n'est question, dans ces deux courtes al-
locutions, que de « la grande œuvre pacifica-
trices, dont les deux souverains se sont char-
gés en Macédoine, et le soin qu'ils ont pris de
ne faire allusion qu'à cette œuvre, indique
assez l'importance qu'ils attachent à l'aiifrma-
tion de leur entente complète sur ce point spé-
cial de leur politique extérieure.
Il reste donc acquis que la Russie et l'Au-
triche sont entièrement d'accord sur la ques-
tion do la Macédoine. D'autres gouvernements
ont déclaré dernièrement que la Russie et l'Au-
triche étaient, dans la circonstance, chargées
d'une sorte de mandat de l'Europe..
Il semble, en conséquence, quo l'action des
cabinets de Saint-Pétersbourg et de Vienne
devrait, puisqu'elle est avouée par tout le
monde, être toute puissante à Constantinople,
comme à Sofia. Il est un peu surprenant qu'il
n'en soit pas tout à fait ainsi, et que ceux qui
sont, — nous l'apprenons une fois de plus —
les porte-parole de l'Europe, aient tant de
peine à se faire écouter sur le Bosphore. Car,
jusqu'à présent, il semble bien que l'on se soit
borné, — entre deux massacres — à leur ré-
pondre par des politesses.
Il se faut pas jouer avec le feu
(De notre correspondant particulier)
Berlin, 30 septembre.
A l'occasion de l'arrivée prochaine des re-
crues au régiment, les officiers ont enjoint aux
sous-ofliciers instructeurs, d'éviter tout con-
tact matériel avec les recrues. En inspectant
la tenue des hommes, les instructeurs ne doi-
vent pas eux-mêmes remettre le casque mal
placé, ni ajuster les plis mal formés. Les com-
mandements doivent être prononcés à une dis-
tance de cinq pas de l'homme. De cette ma-
nière on évitera que le sous officier ou sergent
se laisse entraîner à un geste irréfléchi. En
général il est interdit de frapper les soldats et
même de les insulter par de gros mots. On dit
aussi que l'empereur adressera aux chefs un
ordre du jour spécial concernant les mauvais
traitements dans l'armée., naturellement.
—— S
UN PROJET DE MARIAGE PRINCIER
ïDe notre correspondant particulier)
Copenhague, 30 septembre.
On attache une grande importance dans les
cercles de la Cour, à la visite de la reine-mère
d'Italie. La reine Marguerite avait une mission
spéciale, plutôt d'ordre privé que d'ordre poli-
tique, mais qui n'en intéressait pas moins la
diplomatie.
Il s'agit du projet de mariage d'une prin
cesse danoise avec un jeune prince de la mai
son de Savoie. La cour de Russie serait parti-
culièrement favorable a une pareille alliance.
.h.
Da pédicure, général de brigade
(De notre correspondant particulier)
Saint-Pétersbourg, 30 septembre
Parmi la suite nombreuse qui accompag ne
le Tsar Nicolas Il pendant son voyage à
Vienne et à Rome, se trouve un haut digni-
taire d'un caractère tout à fait spécial et, .Iis-
;cret. C'est M. Korowin, pédicure particulier du
i tsar. Ce praticien a le grade de général do bri-
gade sans avoir, pour cela, jamais fait de ser-
vice militaire. Quand il est en tenue, les trou-
ves lui présentent les armes. A ce propos il
: convient de signaler une nouvelle mesura Sur
l'ordre du Tsar on changera les uniformes des
généraux. Ceux qui n'ont du général que le
.titre n'auront plus de graines d'épinards.
L'INCIDENT DE MONZIE-G. TÉRY
M. Gustave Téry, qui était professeur de
philosophie au lycée de Laval, vient d'être at-
taché au lycée de Roanne.
Il proteste dans une lettre adressée au mi-
nistre do l'Instruction publique et dont voici le
pasftige essentiel :
Il me suffirait, monsieur le ministre, d'affirmer
à nouveau mon droit de titulaire sur la chaire de
Laval, et d'en appeler au Conseil supérieur de
l'instruction publique.
Mais, si j'en juge par les termes mêmes dont se
sert M. de Monzie, il ne s'agit apparemment que
d'une gracieuse proposition. S'il en est ainsi, per-
mettez-moi de ne la point accepter, et trouvez ici,
avec mes remerciements les plus sincères, l'exprûs-
sion de tout te respect que je dc4s au ministre de
l'instruction publique.
L'INSURRECTION --- l,
EN MACEDOINE
Un meeting à Londres
Londres, 30 septembre.
Un grand meeting public a eu lieu ce soir à
Saint-James-Hall, à Londres.
Il a adopté des résolutions déclarant : lapref-
mière, que la mauvaise administration de la
Macédoine et l'échçc de toutes les tentatives
pour introduire des réformes sous le contrôle
de la Turquie rendent nécessaire la cessation
du gouvernement direct des provinces macédo-
niennes par le Sultan ; la seconde, que le traité
de Berlin oblige l'Angleterre à prendre des me-
sures pour arrêter le massacre des non-combat-
tants et la dévastation du territoire, et à insis-
ter auprès des autres signataires du traité sur
les avantages de la politique préconisée dans
la première résolution ; la troisième, déclarant
que des secours urgents sont nécessaires pour
empêcher la famine et demandant aux Comi-
tès des Balkans de faire face aux maux actuels.
Parmi les orateurs et parmi l'assistance on
remarquait des représentants de tous les partis
politiques et de toutesles croyances religieuses.
Réclamations anglaises
Constantinople, 29 septembre.
(Source anglaise).
L'ambassadeur d'Angleterre s'est plaint à
nouveau, hier, des excès commis par les trou-
pes et les bachibouzouks dans les villayets de
Roumélié, et a insisté sur l'adoption de mesu-
res pour mettre immédiatement un terme à
cet état de choses. V
Le grand vizir a répondu que les excès com-
mis par les troupes régulières ont été grande-
ment exagérés, que des tribunaux militaires
seraient établis dans les trois vilayets pour ju-
ger et condamner les officiers et les soldats
coupables.
L'amhassadeur d'Angleterre a, de nouveau,
fait ressortir l'insuffisance du plan de réfor-
mes austro-russe. Il est le seul des représen-
tants des puissances qui ait fait cette réserve.
* L'àttitudé de la Bulgarie ,
Sofia, 30 septembre.
Uns députation de la colonie macédonienne
de Sofia s'est présentée au général Pétroff, pré-
sident du conseil des ministres, afin de lui de-
mander quelle est actuellement et quelle sera
dans l'avenir l'attitude du gouvernement bul-
gare en ce qui concerne la question macédo-
nienne, et comment le gouvernement envisage
l'éventualité d'une guerre aggressive contre la
Turquie.
Le ministre a répondu :
Aucun gouvernement n'a eu plus à cœur que le
gouvernement actuel les intérêts macédo-adriano-
politaitis. Les vues du gouvernement, qui' a tou-
jours recherché l'amitié de la Turquie et l'entente
directe pour toutes les questions litigieuses, n'ont
pas été modifiées par les derniers évC;nements. Il
suit cependant ces événements ayeNinlérêt qu'ils
comportent et il ne négligera jamais d'être utile à
ses compatriotes, ce qu'il considère surtout en ce
moment comme un droit et un devoir. Il le fera
de la façon qu'il jugera la plus conforme aux inté-
rêts de ses frères de la Macédoiue et d'Andrinople,
sans risquer cependant de compromettre les inté-
rêts vitaux de la Bulgarie; car, a ajouté M. Pé-
troff, pour tout gouvernement bulgare, les intérêts
et la sécurité de la Bulgarie doivent avoir le pas
sur la sympathie et le devoir envers ses frères de
Turquie.
Nomination d'Omer Pacha
Londres, 30 septembre.
On mande de Constantinople au Standard,
le 28 septembre :
Omer Pacha a été nommé commandant en chef
de toutes les forces stationnées dans la Turquie
d'Europe.
Cette mesure est exactement celle qui serait prise
si la guerre était déclarée.
Les combats
Londres, 30 septembre.
On mande de SQfia le 29 septembre :
Un télégramme du monastère de Rilo annonce
des combats continuels sur la frontière.
Razlog a été détruit. La population chrétienne a
été massacrée. Les cris des victimes ont été enten-
dus jusque dans les montagnes. Les fugitifs arri-
vent par ccntaines. Les flls télégraphiques sont
coupés.
Les insurgés attaquent Bachevo ; les troupes tur-
ques s'enfuient en désordre.
Appel de recrues
Constantinople, 29 septembre.
Un ïradé appelle sous les armes cinquante
mille recrues des districts' des second et troi-
sième corps d'armée, afin de compléter l'effec-
tif des bataillons de Nizam, en Macédoine,
pour les porter à mille hommes chacun.
LÈS SOUTERRAINS DU PALAIS DES DOGES
(De notre correspondant particulier)
Venise, 30 septembre.
L'architecte Rupolo, en faisant exécuter
quelques travaux de restauration dans le Pa-
lais des Doges a découvert un long couloir
souterrain qui selon toute apparence conduit à
la crypte de la basilique de Saint-Marc. On a
déjà pu établir que c'était par cette galerie que
le doge Candiano IV a voulu fuir après
l'incendie du Palais en 976. On sait que le
doge ne put s'enfuir. Le peuple qui le détestait
à cause de sa tyrannie, le massacra.
LES CONGRÉGATIONS
A Bourg-la-Reille. — En Bretagne. —
En province.
A la suite de la récente circulaire du préfet
de la Seine, les sœurs de Notre-Dame du Cal-
vaire qui dirigent, à Bourg-la-Reine, une
école de sourdes-muettes, ont fermé leur pen-
sionnat de jeunes filles contigu. Mais le père
d'une de leurs élèves est devenu acquéreur du
fonds et a pris à bail l'immeuble : cet établis-
sement d'éducation rouvrira ses portes, dès Ie3
premiers jours d'octobre, sous une autre direc-
tion.
Piré (Ille-el-Vilaine), 30 septembre.
M. Surty, le mandataire de M. Lecouturier,
est arrivé, ce matin, à Amanlis, à 7 h. 112.
Deux brigades de gendarmerie à cheval et
deux à pied l'accompagnaient. Une compagnie
du 41° était cantonnée depuis la veille à la
mairie. Mais l'on avait renoncé à toute mani-
festation.
M. de Talhouet, maire révoqué, propriétaire
de l'école, a fait constater qu'il ne cédait qu'à
la force.
D'Amanlis, le liquidateur s'est rendu à Pire
où est également cantonnée une compagnie du
41' Un millier de personnes, à la tête des-
quelles se trouve M. Caron, maire de Piré,
conseiller général, accueille le cortège pai>des
sifflets et des cris divers.
Après les formalités d'usage, le juge de
paix du canton de Janzé, ayant constaté l'im-
possibilité matérielle de procéder à l'expulsion,
le mandataire du propriétaire absent s'étant
refusé à ouvrir les portes, a décidé qu'il y se-
rait procédé en même temps qu'à l'apposition
des scellés, après l'ordonnance de référé qui
sera l'caùuc demain matin.
Chambéry, 30 septembre.
Les sMurs de SaintiJoseph. qui tiennent une
école à Albertville, ont reçu la visite du com-
JûiSSûiCû* qui-leur a signifie l'ordre da fermo.
leur maison et de s'éloigner dans lessix jours
Avignon, 30 septembre.
Les sœurs de Saint-François d'Assise qui
desser/aient la lingerie et l'infirmerie du lycJe
d'Avignon, ont reçu l'ordre d'avoir à quitter
rétablissement dans le plus bref délai.
Poitiers, 30 septembre.
Le commissaire de police a notifié aux
sœurs de la Sagesse le rejet de la demande en
autorisation qu'elles avaient formée pour leur
établissement scolaire de la rue Jean-Bouchor.
Un délai de 48 heures-a été accordé aux reli-
gieuses pour se disperser.
- • ♦—;
LA MORT D'UN BRAVE, HOMME
Ce n est pas sans émotion que nous avons
appris, hier matin, la mort subite d'un vieil
ami de ce journal, M. Boncour, bien connu à.
BellcvHIe pour le dévouement qu'il ne cessait
de témoigner aux malheureux de ce quartier si
populeux.
Né en 1832, il connut à la fleur de l'ilge, les
émotions poignantes.des luttes politiques. Hie:l
vite conquis aux idées républicaines, il aimait
a raconter à ses jeunes amis les exemples vé-
cus des luttes terribles qui ensaùglantèred
Paris et dont il fut un des témoins. 1848-1871
étaient pour lui deux dates sacrées dont il no
parlait qu'avec une sorte de respect mêlé à un
grand enthousiasme pour les hommes qui
soutinrent avec tant d'énergie le drapeau ré-
publicain.
- Allain-Targé, Gambeita, le comptèrent
parmi leurs plus ardents défenseurs.
La crise boulangiste, plus récemment la
contre-révoluticn nationaliste, l'eurent ponjr
adversaire irréductible et chacun à Bslleviilj
se souvient encore de la part active, qu'il prit
aux dernières élections pour soutenir la candi-
dature de notre ami et rédacteur en chef,
Charles Bos.
Ouvrier facteur en pianos, il ne passa p33
moins de 40 ans à l'atelier, où il connut la mi-
sère et aussi l'aisance.
Retiré depuis une quinzaine (Pairnées, il ai-
mait à s'occuper du sort des malheureux.
Administrateur du bureau de bienfaisance,
de la caisse d'épargne, il contribua vivement
à l'organisation de ces services, avec un dé-
vouement qui nese départit jamais. Enfin,la loi
de 1&S6 sur renseignement primaire, le trouva
tout disposé. Membre de hi caisse des écoles,
délégué, cantonal, il aimait à parcourir les
écoles, encourager les enfants qui l'adoraient,
les maîtres qui l'estimaient et le vénéraient.
"Sa mort causera dans le 19* arrondissement
un vide profond dont les malheureux se conso-
leront difficilement.
Officier de l'Instruction publique, il avait
obtenu ces années dernières la grande médaiila
d'honneur du ministère de l'Intérieur.
Ses obsèques purement. civiles auront lieu
vendredi matin à 10 heures.
On se réunira à la maison mortuaire, 103,
rue de Bclleville. — A. D.
:—« ———————————-.
AU CIMETIÈRE WOHTIARTRE
Là visite de dimanche prochain
A Médan, avant de se séparer, les nombreui
admirateurs ét amis qui ont accompli ce pre-
mier pèlerin îge, se sont donné rendez-vau.
pour dimanche prochain au cimetière Mont
martre où se trouve la sépulture d'Emile Zola
Cette manifestation populaire a été décidée afin
de permettre aux travailleurs-de Paris de ren-
dre un solennel hommage à l'immortel écri-
vain qui les a chantés si magnifiquement, aï
grand écrivain qui nous a donné l'impérissable
et fécond exemple d'un courage héroïque. Les
divefses sections de la Ligue des droits da
l'homme, des grcupes d'instituteurs, les orga-
nisations syndicales, les Universités populaires
se préparent à prendre part à cette imposante
visite. Ajoutons que de nombreux isolés, des
ouvriers, d'humbles amoureuses, une multi-
tude d'inconnus, viendront prouver leur atta-
chement à celui qui a tant aimé le peuple, à
l'apôtrp de la Vérité, de la Justice et de la
Bonté. Le rendez-vous est fixé à 2 h. 1\2.
-
LA MAISON NATALE DE DICKENS
(De notre correspondant particulier)
Londres, 30 septembre.
La maison sise 393. Commercial road, i
P*"çJ35BOuth, dans laquelle Charles Dickens a
FU le jour, vient d'être vendue aux enchères.
La mise à prix était de 10.000 fr., mais des
amateurs ont poussé le prix. Finalement la
maison a été adjugée à la Corporation de Ports-
mouth pour la somme de 28.i2o fr. On y ins-
tallera un Musée Dickens.
LE TSAR A VIENNE
Réception cordiale. — Déjeuner de
gala. - Un meeting de protestation.
vienno, 30 septembre.
Le tsar, accompagné d'une suite nombreuse
parmi laquelle se trouve le comte Lamsdorf
ministre des affaires étrangères, est arrivé ce
matin. Il a été reçu à la gare par l'empereur ci
les archiducs.
Les salutations échangées entre les deux mo-
narques ont été particulièrement cordiales : ilr
se sont serré la main et se sont embrassés pat
deux fois. i-
L'arrivée du tsar a eu lieu par un temps su-
perbe. Sur tout le trajet, de la gara de l'Ouest
à Schœnbrunn, une grande affluence de popu-
lation était massée derrière les troupes formant
la haie. -
Le tsar portait l'uniforme de son régiment
autrichien de uhlans. L'empereur Franchis-Jo-
seph portait l'uniforme russe. Les deux souve-
rains ont été très acclamés. v- ,
Les rues par où passait le cortège impérial
étaient ornées de mâts, avec oriflammes aux
couleurs russes et austro-hongroises.
Au château de Schœnbrunn
Puis les souverains sont montés en voiture
pour se rendre au château de Schœnbrunn,
pendant que l'artillerie tirait des salves. Tout
le long de la route, les troupes formaient la
haie ; derrière les soldats, se pressait une foule
énorme qui a accueilli les souverains par des
vivats enthousiastes.
Au déjeuner de gala donné au château èiet
Schœnbrunn assistaient les deux empereurs,
les archiducs et archiduchesses, les comtes
Lamsdorf et Goluchowski, le comte Kapnist,
ambassadeur de Russie à Vienne; le baron
d'Arenthal, ambassadeur d'Autriche a Saint-
Pétersbourg ; les ministres et les titulaires des
grandes charges de la cour.
Le départ pour:-Murzsteg a lieu à 2 h. lr-î.
Les deux empereurs, en costume de chassa,
accompignés dos invité?, s? sont rendus a la.
gars de Hetzendorf.
Là, ils ont été accueillis par les ovations en.
thousiastes de la foulo qui s était amassée en
grand nombre pour les acclamer.
A 2 h. 30, les deux souverains ont quitté
Hetzendorf.
En chasse I
Murzstez, 30 septembre.
Le tsar Nicolas il, l'empereur François-Fer1
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