Titre : Le XIXe siècle : journal quotidien politique et littéraire / directeur-rédacteur en chef : Gustave Chadeuil
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1903-09-29
Contributeur : Chadeuil, Gustave (1821-1896). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
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Description : 29 septembre 1903 29 septembre 1903
Description : 1903/09/29 (N12254). 1903/09/29 (N12254).
Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-199
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 20/06/2013
CINQ CENTIMES le Nu:rné:ro.
PARIS A OPAATrMENtS
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ADMINISTRATION ; 14, rue du Hall ,
Adresser lettres et mandats i l'.iimiistrctiour l ,
Nous publierons prochainement en feuille-
on de la 4* page ; :
LE ROI DE CORSE
par CAMILLE BIAS
On sait quel admirable metteur en scèn,
le drames sanglants et terribles, est Camille
Bias. Jamais l'inventif écrivain ne s'était
tttelé ri une œuvre plus mouvementee, plus
vitante, et où évolue, dans un cadre ae déli-
fieux paysages, le monde du pays de la
Vendetta. -
LE ROI DE CORSE
donnera parfois le frisson, intéressera tou-
jours et de plus en plus passionnera: on ne
le quittera qu'à regret.
NOS LEADERS
POUR LA PAIX
Ennemis par tradition dè tout ce qui
îst noble et généreux, les réaction-
aaires ont affecté de tourner en ridi-
cule, de tenir en mépris le congrès
peur la paix qui vient de se tenir à
Rouen. Tel jqurnal clérical a ainsi
qualifié les congressistes : « Un certain
nombre d'individualités sans mandat,
Bt probablement sans aveu.» La pré-
sence du ministre du commerce et de
l'industrie à la séance de clôture de ce
congrès aura répondu plus que suffi-
samment à ces plaisanteries indignes ;
aura montré, au moins, que le gouver-
nement de la République ne se désinté-
resse pas des efforts tentés par des
citoyens que < rassemble une même
bonne volonté, un même amour des
hommes.
Toutes initiatives ayant un but
hautement humanitaire doivent être
encouragées, et la France se doit
il elle-même d'être là, représentée par
un de ceux qui ont qualité pour par-
ter en son nom, partout où de bons
.ouvriers se réunissent, pour travailler,
de quelques coups de pioche, à la route
de l'avenir. ;
***'
La guerre est horrible ; la guerre
est infâme. La guerre, c'est non seule-
ment la ruine, mais encore le recul de
l'humanité. C'est la barbarie originelle
reparue, faisant fuir, devant ses fu-
meurs, la civilisation épouvantée. De
droit, de justice, il ne saurait plus
être question; la force est tout. Et
tandis que les cités brûlent, que le.
sang répandu tue l'espoir des moissons
dans le sein de la terre, que l'on enfouit
en de longues, longues fosses, les
jeunes hommes par milliers, et que
vers le ciel impassible, montent les
malédictions des mères, la notion du
bien, la science du vrai, s'effacent, se
perdent, si bien que l'être humain se
sent, toute étoile ayant disparu, si
faible, si petit, si écrasé, que son âme
obscurcie est prête à toutes les dé-
chéances -
La guerre est abominable ; car ceux
qu'elle ne tue pas, elle les pervertit,
elle les corrompt ; et après chacun de
ses ravages, il. faut le travail de bien
des années pour que la lumière repa-
raisse et que le vent chasse les mias-
mes stagnants sur les champs de ba-
taille.
S'il se trouvait, au temps où nous
vivons, un. homme pour se déclarer
partisan de la guerre, tous s'écarte-
raient avec horreur de cet être mons-
trueux ; à tous, il paraîtrait semblable
à ces délirants que l'on enferme pour
qu'ils ne fassent pas de mal aux au-
tres.
Qui, dités, se refuserait à crier: —
.Vive la paix?
***
Mais c'est une vérité éternelle, im-
muable, que rien ne saurait se fonder
que sur la justice. Hors de la justice,
il n'y a point de salut possible. Si vous
- bâtissez une maison sans avoir solide-
ment assis ses fondations dans le roc ;
si vous vous contentez de poser les
pierres une à une sur le sable, tôt'ou
lard, à la première oscillation de ce sable
mou vant, l'édifice tout entier s'écrou-
Jera.
Toute paix imposée par l'abus de la
lorce ; toute paix arrachée, comme les
4cnts de la bête fauve arrachant un
lambeau de chair, par le vainqueur au
vaincu; toute paix conclue en viola-
tion du droit,, en négation de la jus-
iice; toute paix qui laisse après elle
Ses ferments de haine, n'est point une
paix vraie, sincère, durable; et ce
Vest pas elle que nous Acclamons.
Bien au contraire, nous lui disons :
— Tu mens ! à cette paix si fragile, si
fausse qu'elle ne peut durer qu'à la
condition d'être entourée sans cesse
d'armées prêtes à entrer en campagne;
4 cette paix dont l'incessant travail de
destruction épuise à la longue les na-
lIOns autant que le ferait la guerre
elle-même ; à cette paix qui n'est que
te masque posé sur le visage de la
guerre d'hier et sur celui de la guerre
Je demain ; à cette paix difforme qui
écrase les hommes de son poids et les
lient sous une menace constante ;
flous lui disons ; - Tu es aussi abo-
minable, aussi infâme que la guerre;
toi qui portes ce nom de paix armée,
non ! non ! tu n'es pas la vraie paix!
***
Et quand nous crions — oh ! nous
le crions de tout notre coeur : —Vive
la paix ! c'est à la paix véritable, sin-
cère, que s'adressent nos acclamations;
à la paix qui, effaçant toute trace, tout
souvenir des crimes commis, abolis-
sant toutes barrières entre les peuples,
supprimant ainsi toute cause possible
de conflit armé, plaçant, comme il faut
que cela soit, le droit au-dessus de la
force, sera pour l'humanité entière la
délivrance, et s'appellera : Fraternité
Si j'avais pris part au Congrès de la
paix, j'aurais dit: — Cette paix-là, et
nulle autre; cette paix-là d'abord et
avant tout, car tout ce que l'on tentera,
tout ce que l'on voudra sera vain,
tant ce que l'on n'aura pas réglé les
vieux comptes, enfoui dans l'oubli le
passé lourd de hontes et de crimes, et
fait sur toute la terre rayonner la
grande parole : Justice.
***
Le congrès de Rouen s'est occupé de
la récente guerre sud-africaine; il a,
si je ne me trompe, protesté contre
« l'annexion violente » du Transvaal.
Soit. Mais il y a eu, il y a trente-trois
ans, une autre « annexion violente »
qu'il ne faut pas oublier, car c'est le
crime commis alors qui opprime en-
core l'Europe, et l'étouffe, et la tue.
La paix européenne, c'est le but;
la revision du traité de Francfort, c'est
le moyen. Voilà ce qu'il ne faut ja-
mais perdre de vue, voilà ce qui doit
être dit toujours, et en toute occasion ;
si j'avais été au congrès de Rouen, je
l'aurais dit.
Tant que le traité de Francfort n'aura
pas été déchiré, il n'y aura point de
paix véritable pour le monde. C'est
seulement avec les lambeaux lacérés
de ce traité odieux que l'on pourra
coudre l'étendard des peuples unis.
***
Je suis avec ceux qui veulent la
paix. Mais il ne faut pas que cette
préoccupation si légitime et si néces-
saire de la paix, dévie, se fausse,nous
conduise, nous, Français, à l'abdica-
tion, à l'aveulissement ; nous fasse ou-
blier nos devoirs ; nous fasse perdre
le sentiment de l'honneur ; — il ne
faut pas — je dis toute ma pensée en
un mot — que l'idée de paix nous
fasse oublier jamais l'idée supérieure
de justice et de droit.
> Lucien Victor-Meunier.
DANS LE SUD ALGERIEN
Il ne faut pas tirer de conclu-
sions hâtives de la nouvelle at-
taque que nous signale une dé-
pêche d'Aïn-Sefra : un groupe
de pillards marocains a enlevé
un troupeau appartenant à une
tribu algérienne, des spahis les ont pour-
suivis et n'ont pu les rejoindre? il y a, dit-
on, un mort et un blessé.
Il est bien probable que l'état général
d'effervescence où se trouve le Maroc de-
puis quelque temps, facilite d'une certaine
façon, tend à rendre plus fréquents ces in-
cidents de frontière ; mais il ne suit pas de
là que ces incidents ne se produiraientplus,
même si nous occupions tout le Maroc, au
lieu de nous borner, comme nous le fai-
sons actuellement, à le côtoyer.
C'est, en effet, bien plutôt la nature dé-
sertique des régions du Sud, que la situa-
tion politique de ces régions, qui crée -ces
à-coups ; ils existent à l'état permanent
chez les nomades pasteurs,et ce qui se passe
aujourd'hui se passait, en Asie, du temps
de la Bible. Si nous occupions tout le dé-
sert jusqu'à la zône de Tombouctou, les
Touareg se chargeraient de nous en four-
nir bien d'autres échantillons, jusqu'au
moment où nous serions maîtres de tous
les points d'eau sans exception.
En réalité, ce qu'il faut trouver, c'est un
nouveau système de police accommodé à
ces territoires. Puisque nous sommes dans
ces régions, restons-y ; mais ne comptons
pas trop, d'ici assez longtemps, rendre im-
possible toute razzia, toute rixe, entre des.
tribus pour-qui le brigandage est souvent
une sorte de nécessité, et qui agissent un
peu comme des fauves que la faim jette au
combat. Nous sommes condamnés, c'est
certain, à accroître fortement nos effectifs
du Sud-Oranais, et à les organiser de façon
à leur assurer à la fois la plus grande somme
possible de mobilité et de cohésion. C'est
une question d'étude ; et le zèle que dé-
ploie notre gouverneur général en Algérie,
comme sa réelle compréhension des besoins
spéciaux de ce pays admirable et complexe,
nous donne la certitude que le problème
posé trouvera promptement sa solution. J
- ; ■■ ■■
Une lettre de FexpsdMga Ziégler
(De notre correspondant particulier) :
New-York, 27 septembre.
Un marin a apporté une lettre d'un '!nem..
bre de l'expédition Ziégler. Le navire est ac-
tuellement dans la mer de Barentz.
Une perturbation extraordinaire a dû avoir
lieu dans les hautes régions polaires, car on a
vu de grands glaçons flottants couverts de ca-
davres d'animaux.
LA TÉLÉGRAPHIE SANS FIL
DANS LA MARINE ALLEMANDE
IDe notre correspondant f)Gf'ItoultIrI
Berlin, 27 septembre.
L'amirauté a créé dix cours spéciaux où les
officiers et les ingénieurs de la marine appren-
dront le maniement du télégraphe sans fil. Ces
cours sont obligatoires,
CmSUBIE PÉDAGOGIQUE
LA NEUTRALITÉ SCOLAIRE
Ce qu'a voulu le législateur. — Un
leurre. — L'esprit religieux. — Une
preuve facile à fournir. — La « vie
future) dans l'enseignement laï-
que. — Les programmes sco-
laires. — Le bon Dieu laïque.
On parle beaucoup en ce moment de
la neutralité scolaire. On se demande si
elle existe vraiment dans l'enseignemet pri-
maire public. La question n'est pas nouvelle.
Mais la fermeture-des établissements congré-
ganistes non autorisés lui a donné un regain
d'actualité.
Les personnages officiels et les journaux of-
ficieux ne manquent jamais de proclamer en
toute occasion, qu'au point de vue dos croyan-
ces religieuses, une neutralité absolue est ob-
servée dans les écoles laïques, ainsi que l'a
voulu le législateur. Les cléricaux de leur
côté appellent l'école publique, l'école sans
Dieu, l'école des athées et des francs-maçons.
La vérité est que la neutralité scolaire posée en
principe dans la loi est un leurre. Elle est
constamment violée avec l'assentiment que
dis-je ! sur l'ordre même de l'administration
qui a publiquement défait I'oeuvid du Parle-
ment sans que celui-ci ait jamais songé à ré-
criminer. 4
L'école primaire publique reste subtilement
imprégnée d'esprit religieux.Si elle n'enseigne
pas -beaucoup de la religion elle en inspire, et
même en commande le respect. La différence
n'est pas très grande. ,Ce qui se dit et se fait
à l'école est de nature à fortifier les sentiments
religieux des enfants et des familles. Ces sen-
timents devraient être ignorés : ils y sont cul-
tivés. Une enquête facile à faire nous en four
nira la preuve.
Visite d'une école laïque
Entrons dans une école. Evitons de visiter
-celles qui se comptent par milliers, et où tout
de suite nos yeux tomberaient sur un crucifix,
une vierge et peut-être de violents chromos
représentant les sacrés cœurs de Jésus et de
Marie, Saint Joseph, Saint Antoine ou tout au-
tre prétendu bienheureux.
Interdisons-nous également de franchir le
seuil de celles, tout aussi nombreuses, où nous
entendrions réciter prières et catéchisme, mal-
gré la défense formelle de la loi. Ne pénétrons-
même pas dans celles où maîtres et maîtresses
ayant simplement conservé au plus profond-
d'eux-mêmes un reste de foi, se montrent pra-
tiquants de loin en loin, sinon régulièrement.
Ce qu'il y aurait de religieux dans de telles
écoles pourrait paraître exceptionnel.
Entrons seulement dans uno école fran-
chement, sincèrement, absolument laïque,
c'est-à-dire dans une école où il n'y a pas
d'emblèmes religieux, où avant de se mettre
au travail on ne dit pas même un pater et un
ave, où les élèves ne sont pas conduits aux cé-
rémonies do l'église,^)ù les maître» enfin
émancipés à l'égard de tout culte, pensent li-
brement. Elles sont rares, mais il y en a.
Qu'y entendons-nous ?
Un enseignement d'une fade religiosité.
Le maître parle à ses élèves de la vie future,
des sanctions qui,dans une autre vie, seront la
récompense suprême des bons et la punition
des méchants : il les entretient, avec ou sans
sincérité, de ce que les philosophes appellent
justement l'inconnaissable, comme si, pour lui,
ces choses-là n'offraient aucun mystère. Bien
mieux : il prouve l'existence de Dieu au moyen
de deux ou trois vieux arguments qui ne va-
lent rien, comme en fin de compte il faut tou-
jours l'avouer.
Il persiste néanmoins à affirmer qu'il y a un
être suprême envers lequel nous avons toutes sor-
tes de devoirs.Surtout, comme cela lui est for-
mellement recommandé, il apprend aux en-
fants « à ne pas prononcer légèrement le nom
de Dieu ». Le nomade n'importe quel Dieu sur-
tout celui des religions existantes..
Vous voyez alors ce qui se passe. Comme
notre littérature est animée en général d'un
esprit plus ou moins religieux, chaque fois que
dans une lecture une allusion est faite aux
croyances des catholiques, des protestants ou
des juifs, l'instituteur prend un ton grave, une
attitude composée pour dire que ces croyances
sont infiniment respectables, quelles qu'elles
soient. Il est entendu qu'il doit combattre les
préjugés en général, mais il lui est défendu de,
condamner les superstitions qui sont l'objet
d'un enseignement religieux. Il a pour mission
de mettre S3S élèves en garde contre les erreurs
mais il ne saurait sans inconvénient dénoncer
les fausses assertions des écritures saintes.
Clérical malgré lui
Dans les communes où il n'y a pas d'école
- congréganiste et où par conséquent il est es-
pionné par les enfants des familles dites bien
pensantes, il serait imprudent de sa part de:
dire, en réponse à la demande d'un enfant
questionneur, que l'arc-en-ciel est plus ancien
que Noë quoi qu'en dise la Bible, que le soleil
n'a jamais été arrêté— et pour cause — même
par Josué, que Jonas ne put être avalé et à
plus forte raison vivre dans le corps d'une
baleine. ,
M. le curé fulminerait dans sa chaire. Il y.
aurait une enquête administrative et notre
Jean Coste serait puni de son manque de taet.
C'est ainsi, en effet, que serait appelé son oubli
du respect qu'il doit aux choses de la religion.
J'ai connu personnellement des instituteurs
qui ont été réprimandés pour des faits sembla-
bles.
La faute de tout cela, nos lecteurs l'ont de-
vinée, ce sont les programmes scolaires. Ces
programmes d'un caractère nettement spiri-
tualiste, comme des circulaires ont pris soin
de le souligner, veulent expressément que
l'école laïcisée ne soit pas l'école sans Dieu, si
elle est l'école sans culte. La neutralité sco-
laire est confessionnelle, non philosophique.
Elle ignore le matérialisme ou plutôt elle le,
réfute (1). La tolérance est proc'amée pour tous
sauf pour les athées. Les athées sont hors la
loi.
Il y a un « bon Dieu laïque ». C'est ce que la
brochure de M. Franchet, bien connue du per-
sonnel enseignant, établit péremptoirement sur
des textes de manuels scolaires écrits selon les ,
indications et les intentions du programme. A
l'école publique le mot d'ordre est de respec-
ter toutes les opinions, sauf celles de la Libre-
Pensée. Il n'est pas permis d'y produire les as-
sertions de Renan, mais on doit s'incliner, ou
plutôt se taire avec une déférence marquée, à
l'égard de celles de Bossuet. Si M. Brunetière
connaissait mieux l'école laïque, il serait con-
tent d'elle.
La refonte des règlements scolaires
Dans notre dernière cattserie, je signalais
que très justement M. Ferdinand Buisson a vu
le remède au péril primaire dans une réorga-
nisation de l'enseignement primaire sur des
principes nouveaux. A leur tour les rationa-
listes estimeront, je pense, que pour laïciser
vraiment la laïque il faut que la refonte des
règlements scolaires s'étende jusqu'aux pro-
grammes des études. Actuellement, ils sont
en opposition avec le principe de la neutralité
scolaire qui est au fond de toute la législation
de notre enseignement populaire. Il importe
de les mettre d'accord avec lui : au point de
vue'logique, cV-t nécessaire, et au point de
vue Pol-Lique, c'esi utile.
ARMAND DEPPER.
SUR UNE LETTRE DE M. RIBOT
: M. Ribot adresse à ses compatriotes du Pas-
de-Calais une lettre qui constitue son premier
acte politique depuis le jour où une assez
grave maladie l'a forcé à prendre un repos de
plusieurs mois.
En dehors do tout esprit de parti, nous
avions regretté la retraite provisoire a laquelle
avait été contraint le leader du Centre et de la
Droite. D'abord pour le bon renom du Parle-
ment français. nous souhaitons toujours qu'il
compte le plus grand nombre possible d'hom..
mes éminents, sans distinction d'opinion. En-
suite, nous sommes convaincus que rien n'as-
sure la cohésion et n'entretient l'ardeur (le la
majorité comme la concurrence d'une opposi-
tion conduite par un politique expérimenté et
- adroit.
- Rien ne nous empêche donc d'accueillir avec
courtoisie la rentrée de M. Ribot, et de lui
souhaiter le rapide et complet rétablissement
de sa santé.
Nous regrettons seulement qu'à l'écart des
polémiques quotidiennes, M. Ribot n'ait pas
suffisamment médité, comme il avait l'occa-
sion de le faire, sur la vanité du programme
et de la tactique « progressistes ». S'il s'adresse
à ses compatriotes du Pas-de-Galais, c'est, hé-
,Ï laçj,une fois .de.plus" pour lès mettre en garde
contre les idées de progrès dont le triomphe
dans le pays apparait d'heure en heure plus
éclatant.
Voici, du reste, le passage essentiel de la
lettre de M. Ribot, il convient de la lire un
pou entre les lignes, car c'est un caractère de
l'éloquence de cet homme d'Etat que l'idée
principale reste généralement sous-jacente.
Il s'agit du monument élevé par la ville d'Ai-
res aux soldats morts pour là patrie :
Le monde sait que notre politique n'est pas bel-
liqueuse. Ayons la pudeur de ne pas faire étalage
de l'horreur que la guerre nous inspire, si nous
ne voulons pas que ces morts, dont nous honorons
la mémoire, nous rappellent que nous n'avons
.pas le droit de célébrer, à l'égal d'une victoire,
l'effort de sagesse que nous nous sommes imposé
pour maintenir la paix depuis trente ans.
Li réforme prochaine de nos lois militaires, qui
nous apparaît comme nécessaire, n'aura pas pour
effet, je l'espère, d'affaiblir la France dans le
monde. Tout dépend de l'esprit dans lequel cette
réforme sera accomplie et acceptée par le pays.
Plus on réduit la jdurée du service, et plus il faut
relever, fortifier l'esprit militaire, c'est-à-dire l'es-
prit d'abnégation poussée jusqu'au sacrifice, l'es-
prit de discipline, de soumission absolue aux or-
dres que la loi et la patrie elle-même nous don-
nent par la bouche des chefs militaires.
Eh quoi? Parce'que nous n'acceptons pas
l'atteinte portée il y a trente ans par l'étran-
ger à l'intégrité du. territoire, nous n'aurions
plus le droit de proclamer l'horreur que la
guerre nous inspire ? Nous serions réduits à ne
réaliser qu'en tremblant cette réforme — que
M. Ribot reconnaît nécessaire — du service de
deux ans, réforma dont l'Allemagne nous a
donné l'exemple ? 'Nous devrions, en tout cas,
renoncer à « l'esprit »dont le centre et la droite
ne veulent pas et qui est l'esprit démocrati-
que ? Ah ! Que la France républicaine suive
de tels conseils, et c'est alors, qu'elle pourra
rougir, avouant implicitement non son horreur
légitime de la guerre, mais la crainte moins
honorable des responsabilités que comporte sa
mission civilisatrice.
Il y a cependant quelques lignes (fitcellentes
dans la lettre de M. Ribot. L'abominable théo-
rie de l'obéissance passive y est désavouée. Il
y est question de « l'esprit de discipline, de
soumission absolue aux ordres que la loi et la
patrie elle-même nous donnent par la bouche
des chefs militaires. »
Il est clair que la loi ne pourrait jamais
être censée parler par la bouche d'un général
de coup d'Etat. M. Ribot expose donc merveil-
leusement qu'un chef de pronunciamimto
n'aurait aucun droit à exiger la révolte de ses
soldats contre le pouvoir civil.
C'est la doctrine que nous n'avons jamais
cessé d'exposer ici même. Nous remercions M.
Ribot de son adhésion à l'un au moins de nos
principes. — H. D.
- 4
L'ÉMIGRftTIOM PE5 BOERS
(De notre correspondant particulier)
* Capetown, 27 septembre.
Une délégation de Boers, conduite par M.
Thomas Dewet, s'est présentée chez le gouver-
neur de l'Afrique allemande du sud-ouest, à
Windhcek, afin de se renseigner sur les condi-
tions dans lesquelles leurs compatriotes pour-
raient s'établir dans la colonie allemande.
Lorsque le gouverneur eut déclaré que le
service militaire sous le drapeeu allemand
était obligatoire pour tout colon, la délégation
a rompu les pourparlers et s'est retirée.
-*> —
LE NOUVEAU FUSIL DE L'ARMEE BAVAROISE
(De notre correspondant particulier)
Munich, 27. septembre.
Au mois d'octobre, on commencera lEL-dis-
tribution du fusil M. 98 aux troupes bavaroi-
ses. Le nouveau fusil, qui, d'ailleurs, est déjà
en usage dans les corps d'année prussiens, est
du même calibre que le modèle de 1888. On a
simplement modifié le mécanisme du chargeur.
On a aussi enlevé l'enveloppe de bois qui en-
touraitle canon. Les fusils 1888 seront gardés
dans les arsenaux ; ils serviront, en temps
utile, à l'armement de la territoriale et du
Landsturm. t
UN GROUPE RÉPUBLICAIN
AU PARLEMENT HONGROIS
(De notre correspondant particulier)
Budapest, 27 septembre.
Jusqu'ici il n'y avait pas de parti républi-
cain à la Chambre hongroise. Il faut remon-
ter jusqu'à 1848 1849, pour trouver dans l'As-
semblée nationale un nombre important de
partisans de la République. Grâce aux der-
niers incidents, les traditions de la Convention
nationale de Debreczen feront leur résurrec-
tion. Un député de l'extrême-gauche, M. Ba-
rabas, qui fut rappelé à l'ordre pour avoir dit
qu'il se méfiait de la parole du roi, se sépare
du parti Kossuth et a manifesté l'intention de
fonder avec plusieurs collègues une fraction
républicaine. M. Barabas est le fils du menui-
sier Barabas qui, en 1868, a essayé d'introduire
en Hongrie l'institution des Trade-Unions.
L'EXTERRITORIALITÉ DIPLOMATIQUE
ET LES FOURNISSEURS
(De notre correspondant particulier)
Copenhague, 27 septembre.
Henri XXXI, prince régnant de Reuss,chargé
d'affaires d'Allemagne à Copenhague, a quitté
son poste, « pour des raisons de famille » dit
l'Agence officieuse de Ritzau. Mais les socia-
listes donnent uno autre explication de ce
brusque départ. Un ébéniste, M. Askmann,
avait sur le prince une créance de 70 couron-
nes, disent-ils. L'ouvrier ne pouvait s'adresser
à la justice danoise, le chargé d'affaires jouis-
sant du privilège de l'exterritorialité ; il ne
pouvait pas recourir aux magistrats de Reuss
qui n'auraient certes pas condamné Jeur sou-
verain. Il a donc simplement perdu ce qui lui
était dû.
Voir à la 3 Qpage
les Dernières Dépêches
cie la nilit
et la Revue des Journaux
- du matin
LA GUERRE AUX LOTERIES
La banque Fritz Dorge, de Buda-Pesth, con-
tinue à faire la nique à M. Vallé, garde des
sceaux. Il parait que cela fait plaisir à notre
ministre de la justice.
Dans le petit coin de province où je suis, j'ai
reçu de nouvelles circulaires relatives à la Lo-
terie hongroise dont j'ai déjà très souvent en-
tretenu les lecteurs de ce journal.
Un premier tirage a eu lieu récemment, tJI:
nouveau tirage est annoncé pour le mois ùu
novembre, et dans toute la France sont en-
voyés les offres alléchantes de souscriptions 4ft
les appels de fonds.
Il n'est pas inutile de faire connaître d,i is
leurs termes mêmes les nouveaux prospectus
répandus par miHiers dans les villes et dans
les campagnes ; - 1 - ,',
Monsieur,
La plupart des gagnants, désirant garder secrets
leurs noms et leurs gains, nous ne pouvons vous
énumérer les milliers de personnes qui ont gagné,
en TVance, des lots importants à la Loterie royale
hongroise. Néanmoins, nous croyons devoir vous
citer quelques-uns des résultats obtenus, afin do
vous fournir une-preuve matérielle et irrécusable
du sérieux de cette loterie, qui fonctionne depuis
6 années (loi du 27 février 1897), sous le contrôle
du gouvernement hongrois. Nous appelons donc
votre attention sur la liste placée au do%de la let-
tre de commande ci-jointe.
La chance étant un domaine accessible à tous,
nous venons vous proposer de la tenter vous-
même en participant à la 13' loterie hongroise,
dont le premier tirage est fixé aux 19 et 20 novem-
bre 1903.
Notre offre vous est adressée dès ce jour car, en
raison du succès de cette loterie, les billets sont
toujours épuisés longtemps avant le tirage et, mal-
gré les avertissements que nous avons donnés il
maintes reprises, un grand nombre d'acheteurs
n'ont pas su prendre leurs précautions à temps,
.lors des précédentes loteries.
Vous trouverez dans la notice ci-jointe tous les'
renseignements utiles, et notamment la nomen-
clature des 55,000 lots donnés par les 110,000 bi i-
lets (1 billet sur 2 gagne lot), et dépassant en,
semble la somme de 15 millions de francs en en"
pèces.
Enfin, les références que nous indiquons ci-des
sous vous édifieront sur la confiance méritée par
la Banque Fritz Dorge, et sur la promptitude
qu'elle apporte à payer les lots gagnés.
Suit une liste de personnes que l'adminis-
tration désigne comme gagnants, et dont elle
donne les adresses en France.
Fraternisent et se mêlent dans cette liste des
ouvriers et des professeurs, une comtesse et
une crémière, un notaire et un chaudronnier,
c'est dire que toutes les classes de la société
ont confié à la loterie hongroise le fruit de
leur épargne, ou leurs capitaux superflus.
Est-il admissible que la loterie hongroise
soit tolérée dans un pays dont les lois pénales
punissent sévèrement lus banquiers, les cour-
tiers, les agents de publicité qui s'occupent de
loteries.
Qu'on ne dise pas que l'on ne peut ri6n faire
et que l'on est bien obligé de tolérer ce qu'on
ne peut réprimer. Le délit commis par M.
Fritz Dorge est patent. Rien n'empêche que
l'on condamne ces délinquants par défaut.
Rien n'empêche que l'on saisisse au départ la
correspondance qui leur est destinée ainsi que
les enjeux qu'elle contient. Rien n'empêche
enfin, puisque le nom de la plupart des ga-
gnants est connu, que l'on fasse opposition au
paiement des lots et qu'au besoin on en confis-
que le montant.
-Nous avons déclaré la guerre aux loteries,
et nous ne sommes pas près de signer un ar-
mistice, nous les combattrons par toutes les
armes qui nous tomberont sous la main, sans
défaillance, sans timidité, sans faiblesse. —
L. Armbruster.
Les âgissemeais de l'Autriche ea Croatie
(De notre correspoidant particulier)
Budapest, 27 septembre.
Plusieurs députés de l'Extrême-Gauche ont
acquis la preuve que les récents troubles en
Croatie ont été fomentés par l'étranger. C'est,
paraît-il, le président du Conseil autrichien
M. Koerber, qui a fourni l'argent ayant servi
à organiser les émeutes.
Cette affaire sera portée à la tribune de la
Chambre hongroise.
On croit en général que derrière le président
du Conseil autrichien, se cache la Camarilla
de la Cour qui a voulu créer une répétition
des événements de 1848.
v UN MAIRE SUSPENDU
Par arrêté du préfet de la Lozère, M. Chi-
rac, maire réactionnaire du Chambon-le-Cha-
teau, est suspendu pour un mois, de ses fonc-
tions.
D'après l'enquête à laquelle le préfet a fait
procéder par la gendarmerie, le maire du
Chambon, à propos d'une réclamation déposée
entre ses mains par un gros .'mier de la com-
mune, aurait trompé la bonne foi des commis-
saires de l'administration et tenté de tromper
celle-ci, en certifiant sincère et véritable le
montant d'une perte de 800 fr. majoré d'au
moins 500 fr. et en présentant comme nécessi-
teux le réclamant qu'il savait propriétaire dans
le département de la Haute-Loire, d'une ferme
qui le classe parmi les contribuables les plus
aisés de la commune.
A RAMBOUILLET
Rambouillet, 27 septembre.
Le Président de la République et Mme Lou-
bet ont offert un déjeuner au château de Ram-
bouillet. Assistaient à ce déjeuner :
MM. Godin, sénateur ; de Caraman, député ;
Gautherin, conseiller général, maire de Ram-
bouillet ; Mounet., procureur de la République ;
Villa, président de la chambre des avoués ; Laclef,
inspecteur primaire ; Bertrand, inspecteur des
forêts; Poirson, préfet ; -Roman, sous-préfet; Lan-
celot, colonel du 12e cuirassiers ; Grillot, receveur
des finances ; Breynat, commandant de l'Ecole
militaire ; Laignier. agent-voyer de l'arrondisse-
ment ; Jeannerat, soua-inspecteur des forêts.
Chasles, président honoraire du tribunal ; Del-
lemagne, conseiller d'arrondissement; LcCarbin-
nier de la Morsanglière, conservateur des hypo-
thèques ; le docteur Humbert ; irieys, président
du tribunal ; Frize, secrétaire général de la cham-
bre des notaires ; Beau fils, sous-directeur des con-
tributions indirectes ; Blaye, capitaine de gendar-
merie.
Les personnes de la maison du Président as-
sistaient également au déjeuner..
FÊTES ET
INAUGURATIONS
Le monument de l'amiral Jaurès. —
M. Pelletan préside. — Les récep- ;
tions. - Le ministre de la guerre a ,
Nevers. — Inauguration d'une ,
* école de filles. — Au cimetière
de Laon. — à la mémoire de
Guindey
Graulhet, 27 septembre.
Le traïn * ministériel est parti d'Albi à 8 h.,
M. Pelletan était accompagné des députés et
sénateurs républicains du Tarn.
- A Laboutarie, M. Rigaud, conseiller généra! 1
du canton de Rjalmont, présente les maires.
Il souhaite en leur nom la bienvenue au mem-f
bre du gouvernement d'action républicaine
qui a la confiance du pays. Le ministre réponde
et dit que le gouvernement s'efforcera de méri-.
ter la confiance des républicains. ij
M. Pelletan a été longuement acclamé patî
les populations rurales.
A son arrivée à Graulhet, le ministre de la;
marine a été reçu par le mairé, entouré de',
ses adjoints et des membres du comité d'érec-1
tion du monument do l'amiral Jaurès, des sé-j ^*
nateurs, députés et conseillers généraux répu-
blicains du département. r
, Une foule énorme, massée aux abords de tai
gare, a acclamé le ministre aux cris de : « Vive
Pelletan ! Vive le République'! » j
Dans la salle d'attente, le maire a souhaitB,
la bienvenue au ministre, au nom de la villor
industrielle de Graulhet qui est franchement
attachée à la République démocratique et so-
ciale. H l'a remercié d'être venu honorer de sa*
présence cette fête patriotique.
M. Pelletan le remercie de ses paroles et dit
qu'il est heureux de se trouver au milieu
d'une population franchement attachée aux
institutions démocratiques.
De la gare à la mairie, la foule a acclamé le
ministre en criant : « Vive Pelletan ! Vive la
République ! a 1
f A l'Hôtel de Ville
A l'Hôtel de Ville, le maire présente afli mi-
nistre le .conseil municipal socialiste. Composé.
d'ouvriers, le conseil, dit en substance le maire,
s'attache à administrer sa commune au mieux
des intérêts de la population et de la grande
industrie qui est la principale ressource du
pays. Il s'omploie aussi à faire aimer et respec-
ter la République. Il applaudit de toutcœuraux
améliorations qui ont été apportées à la situa-
tion des travailleurs.
Nous sommes heureux de saluer en vous, ajoute
le maire, non seulement un membre du gouverne--
ment qui combat si fièrement pour la liberté, la
justice et la raison, mais encore un artisan ardent
et dévoué des réformes sociales.
M. Pelletan répond qu'il connaît les senti-
ments républicains et démocratiques du conseil
municipal et de la ville de Graulhet.
Le gouvernement, dit-il, saura soutenir la poli-
tique qui Tous est chère, et, débarrassé du clérica-
lisme, travailler aux réformes démocratiques etso-
ciales que réclame le pays républicain.
Le ministre reçoit ensuite le syndicat dejr
ouvriers et le syndicat des patrons mégissiers,
qui appellent particulièrement l'attention du
gouvernement sur les améliorations économi-
ques à apporter à l'industrie de la mégis-
serie. <
M. Pelletan répond que le gouvernement estf
acquis à toutes les améliorations pouvant en-
courager et fortifier les industries natio-
nales.
Le ministre reçoit encore dés délégations de
Sociétés diverses. Ces réceptions sont emprein-
tes de la plus grande cordialité. (
L'inauguration
L'inauguration du monument de l'amiral
Jaurès a eu lieu à 2 h. et demie au milieu
d'une affluenco considérable. Le monument,
œuvre du sculpteur albigeois Pech, se dresse
au milieu de la place Jourdain. L'amiral est
représenté en uniforme de général de division,
son altitude est martiale et souriante.
Quand le ministre arrive au pied de la statue,
la foule l'acclame longuement.
Sur l'estrade. on remaraue la veuve de'
l'amiral et son fils, la famille Jaurès, M. Bar-
bey, vice président du Sénat ; le préfet, les
députés républicains et les sénateurs républi-
cains du Tarn le maire, le président du Co.
mité. ;,
Apr')s les remerciements du fils de l'amiral
et les discours de M. Serres, maire et du pré- i
sidentdu Comité, le ministre prend la parois.
Il retrace en même temps que la biographie et"r
les hauts faits de l'amiral Jaurès, les vertus
qu'il a laissées en exemple aux républicains.
Il définit le patriotisme, qu'il distingue du
chauvinisme particulier de certains partis, qui :
mettent toute la gloire d'un peuple dans l'ado-
ration do la force brutale et dans les rêves san-
glants de la conquête du monde.
Le ministre termine son discours par un.
hommage sincère à la mémoire glorieuse da
l'amiral Jaurès, général de la défense nationale
pendant la guerre de-1870-71, à laquelle il prifc
part. (Des applaudissements répétés saluent
cette péroraison). «
L'inauguration terminée, le ministre et sar
suite quittent Graulhet par le train de 5 heures,
LE GÉNÉRAL ANDRÉ A LUZY
Luzy, 27 septembre.
Le ministre de la guerre, accompagné de«
représentants républicains du département, est
arrivé à Luzy, par train spécial, ce matin &
9 h. 30 Il a été reçu à la gare par M. Chan
dioux, député, le maire, le sous-préfet de Châ-
teau-Chinon et le conseil municipal.
Après les souhaits de bienvenue, le minis..,
tre, acclamé par une foule nombreuse, se rencfr
à la mairie, où ont lieu les réceptions offi-
cielles.
Le cortège est escorté par un détachement
du 26e dragons.
Le banquet
A fl h. 112, un banquet de six cents cou-
verts a lieu dans la cour de l'école des filies.
On remarque dans l'assistance, outre les auto-
rités départementales : le général Rau, une -
délégation d'officiers du 8e corps ; MM. Ger-
vais, député de la Seine ; Piperaud, conseiller
général d3 la Seine, etc.
Au desseit, des discours sont prononcés pat
le préfet, MM. d'Aunay, sénateur, Chandioux
et Goujat, députés.
— Un représentant du parti socialiste niver-
nais expose longuement les revendications du
parti.
Répondant à cet orateur, le ministre, dans
une improvisation chaudement applaudie, re-
mercie le parti socialiste de l'appui qu'il n'a
cessé d'apporter au gouvernement. Puis, fai-
sant l'éloge du président du conseil, il prend,
en son nom, l'engagement de continuer jus.
qu'au bout l'œuvre entreprise par le précéden.
cabinet et continuée par le gouvernement ac
tueI.
La nouvelle école de filles
A 3 heures, le ministre de la guerre pro-
cède à l'inauguration de la nouvelle écola
de filles.
M. Dessez, inspecteur d Académie, prononce
à cette occasion un discours sur l'éducation
civique. Le général André lui répond : il ïa-,
PARIS A OPAATrMENtS
t. n - -::;AI"-'
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Vt 1 à 8 heures du soir et de 10 heures du soir à 1 heure du matna
No 12254. — M:u.--d.i ^9 Septerciïore 1903
6 VENDÉMIAIRE AN 112 * 1-
ADMINISTRATION ; 14, rue du Hall ,
Adresser lettres et mandats i l'.iimiistrctiour l ,
Nous publierons prochainement en feuille-
on de la 4* page ; :
LE ROI DE CORSE
par CAMILLE BIAS
On sait quel admirable metteur en scèn,
le drames sanglants et terribles, est Camille
Bias. Jamais l'inventif écrivain ne s'était
tttelé ri une œuvre plus mouvementee, plus
vitante, et où évolue, dans un cadre ae déli-
fieux paysages, le monde du pays de la
Vendetta. -
LE ROI DE CORSE
donnera parfois le frisson, intéressera tou-
jours et de plus en plus passionnera: on ne
le quittera qu'à regret.
NOS LEADERS
POUR LA PAIX
Ennemis par tradition dè tout ce qui
îst noble et généreux, les réaction-
aaires ont affecté de tourner en ridi-
cule, de tenir en mépris le congrès
peur la paix qui vient de se tenir à
Rouen. Tel jqurnal clérical a ainsi
qualifié les congressistes : « Un certain
nombre d'individualités sans mandat,
Bt probablement sans aveu.» La pré-
sence du ministre du commerce et de
l'industrie à la séance de clôture de ce
congrès aura répondu plus que suffi-
samment à ces plaisanteries indignes ;
aura montré, au moins, que le gouver-
nement de la République ne se désinté-
resse pas des efforts tentés par des
citoyens que < rassemble une même
bonne volonté, un même amour des
hommes.
Toutes initiatives ayant un but
hautement humanitaire doivent être
encouragées, et la France se doit
il elle-même d'être là, représentée par
un de ceux qui ont qualité pour par-
ter en son nom, partout où de bons
.ouvriers se réunissent, pour travailler,
de quelques coups de pioche, à la route
de l'avenir. ;
***'
La guerre est horrible ; la guerre
est infâme. La guerre, c'est non seule-
ment la ruine, mais encore le recul de
l'humanité. C'est la barbarie originelle
reparue, faisant fuir, devant ses fu-
meurs, la civilisation épouvantée. De
droit, de justice, il ne saurait plus
être question; la force est tout. Et
tandis que les cités brûlent, que le.
sang répandu tue l'espoir des moissons
dans le sein de la terre, que l'on enfouit
en de longues, longues fosses, les
jeunes hommes par milliers, et que
vers le ciel impassible, montent les
malédictions des mères, la notion du
bien, la science du vrai, s'effacent, se
perdent, si bien que l'être humain se
sent, toute étoile ayant disparu, si
faible, si petit, si écrasé, que son âme
obscurcie est prête à toutes les dé-
chéances -
La guerre est abominable ; car ceux
qu'elle ne tue pas, elle les pervertit,
elle les corrompt ; et après chacun de
ses ravages, il. faut le travail de bien
des années pour que la lumière repa-
raisse et que le vent chasse les mias-
mes stagnants sur les champs de ba-
taille.
S'il se trouvait, au temps où nous
vivons, un. homme pour se déclarer
partisan de la guerre, tous s'écarte-
raient avec horreur de cet être mons-
trueux ; à tous, il paraîtrait semblable
à ces délirants que l'on enferme pour
qu'ils ne fassent pas de mal aux au-
tres.
Qui, dités, se refuserait à crier: —
.Vive la paix?
***
Mais c'est une vérité éternelle, im-
muable, que rien ne saurait se fonder
que sur la justice. Hors de la justice,
il n'y a point de salut possible. Si vous
- bâtissez une maison sans avoir solide-
ment assis ses fondations dans le roc ;
si vous vous contentez de poser les
pierres une à une sur le sable, tôt'ou
lard, à la première oscillation de ce sable
mou vant, l'édifice tout entier s'écrou-
Jera.
Toute paix imposée par l'abus de la
lorce ; toute paix arrachée, comme les
4cnts de la bête fauve arrachant un
lambeau de chair, par le vainqueur au
vaincu; toute paix conclue en viola-
tion du droit,, en négation de la jus-
iice; toute paix qui laisse après elle
Ses ferments de haine, n'est point une
paix vraie, sincère, durable; et ce
Vest pas elle que nous Acclamons.
Bien au contraire, nous lui disons :
— Tu mens ! à cette paix si fragile, si
fausse qu'elle ne peut durer qu'à la
condition d'être entourée sans cesse
d'armées prêtes à entrer en campagne;
4 cette paix dont l'incessant travail de
destruction épuise à la longue les na-
lIOns autant que le ferait la guerre
elle-même ; à cette paix qui n'est que
te masque posé sur le visage de la
guerre d'hier et sur celui de la guerre
Je demain ; à cette paix difforme qui
écrase les hommes de son poids et les
lient sous une menace constante ;
flous lui disons ; - Tu es aussi abo-
minable, aussi infâme que la guerre;
toi qui portes ce nom de paix armée,
non ! non ! tu n'es pas la vraie paix!
***
Et quand nous crions — oh ! nous
le crions de tout notre coeur : —Vive
la paix ! c'est à la paix véritable, sin-
cère, que s'adressent nos acclamations;
à la paix qui, effaçant toute trace, tout
souvenir des crimes commis, abolis-
sant toutes barrières entre les peuples,
supprimant ainsi toute cause possible
de conflit armé, plaçant, comme il faut
que cela soit, le droit au-dessus de la
force, sera pour l'humanité entière la
délivrance, et s'appellera : Fraternité
Si j'avais pris part au Congrès de la
paix, j'aurais dit: — Cette paix-là, et
nulle autre; cette paix-là d'abord et
avant tout, car tout ce que l'on tentera,
tout ce que l'on voudra sera vain,
tant ce que l'on n'aura pas réglé les
vieux comptes, enfoui dans l'oubli le
passé lourd de hontes et de crimes, et
fait sur toute la terre rayonner la
grande parole : Justice.
***
Le congrès de Rouen s'est occupé de
la récente guerre sud-africaine; il a,
si je ne me trompe, protesté contre
« l'annexion violente » du Transvaal.
Soit. Mais il y a eu, il y a trente-trois
ans, une autre « annexion violente »
qu'il ne faut pas oublier, car c'est le
crime commis alors qui opprime en-
core l'Europe, et l'étouffe, et la tue.
La paix européenne, c'est le but;
la revision du traité de Francfort, c'est
le moyen. Voilà ce qu'il ne faut ja-
mais perdre de vue, voilà ce qui doit
être dit toujours, et en toute occasion ;
si j'avais été au congrès de Rouen, je
l'aurais dit.
Tant que le traité de Francfort n'aura
pas été déchiré, il n'y aura point de
paix véritable pour le monde. C'est
seulement avec les lambeaux lacérés
de ce traité odieux que l'on pourra
coudre l'étendard des peuples unis.
***
Je suis avec ceux qui veulent la
paix. Mais il ne faut pas que cette
préoccupation si légitime et si néces-
saire de la paix, dévie, se fausse,nous
conduise, nous, Français, à l'abdica-
tion, à l'aveulissement ; nous fasse ou-
blier nos devoirs ; nous fasse perdre
le sentiment de l'honneur ; — il ne
faut pas — je dis toute ma pensée en
un mot — que l'idée de paix nous
fasse oublier jamais l'idée supérieure
de justice et de droit.
> Lucien Victor-Meunier.
DANS LE SUD ALGERIEN
Il ne faut pas tirer de conclu-
sions hâtives de la nouvelle at-
taque que nous signale une dé-
pêche d'Aïn-Sefra : un groupe
de pillards marocains a enlevé
un troupeau appartenant à une
tribu algérienne, des spahis les ont pour-
suivis et n'ont pu les rejoindre? il y a, dit-
on, un mort et un blessé.
Il est bien probable que l'état général
d'effervescence où se trouve le Maroc de-
puis quelque temps, facilite d'une certaine
façon, tend à rendre plus fréquents ces in-
cidents de frontière ; mais il ne suit pas de
là que ces incidents ne se produiraientplus,
même si nous occupions tout le Maroc, au
lieu de nous borner, comme nous le fai-
sons actuellement, à le côtoyer.
C'est, en effet, bien plutôt la nature dé-
sertique des régions du Sud, que la situa-
tion politique de ces régions, qui crée -ces
à-coups ; ils existent à l'état permanent
chez les nomades pasteurs,et ce qui se passe
aujourd'hui se passait, en Asie, du temps
de la Bible. Si nous occupions tout le dé-
sert jusqu'à la zône de Tombouctou, les
Touareg se chargeraient de nous en four-
nir bien d'autres échantillons, jusqu'au
moment où nous serions maîtres de tous
les points d'eau sans exception.
En réalité, ce qu'il faut trouver, c'est un
nouveau système de police accommodé à
ces territoires. Puisque nous sommes dans
ces régions, restons-y ; mais ne comptons
pas trop, d'ici assez longtemps, rendre im-
possible toute razzia, toute rixe, entre des.
tribus pour-qui le brigandage est souvent
une sorte de nécessité, et qui agissent un
peu comme des fauves que la faim jette au
combat. Nous sommes condamnés, c'est
certain, à accroître fortement nos effectifs
du Sud-Oranais, et à les organiser de façon
à leur assurer à la fois la plus grande somme
possible de mobilité et de cohésion. C'est
une question d'étude ; et le zèle que dé-
ploie notre gouverneur général en Algérie,
comme sa réelle compréhension des besoins
spéciaux de ce pays admirable et complexe,
nous donne la certitude que le problème
posé trouvera promptement sa solution. J
- ; ■■ ■■
Une lettre de FexpsdMga Ziégler
(De notre correspondant particulier) :
New-York, 27 septembre.
Un marin a apporté une lettre d'un '!nem..
bre de l'expédition Ziégler. Le navire est ac-
tuellement dans la mer de Barentz.
Une perturbation extraordinaire a dû avoir
lieu dans les hautes régions polaires, car on a
vu de grands glaçons flottants couverts de ca-
davres d'animaux.
LA TÉLÉGRAPHIE SANS FIL
DANS LA MARINE ALLEMANDE
IDe notre correspondant f)Gf'ItoultIrI
Berlin, 27 septembre.
L'amirauté a créé dix cours spéciaux où les
officiers et les ingénieurs de la marine appren-
dront le maniement du télégraphe sans fil. Ces
cours sont obligatoires,
CmSUBIE PÉDAGOGIQUE
LA NEUTRALITÉ SCOLAIRE
Ce qu'a voulu le législateur. — Un
leurre. — L'esprit religieux. — Une
preuve facile à fournir. — La « vie
future) dans l'enseignement laï-
que. — Les programmes sco-
laires. — Le bon Dieu laïque.
On parle beaucoup en ce moment de
la neutralité scolaire. On se demande si
elle existe vraiment dans l'enseignemet pri-
maire public. La question n'est pas nouvelle.
Mais la fermeture-des établissements congré-
ganistes non autorisés lui a donné un regain
d'actualité.
Les personnages officiels et les journaux of-
ficieux ne manquent jamais de proclamer en
toute occasion, qu'au point de vue dos croyan-
ces religieuses, une neutralité absolue est ob-
servée dans les écoles laïques, ainsi que l'a
voulu le législateur. Les cléricaux de leur
côté appellent l'école publique, l'école sans
Dieu, l'école des athées et des francs-maçons.
La vérité est que la neutralité scolaire posée en
principe dans la loi est un leurre. Elle est
constamment violée avec l'assentiment que
dis-je ! sur l'ordre même de l'administration
qui a publiquement défait I'oeuvid du Parle-
ment sans que celui-ci ait jamais songé à ré-
criminer. 4
L'école primaire publique reste subtilement
imprégnée d'esprit religieux.Si elle n'enseigne
pas -beaucoup de la religion elle en inspire, et
même en commande le respect. La différence
n'est pas très grande. ,Ce qui se dit et se fait
à l'école est de nature à fortifier les sentiments
religieux des enfants et des familles. Ces sen-
timents devraient être ignorés : ils y sont cul-
tivés. Une enquête facile à faire nous en four
nira la preuve.
Visite d'une école laïque
Entrons dans une école. Evitons de visiter
-celles qui se comptent par milliers, et où tout
de suite nos yeux tomberaient sur un crucifix,
une vierge et peut-être de violents chromos
représentant les sacrés cœurs de Jésus et de
Marie, Saint Joseph, Saint Antoine ou tout au-
tre prétendu bienheureux.
Interdisons-nous également de franchir le
seuil de celles, tout aussi nombreuses, où nous
entendrions réciter prières et catéchisme, mal-
gré la défense formelle de la loi. Ne pénétrons-
même pas dans celles où maîtres et maîtresses
ayant simplement conservé au plus profond-
d'eux-mêmes un reste de foi, se montrent pra-
tiquants de loin en loin, sinon régulièrement.
Ce qu'il y aurait de religieux dans de telles
écoles pourrait paraître exceptionnel.
Entrons seulement dans uno école fran-
chement, sincèrement, absolument laïque,
c'est-à-dire dans une école où il n'y a pas
d'emblèmes religieux, où avant de se mettre
au travail on ne dit pas même un pater et un
ave, où les élèves ne sont pas conduits aux cé-
rémonies do l'église,^)ù les maître» enfin
émancipés à l'égard de tout culte, pensent li-
brement. Elles sont rares, mais il y en a.
Qu'y entendons-nous ?
Un enseignement d'une fade religiosité.
Le maître parle à ses élèves de la vie future,
des sanctions qui,dans une autre vie, seront la
récompense suprême des bons et la punition
des méchants : il les entretient, avec ou sans
sincérité, de ce que les philosophes appellent
justement l'inconnaissable, comme si, pour lui,
ces choses-là n'offraient aucun mystère. Bien
mieux : il prouve l'existence de Dieu au moyen
de deux ou trois vieux arguments qui ne va-
lent rien, comme en fin de compte il faut tou-
jours l'avouer.
Il persiste néanmoins à affirmer qu'il y a un
être suprême envers lequel nous avons toutes sor-
tes de devoirs.Surtout, comme cela lui est for-
mellement recommandé, il apprend aux en-
fants « à ne pas prononcer légèrement le nom
de Dieu ». Le nomade n'importe quel Dieu sur-
tout celui des religions existantes..
Vous voyez alors ce qui se passe. Comme
notre littérature est animée en général d'un
esprit plus ou moins religieux, chaque fois que
dans une lecture une allusion est faite aux
croyances des catholiques, des protestants ou
des juifs, l'instituteur prend un ton grave, une
attitude composée pour dire que ces croyances
sont infiniment respectables, quelles qu'elles
soient. Il est entendu qu'il doit combattre les
préjugés en général, mais il lui est défendu de,
condamner les superstitions qui sont l'objet
d'un enseignement religieux. Il a pour mission
de mettre S3S élèves en garde contre les erreurs
mais il ne saurait sans inconvénient dénoncer
les fausses assertions des écritures saintes.
Clérical malgré lui
Dans les communes où il n'y a pas d'école
- congréganiste et où par conséquent il est es-
pionné par les enfants des familles dites bien
pensantes, il serait imprudent de sa part de:
dire, en réponse à la demande d'un enfant
questionneur, que l'arc-en-ciel est plus ancien
que Noë quoi qu'en dise la Bible, que le soleil
n'a jamais été arrêté— et pour cause — même
par Josué, que Jonas ne put être avalé et à
plus forte raison vivre dans le corps d'une
baleine. ,
M. le curé fulminerait dans sa chaire. Il y.
aurait une enquête administrative et notre
Jean Coste serait puni de son manque de taet.
C'est ainsi, en effet, que serait appelé son oubli
du respect qu'il doit aux choses de la religion.
J'ai connu personnellement des instituteurs
qui ont été réprimandés pour des faits sembla-
bles.
La faute de tout cela, nos lecteurs l'ont de-
vinée, ce sont les programmes scolaires. Ces
programmes d'un caractère nettement spiri-
tualiste, comme des circulaires ont pris soin
de le souligner, veulent expressément que
l'école laïcisée ne soit pas l'école sans Dieu, si
elle est l'école sans culte. La neutralité sco-
laire est confessionnelle, non philosophique.
Elle ignore le matérialisme ou plutôt elle le,
réfute (1). La tolérance est proc'amée pour tous
sauf pour les athées. Les athées sont hors la
loi.
Il y a un « bon Dieu laïque ». C'est ce que la
brochure de M. Franchet, bien connue du per-
sonnel enseignant, établit péremptoirement sur
des textes de manuels scolaires écrits selon les ,
indications et les intentions du programme. A
l'école publique le mot d'ordre est de respec-
ter toutes les opinions, sauf celles de la Libre-
Pensée. Il n'est pas permis d'y produire les as-
sertions de Renan, mais on doit s'incliner, ou
plutôt se taire avec une déférence marquée, à
l'égard de celles de Bossuet. Si M. Brunetière
connaissait mieux l'école laïque, il serait con-
tent d'elle.
La refonte des règlements scolaires
Dans notre dernière cattserie, je signalais
que très justement M. Ferdinand Buisson a vu
le remède au péril primaire dans une réorga-
nisation de l'enseignement primaire sur des
principes nouveaux. A leur tour les rationa-
listes estimeront, je pense, que pour laïciser
vraiment la laïque il faut que la refonte des
règlements scolaires s'étende jusqu'aux pro-
grammes des études. Actuellement, ils sont
en opposition avec le principe de la neutralité
scolaire qui est au fond de toute la législation
de notre enseignement populaire. Il importe
de les mettre d'accord avec lui : au point de
vue'logique, cV-t nécessaire, et au point de
vue Pol-Lique, c'esi utile.
ARMAND DEPPER.
SUR UNE LETTRE DE M. RIBOT
: M. Ribot adresse à ses compatriotes du Pas-
de-Calais une lettre qui constitue son premier
acte politique depuis le jour où une assez
grave maladie l'a forcé à prendre un repos de
plusieurs mois.
En dehors do tout esprit de parti, nous
avions regretté la retraite provisoire a laquelle
avait été contraint le leader du Centre et de la
Droite. D'abord pour le bon renom du Parle-
ment français. nous souhaitons toujours qu'il
compte le plus grand nombre possible d'hom..
mes éminents, sans distinction d'opinion. En-
suite, nous sommes convaincus que rien n'as-
sure la cohésion et n'entretient l'ardeur (le la
majorité comme la concurrence d'une opposi-
tion conduite par un politique expérimenté et
- adroit.
- Rien ne nous empêche donc d'accueillir avec
courtoisie la rentrée de M. Ribot, et de lui
souhaiter le rapide et complet rétablissement
de sa santé.
Nous regrettons seulement qu'à l'écart des
polémiques quotidiennes, M. Ribot n'ait pas
suffisamment médité, comme il avait l'occa-
sion de le faire, sur la vanité du programme
et de la tactique « progressistes ». S'il s'adresse
à ses compatriotes du Pas-de-Galais, c'est, hé-
,Ï laçj,une fois .de.plus" pour lès mettre en garde
contre les idées de progrès dont le triomphe
dans le pays apparait d'heure en heure plus
éclatant.
Voici, du reste, le passage essentiel de la
lettre de M. Ribot, il convient de la lire un
pou entre les lignes, car c'est un caractère de
l'éloquence de cet homme d'Etat que l'idée
principale reste généralement sous-jacente.
Il s'agit du monument élevé par la ville d'Ai-
res aux soldats morts pour là patrie :
Le monde sait que notre politique n'est pas bel-
liqueuse. Ayons la pudeur de ne pas faire étalage
de l'horreur que la guerre nous inspire, si nous
ne voulons pas que ces morts, dont nous honorons
la mémoire, nous rappellent que nous n'avons
.pas le droit de célébrer, à l'égal d'une victoire,
l'effort de sagesse que nous nous sommes imposé
pour maintenir la paix depuis trente ans.
Li réforme prochaine de nos lois militaires, qui
nous apparaît comme nécessaire, n'aura pas pour
effet, je l'espère, d'affaiblir la France dans le
monde. Tout dépend de l'esprit dans lequel cette
réforme sera accomplie et acceptée par le pays.
Plus on réduit la jdurée du service, et plus il faut
relever, fortifier l'esprit militaire, c'est-à-dire l'es-
prit d'abnégation poussée jusqu'au sacrifice, l'es-
prit de discipline, de soumission absolue aux or-
dres que la loi et la patrie elle-même nous don-
nent par la bouche des chefs militaires.
Eh quoi? Parce'que nous n'acceptons pas
l'atteinte portée il y a trente ans par l'étran-
ger à l'intégrité du. territoire, nous n'aurions
plus le droit de proclamer l'horreur que la
guerre nous inspire ? Nous serions réduits à ne
réaliser qu'en tremblant cette réforme — que
M. Ribot reconnaît nécessaire — du service de
deux ans, réforma dont l'Allemagne nous a
donné l'exemple ? 'Nous devrions, en tout cas,
renoncer à « l'esprit »dont le centre et la droite
ne veulent pas et qui est l'esprit démocrati-
que ? Ah ! Que la France républicaine suive
de tels conseils, et c'est alors, qu'elle pourra
rougir, avouant implicitement non son horreur
légitime de la guerre, mais la crainte moins
honorable des responsabilités que comporte sa
mission civilisatrice.
Il y a cependant quelques lignes (fitcellentes
dans la lettre de M. Ribot. L'abominable théo-
rie de l'obéissance passive y est désavouée. Il
y est question de « l'esprit de discipline, de
soumission absolue aux ordres que la loi et la
patrie elle-même nous donnent par la bouche
des chefs militaires. »
Il est clair que la loi ne pourrait jamais
être censée parler par la bouche d'un général
de coup d'Etat. M. Ribot expose donc merveil-
leusement qu'un chef de pronunciamimto
n'aurait aucun droit à exiger la révolte de ses
soldats contre le pouvoir civil.
C'est la doctrine que nous n'avons jamais
cessé d'exposer ici même. Nous remercions M.
Ribot de son adhésion à l'un au moins de nos
principes. — H. D.
- 4
L'ÉMIGRftTIOM PE5 BOERS
(De notre correspondant particulier)
* Capetown, 27 septembre.
Une délégation de Boers, conduite par M.
Thomas Dewet, s'est présentée chez le gouver-
neur de l'Afrique allemande du sud-ouest, à
Windhcek, afin de se renseigner sur les condi-
tions dans lesquelles leurs compatriotes pour-
raient s'établir dans la colonie allemande.
Lorsque le gouverneur eut déclaré que le
service militaire sous le drapeeu allemand
était obligatoire pour tout colon, la délégation
a rompu les pourparlers et s'est retirée.
-*> —
LE NOUVEAU FUSIL DE L'ARMEE BAVAROISE
(De notre correspondant particulier)
Munich, 27. septembre.
Au mois d'octobre, on commencera lEL-dis-
tribution du fusil M. 98 aux troupes bavaroi-
ses. Le nouveau fusil, qui, d'ailleurs, est déjà
en usage dans les corps d'année prussiens, est
du même calibre que le modèle de 1888. On a
simplement modifié le mécanisme du chargeur.
On a aussi enlevé l'enveloppe de bois qui en-
touraitle canon. Les fusils 1888 seront gardés
dans les arsenaux ; ils serviront, en temps
utile, à l'armement de la territoriale et du
Landsturm. t
UN GROUPE RÉPUBLICAIN
AU PARLEMENT HONGROIS
(De notre correspondant particulier)
Budapest, 27 septembre.
Jusqu'ici il n'y avait pas de parti républi-
cain à la Chambre hongroise. Il faut remon-
ter jusqu'à 1848 1849, pour trouver dans l'As-
semblée nationale un nombre important de
partisans de la République. Grâce aux der-
niers incidents, les traditions de la Convention
nationale de Debreczen feront leur résurrec-
tion. Un député de l'extrême-gauche, M. Ba-
rabas, qui fut rappelé à l'ordre pour avoir dit
qu'il se méfiait de la parole du roi, se sépare
du parti Kossuth et a manifesté l'intention de
fonder avec plusieurs collègues une fraction
républicaine. M. Barabas est le fils du menui-
sier Barabas qui, en 1868, a essayé d'introduire
en Hongrie l'institution des Trade-Unions.
L'EXTERRITORIALITÉ DIPLOMATIQUE
ET LES FOURNISSEURS
(De notre correspondant particulier)
Copenhague, 27 septembre.
Henri XXXI, prince régnant de Reuss,chargé
d'affaires d'Allemagne à Copenhague, a quitté
son poste, « pour des raisons de famille » dit
l'Agence officieuse de Ritzau. Mais les socia-
listes donnent uno autre explication de ce
brusque départ. Un ébéniste, M. Askmann,
avait sur le prince une créance de 70 couron-
nes, disent-ils. L'ouvrier ne pouvait s'adresser
à la justice danoise, le chargé d'affaires jouis-
sant du privilège de l'exterritorialité ; il ne
pouvait pas recourir aux magistrats de Reuss
qui n'auraient certes pas condamné Jeur sou-
verain. Il a donc simplement perdu ce qui lui
était dû.
Voir à la 3 Qpage
les Dernières Dépêches
cie la nilit
et la Revue des Journaux
- du matin
LA GUERRE AUX LOTERIES
La banque Fritz Dorge, de Buda-Pesth, con-
tinue à faire la nique à M. Vallé, garde des
sceaux. Il parait que cela fait plaisir à notre
ministre de la justice.
Dans le petit coin de province où je suis, j'ai
reçu de nouvelles circulaires relatives à la Lo-
terie hongroise dont j'ai déjà très souvent en-
tretenu les lecteurs de ce journal.
Un premier tirage a eu lieu récemment, tJI:
nouveau tirage est annoncé pour le mois ùu
novembre, et dans toute la France sont en-
voyés les offres alléchantes de souscriptions 4ft
les appels de fonds.
Il n'est pas inutile de faire connaître d,i is
leurs termes mêmes les nouveaux prospectus
répandus par miHiers dans les villes et dans
les campagnes ; - 1 - ,',
Monsieur,
La plupart des gagnants, désirant garder secrets
leurs noms et leurs gains, nous ne pouvons vous
énumérer les milliers de personnes qui ont gagné,
en TVance, des lots importants à la Loterie royale
hongroise. Néanmoins, nous croyons devoir vous
citer quelques-uns des résultats obtenus, afin do
vous fournir une-preuve matérielle et irrécusable
du sérieux de cette loterie, qui fonctionne depuis
6 années (loi du 27 février 1897), sous le contrôle
du gouvernement hongrois. Nous appelons donc
votre attention sur la liste placée au do%de la let-
tre de commande ci-jointe.
La chance étant un domaine accessible à tous,
nous venons vous proposer de la tenter vous-
même en participant à la 13' loterie hongroise,
dont le premier tirage est fixé aux 19 et 20 novem-
bre 1903.
Notre offre vous est adressée dès ce jour car, en
raison du succès de cette loterie, les billets sont
toujours épuisés longtemps avant le tirage et, mal-
gré les avertissements que nous avons donnés il
maintes reprises, un grand nombre d'acheteurs
n'ont pas su prendre leurs précautions à temps,
.lors des précédentes loteries.
Vous trouverez dans la notice ci-jointe tous les'
renseignements utiles, et notamment la nomen-
clature des 55,000 lots donnés par les 110,000 bi i-
lets (1 billet sur 2 gagne lot), et dépassant en,
semble la somme de 15 millions de francs en en"
pèces.
Enfin, les références que nous indiquons ci-des
sous vous édifieront sur la confiance méritée par
la Banque Fritz Dorge, et sur la promptitude
qu'elle apporte à payer les lots gagnés.
Suit une liste de personnes que l'adminis-
tration désigne comme gagnants, et dont elle
donne les adresses en France.
Fraternisent et se mêlent dans cette liste des
ouvriers et des professeurs, une comtesse et
une crémière, un notaire et un chaudronnier,
c'est dire que toutes les classes de la société
ont confié à la loterie hongroise le fruit de
leur épargne, ou leurs capitaux superflus.
Est-il admissible que la loterie hongroise
soit tolérée dans un pays dont les lois pénales
punissent sévèrement lus banquiers, les cour-
tiers, les agents de publicité qui s'occupent de
loteries.
Qu'on ne dise pas que l'on ne peut ri6n faire
et que l'on est bien obligé de tolérer ce qu'on
ne peut réprimer. Le délit commis par M.
Fritz Dorge est patent. Rien n'empêche que
l'on condamne ces délinquants par défaut.
Rien n'empêche que l'on saisisse au départ la
correspondance qui leur est destinée ainsi que
les enjeux qu'elle contient. Rien n'empêche
enfin, puisque le nom de la plupart des ga-
gnants est connu, que l'on fasse opposition au
paiement des lots et qu'au besoin on en confis-
que le montant.
-Nous avons déclaré la guerre aux loteries,
et nous ne sommes pas près de signer un ar-
mistice, nous les combattrons par toutes les
armes qui nous tomberont sous la main, sans
défaillance, sans timidité, sans faiblesse. —
L. Armbruster.
Les âgissemeais de l'Autriche ea Croatie
(De notre correspoidant particulier)
Budapest, 27 septembre.
Plusieurs députés de l'Extrême-Gauche ont
acquis la preuve que les récents troubles en
Croatie ont été fomentés par l'étranger. C'est,
paraît-il, le président du Conseil autrichien
M. Koerber, qui a fourni l'argent ayant servi
à organiser les émeutes.
Cette affaire sera portée à la tribune de la
Chambre hongroise.
On croit en général que derrière le président
du Conseil autrichien, se cache la Camarilla
de la Cour qui a voulu créer une répétition
des événements de 1848.
v UN MAIRE SUSPENDU
Par arrêté du préfet de la Lozère, M. Chi-
rac, maire réactionnaire du Chambon-le-Cha-
teau, est suspendu pour un mois, de ses fonc-
tions.
D'après l'enquête à laquelle le préfet a fait
procéder par la gendarmerie, le maire du
Chambon, à propos d'une réclamation déposée
entre ses mains par un gros .'mier de la com-
mune, aurait trompé la bonne foi des commis-
saires de l'administration et tenté de tromper
celle-ci, en certifiant sincère et véritable le
montant d'une perte de 800 fr. majoré d'au
moins 500 fr. et en présentant comme nécessi-
teux le réclamant qu'il savait propriétaire dans
le département de la Haute-Loire, d'une ferme
qui le classe parmi les contribuables les plus
aisés de la commune.
A RAMBOUILLET
Rambouillet, 27 septembre.
Le Président de la République et Mme Lou-
bet ont offert un déjeuner au château de Ram-
bouillet. Assistaient à ce déjeuner :
MM. Godin, sénateur ; de Caraman, député ;
Gautherin, conseiller général, maire de Ram-
bouillet ; Mounet., procureur de la République ;
Villa, président de la chambre des avoués ; Laclef,
inspecteur primaire ; Bertrand, inspecteur des
forêts; Poirson, préfet ; -Roman, sous-préfet; Lan-
celot, colonel du 12e cuirassiers ; Grillot, receveur
des finances ; Breynat, commandant de l'Ecole
militaire ; Laignier. agent-voyer de l'arrondisse-
ment ; Jeannerat, soua-inspecteur des forêts.
Chasles, président honoraire du tribunal ; Del-
lemagne, conseiller d'arrondissement; LcCarbin-
nier de la Morsanglière, conservateur des hypo-
thèques ; le docteur Humbert ; irieys, président
du tribunal ; Frize, secrétaire général de la cham-
bre des notaires ; Beau fils, sous-directeur des con-
tributions indirectes ; Blaye, capitaine de gendar-
merie.
Les personnes de la maison du Président as-
sistaient également au déjeuner..
FÊTES ET
INAUGURATIONS
Le monument de l'amiral Jaurès. —
M. Pelletan préside. — Les récep- ;
tions. - Le ministre de la guerre a ,
Nevers. — Inauguration d'une ,
* école de filles. — Au cimetière
de Laon. — à la mémoire de
Guindey
Graulhet, 27 septembre.
Le traïn * ministériel est parti d'Albi à 8 h.,
M. Pelletan était accompagné des députés et
sénateurs républicains du Tarn.
- A Laboutarie, M. Rigaud, conseiller généra! 1
du canton de Rjalmont, présente les maires.
Il souhaite en leur nom la bienvenue au mem-f
bre du gouvernement d'action républicaine
qui a la confiance du pays. Le ministre réponde
et dit que le gouvernement s'efforcera de méri-.
ter la confiance des républicains. ij
M. Pelletan a été longuement acclamé patî
les populations rurales.
A son arrivée à Graulhet, le ministre de la;
marine a été reçu par le mairé, entouré de',
ses adjoints et des membres du comité d'érec-1
tion du monument do l'amiral Jaurès, des sé-j ^*
nateurs, députés et conseillers généraux répu-
blicains du département. r
, Une foule énorme, massée aux abords de tai
gare, a acclamé le ministre aux cris de : « Vive
Pelletan ! Vive le République'! » j
Dans la salle d'attente, le maire a souhaitB,
la bienvenue au ministre, au nom de la villor
industrielle de Graulhet qui est franchement
attachée à la République démocratique et so-
ciale. H l'a remercié d'être venu honorer de sa*
présence cette fête patriotique.
M. Pelletan le remercie de ses paroles et dit
qu'il est heureux de se trouver au milieu
d'une population franchement attachée aux
institutions démocratiques.
De la gare à la mairie, la foule a acclamé le
ministre en criant : « Vive Pelletan ! Vive la
République ! a 1
f A l'Hôtel de Ville
A l'Hôtel de Ville, le maire présente afli mi-
nistre le .conseil municipal socialiste. Composé.
d'ouvriers, le conseil, dit en substance le maire,
s'attache à administrer sa commune au mieux
des intérêts de la population et de la grande
industrie qui est la principale ressource du
pays. Il s'omploie aussi à faire aimer et respec-
ter la République. Il applaudit de toutcœuraux
améliorations qui ont été apportées à la situa-
tion des travailleurs.
Nous sommes heureux de saluer en vous, ajoute
le maire, non seulement un membre du gouverne--
ment qui combat si fièrement pour la liberté, la
justice et la raison, mais encore un artisan ardent
et dévoué des réformes sociales.
M. Pelletan répond qu'il connaît les senti-
ments républicains et démocratiques du conseil
municipal et de la ville de Graulhet.
Le gouvernement, dit-il, saura soutenir la poli-
tique qui Tous est chère, et, débarrassé du clérica-
lisme, travailler aux réformes démocratiques etso-
ciales que réclame le pays républicain.
Le ministre reçoit ensuite le syndicat dejr
ouvriers et le syndicat des patrons mégissiers,
qui appellent particulièrement l'attention du
gouvernement sur les améliorations économi-
ques à apporter à l'industrie de la mégis-
serie. <
M. Pelletan répond que le gouvernement estf
acquis à toutes les améliorations pouvant en-
courager et fortifier les industries natio-
nales.
Le ministre reçoit encore dés délégations de
Sociétés diverses. Ces réceptions sont emprein-
tes de la plus grande cordialité. (
L'inauguration
L'inauguration du monument de l'amiral
Jaurès a eu lieu à 2 h. et demie au milieu
d'une affluenco considérable. Le monument,
œuvre du sculpteur albigeois Pech, se dresse
au milieu de la place Jourdain. L'amiral est
représenté en uniforme de général de division,
son altitude est martiale et souriante.
Quand le ministre arrive au pied de la statue,
la foule l'acclame longuement.
Sur l'estrade. on remaraue la veuve de'
l'amiral et son fils, la famille Jaurès, M. Bar-
bey, vice président du Sénat ; le préfet, les
députés républicains et les sénateurs républi-
cains du Tarn le maire, le président du Co.
mité. ;,
Apr')s les remerciements du fils de l'amiral
et les discours de M. Serres, maire et du pré- i
sidentdu Comité, le ministre prend la parois.
Il retrace en même temps que la biographie et"r
les hauts faits de l'amiral Jaurès, les vertus
qu'il a laissées en exemple aux républicains.
Il définit le patriotisme, qu'il distingue du
chauvinisme particulier de certains partis, qui :
mettent toute la gloire d'un peuple dans l'ado-
ration do la force brutale et dans les rêves san-
glants de la conquête du monde.
Le ministre termine son discours par un.
hommage sincère à la mémoire glorieuse da
l'amiral Jaurès, général de la défense nationale
pendant la guerre de-1870-71, à laquelle il prifc
part. (Des applaudissements répétés saluent
cette péroraison). «
L'inauguration terminée, le ministre et sar
suite quittent Graulhet par le train de 5 heures,
LE GÉNÉRAL ANDRÉ A LUZY
Luzy, 27 septembre.
Le ministre de la guerre, accompagné de«
représentants républicains du département, est
arrivé à Luzy, par train spécial, ce matin &
9 h. 30 Il a été reçu à la gare par M. Chan
dioux, député, le maire, le sous-préfet de Châ-
teau-Chinon et le conseil municipal.
Après les souhaits de bienvenue, le minis..,
tre, acclamé par une foule nombreuse, se rencfr
à la mairie, où ont lieu les réceptions offi-
cielles.
Le cortège est escorté par un détachement
du 26e dragons.
Le banquet
A fl h. 112, un banquet de six cents cou-
verts a lieu dans la cour de l'école des filies.
On remarque dans l'assistance, outre les auto-
rités départementales : le général Rau, une -
délégation d'officiers du 8e corps ; MM. Ger-
vais, député de la Seine ; Piperaud, conseiller
général d3 la Seine, etc.
Au desseit, des discours sont prononcés pat
le préfet, MM. d'Aunay, sénateur, Chandioux
et Goujat, députés.
— Un représentant du parti socialiste niver-
nais expose longuement les revendications du
parti.
Répondant à cet orateur, le ministre, dans
une improvisation chaudement applaudie, re-
mercie le parti socialiste de l'appui qu'il n'a
cessé d'apporter au gouvernement. Puis, fai-
sant l'éloge du président du conseil, il prend,
en son nom, l'engagement de continuer jus.
qu'au bout l'œuvre entreprise par le précéden.
cabinet et continuée par le gouvernement ac
tueI.
La nouvelle école de filles
A 3 heures, le ministre de la guerre pro-
cède à l'inauguration de la nouvelle écola
de filles.
M. Dessez, inspecteur d Académie, prononce
à cette occasion un discours sur l'éducation
civique. Le général André lui répond : il ïa-,
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