Titre : Le XIXe siècle : journal quotidien politique et littéraire / directeur-rédacteur en chef : Gustave Chadeuil
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1903-09-22
Contributeur : Chadeuil, Gustave (1821-1896). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 22 septembre 1903 22 septembre 1903
Description : 1903/09/22 (N12247). 1903/09/22 (N12247).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k75755084
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-199
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 20/06/2013
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AUX BUEEAïUX ©U JOBRTOte.
14, rue du Mail, Varls.
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REDACTION : 14, rue du Mail, Paris]
De 4 à 8 heures du soir et de 10 heures du soir à 1 heure du matlta
N° 12247. — IVIardi 22 SepteiMJbr»e 1903
4' JOUR COMPLEMENTAIRE AN 111
ADUINISTnA TION ; 14, pue du Mail
Adresser lettres et mandats i l' Ai m Ustrâleur
'> NOS LEADERS
Treize cent mille
On prête à notre ami, M. Béraud, sé-
nateur de Vaucluse, l'intention de pro-
poser au vote de la Chambre, dès les
premiers jours de la rentrée, une mo-
tion invitant le gouvernement à abro-
ger l'arrêté du Conseil d'Etat, du
21 janvier 1902, par lequel la congré-
gation des Frères de la Doctrine chré-
tienne a été reconnue autorisée.
Et, d'avance, les républicains modé-
rés crient à l'abomination de la déso-
lation. Le journal de M. Méline se de-
mande si le gouvernement acceptera
ou rejettera la motion de M. Béraud; et
il se répond aussitôt: — « Après l'hal-
lali anticlérical et même antireligieux
du discours de Tréguier, comment le
président du Conseil reculerait-il de-
vant les mesures de violence croissante
auxquelles il a lui-même encouragé ses
partisans ? û
Et la République française conclut
en ces termes :
- « Il est donc infiniment probable
que M. Combes et son ministère sui-
vront leur penchant naturel et accep-
teront, si même ils ne la revendiquent
pas,la responsabilité en retirant l'auto-
risation aux Frères de la Doctrine chré-
tienne ; de jeter 1.300.000 enfants a la
tue ?.
***
Ne croyez-vous pas qu'en publiant
ce chiffre véritablement effrayant, la
République française soit allée à l'en-
contre du but qu'elle se proposait?
Bien des fois jrai douloureusement
frémi en voyant s'allonger sur les trot-
toirs blancs les interminables files de
petites blouses grises, encadrées par
les frères à figures stupides ou per-
verses, mais, je l'avoue, ce chiffre
énorme de treize cent mille est pour
moi une révélation; il m'étonne ef
m'épouvante. Je ne croyais pas que le
mal fût si grand.
Quand j'ai écrit ici-même, il y a
quelques mois, à propos des laïcisa-
tions, que l'on n'aurait rien kit tant
que l'on n'aurait pas mis- les Frères
de la Doctrine chrétienne hors d'état
de nuire, j'ignorais l'étendue des ra-
vages qu'ils exercent.
Eh quoi ! treize cent mille ! la Répu-
blique française n'exagère-t-elle pas ?
est-elle bien sûre de ne pas se trom-
per ? Prenons, sans discuter, le chiffre
qu'elle donne et constatons simple-
ment qu'il est a lui seul, sans qu'il
soit besoin d'aucun commentaire, l'ar-
gument décisif en faveur de la motion
de M. Béraud.
Songez que ces treize cent mille en-
fants sont des pauvres; ou bien des
orphelins ou bien des 1ls de beso-
gneux ; que c'est ainsi, à proprement
parler, le peuple lui-même, la masse
souffrante du peuple; dont les Frères
de la Doctrine chrétienne détiennent
l'éducation.
La Révolution les avait supprimés ;
Napoléon Ier a bien su ce qu'il faisait
en les protégeant. L'empereur avait
besoin de sujets; la chair à canon n'a
oas à connaître, à réfléchir, à savoir ;
qu'elle marche, résignée et docile, vers
l'abattoir, c'est tout ce qu'on exige
d'elle; les « ignorantins » seront tou-
jours et par n'importe quelle tyrannie
considérés à juste titre comme de mer-
veilleux instruments d'abêtissement,
c'est-à-dire : d'asservissement.
Mais que la République ait laissé
pendant plus de trente ans vivre et
fonctionner cette puissante machine à
déprimer les intelligences et à dégra-
der les ames, voilà ce qui ne sera pas
compris plus tard ; voilà ce qui sera
nux-regards de l'avenir l'attestation de
aotre faiblesse, de notre incurie, de
10tre incohérence.
***
\jnoi ! nous avons, d'un effort labo-
deux, organisé l'instruction du peu-
ple; nous avons voulu, ayant à cœur
je réaliser le vieux programme répu-
blicain, qu'elle fût gratuite, obligatoire
Bt laïque, nous avons construit par-
tout des écoles où le prêtre n'a pas eu
accès ; et, tandis que nous travaillions
ainsi à faire, pour demain, une France
3achant lire et sachant penser, dégagée
fle toute superstition, marchant dans
, la lumière vers le bien et vers le vrai,
nous avons, à côté de ces écoles où les
instituteurs font épeler les enfants du
peuple dans le livre des Droits de
l'homme et du citoyen, laissé subsister
les maisons noires où tous les efforts
sont pour éteindre le flambeau dont
nous voulons faire, nous, un immense
brasier rayonnant sur le monde !
Un sait qu'elle est la nature de 1 édu-
cation donnée par les Frères des écoles
- chrétiennes ; la religion, les pratiques
religieuses y tiennent la première
place aux dépens de tout le reste ; de
sorte que les malheureux qui ont été
enfermés pendant des années, dans
zes casernes ont, d'abord, s'ils vêulent
devenir des hommes, à tout oublier de
ce que les ignorantins leur ont appris.
Et ils sont treize cent mille !.
La République française nous de-
mande ironiquement si nous voulons
eter ces treize cent mille enfants à la
rue. Ah ! les chers petits, nous voulons
les sauver au contraire ; nous voulons
les enlever aux influences malsaines
qu'ils subissent; nous. voulons les
préserver de l'empoisonnement cléri-
cal; nous voulons qu'ils aillent dans
les écoles laïques où les instituteurs
'leur apprendront à eux aussi les droits
et les devoirs du citoyen,
J'entends bien qu'on nous objecte
les difficultés énormes de l'entreprise ;
que les amis hypocrites de l'Eglise
triomphent en nous disant qu'il fau-
dra beaucoup d'argent Mais nous ré-
pondons que cet argent, on devra le
trouver, voilà tout ; car si une œuvre a
jamais mérité le nom d'œuvre du sa-
lut public, c'est bien celle à laquelle on
nous convie en proposant le retrait de
l'autorisation, qui n'aurait jamais dû
être accordée, aux frères de la Doctrine
chrétienne.
, Le journal de M. Méline fait au gou-
vernement et à la Chambre l'honneur
de penser qu'ils seront conséquents
avec eux-mêmes, logiques, qu'ils iront
jusqu'au bout de la besogne à accom-
plir. Nous l'espérons bien ainsi.
Il ne s'agit point, comme ne craint
pas de le dire le journal que nous ci-
tons, de « passion » ni de « haine ».
Ces sentiments ne sont pas dans nos
cœurs. Mais nous avons entrepris de
délivrer la France, si longtemps op-
primée, tenue en servitude par l'E-
glise, et nulles menaces, nulles ma-
nœuvres, nulles tentations d'intimida-
tion, ne nous feront dévier de la ligne
droite, ne nous feront perdre de vue
le but, ne nous feront oublier nos de-
voirs envers la République et la pa-
trie. - -
Lucien Victor-Meunier.
-0
EMOTIONS PRÉMATUREES
Les journaux réactionnaires
français n'arrivent pas à se met-
tre d'accord pour juger M. Cham
berlain. Certains ne voient en
lui que l'ennemi des Boers et le
malmènent en conséquence ;
d'autres apprécient son tempérament na-
tionaliste — on dit « impérialiste )) de l'au-
tre côté de la Manche — et le couvrent de
fleurs ; d'autres encore l'aiment à cause de
j?k-propagande eontre. 'es jaartis d'avant-
garde ; enfin, nos mélinistes admirent dans
sa personne le champion du protection-
nisme, tandis que les modérés partisans du
Libre-Echange le regardent comme leur
bête noire.
Transfuge du radicalisme, impérialiste et
protectionniste, M. Chamberlain ne nous
est sympathique sous aucun aspect. Nous
nous efforçons d'être impartiaux, cepen-
dant, et nous nous gardons bien de nous
livrer à la danse du scalp autour du minis-
tre anglais démissionnaire. Nous ne lui
reprocherons pas la. haine de la France
que lui attribuent sans preuve, et pour les
besoins de leur enfantine polémique, les
Anglophobes.
Si nous disons quelques mots de la cam-
pagne de M. Ch a ni berlain, ce sera en l'ap-
préciant au point de vue des intérêts fran-
çais.
11 est clair que nous n'avons rien à
gagner à ce que l'Angleterre, notre meil-
leure cliente, comme on l'a rappelé cent
fois ici-même, nous ferme son marché.
Il n'y a pas, d'ailleurs, péril en la de-
meure. Ce n'est pas la France surtout que
viseraient les mesures douanières que la
Grande-Bretagne parait songer à prendre.
Nous ne pourrions souffrir qu'indirecte-
ment d'une guerre de tarifs qui serait prin-
cipalement dirigée contre l'Amérique et
contre l'Allemagne.
Et puis, il n'est encore question que du
protectionnisme opportuniste de M. Bal-
four Et M. Balfour est partisan d'un ré-
gime de réciprocité qui n'a rien pour nous
effrayer.
Quand nous serions amenés à conelure
avec l'Angleterre un traité de commerce
qui augmenterait la facilité des échanges
entre les deux pays, où serait le mal ?
Ceux qui comptent sur des différends
douaniers pour troubler « l'entente cor-
diale » se rendront bientôt compte qu'ils
ont mal étudié et mal compris un problème
économique pourtant assez simple dans ses
données. *
LES GARIBALDIENS ET LE TSAR
(De notre correspondant particulier)
( - Naples, 20 septembre,
L'Union garibaldicnne vient de publier la décla-
ration suivante ': ,.
- Les soussignés, anciens combattants de la
Révolution polonaise de 1863; pleins d'affec-
tion inaltérable pour la nation héroïque du
grand Sobieski, tout en déplorant le maintien
du rég.me du knout en Russie et en Pologne,
estiment cependant comme un devoir absolu
et inhérent à une nation civilisée de recevoir
dignement le souverain do la Russie qui par
sa visite devient l'hôte de l'Italie et delà Mah
son de Savoie. — Signé : le capitaine GASÉAKK
VITALE ;"le commandant VINOENZO ARNESE.
- -
La mort de Sualaw confirmée
(De notre correspondant particulier]
Constantinople, 20 septembre.
La nouvelle de la mort do Sarafow, annon-
cée-il y a plusieurs jours, par.le Rappel, vient
d'être confirmée par un rapport officiel arrivé
au Seraskùriat. Boris Sarafow a été tué dans
un combat près de Monastil'. Un soldat lui a
coupé la tète et l'a emportée à Monastir. Le
sultan a accordé à ce soldat une gratification.
Mil
L'EX-PRËSIDENT STEIJN
IDe notre correspondant fJQrtictùwJ.
Amsterdam, 20 septembre.
L'ex-président Stoijn se rendra prochaine-
ment dans le midi de la France et y passera
tout l'hiver. Son état s'est considérablement
amélioré, il a recouvré la vue et est capable
de marcher à l'aide de béquilles.
CAUSERIE PEDAGOGIQUE
LE REMÈDE AU PERIL PRIMAIRE
Le recrutement du personnel ensei-
gnant primaire. — Les institutrices.
— L'esprit laïque. — L'augmenta-
tion des traitements et l'avance-
ment. — Une œuvre d'ensem-
ble. — Un article de M. Ferdi-
nand Buisson. -- Une œuvre
: accomplie de mauvaise
grâce
Le recrutement du personnel enseignant pri-
maire, C'est présentement la grande préoccu-
pation des amis de l'école laïque. Ce recrute-
ment, on le sait, se fait depuis plusieurs an-
nées
ment, d'une façon souvent déplorable. On ne
trouve plus d'instituteurs. L'administration
académique se voit fréquemment dans l'obliga-
tion d'envoyer des institutrices dans les écoles
de garçons. On ne manque pas d'institutrices,
si l'on se fie à l'apparence. Mais, en dehors des
normaliennes, la plupart des débutantes n'ont
pas été élevées en vue de donner l'enseigne-
ment et l'éducation; elles n'ont pas fait l'ap-
prentissage de leur profession ; surtout elles
n'ont pas été imprégnées de l'esprit laïque dans
une sorte de noviciat nécessaire. Aussi est-il
permis de soutenir que le nombre des bonnes
institutrices ne répond pas, non plus que celui
des instituteurs, aux besoins du service sco-
laire.
Le remède
Pour faire cesser cette pénurie pour attirer
postulants et postulantes, sufura-t il d'aug-
menter les traitemen ts ,of de régler judicieuse-
ment l'avancement du personnel ? Après avoir
amélioré la condition matérielle des institu-
teurs et des institutrices, ne faudra-t-il pas
améliorer leur condition morale et notamment
leur donner des garanties contre l'arbitraire
des déplacements d'office, dont tous les ans
sont victimes plusieurs centaines d'entre eux.
Le spectacle de leur instabilité, de leur dépen-
dance à l'égard des hobereaux de village, éloi-
gne, autant que celui de leur gêne, une assez
grande quantité de jeunes gens qui ont la vo-
cation de l'enseignement.
Et ces mesures prises, la péril primaire, se-
ra-t-il encore complètement conjuré? Non. Il
faudra que le recrutement des maîtres et des
maîtresses se fasse au moyen des écoles nor-
males. Il faudra, par conséquent, que l'admi-
nistration renonce, et puisse renoncer,, au fâ-
cheux systèmo qui consiste à ne plus entrete-
nir dans les écoles normales que la moitié en-
viron des effectifs indispensables pour le re-
nouvellement du personnel.
L'autre moitié ne saurait être plus long-
temps laissée au choix des inspecteurs d'acadé-
mie, c'est-à-dire au hasard de recommanda-
tions plus ou moins cléricales.
Réorganisation nécessaire
Or, tout bien considéré, ces changements
dans la situation des instituteurs et dans les
- Li.
réoTganisatiôn de 1 enseignement primaire sur
des principes nouveaux. C'est donc, au point
de vue législatif, une œuvre d'ensemble à éla-
borer tout d'une pièce pour blen en coordon-
ner les parties.
Dans un article du Manuel général de ¿"ins-.
Iruction primaire (1), M. Ferdinand Buisson a
mis cette vérité vigoureusement en lumière.
Nous voudrions pouvoir citer en entier les trois
colonnes qu'il y a consacrées. Mais voici le
passage principal.
Pour que le corps enseignant primaire des deux
Sexes soit en France, dit-il, ce qu'il faut déjà qu'il
soit, ce qu'il faudra qu'il soit surtout, d'ici à. quel-
ques années, il serait absolument indispensable
qu'il fut formé de longue main avec une unité de
vues une petteté deplan, une conscience du but à
pouruivre, une fermeté de direction morale qui
vpouuesr, suivre, d'une façon profonde et définitive le
lui donne d'une façon profonde et définitive]o
plein sentiment de sa force et le plein sentiment
de sa responsabilité.
C'est la tâche à laquelle pourraient suffire les
écoles normales. Mais il leur faudrait, pour bien
remplir cette mission, un renouveau de vie I d'in-
fiuence, de vigueur et de popularité. Beaucoup i
d'entre elles souffrent d'anémie. Le pays républi-
cain n'a pas compris, ou il a déjà oublié, ce que
doit être une école normale d'instituteurs ou d'ins-
titutrices dans notre outillage national ; on a fait
sur leurs budgets les plus insensées et les plus
ruineuses des économies. On continue dans une
grande partie de la France à entretenir des écoles
normales qui fournissent à peine la moitié des
mai li es et des maîtresses dont le département a
besoin. L'autre moitié se forme ou elle peut. Et
elle entre dans les cadres aussi vite quelquefois
phis vite que les élèves sortant des écoles norma-
les. Elle y entre avec d'autres idées, d'autres habi-
tudes, un autre esprit, ou plutôt sans esprit, sans
idées. Beaucoup sans doute de ces maîtres impro-
visés se formeront par la pratique et deviendront
de bons praticiens de renseignement, quelques-
uns même d'excellents instituteurs. Mais quelle
imprévoyance, quelle absence de méthode et d'es-
prit de suite dans une nation, après avoir fait pour
ses écoles d'aussi énormes sacrifices, d'en laisser
perdre ou compromettre en si grande partie les
résultats, faute de s'assurer, par une dépense re -
lativement insignifiante le personnel d'élite capa.
ble de féconder l'institution en lui donnant une
âme, celle même de la République.
C'est lit peut-être la première vérité qu'il fau-
drait faire entrer dans l'esprit et le coeit-i- de notre
démocratie.
Il importe qu'elle ait ù son service un person-
nel d'éiite, attaclié a cette" fonction merveilleuse-
ment intéressante de préparer le lendemain du',
pays. M importé qu'elle. le tife de son sein.
l'inspire de son esprit et pour cela qu'elle le fasse
passer tout entier par une largue et généreuse pré-
par&tion morale et professionnelle, celle des écoles
normales.
, .- Dans un pays comme le nôtre, il n,y a pas
d'école primaire laïque à la hauteur de sa mission,
s'il n'y a pas un corps enseignant ayant pour lui
le nombre, la Considération publique, la stabilité
de la situation, l'abondance du recrutement, la
confiante dans son avenir, hi joie et la fierté dit
présent, la foi en lui même et en-la démocratie.
il n'y aura pas un tel corps enseignant si la nation
ne s'applique pas,coûte que coute, à le former.
C'est à quoi nous ne pensons pas assez. Et comme
c'est œuvre do longue haleine. il ne faut pas en
cette matière attendre des directions ni de la com-
mission du budget, ni'de toi ou tel groupe d'hom-
mes politiques. C'est une question de Gouverne-
ment* Seul Je gouvernement peut tracer avec - au-
torité le vaste programme des efforts nécessaires,
efforts financiers, efforts législatifs, efforts- pédago-
giques. seul il-petit mettre le parlement par un
acte d'absolue franchise et de hardiesse .républi-
caine, enprésClwntl) ce devoir qui - échappe aux
!observatcurs superficiels. --
Le rôle du gouvernement
Le gouvernement, jusqu'à cette heure, a au-
trement compris son rôle. Il l'a réduit autant
qu'il a pu.. Il semble même ne s'être résolu à
en jouer un que quand il a été appelé à donner.
son avis devant la commission du budget.
Alors il"s'est contenté de marchander avec elle
les légères, et insuffisantes augmentations de.
;traitements qui étaient proposées. Il s'est op-
posé à ce que les injustices de l'ancien classe-
ment du personnel fussent réparées parfaite-
ment et tout de suite. Pour l'entrée en pre-
mière classe, il a imposé comme condition:
unique, le choix. Il a parfois arrêté l'élan gé-
'néreux de la Commission, Il ne parait pas avoir
songé à présenter jamais un plan d'ensemble.
11 a laissé le législateur travailler à des détails
qui auront forcément besoin d'être repris parce.
qu'ils ne s'accordent pas entre eux. Ainsi, en
vertu des résolutions arrêtées, J'avancement
(l) In10 du 5 septenibra ---
des instituteurs sera tantôt rapide, purement
automatique ; tantôt ralenti et mal réglé; tan-
tôt même définitivement arrêté.
L'œuvre, accomplie de mauvaise grâce, au
jour le jour, sous la poussée irrésistible de lé-
gitimes revendications devra être recommencée
tous les ans. Elle est faite sans esprit de suite.
La méthode est mauvaise, ou plutôt il n'y a
aucune méthode.
M. Ferdinand Buisson qui n'aime pas à légi-
férer dans ces conditions en propose une.
En même temps il indique le remède capable
de mettre un terme à la crise que traverse l'en-
seignement primaire.
Son appel à l'initiative gouvernementale
sera-t-il entendu ? Ses vues inspireront-elles
au ministre de l'instruction publique et aux
bureaux de la rue de Grenelle le projet de loi
à faire ? Nous nous plaisons à l'espérer, car il
n'est pas permis de supposer que les alarmes
du monde officiel, à propos du péril primaire,
soient purement affectées.
Une chose nous rassure pleinement d'ail-
leurs. 'Si besoin était le directeur honoraire
de l'enseignement primaire, aujourd'hui mem-
bre du Parlement, où il jouit du plus large
crédit, serait en état de porter à la tribune la
question que dans le Manuel général il a si
nettement exposée.
ARMAND DEPPER.
--_.-..--- 0
LA VRAIE PATRIE
J'admire les prélats et les curés qui se disent
nationalistes, et les fidèles qui les croient.Cette
conversion intéressée du clergé à la doctrine
chr ré à' M. Jules Lemaître sert merveilleuse-
ment les cléricaux en augmentant leur parti
de tous. les modérés mécontents. Il est bien
entendu qu'il n'y a dans ces professions de foi
aucune sincérité et que la plupart de ceux qui
les écoutent, font tout simplement semblant
d'y ajouter foi. Mais personne ne s'en plaint
puisqne cela profite à tous.
L'Eglise a Un chef étranger qui réside à l'é-
tranger ; les congrégations sont des associa-
tions internationales qui ont des ramifications
dans tous les pays. Bien qu'elles se prétendent
attachées à la patrie française, loin d obéir à
ses lois, elles désertent le sol ancestral. Elles
se sont réfugiées en Angleterre, en Belgique,
en Suisse, en Italie, en Espagne. C'est ainsi
qu'elles entendent le patriotisme.
Tout cela ne fait que confirmer les paroles
célèbres prononcées par l'abbé Deguerry en
1869, à la M&deleine, lors du cinquantième an-
niversaire de l'ordination de Pie IX. Vantant
la joie qui anime les hommes pieux lorsqu'ils
entrent dans la ville éternelle,il disait : « Ceux
d'entre vous qui ont été à Romé l'ont éprouvée
cette joie : ils se sont sentis chez eux. A Rome,
on est bien, on respire, on est dans sa patrie.
Sans doute la patrie est une grande chose,
mais la vraie patrie, c'est l'Eglise. »
: Ainsi la religion est au-dessus de tout, au-
dessus de la patrie elle-même, la France n'est
rien à côté de Rome. Et dire que .depuis un
siècle nous donnons annuellement quarante
Taillions à ceux -
Charles Darcy.
Voir à la 3 epa.ge
les Dernières Dépêches
cle la nixit
et la Revue des Journaux
du mo/tin
LES PRÉTORIENS DU SULTAN
(De notre correspondant particulier)
Belgrade, 20 septembre.
D'après les dernières nouvelles reçues de la
Turquie, le sultan est menacé d'une révolte
militaire, s'il ne déclare pas la guerre le plus
tôt possible.
Le mécontement est très grand parmi les of-
ficiers et les soldats. Les troupes de l'Asie-Mi-
neure se plaignent déjà des rigueurs du climat
dans les Balkans. De hauts militaires à Cons-
tantmople poussent sans cesse à la guerre. Le
gouvernement serbe, on présence de cette si-
tuation, songe d'une coopération avec la Bul-
garie. Le roi Pierre a fait des avances dans ce
sens au prince Ferdinand. Il seray t très con-
tent de trouver ainsi un dérivatif.
-Ob
LE MOUCHARD DE MUSOLINO
0e notre correspondant particulier)
Rome, 20 septembre.
Antonio Princi, l'homme qui avait indiqué
à l'inspecteur Wenzell, le séjour du brigand
Musolino, vient de mourir dans la plus affreuse
misère. Il n'a pas pu toucher la prime qu'on
avait promise pour la capture du brigand et a
dû se contenter de quelques maigres secours,
que lui donnailde temps en temps la préfec-
ture de la province de Calabrie. -
Princi, par suite de nombreuses privations,
était devenu phtisique, et c'est de cette mala-
die qu'il vient de mourir.
LES SŒURS DU PAPE BOYCOTTÉES
- PAR LES C-LÉICAUX
(De notre correspondant particulier)
Rome, 20 septembre.
Les dames de l'aristocratie noire de Rome
ont décidé de ne pas admettre dans leurs sa-
lons les soeurs ,du pape Pie X, Mmes Sarto
n'ayant aucun titre nobiliaire, pas même une
simple particule. Le Souverain Pontife pour-
rait leur conférer la noblesse romaine, mais il
n'y est iiulleinent disposé.
Quant;) ses sœurs, elles ne se sentent nul-
lement atteintes nar l'exclusivisme de l'aristo-
cratie cléricale ; elles n'ont aucun goût pour
la vie- mondaine.
-:---:. --
MANIFESTATION REPUBLICAINE
(De notre correspondant particulier)
Nancy, 20 septembre. -'
M. Humbert, préfet de Meurthe-et-Moselle,
a inauguré hier l'adduction des eaux de source
de Pompey.
Au banquet qui a suivi la fête les discours
franchement républicains de MM. Julien,
maire; Fould, maître de forges et Humbert,
préfet, ont été unanimement applaudis.
Un toast a été porté par le préfet à M. Lou-
bet et au gouvernement de la République.
M. Brice, député nationaliste de la circons-
cription, avait décliné l'invitation.
LES GUÉRISONS A LOURDES
Morts en revenant de la piscine
Bordeaux, 20 septembre.
Une dame, Marie Saingic-r, originaire de
Lille, est morte des suites d'une violente hé-
morragie. dans le train de pèlerinage qui la
ramenait a Lille.
Un jeune homme" de" 16 ans, d'Armentières
est mort dans lo même train. Le malheureux,
nommé Paul Cavro, était tuberculeux au der-
nier degré.
FÊTES ET
INAUGURATIONS
Le monument Charcot à Lamalou-
les-Bains. — M. Trouillot préside. —
Les discours. — M. Doumergue à
- Çhaville. — Le 2QOe de Marche.
'.;. Quelques distinctions. — Le
monument de Verninac. —
V M. Pelletan préside. — Le
; .., - ministre de la guerre inau-
? gure une Mairie. — Le
, général "Delmaa et le
maréchal Pélissier.
-. Lamalou-les-Bains, .20 septembre.
M. Trouillot, ministre du commerce a pré-
sidé aujourd'hui ici, l'inauguration d'un buste
! élevéà la mémoire du professeur Charcot par
cette station thermale reconnaissante. Le mi-
nistre du commerce est arrivé à Lamalou à 9
heures ce matin. Après une brève réception à
la gare, la cérémonie d'inauguration a eu
lieu.
Le buste est l'œuvre de Mme Charcot, sculp-
teur distingué, qui en a fait hommage à la ville
de Lamalou. Plusieurs discours ont été pro-
noncés.
Le discours du Maire
Le maire, le docteur Belugon, après avoir
célébré le savant que fut Charcot, termine
ainsi:
Le seul hommage qui convienne à Charcot, c'est
de maintenir à son œuvre la juste admiration qui
lui fut, au lendemain de sa mort, si généreuse-,
ment dévolue par tous, même au delà de nos fron-
tières. « La France, écrivait alors un illustre sa-
vant étranger, la France a perdu son plus grand
médecin, et ce n'est pas seulement la France qui
pleure sur cette tombe du maître des neurologistes
mais le monde médical tout entier. Le secret de sa
grandeur est dans ce fait: qu'en lui, les qualités
du savant français ont été portées, dans toute leur
pureté, à un degré incomparable, si bien qu'on a
pu dire qu'il personnifiait le génie national. »
1 Le professeur Raymond
Le professeur Raymond, successeur de
Charcot à la Salpètrière, dit ensuite combien
furent importants les travaux du célèbre mé-
decin. Il rappelle ses grandes découvertes :
Si nous embrassons maintenant, d'un coup d'œil
rapide, la seconde phase de l'évolution médicale
de Charcot, au cours de laquelle l'étude des né-
vroses, et en particulier de l'hystérie, a davantage'
occupé son activité investigatrice, il nous sera
facile de découvrir en lui un thérapeute dans la
plus belle acception du mot, là, où d'autres, avec
des procédés, à peu de choses près pareils, n'ont
été que de vulgaires charlatans. Nous lui sommes
en grande partie, redevables des ressources mul-
tiples dont nous disposons contre la grande né-
vrose, ou du moins de leur utilisation rationnelle.
Il nous a montré comment la suggestion hypno-
tique, employée à titre do pratique curative, nous
permet d'opérer des semblants de miracles dans
les cas de paralysie et de contractures hystériques.
-Sa brochure fameuse, La foi qui guérit, qui a fait
tant de bruit, découle de ces constatations.
.L'esprit largement ouvert aux innovations
thérapeutiques susceptibles de procurer la guéri-
son ou un simple soulagement à ceux qui souf-
frent, il ne dédaignait pas de faire appel aux
remèdes les plus variés.à réhabiliter ou à vulgari-
ser les ressources thérapeutiques anciennes ou
nouvelle issues de l'empirisme, une fois acquise la
conviction de leur utilité. C'est ainsi qu'il en vint
à appuyer de sa haute autorité l'emploi des eaux
de Lamalou.
Discours de M. Trouillot
Les fêtes de Tréguier, si proches et si reten-
tissaniss, ont inspiré M. Trouillot. Il a parlé
de Renau autant que de Charcot, et son dis-
cours a obtenu un vif succès..
Le gouvernement de la République a-t-il dit,
.qui glorifiait, il y a huit jours, en Bretagne, la
mémoire d'un des penseurs les plus libres qui aient
illustré le dernier siècle, aujourd'hui, à l'autre
bout de la France, apporte son hommage à un
savant dont le nom mérite d'être inscrit, comme
celui de Renan, au rang des hommes qui ont eu
l'influence la plus profonde sur les esprits de leur
temps. -.. -
Ce qui a été l'œuvre de Charcot, dans le domaine
jusque là mystérieux de ces désordres nerveux dont
la pathologie avait à peine tenté d'aborder le pro-
blème, et qu'elle avait même considéré pendant
tant de siècles, comme étranger à son action, nous
venons de l'entendre dire.
Le ministre énumèro quelques-unes do ces
grandes conquêtes scientifiques. Il n'y a pas,
dit M. Trouillot, d'exception Aux lois naturel-
les ; il n'y a que des lois naturelles encore in-
connues. C'est la crédulité des peuples qui at-
tribue certains phénomènes à un pouvoir au-
dessus des hommes. M. Trouiliot préfère La-
.malou à Lourdes et no s'en cache point :
La rencontre est ici bien frappante entre le grand
esprit qui vient d'être honoré à Tréguier, par
l'hommage du monde entier, et le savant auquel
votre ville a voulu élever ce bronze. « Il n'y a,
écrivait Renan, ni miracles, ni lois intérimaires H,
et Charcot, exprimant la même idée en termes ana-
logues, écrit à son tour : « Nous ne pouvons rien
contre les lois naturelles. » Il continue par ces li-
gnes saisissantes, qu'olfcitait le 18 décembre 1900
à l'Académie de médecine, el qu'on ne citera, ja-
mais trop, parce que l'éloquence de leurs constata-
tions no sera pas dépassée :
« On n'a jamais noté que la foi qui guérit ait
fait repousser un membre amputé; par contre,
c'est par centaines qu'on trouvo des guérisous de
paralysie. Les sauetuaives se ressemblent tous,
sont tous coulés dans le même moule. A travers
:les âges, parmi les civilisations les plus diverses,
au .milieu des religions les plus dissemblables en
apparence, les conditions dû miracle sont restées
identiques. Ceux qui trouvaient la guénson dans
l'Asclepéion, ornaient les parvis du temple d'hym-
nes votives, et surtout de bras, de jambes, de
cous,de seins,en matière plus ou moins précieuses,
objets représentatifs de la partie du corps qui avait
été guérie par l'intervention miraculeuse. Au fond
du sanctuaire, parmi les serviteurs du temple, des
prêtres médecins charges de constater ou d'aider
les guérisonS. De tous les dame? de là Grèce, ceux
qu'anime la foi qui guérit s'acheminent vers le
sanctuaire pour obtenir la guérison de leurs
maux. Dès leur arrivée, afin de rendre le dieu fa-
vorable; ils déposent sur l'autel de riches présents
et se plongent dans la fontaine purificatrice qui
coule dans le temple d'Esculape. Les siècles ont
passe, mais la source sacrée coule toujours. »
C'est ainsi que, partis de points si différents, et
si dissemblables eux-mêmes par l'éducation, par le
caractère, par la nature de leurs travaux, l'un vi-
i' vant dans le pur domaine dès spéculations philoso-
phiques, l'autre partant uniquement d'expérimen-
tations scientifiques,Renan et Charcot aboutissent à
des constatations rigoureuses qu'ils traduisent
presque dans les mêmes termes, rendant sensible
l'exaclitndc de la formule, un peu modifiée par le
temps, d'après laquelle' tout chemin mène à lavé
rité.
- La fin de la cérémonie
Le docteur Boissier, doyen des médecins de
la slalion, prononce enfin une courte alloctl-
tion ; une poésie de circonstance est récitée, et
un chœur exécuté par les enfants (les écoles
communales. La musique du 2e génie fait en-
tendre plusieurs morceaux.
Le monument est fort admiré : c'est une
fontaine, surmontée du buste de Charcot : sur
les côtés inférieurs du monument, deux hauts-
reliefs dus au ciseau de M. Louis faid : l'un
représente un malade qu'on va descendre dans
la piscine chaude, il e:t soutenu par deux bai-
gneurs ; l'autre représente Charcot à sa clinique
de la Salpêtrière, entouré de ses éèYes; le
maître fait une démonstration pratique, ayant,
assise devant lui, une jeune malade qu'il oxa-
mine.
Le ministre tt sa suite ont visite la jolie ville
en voiture, a
Un grand banquet est offert, à midi et demi,
au ministre.
LE MONUMENT
DU COLONEL GILLON
Personne n'a oublié la triste destinée du
ZUU régiment de marche, formé ue volontaires
de tous les régiments, pleins de jëunasse, de
vigueur et d'espoir, qui .partit à Madagascar
au milieu d'ovations et d'acclamations enthou-
,siastes. A peine débarqués, nos jeunes soldats
eurent à surmonter des- difficultés imprévues
,à subir les rigueurs d'un climat terrible, et ils
durent, pour avancer, construire péniblement
une route que la fièvre joncha de cadavres.
La municipalité de Chavilla a voulu rendre
hommage a la mémoire du colonel de ce régi-
ment, Gillon, qui, lui aussi, mourut à la peine
En honorant son enfant d'adoption, elle a eu
la pensée de rappeler le souvenir des 35 offi-
ciers et des 4,613 hommes tombés ainsi sant
combattre sur la funèbre route de Majunga à
Tananarive. Le modeste monument de Cha-
ville rappelle ce douloureux martyre. C'est
une simple stèle en grès cérame surmontée du
buste du colonel. Il a été exécuté par la ma-
nufacture de Sèvres d'après la maquette de M.
Bovene, l'auteur de la statue de M. de Ver-
ninac, ancien vice-président du Sénat. Le
buste du colonel est de teinte grisâtre, il est
coiffé du casque colonial et porte la croix de
la Légion d'honneur. Le piédestal, couleur
pierre, est orné d'un drapeau. A la base, sur la
marche, une branche et un gabion.
Le gouvernement a tenu à s'associer solen-
nellement à l'hommage rendu à nos pauvres
soldats, et M. Doumerlrue, ministre des colo-
nies, a présidé à l'inauguration du monument.
Les ministres de lit guerre et de la marine
s'étaient fait représenter.
M. Doumergue pst. parti du pavillon de Flore
en voiture, accompagné de MM. Bousquet, se-
cretaire général du ministère des colonies, et
babelle, chef de son cabinet. il est ariivé à la
mairie de Chaville un peu avant 11 heures. Il
a été reçu par MM. Poirson, préfet de Seine-et-
Oise, et Delapierre, maire de Çhaville, accom-
pagnés de toute la municipalité et de diverses
notabilités.
L'inauguration
Après quelques paroles de bienvenue, le cor
tège s'est formé et s'est rendu solennellement
au monument, qui s'élève, derrière une grille,
dans le jardin de l'école communale. L'har-
monie municipale et les pompiers de Chaville,
Sèvres et Viroflay lui faisaient escorte.
Aux côtés du ministre, prirent place Mme
veuve Gillon, et son lils, caporal au 49= de li-
gne, le maire, le préfet, les conseillers muni-
cipaux. Nous remarquons-en outre M. Deluns-
Montaud, ancien ministre des travaux publics
le général Duchesne, ancien commandant eu
chef pendant la campagne de Madagascar. M.
Gauthier, député, et plusieurs officiers qui
prirent part à l'expédition d.u 200'de ligne : la
colonel Iraçabal, la ccmmandant Deville, la
colonel Lacaze, M. Durand, administrateur,
colonial, etc.
Les discours
Une musique militaire se fit entendrè, puiî
les discours commencèrent.
M. Delapierre, après avoir remercié le mi-
nistre, fit l'é;oge du caractère du colonel Gillon
et rappela ses qualités militaire. Puis M. Gau-
thier., député, prononça un discours patrioti-
que. Enlln, le ministre, M. Doumergue, er
quelques mots très éloquents, loua à son tour
le colonel Gillon et célébra te courage et l'ab
négation des modestes soldats qu'il avait sou?
ses ordres.
Ces paroles sont empreintes d'une émotion
que partage toute l'assistance. ElMs sont trè'
applaudies.
Distinctions honorifiques
Au cours de la. cérémonie, le ministre a re-
mis les distinctions suivantes:
Officier de l'instruction publique. —• M. Jardel
artiste oecortiteur à- la matiufMtnt-e do Sèvres
président fondateur de la Société lyrique de Chao
ville.
Officier d'académie. — MM. Colombe, adminis-
trateur du bureau de bienfaisance de Cliaville.,
Dumay, directeur de l'Harmonie municipale.da
Lhavillo; C-irtrau, sous-directeur de l'Harmonie
municipale; Binant, secrétaire de la mairie.
Chevalier du Mérite agricole. -'M. Leroux jar-
dinier-chef à Chaviile, t-tois fois médaillé dans les
concours et expositions.
Médaille d'honneur agricole, - àf. Chelu, jardi-
nier à la maison Gillon.
Médaille des facteurs des postes. — M. Colas,
acteur des postes à Chaville. 30 ans de services.
Le banquet
Un banquet par souscription a été ensuite
servi dans le préau des écoles. A l'issue de ce
banquet, M. Poirson, préfet de Seine-et-Oise,
a porté la santé du président de la Républi-
que : M. Delapicrre, maire de Chaviile, a bu
au ministre, qui a terminé la série des toastf
en remerciant ses'hôtes.
Dans l'après-midi, un grand nombre de so-
ciétés patriotiques ont exécuté quelques exer-
cices et ont détllé solennellement devant 14
monument.
M. PELLETAN A CAHORS -
Cahors, 20 septembre.
M. Camille Pelletan, ministre de la marine
est venu aujourd'hui inaugurer le buste élevé
par le conseil général du Lot à son ancien pré-
sident, M. Verninac, ancien vice-président du
Sénat.
Le cortège s'est rendu à la préfecture au mi-
lieu des cris de : « Vive Pelletan 1 Vive la Ré-
publique 1 » ,'.
A 11 heures, ont eu lieu les réceptions offi-
cielles.
L'évêque déclare qu'il se rend volontiers à
l'invitation du préfet ; il offre au ministre
l'hommage de son. profond respect et il remer-
cie l'administration de son bon vouloir et da
sa courtoisie relativement aux actes de soev
ministère. "1 1 t dÙl
M. Pelletan répond qu'il sait le respect dûi
aux convictions religieuses et il remercie l'évê-
que des sentiments qu'il a exprimés.
Répondant à l'inspecteur d'académio, le mi-
nistre a dit que le corps enseignant constitue-
une avant-garde; il sait quel môrite ce corps,
a eu en menant le bon combat, et il le remer-
I cie d'être venu si nombreux.
Le banquet
A midi, on se rend à la Halle aux grains où
a lieu un banquet populaire de 600 couverts..
Le préfet salue M. Pelletan et le remercie'
d'être venu à Cahôrs. Il fait l'éloge du minis-
tère Coinbes. et porte la santé de M. Loubet.
Le maire de Cahors fait l'éloge du ministre
de là marine. q;)i est chaudement acclamé par
l'auditoire.
M. Hey, député, demande l'atténuation dea
chargea fiscales" qiîi pèsent sur le pays.
M. Pelletan prend ensuite la parole. De vifs
applaudissements éclatent lorsqu'il se lève.
, Le ministre romercie de l'accueil qui lui est
fait. Il se déclare toujours au nombre des dé-
fenseurs irrédtctihle de la démocratie. Il rap
pelle toutes ses interventions à la tribune de la
Chambre en faveur des classes rurales, et sa-
lue h mémoire de Gambeita dont il fait lon-
gueirtôBrf l'éloge,
M Pelletai: raconte avec humour ses souve-
nirs personnels du temps de l'empire; puis il
s'occupe du rôle de Gamb-Mh le relève-
ment de la patrie humiliée p.r/ '.es fautes dq
l'Empiro. 11 étudie ensuite le rôle joué Ç-!
AWTW8WCES
AUX BUEEAïUX ©U JOBRTOte.
14, rue du Mail, Varls.
Efc gâbssn JIDl. LAGRANG:, CERFdCP
«, place de .la Bourse* <2
4.dlOOOBD TWQglr'PliiŒUC:; :xdX' -f'A'tES
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Paris. mis sois 6 f. SIx IDis il f. oa m 201.
Dér-rtmnents — 7 f. — 12 f. - 24 r.
Union Postale — 9 f. — i6 f. — 3IL
Les AlwnTtem:ea.ts sont reças sauts frai
dans tous les Bureaux ds Posta
REDACTION : 14, rue du Mail, Paris]
De 4 à 8 heures du soir et de 10 heures du soir à 1 heure du matlta
N° 12247. — IVIardi 22 SepteiMJbr»e 1903
4' JOUR COMPLEMENTAIRE AN 111
ADUINISTnA TION ; 14, pue du Mail
Adresser lettres et mandats i l' Ai m Ustrâleur
'> NOS LEADERS
Treize cent mille
On prête à notre ami, M. Béraud, sé-
nateur de Vaucluse, l'intention de pro-
poser au vote de la Chambre, dès les
premiers jours de la rentrée, une mo-
tion invitant le gouvernement à abro-
ger l'arrêté du Conseil d'Etat, du
21 janvier 1902, par lequel la congré-
gation des Frères de la Doctrine chré-
tienne a été reconnue autorisée.
Et, d'avance, les républicains modé-
rés crient à l'abomination de la déso-
lation. Le journal de M. Méline se de-
mande si le gouvernement acceptera
ou rejettera la motion de M. Béraud; et
il se répond aussitôt: — « Après l'hal-
lali anticlérical et même antireligieux
du discours de Tréguier, comment le
président du Conseil reculerait-il de-
vant les mesures de violence croissante
auxquelles il a lui-même encouragé ses
partisans ? û
Et la République française conclut
en ces termes :
- « Il est donc infiniment probable
que M. Combes et son ministère sui-
vront leur penchant naturel et accep-
teront, si même ils ne la revendiquent
pas,la responsabilité en retirant l'auto-
risation aux Frères de la Doctrine chré-
tienne ; de jeter 1.300.000 enfants a la
tue ?.
***
Ne croyez-vous pas qu'en publiant
ce chiffre véritablement effrayant, la
République française soit allée à l'en-
contre du but qu'elle se proposait?
Bien des fois jrai douloureusement
frémi en voyant s'allonger sur les trot-
toirs blancs les interminables files de
petites blouses grises, encadrées par
les frères à figures stupides ou per-
verses, mais, je l'avoue, ce chiffre
énorme de treize cent mille est pour
moi une révélation; il m'étonne ef
m'épouvante. Je ne croyais pas que le
mal fût si grand.
Quand j'ai écrit ici-même, il y a
quelques mois, à propos des laïcisa-
tions, que l'on n'aurait rien kit tant
que l'on n'aurait pas mis- les Frères
de la Doctrine chrétienne hors d'état
de nuire, j'ignorais l'étendue des ra-
vages qu'ils exercent.
Eh quoi ! treize cent mille ! la Répu-
blique française n'exagère-t-elle pas ?
est-elle bien sûre de ne pas se trom-
per ? Prenons, sans discuter, le chiffre
qu'elle donne et constatons simple-
ment qu'il est a lui seul, sans qu'il
soit besoin d'aucun commentaire, l'ar-
gument décisif en faveur de la motion
de M. Béraud.
Songez que ces treize cent mille en-
fants sont des pauvres; ou bien des
orphelins ou bien des 1ls de beso-
gneux ; que c'est ainsi, à proprement
parler, le peuple lui-même, la masse
souffrante du peuple; dont les Frères
de la Doctrine chrétienne détiennent
l'éducation.
La Révolution les avait supprimés ;
Napoléon Ier a bien su ce qu'il faisait
en les protégeant. L'empereur avait
besoin de sujets; la chair à canon n'a
oas à connaître, à réfléchir, à savoir ;
qu'elle marche, résignée et docile, vers
l'abattoir, c'est tout ce qu'on exige
d'elle; les « ignorantins » seront tou-
jours et par n'importe quelle tyrannie
considérés à juste titre comme de mer-
veilleux instruments d'abêtissement,
c'est-à-dire : d'asservissement.
Mais que la République ait laissé
pendant plus de trente ans vivre et
fonctionner cette puissante machine à
déprimer les intelligences et à dégra-
der les ames, voilà ce qui ne sera pas
compris plus tard ; voilà ce qui sera
nux-regards de l'avenir l'attestation de
aotre faiblesse, de notre incurie, de
10tre incohérence.
***
\jnoi ! nous avons, d'un effort labo-
deux, organisé l'instruction du peu-
ple; nous avons voulu, ayant à cœur
je réaliser le vieux programme répu-
blicain, qu'elle fût gratuite, obligatoire
Bt laïque, nous avons construit par-
tout des écoles où le prêtre n'a pas eu
accès ; et, tandis que nous travaillions
ainsi à faire, pour demain, une France
3achant lire et sachant penser, dégagée
fle toute superstition, marchant dans
, la lumière vers le bien et vers le vrai,
nous avons, à côté de ces écoles où les
instituteurs font épeler les enfants du
peuple dans le livre des Droits de
l'homme et du citoyen, laissé subsister
les maisons noires où tous les efforts
sont pour éteindre le flambeau dont
nous voulons faire, nous, un immense
brasier rayonnant sur le monde !
Un sait qu'elle est la nature de 1 édu-
cation donnée par les Frères des écoles
- chrétiennes ; la religion, les pratiques
religieuses y tiennent la première
place aux dépens de tout le reste ; de
sorte que les malheureux qui ont été
enfermés pendant des années, dans
zes casernes ont, d'abord, s'ils vêulent
devenir des hommes, à tout oublier de
ce que les ignorantins leur ont appris.
Et ils sont treize cent mille !.
La République française nous de-
mande ironiquement si nous voulons
eter ces treize cent mille enfants à la
rue. Ah ! les chers petits, nous voulons
les sauver au contraire ; nous voulons
les enlever aux influences malsaines
qu'ils subissent; nous. voulons les
préserver de l'empoisonnement cléri-
cal; nous voulons qu'ils aillent dans
les écoles laïques où les instituteurs
'leur apprendront à eux aussi les droits
et les devoirs du citoyen,
J'entends bien qu'on nous objecte
les difficultés énormes de l'entreprise ;
que les amis hypocrites de l'Eglise
triomphent en nous disant qu'il fau-
dra beaucoup d'argent Mais nous ré-
pondons que cet argent, on devra le
trouver, voilà tout ; car si une œuvre a
jamais mérité le nom d'œuvre du sa-
lut public, c'est bien celle à laquelle on
nous convie en proposant le retrait de
l'autorisation, qui n'aurait jamais dû
être accordée, aux frères de la Doctrine
chrétienne.
, Le journal de M. Méline fait au gou-
vernement et à la Chambre l'honneur
de penser qu'ils seront conséquents
avec eux-mêmes, logiques, qu'ils iront
jusqu'au bout de la besogne à accom-
plir. Nous l'espérons bien ainsi.
Il ne s'agit point, comme ne craint
pas de le dire le journal que nous ci-
tons, de « passion » ni de « haine ».
Ces sentiments ne sont pas dans nos
cœurs. Mais nous avons entrepris de
délivrer la France, si longtemps op-
primée, tenue en servitude par l'E-
glise, et nulles menaces, nulles ma-
nœuvres, nulles tentations d'intimida-
tion, ne nous feront dévier de la ligne
droite, ne nous feront perdre de vue
le but, ne nous feront oublier nos de-
voirs envers la République et la pa-
trie. - -
Lucien Victor-Meunier.
-0
EMOTIONS PRÉMATUREES
Les journaux réactionnaires
français n'arrivent pas à se met-
tre d'accord pour juger M. Cham
berlain. Certains ne voient en
lui que l'ennemi des Boers et le
malmènent en conséquence ;
d'autres apprécient son tempérament na-
tionaliste — on dit « impérialiste )) de l'au-
tre côté de la Manche — et le couvrent de
fleurs ; d'autres encore l'aiment à cause de
j?k-propagande eontre. 'es jaartis d'avant-
garde ; enfin, nos mélinistes admirent dans
sa personne le champion du protection-
nisme, tandis que les modérés partisans du
Libre-Echange le regardent comme leur
bête noire.
Transfuge du radicalisme, impérialiste et
protectionniste, M. Chamberlain ne nous
est sympathique sous aucun aspect. Nous
nous efforçons d'être impartiaux, cepen-
dant, et nous nous gardons bien de nous
livrer à la danse du scalp autour du minis-
tre anglais démissionnaire. Nous ne lui
reprocherons pas la. haine de la France
que lui attribuent sans preuve, et pour les
besoins de leur enfantine polémique, les
Anglophobes.
Si nous disons quelques mots de la cam-
pagne de M. Ch a ni berlain, ce sera en l'ap-
préciant au point de vue des intérêts fran-
çais.
11 est clair que nous n'avons rien à
gagner à ce que l'Angleterre, notre meil-
leure cliente, comme on l'a rappelé cent
fois ici-même, nous ferme son marché.
Il n'y a pas, d'ailleurs, péril en la de-
meure. Ce n'est pas la France surtout que
viseraient les mesures douanières que la
Grande-Bretagne parait songer à prendre.
Nous ne pourrions souffrir qu'indirecte-
ment d'une guerre de tarifs qui serait prin-
cipalement dirigée contre l'Amérique et
contre l'Allemagne.
Et puis, il n'est encore question que du
protectionnisme opportuniste de M. Bal-
four Et M. Balfour est partisan d'un ré-
gime de réciprocité qui n'a rien pour nous
effrayer.
Quand nous serions amenés à conelure
avec l'Angleterre un traité de commerce
qui augmenterait la facilité des échanges
entre les deux pays, où serait le mal ?
Ceux qui comptent sur des différends
douaniers pour troubler « l'entente cor-
diale » se rendront bientôt compte qu'ils
ont mal étudié et mal compris un problème
économique pourtant assez simple dans ses
données. *
LES GARIBALDIENS ET LE TSAR
(De notre correspondant particulier)
( - Naples, 20 septembre,
L'Union garibaldicnne vient de publier la décla-
ration suivante ': ,.
- Les soussignés, anciens combattants de la
Révolution polonaise de 1863; pleins d'affec-
tion inaltérable pour la nation héroïque du
grand Sobieski, tout en déplorant le maintien
du rég.me du knout en Russie et en Pologne,
estiment cependant comme un devoir absolu
et inhérent à une nation civilisée de recevoir
dignement le souverain do la Russie qui par
sa visite devient l'hôte de l'Italie et delà Mah
son de Savoie. — Signé : le capitaine GASÉAKK
VITALE ;"le commandant VINOENZO ARNESE.
- -
La mort de Sualaw confirmée
(De notre correspondant particulier]
Constantinople, 20 septembre.
La nouvelle de la mort do Sarafow, annon-
cée-il y a plusieurs jours, par.le Rappel, vient
d'être confirmée par un rapport officiel arrivé
au Seraskùriat. Boris Sarafow a été tué dans
un combat près de Monastil'. Un soldat lui a
coupé la tète et l'a emportée à Monastir. Le
sultan a accordé à ce soldat une gratification.
Mil
L'EX-PRËSIDENT STEIJN
IDe notre correspondant fJQrtictùwJ.
Amsterdam, 20 septembre.
L'ex-président Stoijn se rendra prochaine-
ment dans le midi de la France et y passera
tout l'hiver. Son état s'est considérablement
amélioré, il a recouvré la vue et est capable
de marcher à l'aide de béquilles.
CAUSERIE PEDAGOGIQUE
LE REMÈDE AU PERIL PRIMAIRE
Le recrutement du personnel ensei-
gnant primaire. — Les institutrices.
— L'esprit laïque. — L'augmenta-
tion des traitements et l'avance-
ment. — Une œuvre d'ensem-
ble. — Un article de M. Ferdi-
nand Buisson. -- Une œuvre
: accomplie de mauvaise
grâce
Le recrutement du personnel enseignant pri-
maire, C'est présentement la grande préoccu-
pation des amis de l'école laïque. Ce recrute-
ment, on le sait, se fait depuis plusieurs an-
nées
ment, d'une façon souvent déplorable. On ne
trouve plus d'instituteurs. L'administration
académique se voit fréquemment dans l'obliga-
tion d'envoyer des institutrices dans les écoles
de garçons. On ne manque pas d'institutrices,
si l'on se fie à l'apparence. Mais, en dehors des
normaliennes, la plupart des débutantes n'ont
pas été élevées en vue de donner l'enseigne-
ment et l'éducation; elles n'ont pas fait l'ap-
prentissage de leur profession ; surtout elles
n'ont pas été imprégnées de l'esprit laïque dans
une sorte de noviciat nécessaire. Aussi est-il
permis de soutenir que le nombre des bonnes
institutrices ne répond pas, non plus que celui
des instituteurs, aux besoins du service sco-
laire.
Le remède
Pour faire cesser cette pénurie pour attirer
postulants et postulantes, sufura-t il d'aug-
menter les traitemen ts ,of de régler judicieuse-
ment l'avancement du personnel ? Après avoir
amélioré la condition matérielle des institu-
teurs et des institutrices, ne faudra-t-il pas
améliorer leur condition morale et notamment
leur donner des garanties contre l'arbitraire
des déplacements d'office, dont tous les ans
sont victimes plusieurs centaines d'entre eux.
Le spectacle de leur instabilité, de leur dépen-
dance à l'égard des hobereaux de village, éloi-
gne, autant que celui de leur gêne, une assez
grande quantité de jeunes gens qui ont la vo-
cation de l'enseignement.
Et ces mesures prises, la péril primaire, se-
ra-t-il encore complètement conjuré? Non. Il
faudra que le recrutement des maîtres et des
maîtresses se fasse au moyen des écoles nor-
males. Il faudra, par conséquent, que l'admi-
nistration renonce, et puisse renoncer,, au fâ-
cheux systèmo qui consiste à ne plus entrete-
nir dans les écoles normales que la moitié en-
viron des effectifs indispensables pour le re-
nouvellement du personnel.
L'autre moitié ne saurait être plus long-
temps laissée au choix des inspecteurs d'acadé-
mie, c'est-à-dire au hasard de recommanda-
tions plus ou moins cléricales.
Réorganisation nécessaire
Or, tout bien considéré, ces changements
dans la situation des instituteurs et dans les
- Li.
réoTganisatiôn de 1 enseignement primaire sur
des principes nouveaux. C'est donc, au point
de vue législatif, une œuvre d'ensemble à éla-
borer tout d'une pièce pour blen en coordon-
ner les parties.
Dans un article du Manuel général de ¿"ins-.
Iruction primaire (1), M. Ferdinand Buisson a
mis cette vérité vigoureusement en lumière.
Nous voudrions pouvoir citer en entier les trois
colonnes qu'il y a consacrées. Mais voici le
passage principal.
Pour que le corps enseignant primaire des deux
Sexes soit en France, dit-il, ce qu'il faut déjà qu'il
soit, ce qu'il faudra qu'il soit surtout, d'ici à. quel-
ques années, il serait absolument indispensable
qu'il fut formé de longue main avec une unité de
vues une petteté deplan, une conscience du but à
pouruivre, une fermeté de direction morale qui
vpouuesr, suivre, d'une façon profonde et définitive le
lui donne d'une façon profonde et définitive]o
plein sentiment de sa force et le plein sentiment
de sa responsabilité.
C'est la tâche à laquelle pourraient suffire les
écoles normales. Mais il leur faudrait, pour bien
remplir cette mission, un renouveau de vie I d'in-
fiuence, de vigueur et de popularité. Beaucoup i
d'entre elles souffrent d'anémie. Le pays républi-
cain n'a pas compris, ou il a déjà oublié, ce que
doit être une école normale d'instituteurs ou d'ins-
titutrices dans notre outillage national ; on a fait
sur leurs budgets les plus insensées et les plus
ruineuses des économies. On continue dans une
grande partie de la France à entretenir des écoles
normales qui fournissent à peine la moitié des
mai li es et des maîtresses dont le département a
besoin. L'autre moitié se forme ou elle peut. Et
elle entre dans les cadres aussi vite quelquefois
phis vite que les élèves sortant des écoles norma-
les. Elle y entre avec d'autres idées, d'autres habi-
tudes, un autre esprit, ou plutôt sans esprit, sans
idées. Beaucoup sans doute de ces maîtres impro-
visés se formeront par la pratique et deviendront
de bons praticiens de renseignement, quelques-
uns même d'excellents instituteurs. Mais quelle
imprévoyance, quelle absence de méthode et d'es-
prit de suite dans une nation, après avoir fait pour
ses écoles d'aussi énormes sacrifices, d'en laisser
perdre ou compromettre en si grande partie les
résultats, faute de s'assurer, par une dépense re -
lativement insignifiante le personnel d'élite capa.
ble de féconder l'institution en lui donnant une
âme, celle même de la République.
C'est lit peut-être la première vérité qu'il fau-
drait faire entrer dans l'esprit et le coeit-i- de notre
démocratie.
Il importe qu'elle ait ù son service un person-
nel d'éiite, attaclié a cette" fonction merveilleuse-
ment intéressante de préparer le lendemain du',
pays. M importé qu'elle. le tife de son sein.
l'inspire de son esprit et pour cela qu'elle le fasse
passer tout entier par une largue et généreuse pré-
par&tion morale et professionnelle, celle des écoles
normales.
, .- Dans un pays comme le nôtre, il n,y a pas
d'école primaire laïque à la hauteur de sa mission,
s'il n'y a pas un corps enseignant ayant pour lui
le nombre, la Considération publique, la stabilité
de la situation, l'abondance du recrutement, la
confiante dans son avenir, hi joie et la fierté dit
présent, la foi en lui même et en-la démocratie.
il n'y aura pas un tel corps enseignant si la nation
ne s'applique pas,coûte que coute, à le former.
C'est à quoi nous ne pensons pas assez. Et comme
c'est œuvre do longue haleine. il ne faut pas en
cette matière attendre des directions ni de la com-
mission du budget, ni'de toi ou tel groupe d'hom-
mes politiques. C'est une question de Gouverne-
ment* Seul Je gouvernement peut tracer avec - au-
torité le vaste programme des efforts nécessaires,
efforts financiers, efforts législatifs, efforts- pédago-
giques. seul il-petit mettre le parlement par un
acte d'absolue franchise et de hardiesse .républi-
caine, enprésClwntl) ce devoir qui - échappe aux
!observatcurs superficiels. --
Le rôle du gouvernement
Le gouvernement, jusqu'à cette heure, a au-
trement compris son rôle. Il l'a réduit autant
qu'il a pu.. Il semble même ne s'être résolu à
en jouer un que quand il a été appelé à donner.
son avis devant la commission du budget.
Alors il"s'est contenté de marchander avec elle
les légères, et insuffisantes augmentations de.
;traitements qui étaient proposées. Il s'est op-
posé à ce que les injustices de l'ancien classe-
ment du personnel fussent réparées parfaite-
ment et tout de suite. Pour l'entrée en pre-
mière classe, il a imposé comme condition:
unique, le choix. Il a parfois arrêté l'élan gé-
'néreux de la Commission, Il ne parait pas avoir
songé à présenter jamais un plan d'ensemble.
11 a laissé le législateur travailler à des détails
qui auront forcément besoin d'être repris parce.
qu'ils ne s'accordent pas entre eux. Ainsi, en
vertu des résolutions arrêtées, J'avancement
(l) In10 du 5 septenibra ---
des instituteurs sera tantôt rapide, purement
automatique ; tantôt ralenti et mal réglé; tan-
tôt même définitivement arrêté.
L'œuvre, accomplie de mauvaise grâce, au
jour le jour, sous la poussée irrésistible de lé-
gitimes revendications devra être recommencée
tous les ans. Elle est faite sans esprit de suite.
La méthode est mauvaise, ou plutôt il n'y a
aucune méthode.
M. Ferdinand Buisson qui n'aime pas à légi-
férer dans ces conditions en propose une.
En même temps il indique le remède capable
de mettre un terme à la crise que traverse l'en-
seignement primaire.
Son appel à l'initiative gouvernementale
sera-t-il entendu ? Ses vues inspireront-elles
au ministre de l'instruction publique et aux
bureaux de la rue de Grenelle le projet de loi
à faire ? Nous nous plaisons à l'espérer, car il
n'est pas permis de supposer que les alarmes
du monde officiel, à propos du péril primaire,
soient purement affectées.
Une chose nous rassure pleinement d'ail-
leurs. 'Si besoin était le directeur honoraire
de l'enseignement primaire, aujourd'hui mem-
bre du Parlement, où il jouit du plus large
crédit, serait en état de porter à la tribune la
question que dans le Manuel général il a si
nettement exposée.
ARMAND DEPPER.
--_.-..--- 0
LA VRAIE PATRIE
J'admire les prélats et les curés qui se disent
nationalistes, et les fidèles qui les croient.Cette
conversion intéressée du clergé à la doctrine
chr ré à' M. Jules Lemaître sert merveilleuse-
ment les cléricaux en augmentant leur parti
de tous. les modérés mécontents. Il est bien
entendu qu'il n'y a dans ces professions de foi
aucune sincérité et que la plupart de ceux qui
les écoutent, font tout simplement semblant
d'y ajouter foi. Mais personne ne s'en plaint
puisqne cela profite à tous.
L'Eglise a Un chef étranger qui réside à l'é-
tranger ; les congrégations sont des associa-
tions internationales qui ont des ramifications
dans tous les pays. Bien qu'elles se prétendent
attachées à la patrie française, loin d obéir à
ses lois, elles désertent le sol ancestral. Elles
se sont réfugiées en Angleterre, en Belgique,
en Suisse, en Italie, en Espagne. C'est ainsi
qu'elles entendent le patriotisme.
Tout cela ne fait que confirmer les paroles
célèbres prononcées par l'abbé Deguerry en
1869, à la M&deleine, lors du cinquantième an-
niversaire de l'ordination de Pie IX. Vantant
la joie qui anime les hommes pieux lorsqu'ils
entrent dans la ville éternelle,il disait : « Ceux
d'entre vous qui ont été à Romé l'ont éprouvée
cette joie : ils se sont sentis chez eux. A Rome,
on est bien, on respire, on est dans sa patrie.
Sans doute la patrie est une grande chose,
mais la vraie patrie, c'est l'Eglise. »
: Ainsi la religion est au-dessus de tout, au-
dessus de la patrie elle-même, la France n'est
rien à côté de Rome. Et dire que .depuis un
siècle nous donnons annuellement quarante
Taillions à ceux -
Charles Darcy.
Voir à la 3 epa.ge
les Dernières Dépêches
cle la nixit
et la Revue des Journaux
du mo/tin
LES PRÉTORIENS DU SULTAN
(De notre correspondant particulier)
Belgrade, 20 septembre.
D'après les dernières nouvelles reçues de la
Turquie, le sultan est menacé d'une révolte
militaire, s'il ne déclare pas la guerre le plus
tôt possible.
Le mécontement est très grand parmi les of-
ficiers et les soldats. Les troupes de l'Asie-Mi-
neure se plaignent déjà des rigueurs du climat
dans les Balkans. De hauts militaires à Cons-
tantmople poussent sans cesse à la guerre. Le
gouvernement serbe, on présence de cette si-
tuation, songe d'une coopération avec la Bul-
garie. Le roi Pierre a fait des avances dans ce
sens au prince Ferdinand. Il seray t très con-
tent de trouver ainsi un dérivatif.
-Ob
LE MOUCHARD DE MUSOLINO
0e notre correspondant particulier)
Rome, 20 septembre.
Antonio Princi, l'homme qui avait indiqué
à l'inspecteur Wenzell, le séjour du brigand
Musolino, vient de mourir dans la plus affreuse
misère. Il n'a pas pu toucher la prime qu'on
avait promise pour la capture du brigand et a
dû se contenter de quelques maigres secours,
que lui donnailde temps en temps la préfec-
ture de la province de Calabrie. -
Princi, par suite de nombreuses privations,
était devenu phtisique, et c'est de cette mala-
die qu'il vient de mourir.
LES SŒURS DU PAPE BOYCOTTÉES
- PAR LES C-LÉICAUX
(De notre correspondant particulier)
Rome, 20 septembre.
Les dames de l'aristocratie noire de Rome
ont décidé de ne pas admettre dans leurs sa-
lons les soeurs ,du pape Pie X, Mmes Sarto
n'ayant aucun titre nobiliaire, pas même une
simple particule. Le Souverain Pontife pour-
rait leur conférer la noblesse romaine, mais il
n'y est iiulleinent disposé.
Quant;) ses sœurs, elles ne se sentent nul-
lement atteintes nar l'exclusivisme de l'aristo-
cratie cléricale ; elles n'ont aucun goût pour
la vie- mondaine.
-:---:. --
MANIFESTATION REPUBLICAINE
(De notre correspondant particulier)
Nancy, 20 septembre. -'
M. Humbert, préfet de Meurthe-et-Moselle,
a inauguré hier l'adduction des eaux de source
de Pompey.
Au banquet qui a suivi la fête les discours
franchement républicains de MM. Julien,
maire; Fould, maître de forges et Humbert,
préfet, ont été unanimement applaudis.
Un toast a été porté par le préfet à M. Lou-
bet et au gouvernement de la République.
M. Brice, député nationaliste de la circons-
cription, avait décliné l'invitation.
LES GUÉRISONS A LOURDES
Morts en revenant de la piscine
Bordeaux, 20 septembre.
Une dame, Marie Saingic-r, originaire de
Lille, est morte des suites d'une violente hé-
morragie. dans le train de pèlerinage qui la
ramenait a Lille.
Un jeune homme" de" 16 ans, d'Armentières
est mort dans lo même train. Le malheureux,
nommé Paul Cavro, était tuberculeux au der-
nier degré.
FÊTES ET
INAUGURATIONS
Le monument Charcot à Lamalou-
les-Bains. — M. Trouillot préside. —
Les discours. — M. Doumergue à
- Çhaville. — Le 2QOe de Marche.
'.;. Quelques distinctions. — Le
monument de Verninac. —
V M. Pelletan préside. — Le
; .., - ministre de la guerre inau-
? gure une Mairie. — Le
, général "Delmaa et le
maréchal Pélissier.
-. Lamalou-les-Bains, .20 septembre.
M. Trouillot, ministre du commerce a pré-
sidé aujourd'hui ici, l'inauguration d'un buste
! élevéà la mémoire du professeur Charcot par
cette station thermale reconnaissante. Le mi-
nistre du commerce est arrivé à Lamalou à 9
heures ce matin. Après une brève réception à
la gare, la cérémonie d'inauguration a eu
lieu.
Le buste est l'œuvre de Mme Charcot, sculp-
teur distingué, qui en a fait hommage à la ville
de Lamalou. Plusieurs discours ont été pro-
noncés.
Le discours du Maire
Le maire, le docteur Belugon, après avoir
célébré le savant que fut Charcot, termine
ainsi:
Le seul hommage qui convienne à Charcot, c'est
de maintenir à son œuvre la juste admiration qui
lui fut, au lendemain de sa mort, si généreuse-,
ment dévolue par tous, même au delà de nos fron-
tières. « La France, écrivait alors un illustre sa-
vant étranger, la France a perdu son plus grand
médecin, et ce n'est pas seulement la France qui
pleure sur cette tombe du maître des neurologistes
mais le monde médical tout entier. Le secret de sa
grandeur est dans ce fait: qu'en lui, les qualités
du savant français ont été portées, dans toute leur
pureté, à un degré incomparable, si bien qu'on a
pu dire qu'il personnifiait le génie national. »
1 Le professeur Raymond
Le professeur Raymond, successeur de
Charcot à la Salpètrière, dit ensuite combien
furent importants les travaux du célèbre mé-
decin. Il rappelle ses grandes découvertes :
Si nous embrassons maintenant, d'un coup d'œil
rapide, la seconde phase de l'évolution médicale
de Charcot, au cours de laquelle l'étude des né-
vroses, et en particulier de l'hystérie, a davantage'
occupé son activité investigatrice, il nous sera
facile de découvrir en lui un thérapeute dans la
plus belle acception du mot, là, où d'autres, avec
des procédés, à peu de choses près pareils, n'ont
été que de vulgaires charlatans. Nous lui sommes
en grande partie, redevables des ressources mul-
tiples dont nous disposons contre la grande né-
vrose, ou du moins de leur utilisation rationnelle.
Il nous a montré comment la suggestion hypno-
tique, employée à titre do pratique curative, nous
permet d'opérer des semblants de miracles dans
les cas de paralysie et de contractures hystériques.
-Sa brochure fameuse, La foi qui guérit, qui a fait
tant de bruit, découle de ces constatations.
.L'esprit largement ouvert aux innovations
thérapeutiques susceptibles de procurer la guéri-
son ou un simple soulagement à ceux qui souf-
frent, il ne dédaignait pas de faire appel aux
remèdes les plus variés.à réhabiliter ou à vulgari-
ser les ressources thérapeutiques anciennes ou
nouvelle issues de l'empirisme, une fois acquise la
conviction de leur utilité. C'est ainsi qu'il en vint
à appuyer de sa haute autorité l'emploi des eaux
de Lamalou.
Discours de M. Trouillot
Les fêtes de Tréguier, si proches et si reten-
tissaniss, ont inspiré M. Trouillot. Il a parlé
de Renau autant que de Charcot, et son dis-
cours a obtenu un vif succès..
Le gouvernement de la République a-t-il dit,
.qui glorifiait, il y a huit jours, en Bretagne, la
mémoire d'un des penseurs les plus libres qui aient
illustré le dernier siècle, aujourd'hui, à l'autre
bout de la France, apporte son hommage à un
savant dont le nom mérite d'être inscrit, comme
celui de Renan, au rang des hommes qui ont eu
l'influence la plus profonde sur les esprits de leur
temps. -.. -
Ce qui a été l'œuvre de Charcot, dans le domaine
jusque là mystérieux de ces désordres nerveux dont
la pathologie avait à peine tenté d'aborder le pro-
blème, et qu'elle avait même considéré pendant
tant de siècles, comme étranger à son action, nous
venons de l'entendre dire.
Le ministre énumèro quelques-unes do ces
grandes conquêtes scientifiques. Il n'y a pas,
dit M. Trouillot, d'exception Aux lois naturel-
les ; il n'y a que des lois naturelles encore in-
connues. C'est la crédulité des peuples qui at-
tribue certains phénomènes à un pouvoir au-
dessus des hommes. M. Trouiliot préfère La-
.malou à Lourdes et no s'en cache point :
La rencontre est ici bien frappante entre le grand
esprit qui vient d'être honoré à Tréguier, par
l'hommage du monde entier, et le savant auquel
votre ville a voulu élever ce bronze. « Il n'y a,
écrivait Renan, ni miracles, ni lois intérimaires H,
et Charcot, exprimant la même idée en termes ana-
logues, écrit à son tour : « Nous ne pouvons rien
contre les lois naturelles. » Il continue par ces li-
gnes saisissantes, qu'olfcitait le 18 décembre 1900
à l'Académie de médecine, el qu'on ne citera, ja-
mais trop, parce que l'éloquence de leurs constata-
tions no sera pas dépassée :
« On n'a jamais noté que la foi qui guérit ait
fait repousser un membre amputé; par contre,
c'est par centaines qu'on trouvo des guérisous de
paralysie. Les sauetuaives se ressemblent tous,
sont tous coulés dans le même moule. A travers
:les âges, parmi les civilisations les plus diverses,
au .milieu des religions les plus dissemblables en
apparence, les conditions dû miracle sont restées
identiques. Ceux qui trouvaient la guénson dans
l'Asclepéion, ornaient les parvis du temple d'hym-
nes votives, et surtout de bras, de jambes, de
cous,de seins,en matière plus ou moins précieuses,
objets représentatifs de la partie du corps qui avait
été guérie par l'intervention miraculeuse. Au fond
du sanctuaire, parmi les serviteurs du temple, des
prêtres médecins charges de constater ou d'aider
les guérisonS. De tous les dame? de là Grèce, ceux
qu'anime la foi qui guérit s'acheminent vers le
sanctuaire pour obtenir la guérison de leurs
maux. Dès leur arrivée, afin de rendre le dieu fa-
vorable; ils déposent sur l'autel de riches présents
et se plongent dans la fontaine purificatrice qui
coule dans le temple d'Esculape. Les siècles ont
passe, mais la source sacrée coule toujours. »
C'est ainsi que, partis de points si différents, et
si dissemblables eux-mêmes par l'éducation, par le
caractère, par la nature de leurs travaux, l'un vi-
i' vant dans le pur domaine dès spéculations philoso-
phiques, l'autre partant uniquement d'expérimen-
tations scientifiques,Renan et Charcot aboutissent à
des constatations rigoureuses qu'ils traduisent
presque dans les mêmes termes, rendant sensible
l'exaclitndc de la formule, un peu modifiée par le
temps, d'après laquelle' tout chemin mène à lavé
rité.
- La fin de la cérémonie
Le docteur Boissier, doyen des médecins de
la slalion, prononce enfin une courte alloctl-
tion ; une poésie de circonstance est récitée, et
un chœur exécuté par les enfants (les écoles
communales. La musique du 2e génie fait en-
tendre plusieurs morceaux.
Le monument est fort admiré : c'est une
fontaine, surmontée du buste de Charcot : sur
les côtés inférieurs du monument, deux hauts-
reliefs dus au ciseau de M. Louis faid : l'un
représente un malade qu'on va descendre dans
la piscine chaude, il e:t soutenu par deux bai-
gneurs ; l'autre représente Charcot à sa clinique
de la Salpêtrière, entouré de ses éèYes; le
maître fait une démonstration pratique, ayant,
assise devant lui, une jeune malade qu'il oxa-
mine.
Le ministre tt sa suite ont visite la jolie ville
en voiture, a
Un grand banquet est offert, à midi et demi,
au ministre.
LE MONUMENT
DU COLONEL GILLON
Personne n'a oublié la triste destinée du
ZUU régiment de marche, formé ue volontaires
de tous les régiments, pleins de jëunasse, de
vigueur et d'espoir, qui .partit à Madagascar
au milieu d'ovations et d'acclamations enthou-
,siastes. A peine débarqués, nos jeunes soldats
eurent à surmonter des- difficultés imprévues
,à subir les rigueurs d'un climat terrible, et ils
durent, pour avancer, construire péniblement
une route que la fièvre joncha de cadavres.
La municipalité de Chavilla a voulu rendre
hommage a la mémoire du colonel de ce régi-
ment, Gillon, qui, lui aussi, mourut à la peine
En honorant son enfant d'adoption, elle a eu
la pensée de rappeler le souvenir des 35 offi-
ciers et des 4,613 hommes tombés ainsi sant
combattre sur la funèbre route de Majunga à
Tananarive. Le modeste monument de Cha-
ville rappelle ce douloureux martyre. C'est
une simple stèle en grès cérame surmontée du
buste du colonel. Il a été exécuté par la ma-
nufacture de Sèvres d'après la maquette de M.
Bovene, l'auteur de la statue de M. de Ver-
ninac, ancien vice-président du Sénat. Le
buste du colonel est de teinte grisâtre, il est
coiffé du casque colonial et porte la croix de
la Légion d'honneur. Le piédestal, couleur
pierre, est orné d'un drapeau. A la base, sur la
marche, une branche et un gabion.
Le gouvernement a tenu à s'associer solen-
nellement à l'hommage rendu à nos pauvres
soldats, et M. Doumerlrue, ministre des colo-
nies, a présidé à l'inauguration du monument.
Les ministres de lit guerre et de la marine
s'étaient fait représenter.
M. Doumergue pst. parti du pavillon de Flore
en voiture, accompagné de MM. Bousquet, se-
cretaire général du ministère des colonies, et
babelle, chef de son cabinet. il est ariivé à la
mairie de Chaville un peu avant 11 heures. Il
a été reçu par MM. Poirson, préfet de Seine-et-
Oise, et Delapierre, maire de Çhaville, accom-
pagnés de toute la municipalité et de diverses
notabilités.
L'inauguration
Après quelques paroles de bienvenue, le cor
tège s'est formé et s'est rendu solennellement
au monument, qui s'élève, derrière une grille,
dans le jardin de l'école communale. L'har-
monie municipale et les pompiers de Chaville,
Sèvres et Viroflay lui faisaient escorte.
Aux côtés du ministre, prirent place Mme
veuve Gillon, et son lils, caporal au 49= de li-
gne, le maire, le préfet, les conseillers muni-
cipaux. Nous remarquons-en outre M. Deluns-
Montaud, ancien ministre des travaux publics
le général Duchesne, ancien commandant eu
chef pendant la campagne de Madagascar. M.
Gauthier, député, et plusieurs officiers qui
prirent part à l'expédition d.u 200'de ligne : la
colonel Iraçabal, la ccmmandant Deville, la
colonel Lacaze, M. Durand, administrateur,
colonial, etc.
Les discours
Une musique militaire se fit entendrè, puiî
les discours commencèrent.
M. Delapierre, après avoir remercié le mi-
nistre, fit l'é;oge du caractère du colonel Gillon
et rappela ses qualités militaire. Puis M. Gau-
thier., député, prononça un discours patrioti-
que. Enlln, le ministre, M. Doumergue, er
quelques mots très éloquents, loua à son tour
le colonel Gillon et célébra te courage et l'ab
négation des modestes soldats qu'il avait sou?
ses ordres.
Ces paroles sont empreintes d'une émotion
que partage toute l'assistance. ElMs sont trè'
applaudies.
Distinctions honorifiques
Au cours de la. cérémonie, le ministre a re-
mis les distinctions suivantes:
Officier de l'instruction publique. —• M. Jardel
artiste oecortiteur à- la matiufMtnt-e do Sèvres
président fondateur de la Société lyrique de Chao
ville.
Officier d'académie. — MM. Colombe, adminis-
trateur du bureau de bienfaisance de Cliaville.,
Dumay, directeur de l'Harmonie municipale.da
Lhavillo; C-irtrau, sous-directeur de l'Harmonie
municipale; Binant, secrétaire de la mairie.
Chevalier du Mérite agricole. -'M. Leroux jar-
dinier-chef à Chaviile, t-tois fois médaillé dans les
concours et expositions.
Médaille d'honneur agricole, - àf. Chelu, jardi-
nier à la maison Gillon.
Médaille des facteurs des postes. — M. Colas,
acteur des postes à Chaville. 30 ans de services.
Le banquet
Un banquet par souscription a été ensuite
servi dans le préau des écoles. A l'issue de ce
banquet, M. Poirson, préfet de Seine-et-Oise,
a porté la santé du président de la Républi-
que : M. Delapicrre, maire de Chaviile, a bu
au ministre, qui a terminé la série des toastf
en remerciant ses'hôtes.
Dans l'après-midi, un grand nombre de so-
ciétés patriotiques ont exécuté quelques exer-
cices et ont détllé solennellement devant 14
monument.
M. PELLETAN A CAHORS -
Cahors, 20 septembre.
M. Camille Pelletan, ministre de la marine
est venu aujourd'hui inaugurer le buste élevé
par le conseil général du Lot à son ancien pré-
sident, M. Verninac, ancien vice-président du
Sénat.
Le cortège s'est rendu à la préfecture au mi-
lieu des cris de : « Vive Pelletan 1 Vive la Ré-
publique 1 » ,'.
A 11 heures, ont eu lieu les réceptions offi-
cielles.
L'évêque déclare qu'il se rend volontiers à
l'invitation du préfet ; il offre au ministre
l'hommage de son. profond respect et il remer-
cie l'administration de son bon vouloir et da
sa courtoisie relativement aux actes de soev
ministère. "1 1 t dÙl
M. Pelletan répond qu'il sait le respect dûi
aux convictions religieuses et il remercie l'évê-
que des sentiments qu'il a exprimés.
Répondant à l'inspecteur d'académio, le mi-
nistre a dit que le corps enseignant constitue-
une avant-garde; il sait quel môrite ce corps,
a eu en menant le bon combat, et il le remer-
I cie d'être venu si nombreux.
Le banquet
A midi, on se rend à la Halle aux grains où
a lieu un banquet populaire de 600 couverts..
Le préfet salue M. Pelletan et le remercie'
d'être venu à Cahôrs. Il fait l'éloge du minis-
tère Coinbes. et porte la santé de M. Loubet.
Le maire de Cahors fait l'éloge du ministre
de là marine. q;)i est chaudement acclamé par
l'auditoire.
M. Hey, député, demande l'atténuation dea
chargea fiscales" qiîi pèsent sur le pays.
M. Pelletan prend ensuite la parole. De vifs
applaudissements éclatent lorsqu'il se lève.
, Le ministre romercie de l'accueil qui lui est
fait. Il se déclare toujours au nombre des dé-
fenseurs irrédtctihle de la démocratie. Il rap
pelle toutes ses interventions à la tribune de la
Chambre en faveur des classes rurales, et sa-
lue h mémoire de Gambeita dont il fait lon-
gueirtôBrf l'éloge,
M Pelletai: raconte avec humour ses souve-
nirs personnels du temps de l'empire; puis il
s'occupe du rôle de Gamb-Mh le relève-
ment de la patrie humiliée p.r/ '.es fautes dq
l'Empiro. 11 étudie ensuite le rôle joué Ç-!
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