Titre : Le XIXe siècle : journal quotidien politique et littéraire / directeur-rédacteur en chef : Gustave Chadeuil
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1903-09-16
Contributeur : Chadeuil, Gustave (1821-1896). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
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Description : 16 septembre 1903 16 septembre 1903
Description : 1903/09/16 (N12241). 1903/09/16 (N12241).
Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-199
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 20/06/2013
CINQ CENTIMES le Numéro. PARIS & DÉPARTEMENTS Lt;, Numéro CINQ CENTIMES
LE XIX" SIECLE
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VU 1 à 8 heures du soir et de 10 heures du soir à 1 heure du matin
Ne 12241. — Mercredi 16 Septembre 1903
30 FRUCTIDOR AN 111
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Adresser lettres et mandais h l'Ad ntuistrateur
NOS LEADERS
-
L frai jnti
SUITE ET FIN (1)
J'ai la conviction que M. Vallé a cru,
avec son tarif, faire cesser une bles-
sante inégalité entre plaideurs riches
et pauvres et faire payer à ces derniers
moins de frais, moins d'honoraires aux
avoués. C'est, d'ailleurs, ce qu'il a
écrit dans le rapport qui précède le
décret. « Les tarifs qu'il s'agit de rem-
« placer créent une blessante inégalité
« entre les plaideurs. Ils sont compli-
« çraês et d'une application souvent
« difficile ». Evidemment, le garde
des sceaux était de bonne foi en si-
gnant ces lignes, mais il s'est trompé,
DU lutôt on l'a cruellement trompé.
Et pourtant, il avait tort de dire
cela. Le tarif qu'il a fait disparaître
s'inspirait d'une idée fausse à coup
stlr, mais plus acceptable, toutefois,
que celle qui a dicté le nouveau. L'an-
cien tarif était basé sur ce principe
que « tous les citoyens sont égaux de-
vant la loi ». Le pauvre payait donc
aussi che'" que le riche, ce qui était
mauvais, je le répète, mais que penser
du tarif Vallé qui fait payer le pauvre
plus que le riche ?
Je le prouve tout de suite. M. Vallé
(non, pas M. Vallé) mais ses conseil-
lers, ont adopté un tarif dégressif.
Ainsi, le droit proportionnel est fixé
comme suit :
Jusqu'à fr. 1,500 2 50 p.
Sur l'exédent jusqu'à 5,000 1 50 —
— — 10,000 050 —
— — 100,000 025 —
— — 1,000.000 015 —
Au-dessus de.. 1,000,000 005 -
De même dans les diverses espèces
de ventes, c'est la dégression qui est
employée comme système.
La remise proportionnelle allouée
aux avoués est en effet de :
3 »» p. jusqu'à fr. 5,000
150 — sur l'excédent jus-
qu'à. 15,000
1 »» — — — 100,000
1)00 — — — 500,000
025 — — — 2,000,000
\Q 10 ..- sur l'excédent au-dessus
de 2 millions et indéfini-
ment.
.*.
Personne n'ignore que les procès
portant sur de faibles litiges sont de
beaucoup les plus nombreux. Les pe-
tits procès sont faits par les pauvres
gens. Chez les riches, souvent on pré-
fère transiger pour éviter des ennuis
et l'on va chez le notaire signer un
procès-verbal de transaction. Il résulte
donc de cette observation que le tarif
Vallé va écraser les petits plaideurs.
Dans des affaires peu importantes,
l'avoué touchera désormais 150, 200,
300 fr. d'honoraires. Dans une affaire
de 100.000 fr., il n'en recevra pas
beaucoup plus, 4 ou 500 fr. Or, c'est
dans une affaire de 100.000 fr. et au-
dessus que ses honoraires pourraient
être considérables. Personne n'y trou-
verait à redire, mais tondre les petits
plaideurs, en vérité c'est scandaleux.
Et les avoués qut ont inspiré le nou-
veau tarif ont bien su ce qu'ils faisaient.
Dans une étude de province, en effet,
le procès de 100.000 fr. constitue une
exception ; les procès de 2 à 20.000 fr.
sont la règle générales
***
En réalité, il aurait fallu, pour at-
teindre le but que certainement se
proposait M. Vallé, recourir au sys-
tème progressif au lieu du système
dégressif et dire par conséquent que
le droit proportionnel serait de:
0 50 p. jusqu'à fr. 5,000
1 »), — — 10,000
150 - - 25,000
2 »» — — : 50,000
3»), - — 100,000
Etc., etc., et de même pour la re-
mise proportionnelle.
Dans ce cas, les petits plaideurs au-
raient été dégrevés, et le nouveau tarif
aurait été bien accueilli. On ne peut,
en effet, appeler de riches plaideurs
quatre ou cinq cohéritiers qui auront
à se diviser une succession de 15.000
trancs, pour laquelle ils devront payer
des honoraires dépassant 1.500 fr.,
plus du dixième de la valeur de l'héri-
tage.
* *
Il me serait facile de démontrer que
!e tarif Vallé accorde des honoraires
aux avoués dans des affaires où leur
présence est inutile, dans les ventes de
meubles, par exemple, et qu'il parle à
tort de la responsabilité des avoués.
Un la connaît, en effet, la responsabi-
lité des avoués. Il n'existe peut-être
pas cinq genres d'affaires pour les-
quelles ils encourent réellement une
responsabilité.
Il me serait aussi aisé de prouver
qu'il n'était pas utile de reviser les an-
ciens tarifs parce qu'avec une foule de
lois nouvelles, les avoués ont vu aug-
(4) "'fUIr'ICS #. Rappel des 28 août, 4 et 6 sep-
"rt
monter singulièrement les procès, par
conséquent leurs honoraires. Les lois
nouvelles ont comblé l'insuffisance des
vieux tarifs. Et presque partout, en
province, qui fait fortune parmi les
officiers ministériels? Le notaire, le
greffier, l'huissier ? Pas du tout. L'a-
voué tout seul.
Mais j'en ai dit assez pour attirer
l'attention du public sur le tarif du
15 août 1903. J'emploierai d'autres ar-
guments devant la Chambre. Non, il
n'est pas possible que ce tarif soit ap-
pliqué. Ce serait par trop se moquer
des contribuables qui font appel à la
justice de leur pays.
M. Vallé ne veut point cela, j'ima-
gine. C'est pourquoi j'espère que, de-
vant mes explications, il regrettera
son erreur et que le décret du 15 août
1903 sera rapporté.
Charles Bos.
« eo-
DANS LE SUD-ALGÉRIEN
Une longue dépêche d'Aïn-
Sefra,que l'on trouvera plus loin
donne des renseignements éten-
dus sur le glorieux et funeste
combat d'El Moungar. Nous
avons tristement à -- triompher,
car la dépêche en question reproduit préci-
sément tout ce que nous disions ici même,
à la première nouvelle de combat, sur les
causes probables de la surprise d'El Moun-
gar.
Les ordres du gouvernement général
étaient précis : à raison de l'état d'insécu-
rité où l'insurrection marocaine place no-
tre frontière oranaise, le gouvernement
général avait recommandé de ne mettre un
convoi en route que fortement escorté : si
l'escorte était forcée de se diviser, elle de-
vait du moins serrer ses échelons de façon
que ceux-ci fussent en mesure de se sou-
tenir les uns les autres.
Qu'est-il arrivé ? l'officier organisateur
du convoi — mie le rédacteur de la dépêche
est obligé de oiamer — craignant que l'es-
corte très forte qu'il mettait en route man-
quât d'eau, à l'arrivée aux puits, l'avait
subdivisée. D'autre part, la fraction atta-
quée à El Moungar paraît avoir négligé de
s'éclairer et de se garder suffisamment. En
troisième lieu le combat dura huit heures,
et pourtant les fractions d'escorte parties en
avant ou restées en arrière, ne purent ar-
river à temps pour secourir leurs compa-
gnons; elles étaient donc placées à plus de
huit heures de marche les unes des autres.
On pouvait parer au manque éventuel
d'eau en ajoutant au convoi des chameaux
porteurs de tonnelets ; on pouvait parer à
l'échelonnement de l'escorte en évitant que
les échelons fussent éparpillés ; on pouvait
parer à la surprise en s'éclairant suffisan1
ment au défilé d'El Moungar, connu par
des attaques précédentes.
Que conclure? simplement qu'il faut
que nos chefs militaires, qui sont braves
mais qui sont imprévoyants, qui se font
tuer mais qui, avec de la méthode, pou-
vaient éviter ce sacrifice, renoncent à se
mettre ainsi en route sans préparation sé-
rieuse, et simplement en comptant sur
d'heureuses chances. Ces choses-là ont été
dites cent fois ; répétons-les une cent
unième ; répétons-les jusqu'à ce que nos
officiers aient pris le parti de tenir compte
des leçons que leur donnent lesévénements.
LES MAUVAIS FRANÇAIS
Je pense qu'il sied de tout particulièrement
remarquer dans le discours du président du
conseil, le passage relatif aux mauvais Fran-
çais qui ont mené récemment contre le crédi-
public l'abominable campagne que l'on sait.
Par tous les moyens, en recourant, sans pu-
deur, au mensonge, à la calomnie, à l'intimi-
dation, en faisant usage de fausses nouvelles,
en s'efforçant de jeter le trouble et l'inquié-
tude dans les esprits, ils ont, en même temps
qu'ils s'attaquaient aux caisses d'épargne, tra-
vaillé à faire baisser le cours de la rente fran-
çaise.
Leur tentative criminelle n'a pas été cou-
ronnée de succès ; ils n'ont pu ruiner la Frant
ce. Mais la constatation de leur défaite ne sau-
rait suffire ; -il fallait, n'est-ce pas ? qu'ils fus-
sent hautement flétris ; M. Combes l'a fait en
termes énergiques.
— « Leur campagne pour le refus de l'impôt
et pour le retrait des fonds déposés aux cais-
ses d'épargne, a-t-il dit, restera comme l'un des
épisodes les plus écœurants et les plus ignomi-
nieux de leur histoire. » Ce sont bien là les
expressions sévères, indignées, dont il fallait
se servir. Pour notre part, nous avons ici, bien
des fois, exprimé la môme pensée ; mais il était
bon, il était nécessaire, que ces choses fussent
dites au nom même du gouvernement de la
France.
Certes, nous comprenons les luttes politi-
ques les plus ardentes ; nous admettons fort
bien que, pour son idée, pour sa doctrine, pour
son programme, on combatte avec le dernier
acharnement; mais il y a quelque chose qui
devrait toujours rester au dessus de toutes les
compétitions, au dessus de toutes les batailles,
au-dessus de toutes les haines; et ce quelque
chose que nous considérons, nous, comme in-
tangible, c'est la patrie, c'est la France.
Spectacle qui serait vraiment risible, s'il
n'était profondément répugnant, de voir se
livrer à cette campagne contre le crédit na-
tional, contre la fortune Je la patrie, qui ?
précisément ceux-là qui s'affublent de l'éti-
quette nationaliste, ceux qui prétendent re-
vendiquer pour eux seuls le monopole du pa-
triotisme.
En vérité, leur impudence est extrême et
nulles paroles ne sauraient être trop dures
pour flageller leur hypocrisie.
Eux, des patriotes, eux qui ont voulu, qui
voudraient ruiner la France, qui sacrifieraient
sans hésiter la France à la satisfaction de
leurs inavouables rancunes, de leurs ignobles
appétits 1 allons donc, ils ne sont pas des
Français.
Et le président du conseil a eu grandement
raison de les comparer à ces « aristocrates de
l'ancien régime qui ne rougissaient pas d'ou-
vrir la France à l'invasion pour abattre un
gouvernement détesté ». Le nom d' « émigrés
à 1 intérieur » leur restera ; ces prétendus « na-
tionalistes » se sont mis en dehors du parti
national ; assurément, il est naturel que ces
cléricaux se sentent surtout fils de Rome, mais
nous sommes, nous, dans notre droit, en re-
fusant de voir en eux des Français, — L, Vie-
tor-Meunver*
CAUSERIE PEDAGOGIQUE
, INTÉRESSANTE STATISTIQUE
-
Entre ministres. — La population des
écoles primaires. — Candeur et en-
thousiasme. — Du rêve à la réa-
lité. — L'effectif de3 congré-
gations. — « A titre ex-
ceptionnel ». — Une
surprise.
M. Chaumié vient de jouer un bon tour à
M. Combes, sans paraitre en avoir eu l'inten-
tion. On dit, à tort ou à raison, qu'il est cou-
tumier du fait.
Je ne fais pas allusion au blâme sévère qui
a été adressé aux deux professeurs du lycée de
Pau, coupables d'avoir proposé, dans la ville
où ils enseignent, le vote d'une adresse de
confiance au président du conseil, à l'issue
d'une conférence faite par M. de Prcssensé.
Le Temps nous a appris que ce fait, qui a sou-
levé d'indignation le député du Rhône, vice-
président de la Ligue des Droits de l'Homme,
n'-a nullement troublé la bonne harmonie des
rapports existant entre M. Chaumié et M.
Combes. La mesure prise contre les deux uni-
versitaires a été décidée d'un commun accord
entre les deux ministres.
Ce que nous voulons signaler à l'attention
de nos lecteurs, c'est tout simplement une
récente statistique établissant d'une façon of-
ficielle le mouvement qui s'est opéré dans la
population des écoles primaires du 2 juin 1902
au 2 juin 1903.
Ce travail est un acte de sincérité auquel il
convient avant tout de rendre hommage. En
toute occasion l'administration française sous
le régime républicain s'est honorée en procla-
mant toute la vérité, même quand le gouver-
nement devait s'en trouver gêné".
La mort de l'enseignement
congréganiste
A franchement parler, c'est le cas.
Il résulte, en effet, de la statistique en ques-
tion que nous nous abusons quand nous
croyons, sur la foi de M. Combes, que l'en-
seignement congréganiste a reçu un coup
mortel et que la France va enfin en être dé-
barrassée.
Elle dément formellement ce que M. le pré-
sident du conseil a affirmé avec autant de can-
deur que d'enthousiasme au congrès des « Ami-
cales » à Marseille. La déclaration du chef du
gouvernement mérite, à ce sujet, d'être repro-
duite textuellement.
Une majorité parlementaire, a-t-il dit, vient
d'arracher l'éducation de la jeunesse aux congré-
gations enseignantes qui se l'étaient attribuée sans
autorisation. Encore un pou de temps, encore un
nouvel effort et l'enseignement congréganiste
aura vécu.
Ces paroles, émanant d'un homme d'Etat sé-
rieux, signifient clairement, n'est ce pas? ou
tout au moins laissent entendre que l'ensei-
gnement congréganiste est à l'agonie, qu'il lui
reste seulement encore quelques établissements,
lesquels, à leur tour, vont disparaître.
Or, hélas, il y a loin de cette croyance à la
réalité. Les congrégations enseignantes sont
plus florissantes que ne le dit et le suppose M.
Combes. Sur leur véritable situation, M. Chau-
mié nous donne des renseignements qui, avec
la rigoureuse précision des chiffres, déclarent
tout le contraire.
Quelques chiffres
Il a été constaté que le 2 juin do l'année der-
nière les écoles primaires congréganistes re-
cevaient 1,135,835 enfants et que le 2 juin de
cette année elles en avaient 985,107. Différence
en moins : 150,728.
Ainsi, entre ces deux dates, elles n'ont perdu
en Ai1n5s0i,, 000 élèves, et elles en ont encore près
que
d'un million !
Si c'est là ce que M. Combes appelle la mort
de l'enseignement primaire congréganiste, il
est permis de lui appliquer le vers que Cor-
neille place dans la bouche de Cliton parlant
à son maître Dorante, le Menteur :
Les gens que vous tuez se portent assez bien.
Empressons-nous d'ajouter, pour rester dans
la vérité, que depuis le moment où le recense-
ment de la population scolaire a été fait il y a
eu d'autres fermetures d'écoles congréganistes.
Le 30 mai 1903, M. Combes avertissait les qua-
tre groupes des gauches., au cours d'une en-
trevue, qu'il allait disperser autant d'établisse-
ments scolaires congréganistes qu'il en avait
précédemment fermés. Il se peut donc que les
congréganistes aient une seconde fois perdu
150,000 élèves. Il n'en reste pas moins indénia-
ble qu'ils en ont encore plus de huit cent
mille.
C'est l'effectif des congrégations autorisées,
celles que le gouvernement ne songe pas à at-
teindre puisqu'il repousse le projet du mono-
pole de l'enseignement primaire.
Ce sont pourtant les plus riches, les plus
puissantes, et tout bien considéré, les plus re
doutables. Leurs pensées, leurs tendances,
sont les mêmes que cellos des congrégations
non autorisées, avec lesquelles elles affectent
d'ailleurs de se solidariser. Ayant une clientèle
trois fois plus nombreuse, elles font indiscu-
tablement à l'esprit laïque, à la raison des en-
fants, aux institutions modernes une guerre
beaucoup plus terriblo.
Je sais qu'il y a beaucoup de républicains
qui nourrissent l'espoir que M. Combes après
avoir exte"miné les unes anéantira les autres.
Ils s'illusionnent peut-être dans la naïveté de
leur foi laïque. Il convient donc de leur ap-
prendre ce qui se passe.
Déplorable relâchement
Non seulement, il n'est pas question de sévir
contre les congrégations autorisées, mais en-
core les congrégations non autorisées vont en
partie subsister illégalement, çà et là. On se
relâche à leur égard des sévérités qu'on a mon-
trées depuis ces deux dernières années.
Cèrtains de leurs établissements ont reçu une
prolongation d'existence. Ils resteront ouverts
à titre exceptionnel. C'est, paraît-il, tout à fait
nécessaire, afin de permettre à la bourgeoisie
républicaine de faire élever convenablementses
jeunes filles. Lss petites écoles privées fréquen-
tées seulement par les enfants du peuple ont
été fermées. C'est suffisant, aux yeux d'une es-
pèce assez répandue d'anticléricaux.
Une autre curieuse remarque à faire le mois
prochain, lors de la rentréedes classes, sera do
constater que des religieuses appartenant à
des congrégations non autorisées, resteront
en fonctions dans des écoles communales en
qualité d'institutrices publiques.
Si incroyable que cela paraisse, cela aura
lieu : c'est chose décidée.
Le vrai peut quelquefois n'être pas vraisem-
blable ; les laïcisations rendues obligatoires
par le rejet des demandes d'autorisation de
plusieurs ordres de religieuses n'ont pas été
faites partout.
La surprise des républicains ne sera pas pe-
tite dans certaines régions en présence d'un
semblable spectacle.
Peut-être estimeront-ils que M. Combes n'est
ni un impitoyable persécuteur, ni un infatiga-
ble laïcisateur, -
Anhf!:.Í> DEPPER.
Xe recueil des oharus scolaires, de M, Brunei,
que j'ai signalé à l'attention des instituteurs et
institutrices, est eu vente chez l'auteur lui-même,
à Saint-Pierre-à-Champs, par Cersay (Deux-Sèvres),
Bt non chez l'imprimeur, M. Chaboussant, comme
je l'ai dit par erreur.
A. M. Guillaume, à Briare-le-Canal. — Je vous
écrirai directement-dès que je pourrai vous donner
une réponse. — A. D.
————————————— —————————————
CHARMANT JOUJOU, MON CAPORAL!
M. Jacques Lebaudy, empereur de tous les
sables du Sahara inaugure son règne par l'achat
d'un joujou discret, expéditif, rare et sévère :
une guillotine.
Ainsi faisant, Jacques I" prouve que son
âme est celle d'un empereur, parce que san-
guinaire et que, pour fonder un empire, il est
indispensable de placer, à côté du trône l'ap-
pareil compliqué et délicat du supplice mo-
derne.
Donc, il entend se réserver le droit du coup
de grâce, afin d'envoyer plus sûrement ses su-
jets en d'autres royaumes. Ils n'auront, pour
accomplir le voyage, qu'à passer le cou dans
la lunette ; de là, ils jouiront d'une vue sur
l'infini qui leur fera concevoir une haute opi-
nion de la toute-puissance de M. Lebaudy.
Ce casseur de sucre tient à se faire une au-
réole avec le couperet et à s'assurer, comme
premier ministre, le bourreau.
Si un jour, par ordre de sire Jacques Le-
baudy, bourgeois de Paris et d'ailleurs, habi-
tué de chez Maxim's et autres lieux de joie,
empereur de la noce et des banknotes, coule,
d'une nuque décapitée, un flot de sang, le petit
capitaliste regardera son œuvre suprême avec
la délection et l'orgueil d'un homme qui, par
.une action d'éclat, acquiert définitivement le
titre qu'il s'est arrogé, et la puissance qu'il
s'est conférée. Après cet exploit, qui donc osera
encore sourire, je vous prIe? Et les autres sou-
verains, sans hésiter, reconnaîtront en M. Le-
baudy leur égal et leur frère, à ce signe vé-
néré : le droit de tuer.
Je ne puis, devant l'image du nouveau sou-
verain tortionnaire, m'empêcher d'évoquer un
souvenir : celui du caporal Jacques Lebaudy,
M. Jacques Lebaudy, ayant à accomplir dans
un régiment de ligne, une période de vingt-
huit jours, amarra sa péniche dans le port du
canal, fit rouler ses équipages dans toutes les
rues de la ville qui, du même coup, se trou-
vèrent embellies par la beauté de ses amies.
Ce fut la grande fête, et ce fut aussi un gros
scandale. La cité informée et surexcitée par
les journaux locaux, s'indigna sans raison et
réclama un châtiment sans cause.
Le lieutenant-colonel qui commandait alors
le régiment fit venir le caporal Jacques Le-
baudy, et lui annonça, d'un ton navré :
« Vous serez puni de 48 heures de salle de
police. » — « Qu'ai-je fait, mon colonel? ré-
pondit M. Lebaudy. » — « Rien, mon ami, ré-
pliqua son supérieur, mais il faut absolument
que j'accorde satisfaction à l'opinion pu-
blique. »
Le soir même, le futur empereur couchait
sur la planche.
Quand le caporal Lebaudy aura, lui, à son
tour, à donner satisfaction à l'opinion pu-
blique, ce ne sera pas long : il fera passer ses
hommes à la tondeuse. — René Wisner.
Voir à la. 3° page
les Dernières Dépêches
de la nuit
et la Revue des Journaux
du matin
LA JOURNEE DE DIX HEURES
Les employés de commerce manifestent le
désir d'obtenir du législateur que la loi du
30 mars 1902 réduisant la journée de travail à
10 heures pour les ateliers mixtes où travail-
lent ensemble hommes, femmes et enfants leur
soit également applicable.
Il y a lieu, selon moi, d'approuver leur ini-
tiative et de seconder leurs vues. Dix heures
de présence quotidienne, dix heures de labeur
constant, d'attention incessante, dix heures
passées soit dans la position assise sans inter-
ruption, soit dans la station verticale, me pa-
raissent être tout ce que l'on peut demander à
un homme, sans nuire à sa santé, sans épuiser
ses forces.
Parcourez les rues de Paris, par la pluie ou
par le soleil, par le vent ou par la neige, à
quelque heure de la journée et voyez les
malheureux employés des deux sexes que leurs
patrons contraignent à demeurer en dehors des
magasins pour la vente des marchandises, ou
la surveillance des étalages, qui sont nu-tête
auelque temps qu'il fasse et exposés à toutes
les intempéries. N'y a-t-il pas là pour eux un
travail des plus pénibles et des plus fatigants ?
Ne suffirait-il pas qu'il ne dure que dix heures
au lieu de douze ou de treize comme cela se
voit communément?
Je viens de parler de ceux qui sont dehors.
Ceux-là respirent au moins. Que penser de
ceux qui sont enfermés dans les magasins,
dans une atmosphère suffocante, souvent sans
aération. Là, on n'absorbe point d'oxygène,
on absorbe surtout la poussière, tous les
miasmes apportés du dehors par les surve-
nants
Les réclamations des employés sont donc fon-
dées, et l'on ne saurait trop les appuyer. L'em-
ployé est un travailleur, tout comme le mi-
neur, le verrier, le forgeron. Son travail n'est
pas le même sans doute, il exige un peu moins
de dépense musculaire, mais il exige, en re-
vanche, un peu plus de dépense cérébrale, il a
droit aux mêmes égards et à la même protec-
tion. — Charles Darcy.
ARTILLERIE AUTOMOBILE
(De notre correspondant particulier)
New-York, 14 septembre.
Le département de la guerre à Washington
vient de faire construire un nouvel engin de
guerre qui est appelé à amener une révolution
dans l'artillerie de campague. C'est un grand
automobile blindé qui porte une demi-batterie
d'artillerie de campagne. Le véhicule peut mar-
cher sur les routes les moins praticables et les
plus escarpées. Il est muni d'un appareil à
l'aide duquel on peut le faire sortir d'un sol
inarécageux où il se serait enfoncé. Avec les
pièces de canon, il porte aussi six artilleurs.
Les premiers essais ont donné d'excellents ré-
sultats.
— »
tta prétendant au trône de Serbie
(De notre correspondant particulier)
Vienne, 14 septembre.
Le fils naturel du roi Milan viendra, avec sa
mère, Mme Artemisia Christitsch, fixer son
domicile à Vienne, le séjour à Constantinople
n'offrant pas assez do sécurité.
Le jeune homme, qui s'appelle de son pré-
nom Milan, a maintenant ! üs, et sera pro-
clamé prétendant par les adversaires de la dy-
n8:tie Karageorgevitsch.
Un syndicat financier s'est même constitué
pour fournir les fonds de la campagne.
A Vienne, le jeune Milan sera plus à proxi-
mité de ses partisans.
LES FETES DE RENAN
LETTRES DE TREGUIER
Tréguier, 13 septembre.
Quand cette lettre vous parviendra les
fêtes seront finies, et, au moment où
j'écris, elles ont à peine commencé ; et je
ne sais encore si tous les événements an-
noncés pour aujourd'hui se seront pro-
duits, si les cléricaux d'ici auront trouvé
le moyen de faire une démonstration égale
en force à celle des républicains, ou si
M. Combes, dans le grand discours an-
noncé, aura enfin renié l'erreur de la poli-
tique concordataire.
Ce que j'ai pu voir, jusqu'à présent,
c'est l'ensemble des préparatifs de la grande
journée, les apprêts témoignent de la fer-
veur républicaine de la ville. La décora-
tion des rues est très supérieure à ce qu'on
attend d'un gros bourg de trois mille habi-
tants. Elle est souvent ingénieuse, comme
dans l'arc de triomphe placé à l'entrée de
la rue Ernest-Renan—ancienne Grand'rue.
L'arc de triomphe en question est unique-
ment formé par des engins en usage sur
barques de pêche : des avirons, des an-
cres, des cordages, supportent la fine den-
telle des filets. Au centre, un modèle de
frégate, chef-d'œuvre minutieux d'un ma-
telot artiste.
Partout des mâts fleuris de drapeaux.
Partout des banderoles tricolores ou rou-
ges, avec des souhaits de bienvenue aux
illustres invités de Tréguier : « Vive Ber-
thelot ! Vive Anatole France 1 Vive Passe-
rieu 1 », et aussi, naturellement : « Vive
Combes! et vive Chaumié ! »
Dans un tel décor de cordialité, M.
Combes n'aura point à s'embarrasser de ce
modérantisme de parade qui gâte si sou-
vent les manifestations officielles.
J'entendais chanter hier soir, dans les
rues, sur l'air de Viens Poupoule ;
Viens pèr'Combes,
Viens pèr'Combes,
Viens.
Dans la vill'de Tréguier,
Em. les curés,
Ah!
Ne vous effarouchez pas. Ce refrain est
une réponse à un chant réactionnaire que
la presse de la calotte a répandu par mil-
liers d'exemplaires et dont les termes man-
quent totalement de courtoisie.
Les cléricaux ne devraient pas être sur-
pris que le peuple prenne pour leur répon-
dre le ton qu'ils se permettent quand ils
s'adressent à lui.
Quoi qu'il en soit, le refrain que je rap-
porte est une invite très formelle, bien
qu'un peu rude, à ne pas apporter de Paris
aux hommes du Trécor une ratification
explicite ou tacite du Concordat. Le prési-
dent du conseil y aura-t-il songé ? Vous
êtes déjà renseignés à ce sujet, puisque,
lorsque cette lettre paraîtra, le discours de
M. Combes sera déjà, depuis un jour, grâce
au télégraphe, entre les mains de vos
lecteurs.
La journée du 12 a été faite mi-partie de
travail et de fête.
Le travail incombait surtout aux orga-
nisateurs. Je dois dire qu'ils se sont tirés
aussi bien que possible de leur tâche. La
Presse, en ce qui la concerne, n'aura, je
crois, qu'à leur adresser des remerciements
et des compliments. M. de Kerguezec, con-
seiller général et commissaire des fêtes, et
son distingué collaborateur, M. Taconnov,
ont rivalisé de prévenance et d'amicale sol-
licitude pour nos camarades qui ont été
tous logés, et convenablement logés. Je
vous assure qu'il y a de quoi se montrer
heureux de ce résultat.
Hier on disait :
— On trouverait peut-être une cham-
bre. en y mettant le prix.
Aujourd'hui on dit :
— On ne trouverait plus rien, à n'im
porte quel prix.
L'aflluence des « étrangers » et surtout
des républicains des Côtes-du-Nord et du
Finistère est, en effet, énorme. Pas un local
qui n'ait été transformé en salle à man-
ger ou en chambre à coucher.
Si des contre-manifestants arrivent au-
jourd'hui, ils seront embarrassés, les mal-
heureux, pour trouver de quoi se refaire
et où dormir. D'ailleurs s'ils venaient, par
où viendraient-ils ? A gros frais, par le
chemin de fer, compliqué de transports en
voitures? Ou entassés dans des bateaux?
L'invasion, d'après les bruits qui cou-
rent, pourrait venir de deux côtés. Ou l'on
aurait affaire à des paysans de la Cor-
nouailles, ou bien il faudrait s'expliquer
avec des terriens de la partie non breton-
nante des Côtes-du-Nord. Il y a quelques
villages où chaque hobereau mène l'exis-
tence d'un petit tyran et obtient d'être ap-
pelé platement « not' maître » par ses fer-
miers. Ces mœurs médiévales conviennent
vraiment à des gens qui nous reprochent
quelquefois de n'être pas assez libéraux.
De toutes façons, les provocations ne
viendront pas de nos amis. Quelqu'un
me raconte qu'un industriel de Tréguier
s'est barricadé chez lui et qu'il a muni ses
ouvriers stupéfaits de fusils et de muni-
ions pour repousser un assaut possible
des « Bleus » et des « Rouges ». Voilà une
précaution bien inutile. tenants de l'E-
Dans d'autres villes. les tenants de l'E-
glise profiteront peut-être, au contraire, du
départ des militants du parti avancé pour
Tréguier, et organiseront des processions
plus ou moins bruyantes. Il paraît que le
fait s'est produit, hier, à Guingamp. A la
Roche-Derrien, aussi, des individus étran-
gers au pays auraient tenté une manifes-
tation antilaïque. Il faudrait un danger
plus sérieux pour gêner le succès des fêtes
en l'honneur d'Ernest Renan.
Elles ont commencé d'une façon remar-
quable, avec le concert donné sous la tente
du banquet, avec la réunion des Bleus de
Bretagne et leur banquet intime, où l'ami-
ral Réveillière et M. Guyiesse, député, ont
affirmé, en termes excellents, le principe
de la suprématie de la société laïque.
Il s'agit, comme nous l'avons expliqué
précédemment, de rendre pîun homogène
le bloc républicain régional ei de former
une irrésistible Fédération bretonne.
Les délégués des Bleus "Tuief son-
gent autant au devoir de demain qu'au
plaisir d'aujourd'hui. Par là, les fêtes ont
une autre utilité que celle d'une éphémère
manifestation.
Hugues Destrem.
APRÈS LES FÊTES
(Par dépêche)
Tréguier, 14 septemhrftl
Le temps est beau aujourd'hui.
A 9 h., ce matin, avant de quitter Tréguier.
MM. Chaumié, Roujon et plusieurs personnel
sont allés déposés une couronne et des gerbes
de fleurs au pied do la statue de Renan.
Quelques républicains ont accueilli M.Chau-
mié par les cris de : « A bas la calotte ! » La
ministre de l'instruction publique leur a fait de
la main signe de se taire, et leur a dit -
— Ne criez pas : « A bas la calotte ! » mais
cItiez: « Vive la Sagesse ! Vive la Raison! ». t
Les manifestants ont regardé alors le minis-
tre, et ont crié, paraît-il : « Vive Chaumié ! iL
M. Chaumié s'est rendu ensuite à Rosmapa-
mon, où il était invité par M. Psichari, dans
la maison de campagne de Renan. Le ministre
de l'instruction publique et sa suite ont gagné
Rosmapamon dans les automobiles du fondeur
Malesset, où un déjeuner leur était offerti
Etaient invités également, chez M. Psichari:
MM. Berthelot, Anatole France, Roujon Ar.)
mand Dayot, de Monzie. quelques artistes, et(
hommes de lettres : en tout 80 couverts. Pen-1
dant le déjeuner, les convives ont causé da
Renan.
j
Au.dessert quelques toasts ont été portés paR
M. Psichari, M. Chaumié, le maire de Louan
nec, et M. Dayot qui est l'âme de ces fêtes, ;
Puis une délégation des instituteurs et insti-
tutrices de la région est venue saluer M. Chau-i
mié, qui a prononcé une courte allocution. !
M. Chaumié a visité ensuite les plages dIS<
Perros-Guirec et de Ploumanach. i
A Perros-Guirec, il a été l'objet d'une ré-,
ception chaleuseuse. Un arc de triomphe avait
été élevé.
A 4 h., M. Chaumié est allé visiter le phara'
de Penmarch, ou un lunch a été servi en son;
honneur.
Le ministre partira demain matin pou'
Bréhat sur un bateau de l'Etat. ii
17
TROUBLES EN ABYSSINIE i
(De notre correspondant particulier)
Massaouah, 14 septembre. ?
La guerre civile a éclaté dans la province da\
Tigré. Le degiac Seyoumb s'est mis à la tête
des rebelles et a pris la place d'Addi-Belhi
dont la garnison s'est rendue. Le degiac Tèlta
est revenu en hâte de Makallé avec 2.000 hom-
mes pour châtier les rebelles. Il attend encore
des renforta.
A Adoua, on est vivement alarmé de e
événements.' on est vivement slarœé de ces,.
événements.
CUEILLI PAR UN EXPRESS!
Invraisemblable, mais vrai. — Comme
dans un fauteuil, mais sur des
légumes f
Un cultivateur de Deuil (S.-et O.) M. M
vient d'être victime d'une terrible mésavênA
ture. La nmt dernière, il se rendait aux Hallei
dans sa charrette attelée d'un cheval. Commet
il venait de s'engager au passage à niveau
numéro.2, au lieu dit le Vert-Galant, entre les
gares d Enghien-les-Bains et d'Epinay-sur-
Seine, un express, se dirigeant vers Amiensy
arrivait à toute vapeur. i :
Par un hasard vraiment inouï, la locomotiv
enleva la charrette sur ses tampons d'avant;-
et le cheval, dételé par suite du choc, retomba,
sans se faire aucun mai. Le petit véhicule futi
ainsi emporté sur un parcours de 400 mètrcs.
A ce moment, le mécanicien s'étant aperçu de
la bizarrerie du fait, fit stopper sa locomotive.
La charrette fut remise à terre et le cultiva-
teur fut retrouvé sur ses légumes, plus mort'
que vif, mais absolument indemne, sans i
l'ombre d'une égratignnre. C'est égal, le
brava homme peut se vanter de l'avoir échappé
belle!
Curieui cas d'espionnage en Russie
(De notre correspondant particulier)
Eydtkuhnen (fron f ière russe), H :?cpf',nbre.'
A Prostken, station frontière du chemin de 1 -
fer oriental de Prusse, est établi un mercier,'
nommé Louis Beccio, qui compte, parmi saà
clientèle, beaucoup d officiers russes et qui
souvent passe la frontière pour encaisser des
créances.
L'autre jour, passant avec sa voiture a
l'ouest de Graiewo, il fut arrêté, près du fort
d'arrêt russe de Lomza, sous l'inculpation
d'espionnage.
Toutes les démarches de l'ambassadeur alle-
mand à Saint-Pétersbourg-, pour ob!.cnil' la •
mise en liberté de M. Beccio, sont restées sans
résultat.
M. Dressler, commissaire de frontière à
Prostken, est allé dans le même but à Var-
sovie, où il a trouvé un accueil peu aimable,
Le commissaire allègue que M. Bcccio était
victime de la calomnie d'un officier, qui lui *
devait de l'argent. Toutefois l'insistance avec
laquelle le gouvernement allemand fait ré-
clamer le mercier est très commentée.
LA GRENOUILLE AU VATICNN
(De notre correspondant particulier)
Rome, li septembre.
Dans la caisse de la Propawmda. Vide, on 1
découvert un détournement de 100.000 francs.
Plusieurs moines, qui avaient déposé la sommo
de 15.000 fr., n'ont pu obtenir la restitution de
leur dépôt. Ils s'en sont plaints et le papo a
chargé le cardinal della - Volpe d'ouvrir uno,
enquête qui a abouti à la découverte de graves
irrégularités. l'
Le cardinal délia Volpe, préfet de l'économie
de la propagande, a eu un long entrelien avec
le pape sur cette affaire. On s'attend à un remai
niement radical du personne:!.
EN SERBIE
-
Belgrade, 14 septembre.
L'acte d'accusation contre les officiers arrê-
tés à Nischest fondé sur co fait que leur pro-
clamation proposait de tuer tous les conspira-v
teurs du 11 juin et d'employer éventuelle:'
ment la force pour réaliser leur but. Les pa-
ragraphes du code militaire, visés par l'acta
d'accusation, édictent des peines variant d'unO'
à plusieurs années de prison,
L'acte d'accusation désigne comme chefs du;
mouvement les capitaines Novakoviteli
titch, le premier lieutenant Lougoumerski et le
lieutenant Brabarevitch. ,
Le conseil de guerre se réunira probabl
ment le 15 septembre.
Officiel. — La nouvelle publiée par des jour,
naux, suivant laquelle le roi aurait télégraphié
au tsar rour le nrier de modifier son roDfu
LE XIX" SIECLE
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14, rue du Mail, Paris.
Et chez MM. LAGRANGE, CERF et a-
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VU 1 à 8 heures du soir et de 10 heures du soir à 1 heure du matin
Ne 12241. — Mercredi 16 Septembre 1903
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NOS LEADERS
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L frai jnti
SUITE ET FIN (1)
J'ai la conviction que M. Vallé a cru,
avec son tarif, faire cesser une bles-
sante inégalité entre plaideurs riches
et pauvres et faire payer à ces derniers
moins de frais, moins d'honoraires aux
avoués. C'est, d'ailleurs, ce qu'il a
écrit dans le rapport qui précède le
décret. « Les tarifs qu'il s'agit de rem-
« placer créent une blessante inégalité
« entre les plaideurs. Ils sont compli-
« çraês et d'une application souvent
« difficile ». Evidemment, le garde
des sceaux était de bonne foi en si-
gnant ces lignes, mais il s'est trompé,
DU lutôt on l'a cruellement trompé.
Et pourtant, il avait tort de dire
cela. Le tarif qu'il a fait disparaître
s'inspirait d'une idée fausse à coup
stlr, mais plus acceptable, toutefois,
que celle qui a dicté le nouveau. L'an-
cien tarif était basé sur ce principe
que « tous les citoyens sont égaux de-
vant la loi ». Le pauvre payait donc
aussi che'" que le riche, ce qui était
mauvais, je le répète, mais que penser
du tarif Vallé qui fait payer le pauvre
plus que le riche ?
Je le prouve tout de suite. M. Vallé
(non, pas M. Vallé) mais ses conseil-
lers, ont adopté un tarif dégressif.
Ainsi, le droit proportionnel est fixé
comme suit :
Jusqu'à fr. 1,500 2 50 p.
Sur l'exédent jusqu'à 5,000 1 50 —
— — 10,000 050 —
— — 100,000 025 —
— — 1,000.000 015 —
Au-dessus de.. 1,000,000 005 -
De même dans les diverses espèces
de ventes, c'est la dégression qui est
employée comme système.
La remise proportionnelle allouée
aux avoués est en effet de :
3 »» p. jusqu'à fr. 5,000
150 — sur l'excédent jus-
qu'à. 15,000
1 »» — — — 100,000
1)00 — — — 500,000
025 — — — 2,000,000
\Q 10 ..- sur l'excédent au-dessus
de 2 millions et indéfini-
ment.
.*.
Personne n'ignore que les procès
portant sur de faibles litiges sont de
beaucoup les plus nombreux. Les pe-
tits procès sont faits par les pauvres
gens. Chez les riches, souvent on pré-
fère transiger pour éviter des ennuis
et l'on va chez le notaire signer un
procès-verbal de transaction. Il résulte
donc de cette observation que le tarif
Vallé va écraser les petits plaideurs.
Dans des affaires peu importantes,
l'avoué touchera désormais 150, 200,
300 fr. d'honoraires. Dans une affaire
de 100.000 fr., il n'en recevra pas
beaucoup plus, 4 ou 500 fr. Or, c'est
dans une affaire de 100.000 fr. et au-
dessus que ses honoraires pourraient
être considérables. Personne n'y trou-
verait à redire, mais tondre les petits
plaideurs, en vérité c'est scandaleux.
Et les avoués qut ont inspiré le nou-
veau tarif ont bien su ce qu'ils faisaient.
Dans une étude de province, en effet,
le procès de 100.000 fr. constitue une
exception ; les procès de 2 à 20.000 fr.
sont la règle générales
***
En réalité, il aurait fallu, pour at-
teindre le but que certainement se
proposait M. Vallé, recourir au sys-
tème progressif au lieu du système
dégressif et dire par conséquent que
le droit proportionnel serait de:
0 50 p. jusqu'à fr. 5,000
1 »), — — 10,000
150 - - 25,000
2 »» — — : 50,000
3»), - — 100,000
Etc., etc., et de même pour la re-
mise proportionnelle.
Dans ce cas, les petits plaideurs au-
raient été dégrevés, et le nouveau tarif
aurait été bien accueilli. On ne peut,
en effet, appeler de riches plaideurs
quatre ou cinq cohéritiers qui auront
à se diviser une succession de 15.000
trancs, pour laquelle ils devront payer
des honoraires dépassant 1.500 fr.,
plus du dixième de la valeur de l'héri-
tage.
* *
Il me serait facile de démontrer que
!e tarif Vallé accorde des honoraires
aux avoués dans des affaires où leur
présence est inutile, dans les ventes de
meubles, par exemple, et qu'il parle à
tort de la responsabilité des avoués.
Un la connaît, en effet, la responsabi-
lité des avoués. Il n'existe peut-être
pas cinq genres d'affaires pour les-
quelles ils encourent réellement une
responsabilité.
Il me serait aussi aisé de prouver
qu'il n'était pas utile de reviser les an-
ciens tarifs parce qu'avec une foule de
lois nouvelles, les avoués ont vu aug-
(4) "'fUIr'ICS #. Rappel des 28 août, 4 et 6 sep-
"rt
monter singulièrement les procès, par
conséquent leurs honoraires. Les lois
nouvelles ont comblé l'insuffisance des
vieux tarifs. Et presque partout, en
province, qui fait fortune parmi les
officiers ministériels? Le notaire, le
greffier, l'huissier ? Pas du tout. L'a-
voué tout seul.
Mais j'en ai dit assez pour attirer
l'attention du public sur le tarif du
15 août 1903. J'emploierai d'autres ar-
guments devant la Chambre. Non, il
n'est pas possible que ce tarif soit ap-
pliqué. Ce serait par trop se moquer
des contribuables qui font appel à la
justice de leur pays.
M. Vallé ne veut point cela, j'ima-
gine. C'est pourquoi j'espère que, de-
vant mes explications, il regrettera
son erreur et que le décret du 15 août
1903 sera rapporté.
Charles Bos.
« eo-
DANS LE SUD-ALGÉRIEN
Une longue dépêche d'Aïn-
Sefra,que l'on trouvera plus loin
donne des renseignements éten-
dus sur le glorieux et funeste
combat d'El Moungar. Nous
avons tristement à -- triompher,
car la dépêche en question reproduit préci-
sément tout ce que nous disions ici même,
à la première nouvelle de combat, sur les
causes probables de la surprise d'El Moun-
gar.
Les ordres du gouvernement général
étaient précis : à raison de l'état d'insécu-
rité où l'insurrection marocaine place no-
tre frontière oranaise, le gouvernement
général avait recommandé de ne mettre un
convoi en route que fortement escorté : si
l'escorte était forcée de se diviser, elle de-
vait du moins serrer ses échelons de façon
que ceux-ci fussent en mesure de se sou-
tenir les uns les autres.
Qu'est-il arrivé ? l'officier organisateur
du convoi — mie le rédacteur de la dépêche
est obligé de oiamer — craignant que l'es-
corte très forte qu'il mettait en route man-
quât d'eau, à l'arrivée aux puits, l'avait
subdivisée. D'autre part, la fraction atta-
quée à El Moungar paraît avoir négligé de
s'éclairer et de se garder suffisamment. En
troisième lieu le combat dura huit heures,
et pourtant les fractions d'escorte parties en
avant ou restées en arrière, ne purent ar-
river à temps pour secourir leurs compa-
gnons; elles étaient donc placées à plus de
huit heures de marche les unes des autres.
On pouvait parer au manque éventuel
d'eau en ajoutant au convoi des chameaux
porteurs de tonnelets ; on pouvait parer à
l'échelonnement de l'escorte en évitant que
les échelons fussent éparpillés ; on pouvait
parer à la surprise en s'éclairant suffisan1
ment au défilé d'El Moungar, connu par
des attaques précédentes.
Que conclure? simplement qu'il faut
que nos chefs militaires, qui sont braves
mais qui sont imprévoyants, qui se font
tuer mais qui, avec de la méthode, pou-
vaient éviter ce sacrifice, renoncent à se
mettre ainsi en route sans préparation sé-
rieuse, et simplement en comptant sur
d'heureuses chances. Ces choses-là ont été
dites cent fois ; répétons-les une cent
unième ; répétons-les jusqu'à ce que nos
officiers aient pris le parti de tenir compte
des leçons que leur donnent lesévénements.
LES MAUVAIS FRANÇAIS
Je pense qu'il sied de tout particulièrement
remarquer dans le discours du président du
conseil, le passage relatif aux mauvais Fran-
çais qui ont mené récemment contre le crédi-
public l'abominable campagne que l'on sait.
Par tous les moyens, en recourant, sans pu-
deur, au mensonge, à la calomnie, à l'intimi-
dation, en faisant usage de fausses nouvelles,
en s'efforçant de jeter le trouble et l'inquié-
tude dans les esprits, ils ont, en même temps
qu'ils s'attaquaient aux caisses d'épargne, tra-
vaillé à faire baisser le cours de la rente fran-
çaise.
Leur tentative criminelle n'a pas été cou-
ronnée de succès ; ils n'ont pu ruiner la Frant
ce. Mais la constatation de leur défaite ne sau-
rait suffire ; -il fallait, n'est-ce pas ? qu'ils fus-
sent hautement flétris ; M. Combes l'a fait en
termes énergiques.
— « Leur campagne pour le refus de l'impôt
et pour le retrait des fonds déposés aux cais-
ses d'épargne, a-t-il dit, restera comme l'un des
épisodes les plus écœurants et les plus ignomi-
nieux de leur histoire. » Ce sont bien là les
expressions sévères, indignées, dont il fallait
se servir. Pour notre part, nous avons ici, bien
des fois, exprimé la môme pensée ; mais il était
bon, il était nécessaire, que ces choses fussent
dites au nom même du gouvernement de la
France.
Certes, nous comprenons les luttes politi-
ques les plus ardentes ; nous admettons fort
bien que, pour son idée, pour sa doctrine, pour
son programme, on combatte avec le dernier
acharnement; mais il y a quelque chose qui
devrait toujours rester au dessus de toutes les
compétitions, au dessus de toutes les batailles,
au-dessus de toutes les haines; et ce quelque
chose que nous considérons, nous, comme in-
tangible, c'est la patrie, c'est la France.
Spectacle qui serait vraiment risible, s'il
n'était profondément répugnant, de voir se
livrer à cette campagne contre le crédit na-
tional, contre la fortune Je la patrie, qui ?
précisément ceux-là qui s'affublent de l'éti-
quette nationaliste, ceux qui prétendent re-
vendiquer pour eux seuls le monopole du pa-
triotisme.
En vérité, leur impudence est extrême et
nulles paroles ne sauraient être trop dures
pour flageller leur hypocrisie.
Eux, des patriotes, eux qui ont voulu, qui
voudraient ruiner la France, qui sacrifieraient
sans hésiter la France à la satisfaction de
leurs inavouables rancunes, de leurs ignobles
appétits 1 allons donc, ils ne sont pas des
Français.
Et le président du conseil a eu grandement
raison de les comparer à ces « aristocrates de
l'ancien régime qui ne rougissaient pas d'ou-
vrir la France à l'invasion pour abattre un
gouvernement détesté ». Le nom d' « émigrés
à 1 intérieur » leur restera ; ces prétendus « na-
tionalistes » se sont mis en dehors du parti
national ; assurément, il est naturel que ces
cléricaux se sentent surtout fils de Rome, mais
nous sommes, nous, dans notre droit, en re-
fusant de voir en eux des Français, — L, Vie-
tor-Meunver*
CAUSERIE PEDAGOGIQUE
, INTÉRESSANTE STATISTIQUE
-
Entre ministres. — La population des
écoles primaires. — Candeur et en-
thousiasme. — Du rêve à la réa-
lité. — L'effectif de3 congré-
gations. — « A titre ex-
ceptionnel ». — Une
surprise.
M. Chaumié vient de jouer un bon tour à
M. Combes, sans paraitre en avoir eu l'inten-
tion. On dit, à tort ou à raison, qu'il est cou-
tumier du fait.
Je ne fais pas allusion au blâme sévère qui
a été adressé aux deux professeurs du lycée de
Pau, coupables d'avoir proposé, dans la ville
où ils enseignent, le vote d'une adresse de
confiance au président du conseil, à l'issue
d'une conférence faite par M. de Prcssensé.
Le Temps nous a appris que ce fait, qui a sou-
levé d'indignation le député du Rhône, vice-
président de la Ligue des Droits de l'Homme,
n'-a nullement troublé la bonne harmonie des
rapports existant entre M. Chaumié et M.
Combes. La mesure prise contre les deux uni-
versitaires a été décidée d'un commun accord
entre les deux ministres.
Ce que nous voulons signaler à l'attention
de nos lecteurs, c'est tout simplement une
récente statistique établissant d'une façon of-
ficielle le mouvement qui s'est opéré dans la
population des écoles primaires du 2 juin 1902
au 2 juin 1903.
Ce travail est un acte de sincérité auquel il
convient avant tout de rendre hommage. En
toute occasion l'administration française sous
le régime républicain s'est honorée en procla-
mant toute la vérité, même quand le gouver-
nement devait s'en trouver gêné".
La mort de l'enseignement
congréganiste
A franchement parler, c'est le cas.
Il résulte, en effet, de la statistique en ques-
tion que nous nous abusons quand nous
croyons, sur la foi de M. Combes, que l'en-
seignement congréganiste a reçu un coup
mortel et que la France va enfin en être dé-
barrassée.
Elle dément formellement ce que M. le pré-
sident du conseil a affirmé avec autant de can-
deur que d'enthousiasme au congrès des « Ami-
cales » à Marseille. La déclaration du chef du
gouvernement mérite, à ce sujet, d'être repro-
duite textuellement.
Une majorité parlementaire, a-t-il dit, vient
d'arracher l'éducation de la jeunesse aux congré-
gations enseignantes qui se l'étaient attribuée sans
autorisation. Encore un pou de temps, encore un
nouvel effort et l'enseignement congréganiste
aura vécu.
Ces paroles, émanant d'un homme d'Etat sé-
rieux, signifient clairement, n'est ce pas? ou
tout au moins laissent entendre que l'ensei-
gnement congréganiste est à l'agonie, qu'il lui
reste seulement encore quelques établissements,
lesquels, à leur tour, vont disparaître.
Or, hélas, il y a loin de cette croyance à la
réalité. Les congrégations enseignantes sont
plus florissantes que ne le dit et le suppose M.
Combes. Sur leur véritable situation, M. Chau-
mié nous donne des renseignements qui, avec
la rigoureuse précision des chiffres, déclarent
tout le contraire.
Quelques chiffres
Il a été constaté que le 2 juin do l'année der-
nière les écoles primaires congréganistes re-
cevaient 1,135,835 enfants et que le 2 juin de
cette année elles en avaient 985,107. Différence
en moins : 150,728.
Ainsi, entre ces deux dates, elles n'ont perdu
en Ai1n5s0i,, 000 élèves, et elles en ont encore près
que
d'un million !
Si c'est là ce que M. Combes appelle la mort
de l'enseignement primaire congréganiste, il
est permis de lui appliquer le vers que Cor-
neille place dans la bouche de Cliton parlant
à son maître Dorante, le Menteur :
Les gens que vous tuez se portent assez bien.
Empressons-nous d'ajouter, pour rester dans
la vérité, que depuis le moment où le recense-
ment de la population scolaire a été fait il y a
eu d'autres fermetures d'écoles congréganistes.
Le 30 mai 1903, M. Combes avertissait les qua-
tre groupes des gauches., au cours d'une en-
trevue, qu'il allait disperser autant d'établisse-
ments scolaires congréganistes qu'il en avait
précédemment fermés. Il se peut donc que les
congréganistes aient une seconde fois perdu
150,000 élèves. Il n'en reste pas moins indénia-
ble qu'ils en ont encore plus de huit cent
mille.
C'est l'effectif des congrégations autorisées,
celles que le gouvernement ne songe pas à at-
teindre puisqu'il repousse le projet du mono-
pole de l'enseignement primaire.
Ce sont pourtant les plus riches, les plus
puissantes, et tout bien considéré, les plus re
doutables. Leurs pensées, leurs tendances,
sont les mêmes que cellos des congrégations
non autorisées, avec lesquelles elles affectent
d'ailleurs de se solidariser. Ayant une clientèle
trois fois plus nombreuse, elles font indiscu-
tablement à l'esprit laïque, à la raison des en-
fants, aux institutions modernes une guerre
beaucoup plus terriblo.
Je sais qu'il y a beaucoup de républicains
qui nourrissent l'espoir que M. Combes après
avoir exte"miné les unes anéantira les autres.
Ils s'illusionnent peut-être dans la naïveté de
leur foi laïque. Il convient donc de leur ap-
prendre ce qui se passe.
Déplorable relâchement
Non seulement, il n'est pas question de sévir
contre les congrégations autorisées, mais en-
core les congrégations non autorisées vont en
partie subsister illégalement, çà et là. On se
relâche à leur égard des sévérités qu'on a mon-
trées depuis ces deux dernières années.
Cèrtains de leurs établissements ont reçu une
prolongation d'existence. Ils resteront ouverts
à titre exceptionnel. C'est, paraît-il, tout à fait
nécessaire, afin de permettre à la bourgeoisie
républicaine de faire élever convenablementses
jeunes filles. Lss petites écoles privées fréquen-
tées seulement par les enfants du peuple ont
été fermées. C'est suffisant, aux yeux d'une es-
pèce assez répandue d'anticléricaux.
Une autre curieuse remarque à faire le mois
prochain, lors de la rentréedes classes, sera do
constater que des religieuses appartenant à
des congrégations non autorisées, resteront
en fonctions dans des écoles communales en
qualité d'institutrices publiques.
Si incroyable que cela paraisse, cela aura
lieu : c'est chose décidée.
Le vrai peut quelquefois n'être pas vraisem-
blable ; les laïcisations rendues obligatoires
par le rejet des demandes d'autorisation de
plusieurs ordres de religieuses n'ont pas été
faites partout.
La surprise des républicains ne sera pas pe-
tite dans certaines régions en présence d'un
semblable spectacle.
Peut-être estimeront-ils que M. Combes n'est
ni un impitoyable persécuteur, ni un infatiga-
ble laïcisateur, -
Anhf!:.Í> DEPPER.
Xe recueil des oharus scolaires, de M, Brunei,
que j'ai signalé à l'attention des instituteurs et
institutrices, est eu vente chez l'auteur lui-même,
à Saint-Pierre-à-Champs, par Cersay (Deux-Sèvres),
Bt non chez l'imprimeur, M. Chaboussant, comme
je l'ai dit par erreur.
A. M. Guillaume, à Briare-le-Canal. — Je vous
écrirai directement-dès que je pourrai vous donner
une réponse. — A. D.
————————————— —————————————
CHARMANT JOUJOU, MON CAPORAL!
M. Jacques Lebaudy, empereur de tous les
sables du Sahara inaugure son règne par l'achat
d'un joujou discret, expéditif, rare et sévère :
une guillotine.
Ainsi faisant, Jacques I" prouve que son
âme est celle d'un empereur, parce que san-
guinaire et que, pour fonder un empire, il est
indispensable de placer, à côté du trône l'ap-
pareil compliqué et délicat du supplice mo-
derne.
Donc, il entend se réserver le droit du coup
de grâce, afin d'envoyer plus sûrement ses su-
jets en d'autres royaumes. Ils n'auront, pour
accomplir le voyage, qu'à passer le cou dans
la lunette ; de là, ils jouiront d'une vue sur
l'infini qui leur fera concevoir une haute opi-
nion de la toute-puissance de M. Lebaudy.
Ce casseur de sucre tient à se faire une au-
réole avec le couperet et à s'assurer, comme
premier ministre, le bourreau.
Si un jour, par ordre de sire Jacques Le-
baudy, bourgeois de Paris et d'ailleurs, habi-
tué de chez Maxim's et autres lieux de joie,
empereur de la noce et des banknotes, coule,
d'une nuque décapitée, un flot de sang, le petit
capitaliste regardera son œuvre suprême avec
la délection et l'orgueil d'un homme qui, par
.une action d'éclat, acquiert définitivement le
titre qu'il s'est arrogé, et la puissance qu'il
s'est conférée. Après cet exploit, qui donc osera
encore sourire, je vous prIe? Et les autres sou-
verains, sans hésiter, reconnaîtront en M. Le-
baudy leur égal et leur frère, à ce signe vé-
néré : le droit de tuer.
Je ne puis, devant l'image du nouveau sou-
verain tortionnaire, m'empêcher d'évoquer un
souvenir : celui du caporal Jacques Lebaudy,
M. Jacques Lebaudy, ayant à accomplir dans
un régiment de ligne, une période de vingt-
huit jours, amarra sa péniche dans le port du
canal, fit rouler ses équipages dans toutes les
rues de la ville qui, du même coup, se trou-
vèrent embellies par la beauté de ses amies.
Ce fut la grande fête, et ce fut aussi un gros
scandale. La cité informée et surexcitée par
les journaux locaux, s'indigna sans raison et
réclama un châtiment sans cause.
Le lieutenant-colonel qui commandait alors
le régiment fit venir le caporal Jacques Le-
baudy, et lui annonça, d'un ton navré :
« Vous serez puni de 48 heures de salle de
police. » — « Qu'ai-je fait, mon colonel? ré-
pondit M. Lebaudy. » — « Rien, mon ami, ré-
pliqua son supérieur, mais il faut absolument
que j'accorde satisfaction à l'opinion pu-
blique. »
Le soir même, le futur empereur couchait
sur la planche.
Quand le caporal Lebaudy aura, lui, à son
tour, à donner satisfaction à l'opinion pu-
blique, ce ne sera pas long : il fera passer ses
hommes à la tondeuse. — René Wisner.
Voir à la. 3° page
les Dernières Dépêches
de la nuit
et la Revue des Journaux
du matin
LA JOURNEE DE DIX HEURES
Les employés de commerce manifestent le
désir d'obtenir du législateur que la loi du
30 mars 1902 réduisant la journée de travail à
10 heures pour les ateliers mixtes où travail-
lent ensemble hommes, femmes et enfants leur
soit également applicable.
Il y a lieu, selon moi, d'approuver leur ini-
tiative et de seconder leurs vues. Dix heures
de présence quotidienne, dix heures de labeur
constant, d'attention incessante, dix heures
passées soit dans la position assise sans inter-
ruption, soit dans la station verticale, me pa-
raissent être tout ce que l'on peut demander à
un homme, sans nuire à sa santé, sans épuiser
ses forces.
Parcourez les rues de Paris, par la pluie ou
par le soleil, par le vent ou par la neige, à
quelque heure de la journée et voyez les
malheureux employés des deux sexes que leurs
patrons contraignent à demeurer en dehors des
magasins pour la vente des marchandises, ou
la surveillance des étalages, qui sont nu-tête
auelque temps qu'il fasse et exposés à toutes
les intempéries. N'y a-t-il pas là pour eux un
travail des plus pénibles et des plus fatigants ?
Ne suffirait-il pas qu'il ne dure que dix heures
au lieu de douze ou de treize comme cela se
voit communément?
Je viens de parler de ceux qui sont dehors.
Ceux-là respirent au moins. Que penser de
ceux qui sont enfermés dans les magasins,
dans une atmosphère suffocante, souvent sans
aération. Là, on n'absorbe point d'oxygène,
on absorbe surtout la poussière, tous les
miasmes apportés du dehors par les surve-
nants
Les réclamations des employés sont donc fon-
dées, et l'on ne saurait trop les appuyer. L'em-
ployé est un travailleur, tout comme le mi-
neur, le verrier, le forgeron. Son travail n'est
pas le même sans doute, il exige un peu moins
de dépense musculaire, mais il exige, en re-
vanche, un peu plus de dépense cérébrale, il a
droit aux mêmes égards et à la même protec-
tion. — Charles Darcy.
ARTILLERIE AUTOMOBILE
(De notre correspondant particulier)
New-York, 14 septembre.
Le département de la guerre à Washington
vient de faire construire un nouvel engin de
guerre qui est appelé à amener une révolution
dans l'artillerie de campague. C'est un grand
automobile blindé qui porte une demi-batterie
d'artillerie de campagne. Le véhicule peut mar-
cher sur les routes les moins praticables et les
plus escarpées. Il est muni d'un appareil à
l'aide duquel on peut le faire sortir d'un sol
inarécageux où il se serait enfoncé. Avec les
pièces de canon, il porte aussi six artilleurs.
Les premiers essais ont donné d'excellents ré-
sultats.
— »
tta prétendant au trône de Serbie
(De notre correspondant particulier)
Vienne, 14 septembre.
Le fils naturel du roi Milan viendra, avec sa
mère, Mme Artemisia Christitsch, fixer son
domicile à Vienne, le séjour à Constantinople
n'offrant pas assez do sécurité.
Le jeune homme, qui s'appelle de son pré-
nom Milan, a maintenant ! üs, et sera pro-
clamé prétendant par les adversaires de la dy-
n8:tie Karageorgevitsch.
Un syndicat financier s'est même constitué
pour fournir les fonds de la campagne.
A Vienne, le jeune Milan sera plus à proxi-
mité de ses partisans.
LES FETES DE RENAN
LETTRES DE TREGUIER
Tréguier, 13 septembre.
Quand cette lettre vous parviendra les
fêtes seront finies, et, au moment où
j'écris, elles ont à peine commencé ; et je
ne sais encore si tous les événements an-
noncés pour aujourd'hui se seront pro-
duits, si les cléricaux d'ici auront trouvé
le moyen de faire une démonstration égale
en force à celle des républicains, ou si
M. Combes, dans le grand discours an-
noncé, aura enfin renié l'erreur de la poli-
tique concordataire.
Ce que j'ai pu voir, jusqu'à présent,
c'est l'ensemble des préparatifs de la grande
journée, les apprêts témoignent de la fer-
veur républicaine de la ville. La décora-
tion des rues est très supérieure à ce qu'on
attend d'un gros bourg de trois mille habi-
tants. Elle est souvent ingénieuse, comme
dans l'arc de triomphe placé à l'entrée de
la rue Ernest-Renan—ancienne Grand'rue.
L'arc de triomphe en question est unique-
ment formé par des engins en usage sur
barques de pêche : des avirons, des an-
cres, des cordages, supportent la fine den-
telle des filets. Au centre, un modèle de
frégate, chef-d'œuvre minutieux d'un ma-
telot artiste.
Partout des mâts fleuris de drapeaux.
Partout des banderoles tricolores ou rou-
ges, avec des souhaits de bienvenue aux
illustres invités de Tréguier : « Vive Ber-
thelot ! Vive Anatole France 1 Vive Passe-
rieu 1 », et aussi, naturellement : « Vive
Combes! et vive Chaumié ! »
Dans un tel décor de cordialité, M.
Combes n'aura point à s'embarrasser de ce
modérantisme de parade qui gâte si sou-
vent les manifestations officielles.
J'entendais chanter hier soir, dans les
rues, sur l'air de Viens Poupoule ;
Viens pèr'Combes,
Viens pèr'Combes,
Viens.
Dans la vill'de Tréguier,
Em. les curés,
Ah!
Ne vous effarouchez pas. Ce refrain est
une réponse à un chant réactionnaire que
la presse de la calotte a répandu par mil-
liers d'exemplaires et dont les termes man-
quent totalement de courtoisie.
Les cléricaux ne devraient pas être sur-
pris que le peuple prenne pour leur répon-
dre le ton qu'ils se permettent quand ils
s'adressent à lui.
Quoi qu'il en soit, le refrain que je rap-
porte est une invite très formelle, bien
qu'un peu rude, à ne pas apporter de Paris
aux hommes du Trécor une ratification
explicite ou tacite du Concordat. Le prési-
dent du conseil y aura-t-il songé ? Vous
êtes déjà renseignés à ce sujet, puisque,
lorsque cette lettre paraîtra, le discours de
M. Combes sera déjà, depuis un jour, grâce
au télégraphe, entre les mains de vos
lecteurs.
La journée du 12 a été faite mi-partie de
travail et de fête.
Le travail incombait surtout aux orga-
nisateurs. Je dois dire qu'ils se sont tirés
aussi bien que possible de leur tâche. La
Presse, en ce qui la concerne, n'aura, je
crois, qu'à leur adresser des remerciements
et des compliments. M. de Kerguezec, con-
seiller général et commissaire des fêtes, et
son distingué collaborateur, M. Taconnov,
ont rivalisé de prévenance et d'amicale sol-
licitude pour nos camarades qui ont été
tous logés, et convenablement logés. Je
vous assure qu'il y a de quoi se montrer
heureux de ce résultat.
Hier on disait :
— On trouverait peut-être une cham-
bre. en y mettant le prix.
Aujourd'hui on dit :
— On ne trouverait plus rien, à n'im
porte quel prix.
L'aflluence des « étrangers » et surtout
des républicains des Côtes-du-Nord et du
Finistère est, en effet, énorme. Pas un local
qui n'ait été transformé en salle à man-
ger ou en chambre à coucher.
Si des contre-manifestants arrivent au-
jourd'hui, ils seront embarrassés, les mal-
heureux, pour trouver de quoi se refaire
et où dormir. D'ailleurs s'ils venaient, par
où viendraient-ils ? A gros frais, par le
chemin de fer, compliqué de transports en
voitures? Ou entassés dans des bateaux?
L'invasion, d'après les bruits qui cou-
rent, pourrait venir de deux côtés. Ou l'on
aurait affaire à des paysans de la Cor-
nouailles, ou bien il faudrait s'expliquer
avec des terriens de la partie non breton-
nante des Côtes-du-Nord. Il y a quelques
villages où chaque hobereau mène l'exis-
tence d'un petit tyran et obtient d'être ap-
pelé platement « not' maître » par ses fer-
miers. Ces mœurs médiévales conviennent
vraiment à des gens qui nous reprochent
quelquefois de n'être pas assez libéraux.
De toutes façons, les provocations ne
viendront pas de nos amis. Quelqu'un
me raconte qu'un industriel de Tréguier
s'est barricadé chez lui et qu'il a muni ses
ouvriers stupéfaits de fusils et de muni-
ions pour repousser un assaut possible
des « Bleus » et des « Rouges ». Voilà une
précaution bien inutile. tenants de l'E-
Dans d'autres villes. les tenants de l'E-
glise profiteront peut-être, au contraire, du
départ des militants du parti avancé pour
Tréguier, et organiseront des processions
plus ou moins bruyantes. Il paraît que le
fait s'est produit, hier, à Guingamp. A la
Roche-Derrien, aussi, des individus étran-
gers au pays auraient tenté une manifes-
tation antilaïque. Il faudrait un danger
plus sérieux pour gêner le succès des fêtes
en l'honneur d'Ernest Renan.
Elles ont commencé d'une façon remar-
quable, avec le concert donné sous la tente
du banquet, avec la réunion des Bleus de
Bretagne et leur banquet intime, où l'ami-
ral Réveillière et M. Guyiesse, député, ont
affirmé, en termes excellents, le principe
de la suprématie de la société laïque.
Il s'agit, comme nous l'avons expliqué
précédemment, de rendre pîun homogène
le bloc républicain régional ei de former
une irrésistible Fédération bretonne.
Les délégués des Bleus "Tuief son-
gent autant au devoir de demain qu'au
plaisir d'aujourd'hui. Par là, les fêtes ont
une autre utilité que celle d'une éphémère
manifestation.
Hugues Destrem.
APRÈS LES FÊTES
(Par dépêche)
Tréguier, 14 septemhrftl
Le temps est beau aujourd'hui.
A 9 h., ce matin, avant de quitter Tréguier.
MM. Chaumié, Roujon et plusieurs personnel
sont allés déposés une couronne et des gerbes
de fleurs au pied do la statue de Renan.
Quelques républicains ont accueilli M.Chau-
mié par les cris de : « A bas la calotte ! » La
ministre de l'instruction publique leur a fait de
la main signe de se taire, et leur a dit -
— Ne criez pas : « A bas la calotte ! » mais
cItiez: « Vive la Sagesse ! Vive la Raison! ». t
Les manifestants ont regardé alors le minis-
tre, et ont crié, paraît-il : « Vive Chaumié ! iL
M. Chaumié s'est rendu ensuite à Rosmapa-
mon, où il était invité par M. Psichari, dans
la maison de campagne de Renan. Le ministre
de l'instruction publique et sa suite ont gagné
Rosmapamon dans les automobiles du fondeur
Malesset, où un déjeuner leur était offerti
Etaient invités également, chez M. Psichari:
MM. Berthelot, Anatole France, Roujon Ar.)
mand Dayot, de Monzie. quelques artistes, et(
hommes de lettres : en tout 80 couverts. Pen-1
dant le déjeuner, les convives ont causé da
Renan.
j
Au.dessert quelques toasts ont été portés paR
M. Psichari, M. Chaumié, le maire de Louan
nec, et M. Dayot qui est l'âme de ces fêtes, ;
Puis une délégation des instituteurs et insti-
tutrices de la région est venue saluer M. Chau-i
mié, qui a prononcé une courte allocution. !
M. Chaumié a visité ensuite les plages dIS<
Perros-Guirec et de Ploumanach. i
A Perros-Guirec, il a été l'objet d'une ré-,
ception chaleuseuse. Un arc de triomphe avait
été élevé.
A 4 h., M. Chaumié est allé visiter le phara'
de Penmarch, ou un lunch a été servi en son;
honneur.
Le ministre partira demain matin pou'
Bréhat sur un bateau de l'Etat. ii
17
TROUBLES EN ABYSSINIE i
(De notre correspondant particulier)
Massaouah, 14 septembre. ?
La guerre civile a éclaté dans la province da\
Tigré. Le degiac Seyoumb s'est mis à la tête
des rebelles et a pris la place d'Addi-Belhi
dont la garnison s'est rendue. Le degiac Tèlta
est revenu en hâte de Makallé avec 2.000 hom-
mes pour châtier les rebelles. Il attend encore
des renforta.
A Adoua, on est vivement alarmé de e
événements.' on est vivement slarœé de ces,.
événements.
CUEILLI PAR UN EXPRESS!
Invraisemblable, mais vrai. — Comme
dans un fauteuil, mais sur des
légumes f
Un cultivateur de Deuil (S.-et O.) M. M
vient d'être victime d'une terrible mésavênA
ture. La nmt dernière, il se rendait aux Hallei
dans sa charrette attelée d'un cheval. Commet
il venait de s'engager au passage à niveau
numéro.2, au lieu dit le Vert-Galant, entre les
gares d Enghien-les-Bains et d'Epinay-sur-
Seine, un express, se dirigeant vers Amiensy
arrivait à toute vapeur. i :
Par un hasard vraiment inouï, la locomotiv
enleva la charrette sur ses tampons d'avant;-
et le cheval, dételé par suite du choc, retomba,
sans se faire aucun mai. Le petit véhicule futi
ainsi emporté sur un parcours de 400 mètrcs.
A ce moment, le mécanicien s'étant aperçu de
la bizarrerie du fait, fit stopper sa locomotive.
La charrette fut remise à terre et le cultiva-
teur fut retrouvé sur ses légumes, plus mort'
que vif, mais absolument indemne, sans i
l'ombre d'une égratignnre. C'est égal, le
brava homme peut se vanter de l'avoir échappé
belle!
Curieui cas d'espionnage en Russie
(De notre correspondant particulier)
Eydtkuhnen (fron f ière russe), H :?cpf',nbre.'
A Prostken, station frontière du chemin de 1 -
fer oriental de Prusse, est établi un mercier,'
nommé Louis Beccio, qui compte, parmi saà
clientèle, beaucoup d officiers russes et qui
souvent passe la frontière pour encaisser des
créances.
L'autre jour, passant avec sa voiture a
l'ouest de Graiewo, il fut arrêté, près du fort
d'arrêt russe de Lomza, sous l'inculpation
d'espionnage.
Toutes les démarches de l'ambassadeur alle-
mand à Saint-Pétersbourg-, pour ob!.cnil' la •
mise en liberté de M. Beccio, sont restées sans
résultat.
M. Dressler, commissaire de frontière à
Prostken, est allé dans le même but à Var-
sovie, où il a trouvé un accueil peu aimable,
Le commissaire allègue que M. Bcccio était
victime de la calomnie d'un officier, qui lui *
devait de l'argent. Toutefois l'insistance avec
laquelle le gouvernement allemand fait ré-
clamer le mercier est très commentée.
LA GRENOUILLE AU VATICNN
(De notre correspondant particulier)
Rome, li septembre.
Dans la caisse de la Propawmda. Vide, on 1
découvert un détournement de 100.000 francs.
Plusieurs moines, qui avaient déposé la sommo
de 15.000 fr., n'ont pu obtenir la restitution de
leur dépôt. Ils s'en sont plaints et le papo a
chargé le cardinal della - Volpe d'ouvrir uno,
enquête qui a abouti à la découverte de graves
irrégularités. l'
Le cardinal délia Volpe, préfet de l'économie
de la propagande, a eu un long entrelien avec
le pape sur cette affaire. On s'attend à un remai
niement radical du personne:!.
EN SERBIE
-
Belgrade, 14 septembre.
L'acte d'accusation contre les officiers arrê-
tés à Nischest fondé sur co fait que leur pro-
clamation proposait de tuer tous les conspira-v
teurs du 11 juin et d'employer éventuelle:'
ment la force pour réaliser leur but. Les pa-
ragraphes du code militaire, visés par l'acta
d'accusation, édictent des peines variant d'unO'
à plusieurs années de prison,
L'acte d'accusation désigne comme chefs du;
mouvement les capitaines Novakoviteli
titch, le premier lieutenant Lougoumerski et le
lieutenant Brabarevitch. ,
Le conseil de guerre se réunira probabl
ment le 15 septembre.
Officiel. — La nouvelle publiée par des jour,
naux, suivant laquelle le roi aurait télégraphié
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