Titre : Le XIXe siècle : journal quotidien politique et littéraire / directeur-rédacteur en chef : Gustave Chadeuil
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1903-09-14
Contributeur : Chadeuil, Gustave (1821-1896). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
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Description : 14 septembre 1903 14 septembre 1903
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Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-199
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 20/06/2013
CINQ CENTIMES le Numéro.
PARIS & DÉPARTEMENTS
Le Numéro CINQ CENTIMES.
ANNONCES
VX BUREAUX DU JOURNAL
14, rue du Mail, Paris.
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REDACTION: 14, rue du Mail, Paris
De4 à 8 heures du soir et de 10 heures du soir à 1 heure du matin
Wo 12239. — Lundi 14 Septembre 1903
28 FRUCTIDOR AN 111
ADMINISTRATION 5 14, rut' du Mail
Adresser lettres et mandala t l'A. d-yu, nistrateu,
NOS LEADERS
LU C10MGÉE
L'autre jour, relevant les paroles
injustes, ingrates, prononcées par M.
Labori au cours d'une plaidoirie, je
lui demandais si vraiment, en cons-
cience, il ne croit pas que du chemin
ait été parcouru depuis l'affaire Drey-
fus — et grâce à l'affaire Dreyfus.
Je désirerais vivement aujourd'hui
savoir ce qu'il pense de l'affaire Loize-
mant.
De cette affaire en elle-même je ne
dirai rien; rien, d'ailleurs, je crois,
n'étant à ajouter, pour le moment, à
l'exposé très complet qui en a été fait
hier même dans nos colonnes.
Mais que de l'enquête actuellement
poursuivie doive sortir la confirmation
du verdict rendu par le jury de l'Aisne
ou, au contraire, la démonstration de
l'innocence du condamné, ce qui se
passe à propos de cette affaire est
d'une importance capitale, marquera,
si je puis ainsi dire, une date dans
l'histoire de la justice en France.
Sans qu'aucune demande en revision
ait été régulièrement introduite — et
il ne pouvait pas en être introduit,
puisqu'il n'y a pas, aux termes de la
loi, de « fait nouveau », — en l'ab-
sence, donc, de tout fait nouveau, li-
brement, spontanément, par ce seul
motif que des doutes se sont élevés,
qu'il peut y avoir, au bénéfice du con-
damné, présomption d'innocence, que,
peut-être, l'instruction de l'affaire n'a
pas été conduite avec toute l'impartia-
lité nécessaire et que des considéra-
tions accessoires, étrangères, ont pu
influer sur la décision des jurés, de sa
propre initiative, je le répète et j'y in-
siste, la justice, représentée ici comme
SI sied, par le chef suprême de la ma-
gistrature, par le garde des sceaux,
.s'émeut, se livre à une nouvelle étude,
approfondie, des faits passés à l'état de
chose jugée.
***
- Cela est sans précédent.
tes bons juges, M. Magnaud, M.
,Seré de Rivières, qui ont été maintes
fois accusés de « devancer » la loi dans
leurs généreuses ardeurs réformatri-
ces, sont ici bien dépassés.
La loi, en effet, détermine étroite-
ment les conditions dans lesquelles
peut être effectuée la revision d'un pro-
cès criminel M. Vallé a passé outre, il
n'a pas hésité à franchir les limites
dans lesquelles la loi a voulu enfer-
mer l'œuvre de la justice. Il a ainsi
subordonné la loi écrite aux nécessités
de la justice.
Il a pensé que ce qui n'est pas pos-
sible, c'est que des prescriptions lé-
gales fassent obstacle infranchissable
à la satisfaction de ce besoin de justice
qui est l'angoisse de tous les cœurs
loyaux. Il a dit : — Avant tout, et mal-
gré tout, s'il le faut, la justice.
- Mais ne vous y trompez pas : c'est
l'affaire Dreyfus qui pousse, c'est l'af-
faire Dreyfus qui grandit.
C'est à dessein que je me suis servi
tout à l'heure de cette expression : la
chose jugée.
C'est contre le respect de la chose
jugée que se sont heurtés d'abord ceux
qui demandaient la revision du mons-
trueux procès de 1894.
« Il y a chose jugée », répétaient
Méline et Billot.
Mais nous avons enjambé l'argu-
ment misérable ; nous avons pour-
suivi notre route vers la vérité, vers la
lumière, vers la justice. -
Et aujourd'hui qu'à la condamnation
de Paris s'est ajoutée la condamnation
de Rennes, et qu'ainsi, il y a chose
doublement jugée, qui donc, parmi les
gens de bonne foi, oserait contester
l'innocence du capitaine Dreyfus ?
Et qui donc, après l'acquittement de
1898, oserait dire qu'Esterhazy est in-
nocent ?
Le respect de la chose jugée': oui :
quand la chose jugée est respectable.
Le sont-ils, les arrêts qui ont con-
damné Dolet, La Barre, Lesurques ?
—« Si vous faites cette loi, s'écriait
un jour Royer-Collard, je jure de lui
désobéir. » — De même, l'honnête
homme a le droit de dire à des juges
qu'il a lieu de croire ou soumis à l'er-
reur ou en proie à des influences cor-
ruptrices : Si vous rendez cet arrêt, je
jure de le mépriser.
Ah ! ce respect sourd et aveugle,au-
tomatique, de la chose jugée, sous le-
quel ont été écrasées tant de justes re-
vendications, qui a étouffé tant de cla-
meurs d'innocence, qui a permis tant
fle crimes, nous l'avons tué, nous, les
dreyfusards,— et quel orgueil de pou-
voir écrire ces trois mots-là !
***
Le respect de la chose jugée ordon-
nait à M. Vallé, puisqu'il n'était saisi
d'aucune demande de revision, puis-
qu'aucun fait nouveau n'était produit,
d'ignorer les doutes qui s'élèvent au-
tour de la condamnation de Loizemant,
l,. se fermer les oreilles et le cœur,
et de laisser, impassible, les choses
suivre leur cours.
Rencontrerait-on aujourd'hui quel-
qu'un pour affirmer que le respect de
la chose jugée existe encore ? Il n'est
plus ; il a été rejoindre dans l'égout
du passé toutes les choses mortes; nous
l'avons tué.
Qu'en pense M.Labori, lui qui, l'au-
tre jour, déclarait si légèrement que
de l'affaire Dreyfus rien n'était sorti ?
Croit-il vraiment que ce qui se fait
pour Loizemant eut été possible avant
l'affaire Dreyfus ? Par où la justice pas-
serait-elle si à coups répétés nous
n'avions pas ouvert la brèche ?
Voici l'anniversaire de la mort de
Zola. Quelle joie puissante et sereine,
au milieu de l'amertume des regrets
avivés, de penser que les efforts de
tant de généreux cœurs n'ont pas été
vains. Je disais: l'affaire Dreyfus pousse.
Oui; à mains pleines nous avons jeté
sur le sol profondément labouré, le
bon grain ; voici que déjà se montrent,
dans le creux des sillons, les vertes
promesses de ce qui doit être un jour,
par toute la terre et pour tous les hom-
mes, la moisson superbe de justice et
de vérité.
Lucien Victor-Meunier.
AVANCES SUR LES RETRAITES
Eh bien, voilà nne bonne me-
sure, et qui prouve qu'avec un
peu de méthode on peut suppri-
mer bien des abus :
Tous ceux qui, fonctionnaires
de l'Etat, ont passé par là : la
mise à la retraite, connaissent les déboires
que cette situation nouvelle débute par
leur apporter ; tout de suite, ils cessent de
toucher leurs appointements ; quand à leur
pension ils la toucheront lorsqu'elle sera
réglée. Et les mois passent ; le fonction-
naire qui n'a pas eu l'esprit de faire for-
tune, ou tout au moins de mettre un peu
d'argent de côté, connaît immédiatement la
misère la plus noire : le règlement de sa
pension va tout doucement, pendant ce
temDS là: l'Etat agit comme si ses employés
avaient les moyens d'attendre; ceux-cî ont
quelquefois ces moyens, ils ne les ont pas
toujours
Au ministère de la guerre on vient d'or-
ganiser un système en vertu duquel, il suf-
fira à l'officier mis à la retraite de se mu-
nir, au corps qu'il quitte, d'un certificat de
cessation de paiement, pour pouvoir tou-
cher une avance sur la pension en cours de
liquidation. Voilà bien des gens préservés,
du coup, des usuriers.
Il est à souhaiter que les administra-
tions civiles entrent aussi piomptement que
possible dans la voie que vient de leur ou-
vrir l'administration militaire. Ce que le
ministère de la guerre a su faire, les autres
ministères peuvent bien l'imiter pour leurs
ressortissants.
Réellement ce sera un bienfait pour les
fonctionnaires pauvres, qui sont, au bout
du compte, les plus nombreux.
— ;
Bretons et catholiques touj ours!
J'avais, l'autre jour, entre les mains une
lettre écrite par un prêtre à une jeune fille du
Finistère, servante à Paris. Il y était dit :
« N'oubliez pas que nous sommes Bretons et
catholiques avant tout et que nous devons
l'être toujours ! »
Catholiques avant tout et toujours! Voilà la
grosse question, pour laquelle les curés et les
nobles d'Armorique ne peuvent digérer la
statue de Renan sur la place de Tréguier.
Cette statue, à deux pas de celle de Saint-
Yves, c'est l'idée nouvelle qui s'implante en
Bretagne, ce coin de France où, hier encore,
étaient conservés intactes les vieilles traditions
cléricales et réactionnaires.
Le clergé breton est fort en colère. Il ne
faut pas que ceux des Bretons qui lui restent
deviennent Français et républicains; il est né-
cessaire qu'ils demeurent catholiques, parce
que c'est là le seul moyen de les dominer et de
conserver quelque part une dernière forteresse
de l'obscurantisme et du mensonge.
S'ils devenaient Français, dans le sens absolu
du mot, ces braves Bretons, ils réclameraient
tous leurs droits. Ils chercheraient à s'affran-
chir de la misère physique et morale que font
peser sur eux les prêtres et les nobles ; car,
dans ce pays où ilorit le catholicisme dans
toute sa splendeur, il y a plus de misère que
partout ailleurs.
Les Bretons sont des Français. Ils sont nos
compatriotes au même titre que les habitants
de toutes les autres provinces.
Ils ont été assez Bretons et catholiques ; nous
avons le devoir de leur montrer que, par delà
les limites étroites d'un horizon que l'Eglise
leur a limité, il y a une France, grande et gé-
néreuse, qui est anticléricale, ne veut plus des
dogmes menteurs et demande l'homme libre,
fier et indépendant, toujours égal moralement
et toujours de plus en plus heureux d'exer-
cer les principes de la vraie fraternité sociale.
La statue de Renan en pleine Bretagne, c'est
la Bretagne française et républicaine qui parle
et qui s'affirme. Elle montre à ses frères en-
core en retard tout ce qu'il y a de beau et de
grand dans les principes républicains, dans la
morale laïque, elle ne craint pas la comparai-
son. Quand ils auront établi un parallèle entre
les doctrines mesquines du curé et les idées,
grandes et généreuses, de justice sociale sur
lequelles repose l'idéal républicain, nos frères
de Bretagne comprendront certes qu'ils ont été
trompés pendant des siècles, que les bienfaits
de la Révolution leur ont été, jusqu'à présent,
volés par un clergé dominateur, ils voudront
alors non plus être seulement catholiques, mais
demanderont à être, ce qu'ils regrettent de
n'avoir pas toujours été : Bretons sans doute,
mais Français et Républicains avant tout. —
Will Darvillé.
-——————————— ————————————
ÉTUDIANTE RUSSE MEURTRIERE
(De notre correspondant particulier)
Saint-Pétersbourg, 12 septembre.
A Kischenew , Mlle Hélène Tcherenkowa,
-élève du lycée de jeunes filles, qui devait passer
son baccalauréat, a tiré deux coups de revolver
sur M. Panteleï Laso, ancien rédacteur en chef
du journal antisémite le Bessarabetz. M. Laso
a eu le poumon gauche perforé. Son état est
désespéré.
A LA CAMPAGNE
LE TEMPS ET LES RECOLTES
Un vilain été. — Forte récolte de blé.
— En France et à l'étranger. —
Vins d'Algérie et de Tunisie.
En Normandie.
Tenons-nous enfin l'été ? Après six semaines
de pluies presque incessantes, ce ne serait
vraiment pas trop tôt. Dans tous les cas, les
jours que nous traversons sont, assurément,
les plus beaux et les plus favorables à la cul-
ture que nous ait donnés l'année 1903.
Les agriculteurs mettent à profit cette bonne
aubaine ; dans le Nord, pour achever de ren-
trer leurs récoltes, pour poursuivre les batta-
ges dans la région moyenne et enfin pour
commencer les vendanges dans le Midi.
On a fait d'excellente besogne, et les cultiva-
teurs qui avaient mis leurs blés en moyettes
sont généralement satisfaits de la récolte, tant
au point de vue de la qualité qu'à celui de la
quantité. - --- - - -
A côté des blés humides, mal soignés et
rentrés trop tôt, il y aura donc aussi du bon
grain, et ce sera la grande majorité, même
dans les contrées les plus éprouvées.
Avec le beau temps, un changement radical
s'est opéré dans l'opinion qu'on se faisait de la
récolte du blé.
Il y a trois semaines, on ne parlait que de
froments versés, humides ou germés, mainte-
nant, tout est beau. Il n'est plus question d'une
production moyenne, mais bien d'une forte
récolte.
Il en est qui ne craignent pas d'insinuer
que la récolte atteindra de 130 à 140 millions
d'hectolitres !
Il convient de ne pas tomber dans l'exagé-
ration et c'est ce qu'on parait vouloir faire.
Quoi qu'il en soit, il n'en faut pas moins
constater que les offres de marchandises ont
été plus nombreuses sur tous les marchés. De-
puis quinze jours, une baisse de 1 fr. à 1 fr. 50
par quintal s'est produite ; sur certaines halles,
le recul a été encore plus accentué.
Cette dépréciation est causée par le fait que
les rendements sont beaucoup plus importants
qu'on n'avait pu le supposer et que nous som-
mes en présence d'une forte production qui ne
paraît pas devoir se caser facilement dès les
débuts. Il ne faut pas que les cultivateurs se
leurrent d'un espoir chimérique et comptent
vendre leurs grains un prix très élevé. Malgré
les intempéries, si nombreuses cette année, la
récolte est supérieure à celle de l'année 1902,
qui cependant n'était pas déficitaire. Ces ré-
sultats sont tout à l'honneur de la culture fran-
çaise et de ses vaillants agriculteurs.
La production étrangère
Les nouvelles qui nous sont parvenues de
l'étranger semblent aussi indiquer une abon-
dante production de grains.
En Italie, les rendements ont été abondants
dans tout le pays et notamment dans le Pié-
mont, dans les districts méditerranéens, l'Om-
brie et les Marches
En Russie, la moisson tire à sa Htt ef la ré-
colte s'annonce comme devant atteindre une
bonne moyenne.
En Belgique, la situation avait paru peu
brillante il y a quelques semaines. Il a suffi
do quelques beaux jours pour modifier com-
plètement l'état des cultures. Lés cultivateurs
belges comptent sur un bon rendement.
t ce Allemands nnt p,"" vivflmflnt contrariés
dans leurs récoltes par le mauvais temps, —
ils ne sont pas les seuls malheureusement -- là.
également, les rendements seront satisfaisants.
En Autriche-Hongrie, il parait que les ren-
dements. de cette année seront supérieurs à
ceux de l'an dernier.
Des Etats-Unis, de la République Argen-
tine, du Canada et de l'Australie nous parvien-
nent des renseignements très satisfaisants sur
l'état des cultures.
Tout y fait présager une abondante récolte,
Les vignobles de France
Si, en co qui concerne les céréales, la situa-
tion est satisfaisante, il n'en est plus de même
pour les vins.
Les vilains étés, comme celui que nous tra-
versons et qui va d'ailleurs finir dans quel-
ques jours, ont le grand inconvénient d'être
peu favorables à la maturation des raisins.
Il y a bien des chances pour que la récolte
en vins ne donne satisfaction ni pour la qua-
lité ni pour la quantité.
On annonce, cependant, que la qualité sera
assez satisfaisante dans le Midi, en raison du
temps favorable dont nos Méridionaux ont eu
le bonheur de jouir dans la dernière quin-
zaine. - t
Les vendanges battent déjà leur plein dans
l'Hérault et le Gard. Des milliers de vendan-
geurs sont arrivés dans ces départements pour
prendre part à ces importants travaux de ré-
colte. Le seul département de la Lozère en a
fourni, dit-on, plus de dix mille.
Les prix semblent devoir se maintenir assez
élevés.
A Béziers, la propriété demande de 2 fr. 40,
à 2 fr. 50 le degré sur souches et on abouti-
rait facilement à 2 fr. 30. A Montpellier on
parle de 2 fr. 50, 2 fr. 65 et 2 fr. 7t5, suivant
quali'é.
Dans le Houssillon, où la récolte sera bonne,
les viticulteurs maintiennent fermement leurs
prix et ne veulent pas vendre à moins de
2 fr. IiO le degré sur souches.
La situation vinicole en Algérie
Les vins d'Algérie ont déjà fait leur appari-
tion sur les marchés ; la qualité en est satis-
faisante, à tous les points de vue,
Les premiers ont été vendus de 30 à 32 francs
l'hectolitre rendu à quai, à Cette.
Les viticulteurs algériens sont très satisfaits
de leur récolte; ils auront la qualité et la quan-
tité.
Aux environs d'Alger, on vend à raison de
27 à 28 fr. l'hectolitre de vin à 12°, ce qui met
.le vin à environ 2 fr. 25 le degré.
Enfin, en Tunisie, les vins nouveaux se
sont vendus de 24 à 28 fr. l'hectolitre. -
Pommes et cidres
« Ponr des pommes, il n'y a pas de pom-
mes » dirait un Normand. *
Les pays producteurs de cidres sont, en effet
mal partagés et il ne faut compter que sur une
très petite récolte de fruits.
De ci, de là, il y a bien quelques bons ver-
gers, mais ils sont placés de loin en loin.
Normands, Bretons et autres buveurs de ci-
dre ne pourront pas faire bombance cette an-
née. Il faudra forcément allonger le bouillon et
encore aura-t-on bien du mal à remplir les
fûts.
Le manque de pommes constitue un vérita-
ble désastre pour ces régions.
Dans quelques localités, le repas du matin,
quelquefois celui du soir est constitué par une
rôtie au cidre. La frugalité du paysan accepte
pour déjeuner ou pour souper un semblable
repas. JI va sans dire que plus le cidre est gé-
néreux plus le repas est substantiel.
Dans tous les pays où le cidro va manquer
il se fera une grande consommation d'alcool
d'industrie.
Ce sera, certes, un vrai fléau et mieux vau-
drait le plus petit picolo que la meilleure de
ces tristes mixtions dont le commerce abreuve..
nos populations quand les boissons alimentai-
res viennent à manquer.
A. MONTOUX.
DES SIÈGES !
Il y a une loi du 29 décembre 1900 qui oblige
les patrons à mettre dans les magasins des siè-
ges à la disposition du personnel féminin. Si
l'on parcourt, à quelque heure que ce soit,beau-
coup de magasins de Paris ou de province, on
s'aperçoit bien que cette loi est demeurée lettre
morte.
C'est donc vainement que le législateur a
voulu diminuer les fatigues des employées du
sexe faible et mettre fin aux abus dont elles
étaient victimes. Les sièges sont bien là, ils
étaient là même avant le vote de la loi de 1900 ;
ce qui manque aux demoiselles de magasin,
c'est l'autorisation d'en faire usage.
Et comment en serait-il autrement ? Jusqu'à
présent, l'Etat n'avait aucun moyen de con-
trôle. La loi était en vigueur, il ne pouvait en
surveiller l'application, les inspecteurs du tra-
vail ne pouvaient légalement pénétrer et ver-
baliser dans les magasins.
Prochainement, grâce à la loi récemment
votée en modification de la loi du 12 juin 1893,
il en sera autrement. L'inspecteur du travail
entrera dans les établissuments de commerce,
il pourra interroger les employées, écouter leurs
plaintes, enregistrer leurs réclamations et ver-
baliser s'il y a lieu.
Et ainsi sera amélioré dans une faible me-
sure la condition très dure du personnel fé-
minin, de qui l'on exige malheureusement
trop souvent, un travail très pénible et parfois
même au-dessus de ses forces.- Charles Darcy.
——_———————— ————————————.
UNE GRAVE AFFAIRE
Nous avons annoncé quo deux fillettes de
Montluçon, Louise et Charlotte Ortu, qui
,avaient disparu depuis plusieurs jours, avaient
été retrouvées au couvent du Bon Pasteur, à
Moulins.
A propos de ces faits, l'Agence Nationale
publie la dépêche suivante :
Moulins, 12 septembre.
- Louise et Charlotte Ortu, ces deux fillettes de
Montluçon qui avaient disparu depuis plusieurs
jours, viennent d'être retrouvées à l'orphelinat du
Bon Pasteur, à Moulins.
Voici les déclarations qui ont été faites à ce sujet,
par la supérieure de l'établissement :
Dimanche soir des dames qui se promenaient
place de la Gare, à Moulins, aperçurent vers a h.
.du soir, les deux fillettes qui pleuraient. Leur ayant
demandé ce qu'elles avaient, elles répondirent
qu'elles voulaient aller voir leur sœur chez les re-
ligieuses du Bon Pasteur. Et c'est ainsi que ces
dames nous amenèrent ces malheureux enfants.
qui étaient couverts de vermine.
Et la supérieure a ajouté à la police venue pour
l'enquête :
Nous n'avons fait aucune difficulté pour les re-
cevoir, car non seulement nous avons déjà leur
sœur aînée, âgée de 14 ans, chez nous, mais encore
les fillettes nous déclarèrent que leurs parents
étaient morts. Depuis nous avons appris que cela
n'était pas. Les enfants nous ont alors déclaré que
c'était une voisine qui les avait mises dans le
train, à Montluçon, en leur disant : Allez rejoindre
votre sœur à Moulins ; chez les religieuses du Bon
Pasteur, vous y serez mieux que chez vos parents.
Telle est la déclaration faite par la supérieure.
La justice est saisie de l'affaire.
L'ARBITRAGE INTERNATIONAL
A l'Union interparlementaire à Vienne, où
les députés tchèques sont représentés par MM.
Hérold, Schwarz, Ichélakowsky, Kratochvil,
Bedlik et Khôura, M. Hérold — qui, soit dit
en parenthèses, a accompli le tour de force de
parler en trois langues, en tchèque, en fran-
çais et en allemand! — a salué l'assemblée au
nom de la nation tchèque et, après avoir rap-
pelé que déjà au quinzième siècle le roi de
Bohême, Georges de Podiébrad, avait institué
un arbitrage international, il a prononcé un
remarquable discours, dans lequel il i exposé
très clairement que le but principal de l'Union
interparlementaire devrait être la création
d'un droit des peuples et des nations.
La paix actuelle, a-t-il dit en résumé, n'offre
aucune garantie pour l'avenir, car elle n'est
basée que sur les faits et non pas sur le droit.
Les Etats se sont formés par les guerre, et
comme la paix actuelle est le résultat des
guerres précédentes, elle contient aussi les
germes de guerres futures. Il faut donc créer
une base de droit international, lequel doit se
développer comme s est lorme le droit civil.
D abord il y avait le droit naturel, puis le
droit. d'usage, et enfin, le droit écrit, codifié.
De même, dans la vie des nations il y a un
droit naturel, et c'est sur ce droit naturel qu'il
faut fonder un droit d'usago et puis des lois
codifiées. L'Union interparlementaire doit donc
propager l'idée de créer une base pour la for-
mation du droit des peuples et des nations. De
mémo que la civilisation do chaque nation
n'est pas sa propriété à elle, mais la propriété
commune de tout le monde, nous tous devons
lutter pour la propagande d'un droit des na-
tions, basé sur leur droit de disposer libre-
ment clics-mêmes de leur sort.
Ce discours a été vivement applaudi de tous
les côtés. — (Correspondance Tchèque.)
,
Les Canons des Chevaliers de Malts
(De notre correspondant particulier)
, Gônes, 12 septembre.
Un syndicat génois, à la tête duquel se
trouve M. Bottazzi, vient d'acheter au gouver-
nement ottoman 700 vieux canons qui servaient
jusqu'ici à l'armement des places de la Tripoli-
taine et des côtes cyrenaïques.
L'affaire a été traitée par l'intermédiaire de
Ballari Pacha, commandant de la place de
Tripoh: Los pièces datent de l'époque où les
chevaliers de Malte occupaient la Tripoli-
taino.
ESPIONNAGE PRUSSIEN EN RUSSIE
(*)e notre correspondant particulier)
Varsovie, 12 septembre.
L'ingénieur prussien Paschke, qui a été ar-
rêté à la frontière russe sous l'inculpation d'es-
pionnage, vient d'être condamné par la cham-
bre criminelle de cette ville à six ans de dépor-
tation en Sibérie.
L'EXHUMATION DU ROI ALEXANDRE
(De notre correspondant particulier)
Belgrade, 12 septembre.
L'ex-reine Nathalie, dit-on, a l'intention de
faire exhumer les dépouilles mortelles du roi,
Alexandre, son fils, et de les faire transporter
à Krouscheio où elles seront enterrées à côté
de la tombe du roi Milan.
Ello réclamera prochainement au roi Pierre
le corps du malheureux roi assassiné.
LES FÊTES DE RENAN
La journée des « Bleus »
A Tréguier.- L'affluence des Bretons.
— Lever de rideau. — Banquet ré-
publicain. — Matinée populaire.
— Préparatifs pour l'inau-
guration.
(De notre envoyé spécial)
Tréguier, 12 septembre.
Malgré la pluie qui ne cesse de tomber,
malgré le froid, l'animation est très vive
dans les rues. L'affluence est considérable et à
chaque instant arrivent des curieux ou des
délégations de Bretons, venus pour prendre
part à la manifestation républicaine de demain.
Le succès dépasse tout ce qu'on avait prévu.
Les bleus de Bretagne ont recueilli pour le
banquet démocratique de demain plus d'adhé-
sions qu'il n'y a de place. On a installé des
tables supplémentaires, et malgré cela, un se-
cond banquet aura lieu, concurremment avec
le banquet que présidera M. Combes, et sera
présidé par M. Armand Dayot.
: On vend ici des cartes postales illustrées.
avec photographies et pensées d'Ernest Renan.
On se les arrache littéralement.
La décoration de la ville a été achevée ce
matin. Les rues par lesquelles passera le cor-
, tège sont maintenant jalonnées de mâts ornés
de drapeaux, reliés entre eux par des bandes
"de toile rouge ou blanche, sur lesquelles on a
■ imprimé des adresses de bienvenue aux invités.
officiels.
Tout autour de la cathédrale, des mâts or-
nées de trophées sont reliés par des bandes
portant des inscriptions du genre suivant :
« Vive la raison ! Vive la libre pensée ! Gloire
à Renan ! Vive la République ! »
Sur la façade même de l'église on peut lire
des inscriptions semblables, et des drapeaux
tricolores surmontent le clocher de l'église.
Comme les cléricaux, à l'instigation du
clergé, ont annoncé avec grand fracas qu'ils
avaient l'intention de faire une manifestation
hostile à la célébration de la cérémonie de de-
main, des mesures de précaution très énergi-
ques ont été prises. Le bruit ayant couru que
le clergé ferait sonner les cloches de l'église
pendant la cérémonie, le maire a pris un ar-
rêté interdisant la sonnerie des cloches demain
matin, de 11 h. à 1 h., tandis que seront pro-
noncés les discours devant la statue, qui,
comme on sait, sera érigée sur la place où se
trouve l'église. D'ailleurs au bas du clocher
des gendarmes seront postés qui empêcheront
qui quo ce soit d'y pénétrer.
Le gala
La musique des équipages de la flotte est ar-
rivée ce matin,sous la direction de son chef,M.
Farigoul.
La vaste tente sous laquelle a eu lieu, cet
après-midi, la matinée de gala, et qui sera
transformée demain en salle de banquet, avait
été renversée par l'orage d'hier. Les a Bleus1»,
aidés par des marins en congé, ont tout remis
en état pendant la nuit.
Dès 1 h., les invités des bleus ont commencé
à arriver et lu service d'ordre qui avait été or-
ganisé pour régler l'entrée des invités a dû
être doublé.
La matinée a commencé à 2 b. 10 exacte-
ment, avec le concours d'artistes de la Comé-
die-Française et de l'Opéra. Le succès a été
très grand pour les artistes et pour les orga-
nisateurs de ces réjouissances.
M. Le Dantec, l'éminent maître de conféren-
ces à la Sorbonne, a fait une conférence des
plus intéressantes sur Renan (l'Ennemi du
peuple).
Mlle Demougeot, de l'Opéra, a chanté l'air
de Guillaume Tell; la Vieille chanson, de Bi-
zet ; M. Barthet, do l'Opéra, a chanté la Char-
rue, de Galbier, et le Benvenuto, de Diaz. Tous
deux ont chanté ensuite le duo d'Hamlet. M.
Fenoux, Mlle Dolvair. de la Comédie-Fran-
çaise, ont dit les Pauvres gens et YOceano nox,
de Victor Hugo. Ils ont joué Jean-Marie, pièce
bretonne do M. A. Theuriet.
Les applaudissements n'ont pas été ménagés
aux talentueux artistes.
Les délégués bretons
Un banquet de 300 couverts a réuni ce soir
les délégués bretons à Tréguier, sous la prési-
dence de M, Paul Guieysse, député du Mor-
bihan. président des Bleus de Bretagne. A ce
banquet M. Guieysse a prononcé un grand dis-
cours républicain, dont voici les principaux
passages :
Salut à vous tous, Bretons et amis groupés dans
cette fraternelle réunion, salut particulièrement à
vous, mon cher amiral, qui avez tenu à venir nous
présider. C'est la première fois quo les « Bieus »
tiennent dans leur chère Bretagne leurs assises. Je
suis heureux que cette première réunion ait lieu à
.Trégiiier, lieu de naissance de notre illustre com-
patriote Renan. En Bretons, amis des traditions,
nous reprenons ainsi celle du diner celtique qui
eut lieu à Tréguier il y a Vingt ans, quand Renan
revint, appelé par ses compatriotes, visiter sa ville
natale et la vieille maison familiale.
Les fètes d aujourd hui ont pris, par le fait des
circonstances' un caractère spécial. Quand mon
ami Dayot et quelques bons Bretons ont eu, il y a
cinq ans, l'idée de la création des « Bleus de Bre-
tagne », dont j'ai le grand honneur d'être le pré-
sident, notre but était de grouper les bonnes vo-
lontés éparses, d'en former des faisceaux do résis-
tance, et nous avions pensé quo l'un de nos meil-
leurs moyens d'action, était de célébrer en Breta-
gne les événements et les hommes capables d'être
un enseignement.
Hoche fut le premier choisi pour ce but, et d'au-
tant plus heureusement que par la noblesse de son
caractère, il contrastait davantage avec les miséra-
bles qui déshonoraient l'armée par leurs faux et
leurs mensonges; nous l'avons fêté l'an dernier, à
Quiberon, vous savez avec quel enthousiasme. Dès
le premier jour il avait été convenu que nous cé-
lébrerions ensuite Henan, dont la France entière
est si Hère, mais qui était resté Breton de cœur
pensant toujours à sa Bretagne dans les ruines de
l'Acropole comme dans les solitudes de la Judée,
et dont le grand bonheur était de revenir chaque
année au pays natal. C'est lui que nous fêterons
demain, lui io penseur libre, l'ami de la vérité à
qui la Franco entière. le gouvernement de la Répu-
blique et ses illustres collègues viendront porter
Je tribut de la Franco, du monde intellectuel tout
entier.
Mais Bretons, Bleus mes amis, nos adversaires
ne veulent pas nous laisser célébrer notre fête en
paix : des torrents d'injures ont été déversés sur
Renan, des appels aux aimes mal déguisés ont été
lancés par la presse. Les âmes boueuses no peu-
vent pardonner à Celles qui se dégagent du bour-
bier 1 Mais laissons les ordures à ceux qui les re-
muent.
Dans la lutte que nous soutenons, et que nous
devons entrevoir plus âpre que jamais, n'ayons
qu'un but on vue, celui du triomphe de la Justice,
du Droit et de la Vérité. La société moderne est en
transformation rapide, depuis que les efforts des
républicains en ont préparé la voie. Efforçons-nous
d'en hâter l'évolution, en donnant aux travailleurs
le droit à la vie, sous toutes les formes compatibles
avec un état social établi.
C'est le programme que soutient le gouverne-
ment de la République. Que ceux qui veulent con-
courir à sa réalisation viennent à nous et restent
avec nous. Que les sections des « Bleus » se multi-
plient dans tous les centres, où quelques hommes
de bonne volonté peuvent se grouper, sans crain-
dre les attaques et les viles calomnies auxquelles
ils seront nécessairement fin but. Qu'ils sachent
bien que leurs amis ne les abandonneront pas 1
Cest l'appel que fait aux républicains bretons
l'association des « Bleus de Bretagne n. J'espèra
qu'il sera entendu, et dans cette pensée, je lève
mon verre en l'honneur de la démocratie bretonne
en lutte contre le cléricalisme.
L'amiral Réveillêre, répondant à M. Guieysse,
constate que le banquet de ce soir est le pre-
mier banquet des Bleus en province, et mar-
que une date dans l'histoire de la Société. 1
montre la part prise par les Bleus dans l'érecl
tion du monument Renan.
L'influence de la Société des Bleus, ajoute-t-
il, vient de ce qu'elle a su formuler en deux,
mots la volonté commune : indépendance in-
tellectuelle dont la forme nécessaire est la su-
prématie du pouvoir civil. Cette pensée com-
mune : suprématie du pouvoir civil, est le lien
d'une solidité à toute épreuve, d'un faisceau
formé d'éléments très divers, allant des socia-
listes les plus avancés, aux libéraux restés fidè-
les à la doctrine de 1789.
Chacun de nous réserve ses opinions person-
nelles, chacun de nous conserve sa liberté d'ac-
tion, et d'ailleurs, nous n'en formons pas moins
un bloc inséparable, soudé par l'horreur de la
réaction sous sa forme la plus hideuse : le ce"
sarisme exhortant la conscience religieuse dans
un but politique.
Demain ,
Voici le programme de, la journée de demain
dimanche :
A 10 h., arrivée' des ministres, qui seront
reçus à l'entrée de la ville par le conseil muni-
cipal et se rendront en cortège sur la place oil
doit avoir lieu l'inauguration.
Plusieurs discours seront prononcés par M.
Chaumié, ministre de l'instruction publique, à
qui le maire de Tréguier fera remise de la sta-
tue ; par M. Guieysse, président .des « Bleus
de Bretagne » et par M. Berthelot. M. Jean
Psichari, gendre d'Ernest Renan, remerciera
au nom de sa famille les « Bleus de Bretagne »,
les souscripteurs et l'Etat.
Une pièce de vers de circonstance sera
dite par une artiste de la Comédie-Fran-
çaise.
Après l'inauguration, grand banquet démo-
cratique sous la présidence de M. Combes.
Le président du conseil quittera Tréguier
dans la soirée du 13, pour retourner directe-
ment à paris.
M. Chaumié, au contraire, passera la nuit
à Tréguier et restera trois jours dans la ré-
gion.
(Vir la suite dans notre DEUXIEME EDITIONi
LA MAISON DE DANTE
(De notre correspondant particulier)
Florence, 12 septembre.
On a commencé les travaux de démolition
pour dégager la maison de Dante qui se trou-
vait enclavée dans des bâtiments d'usines mo-
dernes.
Les cabanes enlevées, les murs de la tourelle
qui donne sur la rue Marguerite seront libres.
On rétablira aussi le petit carrefour qui exis-
tait du vivant de Dante Alighieri.
Les vieilles maisons qui sont dans l'entourage
seront respectées, afin de laisser à ce coin son
caractère historique.
UN REGIMENT MACÉDONIEN EN AMÉRIQUE
(De notre correspondant particulier)
New-York, 12 septembre.
Les Macédoniens résidant à Chicago ont levi
un régiment qu'ils équipent à leurs frais. Un
ancien lieutenant bulgare sera le chef de cette
troupe, qui doit rejoindre les insurgés en Ma-
cédoine.
On s'est entendu avec un armateur qui se
chargera de transporter les hommes jusqu'à
la côte macédonienne.
Voir à la 30 page
les Dernières Dépêches
L'INSURRECTION EN MACÉDOINE
L'escadre française
Toulon, 12 septembre.
Le croiseur Latouche- lréviue est parti dans
la nuit, pour le Levant, à la suite d'ordres re-
çus télégraphiquement de Paris.
Le DM-Chayla doit partir lundi, et ces deux
croiseurs seront suivis, s'il est nécessaire, pat
le cuirassé Brennus et le croiseur Linois. (Para-
LvuuveuesJ.
Toulon, 12 septembre.
Les navires définitivement désignés pour
former une division navale dans le Levant,
sont le Po lituau, le Jauréguiberry et le Latouche-
Tréville.
Ce dernier a quitté subitement notre rade.
On croit que les autres navires partiront
lundi.
La presse autrichienne
Vienne, 12 septembre-
Le Nenes Tagblatt dit que la situation a pris
un caractère qui nécessite des mesures décisi-
ves. « Vraisemblablement dit-il, la France en-
voie des navires de guerre dans les eaux tur-
ques par crainte d'une nouvelle aggravation de
la situation. On peut prévoir que les autres
puissances ne reculeront pas devant la déci-
sion de prendre une pareille mesure. »
Nouvelles de source turque
Constantinople, 12 septembre.
Le départ d'un régiment de cavalerie harai-
dieh pour Andrinople a été contremandé au
dernier moment, à la suite, croit-on, de l'in-
tervention d'une ambassade.
Un nouvel engagement a eu lieu, le 6 sep-
tembre, à Klissoura entre les insurgés et les
troupes turques qui occupent la ville.Celles-ci
ayant reçu des renforts ont repoussé les insur-
gés après un vif combat dans lequel il y a eu
des pertes sérieuses do part et d'autre.
- La - dynamite
Constantinople, 12 septembre.
Un attentat à la dynamite a été commis sur
la ligne de jonction à Cumurtchina, vilayet
d'Andrinople: plusieurs mètres de rails ont
été détruits. 11 n'y a eu que des dégâts maté-
riels, et aucune victime.
Les massacres
Londres, 12 septembre.
Suivant le rapport du consul anglais à Sa-
lonique, 300 insurgés qui avaient été cernés par
les Turcs à Zalcnitz et qui avaient fait leur sou-
mission ont été massacrés.
La famine
Athènes, 12 septembre..
D'après les rapports des consuls de Grèce en
Macédoine, toute la récolte est détruite ; la fa-
mine menace les populations.
Les Grecs et le gouvernement ont décidé
d'envoyer de suite des secours en espèces.
Un jnémoire dea insurgés
Cologne, 12 septembre.
On télégraphie de Sofia, à la Gazette de CG-,
logne:
Les mandataires de l'organisation macédonieaM
secrète ont remis aujourd'hui aux représentant
PARIS & DÉPARTEMENTS
Le Numéro CINQ CENTIMES.
ANNONCES
VX BUREAUX DU JOURNAL
14, rue du Mail, Paris.
Et Chez MM. LAGRANGE, CERF etC"
6, place de la Bourse, 6
Adresse Télégraphique : XIX- SIÈCLB - PAlUI,
ABONNEMENTe
Paris. Trois mois 6 f. six mata 11 f. un an 20 f.
Départements — 7 f. — 12 f. — 24 tw
Union Postale - 9f. — 16f. - 32L;
t~B ont reçus sans frai
to les Bureaux de Poste
e 1 .,
REDACTION: 14, rue du Mail, Paris
De4 à 8 heures du soir et de 10 heures du soir à 1 heure du matin
Wo 12239. — Lundi 14 Septembre 1903
28 FRUCTIDOR AN 111
ADMINISTRATION 5 14, rut' du Mail
Adresser lettres et mandala t l'A. d-yu, nistrateu,
NOS LEADERS
LU C10MGÉE
L'autre jour, relevant les paroles
injustes, ingrates, prononcées par M.
Labori au cours d'une plaidoirie, je
lui demandais si vraiment, en cons-
cience, il ne croit pas que du chemin
ait été parcouru depuis l'affaire Drey-
fus — et grâce à l'affaire Dreyfus.
Je désirerais vivement aujourd'hui
savoir ce qu'il pense de l'affaire Loize-
mant.
De cette affaire en elle-même je ne
dirai rien; rien, d'ailleurs, je crois,
n'étant à ajouter, pour le moment, à
l'exposé très complet qui en a été fait
hier même dans nos colonnes.
Mais que de l'enquête actuellement
poursuivie doive sortir la confirmation
du verdict rendu par le jury de l'Aisne
ou, au contraire, la démonstration de
l'innocence du condamné, ce qui se
passe à propos de cette affaire est
d'une importance capitale, marquera,
si je puis ainsi dire, une date dans
l'histoire de la justice en France.
Sans qu'aucune demande en revision
ait été régulièrement introduite — et
il ne pouvait pas en être introduit,
puisqu'il n'y a pas, aux termes de la
loi, de « fait nouveau », — en l'ab-
sence, donc, de tout fait nouveau, li-
brement, spontanément, par ce seul
motif que des doutes se sont élevés,
qu'il peut y avoir, au bénéfice du con-
damné, présomption d'innocence, que,
peut-être, l'instruction de l'affaire n'a
pas été conduite avec toute l'impartia-
lité nécessaire et que des considéra-
tions accessoires, étrangères, ont pu
influer sur la décision des jurés, de sa
propre initiative, je le répète et j'y in-
siste, la justice, représentée ici comme
SI sied, par le chef suprême de la ma-
gistrature, par le garde des sceaux,
.s'émeut, se livre à une nouvelle étude,
approfondie, des faits passés à l'état de
chose jugée.
***
- Cela est sans précédent.
tes bons juges, M. Magnaud, M.
,Seré de Rivières, qui ont été maintes
fois accusés de « devancer » la loi dans
leurs généreuses ardeurs réformatri-
ces, sont ici bien dépassés.
La loi, en effet, détermine étroite-
ment les conditions dans lesquelles
peut être effectuée la revision d'un pro-
cès criminel M. Vallé a passé outre, il
n'a pas hésité à franchir les limites
dans lesquelles la loi a voulu enfer-
mer l'œuvre de la justice. Il a ainsi
subordonné la loi écrite aux nécessités
de la justice.
Il a pensé que ce qui n'est pas pos-
sible, c'est que des prescriptions lé-
gales fassent obstacle infranchissable
à la satisfaction de ce besoin de justice
qui est l'angoisse de tous les cœurs
loyaux. Il a dit : — Avant tout, et mal-
gré tout, s'il le faut, la justice.
- Mais ne vous y trompez pas : c'est
l'affaire Dreyfus qui pousse, c'est l'af-
faire Dreyfus qui grandit.
C'est à dessein que je me suis servi
tout à l'heure de cette expression : la
chose jugée.
C'est contre le respect de la chose
jugée que se sont heurtés d'abord ceux
qui demandaient la revision du mons-
trueux procès de 1894.
« Il y a chose jugée », répétaient
Méline et Billot.
Mais nous avons enjambé l'argu-
ment misérable ; nous avons pour-
suivi notre route vers la vérité, vers la
lumière, vers la justice. -
Et aujourd'hui qu'à la condamnation
de Paris s'est ajoutée la condamnation
de Rennes, et qu'ainsi, il y a chose
doublement jugée, qui donc, parmi les
gens de bonne foi, oserait contester
l'innocence du capitaine Dreyfus ?
Et qui donc, après l'acquittement de
1898, oserait dire qu'Esterhazy est in-
nocent ?
Le respect de la chose jugée': oui :
quand la chose jugée est respectable.
Le sont-ils, les arrêts qui ont con-
damné Dolet, La Barre, Lesurques ?
—« Si vous faites cette loi, s'écriait
un jour Royer-Collard, je jure de lui
désobéir. » — De même, l'honnête
homme a le droit de dire à des juges
qu'il a lieu de croire ou soumis à l'er-
reur ou en proie à des influences cor-
ruptrices : Si vous rendez cet arrêt, je
jure de le mépriser.
Ah ! ce respect sourd et aveugle,au-
tomatique, de la chose jugée, sous le-
quel ont été écrasées tant de justes re-
vendications, qui a étouffé tant de cla-
meurs d'innocence, qui a permis tant
fle crimes, nous l'avons tué, nous, les
dreyfusards,— et quel orgueil de pou-
voir écrire ces trois mots-là !
***
Le respect de la chose jugée ordon-
nait à M. Vallé, puisqu'il n'était saisi
d'aucune demande de revision, puis-
qu'aucun fait nouveau n'était produit,
d'ignorer les doutes qui s'élèvent au-
tour de la condamnation de Loizemant,
l,. se fermer les oreilles et le cœur,
et de laisser, impassible, les choses
suivre leur cours.
Rencontrerait-on aujourd'hui quel-
qu'un pour affirmer que le respect de
la chose jugée existe encore ? Il n'est
plus ; il a été rejoindre dans l'égout
du passé toutes les choses mortes; nous
l'avons tué.
Qu'en pense M.Labori, lui qui, l'au-
tre jour, déclarait si légèrement que
de l'affaire Dreyfus rien n'était sorti ?
Croit-il vraiment que ce qui se fait
pour Loizemant eut été possible avant
l'affaire Dreyfus ? Par où la justice pas-
serait-elle si à coups répétés nous
n'avions pas ouvert la brèche ?
Voici l'anniversaire de la mort de
Zola. Quelle joie puissante et sereine,
au milieu de l'amertume des regrets
avivés, de penser que les efforts de
tant de généreux cœurs n'ont pas été
vains. Je disais: l'affaire Dreyfus pousse.
Oui; à mains pleines nous avons jeté
sur le sol profondément labouré, le
bon grain ; voici que déjà se montrent,
dans le creux des sillons, les vertes
promesses de ce qui doit être un jour,
par toute la terre et pour tous les hom-
mes, la moisson superbe de justice et
de vérité.
Lucien Victor-Meunier.
AVANCES SUR LES RETRAITES
Eh bien, voilà nne bonne me-
sure, et qui prouve qu'avec un
peu de méthode on peut suppri-
mer bien des abus :
Tous ceux qui, fonctionnaires
de l'Etat, ont passé par là : la
mise à la retraite, connaissent les déboires
que cette situation nouvelle débute par
leur apporter ; tout de suite, ils cessent de
toucher leurs appointements ; quand à leur
pension ils la toucheront lorsqu'elle sera
réglée. Et les mois passent ; le fonction-
naire qui n'a pas eu l'esprit de faire for-
tune, ou tout au moins de mettre un peu
d'argent de côté, connaît immédiatement la
misère la plus noire : le règlement de sa
pension va tout doucement, pendant ce
temDS là: l'Etat agit comme si ses employés
avaient les moyens d'attendre; ceux-cî ont
quelquefois ces moyens, ils ne les ont pas
toujours
Au ministère de la guerre on vient d'or-
ganiser un système en vertu duquel, il suf-
fira à l'officier mis à la retraite de se mu-
nir, au corps qu'il quitte, d'un certificat de
cessation de paiement, pour pouvoir tou-
cher une avance sur la pension en cours de
liquidation. Voilà bien des gens préservés,
du coup, des usuriers.
Il est à souhaiter que les administra-
tions civiles entrent aussi piomptement que
possible dans la voie que vient de leur ou-
vrir l'administration militaire. Ce que le
ministère de la guerre a su faire, les autres
ministères peuvent bien l'imiter pour leurs
ressortissants.
Réellement ce sera un bienfait pour les
fonctionnaires pauvres, qui sont, au bout
du compte, les plus nombreux.
— ;
Bretons et catholiques touj ours!
J'avais, l'autre jour, entre les mains une
lettre écrite par un prêtre à une jeune fille du
Finistère, servante à Paris. Il y était dit :
« N'oubliez pas que nous sommes Bretons et
catholiques avant tout et que nous devons
l'être toujours ! »
Catholiques avant tout et toujours! Voilà la
grosse question, pour laquelle les curés et les
nobles d'Armorique ne peuvent digérer la
statue de Renan sur la place de Tréguier.
Cette statue, à deux pas de celle de Saint-
Yves, c'est l'idée nouvelle qui s'implante en
Bretagne, ce coin de France où, hier encore,
étaient conservés intactes les vieilles traditions
cléricales et réactionnaires.
Le clergé breton est fort en colère. Il ne
faut pas que ceux des Bretons qui lui restent
deviennent Français et républicains; il est né-
cessaire qu'ils demeurent catholiques, parce
que c'est là le seul moyen de les dominer et de
conserver quelque part une dernière forteresse
de l'obscurantisme et du mensonge.
S'ils devenaient Français, dans le sens absolu
du mot, ces braves Bretons, ils réclameraient
tous leurs droits. Ils chercheraient à s'affran-
chir de la misère physique et morale que font
peser sur eux les prêtres et les nobles ; car,
dans ce pays où ilorit le catholicisme dans
toute sa splendeur, il y a plus de misère que
partout ailleurs.
Les Bretons sont des Français. Ils sont nos
compatriotes au même titre que les habitants
de toutes les autres provinces.
Ils ont été assez Bretons et catholiques ; nous
avons le devoir de leur montrer que, par delà
les limites étroites d'un horizon que l'Eglise
leur a limité, il y a une France, grande et gé-
néreuse, qui est anticléricale, ne veut plus des
dogmes menteurs et demande l'homme libre,
fier et indépendant, toujours égal moralement
et toujours de plus en plus heureux d'exer-
cer les principes de la vraie fraternité sociale.
La statue de Renan en pleine Bretagne, c'est
la Bretagne française et républicaine qui parle
et qui s'affirme. Elle montre à ses frères en-
core en retard tout ce qu'il y a de beau et de
grand dans les principes républicains, dans la
morale laïque, elle ne craint pas la comparai-
son. Quand ils auront établi un parallèle entre
les doctrines mesquines du curé et les idées,
grandes et généreuses, de justice sociale sur
lequelles repose l'idéal républicain, nos frères
de Bretagne comprendront certes qu'ils ont été
trompés pendant des siècles, que les bienfaits
de la Révolution leur ont été, jusqu'à présent,
volés par un clergé dominateur, ils voudront
alors non plus être seulement catholiques, mais
demanderont à être, ce qu'ils regrettent de
n'avoir pas toujours été : Bretons sans doute,
mais Français et Républicains avant tout. —
Will Darvillé.
-——————————— ————————————
ÉTUDIANTE RUSSE MEURTRIERE
(De notre correspondant particulier)
Saint-Pétersbourg, 12 septembre.
A Kischenew , Mlle Hélène Tcherenkowa,
-élève du lycée de jeunes filles, qui devait passer
son baccalauréat, a tiré deux coups de revolver
sur M. Panteleï Laso, ancien rédacteur en chef
du journal antisémite le Bessarabetz. M. Laso
a eu le poumon gauche perforé. Son état est
désespéré.
A LA CAMPAGNE
LE TEMPS ET LES RECOLTES
Un vilain été. — Forte récolte de blé.
— En France et à l'étranger. —
Vins d'Algérie et de Tunisie.
En Normandie.
Tenons-nous enfin l'été ? Après six semaines
de pluies presque incessantes, ce ne serait
vraiment pas trop tôt. Dans tous les cas, les
jours que nous traversons sont, assurément,
les plus beaux et les plus favorables à la cul-
ture que nous ait donnés l'année 1903.
Les agriculteurs mettent à profit cette bonne
aubaine ; dans le Nord, pour achever de ren-
trer leurs récoltes, pour poursuivre les batta-
ges dans la région moyenne et enfin pour
commencer les vendanges dans le Midi.
On a fait d'excellente besogne, et les cultiva-
teurs qui avaient mis leurs blés en moyettes
sont généralement satisfaits de la récolte, tant
au point de vue de la qualité qu'à celui de la
quantité. - --- - - -
A côté des blés humides, mal soignés et
rentrés trop tôt, il y aura donc aussi du bon
grain, et ce sera la grande majorité, même
dans les contrées les plus éprouvées.
Avec le beau temps, un changement radical
s'est opéré dans l'opinion qu'on se faisait de la
récolte du blé.
Il y a trois semaines, on ne parlait que de
froments versés, humides ou germés, mainte-
nant, tout est beau. Il n'est plus question d'une
production moyenne, mais bien d'une forte
récolte.
Il en est qui ne craignent pas d'insinuer
que la récolte atteindra de 130 à 140 millions
d'hectolitres !
Il convient de ne pas tomber dans l'exagé-
ration et c'est ce qu'on parait vouloir faire.
Quoi qu'il en soit, il n'en faut pas moins
constater que les offres de marchandises ont
été plus nombreuses sur tous les marchés. De-
puis quinze jours, une baisse de 1 fr. à 1 fr. 50
par quintal s'est produite ; sur certaines halles,
le recul a été encore plus accentué.
Cette dépréciation est causée par le fait que
les rendements sont beaucoup plus importants
qu'on n'avait pu le supposer et que nous som-
mes en présence d'une forte production qui ne
paraît pas devoir se caser facilement dès les
débuts. Il ne faut pas que les cultivateurs se
leurrent d'un espoir chimérique et comptent
vendre leurs grains un prix très élevé. Malgré
les intempéries, si nombreuses cette année, la
récolte est supérieure à celle de l'année 1902,
qui cependant n'était pas déficitaire. Ces ré-
sultats sont tout à l'honneur de la culture fran-
çaise et de ses vaillants agriculteurs.
La production étrangère
Les nouvelles qui nous sont parvenues de
l'étranger semblent aussi indiquer une abon-
dante production de grains.
En Italie, les rendements ont été abondants
dans tout le pays et notamment dans le Pié-
mont, dans les districts méditerranéens, l'Om-
brie et les Marches
En Russie, la moisson tire à sa Htt ef la ré-
colte s'annonce comme devant atteindre une
bonne moyenne.
En Belgique, la situation avait paru peu
brillante il y a quelques semaines. Il a suffi
do quelques beaux jours pour modifier com-
plètement l'état des cultures. Lés cultivateurs
belges comptent sur un bon rendement.
t ce Allemands nnt p,"" vivflmflnt contrariés
dans leurs récoltes par le mauvais temps, —
ils ne sont pas les seuls malheureusement -- là.
également, les rendements seront satisfaisants.
En Autriche-Hongrie, il parait que les ren-
dements. de cette année seront supérieurs à
ceux de l'an dernier.
Des Etats-Unis, de la République Argen-
tine, du Canada et de l'Australie nous parvien-
nent des renseignements très satisfaisants sur
l'état des cultures.
Tout y fait présager une abondante récolte,
Les vignobles de France
Si, en co qui concerne les céréales, la situa-
tion est satisfaisante, il n'en est plus de même
pour les vins.
Les vilains étés, comme celui que nous tra-
versons et qui va d'ailleurs finir dans quel-
ques jours, ont le grand inconvénient d'être
peu favorables à la maturation des raisins.
Il y a bien des chances pour que la récolte
en vins ne donne satisfaction ni pour la qua-
lité ni pour la quantité.
On annonce, cependant, que la qualité sera
assez satisfaisante dans le Midi, en raison du
temps favorable dont nos Méridionaux ont eu
le bonheur de jouir dans la dernière quin-
zaine. - t
Les vendanges battent déjà leur plein dans
l'Hérault et le Gard. Des milliers de vendan-
geurs sont arrivés dans ces départements pour
prendre part à ces importants travaux de ré-
colte. Le seul département de la Lozère en a
fourni, dit-on, plus de dix mille.
Les prix semblent devoir se maintenir assez
élevés.
A Béziers, la propriété demande de 2 fr. 40,
à 2 fr. 50 le degré sur souches et on abouti-
rait facilement à 2 fr. 30. A Montpellier on
parle de 2 fr. 50, 2 fr. 65 et 2 fr. 7t5, suivant
quali'é.
Dans le Houssillon, où la récolte sera bonne,
les viticulteurs maintiennent fermement leurs
prix et ne veulent pas vendre à moins de
2 fr. IiO le degré sur souches.
La situation vinicole en Algérie
Les vins d'Algérie ont déjà fait leur appari-
tion sur les marchés ; la qualité en est satis-
faisante, à tous les points de vue,
Les premiers ont été vendus de 30 à 32 francs
l'hectolitre rendu à quai, à Cette.
Les viticulteurs algériens sont très satisfaits
de leur récolte; ils auront la qualité et la quan-
tité.
Aux environs d'Alger, on vend à raison de
27 à 28 fr. l'hectolitre de vin à 12°, ce qui met
.le vin à environ 2 fr. 25 le degré.
Enfin, en Tunisie, les vins nouveaux se
sont vendus de 24 à 28 fr. l'hectolitre. -
Pommes et cidres
« Ponr des pommes, il n'y a pas de pom-
mes » dirait un Normand. *
Les pays producteurs de cidres sont, en effet
mal partagés et il ne faut compter que sur une
très petite récolte de fruits.
De ci, de là, il y a bien quelques bons ver-
gers, mais ils sont placés de loin en loin.
Normands, Bretons et autres buveurs de ci-
dre ne pourront pas faire bombance cette an-
née. Il faudra forcément allonger le bouillon et
encore aura-t-on bien du mal à remplir les
fûts.
Le manque de pommes constitue un vérita-
ble désastre pour ces régions.
Dans quelques localités, le repas du matin,
quelquefois celui du soir est constitué par une
rôtie au cidre. La frugalité du paysan accepte
pour déjeuner ou pour souper un semblable
repas. JI va sans dire que plus le cidre est gé-
néreux plus le repas est substantiel.
Dans tous les pays où le cidro va manquer
il se fera une grande consommation d'alcool
d'industrie.
Ce sera, certes, un vrai fléau et mieux vau-
drait le plus petit picolo que la meilleure de
ces tristes mixtions dont le commerce abreuve..
nos populations quand les boissons alimentai-
res viennent à manquer.
A. MONTOUX.
DES SIÈGES !
Il y a une loi du 29 décembre 1900 qui oblige
les patrons à mettre dans les magasins des siè-
ges à la disposition du personnel féminin. Si
l'on parcourt, à quelque heure que ce soit,beau-
coup de magasins de Paris ou de province, on
s'aperçoit bien que cette loi est demeurée lettre
morte.
C'est donc vainement que le législateur a
voulu diminuer les fatigues des employées du
sexe faible et mettre fin aux abus dont elles
étaient victimes. Les sièges sont bien là, ils
étaient là même avant le vote de la loi de 1900 ;
ce qui manque aux demoiselles de magasin,
c'est l'autorisation d'en faire usage.
Et comment en serait-il autrement ? Jusqu'à
présent, l'Etat n'avait aucun moyen de con-
trôle. La loi était en vigueur, il ne pouvait en
surveiller l'application, les inspecteurs du tra-
vail ne pouvaient légalement pénétrer et ver-
baliser dans les magasins.
Prochainement, grâce à la loi récemment
votée en modification de la loi du 12 juin 1893,
il en sera autrement. L'inspecteur du travail
entrera dans les établissuments de commerce,
il pourra interroger les employées, écouter leurs
plaintes, enregistrer leurs réclamations et ver-
baliser s'il y a lieu.
Et ainsi sera amélioré dans une faible me-
sure la condition très dure du personnel fé-
minin, de qui l'on exige malheureusement
trop souvent, un travail très pénible et parfois
même au-dessus de ses forces.- Charles Darcy.
——_———————— ————————————.
UNE GRAVE AFFAIRE
Nous avons annoncé quo deux fillettes de
Montluçon, Louise et Charlotte Ortu, qui
,avaient disparu depuis plusieurs jours, avaient
été retrouvées au couvent du Bon Pasteur, à
Moulins.
A propos de ces faits, l'Agence Nationale
publie la dépêche suivante :
Moulins, 12 septembre.
- Louise et Charlotte Ortu, ces deux fillettes de
Montluçon qui avaient disparu depuis plusieurs
jours, viennent d'être retrouvées à l'orphelinat du
Bon Pasteur, à Moulins.
Voici les déclarations qui ont été faites à ce sujet,
par la supérieure de l'établissement :
Dimanche soir des dames qui se promenaient
place de la Gare, à Moulins, aperçurent vers a h.
.du soir, les deux fillettes qui pleuraient. Leur ayant
demandé ce qu'elles avaient, elles répondirent
qu'elles voulaient aller voir leur sœur chez les re-
ligieuses du Bon Pasteur. Et c'est ainsi que ces
dames nous amenèrent ces malheureux enfants.
qui étaient couverts de vermine.
Et la supérieure a ajouté à la police venue pour
l'enquête :
Nous n'avons fait aucune difficulté pour les re-
cevoir, car non seulement nous avons déjà leur
sœur aînée, âgée de 14 ans, chez nous, mais encore
les fillettes nous déclarèrent que leurs parents
étaient morts. Depuis nous avons appris que cela
n'était pas. Les enfants nous ont alors déclaré que
c'était une voisine qui les avait mises dans le
train, à Montluçon, en leur disant : Allez rejoindre
votre sœur à Moulins ; chez les religieuses du Bon
Pasteur, vous y serez mieux que chez vos parents.
Telle est la déclaration faite par la supérieure.
La justice est saisie de l'affaire.
L'ARBITRAGE INTERNATIONAL
A l'Union interparlementaire à Vienne, où
les députés tchèques sont représentés par MM.
Hérold, Schwarz, Ichélakowsky, Kratochvil,
Bedlik et Khôura, M. Hérold — qui, soit dit
en parenthèses, a accompli le tour de force de
parler en trois langues, en tchèque, en fran-
çais et en allemand! — a salué l'assemblée au
nom de la nation tchèque et, après avoir rap-
pelé que déjà au quinzième siècle le roi de
Bohême, Georges de Podiébrad, avait institué
un arbitrage international, il a prononcé un
remarquable discours, dans lequel il i exposé
très clairement que le but principal de l'Union
interparlementaire devrait être la création
d'un droit des peuples et des nations.
La paix actuelle, a-t-il dit en résumé, n'offre
aucune garantie pour l'avenir, car elle n'est
basée que sur les faits et non pas sur le droit.
Les Etats se sont formés par les guerre, et
comme la paix actuelle est le résultat des
guerres précédentes, elle contient aussi les
germes de guerres futures. Il faut donc créer
une base de droit international, lequel doit se
développer comme s est lorme le droit civil.
D abord il y avait le droit naturel, puis le
droit. d'usage, et enfin, le droit écrit, codifié.
De même, dans la vie des nations il y a un
droit naturel, et c'est sur ce droit naturel qu'il
faut fonder un droit d'usago et puis des lois
codifiées. L'Union interparlementaire doit donc
propager l'idée de créer une base pour la for-
mation du droit des peuples et des nations. De
mémo que la civilisation do chaque nation
n'est pas sa propriété à elle, mais la propriété
commune de tout le monde, nous tous devons
lutter pour la propagande d'un droit des na-
tions, basé sur leur droit de disposer libre-
ment clics-mêmes de leur sort.
Ce discours a été vivement applaudi de tous
les côtés. — (Correspondance Tchèque.)
,
Les Canons des Chevaliers de Malts
(De notre correspondant particulier)
, Gônes, 12 septembre.
Un syndicat génois, à la tête duquel se
trouve M. Bottazzi, vient d'acheter au gouver-
nement ottoman 700 vieux canons qui servaient
jusqu'ici à l'armement des places de la Tripoli-
taine et des côtes cyrenaïques.
L'affaire a été traitée par l'intermédiaire de
Ballari Pacha, commandant de la place de
Tripoh: Los pièces datent de l'époque où les
chevaliers de Malte occupaient la Tripoli-
taino.
ESPIONNAGE PRUSSIEN EN RUSSIE
(*)e notre correspondant particulier)
Varsovie, 12 septembre.
L'ingénieur prussien Paschke, qui a été ar-
rêté à la frontière russe sous l'inculpation d'es-
pionnage, vient d'être condamné par la cham-
bre criminelle de cette ville à six ans de dépor-
tation en Sibérie.
L'EXHUMATION DU ROI ALEXANDRE
(De notre correspondant particulier)
Belgrade, 12 septembre.
L'ex-reine Nathalie, dit-on, a l'intention de
faire exhumer les dépouilles mortelles du roi,
Alexandre, son fils, et de les faire transporter
à Krouscheio où elles seront enterrées à côté
de la tombe du roi Milan.
Ello réclamera prochainement au roi Pierre
le corps du malheureux roi assassiné.
LES FÊTES DE RENAN
La journée des « Bleus »
A Tréguier.- L'affluence des Bretons.
— Lever de rideau. — Banquet ré-
publicain. — Matinée populaire.
— Préparatifs pour l'inau-
guration.
(De notre envoyé spécial)
Tréguier, 12 septembre.
Malgré la pluie qui ne cesse de tomber,
malgré le froid, l'animation est très vive
dans les rues. L'affluence est considérable et à
chaque instant arrivent des curieux ou des
délégations de Bretons, venus pour prendre
part à la manifestation républicaine de demain.
Le succès dépasse tout ce qu'on avait prévu.
Les bleus de Bretagne ont recueilli pour le
banquet démocratique de demain plus d'adhé-
sions qu'il n'y a de place. On a installé des
tables supplémentaires, et malgré cela, un se-
cond banquet aura lieu, concurremment avec
le banquet que présidera M. Combes, et sera
présidé par M. Armand Dayot.
: On vend ici des cartes postales illustrées.
avec photographies et pensées d'Ernest Renan.
On se les arrache littéralement.
La décoration de la ville a été achevée ce
matin. Les rues par lesquelles passera le cor-
, tège sont maintenant jalonnées de mâts ornés
de drapeaux, reliés entre eux par des bandes
"de toile rouge ou blanche, sur lesquelles on a
■ imprimé des adresses de bienvenue aux invités.
officiels.
Tout autour de la cathédrale, des mâts or-
nées de trophées sont reliés par des bandes
portant des inscriptions du genre suivant :
« Vive la raison ! Vive la libre pensée ! Gloire
à Renan ! Vive la République ! »
Sur la façade même de l'église on peut lire
des inscriptions semblables, et des drapeaux
tricolores surmontent le clocher de l'église.
Comme les cléricaux, à l'instigation du
clergé, ont annoncé avec grand fracas qu'ils
avaient l'intention de faire une manifestation
hostile à la célébration de la cérémonie de de-
main, des mesures de précaution très énergi-
ques ont été prises. Le bruit ayant couru que
le clergé ferait sonner les cloches de l'église
pendant la cérémonie, le maire a pris un ar-
rêté interdisant la sonnerie des cloches demain
matin, de 11 h. à 1 h., tandis que seront pro-
noncés les discours devant la statue, qui,
comme on sait, sera érigée sur la place où se
trouve l'église. D'ailleurs au bas du clocher
des gendarmes seront postés qui empêcheront
qui quo ce soit d'y pénétrer.
Le gala
La musique des équipages de la flotte est ar-
rivée ce matin,sous la direction de son chef,M.
Farigoul.
La vaste tente sous laquelle a eu lieu, cet
après-midi, la matinée de gala, et qui sera
transformée demain en salle de banquet, avait
été renversée par l'orage d'hier. Les a Bleus1»,
aidés par des marins en congé, ont tout remis
en état pendant la nuit.
Dès 1 h., les invités des bleus ont commencé
à arriver et lu service d'ordre qui avait été or-
ganisé pour régler l'entrée des invités a dû
être doublé.
La matinée a commencé à 2 b. 10 exacte-
ment, avec le concours d'artistes de la Comé-
die-Française et de l'Opéra. Le succès a été
très grand pour les artistes et pour les orga-
nisateurs de ces réjouissances.
M. Le Dantec, l'éminent maître de conféren-
ces à la Sorbonne, a fait une conférence des
plus intéressantes sur Renan (l'Ennemi du
peuple).
Mlle Demougeot, de l'Opéra, a chanté l'air
de Guillaume Tell; la Vieille chanson, de Bi-
zet ; M. Barthet, do l'Opéra, a chanté la Char-
rue, de Galbier, et le Benvenuto, de Diaz. Tous
deux ont chanté ensuite le duo d'Hamlet. M.
Fenoux, Mlle Dolvair. de la Comédie-Fran-
çaise, ont dit les Pauvres gens et YOceano nox,
de Victor Hugo. Ils ont joué Jean-Marie, pièce
bretonne do M. A. Theuriet.
Les applaudissements n'ont pas été ménagés
aux talentueux artistes.
Les délégués bretons
Un banquet de 300 couverts a réuni ce soir
les délégués bretons à Tréguier, sous la prési-
dence de M, Paul Guieysse, député du Mor-
bihan. président des Bleus de Bretagne. A ce
banquet M. Guieysse a prononcé un grand dis-
cours républicain, dont voici les principaux
passages :
Salut à vous tous, Bretons et amis groupés dans
cette fraternelle réunion, salut particulièrement à
vous, mon cher amiral, qui avez tenu à venir nous
présider. C'est la première fois quo les « Bieus »
tiennent dans leur chère Bretagne leurs assises. Je
suis heureux que cette première réunion ait lieu à
.Trégiiier, lieu de naissance de notre illustre com-
patriote Renan. En Bretons, amis des traditions,
nous reprenons ainsi celle du diner celtique qui
eut lieu à Tréguier il y a Vingt ans, quand Renan
revint, appelé par ses compatriotes, visiter sa ville
natale et la vieille maison familiale.
Les fètes d aujourd hui ont pris, par le fait des
circonstances' un caractère spécial. Quand mon
ami Dayot et quelques bons Bretons ont eu, il y a
cinq ans, l'idée de la création des « Bleus de Bre-
tagne », dont j'ai le grand honneur d'être le pré-
sident, notre but était de grouper les bonnes vo-
lontés éparses, d'en former des faisceaux do résis-
tance, et nous avions pensé quo l'un de nos meil-
leurs moyens d'action, était de célébrer en Breta-
gne les événements et les hommes capables d'être
un enseignement.
Hoche fut le premier choisi pour ce but, et d'au-
tant plus heureusement que par la noblesse de son
caractère, il contrastait davantage avec les miséra-
bles qui déshonoraient l'armée par leurs faux et
leurs mensonges; nous l'avons fêté l'an dernier, à
Quiberon, vous savez avec quel enthousiasme. Dès
le premier jour il avait été convenu que nous cé-
lébrerions ensuite Henan, dont la France entière
est si Hère, mais qui était resté Breton de cœur
pensant toujours à sa Bretagne dans les ruines de
l'Acropole comme dans les solitudes de la Judée,
et dont le grand bonheur était de revenir chaque
année au pays natal. C'est lui que nous fêterons
demain, lui io penseur libre, l'ami de la vérité à
qui la Franco entière. le gouvernement de la Répu-
blique et ses illustres collègues viendront porter
Je tribut de la Franco, du monde intellectuel tout
entier.
Mais Bretons, Bleus mes amis, nos adversaires
ne veulent pas nous laisser célébrer notre fête en
paix : des torrents d'injures ont été déversés sur
Renan, des appels aux aimes mal déguisés ont été
lancés par la presse. Les âmes boueuses no peu-
vent pardonner à Celles qui se dégagent du bour-
bier 1 Mais laissons les ordures à ceux qui les re-
muent.
Dans la lutte que nous soutenons, et que nous
devons entrevoir plus âpre que jamais, n'ayons
qu'un but on vue, celui du triomphe de la Justice,
du Droit et de la Vérité. La société moderne est en
transformation rapide, depuis que les efforts des
républicains en ont préparé la voie. Efforçons-nous
d'en hâter l'évolution, en donnant aux travailleurs
le droit à la vie, sous toutes les formes compatibles
avec un état social établi.
C'est le programme que soutient le gouverne-
ment de la République. Que ceux qui veulent con-
courir à sa réalisation viennent à nous et restent
avec nous. Que les sections des « Bleus » se multi-
plient dans tous les centres, où quelques hommes
de bonne volonté peuvent se grouper, sans crain-
dre les attaques et les viles calomnies auxquelles
ils seront nécessairement fin but. Qu'ils sachent
bien que leurs amis ne les abandonneront pas 1
Cest l'appel que fait aux républicains bretons
l'association des « Bleus de Bretagne n. J'espèra
qu'il sera entendu, et dans cette pensée, je lève
mon verre en l'honneur de la démocratie bretonne
en lutte contre le cléricalisme.
L'amiral Réveillêre, répondant à M. Guieysse,
constate que le banquet de ce soir est le pre-
mier banquet des Bleus en province, et mar-
que une date dans l'histoire de la Société. 1
montre la part prise par les Bleus dans l'érecl
tion du monument Renan.
L'influence de la Société des Bleus, ajoute-t-
il, vient de ce qu'elle a su formuler en deux,
mots la volonté commune : indépendance in-
tellectuelle dont la forme nécessaire est la su-
prématie du pouvoir civil. Cette pensée com-
mune : suprématie du pouvoir civil, est le lien
d'une solidité à toute épreuve, d'un faisceau
formé d'éléments très divers, allant des socia-
listes les plus avancés, aux libéraux restés fidè-
les à la doctrine de 1789.
Chacun de nous réserve ses opinions person-
nelles, chacun de nous conserve sa liberté d'ac-
tion, et d'ailleurs, nous n'en formons pas moins
un bloc inséparable, soudé par l'horreur de la
réaction sous sa forme la plus hideuse : le ce"
sarisme exhortant la conscience religieuse dans
un but politique.
Demain ,
Voici le programme de, la journée de demain
dimanche :
A 10 h., arrivée' des ministres, qui seront
reçus à l'entrée de la ville par le conseil muni-
cipal et se rendront en cortège sur la place oil
doit avoir lieu l'inauguration.
Plusieurs discours seront prononcés par M.
Chaumié, ministre de l'instruction publique, à
qui le maire de Tréguier fera remise de la sta-
tue ; par M. Guieysse, président .des « Bleus
de Bretagne » et par M. Berthelot. M. Jean
Psichari, gendre d'Ernest Renan, remerciera
au nom de sa famille les « Bleus de Bretagne »,
les souscripteurs et l'Etat.
Une pièce de vers de circonstance sera
dite par une artiste de la Comédie-Fran-
çaise.
Après l'inauguration, grand banquet démo-
cratique sous la présidence de M. Combes.
Le président du conseil quittera Tréguier
dans la soirée du 13, pour retourner directe-
ment à paris.
M. Chaumié, au contraire, passera la nuit
à Tréguier et restera trois jours dans la ré-
gion.
(Vir la suite dans notre DEUXIEME EDITIONi
LA MAISON DE DANTE
(De notre correspondant particulier)
Florence, 12 septembre.
On a commencé les travaux de démolition
pour dégager la maison de Dante qui se trou-
vait enclavée dans des bâtiments d'usines mo-
dernes.
Les cabanes enlevées, les murs de la tourelle
qui donne sur la rue Marguerite seront libres.
On rétablira aussi le petit carrefour qui exis-
tait du vivant de Dante Alighieri.
Les vieilles maisons qui sont dans l'entourage
seront respectées, afin de laisser à ce coin son
caractère historique.
UN REGIMENT MACÉDONIEN EN AMÉRIQUE
(De notre correspondant particulier)
New-York, 12 septembre.
Les Macédoniens résidant à Chicago ont levi
un régiment qu'ils équipent à leurs frais. Un
ancien lieutenant bulgare sera le chef de cette
troupe, qui doit rejoindre les insurgés en Ma-
cédoine.
On s'est entendu avec un armateur qui se
chargera de transporter les hommes jusqu'à
la côte macédonienne.
Voir à la 30 page
les Dernières Dépêches
L'INSURRECTION EN MACÉDOINE
L'escadre française
Toulon, 12 septembre.
Le croiseur Latouche- lréviue est parti dans
la nuit, pour le Levant, à la suite d'ordres re-
çus télégraphiquement de Paris.
Le DM-Chayla doit partir lundi, et ces deux
croiseurs seront suivis, s'il est nécessaire, pat
le cuirassé Brennus et le croiseur Linois. (Para-
LvuuveuesJ.
Toulon, 12 septembre.
Les navires définitivement désignés pour
former une division navale dans le Levant,
sont le Po lituau, le Jauréguiberry et le Latouche-
Tréville.
Ce dernier a quitté subitement notre rade.
On croit que les autres navires partiront
lundi.
La presse autrichienne
Vienne, 12 septembre-
Le Nenes Tagblatt dit que la situation a pris
un caractère qui nécessite des mesures décisi-
ves. « Vraisemblablement dit-il, la France en-
voie des navires de guerre dans les eaux tur-
ques par crainte d'une nouvelle aggravation de
la situation. On peut prévoir que les autres
puissances ne reculeront pas devant la déci-
sion de prendre une pareille mesure. »
Nouvelles de source turque
Constantinople, 12 septembre.
Le départ d'un régiment de cavalerie harai-
dieh pour Andrinople a été contremandé au
dernier moment, à la suite, croit-on, de l'in-
tervention d'une ambassade.
Un nouvel engagement a eu lieu, le 6 sep-
tembre, à Klissoura entre les insurgés et les
troupes turques qui occupent la ville.Celles-ci
ayant reçu des renforts ont repoussé les insur-
gés après un vif combat dans lequel il y a eu
des pertes sérieuses do part et d'autre.
- La - dynamite
Constantinople, 12 septembre.
Un attentat à la dynamite a été commis sur
la ligne de jonction à Cumurtchina, vilayet
d'Andrinople: plusieurs mètres de rails ont
été détruits. 11 n'y a eu que des dégâts maté-
riels, et aucune victime.
Les massacres
Londres, 12 septembre.
Suivant le rapport du consul anglais à Sa-
lonique, 300 insurgés qui avaient été cernés par
les Turcs à Zalcnitz et qui avaient fait leur sou-
mission ont été massacrés.
La famine
Athènes, 12 septembre..
D'après les rapports des consuls de Grèce en
Macédoine, toute la récolte est détruite ; la fa-
mine menace les populations.
Les Grecs et le gouvernement ont décidé
d'envoyer de suite des secours en espèces.
Un jnémoire dea insurgés
Cologne, 12 septembre.
On télégraphie de Sofia, à la Gazette de CG-,
logne:
Les mandataires de l'organisation macédonieaM
secrète ont remis aujourd'hui aux représentant
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