Titre : Le XIXe siècle : journal quotidien politique et littéraire / directeur-rédacteur en chef : Gustave Chadeuil
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1903-09-11
Contributeur : Chadeuil, Gustave (1821-1896). Directeur de publication
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Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
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Description : 11 septembre 1903 11 septembre 1903
Description : 1903/09/11 (N12236). 1903/09/11 (N12236).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k7575497s
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-199
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 20/06/2013
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N° 12236. — Vendredi l 1 Septembre 1903
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ADMINISTRATION ; 11, rue du Mail
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-- NOS LEADERS
les cléricaux contre Renan
Ceux qui ne connaissent pas un peu
la Bretagne, la situation des partis
dans nos départements de l'Ouest, et
les positions souvent paradoxales adop-
tées par les polémistes réactionnaires ;
de la région, doivent imaginer difficile-
ment le bouillonnement des colères
cléricales dans les Côtes-du-Nord et le ;
Finistère, Ils comprennent que l'inau-
guration de la statue de Renan à Tré-
guier sera une grande manifestation
de la République et de la Libre-Pen-
sée. Les plus intelligents d'entre eux
affectent de ne pas comprendre. Pour-
quoi, disent-ils maintenant, mêler les
passions qui nous divisent à ce qui au-
rait dû rester une fête littéraire et phi-
losophique? On a été jusqu'à insinuer
avec une apparence de bon sens, qu'un
écrivain comme Renan n'était pas le
héros d'une ville, et que la place de
son monument était au Collège de
France.
A Paris, la glorification d'Ernest Re-
nan n'eut prêté à aucun différend, c'est
certain. Nous avons eu, récemment,
le spectacle de bonapartistes offrant
à Victor Hugo des hommages inattendus
et des larmes de crocodiles à l'occa-
sion de son centenaire. Aussi bien les
papistes eussent pu célébrer dans Re-
nan le « styliste » à l'exclusion du pen-
seur.
***
Mais c'est Tréguier qui a voulu, sur
sa belle place du Centre, élever la sta-
tue de l'historien de la Vie de Jésus.
Alors, les cléricaux parlent de « pro-
vocation ». Quoi donc? Seule la ville
natale du magnifique écrivain n'aurait
pas le droit d'honorer sa mémoire ? Il
faut forcer l'Eglise à expliquer ses con-
tradictions. Elle pourra le faire seule-
ment en avouant qu'elle s'embrouille
dans ses mensonges. L'Eglise ment de
deux façons : à Paris, en se réclamant
de la liberté de penser et de la Science;
à Tréguier en affirmant de Renan,
« qu'il a renié sa patrie, qu'il a renié la
famille, la morale, qu'il a renié le peu-
ple, qu'enfin il a renié la Bretagne ».
Ce sont les propres termes d'un placard
assez scandaleux que les sacristains
distribuent à l'issue de chaque messe,
et qui a été affiché partout. Ce papier
est illustré d'une grotesque caricature:
Renan assis, les jambes écartées sur
une Bible, un Evangile et une Vie des
Saints est éventé par la palme que tient
un diable voltigeant. Titre : A bas l'I-
dole 1 Argument : Ce nouveau Judas
n'a jamais eu qu'un culte : le culte du
Veau d'Or ». Moralité : « Et vous Bre-
tons, vous jetterez à la face de toute
cette bande de pantins et de renégats
le cri de réprobation et de dégoût qui
jaillit de toute poitrine française pour
les Judas : A bas l'Idole 1 A bas Renan 1»
Depuis l'apparition de la Vie de Jésus
voilà sur quel ton les cléricaux bre-
tons traitent de Renan et de son œu-
vre. Comment, aujourd'hui que leur
mauvaise cause est évidemment per-
due, simuleraient-ils l'indifférence. Ils
engagent la bataille parce que la dé-
faite attendue peut être moins terrible
pour eux que la déroute sans combat.
C'est la tactique du désespoir: celle
qui conduisit Napoléon III à Sedan.
Le clergé donne avec rage. Il paraît
que beaucoup d'évêques sont défavo-
rables à la circulation des prêtres à bi-
- cyclette. Je ne sais si l'évêque de St-
Brieuc partage cette prévention. En
tout cas, il n'en fait rien savoir pour
le moment. La bicyclette est trop com-
mode pour les déplacements rapides
nécessités par l'activité de la propa-
gande cléricale. Sur les routes, on ne
cesse de croiser des théories de sécu-
liers à roulettes. Toute chaumière est
visitée. Chaque catholique reçoit ses
instructions.
Dans les sermons bretons des mes-
ses basses, les curés proclament que
« tous ceux qui iront aux fêtes de
Tréguier sont des pourris (breninfJs) et
qu'ils ne recevront plus l'absolution ».
Les prêtres font courir le bruit
qu'on dressera la liste des commer-
çants qui auront assisté au banquet
du 13, et qu'on interdira aux fidèles
d'acheter aux négociants qui s'y seront
trouvés.
A Tréguier mêm&, des affiches pro-
clament l'utilité de dresser un monu-
ment expiatoire en face de la statue
de Renan, Pendant la fête, derrière les
portes fermées de la cathédrale, il y
aura adoration du Sacré-Cœur ; d'au-
tre part, les réactionnaires sont con-
viés à une conférence privée dans je
ne sais quel local.
***
Ces préparatifs n'intimident en au-
cune façon les républicains de Tré-
guier. Ils sont sûrs d'eux, comme ils
sont surs de leursxamarades de Mor-
laix et de Paimpol, qui viendront à
Tréguier en cortèges, drapeaux et tam-
bours en tête.
Le banquet populaire a - été fixé à
i t.50tX couverts ; les organisateurs sont
débordés par les demandes d'inscrip-
tions qui dépassent de beaucoup ce
chiffre. A noter que beaucoup de fem-
mes ont réclamé des places.Symptôme
inquiétant pour la réaction, dans un
pays où le clergé se croit maître des
consciences féminines.
Les apprèts de l'inauguration sont
poussés avec beaucoup d'activité par
l'intelligente municipalité. La tente du
banquet est dressée sur la rade. Les
ouvriers achèvent d'élever le monu-
ment. Des mâts, ornés de drapeaux,
se dressent partout. L'enthousiasme se
propage dans toutes les maisons. 11
faudrait mieux que les efforts de quel-
ques douzaines de séminaristes en va-
cances pour enrayer un pareil mou-
vement.
Hugues Destrom.
0
INCIDENTS ORIENTAUX
Cela devait venir ; voilà que
la Porte nous accable de dépê-
ches officielles racontant d'in-
nombrables victoires rempor-
tées par ses troupes, sur les
bandes d'insurgés qu'elle tient
beaucoup, en général, à traiter de « Bul-
gares ».
Elle a, juste au même moment, et comme
par une même occasion, pris une mesure
en vertu de laquelle tous les correspondants
de journaux européens doivent quitter la
Macédoine. C'est là une bonne précaution :
grâce à elle, si les nouvelles répandues par
le gouvernement de Constantinople se.
trouvent être fausses, le sultan n'aura pas
le désagrément de les trouver démenties
dans les journaux européens.
Nous voilà donc, jusqu'à nouvel avis,
réduits aux dépêches officielles soit de Cons-
tantinople, soit de Sofia ; nous tâcherons"
de faire un juste départ entre ce qu'elles
annonceront et ce qu'elles cacheront.
Ce qui est certain quant à présent, c'est
que la Turquie a dù mobiliser tout ce qu'elle
a de forces disponibles pour tâcher de ve-
nir à bout de la Macédoine ; or, elle ne
vient à bout de rien.
Et voici que, précisément, les incidents
désagréables se multiplient: l'autre jour,
c'était un attentat plus ou moins réel con-
tre un consul américain, hier c'était, à
Beyrouth, la bataille entre musulmans et
chrétiens; à Constantinople même, l'exci-
tation s'accroît dans la population et les
colonies européennes songent à prendre
leurs précautions contre des éventualités
possibles. ---""i"-
Assurément, il faut étudier la question
avec sang-froid, et c'est, nous semble-t-il,
ce qu'a fait jusqu'à présent l'Europe. On
peut supposer que les cabinets ne s'endor-
ment pas, et que toutes les mesures sont
préparées pour mettre le holà, si le fana-
tisme musulman menaçait d'un réveil trop
brutal. Dès à présent, il est déplaisant que
la Porte s'arroge, comme on l'a vu plus
haut, le monopole des renseignements sur
la situation en Macédoine ; quand tout le
monde pouvait télégraphier, nous appre-
nions des tueries et des massacres ; main-
tenant que la Porte va parler à peu près
toute seule, il est à craindre qu'il ne se pro-
duise bien des horreurs dont elle se gardera
fort de nous faire part.
». ——— ■
L'INDEMNITÉ DE CHINE
Après l'expédition de Chine, le gouverne-
ment décida d'accorder une indemnité à cha-
cun des soldats et marins ayant fait cette cam-
pagne.
Les premiers rentrés en France ont, sur leur
demande, obtenu satisfaction.
Nous demandons que tous les soldats et ma-
rins qui ont pris part à l'expédition reçoivent
l'indemnité qu'on leur a promise. C'est de
toute justice.
Il y a encore des jeunes gens, qui attendent
la petite gratification si longtemps souhaitée
pour le rétablissement de leur santé.
* Nous avons la conviction qu'il suffira de si-
gnaler ce fait pour que satisfaction soit don-
née à tous, aux derniers rentrés comme aux
premiers. — V. Le Radec'h.
La rentrée du ccmte IgnaM
(De notre correspondant particulier)
Saint-Pétersbourg, 9 septembre.
Le comte Ignatiefï qui, par suite de s? dis-
grâce, vivait depuis quelque temps à l'étran-
ger, est rentré et a eu un long entretien avec
le comte Lamsdorf, ministre des aflaires étran-
gères.
Il sera reçu en audience particulière par le
tsar.
Il est question de l'envoyer avec une mission
spéciale dans les pays .balkaniques. Le orûte
Ignatieff comme ancien président de la Société
de bienfaisance slavo" a des rapports avec les
représentants do toutes les nations de la fa-
mille slave et particulièrement avec celles des
Balkans. ;
ENCORE UN NOUVEL UNIFORME ALLŒAND
(De notre correspondant particulier)
Berlin, 0 septembre,
L'administration militaire a décidé do chan-
ger encore une fois l'uniforme de l'armée prus-
sienne. Il s'agit de créer une tenue do campa-
gne d'un gris spécial tirant sur le -vert. Les^
boutons seront de la même couleur. La tuni-
que sera remplacée par une blouse de coupe
russe.
LE NEVEU DE LA REINE DRAGA
[De noire correspondant particulierI
Belgrade, 9 septembre.
Le Journal Officiel publie un avis qui invite
le lieutenant Georges Petrovitsch, neveu de la
reine Draga,à rejoindre dans le plus bref délai
son régiment qu'il a quitté sans permission.
Ainsi qu'on sait, le lieutenant a accompagné
les sœurs de la reine Draga à l'étranger. Au
moment du départ, il fallait songer à protéger
ces malheureuses contre les assassins et il n'a-
vait guère le temps matériel de demander l'au-
torisation de s'absenter.
QUESTIONS
D'ASSISTANCE
La Revision de la loi de 1838 sur les
aliénés (1)
n. - 0 E L'INTERIEMENT DES ALIÉNÉS
Parallèle entre la loi de 1838 et la loi
Dubief. — Certificats médicaux. —
L'internement « provisoire ». —
Pièces officielles. — Heu-
reuse innovation.
C'est certainement la question de l'interne-
ment des aliénés qui soulèvera les discussions
les plus passionnées et les plus intéressantes,
car c'est elle qui a toujours déchaîné les polé-
miques soulevées par la loi do 1838.
Pour apprécier les différences qui existent
entre la loi de 1838 et le projet de loi qui nous
occupe, nous reproduisons ici les deux articles
qui traitent des formalités à remplir et des piè-
ces à fournir pour interner un aliéné.
1* Article 8 de la loi de 1838. — Les chefs ou
préposés responsables des établissements publics
et les directeurs des établissement privés consacrés
aux aliénés ne pourront recevoir une personne
atteinte d'aliénation mentale, s'il ne leur est
remis :
1° Une demande d'admission contenant les noms,
profession, âge et domicile, tant de la personne
qui la formera que de celle dont le placement sera
réclamé, et l'indication du degré de parenté ou, à
défaut, de la nature des relations qui existent en-
tre elles. — La demande sera écrite et signée par
celui qui la formera, et, s'il ne sait pas écrire, elle
sera reçue par le maire ou le commissaire de po-
lice, qui en donnera acte. - Les chefs, préposés
ou directeurs, devront s'assurer, sous leur respon-
sabilité, de l'individualité de la personne qui aura
formé la demande, lorsque cette demande n'aura
'pas été reçue par le maire ou le commissaire de
police. — Si la demande d'admission est formée
.par le tuteur d'un interdit, il devra fournir, à
l'appui, un extrait du jugement d'interdiction ;
20 Un certificat de médecin constatant l'état men-
tal de la personne à placer, et indiquant les parti-
cularités de sa maladie et la nécessité do faire
traiter la personne désignée dans un établissement
d'aliénés et de l'y tenir enfermée. — Ce certificat
ne pourra être admis, s'il a été délivré plus de
quinze jours avant sa remise au chef ou directeur,
s'il est signé d'un médecin attaché à l'établisse-
ment, ou si le médecin signataire est parent ou
allié, au second degré inclusivement, des chefs ou
propriétaires de l'établissement, ou de la personne
qui fera effectuer le placement. — En cas d'ur-
gence, les chefs des établissements publics pour-
ront se dispenser d'exiger le certificat du mé-
decin :
30 Le passoport ou toute autre pièce propre à
constater l'individualité de la personne à placer.
- Il sera fait mention de toutes les pièces produi-
tes dans un bulletin d'entrée, qui sera i envoyé,
dans les vingt-quatre heures, avec un certiflcaMu
médecin de l'établissement, et la copie do celui
ci-dessus mentionné, au Préfet de police à Paris,
au préfet ou au sous-préfet dans les communes
chefs-lieux de département ou d'arrondissement,
et aux maires dans les autres communes. Le sous-
préfet, ou le maire, en fera immédiatement l'en-
voi au préfet.
Le projet Dubief
II. Article 1.. du projet de loi Dubief. - Les
chefs responsables des asiles publics et privés con-
sacrés aux aliénés * e peuvent recevoir une per-
sonne présentée comme sateinte d'aliénation men-
tale ou d'une des maladies précisées à l'article
deux (i), s'il ne leur est remis :
1° Une demande d'admission contenant les nom,
prénoms, profession, âge et domicile, tant de la
personne qui la forme que de celle dont le place-
ment est réclamé, et l'indication du degré de pa-
renté ou, à défaut, de la nature des relations qui
existent entre elles.
La demande est écriia et signée par celui uni la
forme ; elle est visée par le juge do paix, le maire
ou le commissaire do police. En cas d'urgence, le
visa n'est exigible que dans les quarante-huit heu-
res de l'admission. Si l'auteur de la demande ne
sait pas écrire, celle-ci est reçuo par le fonction-
naire dont le visa est réclamé, qui en donne acte.
Si la demande est formée par le tuteur d'un in-
terdit, il doit fournir à l'appui, dans un délai
de quinze jours, un extrait du jugement d'inter-
diction et un extrait do la délibération du conseil
de famille prise en vertu do l'article 510 du Code
civit.
2° Un rapport au procureur de la République sur
l'état mental do la personne à placer, signé d'un
docteur en médecine et dûment légalisé. Ce rap-
port doit être circonstancié; il doit indiquer notam-
ment : la date de la dernière visite faite au malade
par le signataire, et qui aura été notifiée au juge
de paix ou au maire, sans que cette date puisse
remonter à plus de huit jours ; les symptômes et
les faits observés personnellement par le signataire
et constituant la preuve de la folie, ainsi que les
motifs d'où résulte la nécessité do faire traiter le
malade dans un établissement d'aliénés et do l'y
tenir enfermé.
Ce rapport ne peut être ami s'il a été dressé
plus de huit jours avant Ja remise au chef respon-
sable do l'établissement; s'il est l'œuvre d'un mé-
docin attaché à l'étahlissement, ou si l'auteur est
;parcnt ou allié au second degré inclusivement du
chef responsable, ou du propriétaire de l'établisse-
ment, ou des médecins qui y sont attachés, ou do
la personne qui fait effectuer le placement, eu de
la personne à placer.
- En cas d'urgence, l'admission petit avoir lieu SUT
rla présentation d'un rapport médical sommaire;
mais le médecin certificateur doit, dans le délai de
deux jours, produire un rapport détaillé confor-
mément aux dispositions ci-dessus, sous l'une des
peines portées à l'article 63 ci-après.
3q L'acte do naissance ou de mariage de la per-
sonne a placer, ou toute autre pièce propre à éta-
blir l'identité de cette personne.
i Les pièces qui ne rempliraient pas les conditions
ci dessus prescrites doivent ètro rectifiées ou com-
plétées dans un délai de quinze jours, sur la de-
mande du directeur ou sur celle du Préfet.
Les personnes admises dans les établissements
d'aliénés, conformément aux dispositions précé-
- dentes, ainsi que les personnes dont le placement
> aura été ordonné d'office, ne seront internées qu'à
titre provisoire, et sont placées, en conséquence, à
l'infirmeriç de l'asile et inscrites sur un registre
spécial. Elles y sont maintenues autant que les exi-
gences du traitement le permettent.Si le médecin,
avant la décision de l'autorité judiciaire prévue à
l'article 19, les fait passer dans un autro quartier,
il doit indiquer la date et les motifs de ce
I: changement sur lo registre prescrit par l'article 21
1 ci-après.
Formalités indispensables
- La première innovation consiste dans la lé;
galisation de la demande d'admission. Nous;
considérons cette formalité comme parfaite
'ment inutile, la demande d'admission étant
ordinairement établie sous les yeux du fonc-,
tionnaire préposé à la réception des malades.
L'on ne saurait trop se pénétrer, je l'ai dit
bien souvent, qu'une loi comme celle-ci, des-
tinée malheureusement à entrer d'une façon
très fréquente dans la pratique publique, doit
être simple, courte et accessible à toutes les.
intelligences. En multipliant les difficultés et
les démarches qui ne sont pas indispensables
on s'expose à causer des malheurs irrépara-
bles. Chacun doit savoir immédiatement les
formalités qu'il doit avoir à remplir pour pla-
cer un parent devenu subitement aliéné et
dangereux et, nous le répétons', ces formalités
ne doivent être ni longues, ni compliquées.
Nous voyons, dans la nouvelle loi, qu'un,
rapport, signé DJUN docteur en médecine aii
dûment légalisé, devra être adresssé au pro-
cureur de la République. Ce rapport devra:
- (l) Voir 10 numéro du 4 septembre.
- (2) IdiotB, crétins, épileptiques, alcooliques.
ètre circonslincié et indiquer la date do la
dernière visite- faite au malade, visite qqi;
aura dû être signifiée au. maire et au juge de'
paix. -
Il y a lieu de constater, tout d'abord, que le.
principal reproche, dont on fait un crime à la]
loi de 1838 est que l'on peut interner un indi-
vidu sur le certificat D'UN SEUL médecin. Que
ce certificat soit circonstancié ou non, qu'il
s'appelle rapport ou autrement, qu'il soit en-
voyé au directeur ou au préfet, il n'en existe
pas moins ce fait que ce rapport est l'œuvre
D'UN SEUL. docteur et que de ce côté si impor-
tant, la loi Dubief ne change eu rien la loi de
1838.
j Et croit-on vraiment qu'un médecin va s'as-
treindre à faire de longs rapports médicaux,
: de même que le procureur de la République à
les lire ?
Médecins et magistrats
Quant à la signification de la dernière vi-
site médicale au juge de paix ou au maire, par
,qui doit-elle êtro faite? par la famille ou par
le médecin ? Le s-ilence do la loi fera de cette
obligation lettre morte, et il y a de grAndes.
chances qu'il en soit ainsi de toutes les inuti-
lités contenues dans ce projet.
Le certificat médical actuellement exigé par
: ia loi de 1838, (lequel doit être et est toujours
légalisé) est formulé à peu près ainsi : Je sous-
signé, docteur en médecine à. certifie, que M.X.,
demeurant à. âgé de. est atteint d'une alié-
nation mentale caractérisée par. (ici les symp-
ltomes et les faits diagnostiquant la nature du
délire). et qui exige son placement dans un
établissement spécial.
Si ce certificat médical n'est pas suffisant, le
rapport exigé ne le sera pas davantage, car
'les termes techniques ne seront pas plus fami-
liers aux magistrats dans une citation de quel-
ques lignes que tout au long d'un gros volume.
A quofbon alors cette prolixité?
Dans tous les cas, certificat ou rapport ne
sera l'œuvre que d'un seul, et il serait beau-
coup préférable, au lieu d'exiger qu'il s'étende
sur des détails oiseux, que ce certificat soit
visé, après examen, par un médecin revêtu
d'un caractère officiel, le médecin de l'assis-
tance publique, par exemple, qui aurait en ou-
tre la mission d'aviser le maire ou le jugo de
paix de la maladie mentale et de l'internement
de la personne qu'il viendrait de visiter.
Si on considère que lorsqu'un malade est.
en grand danger, le médecin qui le soigne ap-
pelle en consultation un de ses confrères, .pour
atténuer sa responsabilité en cas d'accident,
pourquoi le médecin appelé à conclure à l'in-
ternement d'un malade n'appellerait-il pas, en
consultation, un spécialiste des asiles, avec ce
co 'l'ecHf que ce médecin consultant n'appar
tiendrait pas à l'asile où devrait aller ce ma-
lade.? N'y aurait-il pas là une garantie? li va
sans dire que les médecins directeurs de mai-
sons privées seraient exclus de ces consulta-
tions.
M. Dubief a aussi inséré dans son projet de
loi l'internement PROVISOIRE. Loin de voir l'u-
tilité de cette mesure, nous la croyons d'au-
tant plus nuisible que la loi ne nous dit pas
: quelle sera la situation légale de la personne
: internée provisoirement. Sera-t-elle sous l'ad-
ministration provisoire de l'établissement ? At-
tendra-t-on pour l'y mettre son internement
définitif? Ne peut-on craindre que des malin-
tentionnés ne profitent do cette situation irré-
gulière pour s'emparer ou dilapider les biens
du malade séquestré provisoirement ?
Avec la loi de 1838, les biens de tout aliéné
non interdit sont placés sous la tutelle de l'ad-
ministration provisoire dès son entrée à l'a-
sile.
Ensera-t-ilde même sous la nouveau ré-
gime avec ce provisoire qui durera, ainsi que
nous le verrons, beaucoup trop longtemps ?
(A suivre). EMILE MAHÉ.
SINE SACCULO, SINE PERA
Un journal du matin vient de faire une en-
quête des plus intéressantes. 11 a recueilli l'o-
pinion des différents prélats français sur la
dénonciation du Concordat. Je n'ai pas besoin
de dire que la très grande majorité d'entre
eux y sont opposés, et pour des raisons à peu
près identiques.
La réponse la plus curieuse à la question
posée est celle de M. Ricard, évêque d'Angou-,
lême,qui révêle à merveille les préoccupations;
actuelles du clergé. La dénonciation du Con-
cordat le frappera en pleine bourse, et voici
ce qui l'effraie le plus. La caisse une fois at-
teinte le reste sera bien près do périr, mais ci-
tons les paroles mêmes de l'évêquo :
Ea garantissant au clergé le minimum néces-
saire,le Concordat lui donne cetto aurea mediocri-
tas qui ne lui permet pas d'être riche, mais qui
l'empêche d'être pauvre, et l'autorise à réserver la
bourse des catholiques pour toutes les œuvres de
prosélytisme chrétien. Le jour où dans chaque pa-
roisse les vrais catholiques devront donner à leurs
prêtres uns église, un presbytère, un traitement
et subvenir encore même aux seules œuvres les
plus importantes dont l'Eglise ne peut se passer,
et cela au milieu des chaînes quo les maîtres ne
manqueront pas de forger pour lier les mains des
bienfaiteurs, alors on verra qu'il est plus facile de
faire tomber une vieille institution toujours salu-
taire que d'en édifier une autre à sa place.
Je sais que des générosités s'annoncent déjà; je
suis autorisé à le dire, car je puis citer, pour
l'honneur de mon diocèse, cette promesse que me
faisait annoncer dernièrement un noble cœur de
ma Charente : « Si le Concordat est supprime, je
me charge, monseigneur, de tous les curés de mon
canton et, si vous le permettez, de vous-même ».
Mais combien comptera-t-on de ces nobles cœurs
et combien de temps pourront durer leurs larges-
ses ? Le meilleur remède serait que le clergé pût
et voulût vivro comme les apôtres, sine saroulo,
sine pera ; mais les apôtres étaient des héros, et
; l'héroïsme n'est pas commun, et encore ne renon-
rçaionl-ils Pas à ce que la charité versait dans la
bourse de leur économe.
Ainsi la préoccupation matérielle est celle
qui domino — et cela se conçoit aisément —
parmi les catholiques réfractaires * toute idée
'de séparation. Ello prend dans leur esprit une
eIle phC9 qu'ils iVort même pas l'adresse de la
cacher. — Charles Darcy.
i — »
L'ARMÉE DE L'EMPEREUR LEBAUDY
; -
(De noire correspondant particulier)
Vienne, 9 septembre.
Un ancien militaire vivant à Vienne a écrit
,à S. M. Jacques I", empereur du Sahara, pour
offrir ses services comme organisateur do la
future armée de l'empire saharien.
M. Jacques Lebaudy a pris l'offre au sérieux
et s'est adressé au ministère des affaires
étrangères du Ballplatz pour avoir des ren-
seignements.
Une enquête a établi que l'homme qui aspi-
rait à devenir le Carnot de Jacques 1" s'ap-
pelle Alexandre Wertheimer, a servi dans
l'armée austro-hongroise, où il est arrivé jus-
qu'au grade de caporal.
Actuellement, il est chef de rayon dans un
bazar de nouveautés.
On ignore si, après ces renseignements, M.
Lebauay a accepté le concours de M, Wer-
theimer.
LÉGISLATION - -
INCOHERENTE
Les arrêts du conseil supérieur de
l'instruction publique. — Concur-
rence aux tribunaux. — Au con-
seil d'Etat.- Questions d'hy-
giène et d'ordre public.—
L'université cléricale
—Assainissement
nécessaire.
Il faut peut-être un certain courage pour
parcourir, en temps de vacances, un livre in-
titulé : Les arrêts -du conseil supérieur de l'ins-
truction publique, annotés et précédés de la
i législation en vigueur, par M. Henri Schmit,
chef de bureau à l'administration centrale, à
qui nous devons déjà une publication analogue
dont celle-ci est la suite.
Le sujet est assez revêche, en effet, mais ins-
tructif à tous points de vue, et nous n'avons
; nul regret de nous y être attardé quelques ins-
;tants.
Le Conseil supérieur a, comme chacun sait,
; en dehors des questions de programme et des
r avis qu'il est parfois appelé à émettre, des at-
tributions multiples. En matière contentieuse
iet disciplinaire, il juge les affaires ressortissant
, aux divers ordres ;d'enseignement, annule ou
: confi rme les décisions des conseils académiques
et départementaux, ajourne, s'il lui plaît, à
une autcé session ou, pouvoir exorbitant, évo
t que le litige au fond, alors qu'il annule le juge-
ment dont est appel, sans renvoi devant une
autre juridiction.
Dans les instances engagées au criminel, il
abaisse ou élève les peines prononcées bien que
: l'appel à minima ne soit pas applicable aux
décisions rendues par les conseils de l'ensei--
ignement primaire.
Nulle législation ne paraît plus incohérente.
On n'apprendra pas sans étonnement, par
exemple, que le Conseil d'Etat s'est refusé à
reconnaître à la peine disciplinaire qui prive,
à tout jamais, un maître du droit d'enseigner,
; le caractère d'qne véritable peine, semblable à
-celles prononcées par les tribunaux, et dont la
; remise peut, le cas échéant, donner lieu à un
; recours en grâce.
Le Conseil d'Etat concluait, il est vrai, au
dépôt d'un projet de loi destiné à faciliter à
l'interdit les moyens de se faire réintégrer.
Si ce projet n'a pas encore été adopté par les
Chambres, l'auteur du recueil, d'ailleurs fort
bien conçu, aurait pu rappeler qu'après la né-
faste période du 16 Mai, dont nos instituteurs
laïques conserveront un ineffaçable souvenir,
le ministre de l'instruction publique n'hésita
pas à soumettre au visa du chef de l'Etat la
réintégration d'un certain nombre de maîtres,
victimes des passions cléricales de l'époque —
et ce fut justice.
Pour les congréganistes
Nul n'ignore aujourd'hui quels trésors d'in-
dulgence nos tribunaux tiennent en réserve
pour les congréganistes qui se montrent réfrac-
taires aux lois ou s'insurgent contre leurs re-
présentants.
Ce sont affaires jugées d'avance, dit-on de
tous côtés, l'acquittement ne fait doute pour
personne ; les dévots dressent, à l'avance, les
arcs de triomphe. Les magistrats chanteraient
un Te Deum. au besoin 1
L'opinion publique n'est pas avec eux. C'est
bien le cadet de leurssoucis. Ce n'est pas pour
rien qu'ils sont inamovibles!
Et nous nous faisions ces réflexions en re-
marquant l'empressement avec lequel les con-
gréganistes se pourvoient devant le Conseil
supérieur toutes les fois que les conseils dé-
partementaux se montrent favorables à des
oppositions formées à l'ouverture d'écoles clé-
ricales dans l'intérêt de l'hygiène, de la morale
publique ou pour tout autre motif. Il est des
accommodements avec le conseil suprême, et ce
n'est pas sans motifsqueles cléricaux le mettent
ion demeure de juger aussi souvent en der-
nier ressort.
Les conditions d'hygiène congréganiste. 1 a
Haute Assemblée en fait bon marché ; le voisi-
nage d'un cimetière n'est pas, prétend-elle, un
obstacle à l'ouverture d'une école ; il en serait
de même de la proximité d'un hôpital, de la
contiguïté d'une étable, d'une fosse à fumier
et l'on ose prétendre, sans s'apercevoir que
les faits dont nous sommes quotidiennement
témoins donnent le plus éclatant démenti,
qu'une opposition ne saurait être formée au
nom de l'intérêt public, h l'égard d'une institu-
trice congréganiste, laïcisée dans le but do te-
nir en échec l'école communale véritablement
laïque, alors que les cloches sonnant à toute
volée pour donner l'alarme et provoquer les
Dires excès,
La magistrature l'a proclamé, le Conseil su-
périeur n'a eu garde de se mettre en travers :
l'ordre public est sauf, dérision ! L'ordre pu-
blic comme en Bretagne !
Une école mise sous scellés
Parmi les espèces les plus curieuses, nous re-
lèverons l'appel d'une opposition de l'inspec-
teur d'académie fondéesur des motifs d'hygiène
(on aurait pu en invoquer d'autres, peu im-
porte) attendu que l'école projetée, mise sous
scellés, n'avait pu être visitée par l'inspecteur
primaire chargé d'en vérifier l'état.
Le conseil supérieur, en annulant l'opposi
tion, autorise ainsi, en fait, l'ouverture d'une
école qu'aticun de ses membres ne connaît ;
d'ounous serions en droitde conclure qu'il suf-
firait à un maître de requérir, sous un prétexte
quelconque, une apposition de scellés, pendant
un mois, pour ouvrir, à l'expiration du délai
légal, une école jugée, a priori, dans des con-
ditions hygiéniques irréprochables 1
Les fraudes aux examens
L'enseignement supérieur et l'enseignement
secondaire donneraient lieu à des observations
moins nombreuses, mais également sugges-
tives.
La loi du 23 décembre 1901, entre autres, se
montre justement sévère envers ceux qui se
sont rendus coupables de fraudes commises
dans les examens ; elle prévoit même des con-
damnations de un mois à trois ans da prison,
sans compter des amendes et des peines égales
pour les complices. Certaines fraudes de ce
genre sont restées dans toutes les mémoires.
S'explique-t-on qu'en présence d'un texte
aussi formel, il se soit trouvé un ministre
qualifiant de faute légère le fait pour un can-
didat de copier tout ou partie de la composi-
tion d'un voisin, de se servir de notes appor-
tées en cachette et autres manœuvres dont les
candidats laïques sont loin d'être familiers!
Aussi les bons pères s'en souviendront 1
Les conseils départementaux
En ce qui concerne l'enseignement primaire,
dont la part est prédominante dans les délibé-
rations du conseil, nous apprenons que, sur
sur 76 arrêts rendus par la haute assemblée,
on n'en compte pas moins de 30 infirmant des
décisions de conseils départementaux.
C'est là une inquiétante proportion.
Ce qu'il faut faire
On est ep droit de se demander si ces résul-
tats ne tiennent pas, non à l'ignorance des cno-<
seils de province, mais surtout à l'état d'esprit
de beaucoup de membres du conseil supérieur
de l'instruction publique qui se rapprocherait
de celui de notre magistrature inamovible.
Les universitaires siégeant au conseil supë*.
rieur sont presque tous élus par leurs pairs-
dans l'ordre auquel ils appartiennent et, il fauf
l'avouer, puisqu'on no cesse de le répéter de-1
puis quelques années, le cléricalisme a poussé
de profondes racines dans nos lycées et dans'
nos facultés. Le terrain universitaire en est pé-,
nétré. Là, comme ailleurs, le défrichemen
s'impose ou la moisson sera compromise..
> Le ministre de l'instruction publique qui na
reculera pas devant la tâche d'assainissement,
dont son conseil fait si peu de cas comme on
l'a vu, aura bien mérité des républicains.
Mais, pour cela, il faut sa mettre au-dessus
des questions de camaraderie et n'avoir en vue
que le but à atteindre, sans prendre les lunet-
tes de son prédécesseur !
Nous n'envoyons pas nos enfants dans les 1 v-t
cées de l'Etat pour qu'on leur enseigne que
l'Histoire de la Révolution est celle de la gu/tl-,
lotine; nous ne voulons pas en faire des avo..
cats qui seront imbus des principes de tel da,
nos professeurs de droit dont l'impudeur de
l'interprétation des lois soulève la juste indi-
gnation de ceux de ses auditeurs que le cléri-:,
calisme n'a pas encore contaminés.
M. Schmit était loin de'penser que la lecture
de son livre nous suggérerait de pareilles ob-
servations; ce n'est certainement pas lui qui les
a provoquées ; mais il a fait un travail utile,
qui servira, et nous ne pouvons que.le remer.
cier de nous avoir fait revenir une fois de plus ;
sur un sujet qui nous est cher. - H. L. B.
Lundi prochain les Grands Magasins du
Louvre feront l'ouverture de leur Exposition
annuelle de Tapis, Meubles et Tissus d'Ameu"
blement ; au 2e étage une nouvelle galerie a
été entièrement affectée aux installations mo-
dernes.
Par leur choix si heureux dans nos meit411
leures fabriques, les Grands Magasins du
Louvre dont la suprématie dans le bon goût
est universellement reconnue, donnent la v.
ritable expression artistique de l'industrie
française. Tout Paris sera Lundi aux Grandj
Magasins du Louvre, sachant la place prépon-
dérante que cette maison s'est acquise danr
l'art de 1 ameublement.
Nous signalons à l'attention des amateure
une affaire très importante de Céramiques
d'Art, Grès, Porcelaines et une Collection in-
comparable d'Ivoires japonais.
OUBLI OU DÉNI DE JUSTICE
Les Chambres ont décidé, — par une loi, 91
je ne me trompe, — que tous les instituteurs
stagiaires, pourvus du certificat d'aptitude pé-
dagogique, seraient titularisés de droit au pro*
mier janvier qui suit l'obtention du diplôme.
Tous, dans le monde primaire, ont applaudi
à cette mesure do justice, prise par le Parle-
ment en vue d'empêcher un exode dont les con.
séquences seraient fort préjudiciables à l'avenir
du progrès démocratique.
Il nous revient cependant que cette équitable
décision n'a pas été respectée dans le Mor-
bihan. -
C'est un déni de justice, si ce n'est un oubli..
Dans ce dernier cas, nous comptons sur la dé.:
ligence de M. l'Inspecteur primaire de Lorient.
pour le réparer.
Il va sans dire que les maîtres lésés devront-
recevoir les arrérages du 1" janvier dernier air
jour prochain de leur titularisation. - Agrl-
cola Chevalier.
LES FÊTES DE TREGUIER
La journée des bleus
Le 12 septembre, veille de l'inauguratiolt
du monument d'Ernest Renan, sera surtout I3
journée des bleus de Bretagne.
Ils donneront leur banquet, que présidera
probablement M. Chaumié, ministre de l'ins-
truction publique, assisté de M. Guieyesse, dé-
puté, de l'amiral Réveillère et du général Pas..
sérieu.
A 2 heures, grande matinée théâtrale sous la
tente dressée pour le banquet populaire du len-
demain.
L'excellente musique de la flotte, sous la di-
rection de son chef, M. Farigoul, so fera entea"
drA-
-- M. Le Dantec, l'éminent maître de conféren-
ces à la Sorbonne, fora une conférence sut
Renan (l'Ennemi du peuple).
Mlle Demougeot, de l'Opéra, chantera lvaic
de Guillaume Tell; la Vieille 'chanson, de Bi-
zet ; M. Barthet, de l'Opéra, chantera la Char-e
rue, de Galbier, et le Benvenuto de Diaz. Tout
deux chanteront ensuite le duo d'Hamlet. M.
Fenoux, Mlle Delvair, de la Comédie-Fran-
çaise, diront les Pauvres gens et l'Oceano no.1'.
de Victor Hugo. Ils joueront le Jean-Marie,
pièce bretonne de M. A. Theuriet.
Après la conférence, dans la salle des écolesi
importante réunion fédérative des représeo.
tants des groupes républicains de Bretagno.,
Le banquet, vu l'exiguïté du local, a dû ôtret
limité à 200 couverts. Le soir, grande retraite,
par la musique de la flotte.
————————————
LE CAS DU SOLDAT GEAY
Clermond-Ferrand, 9 septembre.
Le général Girardel, commandant le 13' corps;
d'armée, a levé la punition de 60 jours do pri-t
son qui avait été infligée au réserviste Geay)
pour refus d'obéis3ance. A l'expiration de sei
28 jours, le réserviste Geay quittera la caserne le
..- ♦ "S
MANŒUVRES MEURTRIÈRES ;,
(De notre correspondant particulier)
* Riom, 9 septembre.
J'apprends que depuis le début des manœu
vres deux réservistes du 105' régiment de ligna
en garnison à Riom sont morts d'insolation.
Tous les deux étaient mariés et pères l'un d'un
enfant, l'autre de deux. Un troisième réser-ï
viste originaire de Thiers est (levenu fou, tOUI
jours à la suite d'insolation. A Lestrades 4e
hommes du 16e régiment, hors d'état de con-
tinuer les manœuvres, ont été dirigés pa? voie Ii
ferrée sur Montbrison leur garnison. t
L'INSURRECTION EN MACÉDOINE
L'escadre russo
Londres, 9 septembre.
Le correspondant du Daily Teiegraph à
Saint-Pétersbourg dit qu'une haute personne
lité lui a annoncé que le gouvernement russe 4
l'intention d'envoyer l'escadre do la me
Noire dans les eaux turques et, en mêma
temps, qu'il ferait de nouvelles propositions ro
la Porte relativement à la pacification de I
Macédoinet
L'agitation on Turquie
Constantinople, 9 septembre.
La situation politique UO s'est pu sensible
f Ll "P AiA OTifrPT V
ANNONCES
AUX BUREAUX DU JOURNAL
14, rue du Mail, Paris.
Et chez MM. LAGRANGE, CERF et
6, place de la Bourse, 6
Adressa Télégraphique; XIXe SdCLB - PAlUS
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Paris. Trois mois 6 f. six mois 11 f. un a 20 rai
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REDACTION: 14, rue du Mail, Paris
Ve 4 à 8 heures du soir et de 10 heures du soir à 1 heure du malin
N° 12236. — Vendredi l 1 Septembre 1903
— 28 FRUCTIDOR AN 111
ADMINISTRATION ; 11, rue du Mail
Adresser lettres et mandats t l'idmiistraieur
-- NOS LEADERS
les cléricaux contre Renan
Ceux qui ne connaissent pas un peu
la Bretagne, la situation des partis
dans nos départements de l'Ouest, et
les positions souvent paradoxales adop-
tées par les polémistes réactionnaires ;
de la région, doivent imaginer difficile-
ment le bouillonnement des colères
cléricales dans les Côtes-du-Nord et le ;
Finistère, Ils comprennent que l'inau-
guration de la statue de Renan à Tré-
guier sera une grande manifestation
de la République et de la Libre-Pen-
sée. Les plus intelligents d'entre eux
affectent de ne pas comprendre. Pour-
quoi, disent-ils maintenant, mêler les
passions qui nous divisent à ce qui au-
rait dû rester une fête littéraire et phi-
losophique? On a été jusqu'à insinuer
avec une apparence de bon sens, qu'un
écrivain comme Renan n'était pas le
héros d'une ville, et que la place de
son monument était au Collège de
France.
A Paris, la glorification d'Ernest Re-
nan n'eut prêté à aucun différend, c'est
certain. Nous avons eu, récemment,
le spectacle de bonapartistes offrant
à Victor Hugo des hommages inattendus
et des larmes de crocodiles à l'occa-
sion de son centenaire. Aussi bien les
papistes eussent pu célébrer dans Re-
nan le « styliste » à l'exclusion du pen-
seur.
***
Mais c'est Tréguier qui a voulu, sur
sa belle place du Centre, élever la sta-
tue de l'historien de la Vie de Jésus.
Alors, les cléricaux parlent de « pro-
vocation ». Quoi donc? Seule la ville
natale du magnifique écrivain n'aurait
pas le droit d'honorer sa mémoire ? Il
faut forcer l'Eglise à expliquer ses con-
tradictions. Elle pourra le faire seule-
ment en avouant qu'elle s'embrouille
dans ses mensonges. L'Eglise ment de
deux façons : à Paris, en se réclamant
de la liberté de penser et de la Science;
à Tréguier en affirmant de Renan,
« qu'il a renié sa patrie, qu'il a renié la
famille, la morale, qu'il a renié le peu-
ple, qu'enfin il a renié la Bretagne ».
Ce sont les propres termes d'un placard
assez scandaleux que les sacristains
distribuent à l'issue de chaque messe,
et qui a été affiché partout. Ce papier
est illustré d'une grotesque caricature:
Renan assis, les jambes écartées sur
une Bible, un Evangile et une Vie des
Saints est éventé par la palme que tient
un diable voltigeant. Titre : A bas l'I-
dole 1 Argument : Ce nouveau Judas
n'a jamais eu qu'un culte : le culte du
Veau d'Or ». Moralité : « Et vous Bre-
tons, vous jetterez à la face de toute
cette bande de pantins et de renégats
le cri de réprobation et de dégoût qui
jaillit de toute poitrine française pour
les Judas : A bas l'Idole 1 A bas Renan 1»
Depuis l'apparition de la Vie de Jésus
voilà sur quel ton les cléricaux bre-
tons traitent de Renan et de son œu-
vre. Comment, aujourd'hui que leur
mauvaise cause est évidemment per-
due, simuleraient-ils l'indifférence. Ils
engagent la bataille parce que la dé-
faite attendue peut être moins terrible
pour eux que la déroute sans combat.
C'est la tactique du désespoir: celle
qui conduisit Napoléon III à Sedan.
Le clergé donne avec rage. Il paraît
que beaucoup d'évêques sont défavo-
rables à la circulation des prêtres à bi-
- cyclette. Je ne sais si l'évêque de St-
Brieuc partage cette prévention. En
tout cas, il n'en fait rien savoir pour
le moment. La bicyclette est trop com-
mode pour les déplacements rapides
nécessités par l'activité de la propa-
gande cléricale. Sur les routes, on ne
cesse de croiser des théories de sécu-
liers à roulettes. Toute chaumière est
visitée. Chaque catholique reçoit ses
instructions.
Dans les sermons bretons des mes-
ses basses, les curés proclament que
« tous ceux qui iront aux fêtes de
Tréguier sont des pourris (breninfJs) et
qu'ils ne recevront plus l'absolution ».
Les prêtres font courir le bruit
qu'on dressera la liste des commer-
çants qui auront assisté au banquet
du 13, et qu'on interdira aux fidèles
d'acheter aux négociants qui s'y seront
trouvés.
A Tréguier mêm&, des affiches pro-
clament l'utilité de dresser un monu-
ment expiatoire en face de la statue
de Renan, Pendant la fête, derrière les
portes fermées de la cathédrale, il y
aura adoration du Sacré-Cœur ; d'au-
tre part, les réactionnaires sont con-
viés à une conférence privée dans je
ne sais quel local.
***
Ces préparatifs n'intimident en au-
cune façon les républicains de Tré-
guier. Ils sont sûrs d'eux, comme ils
sont surs de leursxamarades de Mor-
laix et de Paimpol, qui viendront à
Tréguier en cortèges, drapeaux et tam-
bours en tête.
Le banquet populaire a - été fixé à
i t.50tX couverts ; les organisateurs sont
débordés par les demandes d'inscrip-
tions qui dépassent de beaucoup ce
chiffre. A noter que beaucoup de fem-
mes ont réclamé des places.Symptôme
inquiétant pour la réaction, dans un
pays où le clergé se croit maître des
consciences féminines.
Les apprèts de l'inauguration sont
poussés avec beaucoup d'activité par
l'intelligente municipalité. La tente du
banquet est dressée sur la rade. Les
ouvriers achèvent d'élever le monu-
ment. Des mâts, ornés de drapeaux,
se dressent partout. L'enthousiasme se
propage dans toutes les maisons. 11
faudrait mieux que les efforts de quel-
ques douzaines de séminaristes en va-
cances pour enrayer un pareil mou-
vement.
Hugues Destrom.
0
INCIDENTS ORIENTAUX
Cela devait venir ; voilà que
la Porte nous accable de dépê-
ches officielles racontant d'in-
nombrables victoires rempor-
tées par ses troupes, sur les
bandes d'insurgés qu'elle tient
beaucoup, en général, à traiter de « Bul-
gares ».
Elle a, juste au même moment, et comme
par une même occasion, pris une mesure
en vertu de laquelle tous les correspondants
de journaux européens doivent quitter la
Macédoine. C'est là une bonne précaution :
grâce à elle, si les nouvelles répandues par
le gouvernement de Constantinople se.
trouvent être fausses, le sultan n'aura pas
le désagrément de les trouver démenties
dans les journaux européens.
Nous voilà donc, jusqu'à nouvel avis,
réduits aux dépêches officielles soit de Cons-
tantinople, soit de Sofia ; nous tâcherons"
de faire un juste départ entre ce qu'elles
annonceront et ce qu'elles cacheront.
Ce qui est certain quant à présent, c'est
que la Turquie a dù mobiliser tout ce qu'elle
a de forces disponibles pour tâcher de ve-
nir à bout de la Macédoine ; or, elle ne
vient à bout de rien.
Et voici que, précisément, les incidents
désagréables se multiplient: l'autre jour,
c'était un attentat plus ou moins réel con-
tre un consul américain, hier c'était, à
Beyrouth, la bataille entre musulmans et
chrétiens; à Constantinople même, l'exci-
tation s'accroît dans la population et les
colonies européennes songent à prendre
leurs précautions contre des éventualités
possibles. ---""i"-
Assurément, il faut étudier la question
avec sang-froid, et c'est, nous semble-t-il,
ce qu'a fait jusqu'à présent l'Europe. On
peut supposer que les cabinets ne s'endor-
ment pas, et que toutes les mesures sont
préparées pour mettre le holà, si le fana-
tisme musulman menaçait d'un réveil trop
brutal. Dès à présent, il est déplaisant que
la Porte s'arroge, comme on l'a vu plus
haut, le monopole des renseignements sur
la situation en Macédoine ; quand tout le
monde pouvait télégraphier, nous appre-
nions des tueries et des massacres ; main-
tenant que la Porte va parler à peu près
toute seule, il est à craindre qu'il ne se pro-
duise bien des horreurs dont elle se gardera
fort de nous faire part.
». ——— ■
L'INDEMNITÉ DE CHINE
Après l'expédition de Chine, le gouverne-
ment décida d'accorder une indemnité à cha-
cun des soldats et marins ayant fait cette cam-
pagne.
Les premiers rentrés en France ont, sur leur
demande, obtenu satisfaction.
Nous demandons que tous les soldats et ma-
rins qui ont pris part à l'expédition reçoivent
l'indemnité qu'on leur a promise. C'est de
toute justice.
Il y a encore des jeunes gens, qui attendent
la petite gratification si longtemps souhaitée
pour le rétablissement de leur santé.
* Nous avons la conviction qu'il suffira de si-
gnaler ce fait pour que satisfaction soit don-
née à tous, aux derniers rentrés comme aux
premiers. — V. Le Radec'h.
La rentrée du ccmte IgnaM
(De notre correspondant particulier)
Saint-Pétersbourg, 9 septembre.
Le comte Ignatiefï qui, par suite de s? dis-
grâce, vivait depuis quelque temps à l'étran-
ger, est rentré et a eu un long entretien avec
le comte Lamsdorf, ministre des aflaires étran-
gères.
Il sera reçu en audience particulière par le
tsar.
Il est question de l'envoyer avec une mission
spéciale dans les pays .balkaniques. Le orûte
Ignatieff comme ancien président de la Société
de bienfaisance slavo" a des rapports avec les
représentants do toutes les nations de la fa-
mille slave et particulièrement avec celles des
Balkans. ;
ENCORE UN NOUVEL UNIFORME ALLŒAND
(De notre correspondant particulier)
Berlin, 0 septembre,
L'administration militaire a décidé do chan-
ger encore une fois l'uniforme de l'armée prus-
sienne. Il s'agit de créer une tenue do campa-
gne d'un gris spécial tirant sur le -vert. Les^
boutons seront de la même couleur. La tuni-
que sera remplacée par une blouse de coupe
russe.
LE NEVEU DE LA REINE DRAGA
[De noire correspondant particulierI
Belgrade, 9 septembre.
Le Journal Officiel publie un avis qui invite
le lieutenant Georges Petrovitsch, neveu de la
reine Draga,à rejoindre dans le plus bref délai
son régiment qu'il a quitté sans permission.
Ainsi qu'on sait, le lieutenant a accompagné
les sœurs de la reine Draga à l'étranger. Au
moment du départ, il fallait songer à protéger
ces malheureuses contre les assassins et il n'a-
vait guère le temps matériel de demander l'au-
torisation de s'absenter.
QUESTIONS
D'ASSISTANCE
La Revision de la loi de 1838 sur les
aliénés (1)
n. - 0 E L'INTERIEMENT DES ALIÉNÉS
Parallèle entre la loi de 1838 et la loi
Dubief. — Certificats médicaux. —
L'internement « provisoire ». —
Pièces officielles. — Heu-
reuse innovation.
C'est certainement la question de l'interne-
ment des aliénés qui soulèvera les discussions
les plus passionnées et les plus intéressantes,
car c'est elle qui a toujours déchaîné les polé-
miques soulevées par la loi do 1838.
Pour apprécier les différences qui existent
entre la loi de 1838 et le projet de loi qui nous
occupe, nous reproduisons ici les deux articles
qui traitent des formalités à remplir et des piè-
ces à fournir pour interner un aliéné.
1* Article 8 de la loi de 1838. — Les chefs ou
préposés responsables des établissements publics
et les directeurs des établissement privés consacrés
aux aliénés ne pourront recevoir une personne
atteinte d'aliénation mentale, s'il ne leur est
remis :
1° Une demande d'admission contenant les noms,
profession, âge et domicile, tant de la personne
qui la formera que de celle dont le placement sera
réclamé, et l'indication du degré de parenté ou, à
défaut, de la nature des relations qui existent en-
tre elles. — La demande sera écrite et signée par
celui qui la formera, et, s'il ne sait pas écrire, elle
sera reçue par le maire ou le commissaire de po-
lice, qui en donnera acte. - Les chefs, préposés
ou directeurs, devront s'assurer, sous leur respon-
sabilité, de l'individualité de la personne qui aura
formé la demande, lorsque cette demande n'aura
'pas été reçue par le maire ou le commissaire de
police. — Si la demande d'admission est formée
.par le tuteur d'un interdit, il devra fournir, à
l'appui, un extrait du jugement d'interdiction ;
20 Un certificat de médecin constatant l'état men-
tal de la personne à placer, et indiquant les parti-
cularités de sa maladie et la nécessité do faire
traiter la personne désignée dans un établissement
d'aliénés et de l'y tenir enfermée. — Ce certificat
ne pourra être admis, s'il a été délivré plus de
quinze jours avant sa remise au chef ou directeur,
s'il est signé d'un médecin attaché à l'établisse-
ment, ou si le médecin signataire est parent ou
allié, au second degré inclusivement, des chefs ou
propriétaires de l'établissement, ou de la personne
qui fera effectuer le placement. — En cas d'ur-
gence, les chefs des établissements publics pour-
ront se dispenser d'exiger le certificat du mé-
decin :
30 Le passoport ou toute autre pièce propre à
constater l'individualité de la personne à placer.
- Il sera fait mention de toutes les pièces produi-
tes dans un bulletin d'entrée, qui sera i envoyé,
dans les vingt-quatre heures, avec un certiflcaMu
médecin de l'établissement, et la copie do celui
ci-dessus mentionné, au Préfet de police à Paris,
au préfet ou au sous-préfet dans les communes
chefs-lieux de département ou d'arrondissement,
et aux maires dans les autres communes. Le sous-
préfet, ou le maire, en fera immédiatement l'en-
voi au préfet.
Le projet Dubief
II. Article 1.. du projet de loi Dubief. - Les
chefs responsables des asiles publics et privés con-
sacrés aux aliénés * e peuvent recevoir une per-
sonne présentée comme sateinte d'aliénation men-
tale ou d'une des maladies précisées à l'article
deux (i), s'il ne leur est remis :
1° Une demande d'admission contenant les nom,
prénoms, profession, âge et domicile, tant de la
personne qui la forme que de celle dont le place-
ment est réclamé, et l'indication du degré de pa-
renté ou, à défaut, de la nature des relations qui
existent entre elles.
La demande est écriia et signée par celui uni la
forme ; elle est visée par le juge do paix, le maire
ou le commissaire do police. En cas d'urgence, le
visa n'est exigible que dans les quarante-huit heu-
res de l'admission. Si l'auteur de la demande ne
sait pas écrire, celle-ci est reçuo par le fonction-
naire dont le visa est réclamé, qui en donne acte.
Si la demande est formée par le tuteur d'un in-
terdit, il doit fournir à l'appui, dans un délai
de quinze jours, un extrait du jugement d'inter-
diction et un extrait do la délibération du conseil
de famille prise en vertu do l'article 510 du Code
civit.
2° Un rapport au procureur de la République sur
l'état mental do la personne à placer, signé d'un
docteur en médecine et dûment légalisé. Ce rap-
port doit être circonstancié; il doit indiquer notam-
ment : la date de la dernière visite faite au malade
par le signataire, et qui aura été notifiée au juge
de paix ou au maire, sans que cette date puisse
remonter à plus de huit jours ; les symptômes et
les faits observés personnellement par le signataire
et constituant la preuve de la folie, ainsi que les
motifs d'où résulte la nécessité do faire traiter le
malade dans un établissement d'aliénés et do l'y
tenir enfermé.
Ce rapport ne peut être ami s'il a été dressé
plus de huit jours avant Ja remise au chef respon-
sable do l'établissement; s'il est l'œuvre d'un mé-
docin attaché à l'étahlissement, ou si l'auteur est
;parcnt ou allié au second degré inclusivement du
chef responsable, ou du propriétaire de l'établisse-
ment, ou des médecins qui y sont attachés, ou do
la personne qui fait effectuer le placement, eu de
la personne à placer.
- En cas d'urgence, l'admission petit avoir lieu SUT
rla présentation d'un rapport médical sommaire;
mais le médecin certificateur doit, dans le délai de
deux jours, produire un rapport détaillé confor-
mément aux dispositions ci-dessus, sous l'une des
peines portées à l'article 63 ci-après.
3q L'acte do naissance ou de mariage de la per-
sonne a placer, ou toute autre pièce propre à éta-
blir l'identité de cette personne.
i Les pièces qui ne rempliraient pas les conditions
ci dessus prescrites doivent ètro rectifiées ou com-
plétées dans un délai de quinze jours, sur la de-
mande du directeur ou sur celle du Préfet.
Les personnes admises dans les établissements
d'aliénés, conformément aux dispositions précé-
- dentes, ainsi que les personnes dont le placement
> aura été ordonné d'office, ne seront internées qu'à
titre provisoire, et sont placées, en conséquence, à
l'infirmeriç de l'asile et inscrites sur un registre
spécial. Elles y sont maintenues autant que les exi-
gences du traitement le permettent.Si le médecin,
avant la décision de l'autorité judiciaire prévue à
l'article 19, les fait passer dans un autro quartier,
il doit indiquer la date et les motifs de ce
I: changement sur lo registre prescrit par l'article 21
1 ci-après.
Formalités indispensables
- La première innovation consiste dans la lé;
galisation de la demande d'admission. Nous;
considérons cette formalité comme parfaite
'ment inutile, la demande d'admission étant
ordinairement établie sous les yeux du fonc-,
tionnaire préposé à la réception des malades.
L'on ne saurait trop se pénétrer, je l'ai dit
bien souvent, qu'une loi comme celle-ci, des-
tinée malheureusement à entrer d'une façon
très fréquente dans la pratique publique, doit
être simple, courte et accessible à toutes les.
intelligences. En multipliant les difficultés et
les démarches qui ne sont pas indispensables
on s'expose à causer des malheurs irrépara-
bles. Chacun doit savoir immédiatement les
formalités qu'il doit avoir à remplir pour pla-
cer un parent devenu subitement aliéné et
dangereux et, nous le répétons', ces formalités
ne doivent être ni longues, ni compliquées.
Nous voyons, dans la nouvelle loi, qu'un,
rapport, signé DJUN docteur en médecine aii
dûment légalisé, devra être adresssé au pro-
cureur de la République. Ce rapport devra:
- (l) Voir 10 numéro du 4 septembre.
- (2) IdiotB, crétins, épileptiques, alcooliques.
ètre circonslincié et indiquer la date do la
dernière visite- faite au malade, visite qqi;
aura dû être signifiée au. maire et au juge de'
paix. -
Il y a lieu de constater, tout d'abord, que le.
principal reproche, dont on fait un crime à la]
loi de 1838 est que l'on peut interner un indi-
vidu sur le certificat D'UN SEUL médecin. Que
ce certificat soit circonstancié ou non, qu'il
s'appelle rapport ou autrement, qu'il soit en-
voyé au directeur ou au préfet, il n'en existe
pas moins ce fait que ce rapport est l'œuvre
D'UN SEUL. docteur et que de ce côté si impor-
tant, la loi Dubief ne change eu rien la loi de
1838.
j Et croit-on vraiment qu'un médecin va s'as-
treindre à faire de longs rapports médicaux,
: de même que le procureur de la République à
les lire ?
Médecins et magistrats
Quant à la signification de la dernière vi-
site médicale au juge de paix ou au maire, par
,qui doit-elle êtro faite? par la famille ou par
le médecin ? Le s-ilence do la loi fera de cette
obligation lettre morte, et il y a de grAndes.
chances qu'il en soit ainsi de toutes les inuti-
lités contenues dans ce projet.
Le certificat médical actuellement exigé par
: ia loi de 1838, (lequel doit être et est toujours
légalisé) est formulé à peu près ainsi : Je sous-
signé, docteur en médecine à. certifie, que M.X.,
demeurant à. âgé de. est atteint d'une alié-
nation mentale caractérisée par. (ici les symp-
ltomes et les faits diagnostiquant la nature du
délire). et qui exige son placement dans un
établissement spécial.
Si ce certificat médical n'est pas suffisant, le
rapport exigé ne le sera pas davantage, car
'les termes techniques ne seront pas plus fami-
liers aux magistrats dans une citation de quel-
ques lignes que tout au long d'un gros volume.
A quofbon alors cette prolixité?
Dans tous les cas, certificat ou rapport ne
sera l'œuvre que d'un seul, et il serait beau-
coup préférable, au lieu d'exiger qu'il s'étende
sur des détails oiseux, que ce certificat soit
visé, après examen, par un médecin revêtu
d'un caractère officiel, le médecin de l'assis-
tance publique, par exemple, qui aurait en ou-
tre la mission d'aviser le maire ou le jugo de
paix de la maladie mentale et de l'internement
de la personne qu'il viendrait de visiter.
Si on considère que lorsqu'un malade est.
en grand danger, le médecin qui le soigne ap-
pelle en consultation un de ses confrères, .pour
atténuer sa responsabilité en cas d'accident,
pourquoi le médecin appelé à conclure à l'in-
ternement d'un malade n'appellerait-il pas, en
consultation, un spécialiste des asiles, avec ce
co 'l'ecHf que ce médecin consultant n'appar
tiendrait pas à l'asile où devrait aller ce ma-
lade.? N'y aurait-il pas là une garantie? li va
sans dire que les médecins directeurs de mai-
sons privées seraient exclus de ces consulta-
tions.
M. Dubief a aussi inséré dans son projet de
loi l'internement PROVISOIRE. Loin de voir l'u-
tilité de cette mesure, nous la croyons d'au-
tant plus nuisible que la loi ne nous dit pas
: quelle sera la situation légale de la personne
: internée provisoirement. Sera-t-elle sous l'ad-
ministration provisoire de l'établissement ? At-
tendra-t-on pour l'y mettre son internement
définitif? Ne peut-on craindre que des malin-
tentionnés ne profitent do cette situation irré-
gulière pour s'emparer ou dilapider les biens
du malade séquestré provisoirement ?
Avec la loi de 1838, les biens de tout aliéné
non interdit sont placés sous la tutelle de l'ad-
ministration provisoire dès son entrée à l'a-
sile.
Ensera-t-ilde même sous la nouveau ré-
gime avec ce provisoire qui durera, ainsi que
nous le verrons, beaucoup trop longtemps ?
(A suivre). EMILE MAHÉ.
SINE SACCULO, SINE PERA
Un journal du matin vient de faire une en-
quête des plus intéressantes. 11 a recueilli l'o-
pinion des différents prélats français sur la
dénonciation du Concordat. Je n'ai pas besoin
de dire que la très grande majorité d'entre
eux y sont opposés, et pour des raisons à peu
près identiques.
La réponse la plus curieuse à la question
posée est celle de M. Ricard, évêque d'Angou-,
lême,qui révêle à merveille les préoccupations;
actuelles du clergé. La dénonciation du Con-
cordat le frappera en pleine bourse, et voici
ce qui l'effraie le plus. La caisse une fois at-
teinte le reste sera bien près do périr, mais ci-
tons les paroles mêmes de l'évêquo :
Ea garantissant au clergé le minimum néces-
saire,le Concordat lui donne cetto aurea mediocri-
tas qui ne lui permet pas d'être riche, mais qui
l'empêche d'être pauvre, et l'autorise à réserver la
bourse des catholiques pour toutes les œuvres de
prosélytisme chrétien. Le jour où dans chaque pa-
roisse les vrais catholiques devront donner à leurs
prêtres uns église, un presbytère, un traitement
et subvenir encore même aux seules œuvres les
plus importantes dont l'Eglise ne peut se passer,
et cela au milieu des chaînes quo les maîtres ne
manqueront pas de forger pour lier les mains des
bienfaiteurs, alors on verra qu'il est plus facile de
faire tomber une vieille institution toujours salu-
taire que d'en édifier une autre à sa place.
Je sais que des générosités s'annoncent déjà; je
suis autorisé à le dire, car je puis citer, pour
l'honneur de mon diocèse, cette promesse que me
faisait annoncer dernièrement un noble cœur de
ma Charente : « Si le Concordat est supprime, je
me charge, monseigneur, de tous les curés de mon
canton et, si vous le permettez, de vous-même ».
Mais combien comptera-t-on de ces nobles cœurs
et combien de temps pourront durer leurs larges-
ses ? Le meilleur remède serait que le clergé pût
et voulût vivro comme les apôtres, sine saroulo,
sine pera ; mais les apôtres étaient des héros, et
; l'héroïsme n'est pas commun, et encore ne renon-
rçaionl-ils Pas à ce que la charité versait dans la
bourse de leur économe.
Ainsi la préoccupation matérielle est celle
qui domino — et cela se conçoit aisément —
parmi les catholiques réfractaires * toute idée
'de séparation. Ello prend dans leur esprit une
eIle phC9 qu'ils iVort même pas l'adresse de la
cacher. — Charles Darcy.
i — »
L'ARMÉE DE L'EMPEREUR LEBAUDY
; -
(De noire correspondant particulier)
Vienne, 9 septembre.
Un ancien militaire vivant à Vienne a écrit
,à S. M. Jacques I", empereur du Sahara, pour
offrir ses services comme organisateur do la
future armée de l'empire saharien.
M. Jacques Lebaudy a pris l'offre au sérieux
et s'est adressé au ministère des affaires
étrangères du Ballplatz pour avoir des ren-
seignements.
Une enquête a établi que l'homme qui aspi-
rait à devenir le Carnot de Jacques 1" s'ap-
pelle Alexandre Wertheimer, a servi dans
l'armée austro-hongroise, où il est arrivé jus-
qu'au grade de caporal.
Actuellement, il est chef de rayon dans un
bazar de nouveautés.
On ignore si, après ces renseignements, M.
Lebauay a accepté le concours de M, Wer-
theimer.
LÉGISLATION - -
INCOHERENTE
Les arrêts du conseil supérieur de
l'instruction publique. — Concur-
rence aux tribunaux. — Au con-
seil d'Etat.- Questions d'hy-
giène et d'ordre public.—
L'université cléricale
—Assainissement
nécessaire.
Il faut peut-être un certain courage pour
parcourir, en temps de vacances, un livre in-
titulé : Les arrêts -du conseil supérieur de l'ins-
truction publique, annotés et précédés de la
i législation en vigueur, par M. Henri Schmit,
chef de bureau à l'administration centrale, à
qui nous devons déjà une publication analogue
dont celle-ci est la suite.
Le sujet est assez revêche, en effet, mais ins-
tructif à tous points de vue, et nous n'avons
; nul regret de nous y être attardé quelques ins-
;tants.
Le Conseil supérieur a, comme chacun sait,
; en dehors des questions de programme et des
r avis qu'il est parfois appelé à émettre, des at-
tributions multiples. En matière contentieuse
iet disciplinaire, il juge les affaires ressortissant
, aux divers ordres ;d'enseignement, annule ou
: confi rme les décisions des conseils académiques
et départementaux, ajourne, s'il lui plaît, à
une autcé session ou, pouvoir exorbitant, évo
t que le litige au fond, alors qu'il annule le juge-
ment dont est appel, sans renvoi devant une
autre juridiction.
Dans les instances engagées au criminel, il
abaisse ou élève les peines prononcées bien que
: l'appel à minima ne soit pas applicable aux
décisions rendues par les conseils de l'ensei--
ignement primaire.
Nulle législation ne paraît plus incohérente.
On n'apprendra pas sans étonnement, par
exemple, que le Conseil d'Etat s'est refusé à
reconnaître à la peine disciplinaire qui prive,
à tout jamais, un maître du droit d'enseigner,
; le caractère d'qne véritable peine, semblable à
-celles prononcées par les tribunaux, et dont la
; remise peut, le cas échéant, donner lieu à un
; recours en grâce.
Le Conseil d'Etat concluait, il est vrai, au
dépôt d'un projet de loi destiné à faciliter à
l'interdit les moyens de se faire réintégrer.
Si ce projet n'a pas encore été adopté par les
Chambres, l'auteur du recueil, d'ailleurs fort
bien conçu, aurait pu rappeler qu'après la né-
faste période du 16 Mai, dont nos instituteurs
laïques conserveront un ineffaçable souvenir,
le ministre de l'instruction publique n'hésita
pas à soumettre au visa du chef de l'Etat la
réintégration d'un certain nombre de maîtres,
victimes des passions cléricales de l'époque —
et ce fut justice.
Pour les congréganistes
Nul n'ignore aujourd'hui quels trésors d'in-
dulgence nos tribunaux tiennent en réserve
pour les congréganistes qui se montrent réfrac-
taires aux lois ou s'insurgent contre leurs re-
présentants.
Ce sont affaires jugées d'avance, dit-on de
tous côtés, l'acquittement ne fait doute pour
personne ; les dévots dressent, à l'avance, les
arcs de triomphe. Les magistrats chanteraient
un Te Deum. au besoin 1
L'opinion publique n'est pas avec eux. C'est
bien le cadet de leurssoucis. Ce n'est pas pour
rien qu'ils sont inamovibles!
Et nous nous faisions ces réflexions en re-
marquant l'empressement avec lequel les con-
gréganistes se pourvoient devant le Conseil
supérieur toutes les fois que les conseils dé-
partementaux se montrent favorables à des
oppositions formées à l'ouverture d'écoles clé-
ricales dans l'intérêt de l'hygiène, de la morale
publique ou pour tout autre motif. Il est des
accommodements avec le conseil suprême, et ce
n'est pas sans motifsqueles cléricaux le mettent
ion demeure de juger aussi souvent en der-
nier ressort.
Les conditions d'hygiène congréganiste. 1 a
Haute Assemblée en fait bon marché ; le voisi-
nage d'un cimetière n'est pas, prétend-elle, un
obstacle à l'ouverture d'une école ; il en serait
de même de la proximité d'un hôpital, de la
contiguïté d'une étable, d'une fosse à fumier
et l'on ose prétendre, sans s'apercevoir que
les faits dont nous sommes quotidiennement
témoins donnent le plus éclatant démenti,
qu'une opposition ne saurait être formée au
nom de l'intérêt public, h l'égard d'une institu-
trice congréganiste, laïcisée dans le but do te-
nir en échec l'école communale véritablement
laïque, alors que les cloches sonnant à toute
volée pour donner l'alarme et provoquer les
Dires excès,
La magistrature l'a proclamé, le Conseil su-
périeur n'a eu garde de se mettre en travers :
l'ordre public est sauf, dérision ! L'ordre pu-
blic comme en Bretagne !
Une école mise sous scellés
Parmi les espèces les plus curieuses, nous re-
lèverons l'appel d'une opposition de l'inspec-
teur d'académie fondéesur des motifs d'hygiène
(on aurait pu en invoquer d'autres, peu im-
porte) attendu que l'école projetée, mise sous
scellés, n'avait pu être visitée par l'inspecteur
primaire chargé d'en vérifier l'état.
Le conseil supérieur, en annulant l'opposi
tion, autorise ainsi, en fait, l'ouverture d'une
école qu'aticun de ses membres ne connaît ;
d'ounous serions en droitde conclure qu'il suf-
firait à un maître de requérir, sous un prétexte
quelconque, une apposition de scellés, pendant
un mois, pour ouvrir, à l'expiration du délai
légal, une école jugée, a priori, dans des con-
ditions hygiéniques irréprochables 1
Les fraudes aux examens
L'enseignement supérieur et l'enseignement
secondaire donneraient lieu à des observations
moins nombreuses, mais également sugges-
tives.
La loi du 23 décembre 1901, entre autres, se
montre justement sévère envers ceux qui se
sont rendus coupables de fraudes commises
dans les examens ; elle prévoit même des con-
damnations de un mois à trois ans da prison,
sans compter des amendes et des peines égales
pour les complices. Certaines fraudes de ce
genre sont restées dans toutes les mémoires.
S'explique-t-on qu'en présence d'un texte
aussi formel, il se soit trouvé un ministre
qualifiant de faute légère le fait pour un can-
didat de copier tout ou partie de la composi-
tion d'un voisin, de se servir de notes appor-
tées en cachette et autres manœuvres dont les
candidats laïques sont loin d'être familiers!
Aussi les bons pères s'en souviendront 1
Les conseils départementaux
En ce qui concerne l'enseignement primaire,
dont la part est prédominante dans les délibé-
rations du conseil, nous apprenons que, sur
sur 76 arrêts rendus par la haute assemblée,
on n'en compte pas moins de 30 infirmant des
décisions de conseils départementaux.
C'est là une inquiétante proportion.
Ce qu'il faut faire
On est ep droit de se demander si ces résul-
tats ne tiennent pas, non à l'ignorance des cno-<
seils de province, mais surtout à l'état d'esprit
de beaucoup de membres du conseil supérieur
de l'instruction publique qui se rapprocherait
de celui de notre magistrature inamovible.
Les universitaires siégeant au conseil supë*.
rieur sont presque tous élus par leurs pairs-
dans l'ordre auquel ils appartiennent et, il fauf
l'avouer, puisqu'on no cesse de le répéter de-1
puis quelques années, le cléricalisme a poussé
de profondes racines dans nos lycées et dans'
nos facultés. Le terrain universitaire en est pé-,
nétré. Là, comme ailleurs, le défrichemen
s'impose ou la moisson sera compromise..
> Le ministre de l'instruction publique qui na
reculera pas devant la tâche d'assainissement,
dont son conseil fait si peu de cas comme on
l'a vu, aura bien mérité des républicains.
Mais, pour cela, il faut sa mettre au-dessus
des questions de camaraderie et n'avoir en vue
que le but à atteindre, sans prendre les lunet-
tes de son prédécesseur !
Nous n'envoyons pas nos enfants dans les 1 v-t
cées de l'Etat pour qu'on leur enseigne que
l'Histoire de la Révolution est celle de la gu/tl-,
lotine; nous ne voulons pas en faire des avo..
cats qui seront imbus des principes de tel da,
nos professeurs de droit dont l'impudeur de
l'interprétation des lois soulève la juste indi-
gnation de ceux de ses auditeurs que le cléri-:,
calisme n'a pas encore contaminés.
M. Schmit était loin de'penser que la lecture
de son livre nous suggérerait de pareilles ob-
servations; ce n'est certainement pas lui qui les
a provoquées ; mais il a fait un travail utile,
qui servira, et nous ne pouvons que.le remer.
cier de nous avoir fait revenir une fois de plus ;
sur un sujet qui nous est cher. - H. L. B.
Lundi prochain les Grands Magasins du
Louvre feront l'ouverture de leur Exposition
annuelle de Tapis, Meubles et Tissus d'Ameu"
blement ; au 2e étage une nouvelle galerie a
été entièrement affectée aux installations mo-
dernes.
Par leur choix si heureux dans nos meit411
leures fabriques, les Grands Magasins du
Louvre dont la suprématie dans le bon goût
est universellement reconnue, donnent la v.
ritable expression artistique de l'industrie
française. Tout Paris sera Lundi aux Grandj
Magasins du Louvre, sachant la place prépon-
dérante que cette maison s'est acquise danr
l'art de 1 ameublement.
Nous signalons à l'attention des amateure
une affaire très importante de Céramiques
d'Art, Grès, Porcelaines et une Collection in-
comparable d'Ivoires japonais.
OUBLI OU DÉNI DE JUSTICE
Les Chambres ont décidé, — par une loi, 91
je ne me trompe, — que tous les instituteurs
stagiaires, pourvus du certificat d'aptitude pé-
dagogique, seraient titularisés de droit au pro*
mier janvier qui suit l'obtention du diplôme.
Tous, dans le monde primaire, ont applaudi
à cette mesure do justice, prise par le Parle-
ment en vue d'empêcher un exode dont les con.
séquences seraient fort préjudiciables à l'avenir
du progrès démocratique.
Il nous revient cependant que cette équitable
décision n'a pas été respectée dans le Mor-
bihan. -
C'est un déni de justice, si ce n'est un oubli..
Dans ce dernier cas, nous comptons sur la dé.:
ligence de M. l'Inspecteur primaire de Lorient.
pour le réparer.
Il va sans dire que les maîtres lésés devront-
recevoir les arrérages du 1" janvier dernier air
jour prochain de leur titularisation. - Agrl-
cola Chevalier.
LES FÊTES DE TREGUIER
La journée des bleus
Le 12 septembre, veille de l'inauguratiolt
du monument d'Ernest Renan, sera surtout I3
journée des bleus de Bretagne.
Ils donneront leur banquet, que présidera
probablement M. Chaumié, ministre de l'ins-
truction publique, assisté de M. Guieyesse, dé-
puté, de l'amiral Réveillère et du général Pas..
sérieu.
A 2 heures, grande matinée théâtrale sous la
tente dressée pour le banquet populaire du len-
demain.
L'excellente musique de la flotte, sous la di-
rection de son chef, M. Farigoul, so fera entea"
drA-
-- M. Le Dantec, l'éminent maître de conféren-
ces à la Sorbonne, fora une conférence sut
Renan (l'Ennemi du peuple).
Mlle Demougeot, de l'Opéra, chantera lvaic
de Guillaume Tell; la Vieille 'chanson, de Bi-
zet ; M. Barthet, de l'Opéra, chantera la Char-e
rue, de Galbier, et le Benvenuto de Diaz. Tout
deux chanteront ensuite le duo d'Hamlet. M.
Fenoux, Mlle Delvair, de la Comédie-Fran-
çaise, diront les Pauvres gens et l'Oceano no.1'.
de Victor Hugo. Ils joueront le Jean-Marie,
pièce bretonne de M. A. Theuriet.
Après la conférence, dans la salle des écolesi
importante réunion fédérative des représeo.
tants des groupes républicains de Bretagno.,
Le banquet, vu l'exiguïté du local, a dû ôtret
limité à 200 couverts. Le soir, grande retraite,
par la musique de la flotte.
————————————
LE CAS DU SOLDAT GEAY
Clermond-Ferrand, 9 septembre.
Le général Girardel, commandant le 13' corps;
d'armée, a levé la punition de 60 jours do pri-t
son qui avait été infligée au réserviste Geay)
pour refus d'obéis3ance. A l'expiration de sei
28 jours, le réserviste Geay quittera la caserne le
..- ♦ "S
MANŒUVRES MEURTRIÈRES ;,
(De notre correspondant particulier)
* Riom, 9 septembre.
J'apprends que depuis le début des manœu
vres deux réservistes du 105' régiment de ligna
en garnison à Riom sont morts d'insolation.
Tous les deux étaient mariés et pères l'un d'un
enfant, l'autre de deux. Un troisième réser-ï
viste originaire de Thiers est (levenu fou, tOUI
jours à la suite d'insolation. A Lestrades 4e
hommes du 16e régiment, hors d'état de con-
tinuer les manœuvres, ont été dirigés pa? voie Ii
ferrée sur Montbrison leur garnison. t
L'INSURRECTION EN MACÉDOINE
L'escadre russo
Londres, 9 septembre.
Le correspondant du Daily Teiegraph à
Saint-Pétersbourg dit qu'une haute personne
lité lui a annoncé que le gouvernement russe 4
l'intention d'envoyer l'escadre do la me
Noire dans les eaux turques et, en mêma
temps, qu'il ferait de nouvelles propositions ro
la Porte relativement à la pacification de I
Macédoinet
L'agitation on Turquie
Constantinople, 9 septembre.
La situation politique UO s'est pu sensible
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