Titre : Le XIXe siècle : journal quotidien politique et littéraire / directeur-rédacteur en chef : Gustave Chadeuil
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1903-09-01
Contributeur : Chadeuil, Gustave (1821-1896). Directeur de publication
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Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
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Description : 01 septembre 1903 01 septembre 1903
Description : 1903/09/01 (N12226). 1903/09/01 (N12226).
Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-199
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 20/06/2013
CINQ CENTIMES le Numéro.
PARIS & DÉPARTEMENTS
Le Numéro CINQ CENTIMES
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De 4 à 8 heures du soir et de 10 heures du sotr à 1 heure du matin
No 12226. — Mardi ler Septembre 1903
15 FRUCTIDOR AN llli
ADMINISTRATION ; 14, rue du Mail
Adresser lettres et mandais a l'Aclmmislratour
Nous comm&ftç&Ttç aujourd'hui en feuille—
on de la 20 page la publication de
W FILLE DE L'AIGUILLEUR
jrand roman de moeui's contcrnPOIainest.
PAR ELY MONTCLERC
Jamais l'auteur de tant de récits vivants
tt dramatiques n'avait atteint à cette puis-
sance d'émotion i il nous mène dans tous les
mondes et partout il nous présente un tableau
xact et passionnant de lavie contemporaine;
l'action essentiellement rapide se déroule en
sinq parties de plus en plus attachantes.
LA FILLE DE L'AIGUILLEUR
aura un succès retentissant.
NOS LEADERS
LA MACÉDOINE
Il est certain que la situation s'ag-
grave au point de devenir dangereuse
pour toute l'Europe dans cette partie
ie l'empire ottoman où grecs, macé-
doniens, bulgares et serbes vivent côte
> côte avec les turcs, sous l'oppres-
sion des turcs et des albanais pour être
plus juste. Les insurgés font sauter
maintenant les trains. Et ils ne s'atta-
quent plus aux wagons où ne se trou-
vent que des sujets du sultan. Hier,
ils ont fait dérailler l'Orient-Express,
train international. De plus, ils ont in-
cendié un phare sur la côte de la mer
Noire, de telle sorte que/dans ces pa-
rages, la navigation ne pourra pas
être reprise avant de longs mois.
Si l'on ajoute à cela que des soldats
turcs, pour le moins imprudents, aga-
cent et indisposent les puissances eu-
ropéennes en se livrant à des attentats
sur des consuls, que le prince de Bul-
garie a dû annoncer qu'il rentrerait à
Sofia, sous peine d'être déchu, pour
s'occuper des Macédoniens et les dé-
fendre en même temps que les Bul-
gares. sujets ottomans, qui veulent se-
couer leur joug, que le roi de Serbie
a harangué des officiers et les a aver-
tis qu'un jour prochain la patrie au-
rait besoin d'eux, enfin que la Grèce
ne cesse de faire des remontrances à
la Porte et que celle-ci a mobilisé des
troupes comme pour une grande guerre,
onpourra juger de la rapidité avec la-
quelle les événements ont marché de-
puis quelques jours en Orient.
On avait pu croire un moment que
les choses pourraient s'arranger. La
Russie, toujours d'accord avec l'Au-
triche, avait pris en mains la cause des
réformes. Son ambassadeur avait posé
un véritable ultimatum au sultan et
une flotte russe avait pris la direction
du Bosphore, On disait même que si le
sultan ne cédait pas, l'Atriche occupe-
rait effectivement les vilayets insurgés
et mettraient les Albanais à la rai-
son.
Le sultan, tout de suite, a cédé. C'é-
tait son intérêt. A cette heure, il est
sûrement l'homme le plus ennuyé de
son empire. Il est le seul qui veuille la
paix parce que la paix lui est profita-
ble. Dans une guerre avec les Albanais
et les Bulgares, il risque gros ; d'abord
une intervention européenne qui lui
enlèverait deux ou trois provinces ; en-
suite, — ce qui lui importe davantage
— un coup de poignard d'un Albanais
de sa garde mécontent de lui voir ac-
corder des concessions à de « sales
chrétiens, »
La réponse du sultan a convaincu
les Russes puisque leur flotte s'est re-
tirée, mais elle n'a aucun effet sur les
insurgés qui savent à quoi s'en tenir
sur la valeur des promesses et des en-
gagemente d'Abdul-Hamid. Elle a in-
disposé davantage encore les Albanais.
De plus, et c'est là le côté périlleux de
la situation, les musulmans, déjà irri-
tés par les attentats des insurgés, pro-
testent à leur façon en rendant les
Européens responsables de tout". Evi-
demment, le sultan n'a pas dans les
circonstances actuelles, assez d'auto-
rité pour imposer ses décisions.
Il le sait. De là, les critiques si vives
de la Porte à l'adresse du gouverne-
ment bulgare, de là, cette mobilisa-
tion extraordinaire des corps d'armée,
de là ses menaces au cabinet de Sofia.
Le sultan accuse la Bulgarie de tout le
mal. Si l'on assassine des consuls, si
des trains sautent, si des phares sont
incendiés, c'est la faute du gouverne-
ment bulgare.
Or, malheureusement, la Bulgarie
relève le défi. Elle mobilise de son
côté. Il semble d'ailleurs que bulgares
et serbes se sont réconciliés pour s'a-
grandir aux dépens de la Turquie et à
la faveur d'une intervention de l'Eu-
rope. Les bulgares et les serbes, une
fois partis, il faut s'attendre à voir les
monténégrins et les grecs entrer en
scène à leur tour.
Il paraît que la situation n'était pas
assez embrouillée, car un nouvel élé-
ment, tout à fait imprévu, est venu la
compliquer d'une façon autrement
menaçante pour tous. Sur la foi d'un
bruit erroné, d'après lequel un consul
des Etats-Unis aurait été assassiné,
"escadre américaine, oui se trouvait à
'yiUefNDcbe, est partie à toute vapeur
pour le Levant. Bien que le consul des
Etats- Unis n'ait pas été tué, la flotte
n'a pas reçu l'ordre de s'arrêter. Elle
ira donc à Beyrouth. Qu'est-ce que les
Etats-Unis iront demander au sultan?
L'intervention américaine peut en
entrainer d'autres. Ni la Russie, ni
l'Angleterre, ni les autres puissances
neconsentiront à laisser règler la ques-
tion d'Orient par les Etats-Unis seuls.
D'autre part, le sultan se doute que
les nations européennes ne sont pas
d'accord. Il se sait soutenu par l'Alle-
magne. Les journaux allemands dé-
clarent tous les jours que la Turquie
est assez forte pour arrêter l'insurrec-
tion.
Voilà bien de quoi donner du souci
aux chancelleries et effrayer les inté-
rêts européens si considérables dans la
turquie ottomane. Il ne faut toutefois
désespérer de rien. L'ouverture de la
question d'Orient provoquerait de tel-
les conséquences que toutes les puis-
sances essayeront de s'entendre pour
replâtrer l'édifice une fois de plus
tant bien que mal. Le malheur est que
les insurgés ne veulent point déposer
les armas et qu'il suffirait qu'une com-
pagnie turque violât la frontière bul-
gare pour qu'une déclaration de guerre
partit de Sofia. Le mal serait alors ir-
réparable.
Charles Bos.
—————————— e J
LES SUPPLICIEURS DE TAUREAUX
Ceux qui se mettent à trente
pour supplicier un taureau en pu-
blic, ont, paraît-il, grand besoin
de trouver des contrées qui les
accueillent. Depuis pasmal d'an-
nées déjà, ils parcourent, ville
par ville, le territoire français, cherchant
des assistants amis et des municipalités
complaisantes. C'est un besoin pour ces
gens, de braver les lois qui protègent les
animaux contre les sévices inutiles, et qui
protègent la jeunesse contre l'enseignement
du mal.
N'ayant pu empoisonner Paris qui les
rejette à chacune de leurs tentatives, ils
ont essayé leurs hideux exercices dans le
Nord, et maintenant, les voilà dans l'Est.
Une dépêche nous apprend en effet qu'ils
étaient hier à Besançon, — la ville de Vic-
tor Hugo—; l'un d'eux, un matador pour
employer l'expression dont il se pare, en
voulant enlever la cocarde à untaureauâJi-
quel il venait de donner l'estocade, a reçu
un bon coup de corne à la cuisse gauche
au-dessous de l'aine. Et on eut quelque
peine à tirer d'affaire l'agresseur du tau-
reau ; ce dernier, en effet, voyant son en-
nemi à terre, commençait à le piétiner, et
les choses allaient décidément mal tourner
pour le tourmenteur, lorsque ses compa-
gnons — la dépêche appelle ces gens-là des
banderillos, - rappelant leurs courages
épars, se sont jetés sur l'infortuné taureau,
'et sont parvenus à dégager leur cama-
rade,
Il faut croire, et nous le croyons avec
plaisir, que la population bisontine n'est
pas encore faite à ces jeux, puifqu'elle n'a
pas crié : — bravo toro ! comme la cir-
constance l'y engageait.
Mais puis qu'il n'est pas mort, à ce coup
ci, ce « matador », ce serait le moment, il
il nous semble, pour les autorités de Be-
sançon, d'aller porter à ce violateur de la
loi, le procès-verbal qui lui est dû.
Et si, comme c'est bien probable, il
est étranger, qu'on ne néglige pas de l'ex-
pulser,
EXERCICES DE TIR
IDG noire correspondant parlictilierl
Lemberg, 30 août.
Des expériences analogues à celles du Sujfren
ont été faites sur terre avec les nouveaux obu-
siers de l'artillerie autro-hongroise. L'adminis-
tration militaire a fait construire à cet effet de
véritables forts près de Neumarkt et plusieurs
ouvrages de terre munis de plaques blindées.
Les résultats du tir ont été excellents. Grâce à
l'effet des bombes des trous on forme d'enton-
noir se sont formés et des ouvrages de terrasse
armés de fer et d'une hautour de trois mètres
ont été complètement détruits.
LA CHASSE AUX ESPIONS
(De notre correspondant particttlier)
- Stockolm, 30 août.
Dans les environs de Karlskrona, on a arrêté
un lieutenant do vaisseau russe, qui était en
train de prendre la photographie d'une batte-
rie d'obusiers. Le commandant de la place a
été immédiatement prévenu. On croit que l'af-
faire n'aura pas de suites. ■
———————————
LE MILITARISME ALLEMAND
(De notre correspondant particulier)
Berlin, 30 août.
Le nouveau secrétaire d'Etat des finances de
l'Empire, M. Von Stengel, fera, comme on dit,
un début sensationnel. Il demandera au.
Reichstag d'inscrire au budget une dépense
annuelle de 25 millions de francs, destinés à
augmenter les retraites des officiers.
UN FILS NATUREL DE L'EMPEREUR FRÉDÉRIC
(De notre correspondant particulier)
Vienne, 30 août.
Il vient de mourir à l'hôpital de la com-
mune de Tamsweg un homme qui avait été
arrêté pour vagabondage et qui s'appelait
Edouard von Battemberg. Il prétendait être un
fils naturel de l'empereur Frédéric. Sa mère
-était très liée avec l'Unser Fritz du temps où
Guillaume I", le père de ce dernier, vivait
encore.
Quand on l'a arrêté, il avait déclaré avoir
entrepris un voyage à pied afin d'aller à Ber-
lin et de faire valoir ses droits.
Les autorités autrichiennes n'ont pas pu éta-
blir l'identité du vagabond. On ne savait
même pas s'il fallait le considérer comme un
aliéné ou comme un imposteur. Le malheureux
était grand, blond, portait une barbe flottante
et avait quelque ressemblance avec le père de
l'empereur allemand actuel.
LES COLONIES .-,. t ", '.-
DE VACANCES
A Paris : les œuvres de bienfaisance
privée ; l'œuvre des Trois semaines
et l'œuvre des Colonies de vacan-
ces. — Les Colonies scolaires.
— A Saint-Etienne : l'oeuvre
de M. Louis Comte. -A Tou-
louse : l'oeuvre des Petits
Toulousains aux Pyré-
nées. -. Il reste beau-
coup à faire. — La
nécessité de déve-
lopper les œuvres
existantes.
Dans le premier article que j'ai consacré aux
Colonies de vacances, je n'ai fait qu'une brève
allusion aux diverses œuvres fondées à Paris :
cependant, comme le premier mouvement est
parti de la capitale, et que ses colonies pren-
nent chaque année une nouvelle extension, il
est nécessaire de donner quelques détails sur
leur rapide développement.
L'Œuvre des Trois semaines, fondée la pre-
mière en 1881 par M. et Mme Lorriaux, en-
voyait, en 1882, 79 colons à la campagne ; en
voyait, en 1895, 972 ; en 1900, 1.462; et,
1890,420; en 1895, 972 ; en 1900, 1.462 ; et,
l'an dernier, le nombre de ses pupilles s'est
élevé à 1.756. Elle possède aujourd'hui quatre
immeubles dont deux sont situés sur les bords
de la Manche, dans le Calvados, et les deux
autres dans le département de l'Oise à Mont-
javoult. Elle pratique aussi le placement d'en-
fants chez les particuliers, tant à Nanteuil-les-
Meaux qu'à Saint-Danis-les- Relais. Elle a pu
offrir, depuis sa création, un séjour de trois
semaines à la campagne ou sur le bord de la
mer, à 15.360 de ses protégés, et 538.000francs
provenant de dons particuliers ont étédépensés,
soit 35 à 40 francs par enfant pour toute la du-
rée de la cure d'air.
L'œuvre de Mlle Delassaux.
En 1882, Mme de Pressensé, la mère de
notre éminent confrère Francis de Pressencé,
'organisait l'Œtl,vre de$ colonies de vacances, qui
est aujourd'hui présidée par Mme Frank-
Puauk, et dirigée, avec un dévouement ad-
mirable, par Mlle Delassaux; cette œuvre em-
ploie de préférence le placement familial ; elle
a trois colonies de campagne, installées dans
le Loiret, et une colonie maritime à Coutain-
ville-Plage, dans la Manche. Depuis sa fonda-
tion, elle a envoyé 9.200 enfants au grand air
et a dépensé pour eux 468.000 fr., soit environ
40 fr. par mois et par élève.
Les colonies scolaires
Enfin Edmond Cottinet, l'auteur dramatique
et le Parisien si regretté,qui était aussi philan-
thrope, fondait, en 1883,. pour les enfants des
écoles de son quartier une colonie de vacances ;
il était alors administrateur de la caisse des
écoles du 9e arrondissement.; ce premier essai
de bienfaisance officielle n'était d'ailleurs pour
lui que le premier pas dans une voie excel-
lente ; ses efforts, secondés par l'appui pré-
aiatix.jia.XlXt. Oiiarrl rvt Huisscm, réussirant à
généraliser l'institution pour toutes les écoles
de la ville, et, en 1890, l'œuvre était régle-
mentée par le Conseil municipal qui lui accor-
dait une subvention de 55,000 francs ; cette
subvention, portée à 80,000 francs l'année sui-
vante, et à 150,000 francs en 1894, atteint au-
jourd'hui le chiffre de 100,000 francs; en 1902,
la dépense totale s'est élevée à 316,900 francs
pour cinq mille huit cent soixante six enfants
envoyés à la campagne, ce qui donne un prix
de revient de 54 fr. 01 par élève, soit 2 fr. 91
par jour ; toutes les caisses des écoles de Paris
ont adopté le système de la colonie collective
qui implique la réunion d'un certain nombre
d'élèves dans une même maison, sous la sur-
veillance d'instituteurs ou institutrices.
Les enfanta à la montagne de Saint-
Etienne.
En province, au contraire, le placement fa-
milial est généralement préféré : à Lyon, à
Saint-Etienne, à Toulouse, il a donné d'excel-
lents résultats. L'oeuvre des enfants à la monta-
gne de Saint-Etienne a eu un développement
particulièrement rapide, ce qui prouve bien
qu'elle répondait à des pressants besoins : elle
a été fondée en 1893 par notre excellent con-
frère Louis Comte, un des fondateurs et l'ancien
directeur du vaillant quotidien radical-socia-
listo de Saint-Etienne, la Tribune Répttbli-
caine : la première année, le chiffre des colons
était de 52 ; cinq ans après, il s'élevait à 635,
et, en 1902, il dépassait 1.400 : jusqu'à ce jour,
7.100 enfants ont été envoyés, pendant un mois
et même six semaines, dans les villages de la
Haute-Loire, région du Mézenc, et il a été dé-
pensé pour eux une somme de 180.000 francs.
La Fronde donne justement, sur le fonctionne-
ment de l'œuvre, les détails suivants qui inté-
resseront nos lecteurs :
Chaque année, en mai et en juin trois fois par se-
maine, les enfants sont inscrits à la municipalité
de Saint-Etienne, moyennant un droit de un franc,
et une faible cotisation proportionnée aux ressour-
ces de la famille, car M. Louis Comte, pour ména-
ger de légitimes et respectables fiertés, n'a pas
voulu de la gratuité complète, trop voisinedel'au-
mône. Dans'les premiers jours de juillet, les en-
fants inscrits sont soumis à un examen médical, à
l'auscultation, etc., et quelques conseils d'hygiène
: sont donnés à leurs mères, qui les accompagnent.
Un mois plus tard, c'est-à-dire dans les premiers
jours d'août, après avoir été pesés et avoir subi un
dernier et plus rapide examen du médecin, sont
: tmmatriculés ; le modeste trousseau est visité,
cousu dans un paquet ; tout est prêt et le lende-
main matin, dès l'aube, la gare est pleine de petits
[voyageurs impatients, sous la garde de surveillants
et de surveillantes ; on les groupe par sections, et
enfin, aux acclamations des parents et des voisins,
les voilà partis, entonnant àpleine voix une chan-
son très populaire à Saint-Etienne :
Ah ! les voilà parties, les voilà parties,
Les hirondelles;
Ah ! les voilà parties, les voilà parties,
Pour leur pays.
Mais elles reviendront, elles reviendront,
Les hirondelles;
Mais elles reviendront,elles reviendront,
Et resteront !
A Dunièrcs, en descendant du train, de grandes
, voitures les emmènent en différents points de la
montagne, chez les braves cultivateurs qui doivent
les héberger durant cinq semaines, moyennant la
faible rétribution de 0 fr. 50 par jour et par en-
fant. Par deux, ou par trois, rarement plus, ils
sont donc confiés aux soins maternels des fermières;
ils se lèvent et se couchent tôt, boivent du lait,
mangent du pain bis, jouent au grand air toute la
journée, vivent enfin la vie naturelle et simple de
la campagne, Les efforts bienfaisants ne tardent
pas à s on faire sentir.
Après une période d'acclimatation forcément un
peu pénible — tout est changé, l'atmosphère, la
nourriture, la boisson — l'enfant augmente de
poids, prend des couleurs, des forces, de la gaîté.
Quand vient le moment du retour, il a fait provi-
sion de santé pour l'hiver qui s'annonce, il est
mieux armé contre les maladies qui le guettent
durant la mauvaise saison.
M. Louis Comte ne s'est pas contenté de dé-
velopper et de perfectionner chaque année
l'œuvre de Saint-Etienne; avec un dévoue-
ment et une activité infatigables, il a donné
de nombreuses conférences dans diverses villes
de province pour créer un mouvement favora-
ble à la création de colonies de vacances, et
(1) Voir le n° du 22 août.
ses <>!!om ont été presque partout couronnés
de succès N
Les Petits Toulousains aux Pyrénées
A Toulouse notamment, t'Ocre des petits
Toulousains aux Pyrénées, fondée en 1900 et
calquée sur celle de Saint-Etienne, est en pleine
prospérité, bien que commençant seulement
son quatrième exercice ; il faut dire d'ailleurs:
que son vaillant secrétaire général, M. Etienne
Gillard, professeur à l'Ecole normale d'institu-
teurs, ne plaint ni son temps, ni sa peine, et
qu'il est pour beaucoup dans le succès do
l'œuvre; il est lui-même secondé par deux:
comités : le comité de dames est présidé par la
préfète, Mme Paul Viguié, femme d'esprit et
de eceur, qui ne marchande jamais son con-
cours aux initiatives charitables et généreu-
ses.
Les 236 petits Toulousains, désignés à la
suite de l'examen médical, ont quitté Toulouse
le 4 août dernier, et ceux qui ont assisté à leur
départ affirment qu'ils n'étaient pas tristes. Je
le crois facilement ; la plupart n'avaient jamais
quitté Toulouse, et bien rares étaient ceux qui
connaissaient cette pittoresque vallée de la Pi-
que, entre Luchon et Saint-Béat, où ils vont
passer un mois de belles et bonnes vacances ;
pour eux, qui ont toujours vécu dans l'atmos-
phère malsaine de la ville; la vie campagnarde
a cet attrait, puissant entre tous, la nouveauté,
aussi s'en donnent-ils à cœur joie de courir à
travers les prairies, de s'étendre sur les foins
parfumés et sur les gazons verdoyants, et de
cueillir à profusion les fleurs qni se pressent
aujourd'hui sous leurs pas, mais qu'à la ville
ils osent à peine regarder dans les corbeilles
des « bouquetières » ou sur les parterres des
jardins publics.
Le seul regret de tous ceux — organisateurs
et donateurs — qui ont procuré à ce petit monde
quelques semaines de plaisir, c'est de n'avoir
pas pu envoyer à la montagne, tous ceux à qui
ces vacances auraient fait du bien — on pour-
rait dire tous les enfants qui ont des parents
trop gênés pour leur payer un séjour à la
campagne.
Ce qu'il reste à faire.
Et ce regret est absolument général, aussi
bien à Paris qu'à Toulouse, à Lyon qu'à Saint-
Etienne, l'effort réalisé, bien que considérable,
n'est rien en comparaison de ce qu'il faudrait
faire : Depuis 1882, environ 100.000 enfants
de France ont profité d'une cure d'air d'au
moins trois semaines; l'an dernier, près de
15.000 enfants ont été envoyés à la campagne
ou sur le bord de la mer; cette année, ce
chiffre sera certainement dépassé; mais qu'est-
ce donc que 15.000 enfants privilégiés sur les
,5 ou 600.000 petits garçons et petites filles qui
s'étiolent chaque année dans leurs mansardes
'de la ville, sans que la bienfaisance privée ou
officielle soit en mesure de leur procurer les
vacances à la campagne qui raffermiraient
; peut-être leur santé compromise.
Certes l'oeuvre accomplie est vaste ; les pro-
grès sont incessants; mais plus que jamais de
nouveaux efforts sont indispensables ; il ap-
partient aux conseils généraux et municioaux
.et aux favorisés de la fortune de comprendre
leur devoir, et de contribuer largement à uno
œuvre sociale et morale de la première impor-
tance. — Framçois Viel.
P. S. — Jo recommande aux lecteurs qui vou-
draient avoir des' renseignements plus complets'
sur les colonies de vacances, la lecture du numéro
do juillet du « Bulletin de l'OEuvre des Voyages
scolaires ». (Reims, 15, rue de Courcelles.)
i ■ 1
LES PORTS FRANCS
M. Maruéjouls, ministre des travaux publics,
vient d'aller visiter les travaux de percement,
du Simplon. J'ai déjà plusieurs fois, exposé ici
quelle serait la conséquence de l'ouverture de
ce tunnel, qui n'est plus à l'heure actuelle
qu'une question de jours. Tout le trafic du
nord de la France, de la Belgique et de l'An-
gleterre détourné de Marseille vers Gênes.
Aussi est-il très urgent que l'on déclare
Marseille port franc atin de rendre à notre
grand port méditerranéen son activité et son
importance d'autrefois, il faut donc que dès la
rentrée le Parlement examine les projets de
lois sur les zones franches qui seuls pourront
donner à notre commerce un essor dont il a
grand besoin.
Sait-on que pendant la dernière période dé-
cennale de 1891 à 1901, l'Allemagne a vu l'en-
semble de ses exportations de 3 milliards 648
millions à 5 milliards 777 millions,l'Angleterre
de 7 milliards 354 millions à 8 milliards 774
millions, les Etats-Unis de 5 milliards 261 mil-
lions à 7 milliards 565 millions.
La France au contraire n'a vu s'augmenter
sss exportations que de 552 millions seule-
ment.
En 1891, elle exportait pour 3 milliards 460
millions, en 1901 ; elle exporte pour 4 milliards
12 millions, et encore une forte portion de cette
augmentation provient de notre commerce co-
lonial.
Il faut donc que l'attention du gouvernement
se porte sur cette situation, car il serait regret-
table de voir notre commerce extérieur décroî-
tre au moment même où des débouchés nou-
veaux se créent de toutes parts, où des marchés
concurrents grandissent, où les échanges inter-
nationaux se développent sur tous les points
du globe. — Charles Darcy.
_——-——- ———-—-——————
Le Shah contre son Grasd-Visir
(De notre correspondant particulier)
Odessa, 30 août
Un conflit très grave a éclaté entre le shah de
Perse et son grand-vizir l'Emir es Saltanch.
L'émir a accaparé presque tout le pouvoir et
se plait à jour le rôle d'un maire du palais,
Dernièrement le ministre tout puissant a
fait empoisonner un favori du shah, nommé
Hekkim el Mulk, qui, lors de l'attentat de
lPl\ris, avait Couvert de son corps son souve-
rain. Murraffer-Eddine ayant eu connaissance
de cet empoisonnemnet a eu une scène vio-
lente avec le grand-vizir. Toutefois il n'ose pas
le renvoyer, le ministre tenant entre ses mains
presque toute l'armée.
NOUVEAU CYCLONE AUX ANTILLES
Londres, 30 août.
On télégraphie de New-York au Globe qu'un
vapeur arrivé à Mobile, apporte la nouvelle
que la ville de Georgetown, sur l'île du Grand-
Cayman (Antilles), a été complètement dé-
truite par un cyclone. Les plantations de l'ile,
ainsi que celles des Iles voisines, Petit Cayman
et Cayman-Brac, sont détruites. Sur les 23 na-
vires qui se trouvaient en rade de George-
town, un seul a échappé au cataclysme. Tous
les autres ont péri corps 'et biens. Le nombre
des victimes est considérable.
L'INCENDIE DE MARSEILLE
Marseille, 30 août.
Le feu qui a éclaté sur les collines de la
Nerthe a pu être maîtrisé.L'incendie avait de
nombreux foyers ; il s'étendait depuis le Rove
jusqu'à l'Estaque. Les pompiers et les soldats
l'ont combattu pied à pied. L'étendue de bois
brûlée est considérable.
LE CRIME ET LE DROIT
Manuel du Musulman révolutionnaire
Les infamies d'Abdul-Hamid. — Réac-
tion et prévarication. - Baisement
de vieilles tuniques. - Héros et
valetaille. — Par manque d'en-
tente. — La presse turque. —
Un décret du Sultan. — Une
révolution libératrice
Un membre de la Jeune Turquie nous adresse
sur le régime actuel en Turquie, et sur les abus
,du Sultan, un travail fort intéressant dont nous
commençons aujourd'hui la publication :
J'ai l'intention, dans ce travail, sans em-
phase et sans diplomatie, de soulever le voile
qui couvre certaines infâmies d'Abdul-Hamid.
Après avoir jeté l'opprobre et l'injure sur le
parti constitutionnel, qu'il a parjuré, il cher-
che à l'étouffer par tous les moyens.
Quand l'argent n'est pas pris directement
par lui dans là poche du peuple pour être em-
ployé à des besognes infâmes, il est extorqué
d'un autre côté par la concussion de ses mi-
nistres.
Personne ne peut le nier. Ilamid est seul
responsable de tous les gâchis: il vit avec la
corruption, en favorisant la réaction et la pré-
varication. Il fait la terreur avec un ramassis
d'aigrefins. une meute de mouchards, une
garde composée de dix mille brutes qui sè-
ment le banditisme à Constantinople. Les mi-
nistres sont ses laquais. Le favori est un cer-
tain Iladji Ali bey, qui dirige toutes les basses
intrigues hamidiennes. Cet homme, est act-
uellement le pivot de la politique turque.Tout
.Constantinople le connaît sous le sobriquet de
« leblébidji » — marchand de pistaches — qui
était, du reste, son ancienimétier.
Aujourd'hui qu'il est parvenu aux plus hau-
tes dignités, les gros bonnets du fonctionna-
risme viennent, tous les matins recevoir le
mot d'ordre de cet individu.
Le palais du sultan
J'eus l'occasion, une fois dans ma vie, de
visiter les antichambres impériales. C'était en
1893 ; mon père venait rendre compte de son
intérim au gouvernement de Rhodes. On criti-
quait sa conduite dans l'affaire Farmakidès,
où un sous-gouverneur viola le domicile d'un
protégé autrichien. Mon père refusa de susciter
:une émeute religieuse, malgré les ordres se-
crets du Palais, ce qui lui valut une mise en
disponibilité; et il ne fut réintégré à son poste,
que grâce à l'intervention d'Osman pacha.
Nous allâmes au Palais faire acte d3 contri-
tion et baiser une douzaine de vieilles tuni-
ques. Après quelques heures d'attente, nous
;montàmes les fastueux escaliers, à rampe de
cristal, qui conduisent près du cabinet do tra-
vail du Sultan. J'ai traversé ces hideux cou-
loirs, au plafond bas, le long desquels des po-
liciers flairent vos poches et jettent sur les pas-
sants, des regards sinistres.
A l'étage au-dessus sont les salons des cham-
bellans, pièces qui communiquent à la salle
du trône. Là, règne un silence de mort, on se
parlo à voix basse ; des ministres, des gouver-
neurs, des eunuques ji-ssent furtivement d'un
salon à un autre.
Des oîliciors se bousculent, des espions af-
folés courent porter des ordres de perquisition,
d'arrestation, que sais-jt encore ? Des fonction-
naires jettent un dernier coup d'œil sur des
rapports do police, qu'ils vont remettre à
Hamid.
En avant d'une porte de chêne, l'échiné cour-
bée, la figura débonnaire, le héros de Plevna
est assis devant un plateau de victuailles.
Lé sultan tenait à garder Osman sous sa
main et parfois lui refusait la permission de se
retirer, même la nuit. Ce soldat, qui en 1877,
battit trois fois le grand-duc Nicolas devant
Plevna, était reduit à veiller aux portes de ce
lâche monarque.
Aujourd'hui Osman est mort, c'est sur Edhem
i pacha que retombe cette charge de laquais.
Ainsi, par un raffinement de cruauté, le sultan
aime confondre les quelques honnêtes gens du
palais avec le rebut de sa valetaille.
L'obscurantisme du peuple ottoman
Nombreuses sont les difficultés au soulève-
ment du peuple ottoman :
Nous avons d'abord une ennemie hérédi-
taire, la Russie qui soutient la politique hami-
dienne ; elle a trouvé, avec Abdul-Hamid, un
appui solide aux visées traditionnelles de sa
politique. Un autre obstacle est la politique des
: séparatistes des confins de la Turquie d'accord
avec les réformistes qui demandent l'immixtion
:des puissances pour appliquer des réformes,
comme si des réformes étaient possibles avec
Hamid. Les partisans de ce système, les Armé-
niens, les Macédoniens, les opportunistes au
lieu de former un bloc, sans distinction de
race ni de religion, à opposer à la réaction,
.ergotent sur des questions niaises et, incons-
cients peut-être, font le jeu de nos ennemis,
En dehors de ces difficultés primordiales, il
y a l'ignorance du peuple sur les droits politi-
ques. Les journaux , brochures et autres écrits
indépendants sont un mythe en Turquie. La
propagande est très difficile.
: La liberté n'existe pas. Les correspondances
:sont interceptées ; les destinataires des lettres,
[venant d'Europe sont jetés dans les bagnes si
ce n'est au Bosphore.
Un membre d'un groupe politique pris, est,
écartelé. Des femmes arrachées de leur demi-:
cile sont obligées de se prostituer à la
chiourme,
Dans les prisons on relâche les voleurs et les
assaesins, pour faire place aux Turcs libéraux.
La presse locale reçoit, tous les jours, du Pa-
:lais des articles dithyrambiques avec contrainte
de les insérer.
Les directeurs de journaux, les éditeurs re-
çoivent, toutes les semaines, les policiers du
Palais qui viennent mettre au pillage, leurs
meubles et leurs archives.
Contrainte par décret
J'ai sous la main, un décret concernant la
presse turque qui donnera une idée au lecteur
du système employé pour dissimuler au peu-
ple les ignominies gouvernementales :
SECRÉTARIAT
GÉNÉRAL
Palais de Yldyz
1. — Donner de préférence des nouvelles de la;
santé précieuse du Souverain, de l'état des récol-
tes, des progrès du commerce et de l'industrie en
Turquie.
II. — Ne publier aucun feuilleton, qui n'ait été
approuvé, au point de vue de la moralité, par Son
Excellence le ministre de l'instructiou publique et
gardien des bonnes mœurs.
III. — Ne pas produire des articles littéraires ou
scientifiques trop longs pour ne pouvoir passer
dans un seul numéro. Eviter ces mots : «à suivre»
ou « la suite à demain ».
IV. — Eviter soigneusement les blancs et les
lignes de points dans un article, parce que ces
procédés autorisent des suppositions fâcheuses et
troublent la tranquillité des esprits.
V. — Eviter avec le plus grand soin toutes per-
sonnalités, et si l'on vient vous dire que tel gou-
verneur ou sous-gouverneur a été convaincu de
vol, concussion, assassinat ou autre acte blâma-
ble, tenir le fait pour non prouvé ei le taire soi-
gneusement.
VI. — Défense absolue do reproduire des péti-
tions des particuliers et des communautés de pro-
vince, se plaignant des abus de l'autorité et les
signalant au souverain.
* Vit. - Toute mention de noms historiques et
géographiques y compris la dénomination « Ar.
;roénie » est défendue.
VIII. - Il vous est interdit de signaler les ten-
tatives d assassinat contre les souverains étrangers
sous quelque forme qu'elles se soient prodtfites:
ou les manifestations séditieuses qui ont pu avoir
lieu dans les pays étrangers ; car il n'est pas bon
que ces choses-là soient connues de nos loyales e
paisibles populations. t
IX. — Il vous est défendu de mentionner ce
nouveau règlement dans les colonnes de votre
journal parce qu'il pourrait provoquer des critiques 1
ou des observations déplacées de la part de quel
ques esprits mal faits.
Contraints par l'article 8 de ce libellé, les
journaux turcs racontèrent ainsi l'assassinat
du shah Nasr-ed-din.
Le shah se sentit indisposé au cours de l'après-
midi ; il mourut et son corps fut transporté à
Téhéran.
A la fin de ce travail j'explique l'hypocrisie
de cette nouvelle mensongère.
Le droit et le devoir
Devant de pareilles turpitudes, nous devons
affirmer un droit légitime que ni la raison, ni
la morale ne peuvent condamner et dont un
gouvernement infâme empêcha seul la mise au
grand jour. Il faut persuader la nation que
lorsqu'un monarque a foulé aux pieds les lois
lorsqu'il a outragé l'assemblée qui a reçu ses
serments et continue à entraîner le pays dans
les conséquences de son crime, la révolte con-
tre ce monarque est le plus sacré des devoirs.
Alors, seulement, la révolution, longtemps con-
tenue et domptée, renversera les obstacles.
Hélas, pour fomenter cette révolution, il
faudrait une propagande assidue, et des co-
mités vigilants, ce qui fait complètement dé-
faut en Turquie.
Il existe bien un comité général des turcs
libéraux, dont le siège est à Constantinople,
mais malheureusement son système centralisa-
teur expose les membres aux griffes des mou-
chards.
Pour mater la délation, dans nos milieux
révolutionnaires, il faudrait dissoudre le co-
mité central, brûler ses archives et inviter les
membres à former des groupements indépen-
dants. De sorte que chaque comité ou groupa
agisse sans prendre avis des autres. Ainsi, la
police pourrait bien savoir ce qui se passa
dans un groupe, mais ignorerait ce qui se
trame dans un autre. Nous ne voulons pas dira
qu'il n'y aurait plus d'espions parmi nous,
loin de là, mais leur nombre serait moindre.
(A suivre) Joseph FEHMI.
ÉLECTION SÉNATORIALE DU 30 AOUT
MAINE ET-LOIRE
Inscrits r flfil. - Vnlants - ffiiS
------ --- .- - ----.. ---
MM. Dominique Delahaye, réaction-
naire 648 élu
Boulanger, républicain. 292
Vouhiers, républicain 5
Gain, avocat, réactionnaire. 3 -
Gary, républicain 1
De Castries, réactionnaire. 1
Il @ s'agissait de remplacer M. de Maillé,
décédé.
- - »
UNE CONFÉRENCE D'ABEL CRAISSAC
La question des salaires. — Les délé.
gués d'Hennebont.
(De notre correspondant particulier)
Lorient, 30 août.
Le citoyen Abel Craissac, trésorier de la Fé-
dération nationale des peintres, appelé à Lo-
rient, pour constater les infractions à l'arrêté
de M. Camille Pelletan sur l'emploi de la cé-
ruse à l'Arsenal, a fait ce matin à la salle F6-
nelon une conférence sur le minimum des sa-
laires. La salle était comble. Deux cents délé.
gués d'Hennebont étaient venus, la bannièra
syndicale en tète, assister à cette réunion, après
avoir fait à pied les 15 kilom. du trajet. La
réunion a été très belle, et le conférencier a été
chaudement acclamé. Un ordre du jour récla-
mant le minimum des salaires a été accepté à
l'unanimité. — F. L. J
L' AMIRAL-GUEYDON »
Marseille. 30 août.
Le consignataire des paquebots de la Com-
pagnie des Chargeurs-Réunis a reçu plusieurs
dépêches émanant des capitaines de plusieurs
vapeurs envoyés à la recherche de l'Amiral-
Gueydon.
Ces dépêches proviennent de Colombo. Tou-
tes déclarent que l'Amiral-Gueydon n'a ps été
aperçu. Dans les milieux maritimes et d'après
certaines indications reçues par le lieutenant
de vaisseau Duchateau, commandant le Poly-
nésien, des Messageries-Maritimes, il résulta
qu'une « tornade sévissait dans la met
Rouge, au moment du passage probable da
YAmiral-Gueydon, par le travers de Socco-
tora.
Ces parages sont des plus dangereux : grand
nombre de navires s'y sont déjà perdus.
voir a la ;l'a page
les Dornière3 DépèoheSJ,
de la nuit
et la Revue des. Journaux
du matin
L'INSURRECTION EN MACÉDOINE
Tentative contre un train
Salonique, 29 août.
Une tentative pour faire sauter l'Orient
Express allant en Europe a eu lieu entre Usun-
kempri et Tcherkesskeni, stations qui suivent
celle où le train conventionnel a sauté.
La locomotive de l'Orient-Express a déraillé
sans autre dommage.
La dynamite
Athènes, 29 août.
Cinq Bulgares ont été arrêtés ici. Ils avaienft
en leur possession deux barils de dynamita
qu'ils amenaient de Dedeagatch.
A Belgrade
Belgrade, 30 août.
Un meeting auquel assistaient environ 8,0CC
personnes a adopté, après des discours pro-
noncés par un Serbe de la vieille Serbie et pat
un Monténégrin, une résolution déclarant qUI
la Serbie, inspirée par le désir d'éviter à l'ave-
nir des troubles dans l'Europe orientale, nf
peu plus rester indifférente en face do la situa
tion de la vieille Serbie et de la Macédoine.
La résolution constate que toutes les réfr-
mes qui ont été tentées en Turquie au dIX-
neuvième siècle n'ont donné aucun résultat.
Les dernières réformes proposées n
exécutées. La situation actueJIe devIent danga-
reuse pour les Serbes et les Slaves en Turquie.
En conséquence, le devoir de tous est d'emp
cher l'anéantissement de la race slave.
La résolution dit quo tout en voyant avec
sympathie les efforts. de ceux qui luttent pouf
la liberté, les personnes réunies au meeting
sont convaincues Que le gouvernement M
PARIS & DÉPARTEMENTS
Le Numéro CINQ CENTIMES
ANNONCES
AUX BUREAUX DU JOURNAL
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De 4 à 8 heures du soir et de 10 heures du sotr à 1 heure du matin
No 12226. — Mardi ler Septembre 1903
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on de la 20 page la publication de
W FILLE DE L'AIGUILLEUR
jrand roman de moeui's contcrnPOIainest.
PAR ELY MONTCLERC
Jamais l'auteur de tant de récits vivants
tt dramatiques n'avait atteint à cette puis-
sance d'émotion i il nous mène dans tous les
mondes et partout il nous présente un tableau
xact et passionnant de lavie contemporaine;
l'action essentiellement rapide se déroule en
sinq parties de plus en plus attachantes.
LA FILLE DE L'AIGUILLEUR
aura un succès retentissant.
NOS LEADERS
LA MACÉDOINE
Il est certain que la situation s'ag-
grave au point de devenir dangereuse
pour toute l'Europe dans cette partie
ie l'empire ottoman où grecs, macé-
doniens, bulgares et serbes vivent côte
> côte avec les turcs, sous l'oppres-
sion des turcs et des albanais pour être
plus juste. Les insurgés font sauter
maintenant les trains. Et ils ne s'atta-
quent plus aux wagons où ne se trou-
vent que des sujets du sultan. Hier,
ils ont fait dérailler l'Orient-Express,
train international. De plus, ils ont in-
cendié un phare sur la côte de la mer
Noire, de telle sorte que/dans ces pa-
rages, la navigation ne pourra pas
être reprise avant de longs mois.
Si l'on ajoute à cela que des soldats
turcs, pour le moins imprudents, aga-
cent et indisposent les puissances eu-
ropéennes en se livrant à des attentats
sur des consuls, que le prince de Bul-
garie a dû annoncer qu'il rentrerait à
Sofia, sous peine d'être déchu, pour
s'occuper des Macédoniens et les dé-
fendre en même temps que les Bul-
gares. sujets ottomans, qui veulent se-
couer leur joug, que le roi de Serbie
a harangué des officiers et les a aver-
tis qu'un jour prochain la patrie au-
rait besoin d'eux, enfin que la Grèce
ne cesse de faire des remontrances à
la Porte et que celle-ci a mobilisé des
troupes comme pour une grande guerre,
onpourra juger de la rapidité avec la-
quelle les événements ont marché de-
puis quelques jours en Orient.
On avait pu croire un moment que
les choses pourraient s'arranger. La
Russie, toujours d'accord avec l'Au-
triche, avait pris en mains la cause des
réformes. Son ambassadeur avait posé
un véritable ultimatum au sultan et
une flotte russe avait pris la direction
du Bosphore, On disait même que si le
sultan ne cédait pas, l'Atriche occupe-
rait effectivement les vilayets insurgés
et mettraient les Albanais à la rai-
son.
Le sultan, tout de suite, a cédé. C'é-
tait son intérêt. A cette heure, il est
sûrement l'homme le plus ennuyé de
son empire. Il est le seul qui veuille la
paix parce que la paix lui est profita-
ble. Dans une guerre avec les Albanais
et les Bulgares, il risque gros ; d'abord
une intervention européenne qui lui
enlèverait deux ou trois provinces ; en-
suite, — ce qui lui importe davantage
— un coup de poignard d'un Albanais
de sa garde mécontent de lui voir ac-
corder des concessions à de « sales
chrétiens, »
La réponse du sultan a convaincu
les Russes puisque leur flotte s'est re-
tirée, mais elle n'a aucun effet sur les
insurgés qui savent à quoi s'en tenir
sur la valeur des promesses et des en-
gagemente d'Abdul-Hamid. Elle a in-
disposé davantage encore les Albanais.
De plus, et c'est là le côté périlleux de
la situation, les musulmans, déjà irri-
tés par les attentats des insurgés, pro-
testent à leur façon en rendant les
Européens responsables de tout". Evi-
demment, le sultan n'a pas dans les
circonstances actuelles, assez d'auto-
rité pour imposer ses décisions.
Il le sait. De là, les critiques si vives
de la Porte à l'adresse du gouverne-
ment bulgare, de là, cette mobilisa-
tion extraordinaire des corps d'armée,
de là ses menaces au cabinet de Sofia.
Le sultan accuse la Bulgarie de tout le
mal. Si l'on assassine des consuls, si
des trains sautent, si des phares sont
incendiés, c'est la faute du gouverne-
ment bulgare.
Or, malheureusement, la Bulgarie
relève le défi. Elle mobilise de son
côté. Il semble d'ailleurs que bulgares
et serbes se sont réconciliés pour s'a-
grandir aux dépens de la Turquie et à
la faveur d'une intervention de l'Eu-
rope. Les bulgares et les serbes, une
fois partis, il faut s'attendre à voir les
monténégrins et les grecs entrer en
scène à leur tour.
Il paraît que la situation n'était pas
assez embrouillée, car un nouvel élé-
ment, tout à fait imprévu, est venu la
compliquer d'une façon autrement
menaçante pour tous. Sur la foi d'un
bruit erroné, d'après lequel un consul
des Etats-Unis aurait été assassiné,
"escadre américaine, oui se trouvait à
'yiUefNDcbe, est partie à toute vapeur
pour le Levant. Bien que le consul des
Etats- Unis n'ait pas été tué, la flotte
n'a pas reçu l'ordre de s'arrêter. Elle
ira donc à Beyrouth. Qu'est-ce que les
Etats-Unis iront demander au sultan?
L'intervention américaine peut en
entrainer d'autres. Ni la Russie, ni
l'Angleterre, ni les autres puissances
neconsentiront à laisser règler la ques-
tion d'Orient par les Etats-Unis seuls.
D'autre part, le sultan se doute que
les nations européennes ne sont pas
d'accord. Il se sait soutenu par l'Alle-
magne. Les journaux allemands dé-
clarent tous les jours que la Turquie
est assez forte pour arrêter l'insurrec-
tion.
Voilà bien de quoi donner du souci
aux chancelleries et effrayer les inté-
rêts européens si considérables dans la
turquie ottomane. Il ne faut toutefois
désespérer de rien. L'ouverture de la
question d'Orient provoquerait de tel-
les conséquences que toutes les puis-
sances essayeront de s'entendre pour
replâtrer l'édifice une fois de plus
tant bien que mal. Le malheur est que
les insurgés ne veulent point déposer
les armas et qu'il suffirait qu'une com-
pagnie turque violât la frontière bul-
gare pour qu'une déclaration de guerre
partit de Sofia. Le mal serait alors ir-
réparable.
Charles Bos.
—————————— e J
LES SUPPLICIEURS DE TAUREAUX
Ceux qui se mettent à trente
pour supplicier un taureau en pu-
blic, ont, paraît-il, grand besoin
de trouver des contrées qui les
accueillent. Depuis pasmal d'an-
nées déjà, ils parcourent, ville
par ville, le territoire français, cherchant
des assistants amis et des municipalités
complaisantes. C'est un besoin pour ces
gens, de braver les lois qui protègent les
animaux contre les sévices inutiles, et qui
protègent la jeunesse contre l'enseignement
du mal.
N'ayant pu empoisonner Paris qui les
rejette à chacune de leurs tentatives, ils
ont essayé leurs hideux exercices dans le
Nord, et maintenant, les voilà dans l'Est.
Une dépêche nous apprend en effet qu'ils
étaient hier à Besançon, — la ville de Vic-
tor Hugo—; l'un d'eux, un matador pour
employer l'expression dont il se pare, en
voulant enlever la cocarde à untaureauâJi-
quel il venait de donner l'estocade, a reçu
un bon coup de corne à la cuisse gauche
au-dessous de l'aine. Et on eut quelque
peine à tirer d'affaire l'agresseur du tau-
reau ; ce dernier, en effet, voyant son en-
nemi à terre, commençait à le piétiner, et
les choses allaient décidément mal tourner
pour le tourmenteur, lorsque ses compa-
gnons — la dépêche appelle ces gens-là des
banderillos, - rappelant leurs courages
épars, se sont jetés sur l'infortuné taureau,
'et sont parvenus à dégager leur cama-
rade,
Il faut croire, et nous le croyons avec
plaisir, que la population bisontine n'est
pas encore faite à ces jeux, puifqu'elle n'a
pas crié : — bravo toro ! comme la cir-
constance l'y engageait.
Mais puis qu'il n'est pas mort, à ce coup
ci, ce « matador », ce serait le moment, il
il nous semble, pour les autorités de Be-
sançon, d'aller porter à ce violateur de la
loi, le procès-verbal qui lui est dû.
Et si, comme c'est bien probable, il
est étranger, qu'on ne néglige pas de l'ex-
pulser,
EXERCICES DE TIR
IDG noire correspondant parlictilierl
Lemberg, 30 août.
Des expériences analogues à celles du Sujfren
ont été faites sur terre avec les nouveaux obu-
siers de l'artillerie autro-hongroise. L'adminis-
tration militaire a fait construire à cet effet de
véritables forts près de Neumarkt et plusieurs
ouvrages de terre munis de plaques blindées.
Les résultats du tir ont été excellents. Grâce à
l'effet des bombes des trous on forme d'enton-
noir se sont formés et des ouvrages de terrasse
armés de fer et d'une hautour de trois mètres
ont été complètement détruits.
LA CHASSE AUX ESPIONS
(De notre correspondant particttlier)
- Stockolm, 30 août.
Dans les environs de Karlskrona, on a arrêté
un lieutenant do vaisseau russe, qui était en
train de prendre la photographie d'une batte-
rie d'obusiers. Le commandant de la place a
été immédiatement prévenu. On croit que l'af-
faire n'aura pas de suites. ■
———————————
LE MILITARISME ALLEMAND
(De notre correspondant particulier)
Berlin, 30 août.
Le nouveau secrétaire d'Etat des finances de
l'Empire, M. Von Stengel, fera, comme on dit,
un début sensationnel. Il demandera au.
Reichstag d'inscrire au budget une dépense
annuelle de 25 millions de francs, destinés à
augmenter les retraites des officiers.
UN FILS NATUREL DE L'EMPEREUR FRÉDÉRIC
(De notre correspondant particulier)
Vienne, 30 août.
Il vient de mourir à l'hôpital de la com-
mune de Tamsweg un homme qui avait été
arrêté pour vagabondage et qui s'appelait
Edouard von Battemberg. Il prétendait être un
fils naturel de l'empereur Frédéric. Sa mère
-était très liée avec l'Unser Fritz du temps où
Guillaume I", le père de ce dernier, vivait
encore.
Quand on l'a arrêté, il avait déclaré avoir
entrepris un voyage à pied afin d'aller à Ber-
lin et de faire valoir ses droits.
Les autorités autrichiennes n'ont pas pu éta-
blir l'identité du vagabond. On ne savait
même pas s'il fallait le considérer comme un
aliéné ou comme un imposteur. Le malheureux
était grand, blond, portait une barbe flottante
et avait quelque ressemblance avec le père de
l'empereur allemand actuel.
LES COLONIES .-,. t ", '.-
DE VACANCES
A Paris : les œuvres de bienfaisance
privée ; l'œuvre des Trois semaines
et l'œuvre des Colonies de vacan-
ces. — Les Colonies scolaires.
— A Saint-Etienne : l'oeuvre
de M. Louis Comte. -A Tou-
louse : l'oeuvre des Petits
Toulousains aux Pyré-
nées. -. Il reste beau-
coup à faire. — La
nécessité de déve-
lopper les œuvres
existantes.
Dans le premier article que j'ai consacré aux
Colonies de vacances, je n'ai fait qu'une brève
allusion aux diverses œuvres fondées à Paris :
cependant, comme le premier mouvement est
parti de la capitale, et que ses colonies pren-
nent chaque année une nouvelle extension, il
est nécessaire de donner quelques détails sur
leur rapide développement.
L'Œuvre des Trois semaines, fondée la pre-
mière en 1881 par M. et Mme Lorriaux, en-
voyait, en 1882, 79 colons à la campagne ; en
voyait, en 1895, 972 ; en 1900, 1.462; et,
1890,420; en 1895, 972 ; en 1900, 1.462 ; et,
l'an dernier, le nombre de ses pupilles s'est
élevé à 1.756. Elle possède aujourd'hui quatre
immeubles dont deux sont situés sur les bords
de la Manche, dans le Calvados, et les deux
autres dans le département de l'Oise à Mont-
javoult. Elle pratique aussi le placement d'en-
fants chez les particuliers, tant à Nanteuil-les-
Meaux qu'à Saint-Danis-les- Relais. Elle a pu
offrir, depuis sa création, un séjour de trois
semaines à la campagne ou sur le bord de la
mer, à 15.360 de ses protégés, et 538.000francs
provenant de dons particuliers ont étédépensés,
soit 35 à 40 francs par enfant pour toute la du-
rée de la cure d'air.
L'œuvre de Mlle Delassaux.
En 1882, Mme de Pressensé, la mère de
notre éminent confrère Francis de Pressencé,
'organisait l'Œtl,vre de$ colonies de vacances, qui
est aujourd'hui présidée par Mme Frank-
Puauk, et dirigée, avec un dévouement ad-
mirable, par Mlle Delassaux; cette œuvre em-
ploie de préférence le placement familial ; elle
a trois colonies de campagne, installées dans
le Loiret, et une colonie maritime à Coutain-
ville-Plage, dans la Manche. Depuis sa fonda-
tion, elle a envoyé 9.200 enfants au grand air
et a dépensé pour eux 468.000 fr., soit environ
40 fr. par mois et par élève.
Les colonies scolaires
Enfin Edmond Cottinet, l'auteur dramatique
et le Parisien si regretté,qui était aussi philan-
thrope, fondait, en 1883,. pour les enfants des
écoles de son quartier une colonie de vacances ;
il était alors administrateur de la caisse des
écoles du 9e arrondissement.; ce premier essai
de bienfaisance officielle n'était d'ailleurs pour
lui que le premier pas dans une voie excel-
lente ; ses efforts, secondés par l'appui pré-
aiatix.jia.XlXt. Oiiarrl rvt Huisscm, réussirant à
généraliser l'institution pour toutes les écoles
de la ville, et, en 1890, l'œuvre était régle-
mentée par le Conseil municipal qui lui accor-
dait une subvention de 55,000 francs ; cette
subvention, portée à 80,000 francs l'année sui-
vante, et à 150,000 francs en 1894, atteint au-
jourd'hui le chiffre de 100,000 francs; en 1902,
la dépense totale s'est élevée à 316,900 francs
pour cinq mille huit cent soixante six enfants
envoyés à la campagne, ce qui donne un prix
de revient de 54 fr. 01 par élève, soit 2 fr. 91
par jour ; toutes les caisses des écoles de Paris
ont adopté le système de la colonie collective
qui implique la réunion d'un certain nombre
d'élèves dans une même maison, sous la sur-
veillance d'instituteurs ou institutrices.
Les enfanta à la montagne de Saint-
Etienne.
En province, au contraire, le placement fa-
milial est généralement préféré : à Lyon, à
Saint-Etienne, à Toulouse, il a donné d'excel-
lents résultats. L'oeuvre des enfants à la monta-
gne de Saint-Etienne a eu un développement
particulièrement rapide, ce qui prouve bien
qu'elle répondait à des pressants besoins : elle
a été fondée en 1893 par notre excellent con-
frère Louis Comte, un des fondateurs et l'ancien
directeur du vaillant quotidien radical-socia-
listo de Saint-Etienne, la Tribune Répttbli-
caine : la première année, le chiffre des colons
était de 52 ; cinq ans après, il s'élevait à 635,
et, en 1902, il dépassait 1.400 : jusqu'à ce jour,
7.100 enfants ont été envoyés, pendant un mois
et même six semaines, dans les villages de la
Haute-Loire, région du Mézenc, et il a été dé-
pensé pour eux une somme de 180.000 francs.
La Fronde donne justement, sur le fonctionne-
ment de l'œuvre, les détails suivants qui inté-
resseront nos lecteurs :
Chaque année, en mai et en juin trois fois par se-
maine, les enfants sont inscrits à la municipalité
de Saint-Etienne, moyennant un droit de un franc,
et une faible cotisation proportionnée aux ressour-
ces de la famille, car M. Louis Comte, pour ména-
ger de légitimes et respectables fiertés, n'a pas
voulu de la gratuité complète, trop voisinedel'au-
mône. Dans'les premiers jours de juillet, les en-
fants inscrits sont soumis à un examen médical, à
l'auscultation, etc., et quelques conseils d'hygiène
: sont donnés à leurs mères, qui les accompagnent.
Un mois plus tard, c'est-à-dire dans les premiers
jours d'août, après avoir été pesés et avoir subi un
dernier et plus rapide examen du médecin, sont
: tmmatriculés ; le modeste trousseau est visité,
cousu dans un paquet ; tout est prêt et le lende-
main matin, dès l'aube, la gare est pleine de petits
[voyageurs impatients, sous la garde de surveillants
et de surveillantes ; on les groupe par sections, et
enfin, aux acclamations des parents et des voisins,
les voilà partis, entonnant àpleine voix une chan-
son très populaire à Saint-Etienne :
Ah ! les voilà parties, les voilà parties,
Les hirondelles;
Ah ! les voilà parties, les voilà parties,
Pour leur pays.
Mais elles reviendront, elles reviendront,
Les hirondelles;
Mais elles reviendront,elles reviendront,
Et resteront !
A Dunièrcs, en descendant du train, de grandes
, voitures les emmènent en différents points de la
montagne, chez les braves cultivateurs qui doivent
les héberger durant cinq semaines, moyennant la
faible rétribution de 0 fr. 50 par jour et par en-
fant. Par deux, ou par trois, rarement plus, ils
sont donc confiés aux soins maternels des fermières;
ils se lèvent et se couchent tôt, boivent du lait,
mangent du pain bis, jouent au grand air toute la
journée, vivent enfin la vie naturelle et simple de
la campagne, Les efforts bienfaisants ne tardent
pas à s on faire sentir.
Après une période d'acclimatation forcément un
peu pénible — tout est changé, l'atmosphère, la
nourriture, la boisson — l'enfant augmente de
poids, prend des couleurs, des forces, de la gaîté.
Quand vient le moment du retour, il a fait provi-
sion de santé pour l'hiver qui s'annonce, il est
mieux armé contre les maladies qui le guettent
durant la mauvaise saison.
M. Louis Comte ne s'est pas contenté de dé-
velopper et de perfectionner chaque année
l'œuvre de Saint-Etienne; avec un dévoue-
ment et une activité infatigables, il a donné
de nombreuses conférences dans diverses villes
de province pour créer un mouvement favora-
ble à la création de colonies de vacances, et
(1) Voir le n° du 22 août.
ses <>!!om ont été presque partout couronnés
de succès N
Les Petits Toulousains aux Pyrénées
A Toulouse notamment, t'Ocre des petits
Toulousains aux Pyrénées, fondée en 1900 et
calquée sur celle de Saint-Etienne, est en pleine
prospérité, bien que commençant seulement
son quatrième exercice ; il faut dire d'ailleurs:
que son vaillant secrétaire général, M. Etienne
Gillard, professeur à l'Ecole normale d'institu-
teurs, ne plaint ni son temps, ni sa peine, et
qu'il est pour beaucoup dans le succès do
l'œuvre; il est lui-même secondé par deux:
comités : le comité de dames est présidé par la
préfète, Mme Paul Viguié, femme d'esprit et
de eceur, qui ne marchande jamais son con-
cours aux initiatives charitables et généreu-
ses.
Les 236 petits Toulousains, désignés à la
suite de l'examen médical, ont quitté Toulouse
le 4 août dernier, et ceux qui ont assisté à leur
départ affirment qu'ils n'étaient pas tristes. Je
le crois facilement ; la plupart n'avaient jamais
quitté Toulouse, et bien rares étaient ceux qui
connaissaient cette pittoresque vallée de la Pi-
que, entre Luchon et Saint-Béat, où ils vont
passer un mois de belles et bonnes vacances ;
pour eux, qui ont toujours vécu dans l'atmos-
phère malsaine de la ville; la vie campagnarde
a cet attrait, puissant entre tous, la nouveauté,
aussi s'en donnent-ils à cœur joie de courir à
travers les prairies, de s'étendre sur les foins
parfumés et sur les gazons verdoyants, et de
cueillir à profusion les fleurs qni se pressent
aujourd'hui sous leurs pas, mais qu'à la ville
ils osent à peine regarder dans les corbeilles
des « bouquetières » ou sur les parterres des
jardins publics.
Le seul regret de tous ceux — organisateurs
et donateurs — qui ont procuré à ce petit monde
quelques semaines de plaisir, c'est de n'avoir
pas pu envoyer à la montagne, tous ceux à qui
ces vacances auraient fait du bien — on pour-
rait dire tous les enfants qui ont des parents
trop gênés pour leur payer un séjour à la
campagne.
Ce qu'il reste à faire.
Et ce regret est absolument général, aussi
bien à Paris qu'à Toulouse, à Lyon qu'à Saint-
Etienne, l'effort réalisé, bien que considérable,
n'est rien en comparaison de ce qu'il faudrait
faire : Depuis 1882, environ 100.000 enfants
de France ont profité d'une cure d'air d'au
moins trois semaines; l'an dernier, près de
15.000 enfants ont été envoyés à la campagne
ou sur le bord de la mer; cette année, ce
chiffre sera certainement dépassé; mais qu'est-
ce donc que 15.000 enfants privilégiés sur les
,5 ou 600.000 petits garçons et petites filles qui
s'étiolent chaque année dans leurs mansardes
'de la ville, sans que la bienfaisance privée ou
officielle soit en mesure de leur procurer les
vacances à la campagne qui raffermiraient
; peut-être leur santé compromise.
Certes l'oeuvre accomplie est vaste ; les pro-
grès sont incessants; mais plus que jamais de
nouveaux efforts sont indispensables ; il ap-
partient aux conseils généraux et municioaux
.et aux favorisés de la fortune de comprendre
leur devoir, et de contribuer largement à uno
œuvre sociale et morale de la première impor-
tance. — Framçois Viel.
P. S. — Jo recommande aux lecteurs qui vou-
draient avoir des' renseignements plus complets'
sur les colonies de vacances, la lecture du numéro
do juillet du « Bulletin de l'OEuvre des Voyages
scolaires ». (Reims, 15, rue de Courcelles.)
i ■ 1
LES PORTS FRANCS
M. Maruéjouls, ministre des travaux publics,
vient d'aller visiter les travaux de percement,
du Simplon. J'ai déjà plusieurs fois, exposé ici
quelle serait la conséquence de l'ouverture de
ce tunnel, qui n'est plus à l'heure actuelle
qu'une question de jours. Tout le trafic du
nord de la France, de la Belgique et de l'An-
gleterre détourné de Marseille vers Gênes.
Aussi est-il très urgent que l'on déclare
Marseille port franc atin de rendre à notre
grand port méditerranéen son activité et son
importance d'autrefois, il faut donc que dès la
rentrée le Parlement examine les projets de
lois sur les zones franches qui seuls pourront
donner à notre commerce un essor dont il a
grand besoin.
Sait-on que pendant la dernière période dé-
cennale de 1891 à 1901, l'Allemagne a vu l'en-
semble de ses exportations de 3 milliards 648
millions à 5 milliards 777 millions,l'Angleterre
de 7 milliards 354 millions à 8 milliards 774
millions, les Etats-Unis de 5 milliards 261 mil-
lions à 7 milliards 565 millions.
La France au contraire n'a vu s'augmenter
sss exportations que de 552 millions seule-
ment.
En 1891, elle exportait pour 3 milliards 460
millions, en 1901 ; elle exporte pour 4 milliards
12 millions, et encore une forte portion de cette
augmentation provient de notre commerce co-
lonial.
Il faut donc que l'attention du gouvernement
se porte sur cette situation, car il serait regret-
table de voir notre commerce extérieur décroî-
tre au moment même où des débouchés nou-
veaux se créent de toutes parts, où des marchés
concurrents grandissent, où les échanges inter-
nationaux se développent sur tous les points
du globe. — Charles Darcy.
_——-——- ———-—-——————
Le Shah contre son Grasd-Visir
(De notre correspondant particulier)
Odessa, 30 août
Un conflit très grave a éclaté entre le shah de
Perse et son grand-vizir l'Emir es Saltanch.
L'émir a accaparé presque tout le pouvoir et
se plait à jour le rôle d'un maire du palais,
Dernièrement le ministre tout puissant a
fait empoisonner un favori du shah, nommé
Hekkim el Mulk, qui, lors de l'attentat de
lPl\ris, avait Couvert de son corps son souve-
rain. Murraffer-Eddine ayant eu connaissance
de cet empoisonnemnet a eu une scène vio-
lente avec le grand-vizir. Toutefois il n'ose pas
le renvoyer, le ministre tenant entre ses mains
presque toute l'armée.
NOUVEAU CYCLONE AUX ANTILLES
Londres, 30 août.
On télégraphie de New-York au Globe qu'un
vapeur arrivé à Mobile, apporte la nouvelle
que la ville de Georgetown, sur l'île du Grand-
Cayman (Antilles), a été complètement dé-
truite par un cyclone. Les plantations de l'ile,
ainsi que celles des Iles voisines, Petit Cayman
et Cayman-Brac, sont détruites. Sur les 23 na-
vires qui se trouvaient en rade de George-
town, un seul a échappé au cataclysme. Tous
les autres ont péri corps 'et biens. Le nombre
des victimes est considérable.
L'INCENDIE DE MARSEILLE
Marseille, 30 août.
Le feu qui a éclaté sur les collines de la
Nerthe a pu être maîtrisé.L'incendie avait de
nombreux foyers ; il s'étendait depuis le Rove
jusqu'à l'Estaque. Les pompiers et les soldats
l'ont combattu pied à pied. L'étendue de bois
brûlée est considérable.
LE CRIME ET LE DROIT
Manuel du Musulman révolutionnaire
Les infamies d'Abdul-Hamid. — Réac-
tion et prévarication. - Baisement
de vieilles tuniques. - Héros et
valetaille. — Par manque d'en-
tente. — La presse turque. —
Un décret du Sultan. — Une
révolution libératrice
Un membre de la Jeune Turquie nous adresse
sur le régime actuel en Turquie, et sur les abus
,du Sultan, un travail fort intéressant dont nous
commençons aujourd'hui la publication :
J'ai l'intention, dans ce travail, sans em-
phase et sans diplomatie, de soulever le voile
qui couvre certaines infâmies d'Abdul-Hamid.
Après avoir jeté l'opprobre et l'injure sur le
parti constitutionnel, qu'il a parjuré, il cher-
che à l'étouffer par tous les moyens.
Quand l'argent n'est pas pris directement
par lui dans là poche du peuple pour être em-
ployé à des besognes infâmes, il est extorqué
d'un autre côté par la concussion de ses mi-
nistres.
Personne ne peut le nier. Ilamid est seul
responsable de tous les gâchis: il vit avec la
corruption, en favorisant la réaction et la pré-
varication. Il fait la terreur avec un ramassis
d'aigrefins. une meute de mouchards, une
garde composée de dix mille brutes qui sè-
ment le banditisme à Constantinople. Les mi-
nistres sont ses laquais. Le favori est un cer-
tain Iladji Ali bey, qui dirige toutes les basses
intrigues hamidiennes. Cet homme, est act-
uellement le pivot de la politique turque.Tout
.Constantinople le connaît sous le sobriquet de
« leblébidji » — marchand de pistaches — qui
était, du reste, son ancienimétier.
Aujourd'hui qu'il est parvenu aux plus hau-
tes dignités, les gros bonnets du fonctionna-
risme viennent, tous les matins recevoir le
mot d'ordre de cet individu.
Le palais du sultan
J'eus l'occasion, une fois dans ma vie, de
visiter les antichambres impériales. C'était en
1893 ; mon père venait rendre compte de son
intérim au gouvernement de Rhodes. On criti-
quait sa conduite dans l'affaire Farmakidès,
où un sous-gouverneur viola le domicile d'un
protégé autrichien. Mon père refusa de susciter
:une émeute religieuse, malgré les ordres se-
crets du Palais, ce qui lui valut une mise en
disponibilité; et il ne fut réintégré à son poste,
que grâce à l'intervention d'Osman pacha.
Nous allâmes au Palais faire acte d3 contri-
tion et baiser une douzaine de vieilles tuni-
ques. Après quelques heures d'attente, nous
;montàmes les fastueux escaliers, à rampe de
cristal, qui conduisent près du cabinet do tra-
vail du Sultan. J'ai traversé ces hideux cou-
loirs, au plafond bas, le long desquels des po-
liciers flairent vos poches et jettent sur les pas-
sants, des regards sinistres.
A l'étage au-dessus sont les salons des cham-
bellans, pièces qui communiquent à la salle
du trône. Là, règne un silence de mort, on se
parlo à voix basse ; des ministres, des gouver-
neurs, des eunuques ji-ssent furtivement d'un
salon à un autre.
Des oîliciors se bousculent, des espions af-
folés courent porter des ordres de perquisition,
d'arrestation, que sais-jt encore ? Des fonction-
naires jettent un dernier coup d'œil sur des
rapports do police, qu'ils vont remettre à
Hamid.
En avant d'une porte de chêne, l'échiné cour-
bée, la figura débonnaire, le héros de Plevna
est assis devant un plateau de victuailles.
Lé sultan tenait à garder Osman sous sa
main et parfois lui refusait la permission de se
retirer, même la nuit. Ce soldat, qui en 1877,
battit trois fois le grand-duc Nicolas devant
Plevna, était reduit à veiller aux portes de ce
lâche monarque.
Aujourd'hui Osman est mort, c'est sur Edhem
i pacha que retombe cette charge de laquais.
Ainsi, par un raffinement de cruauté, le sultan
aime confondre les quelques honnêtes gens du
palais avec le rebut de sa valetaille.
L'obscurantisme du peuple ottoman
Nombreuses sont les difficultés au soulève-
ment du peuple ottoman :
Nous avons d'abord une ennemie hérédi-
taire, la Russie qui soutient la politique hami-
dienne ; elle a trouvé, avec Abdul-Hamid, un
appui solide aux visées traditionnelles de sa
politique. Un autre obstacle est la politique des
: séparatistes des confins de la Turquie d'accord
avec les réformistes qui demandent l'immixtion
:des puissances pour appliquer des réformes,
comme si des réformes étaient possibles avec
Hamid. Les partisans de ce système, les Armé-
niens, les Macédoniens, les opportunistes au
lieu de former un bloc, sans distinction de
race ni de religion, à opposer à la réaction,
.ergotent sur des questions niaises et, incons-
cients peut-être, font le jeu de nos ennemis,
En dehors de ces difficultés primordiales, il
y a l'ignorance du peuple sur les droits politi-
ques. Les journaux , brochures et autres écrits
indépendants sont un mythe en Turquie. La
propagande est très difficile.
: La liberté n'existe pas. Les correspondances
:sont interceptées ; les destinataires des lettres,
[venant d'Europe sont jetés dans les bagnes si
ce n'est au Bosphore.
Un membre d'un groupe politique pris, est,
écartelé. Des femmes arrachées de leur demi-:
cile sont obligées de se prostituer à la
chiourme,
Dans les prisons on relâche les voleurs et les
assaesins, pour faire place aux Turcs libéraux.
La presse locale reçoit, tous les jours, du Pa-
:lais des articles dithyrambiques avec contrainte
de les insérer.
Les directeurs de journaux, les éditeurs re-
çoivent, toutes les semaines, les policiers du
Palais qui viennent mettre au pillage, leurs
meubles et leurs archives.
Contrainte par décret
J'ai sous la main, un décret concernant la
presse turque qui donnera une idée au lecteur
du système employé pour dissimuler au peu-
ple les ignominies gouvernementales :
SECRÉTARIAT
GÉNÉRAL
Palais de Yldyz
1. — Donner de préférence des nouvelles de la;
santé précieuse du Souverain, de l'état des récol-
tes, des progrès du commerce et de l'industrie en
Turquie.
II. — Ne publier aucun feuilleton, qui n'ait été
approuvé, au point de vue de la moralité, par Son
Excellence le ministre de l'instructiou publique et
gardien des bonnes mœurs.
III. — Ne pas produire des articles littéraires ou
scientifiques trop longs pour ne pouvoir passer
dans un seul numéro. Eviter ces mots : «à suivre»
ou « la suite à demain ».
IV. — Eviter soigneusement les blancs et les
lignes de points dans un article, parce que ces
procédés autorisent des suppositions fâcheuses et
troublent la tranquillité des esprits.
V. — Eviter avec le plus grand soin toutes per-
sonnalités, et si l'on vient vous dire que tel gou-
verneur ou sous-gouverneur a été convaincu de
vol, concussion, assassinat ou autre acte blâma-
ble, tenir le fait pour non prouvé ei le taire soi-
gneusement.
VI. — Défense absolue do reproduire des péti-
tions des particuliers et des communautés de pro-
vince, se plaignant des abus de l'autorité et les
signalant au souverain.
* Vit. - Toute mention de noms historiques et
géographiques y compris la dénomination « Ar.
;roénie » est défendue.
VIII. - Il vous est interdit de signaler les ten-
tatives d assassinat contre les souverains étrangers
sous quelque forme qu'elles se soient prodtfites:
ou les manifestations séditieuses qui ont pu avoir
lieu dans les pays étrangers ; car il n'est pas bon
que ces choses-là soient connues de nos loyales e
paisibles populations. t
IX. — Il vous est défendu de mentionner ce
nouveau règlement dans les colonnes de votre
journal parce qu'il pourrait provoquer des critiques 1
ou des observations déplacées de la part de quel
ques esprits mal faits.
Contraints par l'article 8 de ce libellé, les
journaux turcs racontèrent ainsi l'assassinat
du shah Nasr-ed-din.
Le shah se sentit indisposé au cours de l'après-
midi ; il mourut et son corps fut transporté à
Téhéran.
A la fin de ce travail j'explique l'hypocrisie
de cette nouvelle mensongère.
Le droit et le devoir
Devant de pareilles turpitudes, nous devons
affirmer un droit légitime que ni la raison, ni
la morale ne peuvent condamner et dont un
gouvernement infâme empêcha seul la mise au
grand jour. Il faut persuader la nation que
lorsqu'un monarque a foulé aux pieds les lois
lorsqu'il a outragé l'assemblée qui a reçu ses
serments et continue à entraîner le pays dans
les conséquences de son crime, la révolte con-
tre ce monarque est le plus sacré des devoirs.
Alors, seulement, la révolution, longtemps con-
tenue et domptée, renversera les obstacles.
Hélas, pour fomenter cette révolution, il
faudrait une propagande assidue, et des co-
mités vigilants, ce qui fait complètement dé-
faut en Turquie.
Il existe bien un comité général des turcs
libéraux, dont le siège est à Constantinople,
mais malheureusement son système centralisa-
teur expose les membres aux griffes des mou-
chards.
Pour mater la délation, dans nos milieux
révolutionnaires, il faudrait dissoudre le co-
mité central, brûler ses archives et inviter les
membres à former des groupements indépen-
dants. De sorte que chaque comité ou groupa
agisse sans prendre avis des autres. Ainsi, la
police pourrait bien savoir ce qui se passa
dans un groupe, mais ignorerait ce qui se
trame dans un autre. Nous ne voulons pas dira
qu'il n'y aurait plus d'espions parmi nous,
loin de là, mais leur nombre serait moindre.
(A suivre) Joseph FEHMI.
ÉLECTION SÉNATORIALE DU 30 AOUT
MAINE ET-LOIRE
Inscrits r flfil. - Vnlants - ffiiS
------ --- .- - ----.. ---
MM. Dominique Delahaye, réaction-
naire 648 élu
Boulanger, républicain. 292
Vouhiers, républicain 5
Gain, avocat, réactionnaire. 3 -
Gary, républicain 1
De Castries, réactionnaire. 1
Il @ s'agissait de remplacer M. de Maillé,
décédé.
- - »
UNE CONFÉRENCE D'ABEL CRAISSAC
La question des salaires. — Les délé.
gués d'Hennebont.
(De notre correspondant particulier)
Lorient, 30 août.
Le citoyen Abel Craissac, trésorier de la Fé-
dération nationale des peintres, appelé à Lo-
rient, pour constater les infractions à l'arrêté
de M. Camille Pelletan sur l'emploi de la cé-
ruse à l'Arsenal, a fait ce matin à la salle F6-
nelon une conférence sur le minimum des sa-
laires. La salle était comble. Deux cents délé.
gués d'Hennebont étaient venus, la bannièra
syndicale en tète, assister à cette réunion, après
avoir fait à pied les 15 kilom. du trajet. La
réunion a été très belle, et le conférencier a été
chaudement acclamé. Un ordre du jour récla-
mant le minimum des salaires a été accepté à
l'unanimité. — F. L. J
L' AMIRAL-GUEYDON »
Marseille. 30 août.
Le consignataire des paquebots de la Com-
pagnie des Chargeurs-Réunis a reçu plusieurs
dépêches émanant des capitaines de plusieurs
vapeurs envoyés à la recherche de l'Amiral-
Gueydon.
Ces dépêches proviennent de Colombo. Tou-
tes déclarent que l'Amiral-Gueydon n'a ps été
aperçu. Dans les milieux maritimes et d'après
certaines indications reçues par le lieutenant
de vaisseau Duchateau, commandant le Poly-
nésien, des Messageries-Maritimes, il résulta
qu'une « tornade sévissait dans la met
Rouge, au moment du passage probable da
YAmiral-Gueydon, par le travers de Socco-
tora.
Ces parages sont des plus dangereux : grand
nombre de navires s'y sont déjà perdus.
voir a la ;l'a page
les Dornière3 DépèoheSJ,
de la nuit
et la Revue des. Journaux
du matin
L'INSURRECTION EN MACÉDOINE
Tentative contre un train
Salonique, 29 août.
Une tentative pour faire sauter l'Orient
Express allant en Europe a eu lieu entre Usun-
kempri et Tcherkesskeni, stations qui suivent
celle où le train conventionnel a sauté.
La locomotive de l'Orient-Express a déraillé
sans autre dommage.
La dynamite
Athènes, 29 août.
Cinq Bulgares ont été arrêtés ici. Ils avaienft
en leur possession deux barils de dynamita
qu'ils amenaient de Dedeagatch.
A Belgrade
Belgrade, 30 août.
Un meeting auquel assistaient environ 8,0CC
personnes a adopté, après des discours pro-
noncés par un Serbe de la vieille Serbie et pat
un Monténégrin, une résolution déclarant qUI
la Serbie, inspirée par le désir d'éviter à l'ave-
nir des troubles dans l'Europe orientale, nf
peu plus rester indifférente en face do la situa
tion de la vieille Serbie et de la Macédoine.
La résolution constate que toutes les réfr-
mes qui ont été tentées en Turquie au dIX-
neuvième siècle n'ont donné aucun résultat.
Les dernières réformes proposées n
exécutées. La situation actueJIe devIent danga-
reuse pour les Serbes et les Slaves en Turquie.
En conséquence, le devoir de tous est d'emp
cher l'anéantissement de la race slave.
La résolution dit quo tout en voyant avec
sympathie les efforts. de ceux qui luttent pouf
la liberté, les personnes réunies au meeting
sont convaincues Que le gouvernement M
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