Titre : Le XIXe siècle : journal quotidien politique et littéraire / directeur-rédacteur en chef : Gustave Chadeuil
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1903-08-21
Contributeur : Chadeuil, Gustave (1821-1896). Directeur de publication
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Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
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Description : 21 août 1903 21 août 1903
Description : 1903/08/21 (N12215). 1903/08/21 (N12215).
Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-199
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 20/06/2013
CINQ CENTIMES le Numéro. PARIS A DÉPARTEMENTS
Le Numéro CINQ CENTIMES 1
*
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NOS LEADERS
LÉON
J'ai lu quelque part que Léon pre-
nait sa retraite.- Je m'excuse auprès
de lui si j'ai oublié son titre officiel. Il
est, je crois, le chef des appariteurs
du barreau. Toujours est-il que l'or-
dre des avocats est unanime à regret-
ter le départ de celui qui fut, pendant,
de longues années, le collaborateur et
l'ami de tous et de chacun.
On a rappelé que la plus brillante;
fonction de Léon consistait, après les
élections de l'ordre, à venir chercher
le nouveau bâtonnier et à le conduire;
au conseil en grande cérémonie.
Si Léon jouissait de la sympathie et;
de la confiance des gros bonnets — ou:
plutôt des grosses toques - du bar-:
reau, il avait su prendre une autorité
sans limite sur la foule pourtant indis.,.'
ciplinée des stagiaires.
Combien de générations d'avocats
nouvellement promus Léon a-t-il con-
duites au serment? Je ne me charge
pars d'en faire le décompte.
L'impétrant stagiaire, avant aucune
vautre démarche, a toujours eu à ren-
dre hommage à la personnalité dont
nous nous occupons.
Au premier abord, Léon inspirait le
respect. La face grave et pleine,
a vieille française », au nez aquilin ;
la lèvre mince et serrée qui annonce:
généralement le don de la parole ;
l'ceil malicieux et pénétrant, glissant
un regard sous les lunettes d'or; la
barbe légère et assez abondante ; la
chevelure correcte et soignée ; la chai-
ne d'argent tombant avec grâce sur le
collet et sur les pectoraux ; la cravate
blanche et l'habit officiel : tel appa-
raissait ce fonctionnaire qu'on sentait
sans reproche.
***
Avant la prestation de serment,
Léon passait en revue l'escouade des
nouveaux avocats : il veillait à ce que
leur mise de gala fût décente ; il véri-
fiait si la cravate de cérémonie était
congrûment superposée au rabat, si
l'épi toge portait le rang d'hermine des
licenciés, le double rang des docteurs,
ou le triple rang des agrégés, enfin, si
les manches de la rph £ » présentaient
des revers suffisamment luxueux. Il
semblait un adjudâiH'tle semaine, pas-
sant l'inspection de kTgayde.
- Puis — par le flanc droit, par file à
gauche — il menait son mbnde à la
vaste et reluisante Première chambre
de la cour.
Il encourageait paternellement ses
« poulains », comme disent les hom-
mes de sport.
- Ne vous effrayez pas, messieurs,
conseillait-il, ce sera très simple.
Il est de fait que la solennité n'a rien
de bien compliqué. Les stagiaires se
serrent au banc de la défense ; le pré-
sident lit la formule d'une voix sans
expression ; on aperçoit des mains qui
se lèvent ; on entend des: «Je le
jure ! » Ce serait maigre comme spec-
tacle, si, le plus souvent, quelque,
membre du parquet, en veine d'avan-
cement, ne venait renouveler son ser-
ment. Or, les magistrats du parquet
ont la spécialité des belles prestations ;
ils connaissent les attitudes esthéti-
ques, émeuvent par des « effets de
manches », tombent en extase devant
le Christ et prononcent : « Je le jure ! »
comme les « jeunes premières drama-
tiques » gemissent : « Je me meurs ! »
***
Un devoir principal — on pourrait)
t dire un seul devoir — est imposé aux
f stagiaires. Ce n'est pas de plaider. Ils
doivent, chaque samedi matin, signer
une feuille de présence au secrétariat
de l'ordre. Cette mesure a pour objet
de recruter un public pour la confé-
rence qui se tient ce jour-là.
Chaque jeune avocat a sa feuille per-
sonnelle que l'on conserve, durant la -
semaine, dans une sorte d'urne,et que
l'on place à l'aube du samedi, dans un
des casiers alphabétiques qui ornent
l'antichambre du secrétariat.
Chaque intéressé retrouve ainsi faci-
lement le carton sur lequel il doit ap-
poser son paraphe.
Léon avait assumé le contrôle de
cette importante opération. Il savait
déjouer les ruses dé ceux qui, désireux
de se conformer à la lettre du règle-
ment sans en épouser l'esprit, préten-
daient signer la tyrannique feuille,
mais ne pas assister à la conférence,
et, dédaigneux de la robe profession -
nelle, se présentaient en « civils », si
je puis dire, au secrétariat.
— Monsieur, disait Léon, avec une
feinte surprise, à l'impertinent qui se
présentait en veston ou en jaquette,
seuls les avocats ont accès ici.
— Mais., tentait d'objecter le nou-
veau venu.
— Allez mettre votre robe, mon-
sieur ! reprenait alors Léon, dévoilant
toute son indignation, je ne saurais
vous accepter sans robe !
Parfois, fatigué de cette signature
hebdomadaire, un stagiaire oubliait
pendant quelques semaines le chemin
du secrétariat.
Un samedi, pour tant, le jeune avo-
gat en faute jugeait prudent de re- ,
prendre des habitudes plus ordonnées.
Léon, d'un imperceptible coup d'œil,
reconnaissait l'enfant prodigue s'avan-
çant d'un pas dont l'indifférence était
voulue. L'autre explorait les casiers
alphabétiques dont j'ai parlé plus
haut, cherchant en vain sa feuille,
commençait à pâlir, poursuivait ses
recherches, néanmoins.
— Que voulez-vous, monsieur ?
soufflait Léon.
- Ma carte! répliquait le stagiaire
en se retournant.
— Il me semble que, depuis long-
temps, vous n'êtes point venu signer ?
— Longtemps?. Oh ! deux. trois
semaines.
- Bien, monsieur! reprenait avec
sérénité Léon, c'est ce que je pensais !
Votre carte vous a été retirée à raison
de votre peu d'assiduité ! Ces mes-
sieurs du conseil de l'Ordre exigent,
sachez-le, l'assiduité.
Du reste, Léon se chargeait d'intro-
duire le coupable « chez monsieur le
secrétaire » et plaidait lui-même la
cause qu'en son for intérieur il trou-
vait exécrable.
Avec les écrivains doctrinaires du
barreau, Léon est certainement un des
hommes qui ont le plus fait pour l'en-
tretien des « usages et règles de la
profession d'avocat ». Il a joué un peu
le rôle du maître d'étude dans cette
sorte d'école que le barreau de Paris a
formée à l'usage de ses stagiaires. C'é-
tait un brave homme et un excellent
serviteur. Il laisse une belle place à
prendre, si elle n'est déjà prise. Mais
peut-être Léon est-il de ceux que l'on
ne remplace pas ?
Hugues Destrem.
LA DÉNONCIATION DU CONCORDAT
Si M. Combes se montre si.
singulièrement timide et embar-
rassé sur cette question de la
dénonciation du Concordat, et
par suite sur la séparation des
Eglises et de l'Etat, c'est peut-
être, croiront quelques naïfs, que M. Com-
bes craint de n'être pas, sur ce point, sou-
tenu par la majorité. Détrompons ces naïfs :
c'est la majorité qui craint plutôt de ne pas'
être suivie par M. Combes.
Nous allons citer au président du conseil
un petit exemple qui jette une vive lumière
sur l'état d'esprit de la majorité des répu-
blicains dans cette question :
Hier au conseil général de la COïTze,
deux votes ont été émis : le premier vote
était destiné à appuyer le ministère au point
de vue de la politique anticléricale; ce vote
a réuni 16 voix contre 5 opposants. Le se-
cond scrutin s'est ouvert sur un voeu ten-
dant à «une préparation à la séparation des
Eglises et de l'Etat»; il a réuni 14 voix con-
tre 4 opposants.
Ainsi, sur cette question de la séparation
des Eglises et de l'Etat, sur seize qui - ve-
naient de voter une politique générale an-
ticléricale, quatorze ont conclu à la sépara-
tion des Eglises et de l'Etat; et sur cette
même question de la séparation des Eglises
et de l'Etat, le nombre des opposants est
descendu de cinq à quatre. Il est donc évi-
dent que, dans le conseil général de la Cor-
rèze, la majorité sur les deux faces de la
question anticléricale est sensiblement la
même. ,
Comme les républicains de la Corrèze ne
sont point faits d'un autre bois que les ré-
publicains des autres départements, il ré-
sulte avec évidence de ce qui s'est passé
chez eux que le même calcul appliqué aux
majorités des deux Chambres donnerait au
moins la même proportionnalité.
Il est donc certain qu'une majorité est ac-
quise, dès à présent, dans le bloc républi-
cain à la séparation.
Alors, qui retient M. Combes de propo-
ser la dénonciation du Concordat >
———————————— ————.-———————
LES CONSEILS GÉNÉRAUX
Notons quelques vœux votés hier par les con-
seils généraux :
Ardèçhe, Aude, Oise, Haute-Vienne : Voeux
en faveur de l'arbitrage international.
Lot-et-Garonne. — Vœu en faveur du scru-
tin de liste et de la réprésentation proportion-
nelle des minorités.
Pas-de Calais. — Vœu pour la réglementa-
tion uniforme de la vitesse des automobiles..
Lot. - Vœu pour la suppression des treize
jours.
Manche. — Vœu d'exempter des 13 jours les
pères de quatre enfants. Vœu demandant l'af-
franchissement des lettres à dix centimes.
Eure-et-Loir. — Le conseil a obtenu du mi-,
nistre de la guerre que la convocation des cul-
tivateurs réservistes et territoriaux de la ré-
gion soit reportée du 24 au 31 août, à cause
du retard des travaux do la moisson.
—*
Une aQuvslie école militaire anglaise
(IJe noire correspondant particulier)
Londres, 19 août.
Les autorités militaires s'occupent d'un pro-
jet bien original. Il s'agit de créer une école
spéciale militaire pour apprendre la tactiqde
de Dewet à des cavaliers rompus aux fatigues.
L'enseignement sera purement pratique. Les
hommes seront habitués à coucher en plein
air ; on leur apprendra à mesurer des distan-
ces, à découvrir des pistes, etc.
C'est le mdjor Frederick Russell Beanham
qui prendra la directionde cette nouvelle bran-
che d'éducation militaire.
LES VRAIS COSMOPOLITES
(De notre correspondant particulierJ
Vienne, 19 août.
Le prince Antoine d'Orléans, fils du prince
Gaston d'Orléans comte d'Eu, ayant terminé
sa troisième année à l'Ecole militaire de
Wiener Neustadt entrera comme lieutenant au
6° régiment de hussards^-dans l'armée austro-
hongroise. Il vient de prêter avec ses camara-
des de promotion le serment de défendre le.
drapeau de l'Autriche-Hongrie contre l'étran— ï
ger. Son père, le prince Gaston d'Orléans, a;
assisté à la cérémonie.
QUESTIONS
- D'ASSISTANCE
La Laïcisation de la Maison nationale
de Charenton
Journalistes bien renseiqhéft. — Drôles
de fonctionnaires. — La laïcisation
est un bienfait pour tous. -- La
force d'inertie. — Le budget
de la maison nationale.
— Maître chez soi !
C'est drôle comme les journalistes réaction-
naires qui se disent renseignés par « un fonc-
tionnaire du ministère de l'intérieur bien placé
pour cela », donnent une piètre idée du fonc-
tionnaire (lampiste, sans doute), qui les éclaire
si mal. Parbleu, voilà un monsieur qui doit
;être cassé aux gages, d'abord parce qu'il sa
permet de critiquer son chef, ensuite c'est qu'il
connaît si peu le service sur lequel il se per-
met d'envoyer les notes qu'il ignore jusqu'au
nom de l'établissement dont il parle : Il se
nomme Asile de Charenton ou Maison de santé
de Saint-Maurice, alors que le nom officiel est
« Maison nationale de Charenton ».
Je suis d'autant plus à mon aise pour faire
cette objurgation que je suis persuadé de l'hon-
nêteté professionnelle des fonctionnaires da
.tous les ministères qui peuvent ne pas être en
absolue communauté d'idées avec les ministres
qui se succèdent à la tête de leurs services —
ce qui est leur drojit — mais qui se feraient un.
scrupule d'user de moyens aussi mesquins
pour tirer dans le dos de leur chefs.
D'où il s'ensuit, à mon humble avis, que le
« fonctionnaire bien placé » du (ou des) jour-
naux réactionnaires dont je parle, n'existe que
dans une imagination trop vive qui aurait
peut-être besoin, pour être calmée, de passer
sous les douches bienfaisantes de la maison.
La laïcisation
Il parait qu'échanger les « sœurs » contre
des femmes constitue tout simplement une
chose « néfaste M, une mesure « inique et
odieuse ». Il faut vraiment que ces messieurs
qui disent des choses si énormes ne se soient
jamais trouvés avoir de rapports suivis, admi-
nistratifs ou autres, avec les « sœurs ». Sans
cela ils auraient pu apprécier les difficultés
qu'elles opposent, par une force d'inertie im-
placable, lorsqu'une mesure leur déplaît.
On parle toujours de leur dévouement ; on
en trouve pourtant aussi, du dévouement, chez
nos infirmières laïques, et en plus on trouve
l'obéissance, ce qui n'existe pas chez les sœurs,
qui semblent se soumettre en silence. mais
qui n'obéissent pas, qui font répéter dix fois,
cent fois l'ordre sans l'exécuter, confiantes dans
ce respect idiot de la robe noiro, bleue ou grise
et de la cornette.
Demandez aux médecins, demandez aux in-
ternes, et ils vous diront avec quelle joie ils
vont être débarrassés de ces femmes, dévouées,
je le veux bien, désintéressées, je l'admets,
mais desquelles ils ne pouvaient tirer que ce
qu'elles voulaient bien faire.
Aujourd'hui que le..>I'ésuHat poursuivi depuis
de longues années est enfin obtenu — car ce 1
n'est pas d'aujourd'hui que date l'idée de laïci-
sation — tous les intérêts réactionnaires se
coalisent contre cette mesure nécessaire, ur-
gente, au point de vue de la discipline et du
bon ordre, et viennent déverser leur mauvaise
encre sur la tête du gouvernement qui d'ail-
leurs ne s'en portera que mieux.
Un établissement qui rapporte
'■D-'^bord, voudriez-vous me dire, un peu de
quel droit Messieurs de l'Echo de Paris, du So-
leil, ou de tous les Peuple français du monde
se permettent de venir s'occuper d'affaires pri-
vées? Est-ce que la Maison nationale de Cha-
renton coûte quelque chose aux contribuables?
Si le « fonctionnaire bien placé » connais-,
sait son affaire, il aurait tempéré ce zèle intem-
pestif et aurait expliqué à ces bons calotins que,
loin do coûter aux contribuables, la Maison
nationale de Charenton contribuait pour une
très grosse somme à l'entretien des boursiers
de l'Etat.
En effet, l'Etat donne à la maison nationale
une subvention de 50.000 fr. et a dans l'éta-
blissement 79 boursiers ou boursières dont le
prix de pension équivalant à la 3' classe est de
1.440 fr. ; or,
1.440 X 79 = 113.760 .- 80.000 = 63.760 fr.
soit 63.760 fr. à la charge de la Maison natio-
nale, ce qui, avec la dépense d'une quarantaine
de mille francs afférente à l'hôpital qui dessert
le canton de'Charenton et dont toutes les dé-
penses sont à la charge de la Maison, repré-
sente en chiffres ronds 100.000 fr., ce qui est
assez cher, ce me semble, pour permettre au
ministre de l'intérieur, de qui relève cet état'
blissement, d'être maître chez lui,
Laissez-nous rire !
Quant à la blague de vouloir faire croire
que les familles retireront leurs malades, il ne
faut pas s'y arrêter, les soins ne sont pas don-
nés par les sœurs, mais sous leur surveillance
par des infirmières laïqltes, dont les plus an-
ciennes et les plus capables vont passer infir-
mières en chef et seront au moins aussi dé-
vouées que les religieuses et seront, en plus,
mises en demeure d'obéir.
Les familles, qui ont su apprécier, non les
soins des sœurs, mais les soins des méde-
cins, ne seront pas assez naïves pour perdre le
bénéfice de ces soins et aller mettre entre les
mains des marchands de soupe, les malades
qui ont, à la Maison nationale, l'air, la lu-
mière, la verdure, les fleurs, toutes les distrac-
tions possible à un taux que l'on ne saurait
trouver ailleurs-Lo personnel ne changera pas,
les sœurs parties, elles seront remplacées, avec
avantage, par des infirmières au courant de
puis de touques années, de ce service difficile, et.
dont le dévouement n'en est pas à faire ses
preuves.
Que messieurs du Gaulois, du Peuple Fran
Ç'nale tranquille, quant à nous, nous ne sau-
rions trop féliciter M. Bonnier, l'éminent di-
recteur, qui a facilité une laïcisation que toute
l'administration appelait depuis longtemps de
tous ses vœux.
EMILE MAHÊ.
LE PRINCE FERDINAND MALADE
(De notre correspondant particulier)
Budapest, 19 août.
Le prince Ferdinand de Bulgarie, qui est
dans son château de Murany, en Hongrie, a:
été pris d'un très grave accès de goutte et est
obligé de garder le lit. Il a reçu dernièrement
la visite de son neveu, le duc Siegfried de Ba-
vière, avec lequel il s'est réconcilié. Le prince
Ferdinand avait eu un grave différend do fa-
mille avec les enfants de sa sœur Amélie.
Le ministre de la guerre prussien
(De notre correspondant particulier)
Berlin, 19 août.
Le nouveau ministre de la guerre, le général,
von Eynem, aura quelques difficultés à don-
ner aux socialistes et autres révolutionnaires
des leçons de fidélité dynastique.
A l'âge de 16 ans, il était lieutenant dans
i'aYmée du roi de Hanovre et but à la. santé du
roi Georges V. Son père, un vaillant capitaine
de cavalerie hanovrien, mourut à la bataille
de Laugensabra, au moment oit il prenait d'as-
saut une batterie prussienne. Le lendemain de
1866, le jeune von Einem, oubliant que son
père, le brave capitaine, avait été tué par les
Prussiens, entra au service de la Prusse et de-
puis est devenu un fidèle serviteur des Hohen-
zollern.
Voir à la 3° page
les Dernières Dépêches
de la nuit.
et la Revue des Journaux
du matin
PÈLERINAGES
C'est le moment des vacances et des pèleri
nages. Lourdes, la Salette, Paray-le-Monial
regorgent de pèlerins. On annonce quelaques-
tion du pèlerinage national à Lourdes aurait
été agitée place Beauvau.
On sait que chaque année, à cette époque, ce
pèlerinage, corrposé d'une douzaine de trains
et du train dit des malades, dont Zola nous a
fait, dans son livre immortel, une si attachante
description, se rend en grande pompe à la
grotte miraculeuse.
Quelques journaux ont raconté que M. Com-
bes était décidé à interdire cette manifestation,
lorsque, sur l'intervention de sénateurs et de
députés du bloc, appartenant aux départe-
ments du Sud-Ouest, il résolut de fermer les
yèiçt et de laisser faire.
," Il m'est permis de douter de l'exactitude de
cette information. Je ne crois pas que le prési-
dent du conseil ait le droit d'empêcher des ca-
tholiques pratiquants et des dévotes supersti-
tieuses qui croient fermement en la toute-
puissance des eaux de Lourdes de se rendre au
lieu où ils sont persuadés dé trouver la guéri-
son; Ce serait là une atteinte par trop forte à
-la liberté individuelle.
M. Combes n'a qu'un droit,c'est de fermer la
chapelle. Or nous savons bien qu'il ne veut
.-Pas s'y résoudre. La chapelle étant ouverte, le
.pèlerinage aura lieu forcément, et forcément
jaussi les processions solennelles. On verra
cette année comme les précédentes, vingt cinq
; mille personnes parcourir la ville par huit de
front, en chantant bymmes et cantiques.
Ont, dit même que ces jours-ci les cantiques
; habituels seront truqués, et que les pèlerins
chanteront en latin des choses désagréables à
M. Combes. Nous ne sommes pas de ces indif-
férents qui se contentent de sourire en disant
à mi-voix. « Après tout, si cela lui plaît, c'est
son affaire. » Ainsi nous ne cesserons de ré-
clamer la fermeturo d'une chapelle où l'on ne
cesse d'exploiter la bêtise humaine et d'exciter
:les passions contre la République. — Charles
Darcy,
INQUIÉTUDES PAPALES
Il paraît qu'un des premiers actes du nou-
veau pape va être de nommer des cardinaux
un peu ^partout où l'on en manquait: en An-
gleterre, en Irlande, en Amérique, et, je pense
:aussi, au Thibet.
Le dernier conclave a, en effet, un peu trop
laissé voir que la majorité italienne des cardi-
naux était par trop écrasante et ne laissait au-
cun espoir aux candidats français,, espagnols,
:.autrichiens et autres d'arriver jamais à 4a
tiare..
D'ailleurs, il est assez urgent do parer au
grave inconvénient du refroidissement de la
foi catholique qui est générale en Europe Il
est bon de prévoir une époquo-asez prochaine,
cela se sent à l'abaissement continu du de-
nier de Saint-Pierre — où lesnationsdu Vieux-
Monde ne seront plus ferventes du tout ; et
c'est une bonne précaution que de semer de la
graine de cardinaux dans les pays lointains
qui sont actuellement dénués de prêtres pour-
prés. ", "t
C'est ainsi qu'un propriétaire qui veut gérer
son domaine en « bon père de iaiiiille » laisse
un peu reposer ses champs fatigués, et fait
défricher, là bas, dans les coins, les terrains
vierges.
Le pape va donner des cardinaux à la Nou-
velle-Zemble, et à quelques autres Bornéos, il
:compte être rémunéré de ses soins, en récupé-
rant là-bas, ce qu'il a perdu chez nous. Il est
possib'e qu'il se fasse de grosses illusions.
PARTI RADICAL-SOCIALISTE
Les membres du comité républicain radical-
socialiste de Levallois-Perret, réunis on séance
mensuelle, à leur siège. 86, rue Gravel, ont dé-
signé leur secrétaire général, le citoyen Alfred
Henry pour les représenter au Congrès radical
'et radical-socialiste de Marseille en octobre
prochain.
Investi de ce mandat, le délégué aura à sou-
tenir le plus énergiquement possible, les quatre
principales réformes, réclamés en maintes cir-
constances et qui doivent aboutir au cours de
la législation actuelle :
1° Impôt sur le revenu ;
2° Abrogation de la loi Falloux (monopole à
l'Etat de l'enseignement à tous les degrés) ;
3" Séparation des Eglises et de l'Etat (dénon-
ciation du Concordat et suppression du budget des
cultes) ;-
4° Affectation de ce budget à la création d'une
caisse nationale de retraites pour les travaillent.
Le secrétaire, par ordre : F. MASSON.
—————————————-
LA SANTÉ DE LORD SALISBURY
Londres, 19 août.
L'état de lord Salisbury est toujours le
même.
GRAVES DÉSORDRES EN HONGRIE
Agram (Hongrie), 19 août.
A Tsapresies, en Croatie, une foule de pay-
sans a tenté d'arracher violemment, des bâti-
ments de la voie, le drapeau hongrois arboré
à l'occasion de l'anniversaire du roi. Il en est
résulté une collision entre manifestants et gen-
darmes. Deux paysans ont été tués, sept bles-
sés grièvement, et dix légèrement.
————————————.
UN OFFICIER RUSSE CONDAMNÉ A MORT
(De notre correspondant particulier)
Eydtkuhnen (frontière russe), 19 août
Un incident bien significatif, et sur lequel la
presse russe garde le secret le plus absolu,
s'est produit lors de derniers troubles des gré-
vistes à Kieff.
Au moment où le gouverneur général don-
nait l'ordre aux officiers de faire feu sur la
foule, un capitaine commanda à ses hommes :
« Crosse en l'air! »
Les soldats obéirent et le capitaine leur dit :
« Vous ne tirerez pas sur vos frères malheu-
reux qui crèvent de faim. »
Le jeune officic" a été immédiatement arrêté
et transporté à Saint-Pétersbourg où le con-
seil de guerre vient de le condamner à mort.
L'AFFAIRE HUMBERT.
:!Io!.J:-<.
NEUVIÈME AUDIENCE
Est-ce pour aujourd'hui 9 -' Silence énigmatique. - Autre
racontar scandaleux. — Nationalistes et cléricaux. — Suite
et fin du réquisitoire. — Les pseudo-Crawford. — Exper-
tises d'écritures. — Notes de couturières. — Le cha-
pitre des chapeaux. — Portraits. — La plaidoirie.
- Variations sur le secret. — Attaque de
l'accusation. — Les scellés mystérieux.
Eh bien voyons,est-ce pour aujourd'hui ?
Telle est la question que chacun se pose
avant l'ouverture de cette neuvième au-
dience. Mme Humbert va t-clle enfin tenir
sa parole et montrer à tous le fond de son
sac ? Elle devait parler après les témoins,
puis elle s'est ravisée et a déclaré qu'elle se
déchargerait de son secret après le réquisi-
toire de l'avocat général. Or, dans quel-
ques heures M. Blondel aura fait connaître
s réquisitions contre les quatre accusés.
La grande Thérèse tient la salle dans une
attente fébrile. Pourvu qu'elle ne lui fasse
pas faux bon encore une fois ? Son attitude
,hier pendant le réquisitoire a stupéfié tout
le monde. Pas une interruption de sa part.
Oh! oh ! on nous a chapgé Mme Humbert,
et c'est sans nul doute à Mc Labori que.
nous devons cette sagesse et ce silence in-:
telligent, auquel on n'était pas aeeou-i
tumé.
D'aucuns estiment que ce silence énig-
matique présage pour aujourd'hui l'érup-
tion du volcan annoncé tel que Je coup de
tonnerre par un temps calme, et à ce pro-
pos, on devise de la dernière version du se-
cret de Thérèse. Cette fois, le roman de
Bagnères-de-Bigorre est jeté au panier —
et pour cause — il n'en est plus question.
Ce qu'on nous sert tout frais, c'est un ra-
contar non moins scandaleux sur l'origine
des cent millions, et ce n'est plus la mé-
moire d'un homme qu'on attaque, c'est la
mémoire d'une femme. Quand je vous di-
sais que cette affaire détraque les cervelles,
les plus solides.
D'autre part, on se préoccupe du réquisi-
toire de M. Blondel qui, de l'avis unanime,
tout en se tenant dans une teinte un peu
grisaille, n'en est pas mois une beUe page
littéraire, d'une ordonnance excellente et
vigoureuse par endroits. On le trouve peut-
être un peu long, et si les avocats des ac-
cusés se modèlent, sur ce point spécial, au
réquisitoire, il est certain que le verdict ne
sera pas rendu ce soir, comme on le
croyait, mais demain en audience de nuit.
Seuls les nationalistes et les cléricaux ne
sont pas satisfaits du réquisitoire et bla-
guent l'éloquence de M. Blondel. Tout ça
parce que l'avocat général s'est permis de ;
dire que les époux Humbert, en attaquant!
M. Vallé et le gouvernement, n'avaient en
vue qu'une diversion de nature à détourner;
l'attention des jurés sur les manœuvres
crimipelles des accusés. Ces bons apôtres;
auraient désiré que M. Blondel fit de M. i
Vallé et en même temps de quelques hauts;
magistrats une pâtée à la « Cunéo d'Orna-
na ». A ce prix, ils eussent proclamé l'avo-
cat général le plus grand orateur des par-
quets passés, présents et futurs. Qu'ils pa-
tientent, la politique fera peut-être son en-
trée. a la fin du procès leurs gérémiades
cesseront.
Les deux Crawford
L'audience est ouverte à midi et le prési-
dent Bonnet donne aussitôt la parole à M.
Blondel pour continuer son réquisitoire.
L'avocat général après avoir dit aux ju
rés que dans les explications de la veille iL
croyait avoir démontré l'inexistence des
millions, base de toute l'affaire, arrive aux.
pscndo-Crawford, à ces diplomates de l'a-
venue de la Grande-Armée que Mme Pa-
rayre, dans sa déposition, a fait apparaître
comme des fantoches d'Offenbach. Deux de
ces diplomates intéressent plus particuliè-
rement M. Blondel :
Il est deux Crawford, dit l'avocat général,
que l'accusation peut identifier : ce sont Ro-
main et Emile Daurignac, qui ont signé nom-
bre d'actes sous les noms de Robert et de Henry
Crawford. Emile Daurignac joue en général le
rôle de Henry Crawford. Romain Daurignac
celui de Robert Crawford.
Vous n'entendez pas, messieurs, que je de-
mande aux experts en écritures la preuve que
Romain et Emile Daurignac sont les deux frè-
res Crawford. L'expertise en écritures est une
science hypothétique et conjecturale. Elle n'a
dans cette affaire, d'autre but que de vous
guider dans votre appréciation. C'est vous qui
êtes les meilleurs experts en la matière.
Regardez les écritures des Crawford et com-,
parez avec les écritures de Romain et d'Emile
Daurignac. A côté de la question techniquo.
voici quelques éléments matériels d'apprécia-
tion. La grosse écriture Crawford cesse quand
Romain Daurignac est à Madagascar. A partir
de ce moment, les lettres adressées à M. Par-
mentier sont écrites à la machine à écrire. Il
y a eu jusqu'à un petit bleu ou l'écriture était
à la machine à écrire. Dans le courant de mars
et avril 1896, cette correspondance se poursuit
de la même manière. - Puis subitement, une
écriture nouvelle surgit, celle de Robert Craw-
ford, écriture qui, d'après les cxpeTts, ressem-
ble singulièrement à celle de cette malheureuse
inconsciente qui s'appelle Maria Daurignac.
En octobre, Romain Daurignac revient de
Madagascar et la grosse écriture Crawford ré-
apparaît.
En ce qui concerne Emile Daurignac. Il y a,
dans le dossier, un petit-bleu censé adressé à.
Parmenlier par Henry Crawford, L'auteur de
ce petit-bleu jouait le personnage de Henry
Crawford. Regardez ce petit-bleu. Un simple"
examen vous montrera que cette écriture est
identique à celle d'Emile Daurignac, qui, lui,
n'a pas pris la peine de déguiser son écriture.
Quand nous affirmons qu'Emile Daurignac;
.s'est présenté chez le notaire de Bayonne, nous;
apportons à l'appui de notre affirmation, un
modèle de la procuration, écrite de l'écrituro'
d'Emile, sur un papier dont Emile avait l'ha-
bitude de se servir..
Examinant l'importance des déclarations
de M. Dupuy, le notaire de Bayonne, et de:
son clerc, l'avocat général fait remarquer
que l'erreur commise par M. Dupuy n'est
pas une objection, parce qu'à côté de cette
erreur il faut placer les témoignages des
trois employés des postes qui ont été una-
nimes pour reconnaître en Romain DatirK
gnac l'individu qui venait réclamer la cor-
respondance des Crawford.
M. Romain Daurignac interrompt pour
déclarer que ce n'est pas tout à fait exact.
M. Blondel. — J'ajoute que, pendant l'ab-
sence de Romain Daurignac, alors que celui-ci,
était à Madagascar,la correspondance Crawford
n'a pas été retirée.
Je me demande, en prèsence de la preuve de
tous ces faux et escroqueries, quelle est la ré-
ponse des accusi3s. « Il n'y a pas de plainte »,
disent-ils. Les gens, victimes des Humbert, ont
appris à la fois qu'ils avaient été dupés et qu'ils
n'avaient aucune chance de rentrer dans leur
argent. A quoi bon se plaindre, alors? Et puis, :
la crainte de s'exhiber en public comme dupe.-
Autre réponse des Humbert : « C'est la faute
aux usuriers. »
, Ce dernier mot remue Mme Humbert qui
s'écrie ; 17
— A Cattaui et à Vallé.
M. Vallé, usurier, cette incarnation est
assez piquante, et on comprend que 3ML
Blondel se refuse de faire sur ce point, à
Mme Humbert, l' « aumône d'une ré-
ponse ». ,
— Mais pourquoi M.Cattaui interviendrait-il
ici, poursuit l'avocat général. Parce qu'il a
porté plainte ? Ce qui amène les Humbert de-
vant vous, c'est le vide du coffre-fort et non la
plainte de M. Cattaui que vous n'avez pas à ju-
ger. Quant à M. Vallé, il n'a eu dans l'affaire
qu'une passion, la passion de la justice et dé la
vérité.
Victimes d'eux-mêmes
Ici M. Rlondci aborde la question des
créanciers qu'il divise en deux groupes:
le groupe des prêteurs intéressants et le
groupe de ceux qui ne le sont pas. Les prê-
teurs du Nord à 5 010 sont du premier
groupe, les autres les prêteurs à gros inté-
rets sont du second groupe.
— Les Humbert, ajoute-t-il, ont été victimes
de la part de ceux ci, de commissions exorbi-
tantes. Des procès ont eu lieu que les Humbert
ont gagnés. Toutefois, à la base de toutes ces
opérations, il y avait un décaissement réel.
S'il y a eu des commissions usuraires et des.,
usuriers, ces usuriers ne seront pas payés. Les
Humbert ne sont pas victimes des usuriers, ils
sont victimes d'eux-mêmes.
Qui donc les forçait à s'adresser à ces gens
qu'aujourd'hui ils traitent d'usuriers au lieu'
de les payer, parce que les injures sont une
monnaie plus facile et plus économique ? Qui
donc les forçait d'aller chez eux ? C'étaient,
d'abord, messieurs, leurs acquisitions, ces ac-
quisitions de 1882 à 1885 qui s'élevaient à près
de 5 millions ; c'étaient toutes opérations aux-
quelles ils se livraient ; puis enfin, c'était leur
luxe effréné pendant vingt ans, de 1882 à 1902r
ce luxe qui leur coûtait de 3 à 400,000 francs
par an. ce qui fait une somme de 7 à 8 millions
qu'ils ont eux-mêmes dépensée et dont ils ne
peuvent pas rendre autrui responsable.
.-.,; Toilettes de Thérèse
Fn titrant d'une façon générale les dé-
pen.s. des époux Humbert pour les àcqui-
silons et le train de maison. M. Blondel'
cite les chiffres relatifs à la toilette de la
grande Thérèse :
En 1899, chez Worth, 32,000 fr,, chez Doucet,
97.000, soit au total 129.000 fr. En 1900, chez
Worth, 15,000 fr, chez Doucet, 42.000, au to-
tal 58.000 fr., je prends les chiffres ronds. En
1901, les chiffres s'abaissent, nous allons arri-
ver à la plus stricte économie; il n'y a plus que
11.000 fr. chez Worth et 40.000 chez Doucet,
soit 51.000 fr. Par conséquent, pour ces trois
années, un total en chiffres ronds de 235 à
240.000 fr., ce qui fait la moyenne respectable
de 80.000 fr. par an
Voulez-vous maintenant le chapitre qui n'est
pas d'Aristote. ie chapitre des chapeaux.
(Rires.) Chez Mlle Reboul, la grande modista
de la rue de la Paix, de 1897 à 1902. il y a un
chiffre de chapeaux de 19.300 fr. C'est pour
rien. (Nouveaux rires.) Il parait que, chez une
autre grande modiste, il y aurait eu pour Mme
Humbert la fourniture du chapeau le plus
cher qu'elle ait fourni dans toute sa carrière :
900 francs. ;
Voulc7-vnt:« nfJo un dernier détail presque!
insignifiant celui-là, il s'agit d'un gantier --
c'est pour vous donner l'idée de l'économie éfe
Mme Humbert -chez un gantier, en trois mois
du mois de février au mois d'avril 1902, 521 fr;
do paires de gants.
Au total, les dépenses s'élevaient à 400.000
francs. Singulières victimes que ces gens !.
Que pensez-vous a'ors de tous les honnêtes pe-
tits employés, des caissiers, comptables, des
garçons de recette, qui n'ont pas eu comme eux
dans bien d6s cas, une famille honorable, po-
sée, qui pouvait guider leurs pas dans l'exis-
tence, que penserez-vous donc do tous ceux qui'
résistent aux tentations permanentes que peu-
vent leur offrir des piles de louis d'or, ou des
paquets de billets de banque ? lorsque ces gens
là se laissent "aller par malheur, à l'une de ces
tentations, lorsque pour aller jouer aux cour-
ses, un caissier, un comptable, va jusqu'à dé-
rober quelques billets de 1.000 francs dans la
caisse de son patron. A celui-là, messieurs, on
en demande compte et on a raison de lui en de -
mander compte. On lui tient compte cependant
.des excuses que je vous indiquais tout à l'heure
Aux Humbert, quelles sont donc leurs excuses?
Et ce sont eux qui viennent, messieurs, en vé-
rité, par un audacieux travestissement des rô>
les, se poser devant vous en victimes t Non.
c'est une confusion voulue, c'est une équivoque
volontaire ; ils ne sont point des victimes d'au-
trui, ils sont les victimes des crimes qu'ils ont
commis.
Portrait de chacun des accusés
Après avoir exposé en détails, l'affaire
de la Rente Viagère qui n'était « qu'une
« façade derrière laquelle s'abritaient deux
« escrocs, Frédéric et Thérèse Humbert ai-
« dés de leurs deux complices, Romain et
« Emile Daurignac », l'avocat général fait
le portrait de chacun des accusés.
Romain Daurignac le loustic de la bande
menant la vie facile, le jeu, les femmes.
Emile Daurignac, père de famille qui a
d'abord travaillé puis a joué à la Bourse»
Le Numéro CINQ CENTIMES 1
*
ANNONCES
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Me 12215. — Vendredi 21 Août 1903
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Adresser lettres et mandats ï ï i l m tistrateur
NOS LEADERS
LÉON
J'ai lu quelque part que Léon pre-
nait sa retraite.- Je m'excuse auprès
de lui si j'ai oublié son titre officiel. Il
est, je crois, le chef des appariteurs
du barreau. Toujours est-il que l'or-
dre des avocats est unanime à regret-
ter le départ de celui qui fut, pendant,
de longues années, le collaborateur et
l'ami de tous et de chacun.
On a rappelé que la plus brillante;
fonction de Léon consistait, après les
élections de l'ordre, à venir chercher
le nouveau bâtonnier et à le conduire;
au conseil en grande cérémonie.
Si Léon jouissait de la sympathie et;
de la confiance des gros bonnets — ou:
plutôt des grosses toques - du bar-:
reau, il avait su prendre une autorité
sans limite sur la foule pourtant indis.,.'
ciplinée des stagiaires.
Combien de générations d'avocats
nouvellement promus Léon a-t-il con-
duites au serment? Je ne me charge
pars d'en faire le décompte.
L'impétrant stagiaire, avant aucune
vautre démarche, a toujours eu à ren-
dre hommage à la personnalité dont
nous nous occupons.
Au premier abord, Léon inspirait le
respect. La face grave et pleine,
a vieille française », au nez aquilin ;
la lèvre mince et serrée qui annonce:
généralement le don de la parole ;
l'ceil malicieux et pénétrant, glissant
un regard sous les lunettes d'or; la
barbe légère et assez abondante ; la
chevelure correcte et soignée ; la chai-
ne d'argent tombant avec grâce sur le
collet et sur les pectoraux ; la cravate
blanche et l'habit officiel : tel appa-
raissait ce fonctionnaire qu'on sentait
sans reproche.
***
Avant la prestation de serment,
Léon passait en revue l'escouade des
nouveaux avocats : il veillait à ce que
leur mise de gala fût décente ; il véri-
fiait si la cravate de cérémonie était
congrûment superposée au rabat, si
l'épi toge portait le rang d'hermine des
licenciés, le double rang des docteurs,
ou le triple rang des agrégés, enfin, si
les manches de la rph £ » présentaient
des revers suffisamment luxueux. Il
semblait un adjudâiH'tle semaine, pas-
sant l'inspection de kTgayde.
- Puis — par le flanc droit, par file à
gauche — il menait son mbnde à la
vaste et reluisante Première chambre
de la cour.
Il encourageait paternellement ses
« poulains », comme disent les hom-
mes de sport.
- Ne vous effrayez pas, messieurs,
conseillait-il, ce sera très simple.
Il est de fait que la solennité n'a rien
de bien compliqué. Les stagiaires se
serrent au banc de la défense ; le pré-
sident lit la formule d'une voix sans
expression ; on aperçoit des mains qui
se lèvent ; on entend des: «Je le
jure ! » Ce serait maigre comme spec-
tacle, si, le plus souvent, quelque,
membre du parquet, en veine d'avan-
cement, ne venait renouveler son ser-
ment. Or, les magistrats du parquet
ont la spécialité des belles prestations ;
ils connaissent les attitudes esthéti-
ques, émeuvent par des « effets de
manches », tombent en extase devant
le Christ et prononcent : « Je le jure ! »
comme les « jeunes premières drama-
tiques » gemissent : « Je me meurs ! »
***
Un devoir principal — on pourrait)
t dire un seul devoir — est imposé aux
f stagiaires. Ce n'est pas de plaider. Ils
doivent, chaque samedi matin, signer
une feuille de présence au secrétariat
de l'ordre. Cette mesure a pour objet
de recruter un public pour la confé-
rence qui se tient ce jour-là.
Chaque jeune avocat a sa feuille per-
sonnelle que l'on conserve, durant la -
semaine, dans une sorte d'urne,et que
l'on place à l'aube du samedi, dans un
des casiers alphabétiques qui ornent
l'antichambre du secrétariat.
Chaque intéressé retrouve ainsi faci-
lement le carton sur lequel il doit ap-
poser son paraphe.
Léon avait assumé le contrôle de
cette importante opération. Il savait
déjouer les ruses dé ceux qui, désireux
de se conformer à la lettre du règle-
ment sans en épouser l'esprit, préten-
daient signer la tyrannique feuille,
mais ne pas assister à la conférence,
et, dédaigneux de la robe profession -
nelle, se présentaient en « civils », si
je puis dire, au secrétariat.
— Monsieur, disait Léon, avec une
feinte surprise, à l'impertinent qui se
présentait en veston ou en jaquette,
seuls les avocats ont accès ici.
— Mais., tentait d'objecter le nou-
veau venu.
— Allez mettre votre robe, mon-
sieur ! reprenait alors Léon, dévoilant
toute son indignation, je ne saurais
vous accepter sans robe !
Parfois, fatigué de cette signature
hebdomadaire, un stagiaire oubliait
pendant quelques semaines le chemin
du secrétariat.
Un samedi, pour tant, le jeune avo-
gat en faute jugeait prudent de re- ,
prendre des habitudes plus ordonnées.
Léon, d'un imperceptible coup d'œil,
reconnaissait l'enfant prodigue s'avan-
çant d'un pas dont l'indifférence était
voulue. L'autre explorait les casiers
alphabétiques dont j'ai parlé plus
haut, cherchant en vain sa feuille,
commençait à pâlir, poursuivait ses
recherches, néanmoins.
— Que voulez-vous, monsieur ?
soufflait Léon.
- Ma carte! répliquait le stagiaire
en se retournant.
— Il me semble que, depuis long-
temps, vous n'êtes point venu signer ?
— Longtemps?. Oh ! deux. trois
semaines.
- Bien, monsieur! reprenait avec
sérénité Léon, c'est ce que je pensais !
Votre carte vous a été retirée à raison
de votre peu d'assiduité ! Ces mes-
sieurs du conseil de l'Ordre exigent,
sachez-le, l'assiduité.
Du reste, Léon se chargeait d'intro-
duire le coupable « chez monsieur le
secrétaire » et plaidait lui-même la
cause qu'en son for intérieur il trou-
vait exécrable.
Avec les écrivains doctrinaires du
barreau, Léon est certainement un des
hommes qui ont le plus fait pour l'en-
tretien des « usages et règles de la
profession d'avocat ». Il a joué un peu
le rôle du maître d'étude dans cette
sorte d'école que le barreau de Paris a
formée à l'usage de ses stagiaires. C'é-
tait un brave homme et un excellent
serviteur. Il laisse une belle place à
prendre, si elle n'est déjà prise. Mais
peut-être Léon est-il de ceux que l'on
ne remplace pas ?
Hugues Destrem.
LA DÉNONCIATION DU CONCORDAT
Si M. Combes se montre si.
singulièrement timide et embar-
rassé sur cette question de la
dénonciation du Concordat, et
par suite sur la séparation des
Eglises et de l'Etat, c'est peut-
être, croiront quelques naïfs, que M. Com-
bes craint de n'être pas, sur ce point, sou-
tenu par la majorité. Détrompons ces naïfs :
c'est la majorité qui craint plutôt de ne pas'
être suivie par M. Combes.
Nous allons citer au président du conseil
un petit exemple qui jette une vive lumière
sur l'état d'esprit de la majorité des répu-
blicains dans cette question :
Hier au conseil général de la COïTze,
deux votes ont été émis : le premier vote
était destiné à appuyer le ministère au point
de vue de la politique anticléricale; ce vote
a réuni 16 voix contre 5 opposants. Le se-
cond scrutin s'est ouvert sur un voeu ten-
dant à «une préparation à la séparation des
Eglises et de l'Etat»; il a réuni 14 voix con-
tre 4 opposants.
Ainsi, sur cette question de la séparation
des Eglises et de l'Etat, sur seize qui - ve-
naient de voter une politique générale an-
ticléricale, quatorze ont conclu à la sépara-
tion des Eglises et de l'Etat; et sur cette
même question de la séparation des Eglises
et de l'Etat, le nombre des opposants est
descendu de cinq à quatre. Il est donc évi-
dent que, dans le conseil général de la Cor-
rèze, la majorité sur les deux faces de la
question anticléricale est sensiblement la
même. ,
Comme les républicains de la Corrèze ne
sont point faits d'un autre bois que les ré-
publicains des autres départements, il ré-
sulte avec évidence de ce qui s'est passé
chez eux que le même calcul appliqué aux
majorités des deux Chambres donnerait au
moins la même proportionnalité.
Il est donc certain qu'une majorité est ac-
quise, dès à présent, dans le bloc républi-
cain à la séparation.
Alors, qui retient M. Combes de propo-
ser la dénonciation du Concordat >
———————————— ————.-———————
LES CONSEILS GÉNÉRAUX
Notons quelques vœux votés hier par les con-
seils généraux :
Ardèçhe, Aude, Oise, Haute-Vienne : Voeux
en faveur de l'arbitrage international.
Lot-et-Garonne. — Vœu en faveur du scru-
tin de liste et de la réprésentation proportion-
nelle des minorités.
Pas-de Calais. — Vœu pour la réglementa-
tion uniforme de la vitesse des automobiles..
Lot. - Vœu pour la suppression des treize
jours.
Manche. — Vœu d'exempter des 13 jours les
pères de quatre enfants. Vœu demandant l'af-
franchissement des lettres à dix centimes.
Eure-et-Loir. — Le conseil a obtenu du mi-,
nistre de la guerre que la convocation des cul-
tivateurs réservistes et territoriaux de la ré-
gion soit reportée du 24 au 31 août, à cause
du retard des travaux do la moisson.
—*
Une aQuvslie école militaire anglaise
(IJe noire correspondant particulier)
Londres, 19 août.
Les autorités militaires s'occupent d'un pro-
jet bien original. Il s'agit de créer une école
spéciale militaire pour apprendre la tactiqde
de Dewet à des cavaliers rompus aux fatigues.
L'enseignement sera purement pratique. Les
hommes seront habitués à coucher en plein
air ; on leur apprendra à mesurer des distan-
ces, à découvrir des pistes, etc.
C'est le mdjor Frederick Russell Beanham
qui prendra la directionde cette nouvelle bran-
che d'éducation militaire.
LES VRAIS COSMOPOLITES
(De notre correspondant particulierJ
Vienne, 19 août.
Le prince Antoine d'Orléans, fils du prince
Gaston d'Orléans comte d'Eu, ayant terminé
sa troisième année à l'Ecole militaire de
Wiener Neustadt entrera comme lieutenant au
6° régiment de hussards^-dans l'armée austro-
hongroise. Il vient de prêter avec ses camara-
des de promotion le serment de défendre le.
drapeau de l'Autriche-Hongrie contre l'étran— ï
ger. Son père, le prince Gaston d'Orléans, a;
assisté à la cérémonie.
QUESTIONS
- D'ASSISTANCE
La Laïcisation de la Maison nationale
de Charenton
Journalistes bien renseiqhéft. — Drôles
de fonctionnaires. — La laïcisation
est un bienfait pour tous. -- La
force d'inertie. — Le budget
de la maison nationale.
— Maître chez soi !
C'est drôle comme les journalistes réaction-
naires qui se disent renseignés par « un fonc-
tionnaire du ministère de l'intérieur bien placé
pour cela », donnent une piètre idée du fonc-
tionnaire (lampiste, sans doute), qui les éclaire
si mal. Parbleu, voilà un monsieur qui doit
;être cassé aux gages, d'abord parce qu'il sa
permet de critiquer son chef, ensuite c'est qu'il
connaît si peu le service sur lequel il se per-
met d'envoyer les notes qu'il ignore jusqu'au
nom de l'établissement dont il parle : Il se
nomme Asile de Charenton ou Maison de santé
de Saint-Maurice, alors que le nom officiel est
« Maison nationale de Charenton ».
Je suis d'autant plus à mon aise pour faire
cette objurgation que je suis persuadé de l'hon-
nêteté professionnelle des fonctionnaires da
.tous les ministères qui peuvent ne pas être en
absolue communauté d'idées avec les ministres
qui se succèdent à la tête de leurs services —
ce qui est leur drojit — mais qui se feraient un.
scrupule d'user de moyens aussi mesquins
pour tirer dans le dos de leur chefs.
D'où il s'ensuit, à mon humble avis, que le
« fonctionnaire bien placé » du (ou des) jour-
naux réactionnaires dont je parle, n'existe que
dans une imagination trop vive qui aurait
peut-être besoin, pour être calmée, de passer
sous les douches bienfaisantes de la maison.
La laïcisation
Il parait qu'échanger les « sœurs » contre
des femmes constitue tout simplement une
chose « néfaste M, une mesure « inique et
odieuse ». Il faut vraiment que ces messieurs
qui disent des choses si énormes ne se soient
jamais trouvés avoir de rapports suivis, admi-
nistratifs ou autres, avec les « sœurs ». Sans
cela ils auraient pu apprécier les difficultés
qu'elles opposent, par une force d'inertie im-
placable, lorsqu'une mesure leur déplaît.
On parle toujours de leur dévouement ; on
en trouve pourtant aussi, du dévouement, chez
nos infirmières laïques, et en plus on trouve
l'obéissance, ce qui n'existe pas chez les sœurs,
qui semblent se soumettre en silence. mais
qui n'obéissent pas, qui font répéter dix fois,
cent fois l'ordre sans l'exécuter, confiantes dans
ce respect idiot de la robe noiro, bleue ou grise
et de la cornette.
Demandez aux médecins, demandez aux in-
ternes, et ils vous diront avec quelle joie ils
vont être débarrassés de ces femmes, dévouées,
je le veux bien, désintéressées, je l'admets,
mais desquelles ils ne pouvaient tirer que ce
qu'elles voulaient bien faire.
Aujourd'hui que le..>I'ésuHat poursuivi depuis
de longues années est enfin obtenu — car ce 1
n'est pas d'aujourd'hui que date l'idée de laïci-
sation — tous les intérêts réactionnaires se
coalisent contre cette mesure nécessaire, ur-
gente, au point de vue de la discipline et du
bon ordre, et viennent déverser leur mauvaise
encre sur la tête du gouvernement qui d'ail-
leurs ne s'en portera que mieux.
Un établissement qui rapporte
'■D-'^bord, voudriez-vous me dire, un peu de
quel droit Messieurs de l'Echo de Paris, du So-
leil, ou de tous les Peuple français du monde
se permettent de venir s'occuper d'affaires pri-
vées? Est-ce que la Maison nationale de Cha-
renton coûte quelque chose aux contribuables?
Si le « fonctionnaire bien placé » connais-,
sait son affaire, il aurait tempéré ce zèle intem-
pestif et aurait expliqué à ces bons calotins que,
loin do coûter aux contribuables, la Maison
nationale de Charenton contribuait pour une
très grosse somme à l'entretien des boursiers
de l'Etat.
En effet, l'Etat donne à la maison nationale
une subvention de 50.000 fr. et a dans l'éta-
blissement 79 boursiers ou boursières dont le
prix de pension équivalant à la 3' classe est de
1.440 fr. ; or,
1.440 X 79 = 113.760 .- 80.000 = 63.760 fr.
soit 63.760 fr. à la charge de la Maison natio-
nale, ce qui, avec la dépense d'une quarantaine
de mille francs afférente à l'hôpital qui dessert
le canton de'Charenton et dont toutes les dé-
penses sont à la charge de la Maison, repré-
sente en chiffres ronds 100.000 fr., ce qui est
assez cher, ce me semble, pour permettre au
ministre de l'intérieur, de qui relève cet état'
blissement, d'être maître chez lui,
Laissez-nous rire !
Quant à la blague de vouloir faire croire
que les familles retireront leurs malades, il ne
faut pas s'y arrêter, les soins ne sont pas don-
nés par les sœurs, mais sous leur surveillance
par des infirmières laïqltes, dont les plus an-
ciennes et les plus capables vont passer infir-
mières en chef et seront au moins aussi dé-
vouées que les religieuses et seront, en plus,
mises en demeure d'obéir.
Les familles, qui ont su apprécier, non les
soins des sœurs, mais les soins des méde-
cins, ne seront pas assez naïves pour perdre le
bénéfice de ces soins et aller mettre entre les
mains des marchands de soupe, les malades
qui ont, à la Maison nationale, l'air, la lu-
mière, la verdure, les fleurs, toutes les distrac-
tions possible à un taux que l'on ne saurait
trouver ailleurs-Lo personnel ne changera pas,
les sœurs parties, elles seront remplacées, avec
avantage, par des infirmières au courant de
puis de touques années, de ce service difficile, et.
dont le dévouement n'en est pas à faire ses
preuves.
Que messieurs du Gaulois, du Peuple Fran
Ç
rions trop féliciter M. Bonnier, l'éminent di-
recteur, qui a facilité une laïcisation que toute
l'administration appelait depuis longtemps de
tous ses vœux.
EMILE MAHÊ.
LE PRINCE FERDINAND MALADE
(De notre correspondant particulier)
Budapest, 19 août.
Le prince Ferdinand de Bulgarie, qui est
dans son château de Murany, en Hongrie, a:
été pris d'un très grave accès de goutte et est
obligé de garder le lit. Il a reçu dernièrement
la visite de son neveu, le duc Siegfried de Ba-
vière, avec lequel il s'est réconcilié. Le prince
Ferdinand avait eu un grave différend do fa-
mille avec les enfants de sa sœur Amélie.
Le ministre de la guerre prussien
(De notre correspondant particulier)
Berlin, 19 août.
Le nouveau ministre de la guerre, le général,
von Eynem, aura quelques difficultés à don-
ner aux socialistes et autres révolutionnaires
des leçons de fidélité dynastique.
A l'âge de 16 ans, il était lieutenant dans
i'aYmée du roi de Hanovre et but à la. santé du
roi Georges V. Son père, un vaillant capitaine
de cavalerie hanovrien, mourut à la bataille
de Laugensabra, au moment oit il prenait d'as-
saut une batterie prussienne. Le lendemain de
1866, le jeune von Einem, oubliant que son
père, le brave capitaine, avait été tué par les
Prussiens, entra au service de la Prusse et de-
puis est devenu un fidèle serviteur des Hohen-
zollern.
Voir à la 3° page
les Dernières Dépêches
de la nuit.
et la Revue des Journaux
du matin
PÈLERINAGES
C'est le moment des vacances et des pèleri
nages. Lourdes, la Salette, Paray-le-Monial
regorgent de pèlerins. On annonce quelaques-
tion du pèlerinage national à Lourdes aurait
été agitée place Beauvau.
On sait que chaque année, à cette époque, ce
pèlerinage, corrposé d'une douzaine de trains
et du train dit des malades, dont Zola nous a
fait, dans son livre immortel, une si attachante
description, se rend en grande pompe à la
grotte miraculeuse.
Quelques journaux ont raconté que M. Com-
bes était décidé à interdire cette manifestation,
lorsque, sur l'intervention de sénateurs et de
députés du bloc, appartenant aux départe-
ments du Sud-Ouest, il résolut de fermer les
yèiçt et de laisser faire.
," Il m'est permis de douter de l'exactitude de
cette information. Je ne crois pas que le prési-
dent du conseil ait le droit d'empêcher des ca-
tholiques pratiquants et des dévotes supersti-
tieuses qui croient fermement en la toute-
puissance des eaux de Lourdes de se rendre au
lieu où ils sont persuadés dé trouver la guéri-
son; Ce serait là une atteinte par trop forte à
-la liberté individuelle.
M. Combes n'a qu'un droit,c'est de fermer la
chapelle. Or nous savons bien qu'il ne veut
.-Pas s'y résoudre. La chapelle étant ouverte, le
.pèlerinage aura lieu forcément, et forcément
jaussi les processions solennelles. On verra
cette année comme les précédentes, vingt cinq
; mille personnes parcourir la ville par huit de
front, en chantant bymmes et cantiques.
Ont, dit même que ces jours-ci les cantiques
; habituels seront truqués, et que les pèlerins
chanteront en latin des choses désagréables à
M. Combes. Nous ne sommes pas de ces indif-
férents qui se contentent de sourire en disant
à mi-voix. « Après tout, si cela lui plaît, c'est
son affaire. » Ainsi nous ne cesserons de ré-
clamer la fermeturo d'une chapelle où l'on ne
cesse d'exploiter la bêtise humaine et d'exciter
:les passions contre la République. — Charles
Darcy,
INQUIÉTUDES PAPALES
Il paraît qu'un des premiers actes du nou-
veau pape va être de nommer des cardinaux
un peu ^partout où l'on en manquait: en An-
gleterre, en Irlande, en Amérique, et, je pense
:aussi, au Thibet.
Le dernier conclave a, en effet, un peu trop
laissé voir que la majorité italienne des cardi-
naux était par trop écrasante et ne laissait au-
cun espoir aux candidats français,, espagnols,
:.autrichiens et autres d'arriver jamais à 4a
tiare..
D'ailleurs, il est assez urgent do parer au
grave inconvénient du refroidissement de la
foi catholique qui est générale en Europe Il
est bon de prévoir une époquo-asez prochaine,
cela se sent à l'abaissement continu du de-
nier de Saint-Pierre — où lesnationsdu Vieux-
Monde ne seront plus ferventes du tout ; et
c'est une bonne précaution que de semer de la
graine de cardinaux dans les pays lointains
qui sont actuellement dénués de prêtres pour-
prés. ", "t
C'est ainsi qu'un propriétaire qui veut gérer
son domaine en « bon père de iaiiiille » laisse
un peu reposer ses champs fatigués, et fait
défricher, là bas, dans les coins, les terrains
vierges.
Le pape va donner des cardinaux à la Nou-
velle-Zemble, et à quelques autres Bornéos, il
:compte être rémunéré de ses soins, en récupé-
rant là-bas, ce qu'il a perdu chez nous. Il est
possib'e qu'il se fasse de grosses illusions.
PARTI RADICAL-SOCIALISTE
Les membres du comité républicain radical-
socialiste de Levallois-Perret, réunis on séance
mensuelle, à leur siège. 86, rue Gravel, ont dé-
signé leur secrétaire général, le citoyen Alfred
Henry pour les représenter au Congrès radical
'et radical-socialiste de Marseille en octobre
prochain.
Investi de ce mandat, le délégué aura à sou-
tenir le plus énergiquement possible, les quatre
principales réformes, réclamés en maintes cir-
constances et qui doivent aboutir au cours de
la législation actuelle :
1° Impôt sur le revenu ;
2° Abrogation de la loi Falloux (monopole à
l'Etat de l'enseignement à tous les degrés) ;
3" Séparation des Eglises et de l'Etat (dénon-
ciation du Concordat et suppression du budget des
cultes) ;-
4° Affectation de ce budget à la création d'une
caisse nationale de retraites pour les travaillent.
Le secrétaire, par ordre : F. MASSON.
—————————————-
LA SANTÉ DE LORD SALISBURY
Londres, 19 août.
L'état de lord Salisbury est toujours le
même.
GRAVES DÉSORDRES EN HONGRIE
Agram (Hongrie), 19 août.
A Tsapresies, en Croatie, une foule de pay-
sans a tenté d'arracher violemment, des bâti-
ments de la voie, le drapeau hongrois arboré
à l'occasion de l'anniversaire du roi. Il en est
résulté une collision entre manifestants et gen-
darmes. Deux paysans ont été tués, sept bles-
sés grièvement, et dix légèrement.
————————————.
UN OFFICIER RUSSE CONDAMNÉ A MORT
(De notre correspondant particulier)
Eydtkuhnen (frontière russe), 19 août
Un incident bien significatif, et sur lequel la
presse russe garde le secret le plus absolu,
s'est produit lors de derniers troubles des gré-
vistes à Kieff.
Au moment où le gouverneur général don-
nait l'ordre aux officiers de faire feu sur la
foule, un capitaine commanda à ses hommes :
« Crosse en l'air! »
Les soldats obéirent et le capitaine leur dit :
« Vous ne tirerez pas sur vos frères malheu-
reux qui crèvent de faim. »
Le jeune officic" a été immédiatement arrêté
et transporté à Saint-Pétersbourg où le con-
seil de guerre vient de le condamner à mort.
L'AFFAIRE HUMBERT.
:!Io!.J:-<.
NEUVIÈME AUDIENCE
Est-ce pour aujourd'hui 9 -' Silence énigmatique. - Autre
racontar scandaleux. — Nationalistes et cléricaux. — Suite
et fin du réquisitoire. — Les pseudo-Crawford. — Exper-
tises d'écritures. — Notes de couturières. — Le cha-
pitre des chapeaux. — Portraits. — La plaidoirie.
- Variations sur le secret. — Attaque de
l'accusation. — Les scellés mystérieux.
Eh bien voyons,est-ce pour aujourd'hui ?
Telle est la question que chacun se pose
avant l'ouverture de cette neuvième au-
dience. Mme Humbert va t-clle enfin tenir
sa parole et montrer à tous le fond de son
sac ? Elle devait parler après les témoins,
puis elle s'est ravisée et a déclaré qu'elle se
déchargerait de son secret après le réquisi-
toire de l'avocat général. Or, dans quel-
ques heures M. Blondel aura fait connaître
s réquisitions contre les quatre accusés.
La grande Thérèse tient la salle dans une
attente fébrile. Pourvu qu'elle ne lui fasse
pas faux bon encore une fois ? Son attitude
,hier pendant le réquisitoire a stupéfié tout
le monde. Pas une interruption de sa part.
Oh! oh ! on nous a chapgé Mme Humbert,
et c'est sans nul doute à Mc Labori que.
nous devons cette sagesse et ce silence in-:
telligent, auquel on n'était pas aeeou-i
tumé.
D'aucuns estiment que ce silence énig-
matique présage pour aujourd'hui l'érup-
tion du volcan annoncé tel que Je coup de
tonnerre par un temps calme, et à ce pro-
pos, on devise de la dernière version du se-
cret de Thérèse. Cette fois, le roman de
Bagnères-de-Bigorre est jeté au panier —
et pour cause — il n'en est plus question.
Ce qu'on nous sert tout frais, c'est un ra-
contar non moins scandaleux sur l'origine
des cent millions, et ce n'est plus la mé-
moire d'un homme qu'on attaque, c'est la
mémoire d'une femme. Quand je vous di-
sais que cette affaire détraque les cervelles,
les plus solides.
D'autre part, on se préoccupe du réquisi-
toire de M. Blondel qui, de l'avis unanime,
tout en se tenant dans une teinte un peu
grisaille, n'en est pas mois une beUe page
littéraire, d'une ordonnance excellente et
vigoureuse par endroits. On le trouve peut-
être un peu long, et si les avocats des ac-
cusés se modèlent, sur ce point spécial, au
réquisitoire, il est certain que le verdict ne
sera pas rendu ce soir, comme on le
croyait, mais demain en audience de nuit.
Seuls les nationalistes et les cléricaux ne
sont pas satisfaits du réquisitoire et bla-
guent l'éloquence de M. Blondel. Tout ça
parce que l'avocat général s'est permis de ;
dire que les époux Humbert, en attaquant!
M. Vallé et le gouvernement, n'avaient en
vue qu'une diversion de nature à détourner;
l'attention des jurés sur les manœuvres
crimipelles des accusés. Ces bons apôtres;
auraient désiré que M. Blondel fit de M. i
Vallé et en même temps de quelques hauts;
magistrats une pâtée à la « Cunéo d'Orna-
na ». A ce prix, ils eussent proclamé l'avo-
cat général le plus grand orateur des par-
quets passés, présents et futurs. Qu'ils pa-
tientent, la politique fera peut-être son en-
trée. a la fin du procès leurs gérémiades
cesseront.
Les deux Crawford
L'audience est ouverte à midi et le prési-
dent Bonnet donne aussitôt la parole à M.
Blondel pour continuer son réquisitoire.
L'avocat général après avoir dit aux ju
rés que dans les explications de la veille iL
croyait avoir démontré l'inexistence des
millions, base de toute l'affaire, arrive aux.
pscndo-Crawford, à ces diplomates de l'a-
venue de la Grande-Armée que Mme Pa-
rayre, dans sa déposition, a fait apparaître
comme des fantoches d'Offenbach. Deux de
ces diplomates intéressent plus particuliè-
rement M. Blondel :
Il est deux Crawford, dit l'avocat général,
que l'accusation peut identifier : ce sont Ro-
main et Emile Daurignac, qui ont signé nom-
bre d'actes sous les noms de Robert et de Henry
Crawford. Emile Daurignac joue en général le
rôle de Henry Crawford. Romain Daurignac
celui de Robert Crawford.
Vous n'entendez pas, messieurs, que je de-
mande aux experts en écritures la preuve que
Romain et Emile Daurignac sont les deux frè-
res Crawford. L'expertise en écritures est une
science hypothétique et conjecturale. Elle n'a
dans cette affaire, d'autre but que de vous
guider dans votre appréciation. C'est vous qui
êtes les meilleurs experts en la matière.
Regardez les écritures des Crawford et com-,
parez avec les écritures de Romain et d'Emile
Daurignac. A côté de la question techniquo.
voici quelques éléments matériels d'apprécia-
tion. La grosse écriture Crawford cesse quand
Romain Daurignac est à Madagascar. A partir
de ce moment, les lettres adressées à M. Par-
mentier sont écrites à la machine à écrire. Il
y a eu jusqu'à un petit bleu ou l'écriture était
à la machine à écrire. Dans le courant de mars
et avril 1896, cette correspondance se poursuit
de la même manière. - Puis subitement, une
écriture nouvelle surgit, celle de Robert Craw-
ford, écriture qui, d'après les cxpeTts, ressem-
ble singulièrement à celle de cette malheureuse
inconsciente qui s'appelle Maria Daurignac.
En octobre, Romain Daurignac revient de
Madagascar et la grosse écriture Crawford ré-
apparaît.
En ce qui concerne Emile Daurignac. Il y a,
dans le dossier, un petit-bleu censé adressé à.
Parmenlier par Henry Crawford, L'auteur de
ce petit-bleu jouait le personnage de Henry
Crawford. Regardez ce petit-bleu. Un simple"
examen vous montrera que cette écriture est
identique à celle d'Emile Daurignac, qui, lui,
n'a pas pris la peine de déguiser son écriture.
Quand nous affirmons qu'Emile Daurignac;
.s'est présenté chez le notaire de Bayonne, nous;
apportons à l'appui de notre affirmation, un
modèle de la procuration, écrite de l'écrituro'
d'Emile, sur un papier dont Emile avait l'ha-
bitude de se servir..
Examinant l'importance des déclarations
de M. Dupuy, le notaire de Bayonne, et de:
son clerc, l'avocat général fait remarquer
que l'erreur commise par M. Dupuy n'est
pas une objection, parce qu'à côté de cette
erreur il faut placer les témoignages des
trois employés des postes qui ont été una-
nimes pour reconnaître en Romain DatirK
gnac l'individu qui venait réclamer la cor-
respondance des Crawford.
M. Romain Daurignac interrompt pour
déclarer que ce n'est pas tout à fait exact.
M. Blondel. — J'ajoute que, pendant l'ab-
sence de Romain Daurignac, alors que celui-ci,
était à Madagascar,la correspondance Crawford
n'a pas été retirée.
Je me demande, en prèsence de la preuve de
tous ces faux et escroqueries, quelle est la ré-
ponse des accusi3s. « Il n'y a pas de plainte »,
disent-ils. Les gens, victimes des Humbert, ont
appris à la fois qu'ils avaient été dupés et qu'ils
n'avaient aucune chance de rentrer dans leur
argent. A quoi bon se plaindre, alors? Et puis, :
la crainte de s'exhiber en public comme dupe.-
Autre réponse des Humbert : « C'est la faute
aux usuriers. »
, Ce dernier mot remue Mme Humbert qui
s'écrie ; 17
— A Cattaui et à Vallé.
M. Vallé, usurier, cette incarnation est
assez piquante, et on comprend que 3ML
Blondel se refuse de faire sur ce point, à
Mme Humbert, l' « aumône d'une ré-
ponse ». ,
— Mais pourquoi M.Cattaui interviendrait-il
ici, poursuit l'avocat général. Parce qu'il a
porté plainte ? Ce qui amène les Humbert de-
vant vous, c'est le vide du coffre-fort et non la
plainte de M. Cattaui que vous n'avez pas à ju-
ger. Quant à M. Vallé, il n'a eu dans l'affaire
qu'une passion, la passion de la justice et dé la
vérité.
Victimes d'eux-mêmes
Ici M. Rlondci aborde la question des
créanciers qu'il divise en deux groupes:
le groupe des prêteurs intéressants et le
groupe de ceux qui ne le sont pas. Les prê-
teurs du Nord à 5 010 sont du premier
groupe, les autres les prêteurs à gros inté-
rets sont du second groupe.
— Les Humbert, ajoute-t-il, ont été victimes
de la part de ceux ci, de commissions exorbi-
tantes. Des procès ont eu lieu que les Humbert
ont gagnés. Toutefois, à la base de toutes ces
opérations, il y avait un décaissement réel.
S'il y a eu des commissions usuraires et des.,
usuriers, ces usuriers ne seront pas payés. Les
Humbert ne sont pas victimes des usuriers, ils
sont victimes d'eux-mêmes.
Qui donc les forçait à s'adresser à ces gens
qu'aujourd'hui ils traitent d'usuriers au lieu'
de les payer, parce que les injures sont une
monnaie plus facile et plus économique ? Qui
donc les forçait d'aller chez eux ? C'étaient,
d'abord, messieurs, leurs acquisitions, ces ac-
quisitions de 1882 à 1885 qui s'élevaient à près
de 5 millions ; c'étaient toutes opérations aux-
quelles ils se livraient ; puis enfin, c'était leur
luxe effréné pendant vingt ans, de 1882 à 1902r
ce luxe qui leur coûtait de 3 à 400,000 francs
par an. ce qui fait une somme de 7 à 8 millions
qu'ils ont eux-mêmes dépensée et dont ils ne
peuvent pas rendre autrui responsable.
.-.,; Toilettes de Thérèse
Fn titrant d'une façon générale les dé-
pen.s. des époux Humbert pour les àcqui-
silons et le train de maison. M. Blondel'
cite les chiffres relatifs à la toilette de la
grande Thérèse :
En 1899, chez Worth, 32,000 fr,, chez Doucet,
97.000, soit au total 129.000 fr. En 1900, chez
Worth, 15,000 fr, chez Doucet, 42.000, au to-
tal 58.000 fr., je prends les chiffres ronds. En
1901, les chiffres s'abaissent, nous allons arri-
ver à la plus stricte économie; il n'y a plus que
11.000 fr. chez Worth et 40.000 chez Doucet,
soit 51.000 fr. Par conséquent, pour ces trois
années, un total en chiffres ronds de 235 à
240.000 fr., ce qui fait la moyenne respectable
de 80.000 fr. par an
Voulez-vous maintenant le chapitre qui n'est
pas d'Aristote. ie chapitre des chapeaux.
(Rires.) Chez Mlle Reboul, la grande modista
de la rue de la Paix, de 1897 à 1902. il y a un
chiffre de chapeaux de 19.300 fr. C'est pour
rien. (Nouveaux rires.) Il parait que, chez une
autre grande modiste, il y aurait eu pour Mme
Humbert la fourniture du chapeau le plus
cher qu'elle ait fourni dans toute sa carrière :
900 francs. ;
Voulc7-vnt:« nfJo un dernier détail presque!
insignifiant celui-là, il s'agit d'un gantier --
c'est pour vous donner l'idée de l'économie éfe
Mme Humbert -chez un gantier, en trois mois
du mois de février au mois d'avril 1902, 521 fr;
do paires de gants.
Au total, les dépenses s'élevaient à 400.000
francs. Singulières victimes que ces gens !.
Que pensez-vous a'ors de tous les honnêtes pe-
tits employés, des caissiers, comptables, des
garçons de recette, qui n'ont pas eu comme eux
dans bien d6s cas, une famille honorable, po-
sée, qui pouvait guider leurs pas dans l'exis-
tence, que penserez-vous donc do tous ceux qui'
résistent aux tentations permanentes que peu-
vent leur offrir des piles de louis d'or, ou des
paquets de billets de banque ? lorsque ces gens
là se laissent "aller par malheur, à l'une de ces
tentations, lorsque pour aller jouer aux cour-
ses, un caissier, un comptable, va jusqu'à dé-
rober quelques billets de 1.000 francs dans la
caisse de son patron. A celui-là, messieurs, on
en demande compte et on a raison de lui en de -
mander compte. On lui tient compte cependant
.des excuses que je vous indiquais tout à l'heure
Aux Humbert, quelles sont donc leurs excuses?
Et ce sont eux qui viennent, messieurs, en vé-
rité, par un audacieux travestissement des rô>
les, se poser devant vous en victimes t Non.
c'est une confusion voulue, c'est une équivoque
volontaire ; ils ne sont point des victimes d'au-
trui, ils sont les victimes des crimes qu'ils ont
commis.
Portrait de chacun des accusés
Après avoir exposé en détails, l'affaire
de la Rente Viagère qui n'était « qu'une
« façade derrière laquelle s'abritaient deux
« escrocs, Frédéric et Thérèse Humbert ai-
« dés de leurs deux complices, Romain et
« Emile Daurignac », l'avocat général fait
le portrait de chacun des accusés.
Romain Daurignac le loustic de la bande
menant la vie facile, le jeu, les femmes.
Emile Daurignac, père de famille qui a
d'abord travaillé puis a joué à la Bourse»
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