Titre : Le XIXe siècle : journal quotidien politique et littéraire / directeur-rédacteur en chef : Gustave Chadeuil
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1903-08-19
Contributeur : Chadeuil, Gustave (1821-1896). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 19 août 1903 19 août 1903
Description : 1903/08/19 (N12213). 1903/08/19 (N12213).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k7575474s
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-199
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 20/06/2013
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X-»e Numéro CINQ CENTIMES
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NOS LEADERS
LES RATÉS
On s'est occupé, récemment, du legs
par lequel l'ancien bâtonnier Cresson
- fondait une « bourse » à l'usage de
quelques avocats d'avenir — et de
l'avenir — qui sembleraient méritants
et dont le besoin d'argent pourrait gê-
ner la carrière. Applaudissons à la gé—
nérosité posthume de Me Cresson qui
épargnera peut-être à certains jeunes
du barreau le déplorable avenir des'
« ratés ».
Cette préoccupation d'enrayer la dé-
solante multiplication des mal venus
dans les arts et les sciences est géné-
rale à notre époque. Lucien Victor-
Meunier, dans un livre singulièrement
âpre et émouvant, étudie ce monde —
car c'est tout un monde — de ces
invalides des professions libérales (1).
Qu'est-ce au juste que le raté ? Je
crois qu'il serait difficile de trouver
une de ces définitions brèves, précises,
exactes, qui satisfont seules les philo-
sophes et les savants. Sans doute on
s'approcherait de la vérité en disant,
en termes vagues : le raté, c'est l'homme
qui a ambitionné tout ce que la vie
peut offrir de grandes récompenses —
la beauté, l'importance de l'œuvre ac-
complie, la gloire, l'existence honora-
ble et honorée, la fortune aussi — et
qui n'a satisfait pleinement aucun de
ses désirs.
Lucien Victor-Meunier, dans son li-
vre, me paraît bien sévère pour les
malheureux dont il nous raconte l'or-
gueil mêlé de faiblesse, les efforts in-
cohérents et vite découragés. Notre ami
ne se plait point à l'art qui trouve sa
fin en lui-même. Il a prétendu faire
mieux qu'une simple peinture et il veut
que son roman comporte une leçon :
c'est un enseignement d'énergie et d'al-
truisme.
- Ah ! vous n'êtes arrivés à rien ?
dit à peu près Lucien Victor-Meunier
à ses incertains héros. Méritiez-vous
donc d'arriver à quelque chose ? Je
yous pardonnerais d'être les bourreaux
de vous-mêmes.Je ne vous excuse pas
de torturer ceux qui vous entourent,
ceux qui ont eu le seul tort de croire
en vous, et que vous entraînez dans
votre déchéance, dans la faillite de vo-
tre égoïsme et de votre vanité. Caiy
non seulement il n'est pas bon, mais il
n'est pas vrai que l'homme soit seul.
La solidarité sociale étreint l'individu
de toutes parts ; s'il se dérobe à une
charge, le poids en retombe sur son
voisin; la lâcheté crée de l'injustice.,
j Le romancier fait mieux que d'ex-
primer ces idées : il les représente. Il i
atteint ainsi à une éloquence à la-
! quelle le chroniqueur ne saurait pré-
tendre. Je renvois le lecteur, pour sup-
plément d'information, au livra dont
nous parlons.
Certes, le raisonnement de Lucien
Victor-Meunier est aussi fort que mo-
ral, Cependant je trouve, répètons-le,
notre ami un peu sévère. Il ne tient j
pas un compte suffisant des difficultés
matérielles auxquelles se heurtent
: les audacieux, les chercheurs de nou-
veauté, les inventeurs de beauté. La
« question d'argent», en un mot,tient-
elle autant de place dans son roman
qu'elle en tient dans l'existence de la
plupart des hommes? Non, n'est-ce
pas? Et je reconnais là qu'on n'a pas
eu tort d'appeler Lucien Victor-Meu-
nier « le dernier des romantiques ».
Ah ! l'argent! J'accorde que son
nom seul fait une tache au milieu
d'un ouvrage littéraire. Quand, las de
Ja réalité quotidienne, on se réfugie
la l'écilité quotidieii ne, on se réfugie*
dans la fiction, on préférerait n'y être
pas poursuivi par le tracas banal de
la pièce de "Cent sous.
Pourtant, de cette pièce de cent
loiis, dépend souvent l'avenir d'un
nomme de cœur et de talent. A ce-j
point de vue, les statuaires notam-
ment — et Lucien Victor-Meunier met
su scène un statuaire - sont pour
ainsi dire condamnés à devenir des
« ratés » s'ils ne parviennent pas à se
procurer les quelques milliers de
francs nécessaires à la réalisation du
chef-d'œuvre qu'ils conçoivent. Il y a
, l'atelier, dont la location est coûteuse;
il y a les modèles, dépense de chaque
jour, ruineuse, que l'on me passe l'ex-
pression, comme un fiacre à l'heure ;
il y a les « praticiens », chargés de met-
tre le marbre « au point », et qui ré-
clament leur juste salaire; il y a les;
(1) Les Ratés, 1 vol. iu-8 à la bibliothèque lit-
téraire Charles Oflenstadt, 39, rue de Trévise,
ifaris.
créanciers, les fournisseurs et leur al-
lié naturel, l'huissier, qui opèrent des
« saisies », qui empêchent l'artiste de
tirer profit, au mieux des intérêts de
tous, du travail qu'il a partiellement
accompli.
Ce qui est vrai pour le sculpteur,
est vrai pour tout garçon pauvre qui
s'aventure dans les carrières libérales.
Pour parvenir au succès, il lui faut
'une double énergie : il doit vivre SO,,}
rêve et se défaire en même temps du
réseau inouï de dangers où il est em-
barrassé.
A envisager le problème sous cet
aspect, si l'on ressent plus d'admira-
tion pour les vainqueurs du combat,
il est impossible de ne pas adresser un
mélancolique souvenir de sympathie à
,ceux qui restent sur le carreau.
Pour diminuer le nombre des victi-
mes, encourageons les fondations de
prix, de bourses pour les jeunes et
pour les pauvres. Ceux qui seront à
il'honneur ne seront pas forcément
;ceux qui auront été le plus à la peine.
'Nous nous consolerons des erreurs des
jurys, si, de temps à autre, la cou-
ronne tombe sur un front qui n'en est
pas indigne.
Pardon, va répliquer Lucien Victor-
Meunier, la pauvreté fait quelquefois
des ratés. Seulement il y a des gens
quj sont inexcusables d'être des ratés.
Ils n'ont pas été étranglés par la mi-
sère. Ils ont été des paresseux, et,
trop souvent, ils deviennent des en-
vieux. Tels sont ceux que j'ai peints.
Il est clair que Lucien Victor-Meu-
nier a raison. Cependant me permet-
tra-t-il de lui avouer, sincèrement et!
cordialement, que j'arrive avec peine à
m'associer à sa colère ?
Voyons : il y a tant de gens qui ne
cherchent dans la vie rien autre chose:
que le profit, l'avantage immédiat, le
résultat matériel de leur effort.
Si quelques-uns se sont assigné un
'but plus noble, se sont réservés pour
une tâche plus généreuse et plus diffi-
cile, nous leur devons sans doute un
peu de pitié, un regard amical, une
parole fraternelle. En modifiant légè-
rement un alexandrin célèbre, disons
que s'ils n'ont pas élevé l'œuvre mo-
numental qu'ils se proposaient,
ils ont du moins l'honneur de l'avoir entrepris.
Hugues Destrem.
.————————.— .,
LA SESSION DES CONSEILS GÉNÉRAUX
Elle s'est ouverte hier, dans
toute la France; Cette première
séance a été consacrée surtout à
l'élection des bureaux de nos as-
semblées départementales. Les
dépêches nous apprennent que
partout ces bureaux ont été l'exacte répéti-
tion — sinon comme personnalités, du
moins comme nuance politique — des bu-
reaux de la session précédente. Nous re-
tenons de ce fait que les partis ont gardé
fleurs positions ; nous ne voulons donc
pas, le jour où le procès Humbert exige
tant de place, sacrifier des colonnes entières"
à des énumérations de noms qui seraient
.sans intérêt. Nous n'aurons garde pourtant
'd'oublier l'échec éclatant de M. Cavaignac,
dans la Sarthe, et nous noterons aussi avec
grand plaisir l'élection de M. Jonnart, gou-
verneur général de l'Algérie,à la présidence
du Conseil général du Pas-de-Calais, bien
que M. Jonnart eût fait trop modestement,
le possible pour se soustraire à cet hon-
neur
Beaucoup de conseils ont, dès cette pre-
mière séance d'hier, affirmé solennellement,
'par des votes d'adresses au gouvernement,
leur désir de voir la politique de défense ré-
publicaine triompher d'une façon définitive,
principalement par l'application persévé-
rante et intégrale de la loi sur la congréga-
tion. Nous citerons, parmi ces conseils,
ceux de l'Ain, de Lot-et-Garonne, du Lot,
du Jura, de la Nièvre, d'Indre-et-Loire, dé
la Haute-Vienne, de l'Isère. Ce dernier dé-,
partement a voté un texte auquel on ne re-
prochera pas de manquer de clarté et que
voici : « Le Conseil invite le Gouverne-
ment à présenter à bref délai un 'projet de)
loi tendant à la suppression du budget des;
cultes avec toutes ses- conséquences et à la
Suppression de toutes les congrégations
existantes».
k Nous voulons espérer que le cabinet en-
tendra ce langage énergique et se détermi-
nera, comme le demandait hier Charles
Bos, à s'exprimer nettement sur la sépara-
tion des Eglises et de l'Etat, en présentant
un projet de loi sur la question. Malheureu-
sement quelque chcss nous dit que M.Com-
bes prononcera encore bien des discours de
Marseille avant de se résoudre à présenter,
d'accord avec son collègue de l'instruction
publique, un plan général de laïcisation; et
à retirer aux chers frères et aux chères;
sœurs autorisés le million d'enfants que.
les mesures prises jusqu'à ce jour n'ont nul-;
lement soustraits à ces éducateurs cléri-
caux.
L'INSURECTION EN MACÉDOINE
Sofia, 17 août.
Un memorandum du gouvernement bulgare
sur la situation en Macédoine a été distribué
hier aux représentants des puissances étran-
gères en Bulgarie. Il comprend quatorze pa-
ges.
La Bulgarie se défend d'entretenir l'agitation
en Macédoine. Elle accuse au contraire la Tur-
quie de cherchera exaspérer les Bulgares. Elle
énumère les actes arbitraires et les excès qu'a u-
raient commis les Turcs en vue de terroriser
les opulations. Le memorandum rejette lares-,
ponsabilité des événements sur la Turquie. La
population bulgare, fasse des vaines promes-
ses, a pris conseil de son désespoir et s'est jetée
dans la révolution. ,
Le mémorandum, a produit une vive impres-
sion dans les cercles diplomatiques. On assure
que les représentants de la France, de l'Italie
et de l'Autriche ont exprimé au premier mi-
nisire leurs inquiétudes au sujet des consé-
quences que pourrait avoir l'envoi de ce me"
morandum.
LE DRAME DE RIVA-BELLA
Deux jeunes gens noyés. — Victime de
son dévouement. — Triste fin de
fête.
(De notre correspondant particulier)
Nous avons raconté, hier, d'après une dépêche
;de notre correspondant, la fin lamentable de deux
Jeunes gens qui se sont noyés pendant la fêter-
Voici les détails que nous adresse notre corrc!:pon-)
! dant sur cet accident Y
Ouistreham, 17 août.
Riva-Bella est une ravissante petite station
balnéaire située à l'embouchure du canal de
Caen à la mer. Depuis une dizaine d'années,
¡c'est un endroit très recherché des familles
nombreuses en enfants qui demandent le grand i
'air, la belle étendue de sable où peuvent fcvo- ;
luer les bambins et l'éloignement de tout ca-
sino.
Tous les ans, au 15 août, les baigneurs orga-
.nisent la fête des enfants ; courses à pied, des
ciseaux, bals d'enfants, concours de voitures
décorées, de tennis, etc., etc.Ces fêtes dirent
trois jours. C'était hier le sscond jour, et c'esti
au milieu de tous ces cris de fête qu'est venu
éclater le glas de mort que je vous ai signalé1
hier brièvement par ma dépêche.
Il était quatre heures, une société de gym-
nastique attirait l'attention de tous, quand des
fcris : au secours ! partirent de la plage ; des
jeunes filles, et parmi elles Mlle Guinodo, de
Rouen, appelaient les baigneurs pour venir au
isecours d'une jeune fille qui se noyait ; les
'bruits de la fête, les accents des fanfares eau-
vraient leurs voix et dix minutes se passèrent
avant que les premiers baigneurs atteignissent
la plage.
Voici ce qui était arrivé : une jeune fille,
Mlle Fernande Parisis âgée, de 15 ans, dont les
parents habitent 53, faubourg du Temple,était
venue passer quelques jours chez son oncle M.
Monmarché, en villégiature à Riva. Mlle Pari-
sis prenait chaque jour son bain et aujour-
d'hui malgré la fête et quoique demoiselle quê-
teuse pour les pauvres, elle n'avait pas voulu
se priver de son gport favori; la mer était un
peu forte et, circonstance aggravante,la marée
baissait. Mme Monmarché accompagnait sa
inièce, quand une vague un peu forte fit per-
dre pied à Mlle Parisis, médiocre nageuse; elle
se soutint sur l'eau mais le courant l'entraîna,
elle appela au secours, battit l'air de ses bras
puis s'abîma pour ne plus revenir à la sur-
face.
Un courageux jeune homme de 18 ans, M.,
imaugeard, neveu de M. Jacquier, ancien di-
recteur de Ba-Ta-Clan, venu lui aussi en vil-
légiature chez son oncle, se jeta résolument à
l'eau et chercha à gagner le large; plusieurs
fois il plongea, mais une dernière fois il ne
reparut plus.
Pendant tout ce temps, la population entière
lavait envahi la plage ; les premiers arrivés ap-
jportèrent les agrès de sauvetage, mais où les
; porter ? On ne voyait plus rien, le canot de
sauvetage n'était pas à la mer, il fallut l'y
mettre, et là on constata qu'il n'avait pas ses
favirons.
Une demi-heure d'anxiété, pendant que des
yeux on cherchait un point sur la surface des
eaux, quand tout à coup un remous ramena
ie corps de la malheureuse jeune fille sur le
bord.
Pendant trois heures, les soins lui furent
prodigués, soins inutiles, la mer n'avait rendu
qu'un cadavre.
: Trente minutes après avoir retrouvé le
¡corps de Mlle Parisis on retrouvait celui du
;jeune Maugeard, mais hélas ! ce n'était aussi
; qu'un cadavre.
Triste fin de fête, la nuit était venue et la
pluie se mit à tomber en torrent, le ciel pa-
raissait vouloir pleurer ces pauvres enfants
.en même temps qu'il indiquait aux autres dont
'c'était la fête qu'il fallait pour cette année du
moins éteindre leurs feux de joie.
Voir à la 3° page
les Dernières Dépêches
de la nuit
et la Revue des Journaux
du matin
LE TSAR EN ITALIE
(De notre correspondantparticulier)
Rome, 17 août.
La Consulta vient de recevoir l'avis officiel
que le tsar viendra à Rome au mois d'oc-
tobre.
Il profitera de l'occasion pour faire une vi-
site à Florence où il restera plusieurs jours
:afin de voir les musées et les galeries.
LA TACTIQUE BÛÊRE DANS L'ARMEE RUSSE
(De noire correspondant particulier)
- Saint-Pétersbourg, 17 août.
Les grandes manœuvres d'automne auront
cette année une importance particulière, non
seulement par l'immense étendue des opéra-
tions, mais aussi par une innovation très
'hardie.
Pour la première fois, on fera une vaste
application du système de la guerre de parti-
sans.
: De nombreuses bandes à pied et à cheval
seront formées dont chacune opérera indépen-
damment. Il suffit que chaque chef de bande
ait une notion génétale des intentions du chef
de l'armée. Un de ces condottières fait les com-
.munications qu'il croit intéressantes aux trou-
pes et aux autorités qui sont à proximité.
Les guerillas ont la mission de faire des
coups de main nuit et jour ; ils doivent captu-
'rer des patrouilles de l'ennemi, s'emparer de
.voitures du train, détruire les ponts, etc.
--
LE BARON FEJERVARY
IDe notre corresponmnt particulier)
Budapest, 17 août. 1
Le baron Fejervary. l'ancien ministie de la
défense nationale, qui a quitté le pouvoir avec
M. de Szell, sera nommé commandant de î*
garde royale des nobles hongrois. Le chef
actuel, le prince Esterhazy, prendra sa re-
traite.
GUILLAUME Il ROBINSON
(De notre correspondant particulier)
Berlin, 17 août.
A la cour, on s'occupe beaucoup d'un pro-
jet qui reflète bien le pessimisme des ultra
monarchistes prussiens.
Il s'agit d'acquérir l'ile de Pichelswerder, sur.
la Sprée, afin d'y établir la résidence perma -
nente de la famille impériale. Tous les terrains
et tous les immeubles de l'île qui se trouvent
en possession de particuliers seraient expro-
.priés.
;- Pichelswerder, entourée par les bras de la
Sprée, serait transformée en une place forte,
style moyenâgeux, avec les ponts Ievis et les
tours crénelées obligatoires.
personne, hors du souverain, de son entou-
rage et du personnel de son service n'y pourra
demeurer. L'accès de l'île sera rendu impossi-
ble aux profanes. Une route spéciale, condui-
sant à Dœberitz, servira au transport rapide
des troupes de renfort prises dans la garnison
de Dœberitz.
> Il va de soi que des régiments de la garde,
'triés sur le volet, constitueront la. garnison de
la nouvelle résidence, qui sera ainsi mise à l'a-
bri d'une émeute populaire.
PAR LE HAUT
Vraiment, le gouvernement ne parait pas du
tout préoccupé de l'épuration administrative,
et le président du conseil trop absorbé par le'
souci de prolonger ses pouvoirs au delà du
terme précédemment fixé par lui, néglige par
trop son plus élémentaire devoir.
Le Parlement a étudié et va étudier inces-
samment un certain nombre de lois — loi sur
l'assistance aux vieillards et aux infirmes, loi
sur le recrutement, loi sur la réforme fiscale,
loi sur les retraites ouvrières,et atissi, je pense,
loi sur l'enseignement abrogeant la loi Falloux
— il parait ainsi décidé à mettre d'accord la
législation et la démocratie ; il accomplit là la
tâche que la nation lui a confiée.
Mais les ministres, eux aussi, ont une tâche.
S'ils n'ont pas le pouvoir législatif, ils ont le
pouvoir exécutif, ils doivent s'en servir. LI t
landis que le Parlement se préoccupe de pro-
grès social, d'égalité et d'assistance, le gouver-
nement a le devoir de nous donner une admi-
nistration civile et militaire conforme au ré-
gime républicain.
A l'heure actuelle, nous sommes encore en
état de légitime défense, on nous fait une,
guerre de toute heure, on multiplie sous nos
pas les embûches et les trahisons, on organise
la baisse des fonds publics, on encourage les
retraits des dépôts des caisses d'épargne, nous
serions bien naïfs si nous ne profitions pas des
armes que nous avons sous la main.
Comme le disait fort bien, tout récemment, i
Henri Brisson, la @ République, bien qu'assises
depuis vingt ans, n'a pas su se donner un per-,
sonnel ou n'a pas eu au milieu de tant de
luttes le loisir de serrer de près cette importante
question. cc Souvent abordée dans la presse,
cette affaire du personnel n'a jamais été trai-
tée comme elle aurait dû l'être, en commen-
çant par le haut, c'est à dire par les admînis-
trations centrales,là où se tiennent les dossiers
des fonctionnaires et où des influences irres- 1
ponsables disposent,bien plus queles ministres,
des avancements et des faveurs, n
C'est donc à la tête qu'il faut frapper, car là
sont les véritables responsables de l'envahisse-
-ment des fonctions publiques par les réaction-
naires et les cléricaux. Il y a là des points stra-
tégiques de la plus grande importance. Par
'une incompréhensible négligence des ministras
républicains, ces postes sont confiés à nos ad-
versaires ; l'ennemi est dans la place ; qu'on le1
déloge !
Est-ce trop exiger de M. Combes que de lui
demander de faire cesser ces abus ? Ne se rend-
il pas compte du danger permanent que fait i
courir à la République ce monopole des hautes'
fonctions réservé aux amis des congréga-
tions ? - A.
Voir en 2e édition
Une octogénaire assassinée au Perreux
LA SANTE DE LORD SALISBURY
- Londres, 17 août.
On a affiché, à Ratfield, le bulletin suivant
au sujet de l'état de santé de lord Salisbury :
Lord Salisbury a passé une nuit tranquille, et les
forces du malade accusent ce matin un accroisse-
ment sensible.
IVoir la suite dans notre DEUXIEME EDITION,
Les Papiers inédits de Svedenborg
(De noire correspondant particulier)
Stockholm, 17 août.
L'Académie de Suède ayant fait la revision
des manuscrits inédits de Svedenborg, qui se,
trouvent dans ses archives, y a découvert des
travaux d'une grande valeur et jusqu'ici in-
connus. Il s'agirait notamment d'une étude
sur l'anatomie du cerveau qui, écrite vers la
fin du 18' siècle, se trouve contenir la plupart-
des découvertes faites récemment sur le cerveau
par la médecine moderne.
L'Académie a décidé de publier les manus-.
crits inédits du philosophe suédois. Le premier
volume contiendra les travaux de géologie et
de cosmologie de Svedenborg.
EN L'HONNEUR DE RENAN
La fête aérienne
Un des numéros du programme des fêtes en
l'honneur d'Ernest Renan qui promet d'avoir j
le plus de succès est le feu d'artifice, qui sera
particulièrement soigné par Ruggieri.
M. Armand Dayot, président du comité,
vient d'en recevoir le devis, dont voici les dé-
tails essentiels.
L'annonce du feu sera faite par des bombes
« coup de canon ». Viendront ensuite trois
cascades fixes, belles pièces à trois étages de
feu détonant avec gerbes de couleurs, précé-
dées par un soleil formé de feux multicolores,
garnies de 3 soleils et de 93 jets à détonation..
Puis le programme annonce : une « grande'
brillante », pièce d'un grand effet, à six palmes
de feu, commençant par un disque lumineux
et se terminant par un grand effet en feu chi-
nois à détonatiou ; deux « flores », pièces pyri-.
ques avec disques lumineux terminées par des
corbeilles chinoises et jets à détonation.
Les trois pièces seront précédées de trois
« cocardes avec jets brillants et lances de cou-,
leurs variées ».
Au troisième coup de feu, apparaîtront deux
« papillons » formés d'ailes de moulins de don
Quichotte montées en torsades et dont les jets
de feu s'entrelacent et se terminent par un
grand effet fixe en feu chinois. Un quadrille,
pièce pyrique commençant par un soleil à feux
multicolores et se terminant par quatre mou-
lins formant une pluie de feu chinois.
Au quatrième coup de feu sortira un décor
qui représentera le Monument de Renan, belle
pièce décorative en lances de couleurs, variées
entourée d'une grande rasace brillante. En let-
tres lumineuses s'inscrira ce simple mot de
Renan: «J'ai aimé la vérité o; au dessus de
la devise des Bleus de Bretagne : Ardock ! En
avant 1
Ajoutons à cette liste un petit et un grand
« bouquet » comprenant 10 bombes chevelure
électrique ; 10 lucioles, une cinquantaine de
fusées queue d'argent, sifflet, parachute, che- *
nilles, 10 volcans, une quarantaine de bombes
diverses, et un millier de fusées de tout genre.
Bref, à Paris même, on n'aura guère vu
miaux. Et le spectacle aérien s'annonce mer-
veilleux dans le décor de la rivière de Tréguier
où se reflètera l'éclat de la fête aérienne, entre
les hautes falaises et les collines couronnées de
bois.
L AFFAIRE Nueï IBERT-
SEPTIÈME AUDIENCE
Un concours. — Encore le secret de Thérèse Humbert. - J.en.
fant incestueux. — La source des millions. — Le roman de
M. X. — Conséquences juridiques. — Suite des déposi-
tions. — Toujours la Rente viagère. - Air connu.
La liquidation. — Les récits de Thérèse. — Mme
Humbert veut rester à Paris. - L'arresta-
tion. — Déposition de M. Leydet. — Un
incident. — Le préfet de police. — La
fin de l'audience.
Un de nos confrères a ouvert un con-
cours sur les condamnations qui peuvent
atteindre les membres de la famille Hum-
!bert-Daurignac. Il aurait mieux fait, je
crois, d'ouvrir un concours sur le fameux
secret de Mme Humbert. Combien c'eût été
[plus amusant ! Pour s'en faire une idée, il
n'y a qu'à constater les préoccupations du
public habituel des accusés, pour lequel.
n'existent plus ni les derniers témoins, ni
le réquisitoire, ni les plaidoiries de la dé-
fense. Le secret, il ne connaît que ça ; n'es-
sayez pas de lui parler d'autre chose ; il ne
veut rien entendre.Toutes ses pensées vont
vers cette minute suprême où la vérité
vraie sur les Crawford et les millionaMsera
révélée même au prix d'un aveu, qui fou-
droieradu coup et Frédéric Humbert. le mari,
et la jeune Eve Humbert, fille de la grande
Thérèse.
L'aveu que doit faire — si elle le fait
jamais — Mme Humbert serait éventé s'il
faut en croire les racontars qui se font jour
dans les groupes d'avocats avant l'ouver-
ture de l'audience et les versions qui cir-
culent à ce propos semblent découler de.
la déposition faites l'audience de vendredi
par Mme Parayre. On se souvient que ce
témoin a raconté que Mme Humbert lui
avait confié que M. et Mme Daurignac se
trouvant à Bagnères-de Bigorre avaient,une
nuit, dans l'hôtel où ils étaient descendus,
perçu le bruit d'un accouchement dans une
chambre voisine, et que, comme on voulait
tuer le nouveau-né, les époux Daurignac,
après des pourparlers, purent se faire re-
mettre l'enfantque Mme Daurignac recueil-
lit et éleva. Mme Parayre ajouta que le père
et la mère de l'enfant étaient le frère et la;
sœur, tous deux riches à millions.
Puis elle se tut. Et le président Bonnet:
oublia de poser à Mme Parayre cette ques-
tion pourtant bien naturelle: « Mme Hum-
bert ne nous a jamais dit quel était le sexe
de cet enfant incestueux et ce qu'il était :
devenu ? » La réponse qu'eut pu faire
Mme Parayre, le public l'a faite, et il s'est
dit : Evidemment l'enfant incestueux élevé
par Mme Daurignac mère ne peut être que
Thérèse, devenue enfant naturelle d'un
millionnaire qu'on appelait Crawford et]
qui en réalité s'appelait d'un autre nom, de ;
ce nom dont Mme Humbert a dit : « Jtrhr1
dirai et tout sera fini ! » Les millions ve-
naient de cette source scandaleuse et on
comprend que l'accusée hésite à dévoiler:
une tare qui la ferait rougir et comme fem- j
me et comme mère, et, en même temps,
salirait la mémoire d'un mort. ,
Ce roman vient de prendre tout à coup-
des développements, et des noms très con-
nus y sont mêlés. On désigne comme le'
père naturel de la grande Thérèse un in-:
dustriel deux centfois millionnaire, M. X.,
qui, avant de mourir, aurait disposé en
faveur de Thérèse d'une centaine de mil-;
lions que celle-ci ne pourrait toucher;
qu'après le décès de Mme X. ;
Pour corser le roman, on ajoute que
c'est Mme X. qui prêtait complaisamment:
à Mme Humbert les millions dont elle avait
besoin pour éblouir les gogos. Ces millions;
auraient été vus, notamment, par l'ex-no-
taire Dumort. L'exhibition des millions
terminée, les liasses de titres sortaient du
coffre-fort, étaient renvoyées à Mme X.
qui les réexpédiait avenue de la Grande-
Armée, le cas échéant. Bref, avant la fuite;
pour Madrid, Mme Humbert, qui était dé-
tentrice des millions, les renvoya à celle à
qui ils appartenaient, c'est-à-dire à la
'femme des faux Crawford, au frère inces-
tueux de Bagnères de-Bigorre, au père na-i
iturel de Mme Humbert.
Croirait-on que ce roman - dont Mme:
(Humbert n'avait qu'à révéler l'authenticité;
1<Ï&S son arrivée à Paris, pour n'être pas
inquiétée — est pris si bellement au sé-
rieux au Palais, qu'il se trouve des person-:
nés pour en déduire — au cas où il serait
vrai — les conséquences juridiques. Et ces'
conséquences, vous les comprenez tout de
suite. Si la cour ordonnait la preuve des
révélations in-extremis de la grande Thé-
rèse, il faudrait renvoyer l'affaire à une
autre session.
- Après tout, c'est peut-être ce que sou-
haite Mme Humbert. Mais la question est:
:de savoir si la cour se prêterait à l'exécu-
tion du plan qu'on prête à l'accusée, et qui
est d'ailleurs tout à fait digne de son ima-
gination méridionale. Dans tous les cas, il
faut s'attendre à des incidents, non seule-
ment à la cour d'assises,mais au dehors,car
il est peu probable que Mme X., mise en-
cause par quelques journaux, reste silen-
cieuse devant le scandale qui vient de sur-'
gir brusquement.
Et maintenant, arrivons à l'audience
d'hieiv
L'œuvre de Thérèse
L audience est ouverte à midi. Pas n'est
besoin de dire que la salle est comble. On*
remarque que les deux jours de congé ont.
profité aux époux Humbert, qui paraissent
très reposés. Mme Humbert a même un
petit air vainqueur. Romain Daurignac et
son frère sont lit comme dans un salon,
très à leur aise.
L'audition des témoins est reprise par la;
déposition de M. Paul Girard, allié de la fa-
mille Humbert, qui parle de la Rente via-'
gère. Nul intérêt.
Puis voici le caissier de cette même
Rente viagèrc,M. Dumont,qui est entré en
exercice en 1893, ayant comme administra-
teur M. Romain Daurignac sous 1 autorités
de Mme Humbert qui seule autorisait les
versements d'argent.
— Le 7 mai, poursuit M. Dumont, M. Emile
Daurignac m'a demandé s'il y avait de quoi
payer les rentiers. Puis sur son ordre,j'ai vendu
des titres pour 20.000 fr. que j'ai aussitôt pla-
cés dans ma caisse.
Mme Humbert. - C'était l'usage de vendrô
toujours les titres.
Le président. - Veuillez ne pas interrompre
le témoin.
Mme Humbert. - Pardon, la Rente viagère,
cest mon œuvre!.
Le président (à Emile Daurignac). — C'est'
exact..
Emile Daurignac. - Oui, c'était l'habitude.
Le président .(U témoin). — A qui avez-vous
remis les 20.000 fr. ?
M. Dumont. — A Mme Humbert.
M. Lanquest sera remboursé
Après avoir dit que M. Emile Daurignac
n avait pas la signature sociale et que ce
dernier refusait parfois l'argent qu'on lui
apportait — ce que confirme aussitôt cet
accusé en disant qu'il refusa un jour d'ac-
cepter l'argent que venait verser à la Rente
Viagère une jeune fille qui venait d'hériter
de sa tante - M. Dumont expose que le re-
venu moyen de la Rente Viagère était de
500.000 fr environ et qu'il n'y avait jamais
de retard dans les paiements. Mme Hum-
bert, lorsqu'il lui demandait de l'argent,
lui remettait des sommes variant de 3 à
400.000 fr.
Mme Humbert. - Je voudrais donner
quelques explications personnelles sur la Rente
Viagere.
Le président. — Parlez.
Mme Humbert, selon son habitude, parle
un instant de la Rente Viagère puis elle
s interrompt tout à coup et s'écrie:
— Je ne dis pas ce que je voudrais dire. Je
ne trouve pas mes mots mais patience, ça
viendra. La Rente Viagère, c'est mon œuvre,
je l'avais créée dans l'intérêt de tous les miens..
C était une excellente âffaire, un établissement
nnancier de premier ordre et qui devait pro-
duire des bénéfices énormes. Ce que je dis là
c'est pour établir une fois encore ma bonne;
foi. Je n'ai pas fait mon droit.. Mais j'ai unj
conscience. Et je oaierai tout le monde. MI¡
Lanquest sera remboursé intégralement,..
Cet air est connu, mais il est probable
que nous l'entendrons à nouveau sur les
lèvres de l'accusée.
La liquidation de la Rente Viagère
Après la déposition de M. Bœry, garçon
de bureau de la Rente Viagère,qui dit en-
tre autres choses que M. Emile Daurignac
lui avait défendu de prononcer le nom de
Frédéric Humbert, ce que conteste Emile
Daurignac avec énergie, on entend M. Va-
cher, syndic de la Rente Viagère.
Des premières paroles du témoin, il ré-
sulte qu'il y avait en caisse une dizaine de
mille francs en espèces et 20.000 fr. de va-
leurs. Le passif s'élevait à 5 millions envi-
ron et à 500.000 francs de passif en sus-
pens. L'actif, en dehors des 3 millions
700.000 francs versés par M. Lanquest, s6
composait de 1.822.000 francs en immeu'
bles, dont un rue Auber.
Le président. — Les crédi-rentiers ne SODY
pas tous payés. Pourquoi ?
M. Vacher. — Par suite des valeurs privilé
giées des immeubles environ 8 millions. Ay ¡;.i!;
liquidé pour 4 millions de ces immeubles
reste à liquider pour 4 millions d'immeublon
Le président. — Combien avez-vous donni
aux petits rentiers sur le versement de M. Lan
quest, qui leur était destiné ?
M. Vacher. — Le fonds Lanquest n'était pr"*
destiné aux seuls petits rentiers. Ça avait èL!
l'intention première de M. Lanquest, mais j&
lui ai fait comprendre que je ne pouvais agit
pour un seul groupe mais pour la masse,four- •
nisseurs ou crédi-rentiers.
Le président. - Qu'est-ce qu'ont. touché effi
derniers ?
M. Vacher. — 50 0|0 pas davantage ne pou-
vant liquider brusquement les rentes gagéessui
les immeubles, mais je compte donner 100 OlC
aux crédi-rentiers.
Un juré demande au témoin s'il a établi
'la balance approximative entre le passif et
l'actif.
M. Vacher répond en substance!
— J'ai un état du passif et de l'actif: passif:
5,300,000 francs, admis ; 200,000 francs prove,
nant des meubles. Je suis assigné pour 180,OOC
francs de créances, soit près de 5,700,000 fr
Enfin, sur le groupe d'immeubles acquis
charge de rente, il est possible que tous ces im-
meubles ne se vendent pas assez pour couvriJ
les rentes. Je puis avoir trois cent mille franc-
environ de pertes, de ce chef : comme actif,
j'ai les deux immeubles de la rue Auber et dr
la Rente viagère, soit deux millions deux ceni
mille francs, plus 322,000 francs d'immeubles
et le reliquat sur les immeubles affectés aux
rentes. J'estime avoir un actif de six millions.
Ce qui me permettra de donner 100 010.
Mme Humbert revendiquait la propriété
de l'immeuble de la rue Auber qui vaui
plus, dit-elle, de 2 millions, M. Vacher lui
répond :
— Non, il était à la Rente viagère.
Mme Humbert. — C'est moi qui l'ai payé, eî
je reconnais que je l'ai acheté pour le comptf
de la Rente viagère. En revendiquant la pro
priété de cet immeuble je voulais simplemei'*
établir que j'ai mis des millions dans l'affair
de la Rente viagère. ,
M' Labori. — Il demeure acquis, d'après ce
que vient nous dire M. le syndic Vacher, qu'il
y a 6 millions de passif et autant d'actif dans
ses calculs. Tous les crédi-rentiers sont donc
payés, y compris ceux que vous allez entendre
tout à l'heure. Comment dès lors M. Vacher a-
t-il put indiquer un déficit de 1,750,000 fr.,
qui a été reproduit par l'acte d'accusation ?
M. Vacher. — Je n'ai pas pu donner ce chif-
fro.
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NOS LEADERS
LES RATÉS
On s'est occupé, récemment, du legs
par lequel l'ancien bâtonnier Cresson
- fondait une « bourse » à l'usage de
quelques avocats d'avenir — et de
l'avenir — qui sembleraient méritants
et dont le besoin d'argent pourrait gê-
ner la carrière. Applaudissons à la gé—
nérosité posthume de Me Cresson qui
épargnera peut-être à certains jeunes
du barreau le déplorable avenir des'
« ratés ».
Cette préoccupation d'enrayer la dé-
solante multiplication des mal venus
dans les arts et les sciences est géné-
rale à notre époque. Lucien Victor-
Meunier, dans un livre singulièrement
âpre et émouvant, étudie ce monde —
car c'est tout un monde — de ces
invalides des professions libérales (1).
Qu'est-ce au juste que le raté ? Je
crois qu'il serait difficile de trouver
une de ces définitions brèves, précises,
exactes, qui satisfont seules les philo-
sophes et les savants. Sans doute on
s'approcherait de la vérité en disant,
en termes vagues : le raté, c'est l'homme
qui a ambitionné tout ce que la vie
peut offrir de grandes récompenses —
la beauté, l'importance de l'œuvre ac-
complie, la gloire, l'existence honora-
ble et honorée, la fortune aussi — et
qui n'a satisfait pleinement aucun de
ses désirs.
Lucien Victor-Meunier, dans son li-
vre, me paraît bien sévère pour les
malheureux dont il nous raconte l'or-
gueil mêlé de faiblesse, les efforts in-
cohérents et vite découragés. Notre ami
ne se plait point à l'art qui trouve sa
fin en lui-même. Il a prétendu faire
mieux qu'une simple peinture et il veut
que son roman comporte une leçon :
c'est un enseignement d'énergie et d'al-
truisme.
- Ah ! vous n'êtes arrivés à rien ?
dit à peu près Lucien Victor-Meunier
à ses incertains héros. Méritiez-vous
donc d'arriver à quelque chose ? Je
yous pardonnerais d'être les bourreaux
de vous-mêmes.Je ne vous excuse pas
de torturer ceux qui vous entourent,
ceux qui ont eu le seul tort de croire
en vous, et que vous entraînez dans
votre déchéance, dans la faillite de vo-
tre égoïsme et de votre vanité. Caiy
non seulement il n'est pas bon, mais il
n'est pas vrai que l'homme soit seul.
La solidarité sociale étreint l'individu
de toutes parts ; s'il se dérobe à une
charge, le poids en retombe sur son
voisin; la lâcheté crée de l'injustice.,
j Le romancier fait mieux que d'ex-
primer ces idées : il les représente. Il i
atteint ainsi à une éloquence à la-
! quelle le chroniqueur ne saurait pré-
tendre. Je renvois le lecteur, pour sup-
plément d'information, au livra dont
nous parlons.
Certes, le raisonnement de Lucien
Victor-Meunier est aussi fort que mo-
ral, Cependant je trouve, répètons-le,
notre ami un peu sévère. Il ne tient j
pas un compte suffisant des difficultés
matérielles auxquelles se heurtent
: les audacieux, les chercheurs de nou-
veauté, les inventeurs de beauté. La
« question d'argent», en un mot,tient-
elle autant de place dans son roman
qu'elle en tient dans l'existence de la
plupart des hommes? Non, n'est-ce
pas? Et je reconnais là qu'on n'a pas
eu tort d'appeler Lucien Victor-Meu-
nier « le dernier des romantiques ».
Ah ! l'argent! J'accorde que son
nom seul fait une tache au milieu
d'un ouvrage littéraire. Quand, las de
Ja réalité quotidienne, on se réfugie
la l'écilité quotidieii ne, on se réfugie*
dans la fiction, on préférerait n'y être
pas poursuivi par le tracas banal de
la pièce de "Cent sous.
Pourtant, de cette pièce de cent
loiis, dépend souvent l'avenir d'un
nomme de cœur et de talent. A ce-j
point de vue, les statuaires notam-
ment — et Lucien Victor-Meunier met
su scène un statuaire - sont pour
ainsi dire condamnés à devenir des
« ratés » s'ils ne parviennent pas à se
procurer les quelques milliers de
francs nécessaires à la réalisation du
chef-d'œuvre qu'ils conçoivent. Il y a
, l'atelier, dont la location est coûteuse;
il y a les modèles, dépense de chaque
jour, ruineuse, que l'on me passe l'ex-
pression, comme un fiacre à l'heure ;
il y a les « praticiens », chargés de met-
tre le marbre « au point », et qui ré-
clament leur juste salaire; il y a les;
(1) Les Ratés, 1 vol. iu-8 à la bibliothèque lit-
téraire Charles Oflenstadt, 39, rue de Trévise,
ifaris.
créanciers, les fournisseurs et leur al-
lié naturel, l'huissier, qui opèrent des
« saisies », qui empêchent l'artiste de
tirer profit, au mieux des intérêts de
tous, du travail qu'il a partiellement
accompli.
Ce qui est vrai pour le sculpteur,
est vrai pour tout garçon pauvre qui
s'aventure dans les carrières libérales.
Pour parvenir au succès, il lui faut
'une double énergie : il doit vivre SO,,}
rêve et se défaire en même temps du
réseau inouï de dangers où il est em-
barrassé.
A envisager le problème sous cet
aspect, si l'on ressent plus d'admira-
tion pour les vainqueurs du combat,
il est impossible de ne pas adresser un
mélancolique souvenir de sympathie à
,ceux qui restent sur le carreau.
Pour diminuer le nombre des victi-
mes, encourageons les fondations de
prix, de bourses pour les jeunes et
pour les pauvres. Ceux qui seront à
il'honneur ne seront pas forcément
;ceux qui auront été le plus à la peine.
'Nous nous consolerons des erreurs des
jurys, si, de temps à autre, la cou-
ronne tombe sur un front qui n'en est
pas indigne.
Pardon, va répliquer Lucien Victor-
Meunier, la pauvreté fait quelquefois
des ratés. Seulement il y a des gens
quj sont inexcusables d'être des ratés.
Ils n'ont pas été étranglés par la mi-
sère. Ils ont été des paresseux, et,
trop souvent, ils deviennent des en-
vieux. Tels sont ceux que j'ai peints.
Il est clair que Lucien Victor-Meu-
nier a raison. Cependant me permet-
tra-t-il de lui avouer, sincèrement et!
cordialement, que j'arrive avec peine à
m'associer à sa colère ?
Voyons : il y a tant de gens qui ne
cherchent dans la vie rien autre chose:
que le profit, l'avantage immédiat, le
résultat matériel de leur effort.
Si quelques-uns se sont assigné un
'but plus noble, se sont réservés pour
une tâche plus généreuse et plus diffi-
cile, nous leur devons sans doute un
peu de pitié, un regard amical, une
parole fraternelle. En modifiant légè-
rement un alexandrin célèbre, disons
que s'ils n'ont pas élevé l'œuvre mo-
numental qu'ils se proposaient,
ils ont du moins l'honneur de l'avoir entrepris.
Hugues Destrem.
.————————.— .,
LA SESSION DES CONSEILS GÉNÉRAUX
Elle s'est ouverte hier, dans
toute la France; Cette première
séance a été consacrée surtout à
l'élection des bureaux de nos as-
semblées départementales. Les
dépêches nous apprennent que
partout ces bureaux ont été l'exacte répéti-
tion — sinon comme personnalités, du
moins comme nuance politique — des bu-
reaux de la session précédente. Nous re-
tenons de ce fait que les partis ont gardé
fleurs positions ; nous ne voulons donc
pas, le jour où le procès Humbert exige
tant de place, sacrifier des colonnes entières"
à des énumérations de noms qui seraient
.sans intérêt. Nous n'aurons garde pourtant
'd'oublier l'échec éclatant de M. Cavaignac,
dans la Sarthe, et nous noterons aussi avec
grand plaisir l'élection de M. Jonnart, gou-
verneur général de l'Algérie,à la présidence
du Conseil général du Pas-de-Calais, bien
que M. Jonnart eût fait trop modestement,
le possible pour se soustraire à cet hon-
neur
Beaucoup de conseils ont, dès cette pre-
mière séance d'hier, affirmé solennellement,
'par des votes d'adresses au gouvernement,
leur désir de voir la politique de défense ré-
publicaine triompher d'une façon définitive,
principalement par l'application persévé-
rante et intégrale de la loi sur la congréga-
tion. Nous citerons, parmi ces conseils,
ceux de l'Ain, de Lot-et-Garonne, du Lot,
du Jura, de la Nièvre, d'Indre-et-Loire, dé
la Haute-Vienne, de l'Isère. Ce dernier dé-,
partement a voté un texte auquel on ne re-
prochera pas de manquer de clarté et que
voici : « Le Conseil invite le Gouverne-
ment à présenter à bref délai un 'projet de)
loi tendant à la suppression du budget des;
cultes avec toutes ses- conséquences et à la
Suppression de toutes les congrégations
existantes».
k Nous voulons espérer que le cabinet en-
tendra ce langage énergique et se détermi-
nera, comme le demandait hier Charles
Bos, à s'exprimer nettement sur la sépara-
tion des Eglises et de l'Etat, en présentant
un projet de loi sur la question. Malheureu-
sement quelque chcss nous dit que M.Com-
bes prononcera encore bien des discours de
Marseille avant de se résoudre à présenter,
d'accord avec son collègue de l'instruction
publique, un plan général de laïcisation; et
à retirer aux chers frères et aux chères;
sœurs autorisés le million d'enfants que.
les mesures prises jusqu'à ce jour n'ont nul-;
lement soustraits à ces éducateurs cléri-
caux.
L'INSURECTION EN MACÉDOINE
Sofia, 17 août.
Un memorandum du gouvernement bulgare
sur la situation en Macédoine a été distribué
hier aux représentants des puissances étran-
gères en Bulgarie. Il comprend quatorze pa-
ges.
La Bulgarie se défend d'entretenir l'agitation
en Macédoine. Elle accuse au contraire la Tur-
quie de cherchera exaspérer les Bulgares. Elle
énumère les actes arbitraires et les excès qu'a u-
raient commis les Turcs en vue de terroriser
les opulations. Le memorandum rejette lares-,
ponsabilité des événements sur la Turquie. La
population bulgare, fasse des vaines promes-
ses, a pris conseil de son désespoir et s'est jetée
dans la révolution. ,
Le mémorandum, a produit une vive impres-
sion dans les cercles diplomatiques. On assure
que les représentants de la France, de l'Italie
et de l'Autriche ont exprimé au premier mi-
nisire leurs inquiétudes au sujet des consé-
quences que pourrait avoir l'envoi de ce me"
morandum.
LE DRAME DE RIVA-BELLA
Deux jeunes gens noyés. — Victime de
son dévouement. — Triste fin de
fête.
(De notre correspondant particulier)
Nous avons raconté, hier, d'après une dépêche
;de notre correspondant, la fin lamentable de deux
Jeunes gens qui se sont noyés pendant la fêter-
Voici les détails que nous adresse notre corrc!:pon-)
! dant sur cet accident Y
Ouistreham, 17 août.
Riva-Bella est une ravissante petite station
balnéaire située à l'embouchure du canal de
Caen à la mer. Depuis une dizaine d'années,
¡c'est un endroit très recherché des familles
nombreuses en enfants qui demandent le grand i
'air, la belle étendue de sable où peuvent fcvo- ;
luer les bambins et l'éloignement de tout ca-
sino.
Tous les ans, au 15 août, les baigneurs orga-
.nisent la fête des enfants ; courses à pied, des
ciseaux, bals d'enfants, concours de voitures
décorées, de tennis, etc., etc.Ces fêtes dirent
trois jours. C'était hier le sscond jour, et c'esti
au milieu de tous ces cris de fête qu'est venu
éclater le glas de mort que je vous ai signalé1
hier brièvement par ma dépêche.
Il était quatre heures, une société de gym-
nastique attirait l'attention de tous, quand des
fcris : au secours ! partirent de la plage ; des
jeunes filles, et parmi elles Mlle Guinodo, de
Rouen, appelaient les baigneurs pour venir au
isecours d'une jeune fille qui se noyait ; les
'bruits de la fête, les accents des fanfares eau-
vraient leurs voix et dix minutes se passèrent
avant que les premiers baigneurs atteignissent
la plage.
Voici ce qui était arrivé : une jeune fille,
Mlle Fernande Parisis âgée, de 15 ans, dont les
parents habitent 53, faubourg du Temple,était
venue passer quelques jours chez son oncle M.
Monmarché, en villégiature à Riva. Mlle Pari-
sis prenait chaque jour son bain et aujour-
d'hui malgré la fête et quoique demoiselle quê-
teuse pour les pauvres, elle n'avait pas voulu
se priver de son gport favori; la mer était un
peu forte et, circonstance aggravante,la marée
baissait. Mme Monmarché accompagnait sa
inièce, quand une vague un peu forte fit per-
dre pied à Mlle Parisis, médiocre nageuse; elle
se soutint sur l'eau mais le courant l'entraîna,
elle appela au secours, battit l'air de ses bras
puis s'abîma pour ne plus revenir à la sur-
face.
Un courageux jeune homme de 18 ans, M.,
imaugeard, neveu de M. Jacquier, ancien di-
recteur de Ba-Ta-Clan, venu lui aussi en vil-
légiature chez son oncle, se jeta résolument à
l'eau et chercha à gagner le large; plusieurs
fois il plongea, mais une dernière fois il ne
reparut plus.
Pendant tout ce temps, la population entière
lavait envahi la plage ; les premiers arrivés ap-
jportèrent les agrès de sauvetage, mais où les
; porter ? On ne voyait plus rien, le canot de
sauvetage n'était pas à la mer, il fallut l'y
mettre, et là on constata qu'il n'avait pas ses
favirons.
Une demi-heure d'anxiété, pendant que des
yeux on cherchait un point sur la surface des
eaux, quand tout à coup un remous ramena
ie corps de la malheureuse jeune fille sur le
bord.
Pendant trois heures, les soins lui furent
prodigués, soins inutiles, la mer n'avait rendu
qu'un cadavre.
: Trente minutes après avoir retrouvé le
¡corps de Mlle Parisis on retrouvait celui du
;jeune Maugeard, mais hélas ! ce n'était aussi
; qu'un cadavre.
Triste fin de fête, la nuit était venue et la
pluie se mit à tomber en torrent, le ciel pa-
raissait vouloir pleurer ces pauvres enfants
.en même temps qu'il indiquait aux autres dont
'c'était la fête qu'il fallait pour cette année du
moins éteindre leurs feux de joie.
Voir à la 3° page
les Dernières Dépêches
de la nuit
et la Revue des Journaux
du matin
LE TSAR EN ITALIE
(De notre correspondantparticulier)
Rome, 17 août.
La Consulta vient de recevoir l'avis officiel
que le tsar viendra à Rome au mois d'oc-
tobre.
Il profitera de l'occasion pour faire une vi-
site à Florence où il restera plusieurs jours
:afin de voir les musées et les galeries.
LA TACTIQUE BÛÊRE DANS L'ARMEE RUSSE
(De noire correspondant particulier)
- Saint-Pétersbourg, 17 août.
Les grandes manœuvres d'automne auront
cette année une importance particulière, non
seulement par l'immense étendue des opéra-
tions, mais aussi par une innovation très
'hardie.
Pour la première fois, on fera une vaste
application du système de la guerre de parti-
sans.
: De nombreuses bandes à pied et à cheval
seront formées dont chacune opérera indépen-
damment. Il suffit que chaque chef de bande
ait une notion génétale des intentions du chef
de l'armée. Un de ces condottières fait les com-
.munications qu'il croit intéressantes aux trou-
pes et aux autorités qui sont à proximité.
Les guerillas ont la mission de faire des
coups de main nuit et jour ; ils doivent captu-
'rer des patrouilles de l'ennemi, s'emparer de
.voitures du train, détruire les ponts, etc.
--
LE BARON FEJERVARY
IDe notre corresponmnt particulier)
Budapest, 17 août. 1
Le baron Fejervary. l'ancien ministie de la
défense nationale, qui a quitté le pouvoir avec
M. de Szell, sera nommé commandant de î*
garde royale des nobles hongrois. Le chef
actuel, le prince Esterhazy, prendra sa re-
traite.
GUILLAUME Il ROBINSON
(De notre correspondant particulier)
Berlin, 17 août.
A la cour, on s'occupe beaucoup d'un pro-
jet qui reflète bien le pessimisme des ultra
monarchistes prussiens.
Il s'agit d'acquérir l'ile de Pichelswerder, sur.
la Sprée, afin d'y établir la résidence perma -
nente de la famille impériale. Tous les terrains
et tous les immeubles de l'île qui se trouvent
en possession de particuliers seraient expro-
.priés.
;- Pichelswerder, entourée par les bras de la
Sprée, serait transformée en une place forte,
style moyenâgeux, avec les ponts Ievis et les
tours crénelées obligatoires.
personne, hors du souverain, de son entou-
rage et du personnel de son service n'y pourra
demeurer. L'accès de l'île sera rendu impossi-
ble aux profanes. Une route spéciale, condui-
sant à Dœberitz, servira au transport rapide
des troupes de renfort prises dans la garnison
de Dœberitz.
> Il va de soi que des régiments de la garde,
'triés sur le volet, constitueront la. garnison de
la nouvelle résidence, qui sera ainsi mise à l'a-
bri d'une émeute populaire.
PAR LE HAUT
Vraiment, le gouvernement ne parait pas du
tout préoccupé de l'épuration administrative,
et le président du conseil trop absorbé par le'
souci de prolonger ses pouvoirs au delà du
terme précédemment fixé par lui, néglige par
trop son plus élémentaire devoir.
Le Parlement a étudié et va étudier inces-
samment un certain nombre de lois — loi sur
l'assistance aux vieillards et aux infirmes, loi
sur le recrutement, loi sur la réforme fiscale,
loi sur les retraites ouvrières,et atissi, je pense,
loi sur l'enseignement abrogeant la loi Falloux
— il parait ainsi décidé à mettre d'accord la
législation et la démocratie ; il accomplit là la
tâche que la nation lui a confiée.
Mais les ministres, eux aussi, ont une tâche.
S'ils n'ont pas le pouvoir législatif, ils ont le
pouvoir exécutif, ils doivent s'en servir. LI t
landis que le Parlement se préoccupe de pro-
grès social, d'égalité et d'assistance, le gouver-
nement a le devoir de nous donner une admi-
nistration civile et militaire conforme au ré-
gime républicain.
A l'heure actuelle, nous sommes encore en
état de légitime défense, on nous fait une,
guerre de toute heure, on multiplie sous nos
pas les embûches et les trahisons, on organise
la baisse des fonds publics, on encourage les
retraits des dépôts des caisses d'épargne, nous
serions bien naïfs si nous ne profitions pas des
armes que nous avons sous la main.
Comme le disait fort bien, tout récemment, i
Henri Brisson, la @ République, bien qu'assises
depuis vingt ans, n'a pas su se donner un per-,
sonnel ou n'a pas eu au milieu de tant de
luttes le loisir de serrer de près cette importante
question. cc Souvent abordée dans la presse,
cette affaire du personnel n'a jamais été trai-
tée comme elle aurait dû l'être, en commen-
çant par le haut, c'est à dire par les admînis-
trations centrales,là où se tiennent les dossiers
des fonctionnaires et où des influences irres- 1
ponsables disposent,bien plus queles ministres,
des avancements et des faveurs, n
C'est donc à la tête qu'il faut frapper, car là
sont les véritables responsables de l'envahisse-
-ment des fonctions publiques par les réaction-
naires et les cléricaux. Il y a là des points stra-
tégiques de la plus grande importance. Par
'une incompréhensible négligence des ministras
républicains, ces postes sont confiés à nos ad-
versaires ; l'ennemi est dans la place ; qu'on le1
déloge !
Est-ce trop exiger de M. Combes que de lui
demander de faire cesser ces abus ? Ne se rend-
il pas compte du danger permanent que fait i
courir à la République ce monopole des hautes'
fonctions réservé aux amis des congréga-
tions ? - A.
Voir en 2e édition
Une octogénaire assassinée au Perreux
LA SANTE DE LORD SALISBURY
- Londres, 17 août.
On a affiché, à Ratfield, le bulletin suivant
au sujet de l'état de santé de lord Salisbury :
Lord Salisbury a passé une nuit tranquille, et les
forces du malade accusent ce matin un accroisse-
ment sensible.
IVoir la suite dans notre DEUXIEME EDITION,
Les Papiers inédits de Svedenborg
(De noire correspondant particulier)
Stockholm, 17 août.
L'Académie de Suède ayant fait la revision
des manuscrits inédits de Svedenborg, qui se,
trouvent dans ses archives, y a découvert des
travaux d'une grande valeur et jusqu'ici in-
connus. Il s'agirait notamment d'une étude
sur l'anatomie du cerveau qui, écrite vers la
fin du 18' siècle, se trouve contenir la plupart-
des découvertes faites récemment sur le cerveau
par la médecine moderne.
L'Académie a décidé de publier les manus-.
crits inédits du philosophe suédois. Le premier
volume contiendra les travaux de géologie et
de cosmologie de Svedenborg.
EN L'HONNEUR DE RENAN
La fête aérienne
Un des numéros du programme des fêtes en
l'honneur d'Ernest Renan qui promet d'avoir j
le plus de succès est le feu d'artifice, qui sera
particulièrement soigné par Ruggieri.
M. Armand Dayot, président du comité,
vient d'en recevoir le devis, dont voici les dé-
tails essentiels.
L'annonce du feu sera faite par des bombes
« coup de canon ». Viendront ensuite trois
cascades fixes, belles pièces à trois étages de
feu détonant avec gerbes de couleurs, précé-
dées par un soleil formé de feux multicolores,
garnies de 3 soleils et de 93 jets à détonation..
Puis le programme annonce : une « grande'
brillante », pièce d'un grand effet, à six palmes
de feu, commençant par un disque lumineux
et se terminant par un grand effet en feu chi-
nois à détonatiou ; deux « flores », pièces pyri-.
ques avec disques lumineux terminées par des
corbeilles chinoises et jets à détonation.
Les trois pièces seront précédées de trois
« cocardes avec jets brillants et lances de cou-,
leurs variées ».
Au troisième coup de feu, apparaîtront deux
« papillons » formés d'ailes de moulins de don
Quichotte montées en torsades et dont les jets
de feu s'entrelacent et se terminent par un
grand effet fixe en feu chinois. Un quadrille,
pièce pyrique commençant par un soleil à feux
multicolores et se terminant par quatre mou-
lins formant une pluie de feu chinois.
Au quatrième coup de feu sortira un décor
qui représentera le Monument de Renan, belle
pièce décorative en lances de couleurs, variées
entourée d'une grande rasace brillante. En let-
tres lumineuses s'inscrira ce simple mot de
Renan: «J'ai aimé la vérité o; au dessus de
la devise des Bleus de Bretagne : Ardock ! En
avant 1
Ajoutons à cette liste un petit et un grand
« bouquet » comprenant 10 bombes chevelure
électrique ; 10 lucioles, une cinquantaine de
fusées queue d'argent, sifflet, parachute, che- *
nilles, 10 volcans, une quarantaine de bombes
diverses, et un millier de fusées de tout genre.
Bref, à Paris même, on n'aura guère vu
miaux. Et le spectacle aérien s'annonce mer-
veilleux dans le décor de la rivière de Tréguier
où se reflètera l'éclat de la fête aérienne, entre
les hautes falaises et les collines couronnées de
bois.
L AFFAIRE Nueï IBERT-
SEPTIÈME AUDIENCE
Un concours. — Encore le secret de Thérèse Humbert. - J.en.
fant incestueux. — La source des millions. — Le roman de
M. X. — Conséquences juridiques. — Suite des déposi-
tions. — Toujours la Rente viagère. - Air connu.
La liquidation. — Les récits de Thérèse. — Mme
Humbert veut rester à Paris. - L'arresta-
tion. — Déposition de M. Leydet. — Un
incident. — Le préfet de police. — La
fin de l'audience.
Un de nos confrères a ouvert un con-
cours sur les condamnations qui peuvent
atteindre les membres de la famille Hum-
!bert-Daurignac. Il aurait mieux fait, je
crois, d'ouvrir un concours sur le fameux
secret de Mme Humbert. Combien c'eût été
[plus amusant ! Pour s'en faire une idée, il
n'y a qu'à constater les préoccupations du
public habituel des accusés, pour lequel.
n'existent plus ni les derniers témoins, ni
le réquisitoire, ni les plaidoiries de la dé-
fense. Le secret, il ne connaît que ça ; n'es-
sayez pas de lui parler d'autre chose ; il ne
veut rien entendre.Toutes ses pensées vont
vers cette minute suprême où la vérité
vraie sur les Crawford et les millionaMsera
révélée même au prix d'un aveu, qui fou-
droieradu coup et Frédéric Humbert. le mari,
et la jeune Eve Humbert, fille de la grande
Thérèse.
L'aveu que doit faire — si elle le fait
jamais — Mme Humbert serait éventé s'il
faut en croire les racontars qui se font jour
dans les groupes d'avocats avant l'ouver-
ture de l'audience et les versions qui cir-
culent à ce propos semblent découler de.
la déposition faites l'audience de vendredi
par Mme Parayre. On se souvient que ce
témoin a raconté que Mme Humbert lui
avait confié que M. et Mme Daurignac se
trouvant à Bagnères-de Bigorre avaient,une
nuit, dans l'hôtel où ils étaient descendus,
perçu le bruit d'un accouchement dans une
chambre voisine, et que, comme on voulait
tuer le nouveau-né, les époux Daurignac,
après des pourparlers, purent se faire re-
mettre l'enfantque Mme Daurignac recueil-
lit et éleva. Mme Parayre ajouta que le père
et la mère de l'enfant étaient le frère et la;
sœur, tous deux riches à millions.
Puis elle se tut. Et le président Bonnet:
oublia de poser à Mme Parayre cette ques-
tion pourtant bien naturelle: « Mme Hum-
bert ne nous a jamais dit quel était le sexe
de cet enfant incestueux et ce qu'il était :
devenu ? » La réponse qu'eut pu faire
Mme Parayre, le public l'a faite, et il s'est
dit : Evidemment l'enfant incestueux élevé
par Mme Daurignac mère ne peut être que
Thérèse, devenue enfant naturelle d'un
millionnaire qu'on appelait Crawford et]
qui en réalité s'appelait d'un autre nom, de ;
ce nom dont Mme Humbert a dit : « Jtrhr1
dirai et tout sera fini ! » Les millions ve-
naient de cette source scandaleuse et on
comprend que l'accusée hésite à dévoiler:
une tare qui la ferait rougir et comme fem- j
me et comme mère, et, en même temps,
salirait la mémoire d'un mort. ,
Ce roman vient de prendre tout à coup-
des développements, et des noms très con-
nus y sont mêlés. On désigne comme le'
père naturel de la grande Thérèse un in-:
dustriel deux centfois millionnaire, M. X.,
qui, avant de mourir, aurait disposé en
faveur de Thérèse d'une centaine de mil-;
lions que celle-ci ne pourrait toucher;
qu'après le décès de Mme X. ;
Pour corser le roman, on ajoute que
c'est Mme X. qui prêtait complaisamment:
à Mme Humbert les millions dont elle avait
besoin pour éblouir les gogos. Ces millions;
auraient été vus, notamment, par l'ex-no-
taire Dumort. L'exhibition des millions
terminée, les liasses de titres sortaient du
coffre-fort, étaient renvoyées à Mme X.
qui les réexpédiait avenue de la Grande-
Armée, le cas échéant. Bref, avant la fuite;
pour Madrid, Mme Humbert, qui était dé-
tentrice des millions, les renvoya à celle à
qui ils appartenaient, c'est-à-dire à la
'femme des faux Crawford, au frère inces-
tueux de Bagnères de-Bigorre, au père na-i
iturel de Mme Humbert.
Croirait-on que ce roman - dont Mme:
(Humbert n'avait qu'à révéler l'authenticité;
1<Ï&S son arrivée à Paris, pour n'être pas
inquiétée — est pris si bellement au sé-
rieux au Palais, qu'il se trouve des person-:
nés pour en déduire — au cas où il serait
vrai — les conséquences juridiques. Et ces'
conséquences, vous les comprenez tout de
suite. Si la cour ordonnait la preuve des
révélations in-extremis de la grande Thé-
rèse, il faudrait renvoyer l'affaire à une
autre session.
- Après tout, c'est peut-être ce que sou-
haite Mme Humbert. Mais la question est:
:de savoir si la cour se prêterait à l'exécu-
tion du plan qu'on prête à l'accusée, et qui
est d'ailleurs tout à fait digne de son ima-
gination méridionale. Dans tous les cas, il
faut s'attendre à des incidents, non seule-
ment à la cour d'assises,mais au dehors,car
il est peu probable que Mme X., mise en-
cause par quelques journaux, reste silen-
cieuse devant le scandale qui vient de sur-'
gir brusquement.
Et maintenant, arrivons à l'audience
d'hieiv
L'œuvre de Thérèse
L audience est ouverte à midi. Pas n'est
besoin de dire que la salle est comble. On*
remarque que les deux jours de congé ont.
profité aux époux Humbert, qui paraissent
très reposés. Mme Humbert a même un
petit air vainqueur. Romain Daurignac et
son frère sont lit comme dans un salon,
très à leur aise.
L'audition des témoins est reprise par la;
déposition de M. Paul Girard, allié de la fa-
mille Humbert, qui parle de la Rente via-'
gère. Nul intérêt.
Puis voici le caissier de cette même
Rente viagèrc,M. Dumont,qui est entré en
exercice en 1893, ayant comme administra-
teur M. Romain Daurignac sous 1 autorités
de Mme Humbert qui seule autorisait les
versements d'argent.
— Le 7 mai, poursuit M. Dumont, M. Emile
Daurignac m'a demandé s'il y avait de quoi
payer les rentiers. Puis sur son ordre,j'ai vendu
des titres pour 20.000 fr. que j'ai aussitôt pla-
cés dans ma caisse.
Mme Humbert. - C'était l'usage de vendrô
toujours les titres.
Le président. - Veuillez ne pas interrompre
le témoin.
Mme Humbert. - Pardon, la Rente viagère,
cest mon œuvre!.
Le président (à Emile Daurignac). — C'est'
exact..
Emile Daurignac. - Oui, c'était l'habitude.
Le président .(U témoin). — A qui avez-vous
remis les 20.000 fr. ?
M. Dumont. — A Mme Humbert.
M. Lanquest sera remboursé
Après avoir dit que M. Emile Daurignac
n avait pas la signature sociale et que ce
dernier refusait parfois l'argent qu'on lui
apportait — ce que confirme aussitôt cet
accusé en disant qu'il refusa un jour d'ac-
cepter l'argent que venait verser à la Rente
Viagère une jeune fille qui venait d'hériter
de sa tante - M. Dumont expose que le re-
venu moyen de la Rente Viagère était de
500.000 fr environ et qu'il n'y avait jamais
de retard dans les paiements. Mme Hum-
bert, lorsqu'il lui demandait de l'argent,
lui remettait des sommes variant de 3 à
400.000 fr.
Mme Humbert. - Je voudrais donner
quelques explications personnelles sur la Rente
Viagere.
Le président. — Parlez.
Mme Humbert, selon son habitude, parle
un instant de la Rente Viagère puis elle
s interrompt tout à coup et s'écrie:
— Je ne dis pas ce que je voudrais dire. Je
ne trouve pas mes mots mais patience, ça
viendra. La Rente Viagère, c'est mon œuvre,
je l'avais créée dans l'intérêt de tous les miens..
C était une excellente âffaire, un établissement
nnancier de premier ordre et qui devait pro-
duire des bénéfices énormes. Ce que je dis là
c'est pour établir une fois encore ma bonne;
foi. Je n'ai pas fait mon droit.. Mais j'ai unj
conscience. Et je oaierai tout le monde. MI¡
Lanquest sera remboursé intégralement,..
Cet air est connu, mais il est probable
que nous l'entendrons à nouveau sur les
lèvres de l'accusée.
La liquidation de la Rente Viagère
Après la déposition de M. Bœry, garçon
de bureau de la Rente Viagère,qui dit en-
tre autres choses que M. Emile Daurignac
lui avait défendu de prononcer le nom de
Frédéric Humbert, ce que conteste Emile
Daurignac avec énergie, on entend M. Va-
cher, syndic de la Rente Viagère.
Des premières paroles du témoin, il ré-
sulte qu'il y avait en caisse une dizaine de
mille francs en espèces et 20.000 fr. de va-
leurs. Le passif s'élevait à 5 millions envi-
ron et à 500.000 francs de passif en sus-
pens. L'actif, en dehors des 3 millions
700.000 francs versés par M. Lanquest, s6
composait de 1.822.000 francs en immeu'
bles, dont un rue Auber.
Le président. — Les crédi-rentiers ne SODY
pas tous payés. Pourquoi ?
M. Vacher. — Par suite des valeurs privilé
giées des immeubles environ 8 millions. Ay ¡;.i!;
liquidé pour 4 millions de ces immeubles
reste à liquider pour 4 millions d'immeublon
Le président. — Combien avez-vous donni
aux petits rentiers sur le versement de M. Lan
quest, qui leur était destiné ?
M. Vacher. — Le fonds Lanquest n'était pr"*
destiné aux seuls petits rentiers. Ça avait èL!
l'intention première de M. Lanquest, mais j&
lui ai fait comprendre que je ne pouvais agit
pour un seul groupe mais pour la masse,four- •
nisseurs ou crédi-rentiers.
Le président. - Qu'est-ce qu'ont. touché effi
derniers ?
M. Vacher. — 50 0|0 pas davantage ne pou-
vant liquider brusquement les rentes gagéessui
les immeubles, mais je compte donner 100 OlC
aux crédi-rentiers.
Un juré demande au témoin s'il a établi
'la balance approximative entre le passif et
l'actif.
M. Vacher répond en substance!
— J'ai un état du passif et de l'actif: passif:
5,300,000 francs, admis ; 200,000 francs prove,
nant des meubles. Je suis assigné pour 180,OOC
francs de créances, soit près de 5,700,000 fr
Enfin, sur le groupe d'immeubles acquis
charge de rente, il est possible que tous ces im-
meubles ne se vendent pas assez pour couvriJ
les rentes. Je puis avoir trois cent mille franc-
environ de pertes, de ce chef : comme actif,
j'ai les deux immeubles de la rue Auber et dr
la Rente viagère, soit deux millions deux ceni
mille francs, plus 322,000 francs d'immeubles
et le reliquat sur les immeubles affectés aux
rentes. J'estime avoir un actif de six millions.
Ce qui me permettra de donner 100 010.
Mme Humbert revendiquait la propriété
de l'immeuble de la rue Auber qui vaui
plus, dit-elle, de 2 millions, M. Vacher lui
répond :
— Non, il était à la Rente viagère.
Mme Humbert. — C'est moi qui l'ai payé, eî
je reconnais que je l'ai acheté pour le comptf
de la Rente viagère. En revendiquant la pro
priété de cet immeuble je voulais simplemei'*
établir que j'ai mis des millions dans l'affair
de la Rente viagère. ,
M' Labori. — Il demeure acquis, d'après ce
que vient nous dire M. le syndic Vacher, qu'il
y a 6 millions de passif et autant d'actif dans
ses calculs. Tous les crédi-rentiers sont donc
payés, y compris ceux que vous allez entendre
tout à l'heure. Comment dès lors M. Vacher a-
t-il put indiquer un déficit de 1,750,000 fr.,
qui a été reproduit par l'acte d'accusation ?
M. Vacher. — Je n'ai pas pu donner ce chif-
fro.
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