Titre : Le XIXe siècle : journal quotidien politique et littéraire / directeur-rédacteur en chef : Gustave Chadeuil
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1903-08-18
Contributeur : Chadeuil, Gustave (1821-1896). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
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Description : 18 août 1903 18 août 1903
Description : 1903/08/18 (N12212). 1903/08/18 (N12212).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k7575473c
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-199
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 20/06/2013
:- CINQ CENTIMES le Numéro.'
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Le Numéro CINQ CENTIMES
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NOS LEADERS
Monopole Opntii
Dans son discours de Marseille, M.
Combes a eu l'air de demander à la
majorité de prendre des mesures con-
tre l'attitude du haut clergé séculier.
La veille, à Marseille aussi, s'adressant
aux instituteurs réunis en Congrès, il
avait -envisagé, dans un avenir assez
lointain, il faut le dire tout de suite,
la nécessité de substituer aux institu-
teurs congréganistes des instituteurs
laïques, tous fonctionnaires de l'Etat.
Prendre des mesures contre le haut
clergé et des mesures efficaces, bien
entendu, ce n'est que par la sup-
pression du budget des cultes, la dé-
nonciation du Concordat et la sépara-
tion qu'on peut le faire sûrement. Des
instituteurs laïques, fonctionnaires de
l'Etat d'autre part, et donnant seuls
l'instruction primaire aux jeunes en-
fants, c'est le monopole de l'enseigne-
ment primaire.
M. Combes a-t-il réellement l'inten-
tion de faire ces deux réformes dont
nous ne cessonsde parlerdansce jour-
nal depuis plus d'un an, depuis que
l'application de la loi sur les congréga-
tions a été entreprise ? Si oui, il lui se-
rait beaucoup pardonné. Pourquoi n'a-
jouterions-nous pas aussitôt que nous
n'osons croire à tant de décision chez
le président du Conseil ?
Ce qui nous fait craindre que M.
Combes ait dit cela comme il aurait dit
tout autre chose, comme il a dit le con-
traire à la Chambre pour le Concordat,
par exemple, c'est qu'il n'a, à aucun
moment,manifesté l'intention de dépo-
ser des projets de loi d'initiative gou-
vernementale. Il se borne à faire appel
à la majorité. Voilà qui n'est pas suffi-
sant. Pour vivre, dans le seul but de
vivre, M. Combes essaye d'esquiver la
responsabilité de ces dépôts.
Il répondra un jour, quand il sera
pressé d'avoir une attitude nette, que
la Chambre est déjà saisie de proposi-
tions da députés tendant "au monopole
de l'enseignement et à la séparation
des Eglises et de l'Etat,que le gouver-
nement est de cœur avec la majorité,
qu'il n'a donc pas besoin de rédiger
lui-même des projets. Au point de
vue parlementaire, la méthode si chère,
à Monsieur le président du conseil ne
peut aboutir qu'au gâchis le plus com-
plet, qu'aux votes les plus contradic-
toires et les plus incohérents, qu'à des
résolutions ridicules et inapplicables.
M. Combes le sait fort bien. Mais en
n'agissant pas, il n'est pas responsa-
ble. C'est la majorité qui endosse
tout.
***
Singulier système de gouverne-
ment. Il parait bien certain pourtant
que le monopole de l'enseignement pri-
maire — je ne parle pas du monopole
appliqué à l'enseignement secondaire
et à l'enseignement supérieur que je
considérerais comme funeste aux inté-
rêts du pays et que je ne voterai ja-
mais — est le meilleur moyen, le
seul, à vrai dire, de régler les diffi-
cultés présentes, comme de faire le
mal le plus grand et le plus irrépara-
ble aux congrégations. Ce monopole,
j'en suis partisan, tous les républi-
cains le réclament. Il aurait une ma-
jorité à la Chambre et au Sénat.
On comprend à merveille que 'la
Chambre ne puisse discuter d'une ré-
forme aussi importante sans que le
gouvernement ait, au préalable, pris
des mesures nécessaires. Il faut d'abord
un plan de laïcisation, ensuite des cré-
dita pour constructions scolaires et
indemnités au personnel laïque nou-
veau qu'il faudra recruter. M. Combes
est-il disposé à préparer ce travail, à;
déposer une demande de crédits, à ap-
puyer de toute son autorité, un projet
de loi qu'il aurait signé avec le minis-
tre de l'instruction publique? Est-il
encore décidé à dissoudre tout aussi-
tôt les congrégatiens enseignantes au
torisées ?
Qu'il le dise, qu'il parle d'une façon
précise, que tout le monde sache à
quoi s'en tenir sur ces points. Les dis-
cours d'exhortation aux républicains
ont peut-être leur importance. -Pour
ma part, je leur préférerais des actes.
Nous ne pouvons pas rester- plus
longtemps dans cette situation ridicule
de gens qui ont l'air de faire beaucoup
tt qui, en réalité, n'ont à peu près rien
lait contre l'enseignement clérical. M.
Jombes a bien tort de déclarer que là
congrégation va bientôt perdre le bé-
néfice moral et les avantages de toutes
sortes qu'elle retire de l'enseignement.
Il n'ignore pas que les frères et les
sœurs autorisés donnent l'enseigne-
ment à un million d'enfants et qu'il y
aura toujours en France des écoles pri-
maires libres tant que le monopole
n'aura pas été institué.
La politique ne consiste pas unique-
ment dans l'art de bluffer. Il faut des
résultats palpables, qu'on puisse enre-
gistrer, qu'on puisse indiquer au suf-
frage universel. Nous sommes bien loin
de pouvoir faire cela. Et M. Combes le
sait tout comme nous.
***
Quant à la séparation des Eglises et
de l'Etat, on conviendra vraiment qu'en
dehors d'elle aucune mesure de ri-
;gueur ne puisse être prise et appliquée
i contre le haut clergé. Qu'est-ce qu'un
^procès en Conseil d'Etat ou même en
i correctionnelle pour un évêque ?
'Qu'esi-ce que la suppression de trai-
tement ? Nous avons déjà démontré
ici que les évêques triomphaient da-
vantage après coup. D'abord, ils ont
plus d'argent qu'il ne leur en faut,
ensuite, ils se sont donnés à peu de
frais l'apparence de gens persécutés
pour leurs croyances et pour leur re-
ligion.
Si M. Combes est décidé à faire la
rséparation des Eglises et de l'Etat,
qu'il s'exprime nettement par un beau
projet de loi. Il doit se douter au sur-
plus que la séparation a besoin d'être
précédée d'un ensemble de réformes
préparatoires : retrait de notre am-
bassadeur au Vatican, dénonciation du
Concordat, état récapitulatif des biens
consacrés au culte et qui appartien-
nent soit à l'Etat, soit aux départe-
ments, soit aux communes, etc., etc.
***
Mais tout cela paraît à M. Combes
tellement gros de conséquences qu'il a
peur des responsabilités. Vous verrez, en
'fin de compte, qu'il ne déposera aucun
projet. Il dira pour le monopole que son
ministre de l'instruction publique, par
exemple, n'en veut pas et pour la sé-
paration, qu'il va disloquer son cabinet.
Il n'y a pour lui qu'une manière d'évi-
ter de si désagréables choses, c'est de
ne rien faire du tout et de laisser sa
majorité discuter et voter dans le chaos,
sans direction d'aucune sorte, ce qui
est loin de faire du bien à la Républi-
que et aux idées républicaines.
Charles Bos.
POUR LES OUVRIERS GANTIERS
On trouvera plus loin la plainte
des ouvrières et ouvriers gan-
tiers de Niort. Ces travailleurs
se trouvent tôut particulièrement
frappés par la suppression du
gant dans l'armée. La fabrica-
tion de ce gant qui donnait du travail pen-
dant trois ou quatre mois de l'année, à
« plusieurs milliers de bras )) rien que dans;
la région Niortaise, se voit, disent les inté-i
ressés, « suoprimée par un simple caprice
ministériel ».
Nous ne sommes pas de ceux qui repro-
cheront jamais au département de la guerre
de faire des économies sur son budget ; ce
budget est, de tous, le plus écrasant ; mais
nous nous expliquons très bien les doléan-
ces des nombreux ouvriers de Niort, et nous;
'sommes surpris que l'on n'ait pas essayé,
comme cela a été fait pour d'autres corpo-
rations employées, soit par la marine, soit
par la guerre, de rendre moins brutal, par
ides mesures transitoires, le passage du tra-
ivail au chômage complet. Ici, on a coupé le
travail, du jour au lendemain, tout simple-
ment. Nous trouvons que le général André
! agit là d'une façon un peu bien vive.
C'est, au surplus, ce que fait ressortir le
.document signé par les ouvriers ; docu-
ment où nous lisons: « Si, pour des raisons
d'économie budgétaire, le travail se suppri-
me dans une corporation, il devrait y avoir
au moins compensation, permettant à ceux
dont l'existence est sacrifiée de faire faee
aux éventualités quotidiennes de la vie ou-
vrière ».
On ne saurait s'exprimer plus dignement
¡ ni plus sagement. Nous voulons espérer
que le général André fera quelque chose
pour donner satisfaction au syndicat des
gantiers de Niort : l'Etat n'est pas un par-
ticulier ; quand, par une série régulière de
commandes, il a déterminé, dans une ré-
gion, un afflux de travailleurs, il ne peut se
désintéresser, du jour au lendemain, du
sort de l'agglomération qu'il a lui-même.
i grandement contribué à former. Il faut, ré-,
pétons-le, qu'il ménage les transitions, qu'il
ne jette pas au chômage brusque, toute une
population, qu'il donne au moins à cette
population le temps de se retourner, de
; trouver ua travail autre. Nous comptons
! que le général André cherchera, trouvera
un moyen de donner satisfaction à-la re-
vendication tout à fait intéressante, da-syn-,
dicat de Niort.
——————— ——— ————————-——-
LES VICTIMES DU MASSACRE DU KONAK
; —
jDe, notre correspondant particulier)
Budapest, 16 août.
La femme et les enfants du général Zintzar
Markowitsch, qui-avait été assassiné à.coté du
roi Alexandre de Serbie, sont arrivés à îljvidék
en Hongrie. -. ;
Mme veuve Markovitsch, ses deux filles et
ses deux fils ont l'intention de fixer définitive-
ment leur domicile dans cette ville.
La famille de l'aneien président du conseil
ine touche aucune retraite, les deux demoiselles
Markovitsch chercheront de l'ouvrage- pour
avoir quelques ressources.
Les deux fils du général espèrent également
trouver un emploi, :" -.
CAUSERIE PÉDAGOGIQUE
M. Combes et M. Gasquet à Marseille
: Au congrès des « Amicales ». — Belles
promesses. — Discussion ou que-
relle. — Le grrrand discours de
M. Combes. — Le président
du conseil rétracte. -
Belles paroles. — Un
homme de cœur.
La loi Chau-
met.
Comme nous le souhaitions, au congrès des
« Amicales », les instituteurs ont fait nette-
nient comprendre au gouvernement qu'ils
étaient las des tergiversations apportées à l'a-
mélioration de leur condition matérielle et
qu'ils n'étaient plus disposés à se contenter
d éloges et de belles promesses en guise d'aug-
meotation. Il est bon de mettre en relief l'atti-
tude tout à fait significative qu'ils ont eue à
cet égard.
Les ministres et les hauts fonctionnaires qui
^eï; ont été les témoins n'ont pas dû s'y trom-
! per.
Ajoutons que le succès et l'importance du
congrès de Marseille ont naturellement donné
à ses manifestations une force et une gravité
t exceptionnelles. En outre, l'excellente tenue
des congressistes a fait ressortir la valeur des
gestes de désapprobation qui leur ont échappé
en présence de leurs hôtes.
- Les travaux du congrès
C'est pourquoi il y a lieu de se réjouir tout
spécialement en constatant que l'orage an-
noncé par la première journée un peu houleuse
a été heureusement dissipé. -
La discussion tout d'abord engagée d'une
façon trop vive menaçait de dégénérer en que-
relles de personnes et de coteries. Mais grâce
au président M. Michel, instituteur à Marseille,
les incidents ont été clos dès qu'ils se sont pro-
duits, et la marche des travaux a été conduite
avec une sûreté, une maîtrise et une verve;
auxquelles tous les congressistes ont rendu
hommage. La liberté de la tribune a été assu-
rée à tous ; les débats n'ont pas dévié, et dès
le second jour n'ont pas cessé en somme d'ê-
tre fort courtois. -
Nous examinerons plus tard ce qui y a été
dit et résolu. Aujourd'hui nous voulons sim -
plement attirer l'attention de nos lecteurs sur
la manière dont les discours de M. Combes et
de M. Gasquet ont été accueillis.
M. Combes s'est rendu à la séance de clôture
du congrès. Il y a fait son entrée avec M. Pel-
letan. Les applaudissements enthousiastes qui
ont éclaté s'adressaient autant à celui-ci qu'à
celui-là.
L'école laïque
M. Combes avait réservé son grrrand discours'
pour le banquet du lendemain. Mais il s'est
trouvé que contre son désir son discours aux
instituteurs a fait plus de bruit que son dis-
cours aux Marseillais. Peut-être est-ce parce
que celui-ci n'était, en somme, que la simple
! apologie de sa politique, tandis que le premier
a été une rétractation formelle de sa fameuse dé-
claration de foi spiritualiste faite, on s'en sou-
vient, à la Chambre, pour obtenir le vote du
budget des cultes. Autant cette déclaration,
vieille de six mois environ, avait fâcheusement
impressionné le parti républicain qui protesta
d'ailleurs éloquemment et tout de suite par la
■ voix de M. Ferdinand Buisson, autant le dis-
cours aux instituteurs a été approuvé par le
pays et frénétiquement applaudi par ceux à
qui il s'adressait.
Les éducateurs du peuple ont eu le cœur
rempli de joie en se voyant enfla conviés offi-
rciellement à prendre la direction laïque des
âmes et à considérer l'école comme le temple
modeste, mais comme le temple —du culte, —
'de la science et de la raison émancipatrices. -
- En battant des mains ils manifestaient qu'ils
pétaient heureux d'accepter la mission qui leur
fêtait publiquement confiée et que déjà depuis
longtemps ils remplissent de leur propre ini-
tiative.
Des mots!
Par contre, quand M. Combes a cru bon de
: faire appel à leur esprit de résignation en leur
annonçant que, sans doute, le relèvement de
leur condition matérielle serait lente et petite,
leur attitude s'est subitement modifiée. Très
froide, mais très digne, elle a révélé leur
déception. Ils attendaient mieux. M. Combes
'a bien essayé de leur représenter tout ce que
la République a fait antérieurement pour eux.
Il leur a dit leur situation d'il y a trente
ans. Mais eux, dans leur for intérieur, répli-
quaient au président du conseil que depuis
trente ans les autres fonctionnaires moins bien
rétribués qu'eux avaient été élevés au-dessus
d'eux et qu'ainsi leur condition a relativement
.baissé tandis que leur valeur s'est- constam-
ment accrue.
Un beau langage
Lesoir, au banquet qui termina le congrès,
leur attitude fut un moment sensiblement la
même, car sur le point qui nous occupe, ilsen-
diront à peu près le même langage. L'orateur
était alors M. Gasquet, directeur de l'enseigne-
ment primaire. Il remplaçait M. Chaumié dont
l'absence faisait jaser.
M. Gasquet ne pouvait évidemment point
exprimer son opinion personnelle.
En sa qualité d'administrateur, il pouvait
seulement exposer les intentions du gouver-
nement.
Il se tira habilement de la difficulté.
Il consentit à parler malgré le bruit qu'un
banquet trop bien servi devait nécessairement
provoquer au Champagne. Le silence ne tarda
point d'ailleurs à se faire. M. Gasquet tint un
! langage qui plut infiniment, car c'était le lan-
gage d'un esprit clair, indépendant et sédui-
sant. Les instituteurs virent tout de suite que
leur chef ne redoute ni leurs sentiments de
; vive solidarité ni même leur amour de la con-
troverse. Sans le dire expressément, M. Gas-
quet laissa entendre que le syndicat des insti-
tuteurs ne l'effrayait pas et que ce n'est pas lui
qui s'opposerait aux futurs congrès des « Ami-
cales iJ, -
Il y a. quelque chose de changé à la direction
de l'enseignement primaire. Il s'y trouve main-
tenant un homme de cœur qui est en train de
gagner l'affection de ceux qui sont placés sous
ses ordres. Il les aime ; il en sera aimé. M.
Gasquet sera un directeur populaire et écouté.
Toutefois, quand il fut obligé d'avouer que
lie projet des Amicales sur les traitements et
T avancement du personnel n'avait aucune
chance d'être adopté à l'heure actuelle, 'des
murmures s'élevèrent. Ils furent courts. Mais,
:de l'avis de tous les congressistes, ils se pro-
duiraient de nouveau et se prolongeraienLcette
fois dans les 36.000 communes do France, si le
Parlement repoussait la proposition de loi
Chaumet. C'est ce qu'il importe de retenir.
Voilà donc les députés et les sénateurs aver-
tis. Nous leur dirons, le moment venu, ce qui
;po.urràit en résulter pour eux, si, par hasard,
ils s'obstinaient à ne vouloir ni écouter ni com-
prendre les doléances de Jean Coste. - -
ARMAND DEPPER.
Aux maîtres et maîtresses des écoles primaires,
nous nous faisons un plaisir de signaler les deux
(t livrets » publiés par M. Camille Jeannol, institu-
teur à Paris. Le premier livret, intitulé « l'Educa-
teur pratique », est ua ensemble de résumés clairs
et précis sur le savoir-vivre et Fhjgiène.Le second,
« la Nature et l'Homme », est une intéressante série
; de leçons d'éducation sociale qui, d'une manière
indirecte et cependant très méthodique, peuvent
être données aux élèves sous forme de dictées^
LE SYSTÈME DES CONCESSIONS
Du voyage du Président de la République
en Angleterre ainsi que de la brillante récep-
tion faite par les parlementaires d'Outre-Man-
; che à de. nombreux députés français, il résulte
(évidemment qu'une ère nouvelle s'ouvre pour
les deux pays, ère nouvelle de rapports cor-
diaux, de relations de bon voisinage, au point
de vue commercial comme au point de vue di-
.plomatique. Nous nous en réjouissons dans ce
journal autant que personne et nous avons la
conviction que les quelques différends qui res-
tent à régler entre les deux grandes puissan-
ces coloniales du monde le seront de manière
à épargner à chacune d'elles le moindre frois-
sement d'amour-propre.
Le système des concessions françaises du
Congo a, on le sait, passionné une partie de
l'opinion britannique. Le gouvernement an-
glais reconnaîtrait-il que ses compatriotes ont
,tort, ou tout simplement, sous l'influence du
rapprochement si heureux des deux pays, vou-
drait-il témoigner de ses bonnes intentions à
'notre égard ? Toujours est-il qu'il semble ne
pas insister autrement sur sa demande primi-
tive d'arbitrage.
Non pas à propos du Congo directement,
mais à propos de la question du Maroc, nous
avons des renseignements qui confirment ce
que "nous venons de dire. Dans le langage di-
plomatique, toutefois, les mots ont une valeur
précise, qu'ils s'appliquent à une question ou à
une autre. Ainsi, pour le Maroc, divers jour-
naux britanniques ont publié une information
d'allures officieuses,et dans tous les cas qui n'a
pas été démentie, d'après laquelle le gouverne-
ment anglais verrait sans aucune peine la
France maîtresse au Maroc, à ces conditions
que le port de Tanger fût neutralisé, que la
liberté du commerce fût égale pour tous et que
nous renoncions à confier l'exploitation duter-
ritoire à des compagnies concessionnaires.
Cela signifie clairement que le droit d'accor-
der des concessions est bien l'exercice des
droits de suzeraineté et de propriété du sol et
qu'on ne renonce à ce droit quesi on l'abdique,
par avance, dans un arrangement diploma-
tique.
Nous aimons à croire que cette note n'a pas
échappé à l'attention du ministre des affaires
étrangères et que, par suite, il lui sera facile
de faire reconnaître, par le Foreing-Of-
fice, nos droits sur le territoire du Congo.
■
Le cléricalisme à l'école laïque
On a réduit, ces dernières années, par rai-
son d'économie, l'effectif des élèves des
écoles normales d'institutrices. On ne s'est
pas aperçu qu'en opérant cette réduction on
portait un grave préjudice à l'enseignement
primaire.
En ce moment, où on ferme les écoles con-
gréganistes, on a plus que jamais besoin d'ins-
titutrices ; aussi les écoles normales ne four-
nissant plus un nombre suffisant de maîtres-
ses, on doit avoir recours à des auxiliaires, et
je n'étonnerai personne en disant que ces auxi-
liaires sortent pour la plus grande partie des
couvents.
Cela vaut bien la peine de décider de ne con -
fier l'éducation des enfants qu'à des maîtresses
capables et imbues de l'esprit démocratique si,
eu réalité, on est obligé de demander le con-
cours de jeunes institutrices animées de l'es-
prit clérical, à peine échappées de l'institution
religieuse, où elles ont reçu sur l'histoire et
sur la philosophie des notions tout à fait er-
ronées.
L'incohérence d'une pareille situation saute
aux yeux. Tandis-que le législateur ordonne la
dissolution des congrégations de femmes, on va
chercher, pour les placer comme maîtresses
dans les écoles laïques, les élèves de ces mê-
mes congrégations. On ordonne la fermeture
des écoles congréganistes et on donne aux en-
fants des écoles laïques comme institutrices les
élèves de ces mêmes écoles congréganistes.
Le danger qui se trouvait à l'école des sœurs
change de place, il se transporte à l'école laï-
que, et les enfants y reçoivent, avec la garantie
du gouvernement, le même enseignement per-
nicieux. Il serait peut-être temps de mettre fin
à cet état de choses. — A.
LA MARINE ANGLAISE
(De notre correspondant particulier)
Londres. 16 août.
L'Amirauté a pris possession des nouvelles
casernes qu'on vient de construire pour les
Groupes de la marine à Portsmouth. Ces ca-
sernes sont peut-être les plus vastes qu'il y ait
dans le monde entier.
Une particularité mérite d'être signalée :
dans les chambrées il n'y a pas de lits mais des
hamacs suspendus au plafond.
Mécontentement des officiers allemands
fe notre correspondant particulier)
Berlin, 16 août.
Le mécontentement dans le corps des offi-
ciers allemands devient de plus en plus grand,
à cause des nombreux cas de népotisme et des
faveurs spéciales qu'on accorde aux gens riches.
Les officiers les plus capables sont cassés aux
gages du jour au lendemain, s'ils n'ont pas le
moyen de déployer le même luxe que leurs ca-
marades riches. C'est ainsi qu'un colonel n'a
pas pu recruter d'enseignes de drapeau (sta-
giaires destinés à devenir lieutenants),de hauts
militaires ayant déclaré qu'ils choisissent pour
leurs fils n'importe quelle carrière, sauf celle
des armes. On envisage déjà l'éventualité d'un
changement de mode de recru temenî des offi-
:ciers.
INTRIGUES CONTRE LE CHANCELIER ALLEMAND
(De notre correspondant particulier)
Berlin, 16 août.
Contrairement à ce qu'on a supposé, le con-
seil de la couronne ne sera pas immédiatement
suivi d'une crise ministérielle. Mais, en at-
tendant, une puissante coterie continue à saper
la position du chancelier, M. de Bûlow.
L'homme désigné pour entrer dans la Wil-
helms, n'est autre que M. Witting, ancien pré-
sident de Posen, actuellement directeur de la
Banque Nationale à Berlin. M. Witting avait
dû quitter son poste de Posen, grâce à une sorte
de Maffia qui s'est formée dans la noblesse
allemande do la Prusse orientale et qui est très
puissante. M. Witting tient à prendre sa re-
vanche et inspire une campagne de presse.
Il est soutenu surtout par la petite coterie
« libérale» de la cour de Berlin, mais il a su
rallier aussi autour de lui quelques bis-
marckiens très influents qui se proposent de
faire revivre les traditions du premier chan-
celier.
LA POSTE A PARIS (1)
Facteurs et télégraphistes. — La re-
mise des « petits bleus ». — Habitude
et tradition. — Le facteur rural
et le fermier qui ne sait pas
lire. — Une singulière
précaution.
Les facteurs, des postes, à Paris, de même
qu'en province du reste, ne doivent pas mon-
ter dans les maisons pour les lettres ordinaires
et les journaux, afin d'éviter des retards et de
ne pas allonger indéfiniment les distributions.
Cependant, les facteurs des télégraphes nous
portent bien nos petits bl-eus chez nous, dans
notre appartement, et pour eux on ne fait au-
cune différence, on ne classe pas les dépêches
par catégories ou par nombre d'étages,
Que le petit bleu soit urgent ou banal, qu'il
s'agisse d'une affaire importante ou d'une de-
mande d'argent, que vous demeuriez au pre-
mier ou au sixième étage, le petit facteur monte
chez vous et frappe à votre porte. Il n'y a pour-
tant plus depuis longtemps de reçu à signer,
et l'usage du télégraphe, assez restreint et cher
autrefois, ce qui expliquait dans une certaine
mesure les précautions pour la remise, est au-
jourd'hui entré dans nos mœurs autant que
celui de la poste.
Eh bien, que l'administration essaie d'appli-
,quer aux bleus la règle en pratique pour les
lettres ; qu'elle dispose que désormais, lorsqu'il
n'y aura rien à signer, les télégrammes, comme
les lettres et les journaux, seront simplement
remis chez les concierges, afin de ne pas impo-
ser des ascensions fatigantes aux facteurs et
leur permettre d'abréger leurs courses.
C'en serait un toile dans la population!, ri-
sîenne ! Une révolution ne produirait pas une
émotion pareille ! Comment ! faire remettre
chez le concierge une invitation à dîner, un
billet de théâtre pour le soir même, le renvoi
ou la fixation d'un rendez vous 1
Y pense-t-on ? Mais si le concierge avait un
moment d'oubli ; s'il ne portait pas immédia-
tement le bleu à son locataire, s'il le laissait
traîner dans sa loge, s'il l'égarait ! La vie de
Paris deviendrait impossible ; il n'y aurait
plus de relations sûres, les affaires ne se fe-
rraient plus, la galanterie péricliterait.
Vrai, une semblable mesure, à supposer
d'abord qu'elle pût être prise, avec l'esprit ac-
tuel de la population, ne tiendrait pas deux
jours et l'administrateur qui en aurait eu l'ini-
tiative, s'il n'était emporté aussitôt par une
interpellation à la Chambre, tomberait bien
vite sous la poussée de l'opinion publique.
La force de l'habitude
Comme c'est bien là la force de l'habitude,
de la tradition, et comme cette indignation gé-
nérale, cette protestation universelle contre la
suppression d'un avantage auquel nous som-
;mes accoutumés et que personne, d'ailleurs,
ine songe à nous enlever, démontrent bien
cette faiblesse résignée et passive de l'esprit
et du cœur humains. Nous subissons avec pa-
tience et résignation les abus les plus criants,
nous ne réclamons plus, contre eux, unique-
ment parce qu'ils durent depuis longtemps.
Cependant, il me semble qu'il existe une
.différence entre une invitation à diner par pe-
'tit bleu et une lettre de votre correspondant à
; Marseille. entre un billet de théâtre et une let-
tre vous apportant des nouvelles de votre fils,
do votre père, de vos parents ou de vos amis
,vivant au loin, entre un rendez-vous et la let-
tre où se trouve le mandat pour payer votre
loyer ou un billet échu.
Je ne veux pas dire, loin de là, que les télé-
grammes n'ont aucune importance et que l'on
doive les faire passer après les lettres. Nulle-
ment; ij y a des bleus dont le retard ou la
perte occasionneraient des ruines tout comme
il y a des lettres qu'on aurait quelquefois
avantage à ne pas recevoir.
Je souligne seulement cette espèce d'indiffé-
rence de la population pour le bon fonctionne-
ment d'un service public dans lequel sont en-
gagés les intérêts les plus sérieux, les plus
considérables du pays, alors qu'elle se montre
si. jalouse, si pointilleuse (et je la félicite d'ail-
leurs de sa susceptibilité) au sujet d'une préro-
gative que sa conduite vis-à-vis de la poste
justifie peu.
o En effet, quelle que soit l'importance de cer-
tains télégrammes, il est bien certain qu'il n'y
a pas de comparaison à établir entre les inté-
rêts représentés par la poste et ceux du télé-
graphe.
Ce qu'il y a aussi, pour ceux qui connais-
sent la rigueur, l'inflexibilité et aussi l'intelli-
gence des règlements postaux, de particulière-
ment extraordinaire, c'est cette facilité, cette
condescendance, cette ôonasserie avec lesquelles
l'Administration laisse exécuter son service et
,sMs facteurs se débarrasser aussi légèrement dé
leurs correspondances.
Le motif d'un abonnement
Elle n'est pas toujours aussi commode. Une
petite anecdote à ce sujet. Partout le service
des facteurs est pénible, mais dans certains dé-
partements les tournées sont particulièrement
longues et difficiles. Il y a de ces tournées qui
dépassent 25 et 30 kilomètres.
J'ai connu un de ces facteurs dont la tournée
moyenne était de 25 à 26 kil. Il avait, dans sa
circonscription, une ferme isolée, éloignée de
tout centre d'habitation et pour laquelle il
n'avait, me disait-il, heureusement presque ja-
mais de lettres. Chaque fois, bien rarement, il
est vrai, qu'il y en avait une, il était obligé do
faire un long détour et sa tournée augmentait
ce jour là de quatre kilomètres, deux à l'aller,
deux au retour.
Or, voici qu'un jour ce fermier s'abonne à
un journal quotidien.
— En voilà une idée, dit le facteur, de s'a-
bonner à un journal 1 Ce fermier ne sait même
pas lire, puisque c'est moi qui lui lis les rares
lettres que je lui porte.
Aussi, sans trop s'émouvoir, le facteur se
contenta de remettre les journaux au village,
avec prière à un habitant, lorsqu'il aurait une
occasion, de les faire parvenir.
Au bout de quelques jours, réclamations de
l'abonné qui ne recevait pas son journal ; des
observations furent faites, mais le facteur qui
savait que le journal ne servait à rien, le des-
tinataire ne sachant pas lire et croyant à une
méchanceté, n'en tint pas compte et continua à
faire remettre le journal par des tiers.
Nouvelles réclamations plus vives que les
premières. Un inspecteur fut envoyé sur les
lieux.
— Mais, dit-il au réclamant, toutes les fois que
vous avez des lettres, on vous les apporte. Le fac-
teur affirme que vous ne savez pas lire et quo c'est
par méchanceté que vous voulez lui imposer qua-
tre kilomètres de plus chaque jour.
— Je ne sais pas lire, c'est vrai, répondit l'autre.
Mais si je me suis abonné, ce n'est point par mé;
chaneeté. J'liabite une ferme isolée, loin de toute
autre habitation ; le pays est désert et j'ai- entendu
dire que je me trouvais dans d'excellentes condi-
tions pour tenter de mauvais garnements. Au con-
traire, quand on saura que le facteur vient tous
les jours,ce sera pour moi une sauvegarde. Et c'est
pour ce motif que je me suis abonné.
L'inspecteur ordonna au facteur de porter
tous les jours le journal.
L'administration s'était montrée rigide ob-
servatrice des règlements. Nous ne demandons
pas, à Paris, qu'elle fasse exécuter ses règle-
(l) Voir les numéros des 21, 29 juillet et 3 août.
f ments de façon aussi sévère et aussi rigOUNll"
se. TVous ôo m prenons ce qu'il y aurait do cruel
à obliger un pauvre facteur à monter cinq 6ta.
ges pour un unique journal.
Nous ne demandons même pas, au point de
v ue du service, l'assimilation do la poste au
télégraphe. Nos prétentions ne vont pas st,
haut. — L. FoasalL
--, - -
AFFREUX ACCIDENT
Pendant la fête. — Deux noyés
(De notre correspondant particulier)-
Ouistreham (Calvados), 16 août.
Pendant que la fête locale battait son plan,.
dans le pays, vers 4 h. ce soir, une jeune fillo
de Paris, qui villégiaturait ici, Mlle Parisis.
voulut prendre un bain, bien que la mer fût
grosse. Quoique la jeune fille fût excellente,
nageuse, elle fut entrainée par le courant. Un
courageux jeune homme, le neveu de M. Jac-
quier, l'ancien directeur de Ba-ta-clan,sejeta h
l'eau pour porter secours à la jeune impru
dente. Tous ses efforts furent vains : il dispa..
rut à son tour sous les flots.
Après de longs efforts, on parvint à retirer da
la mer les deux corps. Tous les soins furent
impuissants à ranimer les deux victimes de ce&f
affreux accident. En signe de deuil, les fêtes onfrî
été suspendues dans le pays.
TROUBLES DANS
L'AFRIQUE ORIENTALE ALLEMANDE;
(De notre correspondant particulier)
Zanzibar, 16 août. ,
A Rouguica, dans l'Afrique Orientale aIle.;;
man.de, les indigènes ont massacré 13 ouvriers)
de l'équipe du capitaine anglais, M. Harman. ;
Le lieutenant von Stuemer, préfet impérial'
allemand de Boucoba, a envoyé un dftache. J
ment, de troupes sur place. On craint un soulà*/
vement des indigènes.
---. v - -- --.
LA SANTÉ DE LORD SALISBURY
Londres, 16 aoü"- >
Les informations données par les journaux;
anglais et les agences sur la santé de lord Sa -
lisbury sont contradictoires. Les unes affir-,
ment que l'état de l'ancien premier ministre
s'est légèrement amélioré. Les autres au con-f
traire parlent d'une faiblesse de plus en pluar
grande.
Le roi Edouard VII se fait donner régulière-
ment des nouvelles. Un autre fils de lord Sa-,
lisbury. lord William Cecil, curé anglican da.
Hatfield, est arrivé au château, revenant daf
France.
Voir à la 3" page
les Dernières Dépéohe
de la nuit
et la Revae des Jottfnaus:
du naatin
L'INSURRECTION EN MACÉDOINE
Saint-Pétersbourg, 16 aoùt.
D'après un compte rendu télégraphique
fourni par le consulat russe de Monastir sur let]
procès des meurtriers du consul Rostkowsky,
procès dans lequel le chargé d'affaires du con-,
sulat a rempli la fonction de ministère public..
il a été établi par les débats que M. Rostkowskyo
n'avait pas tiré sur le gendarme Halim ni con-
tre le poste de garde et qu'il n'avait molestâ
personne.
Le chargé d'affaires a formulé un seul chef :
d'accusation. La sentence porte condamnation i
à mort opntre les gendarmes Halim et Abbas, j
condamnation à 15 et 5 années de travaux for- 1
cés contre le gendarme Semil et le lampiste;
Tewek, pour faux témoignage ; elle prononçai
rexpulsidn.àe*ràrmée des officiers Ismaïl et,
Salich, pour outrages au défunt.
La sentence a reçu son exécution aussitôt qua.
le chargé d'affaires du consulat russe l'a eue*
signée. Le chef de bataillon de gendarmeries
Uconastic, chef de la gendarmerie du vilaye
de Monastir, et le capitaine Halim ont immé-
diatement été relevés de leurs fonctions.
Le tribunal a ordonné des recherches en vue-
de découvrir les personnes qui, d'un bâtiment
militaire, ont tiré sur la voiture du consul.
Sofia, 16 aodt.
Comme suite à sa note du 16 juin réfutant
les accusations qui étaient portées contre laf
Bulgarie et qui tendaient à la rendre responr,
sable des troubles de Macédoine, le gouverne
ment bulgare a remis aux puissances un Mà
moire exposant en détail les faits de l'insur-v
rection en Macédoine.
Berlin, 16 août.
On télégraphie de Constantinople, 15 aoûtt
« Dans la nuit d'hier, entre Selenikovo et
Koprili, sur la ligne d'Uskub à Salonique, un
train militaire a été légèrement atteint par l'ex-t
plosion d'une bombe de dynamite placée su
les rails. Un soldat a été tué, et plusieurs
blessés.
« A Koprili, sur le pont du Vardar, deuiq
sacs de dynamite ont été trouvés attachés aux
rails du chemin de fer. »
Salonique, 16 août.
Un train de voyageurs parti ce matin de Sa-
lonique a déraillé près de la station d'Ama
tovo.
Quelques personnes ont été blessées légè-
rement; les dégâts matériels sont impor-
tants.
La cause du déraillement est inconnue.
TRAGIQUES ÉVÉNEMENTS
Deux crimes, neuf empoisonnements
Moscou, 16 août.
La petite ville de Lomja vient d'être révo
lutionnée par de-tragiques événements.
Simultanément, deux crim3s ont été commisr
et neuf personnes empoisonnées dans des cir-
constances qui restent mystérieuses. ,
Deux enfants âgés de 7 et 9 ans ont été en-I
traînés hors de la ville par @ un inconnu, et l'un.
d'eux vient d'être retrouvé assassiné dans lai
forêt voisine. On n'a pu découvrir encore son
jeune camarade.
D'autre part, neuf personnes ont trouvé la
mort, le même jour, dans une boulangerie do
la ville où elles travaillaient. On suppose qu'el-
les ont été accidentellement empoisonnées.
♦ *
UN HARDI NAVIGATEUR
Les journaux russes rapportent l'exploit que
vient d'accomplir Siméon Strabrovsky, un
vaillant pêcheur russe dont la modeste embarli
cation à voiles a, ces jours derniers, jeté 1'8n
cre dans le port de Constantza.
Siméon Stabrovsky, né à Odessa, a acco'"j
pli le remarquable exploit maritime de partl
tout seul d'Odessa dans une barque de consi
tiuction plutôt rudimentaire et de traverser lflfc
mer Noire jusqu à CODstantmople. De là H're-'
tourne à son point de départ par Constantza e\
Soulina.
La partie la plus rude du voyage est déjà
accomplie. En rentrant à Odessa, -
':': i -,
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Le Numéro CINQ CENTIMES
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l'absentent de chez eux pendant l'été
et qui craignent de ne pas trouver la jour-
nal dans les localités où ils vont, nou-
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NOS LEADERS
Monopole Opntii
Dans son discours de Marseille, M.
Combes a eu l'air de demander à la
majorité de prendre des mesures con-
tre l'attitude du haut clergé séculier.
La veille, à Marseille aussi, s'adressant
aux instituteurs réunis en Congrès, il
avait -envisagé, dans un avenir assez
lointain, il faut le dire tout de suite,
la nécessité de substituer aux institu-
teurs congréganistes des instituteurs
laïques, tous fonctionnaires de l'Etat.
Prendre des mesures contre le haut
clergé et des mesures efficaces, bien
entendu, ce n'est que par la sup-
pression du budget des cultes, la dé-
nonciation du Concordat et la sépara-
tion qu'on peut le faire sûrement. Des
instituteurs laïques, fonctionnaires de
l'Etat d'autre part, et donnant seuls
l'instruction primaire aux jeunes en-
fants, c'est le monopole de l'enseigne-
ment primaire.
M. Combes a-t-il réellement l'inten-
tion de faire ces deux réformes dont
nous ne cessonsde parlerdansce jour-
nal depuis plus d'un an, depuis que
l'application de la loi sur les congréga-
tions a été entreprise ? Si oui, il lui se-
rait beaucoup pardonné. Pourquoi n'a-
jouterions-nous pas aussitôt que nous
n'osons croire à tant de décision chez
le président du Conseil ?
Ce qui nous fait craindre que M.
Combes ait dit cela comme il aurait dit
tout autre chose, comme il a dit le con-
traire à la Chambre pour le Concordat,
par exemple, c'est qu'il n'a, à aucun
moment,manifesté l'intention de dépo-
ser des projets de loi d'initiative gou-
vernementale. Il se borne à faire appel
à la majorité. Voilà qui n'est pas suffi-
sant. Pour vivre, dans le seul but de
vivre, M. Combes essaye d'esquiver la
responsabilité de ces dépôts.
Il répondra un jour, quand il sera
pressé d'avoir une attitude nette, que
la Chambre est déjà saisie de proposi-
tions da députés tendant "au monopole
de l'enseignement et à la séparation
des Eglises et de l'Etat,que le gouver-
nement est de cœur avec la majorité,
qu'il n'a donc pas besoin de rédiger
lui-même des projets. Au point de
vue parlementaire, la méthode si chère,
à Monsieur le président du conseil ne
peut aboutir qu'au gâchis le plus com-
plet, qu'aux votes les plus contradic-
toires et les plus incohérents, qu'à des
résolutions ridicules et inapplicables.
M. Combes le sait fort bien. Mais en
n'agissant pas, il n'est pas responsa-
ble. C'est la majorité qui endosse
tout.
***
Singulier système de gouverne-
ment. Il parait bien certain pourtant
que le monopole de l'enseignement pri-
maire — je ne parle pas du monopole
appliqué à l'enseignement secondaire
et à l'enseignement supérieur que je
considérerais comme funeste aux inté-
rêts du pays et que je ne voterai ja-
mais — est le meilleur moyen, le
seul, à vrai dire, de régler les diffi-
cultés présentes, comme de faire le
mal le plus grand et le plus irrépara-
ble aux congrégations. Ce monopole,
j'en suis partisan, tous les républi-
cains le réclament. Il aurait une ma-
jorité à la Chambre et au Sénat.
On comprend à merveille que 'la
Chambre ne puisse discuter d'une ré-
forme aussi importante sans que le
gouvernement ait, au préalable, pris
des mesures nécessaires. Il faut d'abord
un plan de laïcisation, ensuite des cré-
dita pour constructions scolaires et
indemnités au personnel laïque nou-
veau qu'il faudra recruter. M. Combes
est-il disposé à préparer ce travail, à;
déposer une demande de crédits, à ap-
puyer de toute son autorité, un projet
de loi qu'il aurait signé avec le minis-
tre de l'instruction publique? Est-il
encore décidé à dissoudre tout aussi-
tôt les congrégatiens enseignantes au
torisées ?
Qu'il le dise, qu'il parle d'une façon
précise, que tout le monde sache à
quoi s'en tenir sur ces points. Les dis-
cours d'exhortation aux républicains
ont peut-être leur importance. -Pour
ma part, je leur préférerais des actes.
Nous ne pouvons pas rester- plus
longtemps dans cette situation ridicule
de gens qui ont l'air de faire beaucoup
tt qui, en réalité, n'ont à peu près rien
lait contre l'enseignement clérical. M.
Jombes a bien tort de déclarer que là
congrégation va bientôt perdre le bé-
néfice moral et les avantages de toutes
sortes qu'elle retire de l'enseignement.
Il n'ignore pas que les frères et les
sœurs autorisés donnent l'enseigne-
ment à un million d'enfants et qu'il y
aura toujours en France des écoles pri-
maires libres tant que le monopole
n'aura pas été institué.
La politique ne consiste pas unique-
ment dans l'art de bluffer. Il faut des
résultats palpables, qu'on puisse enre-
gistrer, qu'on puisse indiquer au suf-
frage universel. Nous sommes bien loin
de pouvoir faire cela. Et M. Combes le
sait tout comme nous.
***
Quant à la séparation des Eglises et
de l'Etat, on conviendra vraiment qu'en
dehors d'elle aucune mesure de ri-
;gueur ne puisse être prise et appliquée
i contre le haut clergé. Qu'est-ce qu'un
^procès en Conseil d'Etat ou même en
i correctionnelle pour un évêque ?
'Qu'esi-ce que la suppression de trai-
tement ? Nous avons déjà démontré
ici que les évêques triomphaient da-
vantage après coup. D'abord, ils ont
plus d'argent qu'il ne leur en faut,
ensuite, ils se sont donnés à peu de
frais l'apparence de gens persécutés
pour leurs croyances et pour leur re-
ligion.
Si M. Combes est décidé à faire la
rséparation des Eglises et de l'Etat,
qu'il s'exprime nettement par un beau
projet de loi. Il doit se douter au sur-
plus que la séparation a besoin d'être
précédée d'un ensemble de réformes
préparatoires : retrait de notre am-
bassadeur au Vatican, dénonciation du
Concordat, état récapitulatif des biens
consacrés au culte et qui appartien-
nent soit à l'Etat, soit aux départe-
ments, soit aux communes, etc., etc.
***
Mais tout cela paraît à M. Combes
tellement gros de conséquences qu'il a
peur des responsabilités. Vous verrez, en
'fin de compte, qu'il ne déposera aucun
projet. Il dira pour le monopole que son
ministre de l'instruction publique, par
exemple, n'en veut pas et pour la sé-
paration, qu'il va disloquer son cabinet.
Il n'y a pour lui qu'une manière d'évi-
ter de si désagréables choses, c'est de
ne rien faire du tout et de laisser sa
majorité discuter et voter dans le chaos,
sans direction d'aucune sorte, ce qui
est loin de faire du bien à la Républi-
que et aux idées républicaines.
Charles Bos.
POUR LES OUVRIERS GANTIERS
On trouvera plus loin la plainte
des ouvrières et ouvriers gan-
tiers de Niort. Ces travailleurs
se trouvent tôut particulièrement
frappés par la suppression du
gant dans l'armée. La fabrica-
tion de ce gant qui donnait du travail pen-
dant trois ou quatre mois de l'année, à
« plusieurs milliers de bras )) rien que dans;
la région Niortaise, se voit, disent les inté-i
ressés, « suoprimée par un simple caprice
ministériel ».
Nous ne sommes pas de ceux qui repro-
cheront jamais au département de la guerre
de faire des économies sur son budget ; ce
budget est, de tous, le plus écrasant ; mais
nous nous expliquons très bien les doléan-
ces des nombreux ouvriers de Niort, et nous;
'sommes surpris que l'on n'ait pas essayé,
comme cela a été fait pour d'autres corpo-
rations employées, soit par la marine, soit
par la guerre, de rendre moins brutal, par
ides mesures transitoires, le passage du tra-
ivail au chômage complet. Ici, on a coupé le
travail, du jour au lendemain, tout simple-
ment. Nous trouvons que le général André
! agit là d'une façon un peu bien vive.
C'est, au surplus, ce que fait ressortir le
.document signé par les ouvriers ; docu-
ment où nous lisons: « Si, pour des raisons
d'économie budgétaire, le travail se suppri-
me dans une corporation, il devrait y avoir
au moins compensation, permettant à ceux
dont l'existence est sacrifiée de faire faee
aux éventualités quotidiennes de la vie ou-
vrière ».
On ne saurait s'exprimer plus dignement
¡ ni plus sagement. Nous voulons espérer
que le général André fera quelque chose
pour donner satisfaction au syndicat des
gantiers de Niort : l'Etat n'est pas un par-
ticulier ; quand, par une série régulière de
commandes, il a déterminé, dans une ré-
gion, un afflux de travailleurs, il ne peut se
désintéresser, du jour au lendemain, du
sort de l'agglomération qu'il a lui-même.
i grandement contribué à former. Il faut, ré-,
pétons-le, qu'il ménage les transitions, qu'il
ne jette pas au chômage brusque, toute une
population, qu'il donne au moins à cette
population le temps de se retourner, de
; trouver ua travail autre. Nous comptons
! que le général André cherchera, trouvera
un moyen de donner satisfaction à-la re-
vendication tout à fait intéressante, da-syn-,
dicat de Niort.
——————— ——— ————————-——-
LES VICTIMES DU MASSACRE DU KONAK
; —
jDe, notre correspondant particulier)
Budapest, 16 août.
La femme et les enfants du général Zintzar
Markowitsch, qui-avait été assassiné à.coté du
roi Alexandre de Serbie, sont arrivés à îljvidék
en Hongrie. -. ;
Mme veuve Markovitsch, ses deux filles et
ses deux fils ont l'intention de fixer définitive-
ment leur domicile dans cette ville.
La famille de l'aneien président du conseil
ine touche aucune retraite, les deux demoiselles
Markovitsch chercheront de l'ouvrage- pour
avoir quelques ressources.
Les deux fils du général espèrent également
trouver un emploi, :" -.
CAUSERIE PÉDAGOGIQUE
M. Combes et M. Gasquet à Marseille
: Au congrès des « Amicales ». — Belles
promesses. — Discussion ou que-
relle. — Le grrrand discours de
M. Combes. — Le président
du conseil rétracte. -
Belles paroles. — Un
homme de cœur.
La loi Chau-
met.
Comme nous le souhaitions, au congrès des
« Amicales », les instituteurs ont fait nette-
nient comprendre au gouvernement qu'ils
étaient las des tergiversations apportées à l'a-
mélioration de leur condition matérielle et
qu'ils n'étaient plus disposés à se contenter
d éloges et de belles promesses en guise d'aug-
meotation. Il est bon de mettre en relief l'atti-
tude tout à fait significative qu'ils ont eue à
cet égard.
Les ministres et les hauts fonctionnaires qui
^eï; ont été les témoins n'ont pas dû s'y trom-
! per.
Ajoutons que le succès et l'importance du
congrès de Marseille ont naturellement donné
à ses manifestations une force et une gravité
t exceptionnelles. En outre, l'excellente tenue
des congressistes a fait ressortir la valeur des
gestes de désapprobation qui leur ont échappé
en présence de leurs hôtes.
- Les travaux du congrès
C'est pourquoi il y a lieu de se réjouir tout
spécialement en constatant que l'orage an-
noncé par la première journée un peu houleuse
a été heureusement dissipé. -
La discussion tout d'abord engagée d'une
façon trop vive menaçait de dégénérer en que-
relles de personnes et de coteries. Mais grâce
au président M. Michel, instituteur à Marseille,
les incidents ont été clos dès qu'ils se sont pro-
duits, et la marche des travaux a été conduite
avec une sûreté, une maîtrise et une verve;
auxquelles tous les congressistes ont rendu
hommage. La liberté de la tribune a été assu-
rée à tous ; les débats n'ont pas dévié, et dès
le second jour n'ont pas cessé en somme d'ê-
tre fort courtois. -
Nous examinerons plus tard ce qui y a été
dit et résolu. Aujourd'hui nous voulons sim -
plement attirer l'attention de nos lecteurs sur
la manière dont les discours de M. Combes et
de M. Gasquet ont été accueillis.
M. Combes s'est rendu à la séance de clôture
du congrès. Il y a fait son entrée avec M. Pel-
letan. Les applaudissements enthousiastes qui
ont éclaté s'adressaient autant à celui-ci qu'à
celui-là.
L'école laïque
M. Combes avait réservé son grrrand discours'
pour le banquet du lendemain. Mais il s'est
trouvé que contre son désir son discours aux
instituteurs a fait plus de bruit que son dis-
cours aux Marseillais. Peut-être est-ce parce
que celui-ci n'était, en somme, que la simple
! apologie de sa politique, tandis que le premier
a été une rétractation formelle de sa fameuse dé-
claration de foi spiritualiste faite, on s'en sou-
vient, à la Chambre, pour obtenir le vote du
budget des cultes. Autant cette déclaration,
vieille de six mois environ, avait fâcheusement
impressionné le parti républicain qui protesta
d'ailleurs éloquemment et tout de suite par la
■ voix de M. Ferdinand Buisson, autant le dis-
cours aux instituteurs a été approuvé par le
pays et frénétiquement applaudi par ceux à
qui il s'adressait.
Les éducateurs du peuple ont eu le cœur
rempli de joie en se voyant enfla conviés offi-
rciellement à prendre la direction laïque des
âmes et à considérer l'école comme le temple
modeste, mais comme le temple —du culte, —
'de la science et de la raison émancipatrices. -
- En battant des mains ils manifestaient qu'ils
pétaient heureux d'accepter la mission qui leur
fêtait publiquement confiée et que déjà depuis
longtemps ils remplissent de leur propre ini-
tiative.
Des mots!
Par contre, quand M. Combes a cru bon de
: faire appel à leur esprit de résignation en leur
annonçant que, sans doute, le relèvement de
leur condition matérielle serait lente et petite,
leur attitude s'est subitement modifiée. Très
froide, mais très digne, elle a révélé leur
déception. Ils attendaient mieux. M. Combes
'a bien essayé de leur représenter tout ce que
la République a fait antérieurement pour eux.
Il leur a dit leur situation d'il y a trente
ans. Mais eux, dans leur for intérieur, répli-
quaient au président du conseil que depuis
trente ans les autres fonctionnaires moins bien
rétribués qu'eux avaient été élevés au-dessus
d'eux et qu'ainsi leur condition a relativement
.baissé tandis que leur valeur s'est- constam-
ment accrue.
Un beau langage
Lesoir, au banquet qui termina le congrès,
leur attitude fut un moment sensiblement la
même, car sur le point qui nous occupe, ilsen-
diront à peu près le même langage. L'orateur
était alors M. Gasquet, directeur de l'enseigne-
ment primaire. Il remplaçait M. Chaumié dont
l'absence faisait jaser.
M. Gasquet ne pouvait évidemment point
exprimer son opinion personnelle.
En sa qualité d'administrateur, il pouvait
seulement exposer les intentions du gouver-
nement.
Il se tira habilement de la difficulté.
Il consentit à parler malgré le bruit qu'un
banquet trop bien servi devait nécessairement
provoquer au Champagne. Le silence ne tarda
point d'ailleurs à se faire. M. Gasquet tint un
! langage qui plut infiniment, car c'était le lan-
gage d'un esprit clair, indépendant et sédui-
sant. Les instituteurs virent tout de suite que
leur chef ne redoute ni leurs sentiments de
; vive solidarité ni même leur amour de la con-
troverse. Sans le dire expressément, M. Gas-
quet laissa entendre que le syndicat des insti-
tuteurs ne l'effrayait pas et que ce n'est pas lui
qui s'opposerait aux futurs congrès des « Ami-
cales iJ, -
Il y a. quelque chose de changé à la direction
de l'enseignement primaire. Il s'y trouve main-
tenant un homme de cœur qui est en train de
gagner l'affection de ceux qui sont placés sous
ses ordres. Il les aime ; il en sera aimé. M.
Gasquet sera un directeur populaire et écouté.
Toutefois, quand il fut obligé d'avouer que
lie projet des Amicales sur les traitements et
T avancement du personnel n'avait aucune
chance d'être adopté à l'heure actuelle, 'des
murmures s'élevèrent. Ils furent courts. Mais,
:de l'avis de tous les congressistes, ils se pro-
duiraient de nouveau et se prolongeraienLcette
fois dans les 36.000 communes do France, si le
Parlement repoussait la proposition de loi
Chaumet. C'est ce qu'il importe de retenir.
Voilà donc les députés et les sénateurs aver-
tis. Nous leur dirons, le moment venu, ce qui
;po.urràit en résulter pour eux, si, par hasard,
ils s'obstinaient à ne vouloir ni écouter ni com-
prendre les doléances de Jean Coste. - -
ARMAND DEPPER.
Aux maîtres et maîtresses des écoles primaires,
nous nous faisons un plaisir de signaler les deux
(t livrets » publiés par M. Camille Jeannol, institu-
teur à Paris. Le premier livret, intitulé « l'Educa-
teur pratique », est ua ensemble de résumés clairs
et précis sur le savoir-vivre et Fhjgiène.Le second,
« la Nature et l'Homme », est une intéressante série
; de leçons d'éducation sociale qui, d'une manière
indirecte et cependant très méthodique, peuvent
être données aux élèves sous forme de dictées^
LE SYSTÈME DES CONCESSIONS
Du voyage du Président de la République
en Angleterre ainsi que de la brillante récep-
tion faite par les parlementaires d'Outre-Man-
; che à de. nombreux députés français, il résulte
(évidemment qu'une ère nouvelle s'ouvre pour
les deux pays, ère nouvelle de rapports cor-
diaux, de relations de bon voisinage, au point
de vue commercial comme au point de vue di-
.plomatique. Nous nous en réjouissons dans ce
journal autant que personne et nous avons la
conviction que les quelques différends qui res-
tent à régler entre les deux grandes puissan-
ces coloniales du monde le seront de manière
à épargner à chacune d'elles le moindre frois-
sement d'amour-propre.
Le système des concessions françaises du
Congo a, on le sait, passionné une partie de
l'opinion britannique. Le gouvernement an-
glais reconnaîtrait-il que ses compatriotes ont
,tort, ou tout simplement, sous l'influence du
rapprochement si heureux des deux pays, vou-
drait-il témoigner de ses bonnes intentions à
'notre égard ? Toujours est-il qu'il semble ne
pas insister autrement sur sa demande primi-
tive d'arbitrage.
Non pas à propos du Congo directement,
mais à propos de la question du Maroc, nous
avons des renseignements qui confirment ce
que "nous venons de dire. Dans le langage di-
plomatique, toutefois, les mots ont une valeur
précise, qu'ils s'appliquent à une question ou à
une autre. Ainsi, pour le Maroc, divers jour-
naux britanniques ont publié une information
d'allures officieuses,et dans tous les cas qui n'a
pas été démentie, d'après laquelle le gouverne-
ment anglais verrait sans aucune peine la
France maîtresse au Maroc, à ces conditions
que le port de Tanger fût neutralisé, que la
liberté du commerce fût égale pour tous et que
nous renoncions à confier l'exploitation duter-
ritoire à des compagnies concessionnaires.
Cela signifie clairement que le droit d'accor-
der des concessions est bien l'exercice des
droits de suzeraineté et de propriété du sol et
qu'on ne renonce à ce droit quesi on l'abdique,
par avance, dans un arrangement diploma-
tique.
Nous aimons à croire que cette note n'a pas
échappé à l'attention du ministre des affaires
étrangères et que, par suite, il lui sera facile
de faire reconnaître, par le Foreing-Of-
fice, nos droits sur le territoire du Congo.
■
Le cléricalisme à l'école laïque
On a réduit, ces dernières années, par rai-
son d'économie, l'effectif des élèves des
écoles normales d'institutrices. On ne s'est
pas aperçu qu'en opérant cette réduction on
portait un grave préjudice à l'enseignement
primaire.
En ce moment, où on ferme les écoles con-
gréganistes, on a plus que jamais besoin d'ins-
titutrices ; aussi les écoles normales ne four-
nissant plus un nombre suffisant de maîtres-
ses, on doit avoir recours à des auxiliaires, et
je n'étonnerai personne en disant que ces auxi-
liaires sortent pour la plus grande partie des
couvents.
Cela vaut bien la peine de décider de ne con -
fier l'éducation des enfants qu'à des maîtresses
capables et imbues de l'esprit démocratique si,
eu réalité, on est obligé de demander le con-
cours de jeunes institutrices animées de l'es-
prit clérical, à peine échappées de l'institution
religieuse, où elles ont reçu sur l'histoire et
sur la philosophie des notions tout à fait er-
ronées.
L'incohérence d'une pareille situation saute
aux yeux. Tandis-que le législateur ordonne la
dissolution des congrégations de femmes, on va
chercher, pour les placer comme maîtresses
dans les écoles laïques, les élèves de ces mê-
mes congrégations. On ordonne la fermeture
des écoles congréganistes et on donne aux en-
fants des écoles laïques comme institutrices les
élèves de ces mêmes écoles congréganistes.
Le danger qui se trouvait à l'école des sœurs
change de place, il se transporte à l'école laï-
que, et les enfants y reçoivent, avec la garantie
du gouvernement, le même enseignement per-
nicieux. Il serait peut-être temps de mettre fin
à cet état de choses. — A.
LA MARINE ANGLAISE
(De notre correspondant particulier)
Londres. 16 août.
L'Amirauté a pris possession des nouvelles
casernes qu'on vient de construire pour les
Groupes de la marine à Portsmouth. Ces ca-
sernes sont peut-être les plus vastes qu'il y ait
dans le monde entier.
Une particularité mérite d'être signalée :
dans les chambrées il n'y a pas de lits mais des
hamacs suspendus au plafond.
Mécontentement des officiers allemands
fe notre correspondant particulier)
Berlin, 16 août.
Le mécontentement dans le corps des offi-
ciers allemands devient de plus en plus grand,
à cause des nombreux cas de népotisme et des
faveurs spéciales qu'on accorde aux gens riches.
Les officiers les plus capables sont cassés aux
gages du jour au lendemain, s'ils n'ont pas le
moyen de déployer le même luxe que leurs ca-
marades riches. C'est ainsi qu'un colonel n'a
pas pu recruter d'enseignes de drapeau (sta-
giaires destinés à devenir lieutenants),de hauts
militaires ayant déclaré qu'ils choisissent pour
leurs fils n'importe quelle carrière, sauf celle
des armes. On envisage déjà l'éventualité d'un
changement de mode de recru temenî des offi-
:ciers.
INTRIGUES CONTRE LE CHANCELIER ALLEMAND
(De notre correspondant particulier)
Berlin, 16 août.
Contrairement à ce qu'on a supposé, le con-
seil de la couronne ne sera pas immédiatement
suivi d'une crise ministérielle. Mais, en at-
tendant, une puissante coterie continue à saper
la position du chancelier, M. de Bûlow.
L'homme désigné pour entrer dans la Wil-
helms, n'est autre que M. Witting, ancien pré-
sident de Posen, actuellement directeur de la
Banque Nationale à Berlin. M. Witting avait
dû quitter son poste de Posen, grâce à une sorte
de Maffia qui s'est formée dans la noblesse
allemande do la Prusse orientale et qui est très
puissante. M. Witting tient à prendre sa re-
vanche et inspire une campagne de presse.
Il est soutenu surtout par la petite coterie
« libérale» de la cour de Berlin, mais il a su
rallier aussi autour de lui quelques bis-
marckiens très influents qui se proposent de
faire revivre les traditions du premier chan-
celier.
LA POSTE A PARIS (1)
Facteurs et télégraphistes. — La re-
mise des « petits bleus ». — Habitude
et tradition. — Le facteur rural
et le fermier qui ne sait pas
lire. — Une singulière
précaution.
Les facteurs, des postes, à Paris, de même
qu'en province du reste, ne doivent pas mon-
ter dans les maisons pour les lettres ordinaires
et les journaux, afin d'éviter des retards et de
ne pas allonger indéfiniment les distributions.
Cependant, les facteurs des télégraphes nous
portent bien nos petits bl-eus chez nous, dans
notre appartement, et pour eux on ne fait au-
cune différence, on ne classe pas les dépêches
par catégories ou par nombre d'étages,
Que le petit bleu soit urgent ou banal, qu'il
s'agisse d'une affaire importante ou d'une de-
mande d'argent, que vous demeuriez au pre-
mier ou au sixième étage, le petit facteur monte
chez vous et frappe à votre porte. Il n'y a pour-
tant plus depuis longtemps de reçu à signer,
et l'usage du télégraphe, assez restreint et cher
autrefois, ce qui expliquait dans une certaine
mesure les précautions pour la remise, est au-
jourd'hui entré dans nos mœurs autant que
celui de la poste.
Eh bien, que l'administration essaie d'appli-
,quer aux bleus la règle en pratique pour les
lettres ; qu'elle dispose que désormais, lorsqu'il
n'y aura rien à signer, les télégrammes, comme
les lettres et les journaux, seront simplement
remis chez les concierges, afin de ne pas impo-
ser des ascensions fatigantes aux facteurs et
leur permettre d'abréger leurs courses.
C'en serait un toile dans la population!, ri-
sîenne ! Une révolution ne produirait pas une
émotion pareille ! Comment ! faire remettre
chez le concierge une invitation à dîner, un
billet de théâtre pour le soir même, le renvoi
ou la fixation d'un rendez vous 1
Y pense-t-on ? Mais si le concierge avait un
moment d'oubli ; s'il ne portait pas immédia-
tement le bleu à son locataire, s'il le laissait
traîner dans sa loge, s'il l'égarait ! La vie de
Paris deviendrait impossible ; il n'y aurait
plus de relations sûres, les affaires ne se fe-
rraient plus, la galanterie péricliterait.
Vrai, une semblable mesure, à supposer
d'abord qu'elle pût être prise, avec l'esprit ac-
tuel de la population, ne tiendrait pas deux
jours et l'administrateur qui en aurait eu l'ini-
tiative, s'il n'était emporté aussitôt par une
interpellation à la Chambre, tomberait bien
vite sous la poussée de l'opinion publique.
La force de l'habitude
Comme c'est bien là la force de l'habitude,
de la tradition, et comme cette indignation gé-
nérale, cette protestation universelle contre la
suppression d'un avantage auquel nous som-
;mes accoutumés et que personne, d'ailleurs,
ine songe à nous enlever, démontrent bien
cette faiblesse résignée et passive de l'esprit
et du cœur humains. Nous subissons avec pa-
tience et résignation les abus les plus criants,
nous ne réclamons plus, contre eux, unique-
ment parce qu'ils durent depuis longtemps.
Cependant, il me semble qu'il existe une
.différence entre une invitation à diner par pe-
'tit bleu et une lettre de votre correspondant à
; Marseille. entre un billet de théâtre et une let-
tre vous apportant des nouvelles de votre fils,
do votre père, de vos parents ou de vos amis
,vivant au loin, entre un rendez-vous et la let-
tre où se trouve le mandat pour payer votre
loyer ou un billet échu.
Je ne veux pas dire, loin de là, que les télé-
grammes n'ont aucune importance et que l'on
doive les faire passer après les lettres. Nulle-
ment; ij y a des bleus dont le retard ou la
perte occasionneraient des ruines tout comme
il y a des lettres qu'on aurait quelquefois
avantage à ne pas recevoir.
Je souligne seulement cette espèce d'indiffé-
rence de la population pour le bon fonctionne-
ment d'un service public dans lequel sont en-
gagés les intérêts les plus sérieux, les plus
considérables du pays, alors qu'elle se montre
si. jalouse, si pointilleuse (et je la félicite d'ail-
leurs de sa susceptibilité) au sujet d'une préro-
gative que sa conduite vis-à-vis de la poste
justifie peu.
o En effet, quelle que soit l'importance de cer-
tains télégrammes, il est bien certain qu'il n'y
a pas de comparaison à établir entre les inté-
rêts représentés par la poste et ceux du télé-
graphe.
Ce qu'il y a aussi, pour ceux qui connais-
sent la rigueur, l'inflexibilité et aussi l'intelli-
gence des règlements postaux, de particulière-
ment extraordinaire, c'est cette facilité, cette
condescendance, cette ôonasserie avec lesquelles
l'Administration laisse exécuter son service et
,sMs facteurs se débarrasser aussi légèrement dé
leurs correspondances.
Le motif d'un abonnement
Elle n'est pas toujours aussi commode. Une
petite anecdote à ce sujet. Partout le service
des facteurs est pénible, mais dans certains dé-
partements les tournées sont particulièrement
longues et difficiles. Il y a de ces tournées qui
dépassent 25 et 30 kilomètres.
J'ai connu un de ces facteurs dont la tournée
moyenne était de 25 à 26 kil. Il avait, dans sa
circonscription, une ferme isolée, éloignée de
tout centre d'habitation et pour laquelle il
n'avait, me disait-il, heureusement presque ja-
mais de lettres. Chaque fois, bien rarement, il
est vrai, qu'il y en avait une, il était obligé do
faire un long détour et sa tournée augmentait
ce jour là de quatre kilomètres, deux à l'aller,
deux au retour.
Or, voici qu'un jour ce fermier s'abonne à
un journal quotidien.
— En voilà une idée, dit le facteur, de s'a-
bonner à un journal 1 Ce fermier ne sait même
pas lire, puisque c'est moi qui lui lis les rares
lettres que je lui porte.
Aussi, sans trop s'émouvoir, le facteur se
contenta de remettre les journaux au village,
avec prière à un habitant, lorsqu'il aurait une
occasion, de les faire parvenir.
Au bout de quelques jours, réclamations de
l'abonné qui ne recevait pas son journal ; des
observations furent faites, mais le facteur qui
savait que le journal ne servait à rien, le des-
tinataire ne sachant pas lire et croyant à une
méchanceté, n'en tint pas compte et continua à
faire remettre le journal par des tiers.
Nouvelles réclamations plus vives que les
premières. Un inspecteur fut envoyé sur les
lieux.
— Mais, dit-il au réclamant, toutes les fois que
vous avez des lettres, on vous les apporte. Le fac-
teur affirme que vous ne savez pas lire et quo c'est
par méchanceté que vous voulez lui imposer qua-
tre kilomètres de plus chaque jour.
— Je ne sais pas lire, c'est vrai, répondit l'autre.
Mais si je me suis abonné, ce n'est point par mé;
chaneeté. J'liabite une ferme isolée, loin de toute
autre habitation ; le pays est désert et j'ai- entendu
dire que je me trouvais dans d'excellentes condi-
tions pour tenter de mauvais garnements. Au con-
traire, quand on saura que le facteur vient tous
les jours,ce sera pour moi une sauvegarde. Et c'est
pour ce motif que je me suis abonné.
L'inspecteur ordonna au facteur de porter
tous les jours le journal.
L'administration s'était montrée rigide ob-
servatrice des règlements. Nous ne demandons
pas, à Paris, qu'elle fasse exécuter ses règle-
(l) Voir les numéros des 21, 29 juillet et 3 août.
f ments de façon aussi sévère et aussi rigOUNll"
se. TVous ôo m prenons ce qu'il y aurait do cruel
à obliger un pauvre facteur à monter cinq 6ta.
ges pour un unique journal.
Nous ne demandons même pas, au point de
v ue du service, l'assimilation do la poste au
télégraphe. Nos prétentions ne vont pas st,
haut. — L. FoasalL
--, - -
AFFREUX ACCIDENT
Pendant la fête. — Deux noyés
(De notre correspondant particulier)-
Ouistreham (Calvados), 16 août.
Pendant que la fête locale battait son plan,.
dans le pays, vers 4 h. ce soir, une jeune fillo
de Paris, qui villégiaturait ici, Mlle Parisis.
voulut prendre un bain, bien que la mer fût
grosse. Quoique la jeune fille fût excellente,
nageuse, elle fut entrainée par le courant. Un
courageux jeune homme, le neveu de M. Jac-
quier, l'ancien directeur de Ba-ta-clan,sejeta h
l'eau pour porter secours à la jeune impru
dente. Tous ses efforts furent vains : il dispa..
rut à son tour sous les flots.
Après de longs efforts, on parvint à retirer da
la mer les deux corps. Tous les soins furent
impuissants à ranimer les deux victimes de ce&f
affreux accident. En signe de deuil, les fêtes onfrî
été suspendues dans le pays.
TROUBLES DANS
L'AFRIQUE ORIENTALE ALLEMANDE;
(De notre correspondant particulier)
Zanzibar, 16 août. ,
A Rouguica, dans l'Afrique Orientale aIle.;;
man.de, les indigènes ont massacré 13 ouvriers)
de l'équipe du capitaine anglais, M. Harman. ;
Le lieutenant von Stuemer, préfet impérial'
allemand de Boucoba, a envoyé un dftache. J
ment, de troupes sur place. On craint un soulà*/
vement des indigènes.
---. v - -- --.
LA SANTÉ DE LORD SALISBURY
Londres, 16 aoü"- >
Les informations données par les journaux;
anglais et les agences sur la santé de lord Sa -
lisbury sont contradictoires. Les unes affir-,
ment que l'état de l'ancien premier ministre
s'est légèrement amélioré. Les autres au con-f
traire parlent d'une faiblesse de plus en pluar
grande.
Le roi Edouard VII se fait donner régulière-
ment des nouvelles. Un autre fils de lord Sa-,
lisbury. lord William Cecil, curé anglican da.
Hatfield, est arrivé au château, revenant daf
France.
Voir à la 3" page
les Dernières Dépéohe
de la nuit
et la Revae des Jottfnaus:
du naatin
L'INSURRECTION EN MACÉDOINE
Saint-Pétersbourg, 16 aoùt.
D'après un compte rendu télégraphique
fourni par le consulat russe de Monastir sur let]
procès des meurtriers du consul Rostkowsky,
procès dans lequel le chargé d'affaires du con-,
sulat a rempli la fonction de ministère public..
il a été établi par les débats que M. Rostkowskyo
n'avait pas tiré sur le gendarme Halim ni con-
tre le poste de garde et qu'il n'avait molestâ
personne.
Le chargé d'affaires a formulé un seul chef :
d'accusation. La sentence porte condamnation i
à mort opntre les gendarmes Halim et Abbas, j
condamnation à 15 et 5 années de travaux for- 1
cés contre le gendarme Semil et le lampiste;
Tewek, pour faux témoignage ; elle prononçai
rexpulsidn.àe*ràrmée des officiers Ismaïl et,
Salich, pour outrages au défunt.
La sentence a reçu son exécution aussitôt qua.
le chargé d'affaires du consulat russe l'a eue*
signée. Le chef de bataillon de gendarmeries
Uconastic, chef de la gendarmerie du vilaye
de Monastir, et le capitaine Halim ont immé-
diatement été relevés de leurs fonctions.
Le tribunal a ordonné des recherches en vue-
de découvrir les personnes qui, d'un bâtiment
militaire, ont tiré sur la voiture du consul.
Sofia, 16 aodt.
Comme suite à sa note du 16 juin réfutant
les accusations qui étaient portées contre laf
Bulgarie et qui tendaient à la rendre responr,
sable des troubles de Macédoine, le gouverne
ment bulgare a remis aux puissances un Mà
moire exposant en détail les faits de l'insur-v
rection en Macédoine.
Berlin, 16 août.
On télégraphie de Constantinople, 15 aoûtt
« Dans la nuit d'hier, entre Selenikovo et
Koprili, sur la ligne d'Uskub à Salonique, un
train militaire a été légèrement atteint par l'ex-t
plosion d'une bombe de dynamite placée su
les rails. Un soldat a été tué, et plusieurs
blessés.
« A Koprili, sur le pont du Vardar, deuiq
sacs de dynamite ont été trouvés attachés aux
rails du chemin de fer. »
Salonique, 16 août.
Un train de voyageurs parti ce matin de Sa-
lonique a déraillé près de la station d'Ama
tovo.
Quelques personnes ont été blessées légè-
rement; les dégâts matériels sont impor-
tants.
La cause du déraillement est inconnue.
TRAGIQUES ÉVÉNEMENTS
Deux crimes, neuf empoisonnements
Moscou, 16 août.
La petite ville de Lomja vient d'être révo
lutionnée par de-tragiques événements.
Simultanément, deux crim3s ont été commisr
et neuf personnes empoisonnées dans des cir-
constances qui restent mystérieuses. ,
Deux enfants âgés de 7 et 9 ans ont été en-I
traînés hors de la ville par @ un inconnu, et l'un.
d'eux vient d'être retrouvé assassiné dans lai
forêt voisine. On n'a pu découvrir encore son
jeune camarade.
D'autre part, neuf personnes ont trouvé la
mort, le même jour, dans une boulangerie do
la ville où elles travaillaient. On suppose qu'el-
les ont été accidentellement empoisonnées.
♦ *
UN HARDI NAVIGATEUR
Les journaux russes rapportent l'exploit que
vient d'accomplir Siméon Strabrovsky, un
vaillant pêcheur russe dont la modeste embarli
cation à voiles a, ces jours derniers, jeté 1'8n
cre dans le port de Constantza.
Siméon Stabrovsky, né à Odessa, a acco'"j
pli le remarquable exploit maritime de partl
tout seul d'Odessa dans une barque de consi
tiuction plutôt rudimentaire et de traverser lflfc
mer Noire jusqu à CODstantmople. De là H're-'
tourne à son point de départ par Constantza e\
Soulina.
La partie la plus rude du voyage est déjà
accomplie. En rentrant à Odessa, -
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