Titre : Le XIXe siècle : journal quotidien politique et littéraire / directeur-rédacteur en chef : Gustave Chadeuil
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1903-07-21
Contributeur : Chadeuil, Gustave (1821-1896). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 21 juillet 1903 21 juillet 1903
Description : 1903/07/21 (N12184). 1903/07/21 (N12184).
Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-199
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 20/06/2013
CINQ. CENTIMES le Numéro.
PARIS & DÉPARTEMENTS
Le Numéro CINQ CENTIMES
LE XIX SIECLE
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L ———————
NOS LEADERS
POUR LE TABAC
Cruel Blondeau, qui vient de souf-
fler sur l'illusion douce en laquelle,
pendant deux jours, j'ai vécu !. Vous
avez lu la note qu'il a publiée, hier,
dans ses « Tribunaux » du Rappel :
— « C'est à tort que plusieurs de nos
confrères ont annoncé que la 8e cham-
bre correctionnelle venait de déclarer
que le fait de fumer dans un omnibus
ne constitue pas un délit. »
Et moi qui, sur la foi de l'informa-
tion colportée par les confrères dont
s'agit, n'attendais que l'occasion de
monter en omnibus pour y allumer
une « sibiche » triomphale ! Comme on
fait bien de tourner sept fois sa ciga-
rette entre ses lèvres avant d'y mettre
le feu !
Mais relisons, s'il vous plaît, jusqu'au
bout, la rectification rédigée par notre
excellent Blondeau :
La décision de la 8' chambre s'applique aux
tramways Nogentais et aux tramways de péné-
tration qui ne sont assimilés ni aux chemins
de fer. ni aux omnibus et tramways circulant
dans Paris, lesquels sont soumis aux lois et or-
donnances de police qui défendent d'y fumer,
tandis que les îramways de pénétration no
peuvent êtr/,teints par les aiêmes ordonnan-
ces;
A 'iâ bonne heure! voila qui est très
clair. Et il ne nous reste qu'à nous ex-
tasier une fois de plus sur les beautés
spéciales de la réglementation dont les
mailles nous enserrent de toutes parts
et gênent si considérablement nos al-
lées et venues.
***
Regardons d'un peu près, voulez-
vous.
Ainsi, voici des tramways où il est
désormais, en vertu du jugement de
la 8e chambre, licite de fumer, et d'au-
tres où cela continue à être formelle-
ment interdit.
Pourtant, si vous examinez ces tram-
ways, ils vous paraîtront tout à fait
semblables les uns aux autres. Les
tramways dits : de pénétration sont
à traction électrique, mais il y a nom-
bre de tramways « circulant dans Pa-
ris », pourvus de la traction électrique;
et loasqu'ils sont en-deça des fortifica-
tions, les tramways de pénétration
« circulent dans Paris » tout comme
leurs congénères qui ne dépassent point
les barrières. Les uns et les autres
servent au transport en commun des
voyageurs des deux sexes et de tout
âge; ils sont pareils.
La logique voudrait donc que le
même régime leur fût appliqué. Mais
si vous cherchez de la logique en ma-
tière de réglementation, vous êtes,
permettez-moi de vous le dire, fichus.
La vérité est que les tramways de
pénétration bénéficient simplement de
leur jeunesse relative ; qu'on n'a pas
pu les englober — puisqu'ils n'exis-
taient pas encore — dans les règle-
ments et ordonnances qui interdisent
de fumer dans l'intérieur des omnibus
et tramways ordinaires ; et qu'ainsi:
Ils jouissent d'avantages et d'immuni-
tés dont leurs aînés sont privés.
Et le jugement de la 8° chambre est
Intéressant' et c'est pourquoi j'en
parle — en ce qu'il fait apprécier le
caractère suranné des règlements et
ordonnances en question ; en cè que,
à proprement parler, il les frappe vir-
tuellement de caducité.
Nous voici, dès à présent, armés
pour réclamer le retrait des ordonnan-
ces et règlements oppresseurs qui in-
terdisent de fumer dans les omnibus.
Et c'est ce que nous faisons ici.
Le tabac, je l'ai déjà écrit à cette
même place, est un grand calomnié;
je le considère comme un désinfectant
salutaire el,¡. ce point de vue,je prends
sa défense. -
Je ne serai évidemment contredit
par personne si j'avoue qu'en omnibus,
en général, ça ne sent pas bon.
La ventilation ne pouvant être obte-
nue que par un violent courant d'air,
il s'ensuit que les glaces sont presque
continuellement levées. Or, parmi les
voyageurs, il y a, souvent, des gens
dont la transpiration est violemment
odorante ; il y en a d'autres qui ont reçu
la pluie et dont les vêtements et les
souliers mouilles exhalent des sen-
teurs plutôt fortes ; il y en a qui intro-
duisent avec eux des bouquets dont il
serait peut-être agréable de respirer
les suavités en plein air, mais qui,
dans cet espace restreint, sont intolé-
rables ; il y a aussi les dames qui mé-
ditent vraiment le nom de « cépha-
lalgies ambulantes » tant elles sont
imbibées de parfums (?), si abusifs
qu'on ne saurait demeurer plus de
cinq minutes auprès d'elles sans être
empoigné par le mai de tête.
Dites s'il n'est pas vraiment absurde
que nous ne puissions, nous, fumeurs,
nous défendre contre tout cela au
moyen de l'odeur saine et hygiénique
du tabac.
.**'
Remarquez que les lois, ordonnances,
décrets, règlements, que sais-je? aux-
quels il vient d'être fait allusion, ont
dû déjà fléchir sous la poussée des
mœurs, si j'ose m'exprimer ainsi. Sur
les lignes ferrées, indépendamment des
compartiments réservés aux femmes, le
tabac est toléré partout, sauf le cas où
des voyageurs y mettent opposition. Et
le nombre de ceux-ci est devenu si res-
treint, qu'il a été proposé de réserver,
à l'inverse de ce qui existe, des bouts
de wagon pour « non-fumeurs ».
Déjà — cela remonte pourtant assez
loin — la Renée Mauperin des Gon-
court s'étonnait que l'on pût encore
rencontrer des « compartiments 'pgur
fumeurs ». Il y a, assurément, à
l'heure où nous sommes, peu de fem-
mes assez mal élevées pour interdire
aux hommes qui se trouvent dans
leur société le puissant adjuvant du
tabac. De sorte que l'on se demande en
vérité, pourquoi et pour qui subsiste
cette absurde interdiction de fumer.
Puisse le jugement de la Se chambre
être le point de départ d'une campa-
gne qui aboutira à la suppression de
tous ces règlements bêtes qui gênent
les fumeurs. Seuls pourront s'en plain-
dre les membres de la Société contre
l'abus du tabac. Mais je les trouve en-
core de réussis cocos, ceux-là. L'abus
du tabac!. Dénichez-moi donc, espè-
ces de prohibiteurs enragés que vous
êtes, une seule chose dont il soit pos-
sible de faire abus sans danger. Sera-
ce le travail ? Sera-ce l'amour ?. Al-
lons donc! La vérité est que la machine
humaine est ainsi faite qu'elle ne peut
impunément abuser de rien - pas
même de. la réglementation.
Lucien Victor-Meunier.
—— —— ———————————
Le Concordat de la Polie. des mœurs
Donc, le gouvernement admet
que le régimedesmœurs a besoin
d'être profondément modifié. On
reconnaît que les honnêtes fem-
mes ne peuvent plus être livrées
à l'arbitraire et à la brutalité
d'une police spéciale, fameuse par ses er-
reurs et par ses fautes. On accorde que les
malheureuses réduites par la misère à la
prostitution ne doivent plus être traquées
comme des criminelles.,
Ce n'est pas que l'idée abolitionniste ait
eu raison de tous les scrupules de M. Com-
bes. Et le rapport adressé par le chef du
cabinet au Président de la République nous
montre qu'il s'agit moins de supprimer
toute réglementation que de remplacer les
mesures préventives actuelles par d'autres
mesures moins rudes, moins choquantes,
pour les esprits libres et sensés.
M. Combes ne cache pas que c'est dans
ce sens qu'il aimerait à voir la commission
extraparlementaire, constituée par décret,
diriger ses travaux.
« Passer brusquement de la réglementation
séculaire à un régime de pleine liberté, ap-
paraît, jusqu'à plus ample infoimé, au mi-
nistre de l'Intérieur, comme une expérience
pleine de dangers et susceptible de troubler
profondément les populations urbaines qui
n'y sont uullement préparées. )) Bref, en-
tourer de certaines précautions la formalité
de l'inscription des filles publiques sur les
registres des mœurs ; abolir les interdic-
tions surannées ou inutilement vexatoires ;
rejeter la répression administrative pra-
tiquée par l'autorité de police, attende que'
seuls les tribunaux peuvent édicter des,
peines ; telles seraient les grandes lignes de
la réforme voulue par M, Combes.
Le président du conseil doit sentir
qu'une grave objection de principe lui sera
faite; la réglementation annoncée, même
moins odieuse que le régime actuel, sera
évidemment contraire aux Droits de l'Hom-
me.
Est-il sage d'introduLe l'arbitraire dans
la loi?
Car le législateur français n'a jamais sta-
tué sur la question ; la police des mœurs
existe en dépit de la loi ; elle constitue une
violation de la loi à laquelle le ministre de
l'intérieur a le droit, le pouvoir et le devoir
de mettre un terme. >
La Chambre acceptera-t-elle de sanction-
ner les abus anciens et de donner son ap-
probation aux abus futurs ? Ce serait orga-
niser, en quelque sorte, le Concordat de la
police des mœurs. Il y a de quoi réfléchir.
Mais, peut-être M. Combes pense-t-il
que la réforme du régimedes mœurs pour-
rait être opérée sans intervention du légis-
lateur ? Alors, je ne discuterais plus : l'ar-
bitraire n'a jamais été amélioré par l'arbi-
traire ; il y a certainement autre chose à
faire qu'à couvrir un règlement illégal de
l'autorité d'un décret inconstitutionnel. La
commission extraparlementaire n'aura pas
tort de statuer, dès ses premières séances,
sur ces questions préjudicielles Ch B.
-———————————- .————————————
UNE LOCOMOTIVE DE ROUTE
POUR L'ARMÉE ALLEMANDE
(De notre correspondant particulier)
Magdebourg, 19 juillet.
Deux officiers et six hommes des troupes de
transport à Berlin, font sur les routes des en-
virons de Magdebourg des expériences avec
une locomotive de routé d'un nouveau sys-
tème. Chacune peut prendre une charge de
5.000 kilogrammes.
Les courses d'essais terminées, la locomotive
avec son train partira pour le polygone de Iue-
içrbog en prenant la chaussée de Gœrzk^, x
CAUSERIE PEDAGOGIQUE
La Fête Nationale
La valeur éducative du 14 Juillet. —
Commémoration patriotique ou Ker-
messe foraine. — Les grandes jour-
nées de la Révolution. — Fêtes
politiques. — Parades militaires
et conférences démocratiques
- Le rôle des instituteurs,
- L'éducation du peuple.
La fête nationale a été célébrée la semaine
dernière avec la gaîté qu'elle a l'habitude de
provoquer. Autrement dit, la France a été.
grandement divertie le 14 juillet, par je ne sais
combien de retraites aux flambeaux, de re-
vues, de concerts, de représentations dramati-
ques, de bals champêtres et de feux d'artifices.
Ces réjouissances ressemblent assez, il faut
en convenir, à celles d'une kermesse. Elles font
la joie des enfants et des familles. Mais où est
leur valeur éducative ? Vous la chercheriez en
vain.
La fête nationale est devenue une fête comme
une autre, et c'est ce qu'on peut lui reprocher.
Durant les trois ou quatre années qui ont suivi
son institution, elle avait vraiment une haute
signification : c'était la fête de la Révolution,
une véritable fête républicaine. Pavoiser, illu-
miner sa fenêtre, c'était manifester son opi-
nion. Les républicains décoraient done leurs
demeures et leurs rues avec un entrain qui n'a
été conservé que dans, les quartiers populaires
où les traditions gardent toujours une grande
force. Maintenant on arbore les drapeaux, on
allume les lampions bien moins pour afficher
ses sentiments que pour obéir à la coutume.
Ce sont surtout les édifices publics qui main-
tiennent l'éclat de la fête.
L'approche du 14 juillet ne fait plus battre
les cœurs, n'enfièvre plus les cerveaux comme
quand on le glorifiait, il y a vingt ans en
pensant aux ancêtres héroïques,aux vainqueurs
de la Bastille.
Le jour de gloire
Le 14 juillet n'est plus une commémoration
patriotique ; c'est simplement un jour d'amu-
sement général.
Et ce jour revient tous les ans avec une ré-
gularité fatigante, alors qu'il serait très facile
et très utile de le faire varier.
Pour célébrer la Révolution, le choix peut,
en effet, s'exercer sur plus de vingt dates. Au.
lieu de s'en tenir à l'unique souvenir de la,
prise de la Bastille, il serait possible et intéres-
sant de faire revivre à tour de rôle les journées
fameuses qui ont marqué le triomphe des idées
démocratiques et la naissance de l'ère contem-
poraine.
Par exemple, on fêterait l'anniversaire de la
convocation des Etats-Généraux, puis celui de
leur réunion. Ensuite viendrait le serment du
Jeu de Paume, et après le 14 juillet, la nuit du
4 août, puis le 5 octobre, jour où la Déclaration
des droits de l'homme et du citoyen fut impo
sée à l'ancienne monarchie.
- Chaque réforme fondamentale opérée dans
l'organisation eociale par la Constituante ou
par la Convention se verrait consacrer un
jour dans l'existence d'une génération d'hom-
mes.
De même, l'anniversaire de la bataille de
Valmy, qui a sauvé la Révolution et préservé
la France de l'invasion.- -
L'énumération serait longue si nous rappe-
lions tous les événements révolutionnaires di-
gnes d'être l'objet d'une fête nationale.
L'imprévu d'une fête mobile -
Mais — et c'est là le point, important — si
tous les ans cette fête était mobile, elle excite-
rait un enthousiasme d'autant plus vif qu'il
aurait quelque chose d'imprévu.
A vrai dire, on se préparerait à la célébra-
tion quelque temps à l'avance, et le succès se-
rait assuré par l'entrain de chacun.
Ce serait une fête, franchement politique et
nationale, qui ne ressemblerait pas aux fêtes
périodiques et routinières.
Ce ne serait pas non plus une fête foraine.
Ce serait,au contraire, une fête essentiellement
instructive et éducative qui consisterait moins
à faire parader les militaires, à faire parler la.
poudre et jouer les fanfares qu'à rassembler les
citoyens et les citoyennes, dans une salle de
conférence, en vue de leur faire eh détail le
récit de la journée en mémoire de laquelle la
fête aurait lieu. - -
Ainsi a-t-il été fait d'ailleurs pendant plu- :
sieurs années pour le 14 juillet aussitôt après;
que cette date eût été adoptée pour la fête na-'
tionale. Seulement on a craint — non sans rai- ;
son — de voir le peuple se lasser d'aller onten- ,
dre régulièrement chaque année une confé-
rence sur le même sujet. On a mis fin à cet
usage excellent.
L'instituteur conférencier
Il serait bon de le ressusciter.
Il-renaitrait de lui-même on peut en être per-
suadé.
S'il s'agissait de célébrer tous les ans une
fête nouvelle. Les conférences ne manqueraient
pas d'être fréquentées car se faisant suite l'une
à l'autre elles remettraient au jour l'histoire si
passionnante de la Révolution tout entière. @
Les conférenciers ne feraient pas défaut. Il
y a aujourd'hui un conférencier dans chaque
commune, et c'est l'instituteur auquel presque
partout les œuvres postcolaires,ont donné l'ha-
bitude plus ou moins grande de la-p-arole.
Dans les villes il y a les professeurs de collège,
de lycées ou de facultés. Et nous ne parlons ni
des avocats ni des publicistes républicains qui
seraient heureux de prêter leur talent à cette
occasion.
Ces conférences annuelles sur la Révolution
pourraient, d'ailleurs, fort bien être faites à
propos du 14 Juillet. C'est une entreprise à-ten-
ter et relativement "facile à faire réussir. Il
suffit d'y apporter un ferme esprit de suite. Les
municipalités qui en prendraient l'initiative
ajouteraient au programme de la fête nationale
un numéro sensiblement supérieur à tous ceux
qui y figurent d'ordinaire.
On parle souvent dé faire contribuer les fêtes
à l'éducation des enfants et du peuple.Sans con-
tredit, la plus puissante des fêtes, à cet effet, à
cause des souvenirs et des sentiments qu'elle
est capable d'éveiller, c'est -la fête Jnationsle.
Mais il semble qu'on s'empresse partout.de l'ou-
blier quand on l'organise. -
ARMAND DEPPER.
■] — ——— M
CRISE MINISTERIELLE EN ESPAGRr
Madrid, 19 juillet.
Après avoir 'étudié les crédits de la marine,
tous les ministres ont cru devoir donner leur
démission à M. Silvela. -,-
Le président du Conseil s'est rendu aussitôt
au Palais-Royal pour présenter au roi la dé-
mission de tout le cabinet.
La Chambre et le Sénat ont suspendu leurs
séances en vertu d'une communication du gou-
vernement annonçant qu'une crise manisté-
rielle est ouverte.
Le roi a offert à M. Silvela la missiontle for-
mer le nouveau cabinet, mais M. Silvela a re-
fusé. - ,.-
M. Villaverde. président de la Chambre des
léputés, a été appelé au Palais-Royal. -
Madrid, 19 juillet.
- M. Villaverde, qui a açcepté la mission de
confluer on ministère est sllé au palais ren-
dre compte au roi du résultat de ses démarches
et de ses pourparlers on vue de la formation
du nouveau cabinet, n a déclaré qu'il aurait
complété la liste des nouveaux ministres cette
après-midi ou ce soir.
ÉLECTION LÉGISLATIVE
Arrondissement de Sceaux
(Première circonscription)
Inscrits : 18.355 — Votants : 13.602
MM. Deloncle, radical-socialisto.. 4.546
Hémard, nationaliste. 6.381
Faberot, socialiste 1.597
Combet, socialiste. 595
Il y a ballottage
L'élection, au second tour, dépend, on le
voit, des deux candidats socialistes. Nous ne
doutons pas un instant qu'ils ne soient prêts à
faire leur devoir, qui est, en se retirant, de re-
porter leurs voix sur le citoyen Deloncle, can-
didat désigné au premier tour par le suffrage
universel.
PEINTS PAR EUX-MÊMES
Il est vraiment très intéressant, le petit livre
de M. Chaine, et ceux-là mêmes auquel il n'est
pas destiné le liront avec fruit et en tireront le
plus grand profit.
On n'en a point vu trace dans les journaux
cléricaux et pour cause, M. Chaîne, je le disais
hier, autrefois glorifié est aujourd'hui suspect.
Il est devenu un traître, en attendant l'excom -
munication prochaine, OIt ourdit contre lui la
conspiration du silence.
C'est que, recherchant les raisons des « dif-
ficultés actuelles » des catholiques français il
les a trouvées dans leurs propres fautes. Et il
ne s'est pas gêné pour dire ce qu'il pensait.
C'est ainsi que M. Chaine constate, en excel-
lents termes, qu'il y a « des doctrines de haine,
des fléaux intellectuels, des préjugés ridicules
ou dégradants, des superstitions, des pusilla-
nimités qui végètent en parasites et en enne-
mis à l'ombre de l'idée religieuse ».
Et, parlant de l'esprit d'égalité dans l'église,
il dit :
Alors qu'on voit fréquemment certaines da-
mes d'œuvres occuper à elles seules deux chaises
et quelquefois trois (pourquoi pas une chaise
longue ?) afin de réciter plus confortablement leurs
patenôtres, il n'est pas rare d'apercevoir debout
derriéçp les piliers de pauvres femmes mal vêtués
cherchant à faire excuser leur présence, où des
pauvresses en loques accroupies derrière les béni-
tiers ou sous les porches.
Cette façon de transformer le temple du Sei-
gneur en salon bourgeois où les gens n'approchent
du maître qu'en raison de leur importance sociale,
de leur situation dans les « affaires » s'aggravent
eucore dans certaines églises de grandes villes par
le soin avec lequel les bedeaux bien nourris font
la chasse aux malheureux à l'aspect minable et
famélique qui s'y réfugient parfois.
- Une pratique intolérable encore et bien propre
à ruiner le crédit de l'Eglise auprès du peuple, c'est
l'alras qui-est trop souvent fait des cérémonies du
culte en faveur de la vanité des fidèles. Rien n'est
moins conforme à l'esprit de l'Evangile et n'inspire
plus d'aversion et de défiance à la masse populaire
que ces mariages et ces enterrements fastueux où
le jeune homme à la vie seandaleuse voit couron-
ner son hymen, où le riche qui ne fut pas toujours
homme de bien est porté en terre, escortés l'un et
l'autre de théories de prêtres bénisseurs ou pleu-
reurs et qui sont exclusivement là, selon l'expres-
sion des juriconsùltes romains ad pompam et os- ;
leruaiionem.Kiue penser encore de la distinction hu-
miliante publiquement établie entre les parqissiens
dans certaines églises rurales ? Qui n'a été choqué
à la lecture d'une série d'annonces de mariages ou
de services mortuaires d'entendre le prêtre en
chaire désigner certains fidèles par leur nom tout
court, alors qu'il venait de faire précéder les noms
de certains autres du titre de Monsieur, Madame
ou Mademoiselle.
Il n'y a vraiment rien à ajouter à cette cita-
tion un peu longue, mais à coup sûr non inu-
tile. Le tableau est fait de main de maître.
Et maintenant la parole est à ceux dont M.
Chaine a dévoilé les tares. Gageons qu'ils ne
rentreront pas en eux-mêmes et qu'ils ne re-
connaîtront pas leurs torts, mais que, se tour-
nant vers l'homme courageux qui a osé les
rendre publiques, ils flétriront ce pelé, ce ga-
leux d'où vient tout le mal. Haro sur le bau-
det 1 — L. Armbruster.
»
UN SCANDALE CLÉRICAL
Le parquet de Saint-Dié s'est transporté hier
à Gérardmer et a mis en état d'arrestation le
curé recteur de cette localité inculpé d'actes
immoraux vis-à-vis de jeunes filles qui fré-
quentaient sa classe de catéchisme.
Cet événement produit une grosse émotion
dans cette région devenue si cléricale depuis
quelques années.
Le curé a été emmené, dans la soirée, dans
un landau fermé, à la prison de Saint-Dié. Une
foule de plus de 200 personnes assistait à son
départ et aurait fait un mauvais parti au triste;
personnage si les gendarmes ne l'avaient, pas
protégé.
LA MAFIA EN PRUSSE
(De notre correspondent particulier)
Berlin, 19 juillet.
On se rappelle encore le commencement des
révélàtions relatives aux menées d'une puis-
sante coterie dans la Posnanie.La question des
fonds destinés à racheter les terres des Polonais
ét à y établir des colons allemands n'était pas
toujours impeccable. Le-commandant Von -eu--
dell s'était approprié des sommes, mais tous
ceux qui le lui reprochèrent furent persécutés
èt l'un fut même poussé au suicide, grâce à de
puissantes influences de Berlin
Après plus dlun-an, le commandant se voit
dans la nécessité d'intenter un procès à un
journal qui a parlé de ces menées. Il ne fait
rpas ce procès de 'gaité de ccôur. mais il y est
:forcé.
On affirme que la séance publique lui réserve
quelques émotions et au public des révélations
retentissantes.
La lieutenant Modugno en Chine
(De notre correspondant particulier)
Rome, 19 juillet.
Contre le lieutenant de Modugno, qui est en
prison sous l'inculpation d'avoir assassiné sa
femme, de nouveaux chefs d'accusation ont
été formulés à la suite des dépositions de plu-
sieurs .soldats de l'expédition de Chine.
Le lieutenant aurait nuitamment envahi des
maisons appàrtenant à de riches Chinois èt les
aurait complètement dévalisées. Le principal
champ de ses exploits était Pao-Ting-Fou.
Souvent il se disait gendarme pour pénétrer
dans l'intérieur des demeures. Une fois entré
avec séssoldats; il commettait toutes sortes
d'atrocités et faisait subir la torture à ceux qui
ne voulaient pas lui indiquer où se trouvaient
l'argent et les valeurs. Dans ses excursions
nocturnes, il avait avec lui une sorte de ca-
mion sur lequel se trouvait un coffre-fort prêt
à recevoir les fonds yolés. -
LA POSTE A PARISA-
Le provincial étonné. — Dans la loge
du concierge. - La lecture des
cartes postales. — Une coutume
parisienne. — Décision d'un
juge de paix. — Comment
les Parisiens reçoi-
vent leurs lettres.
— La force de
l'habitude.
Un des vifs étonnements du provincial ve-
nant s'installer à Paris est de voir la façon dont
le service dés Postes fonctionne dans la ca-
pitale.
Le nouvel arrivant encore imbu de6 idées on,
comme on voudra les appeler, des préjugés de
sa petite ville, dans laquelle la distribution des
correspondances est toujours entourée de dis-
crétion et même d'un certain mystère, ne voit
pas sans surprise les lettres pour dix. quinze,
vingt et souvent davantage locataires d'un
même immeuble, jetées pêle-mêle et en tas par
le facteur sur la tablé du concierge : puis celui-
ci, aidé par des comperes, locataires eux-
même, "quelquefois mal intentionnés, parfois
simplement curieux, mais toujours présents
par hasard autour de la loge, au moment du
passage du facteur, faire le tri de toute la cor-
respondance apportéee, examiner les lettres
pour telle ou telle personne, scruter le timbre
d'origine, lire les cartes postales et se livrer
aux commentaires que tous les Parisiens con-
naissent.
- Les cartes postales et les - concierges
Ici j'ouvre une petite parenthèse. La lecture
des cartes postales par les concierges n'est
pas obligatoire et tous, quoique se livraut à peu
près ouvertement à ce petit exercice, n'avouent
pas cette indiscrétion. Il y en a cependant qui ne
s'en cachent guère, ayant même l'air de croire
que cette lecture est une des charges de leur
emploi.
Je sais un de mes amis, dont le fils était dans
une maison de santé et qui reçut un jour avis
par carte postale de l'arrivée de ce dernier en
meilleure santé.
— Eh bien, M. X.:. lui dit quelques heures après
son concierge, au moment où il passait devant la
loge, se rendant à la gare,vous devez être content?
— Conten? ! répondit mon ami, qui n'ayant en-
core parlé à personne de la nouvelle, était loin de
penser qu'elle fat connue de son concierge et qui
songeait par conséquent à tout autre chose ; et
pourquoi donc ?
— Mais votre fils qui revient bien portant e C'est
une bonne nouvelle!
— Ah ! oui, parfaitement. Nous sommes tous
enchantés. Mais comment l'avez-vous su ?
— Eh bien ! Mais. Et la carte postale que vous
avez reçue ?
— Ah ! C'est juste. Vous les lisez?
— Toujours, monsieur, ainsi que les avis de ma-
riage et de décès, afin de savoir s'il y a quelque
chose d'urgent et s'il faut les monter aussitôt aux
locataires.
Différemment, vous comprenez, si ce n'est pas
urgent, nous attendons. On ne se presse pas.
Donc, ici, à Paris, toutes les lettres des loca-
taires d'une maison sont à la disposition, à la
discrétion,— d'autres diraient à l'indiscrétion,
— du concierge.
La remise des lettres aux locataires
Bien que nous ayons six distributions par
jour, c'est-à-dire bien que l'administration des
postes juge qu'il soit nécessaire de nous faire
porter nos lettres six fois par jour et que le
budget paie des facteurs en conséquence, les
meilleurs concierges, dans les maisons les
mieux tenues, trouvent convenable de ne
monter leurs lettres aux locataires que trois
fois par jour. Je crois même qu'un locataire
grincheux auquel son concierge ne voulait
porter ses lettres qu'une fois la journée a fait
juger la chose par le juge de paix et que celui-
ci, à la grande-joie de la population, a décidé
que les lettres devaient être montées trois fois,
le matin, à midi et le soir.
- Quant aux journaux et aux imprimés, la plu-
part des concierges ne les montent jamais; ils
attendent que quelqu'un, la bonne, un enfant,;
un visiteur, ou le destinataire lui-même passe:
pour lui en faire la remise.
Dans les maisons bien tenues, je le répète, les:
lettres ne sont montées aux locataires qu'à;
trois moments de la journée. Dans l'interval.l
elles sont placées sur une espèce de tableau ap-
pliqué contre le mur,dans l'Intérieur de la loge,
comme cela se pratique dans les hôtels.
- Dans ces maisons, le concierge, je le. reèon-
nais, est presque toujours dans sa loge et le:
premier venu, en dehors de lui, et surtout sans
sa complicité, ne peut guère s'emparer d'une
lettre ne lui appartenant pas.
Mais tous les locataires sortant de chez eux
ou y revenant, passent par la loge et en pre-
nant leurs lettres, s'ils en ont, peuvent voir
celles de leurs co locataires.
Mais dans beaucoup do maisons, on pour-
rait presque dire le plus grand nombre, les
lettres restent éparses ou en tas sur une table.
le concierge, dans ces maisons, ne se déran-
geant pas pour les porter à chaque distribu-
tion ni même trois fois par jour.
Petits « potins »
Chaque locataire en passant regarde s'il n'y
en a pas pour lui et naturellement il ne se fait ;
pas faute de regarder s'il y en a pour son voi- ;
sin ou sa voisine. Souvent la causette s'engage
à ce sujet avec le concierge ou avec des co-lo-
cataires. On apprend ainsi que la petite dame
du premier reçoit assez souvent des lettres
timbrées de Fontainebleau où se trouve le jeune,
officier, fils du locataire du 2e.
Le concierge a ordre de ne remettre ces let-
tres qu'à Madame elle-même et chaque fois il
y a un petit pourboire.
La bonne du second reçoit des lettres de Ver-
sailles, etc., etc. ,
Il est arrivé parfois, disent les mauvaises
langues, que certaines lettres, lettres d'amour
ou d'affaires, se sont égarées ou ont été détour-
nées, soit par des concierges indélicats ou cu-
rieux, soit par des locataires tout aussi indé-
licats, soit encore par suite d'erreurs.
Je connais quelqu'un qui, demeurant dans
une très grande maison, au rez -do chaussée,
trouve tous les jours sous sa porte dés lettres
qui ne sont pas pour lui.
— C'était à croire, me disait-il, que le concierge
cherche à se débarrasser de ces lettres en les glis-
sant toutes sous ma porte. J'ai eu un moment l'i-
dée que c'était par paresse que le concierge agis-
sait ainsi. Je me trompais car plusieurs jours de
suite d'autres locataires m'ont rapporté des lettres
qui leur avaient été remises par erreur. Ces lettres
avaient du reste été ouvertes, toujours par erreur,
par leurs destinataires prétendus.
La surprime, Tâtonnement de notre provincial
sont donc -parfaitement justifiés et les Parisiens
éprouveraient les mêmes sentiments, si une
longue habitude, une espèce de tradition n'a-
vaient pour ainsi dire oblitéré leur jugement
sur ce sujet :
- Cela s'est toujours fait ainsi, dit-on, c'est donc
que cela doit se faire ainsi.
Au moins cette manière de faire présente-
t-elle quelques avantages. Nous examinerons
une autre fois la question à ce point de vue.
-
CONTRE LE LYNCHAGE
Boston, 19 juillet.
En vue de mettre, un terme aux atrocités que
l'on signale de divers côtés sur le territoire de
f FUnion M. T. Thomas Fortune, commissaire
L des Etats-Bnis à Hawaïet -aux Philippines, dans
la but d'y envoyer dos nègres d'Amérique, sug*.
gère de nommer un nègre tel quo BookorT.
Washington comme gouverneur d'une colonie;
et de lui donner une maison composée de per-
sonnes sympathiques.
11 est certain que les noirs le suivraient en
grand nombre et que l'horrible loi de lynch
recevrait de moins fréquentes applications.
voir à la 3* page
les Dernières Dépêches
cl© la nuit
et la Hevue des Journaux
du matin
AU VATICAN
Les derniers moments du pape
(De notre correspondant partfculler) [
Rome, 19 juillet. »
Le pape a passé une nuit très agitée. La, dé
pression des forces est eonstante. Pendant tout
la nuit, on a veillé au Vatic'an et informé con-
tinuellement par !e téléphone les hauts prélats
qui avaient quitté hier soir, très préoccupés, le
Vatican.
Le docteur Mazzoni est entré au Vatican à
8 h. 15.
Voici le bulletin qui a été publié, à 9 h.i
après la visite des médecins :
Le Pape a passé la nuit sanssonimcil et peu tran-
quille. Les forces continuent à rester déprimées.
Respiration calme et supe rficÍelle, 3i; pouls assez
régulier mais faible, 98 ; température, 36»3.
Signé : Docteurs MAZZONI, LAPPONI.
Le docteur Mazzoni est sorti du Vatican à
9 h. 15 ; il paraissait avoir perdu confiance.
A ceux qui l'interrogeaient, il répondait
« Le pape est couché ; il a passé une nuit agi-g
tée ; cependant il a pris quelque nourriture lir
quide. Ma visite a été assez brève car le Pape sa
montrait agité. »
Rome, 19 juillet, 10 h. 40 matin.
Le bruit court que l'état du Pape est très
grave.
Rome, 19 juillet, 10 h. 50 matin
Les cardinaux Vanutelli, grand pénitencier,
et Oréglia, camerlingue, viennent d'être, appelés
d'urgence au Vatican. Les cardinaux arrivent,
l'un après l'autre au Vatican. Le bruit persiste
que le Pape est dans un état très grave.
Rome, 19 juillet 11 h. 50 matin.
Le Pape est mourant.
Rome, midi 25.
Les cardinaux viennent de sortir du Vatican.
Il se confirme que l'état du pape est extrême-
ment grave. Les ambassadeurs viennent de
télégraphier dans ce sens à leurs gouverne-
ments.
Rome, 1 h. 10 soir.
L premier indice de l'aggravation de l'état de
Léon XIII, fut l'appel urgent adressé aux car-
dinaux Oreglia et Serafino Vannutelli d'aller
Vatican, appel qui provoqua une grande alar-
me. car ces deux cardinaux sont les premiers
appelés dès que le pape est mourant.
Vers 11 h. 112, le bruit de la-mort du souve-
rain pontife a couru, mais il a été ensuite dé-
menti.
Les journaux, dans des éditions spéciales,
confirment la gravité de l'état de 1 auguste
vieillard.
Les membres dit corps diplomatique se sont
rendu au Vatican, mais le-cardinal Rampolla
s'est excusé de ne pouvoir les recevoir, étant
très occupé»
Rome, 2 h. 10.
Le confesseur du pape se tient en perma-
nence dans l'antichambre. Le cardinal Ram-
polla est. deseendu deux fois pour rendre visita
au pape. Le cardinal Serafino Vannutelli,
grand pénitencier, qui doit donner l'abso
lution au pape mourant, est également au Va-
tican.
Rome, 2 h. 55;
Qn a$sure,quo le cardinal Oreglia prendra cet
après-midi, à 4 h., possession des Sacrés Palais
en sa qualité de camorlingue. -
(Voir la suite dans notre DEUXIEME EDITIONj
i j
L'ALLEMAGNE ET LE CONCLAVE
(De noire correspondant particulier) T'i
Berlin, 19 juillet.
Le bureau de la Wilhelmsstrasse répond in-
tentionnellement une note disant que l'Allema-
gne s'abstiendra de toute tentative en vue
d'exercer une influence sur le conclave.
Il est évident que le cabinet de Berlin ne sa
mettra pas en évidence mais il a tout préparé
pour faire marcher l'Autriche, qui a un droit
de vote.
Une correspondance très active a eu lieu avec
le jésuite Steinhuber dont l'influence est très
grande.
UN BATEAU EN FLAMMES
L'eau et le feu. — Nombreuses
victimes
Nijni-Novgorod, 16 Juillet.
Le bateau à vapeur Pierre-l" a brûlé hier
sur le Volga, à 12 kilomètres de cette ville.
Ls feu a pris au premier pont, où se trou-
vait de la matière filée, et pendant qu'il se pro-
pageait avec rapidité, le navire s'ensabla. On
s'empressa de mettre une chaloupe à l'eau,.
mais les passagers épouvantés s'y précipitèrent
confusément et l'embarcation chavira. Un
grand nombre de gens, dont on ne connaît pas,
encore le chiffre. se noyèrent.
11 y avait à bord du navire incendié beaucoup
de monde et une forte quantité de marchandi-
ses destinées à la foire de Nijni-Novgorod, où
la nouvelle de ce sinistre a provoqué parmi les
habitants une profonde émotion.
(Voir ta suite dans notre DEUXIEME EDITION,
flae Fêta bien Montmartroise *
On s'amuse sur la butte. — Un concours
musical original. — On couronne
un rosier.
On pouvait supposer qu'après avoir célébré
trois jours et trois nuits durant la fête na-
tionale, en un merveilleux élan d'enthousias-
me, les Montmartrois devaient voir se ralentir
leur patriotique entrain.
Il n'en est rien, et on a continué hier à fêter
la République à Montmartre. Il n'y a pas de
grande fête sans octave. D'octave, certes, il en
exista car ce fut, pendant trois heures, un dé-
luge de tierces, de quartes et autres conson-
nances et dissonnances, se résumant en un flot
montant d'harmonie pour se résoudre en des
accords parfaits, en raison du grand concours
de bigotphones organisé rue Pierre-Picard, à
l'angle de la rue Clignancourt.
Et qu'on ne se récrie pas, ce modeste instru-
ment ne laisse pas d'avoir sa valeur. Le vir-
tuose qui en connaît les ressources sait en
tirer des accents suaves et des sonorités impré-
vues. Toujours est-il que si l'on naît bigotpho-
niste, l'on ne devieat virtuose que grâce à des
études approfondies ; à d'assidus labeurs.
Il y a mêm. lieu d'espérer que d'ici à Dra
PARIS & DÉPARTEMENTS
Le Numéro CINQ CENTIMES
LE XIX SIECLE
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nal dans les localités où ils vont, nous
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— 20 — 1 fr. »»
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L ———————
NOS LEADERS
POUR LE TABAC
Cruel Blondeau, qui vient de souf-
fler sur l'illusion douce en laquelle,
pendant deux jours, j'ai vécu !. Vous
avez lu la note qu'il a publiée, hier,
dans ses « Tribunaux » du Rappel :
— « C'est à tort que plusieurs de nos
confrères ont annoncé que la 8e cham-
bre correctionnelle venait de déclarer
que le fait de fumer dans un omnibus
ne constitue pas un délit. »
Et moi qui, sur la foi de l'informa-
tion colportée par les confrères dont
s'agit, n'attendais que l'occasion de
monter en omnibus pour y allumer
une « sibiche » triomphale ! Comme on
fait bien de tourner sept fois sa ciga-
rette entre ses lèvres avant d'y mettre
le feu !
Mais relisons, s'il vous plaît, jusqu'au
bout, la rectification rédigée par notre
excellent Blondeau :
La décision de la 8' chambre s'applique aux
tramways Nogentais et aux tramways de péné-
tration qui ne sont assimilés ni aux chemins
de fer. ni aux omnibus et tramways circulant
dans Paris, lesquels sont soumis aux lois et or-
donnances de police qui défendent d'y fumer,
tandis que les îramways de pénétration no
peuvent êtr/,teints par les aiêmes ordonnan-
ces;
A 'iâ bonne heure! voila qui est très
clair. Et il ne nous reste qu'à nous ex-
tasier une fois de plus sur les beautés
spéciales de la réglementation dont les
mailles nous enserrent de toutes parts
et gênent si considérablement nos al-
lées et venues.
***
Regardons d'un peu près, voulez-
vous.
Ainsi, voici des tramways où il est
désormais, en vertu du jugement de
la 8e chambre, licite de fumer, et d'au-
tres où cela continue à être formelle-
ment interdit.
Pourtant, si vous examinez ces tram-
ways, ils vous paraîtront tout à fait
semblables les uns aux autres. Les
tramways dits : de pénétration sont
à traction électrique, mais il y a nom-
bre de tramways « circulant dans Pa-
ris », pourvus de la traction électrique;
et loasqu'ils sont en-deça des fortifica-
tions, les tramways de pénétration
« circulent dans Paris » tout comme
leurs congénères qui ne dépassent point
les barrières. Les uns et les autres
servent au transport en commun des
voyageurs des deux sexes et de tout
âge; ils sont pareils.
La logique voudrait donc que le
même régime leur fût appliqué. Mais
si vous cherchez de la logique en ma-
tière de réglementation, vous êtes,
permettez-moi de vous le dire, fichus.
La vérité est que les tramways de
pénétration bénéficient simplement de
leur jeunesse relative ; qu'on n'a pas
pu les englober — puisqu'ils n'exis-
taient pas encore — dans les règle-
ments et ordonnances qui interdisent
de fumer dans l'intérieur des omnibus
et tramways ordinaires ; et qu'ainsi:
Ils jouissent d'avantages et d'immuni-
tés dont leurs aînés sont privés.
Et le jugement de la 8° chambre est
Intéressant' et c'est pourquoi j'en
parle — en ce qu'il fait apprécier le
caractère suranné des règlements et
ordonnances en question ; en cè que,
à proprement parler, il les frappe vir-
tuellement de caducité.
Nous voici, dès à présent, armés
pour réclamer le retrait des ordonnan-
ces et règlements oppresseurs qui in-
terdisent de fumer dans les omnibus.
Et c'est ce que nous faisons ici.
Le tabac, je l'ai déjà écrit à cette
même place, est un grand calomnié;
je le considère comme un désinfectant
salutaire el,¡. ce point de vue,je prends
sa défense. -
Je ne serai évidemment contredit
par personne si j'avoue qu'en omnibus,
en général, ça ne sent pas bon.
La ventilation ne pouvant être obte-
nue que par un violent courant d'air,
il s'ensuit que les glaces sont presque
continuellement levées. Or, parmi les
voyageurs, il y a, souvent, des gens
dont la transpiration est violemment
odorante ; il y en a d'autres qui ont reçu
la pluie et dont les vêtements et les
souliers mouilles exhalent des sen-
teurs plutôt fortes ; il y en a qui intro-
duisent avec eux des bouquets dont il
serait peut-être agréable de respirer
les suavités en plein air, mais qui,
dans cet espace restreint, sont intolé-
rables ; il y a aussi les dames qui mé-
ditent vraiment le nom de « cépha-
lalgies ambulantes » tant elles sont
imbibées de parfums (?), si abusifs
qu'on ne saurait demeurer plus de
cinq minutes auprès d'elles sans être
empoigné par le mai de tête.
Dites s'il n'est pas vraiment absurde
que nous ne puissions, nous, fumeurs,
nous défendre contre tout cela au
moyen de l'odeur saine et hygiénique
du tabac.
.**'
Remarquez que les lois, ordonnances,
décrets, règlements, que sais-je? aux-
quels il vient d'être fait allusion, ont
dû déjà fléchir sous la poussée des
mœurs, si j'ose m'exprimer ainsi. Sur
les lignes ferrées, indépendamment des
compartiments réservés aux femmes, le
tabac est toléré partout, sauf le cas où
des voyageurs y mettent opposition. Et
le nombre de ceux-ci est devenu si res-
treint, qu'il a été proposé de réserver,
à l'inverse de ce qui existe, des bouts
de wagon pour « non-fumeurs ».
Déjà — cela remonte pourtant assez
loin — la Renée Mauperin des Gon-
court s'étonnait que l'on pût encore
rencontrer des « compartiments 'pgur
fumeurs ». Il y a, assurément, à
l'heure où nous sommes, peu de fem-
mes assez mal élevées pour interdire
aux hommes qui se trouvent dans
leur société le puissant adjuvant du
tabac. De sorte que l'on se demande en
vérité, pourquoi et pour qui subsiste
cette absurde interdiction de fumer.
Puisse le jugement de la Se chambre
être le point de départ d'une campa-
gne qui aboutira à la suppression de
tous ces règlements bêtes qui gênent
les fumeurs. Seuls pourront s'en plain-
dre les membres de la Société contre
l'abus du tabac. Mais je les trouve en-
core de réussis cocos, ceux-là. L'abus
du tabac!. Dénichez-moi donc, espè-
ces de prohibiteurs enragés que vous
êtes, une seule chose dont il soit pos-
sible de faire abus sans danger. Sera-
ce le travail ? Sera-ce l'amour ?. Al-
lons donc! La vérité est que la machine
humaine est ainsi faite qu'elle ne peut
impunément abuser de rien - pas
même de. la réglementation.
Lucien Victor-Meunier.
—— —— ———————————
Le Concordat de la Polie. des mœurs
Donc, le gouvernement admet
que le régimedesmœurs a besoin
d'être profondément modifié. On
reconnaît que les honnêtes fem-
mes ne peuvent plus être livrées
à l'arbitraire et à la brutalité
d'une police spéciale, fameuse par ses er-
reurs et par ses fautes. On accorde que les
malheureuses réduites par la misère à la
prostitution ne doivent plus être traquées
comme des criminelles.,
Ce n'est pas que l'idée abolitionniste ait
eu raison de tous les scrupules de M. Com-
bes. Et le rapport adressé par le chef du
cabinet au Président de la République nous
montre qu'il s'agit moins de supprimer
toute réglementation que de remplacer les
mesures préventives actuelles par d'autres
mesures moins rudes, moins choquantes,
pour les esprits libres et sensés.
M. Combes ne cache pas que c'est dans
ce sens qu'il aimerait à voir la commission
extraparlementaire, constituée par décret,
diriger ses travaux.
« Passer brusquement de la réglementation
séculaire à un régime de pleine liberté, ap-
paraît, jusqu'à plus ample infoimé, au mi-
nistre de l'Intérieur, comme une expérience
pleine de dangers et susceptible de troubler
profondément les populations urbaines qui
n'y sont uullement préparées. )) Bref, en-
tourer de certaines précautions la formalité
de l'inscription des filles publiques sur les
registres des mœurs ; abolir les interdic-
tions surannées ou inutilement vexatoires ;
rejeter la répression administrative pra-
tiquée par l'autorité de police, attende que'
seuls les tribunaux peuvent édicter des,
peines ; telles seraient les grandes lignes de
la réforme voulue par M, Combes.
Le président du conseil doit sentir
qu'une grave objection de principe lui sera
faite; la réglementation annoncée, même
moins odieuse que le régime actuel, sera
évidemment contraire aux Droits de l'Hom-
me.
Est-il sage d'introduLe l'arbitraire dans
la loi?
Car le législateur français n'a jamais sta-
tué sur la question ; la police des mœurs
existe en dépit de la loi ; elle constitue une
violation de la loi à laquelle le ministre de
l'intérieur a le droit, le pouvoir et le devoir
de mettre un terme. >
La Chambre acceptera-t-elle de sanction-
ner les abus anciens et de donner son ap-
probation aux abus futurs ? Ce serait orga-
niser, en quelque sorte, le Concordat de la
police des mœurs. Il y a de quoi réfléchir.
Mais, peut-être M. Combes pense-t-il
que la réforme du régimedes mœurs pour-
rait être opérée sans intervention du légis-
lateur ? Alors, je ne discuterais plus : l'ar-
bitraire n'a jamais été amélioré par l'arbi-
traire ; il y a certainement autre chose à
faire qu'à couvrir un règlement illégal de
l'autorité d'un décret inconstitutionnel. La
commission extraparlementaire n'aura pas
tort de statuer, dès ses premières séances,
sur ces questions préjudicielles Ch B.
-———————————- .————————————
UNE LOCOMOTIVE DE ROUTE
POUR L'ARMÉE ALLEMANDE
(De notre correspondant particulier)
Magdebourg, 19 juillet.
Deux officiers et six hommes des troupes de
transport à Berlin, font sur les routes des en-
virons de Magdebourg des expériences avec
une locomotive de routé d'un nouveau sys-
tème. Chacune peut prendre une charge de
5.000 kilogrammes.
Les courses d'essais terminées, la locomotive
avec son train partira pour le polygone de Iue-
içrbog en prenant la chaussée de Gœrzk^, x
CAUSERIE PEDAGOGIQUE
La Fête Nationale
La valeur éducative du 14 Juillet. —
Commémoration patriotique ou Ker-
messe foraine. — Les grandes jour-
nées de la Révolution. — Fêtes
politiques. — Parades militaires
et conférences démocratiques
- Le rôle des instituteurs,
- L'éducation du peuple.
La fête nationale a été célébrée la semaine
dernière avec la gaîté qu'elle a l'habitude de
provoquer. Autrement dit, la France a été.
grandement divertie le 14 juillet, par je ne sais
combien de retraites aux flambeaux, de re-
vues, de concerts, de représentations dramati-
ques, de bals champêtres et de feux d'artifices.
Ces réjouissances ressemblent assez, il faut
en convenir, à celles d'une kermesse. Elles font
la joie des enfants et des familles. Mais où est
leur valeur éducative ? Vous la chercheriez en
vain.
La fête nationale est devenue une fête comme
une autre, et c'est ce qu'on peut lui reprocher.
Durant les trois ou quatre années qui ont suivi
son institution, elle avait vraiment une haute
signification : c'était la fête de la Révolution,
une véritable fête républicaine. Pavoiser, illu-
miner sa fenêtre, c'était manifester son opi-
nion. Les républicains décoraient done leurs
demeures et leurs rues avec un entrain qui n'a
été conservé que dans, les quartiers populaires
où les traditions gardent toujours une grande
force. Maintenant on arbore les drapeaux, on
allume les lampions bien moins pour afficher
ses sentiments que pour obéir à la coutume.
Ce sont surtout les édifices publics qui main-
tiennent l'éclat de la fête.
L'approche du 14 juillet ne fait plus battre
les cœurs, n'enfièvre plus les cerveaux comme
quand on le glorifiait, il y a vingt ans en
pensant aux ancêtres héroïques,aux vainqueurs
de la Bastille.
Le jour de gloire
Le 14 juillet n'est plus une commémoration
patriotique ; c'est simplement un jour d'amu-
sement général.
Et ce jour revient tous les ans avec une ré-
gularité fatigante, alors qu'il serait très facile
et très utile de le faire varier.
Pour célébrer la Révolution, le choix peut,
en effet, s'exercer sur plus de vingt dates. Au.
lieu de s'en tenir à l'unique souvenir de la,
prise de la Bastille, il serait possible et intéres-
sant de faire revivre à tour de rôle les journées
fameuses qui ont marqué le triomphe des idées
démocratiques et la naissance de l'ère contem-
poraine.
Par exemple, on fêterait l'anniversaire de la
convocation des Etats-Généraux, puis celui de
leur réunion. Ensuite viendrait le serment du
Jeu de Paume, et après le 14 juillet, la nuit du
4 août, puis le 5 octobre, jour où la Déclaration
des droits de l'homme et du citoyen fut impo
sée à l'ancienne monarchie.
- Chaque réforme fondamentale opérée dans
l'organisation eociale par la Constituante ou
par la Convention se verrait consacrer un
jour dans l'existence d'une génération d'hom-
mes.
De même, l'anniversaire de la bataille de
Valmy, qui a sauvé la Révolution et préservé
la France de l'invasion.- -
L'énumération serait longue si nous rappe-
lions tous les événements révolutionnaires di-
gnes d'être l'objet d'une fête nationale.
L'imprévu d'une fête mobile -
Mais — et c'est là le point, important — si
tous les ans cette fête était mobile, elle excite-
rait un enthousiasme d'autant plus vif qu'il
aurait quelque chose d'imprévu.
A vrai dire, on se préparerait à la célébra-
tion quelque temps à l'avance, et le succès se-
rait assuré par l'entrain de chacun.
Ce serait une fête, franchement politique et
nationale, qui ne ressemblerait pas aux fêtes
périodiques et routinières.
Ce ne serait pas non plus une fête foraine.
Ce serait,au contraire, une fête essentiellement
instructive et éducative qui consisterait moins
à faire parader les militaires, à faire parler la.
poudre et jouer les fanfares qu'à rassembler les
citoyens et les citoyennes, dans une salle de
conférence, en vue de leur faire eh détail le
récit de la journée en mémoire de laquelle la
fête aurait lieu. - -
Ainsi a-t-il été fait d'ailleurs pendant plu- :
sieurs années pour le 14 juillet aussitôt après;
que cette date eût été adoptée pour la fête na-'
tionale. Seulement on a craint — non sans rai- ;
son — de voir le peuple se lasser d'aller onten- ,
dre régulièrement chaque année une confé-
rence sur le même sujet. On a mis fin à cet
usage excellent.
L'instituteur conférencier
Il serait bon de le ressusciter.
Il-renaitrait de lui-même on peut en être per-
suadé.
S'il s'agissait de célébrer tous les ans une
fête nouvelle. Les conférences ne manqueraient
pas d'être fréquentées car se faisant suite l'une
à l'autre elles remettraient au jour l'histoire si
passionnante de la Révolution tout entière. @
Les conférenciers ne feraient pas défaut. Il
y a aujourd'hui un conférencier dans chaque
commune, et c'est l'instituteur auquel presque
partout les œuvres postcolaires,ont donné l'ha-
bitude plus ou moins grande de la-p-arole.
Dans les villes il y a les professeurs de collège,
de lycées ou de facultés. Et nous ne parlons ni
des avocats ni des publicistes républicains qui
seraient heureux de prêter leur talent à cette
occasion.
Ces conférences annuelles sur la Révolution
pourraient, d'ailleurs, fort bien être faites à
propos du 14 Juillet. C'est une entreprise à-ten-
ter et relativement "facile à faire réussir. Il
suffit d'y apporter un ferme esprit de suite. Les
municipalités qui en prendraient l'initiative
ajouteraient au programme de la fête nationale
un numéro sensiblement supérieur à tous ceux
qui y figurent d'ordinaire.
On parle souvent dé faire contribuer les fêtes
à l'éducation des enfants et du peuple.Sans con-
tredit, la plus puissante des fêtes, à cet effet, à
cause des souvenirs et des sentiments qu'elle
est capable d'éveiller, c'est -la fête Jnationsle.
Mais il semble qu'on s'empresse partout.de l'ou-
blier quand on l'organise. -
ARMAND DEPPER.
■] — ——— M
CRISE MINISTERIELLE EN ESPAGRr
Madrid, 19 juillet.
Après avoir 'étudié les crédits de la marine,
tous les ministres ont cru devoir donner leur
démission à M. Silvela. -,-
Le président du Conseil s'est rendu aussitôt
au Palais-Royal pour présenter au roi la dé-
mission de tout le cabinet.
La Chambre et le Sénat ont suspendu leurs
séances en vertu d'une communication du gou-
vernement annonçant qu'une crise manisté-
rielle est ouverte.
Le roi a offert à M. Silvela la missiontle for-
mer le nouveau cabinet, mais M. Silvela a re-
fusé. - ,.-
M. Villaverde. président de la Chambre des
léputés, a été appelé au Palais-Royal. -
Madrid, 19 juillet.
- M. Villaverde, qui a açcepté la mission de
confluer on ministère est sllé au palais ren-
dre compte au roi du résultat de ses démarches
et de ses pourparlers on vue de la formation
du nouveau cabinet, n a déclaré qu'il aurait
complété la liste des nouveaux ministres cette
après-midi ou ce soir.
ÉLECTION LÉGISLATIVE
Arrondissement de Sceaux
(Première circonscription)
Inscrits : 18.355 — Votants : 13.602
MM. Deloncle, radical-socialisto.. 4.546
Hémard, nationaliste. 6.381
Faberot, socialiste 1.597
Combet, socialiste. 595
Il y a ballottage
L'élection, au second tour, dépend, on le
voit, des deux candidats socialistes. Nous ne
doutons pas un instant qu'ils ne soient prêts à
faire leur devoir, qui est, en se retirant, de re-
porter leurs voix sur le citoyen Deloncle, can-
didat désigné au premier tour par le suffrage
universel.
PEINTS PAR EUX-MÊMES
Il est vraiment très intéressant, le petit livre
de M. Chaine, et ceux-là mêmes auquel il n'est
pas destiné le liront avec fruit et en tireront le
plus grand profit.
On n'en a point vu trace dans les journaux
cléricaux et pour cause, M. Chaîne, je le disais
hier, autrefois glorifié est aujourd'hui suspect.
Il est devenu un traître, en attendant l'excom -
munication prochaine, OIt ourdit contre lui la
conspiration du silence.
C'est que, recherchant les raisons des « dif-
ficultés actuelles » des catholiques français il
les a trouvées dans leurs propres fautes. Et il
ne s'est pas gêné pour dire ce qu'il pensait.
C'est ainsi que M. Chaine constate, en excel-
lents termes, qu'il y a « des doctrines de haine,
des fléaux intellectuels, des préjugés ridicules
ou dégradants, des superstitions, des pusilla-
nimités qui végètent en parasites et en enne-
mis à l'ombre de l'idée religieuse ».
Et, parlant de l'esprit d'égalité dans l'église,
il dit :
Alors qu'on voit fréquemment certaines da-
mes d'œuvres occuper à elles seules deux chaises
et quelquefois trois (pourquoi pas une chaise
longue ?) afin de réciter plus confortablement leurs
patenôtres, il n'est pas rare d'apercevoir debout
derriéçp les piliers de pauvres femmes mal vêtués
cherchant à faire excuser leur présence, où des
pauvresses en loques accroupies derrière les béni-
tiers ou sous les porches.
Cette façon de transformer le temple du Sei-
gneur en salon bourgeois où les gens n'approchent
du maître qu'en raison de leur importance sociale,
de leur situation dans les « affaires » s'aggravent
eucore dans certaines églises de grandes villes par
le soin avec lequel les bedeaux bien nourris font
la chasse aux malheureux à l'aspect minable et
famélique qui s'y réfugient parfois.
- Une pratique intolérable encore et bien propre
à ruiner le crédit de l'Eglise auprès du peuple, c'est
l'alras qui-est trop souvent fait des cérémonies du
culte en faveur de la vanité des fidèles. Rien n'est
moins conforme à l'esprit de l'Evangile et n'inspire
plus d'aversion et de défiance à la masse populaire
que ces mariages et ces enterrements fastueux où
le jeune homme à la vie seandaleuse voit couron-
ner son hymen, où le riche qui ne fut pas toujours
homme de bien est porté en terre, escortés l'un et
l'autre de théories de prêtres bénisseurs ou pleu-
reurs et qui sont exclusivement là, selon l'expres-
sion des juriconsùltes romains ad pompam et os- ;
leruaiionem.Kiue penser encore de la distinction hu-
miliante publiquement établie entre les parqissiens
dans certaines églises rurales ? Qui n'a été choqué
à la lecture d'une série d'annonces de mariages ou
de services mortuaires d'entendre le prêtre en
chaire désigner certains fidèles par leur nom tout
court, alors qu'il venait de faire précéder les noms
de certains autres du titre de Monsieur, Madame
ou Mademoiselle.
Il n'y a vraiment rien à ajouter à cette cita-
tion un peu longue, mais à coup sûr non inu-
tile. Le tableau est fait de main de maître.
Et maintenant la parole est à ceux dont M.
Chaine a dévoilé les tares. Gageons qu'ils ne
rentreront pas en eux-mêmes et qu'ils ne re-
connaîtront pas leurs torts, mais que, se tour-
nant vers l'homme courageux qui a osé les
rendre publiques, ils flétriront ce pelé, ce ga-
leux d'où vient tout le mal. Haro sur le bau-
det 1 — L. Armbruster.
»
UN SCANDALE CLÉRICAL
Le parquet de Saint-Dié s'est transporté hier
à Gérardmer et a mis en état d'arrestation le
curé recteur de cette localité inculpé d'actes
immoraux vis-à-vis de jeunes filles qui fré-
quentaient sa classe de catéchisme.
Cet événement produit une grosse émotion
dans cette région devenue si cléricale depuis
quelques années.
Le curé a été emmené, dans la soirée, dans
un landau fermé, à la prison de Saint-Dié. Une
foule de plus de 200 personnes assistait à son
départ et aurait fait un mauvais parti au triste;
personnage si les gendarmes ne l'avaient, pas
protégé.
LA MAFIA EN PRUSSE
(De notre correspondent particulier)
Berlin, 19 juillet.
On se rappelle encore le commencement des
révélàtions relatives aux menées d'une puis-
sante coterie dans la Posnanie.La question des
fonds destinés à racheter les terres des Polonais
ét à y établir des colons allemands n'était pas
toujours impeccable. Le-commandant Von -eu--
dell s'était approprié des sommes, mais tous
ceux qui le lui reprochèrent furent persécutés
èt l'un fut même poussé au suicide, grâce à de
puissantes influences de Berlin
Après plus dlun-an, le commandant se voit
dans la nécessité d'intenter un procès à un
journal qui a parlé de ces menées. Il ne fait
rpas ce procès de 'gaité de ccôur. mais il y est
:forcé.
On affirme que la séance publique lui réserve
quelques émotions et au public des révélations
retentissantes.
La lieutenant Modugno en Chine
(De notre correspondant particulier)
Rome, 19 juillet.
Contre le lieutenant de Modugno, qui est en
prison sous l'inculpation d'avoir assassiné sa
femme, de nouveaux chefs d'accusation ont
été formulés à la suite des dépositions de plu-
sieurs .soldats de l'expédition de Chine.
Le lieutenant aurait nuitamment envahi des
maisons appàrtenant à de riches Chinois èt les
aurait complètement dévalisées. Le principal
champ de ses exploits était Pao-Ting-Fou.
Souvent il se disait gendarme pour pénétrer
dans l'intérieur des demeures. Une fois entré
avec séssoldats; il commettait toutes sortes
d'atrocités et faisait subir la torture à ceux qui
ne voulaient pas lui indiquer où se trouvaient
l'argent et les valeurs. Dans ses excursions
nocturnes, il avait avec lui une sorte de ca-
mion sur lequel se trouvait un coffre-fort prêt
à recevoir les fonds yolés. -
LA POSTE A PARISA-
Le provincial étonné. — Dans la loge
du concierge. - La lecture des
cartes postales. — Une coutume
parisienne. — Décision d'un
juge de paix. — Comment
les Parisiens reçoi-
vent leurs lettres.
— La force de
l'habitude.
Un des vifs étonnements du provincial ve-
nant s'installer à Paris est de voir la façon dont
le service dés Postes fonctionne dans la ca-
pitale.
Le nouvel arrivant encore imbu de6 idées on,
comme on voudra les appeler, des préjugés de
sa petite ville, dans laquelle la distribution des
correspondances est toujours entourée de dis-
crétion et même d'un certain mystère, ne voit
pas sans surprise les lettres pour dix. quinze,
vingt et souvent davantage locataires d'un
même immeuble, jetées pêle-mêle et en tas par
le facteur sur la tablé du concierge : puis celui-
ci, aidé par des comperes, locataires eux-
même, "quelquefois mal intentionnés, parfois
simplement curieux, mais toujours présents
par hasard autour de la loge, au moment du
passage du facteur, faire le tri de toute la cor-
respondance apportéee, examiner les lettres
pour telle ou telle personne, scruter le timbre
d'origine, lire les cartes postales et se livrer
aux commentaires que tous les Parisiens con-
naissent.
- Les cartes postales et les - concierges
Ici j'ouvre une petite parenthèse. La lecture
des cartes postales par les concierges n'est
pas obligatoire et tous, quoique se livraut à peu
près ouvertement à ce petit exercice, n'avouent
pas cette indiscrétion. Il y en a cependant qui ne
s'en cachent guère, ayant même l'air de croire
que cette lecture est une des charges de leur
emploi.
Je sais un de mes amis, dont le fils était dans
une maison de santé et qui reçut un jour avis
par carte postale de l'arrivée de ce dernier en
meilleure santé.
— Eh bien, M. X.:. lui dit quelques heures après
son concierge, au moment où il passait devant la
loge, se rendant à la gare,vous devez être content?
— Conten? ! répondit mon ami, qui n'ayant en-
core parlé à personne de la nouvelle, était loin de
penser qu'elle fat connue de son concierge et qui
songeait par conséquent à tout autre chose ; et
pourquoi donc ?
— Mais votre fils qui revient bien portant e C'est
une bonne nouvelle!
— Ah ! oui, parfaitement. Nous sommes tous
enchantés. Mais comment l'avez-vous su ?
— Eh bien ! Mais. Et la carte postale que vous
avez reçue ?
— Ah ! C'est juste. Vous les lisez?
— Toujours, monsieur, ainsi que les avis de ma-
riage et de décès, afin de savoir s'il y a quelque
chose d'urgent et s'il faut les monter aussitôt aux
locataires.
Différemment, vous comprenez, si ce n'est pas
urgent, nous attendons. On ne se presse pas.
Donc, ici, à Paris, toutes les lettres des loca-
taires d'une maison sont à la disposition, à la
discrétion,— d'autres diraient à l'indiscrétion,
— du concierge.
La remise des lettres aux locataires
Bien que nous ayons six distributions par
jour, c'est-à-dire bien que l'administration des
postes juge qu'il soit nécessaire de nous faire
porter nos lettres six fois par jour et que le
budget paie des facteurs en conséquence, les
meilleurs concierges, dans les maisons les
mieux tenues, trouvent convenable de ne
monter leurs lettres aux locataires que trois
fois par jour. Je crois même qu'un locataire
grincheux auquel son concierge ne voulait
porter ses lettres qu'une fois la journée a fait
juger la chose par le juge de paix et que celui-
ci, à la grande-joie de la population, a décidé
que les lettres devaient être montées trois fois,
le matin, à midi et le soir.
- Quant aux journaux et aux imprimés, la plu-
part des concierges ne les montent jamais; ils
attendent que quelqu'un, la bonne, un enfant,;
un visiteur, ou le destinataire lui-même passe:
pour lui en faire la remise.
Dans les maisons bien tenues, je le répète, les:
lettres ne sont montées aux locataires qu'à;
trois moments de la journée. Dans l'interval.l
elles sont placées sur une espèce de tableau ap-
pliqué contre le mur,dans l'Intérieur de la loge,
comme cela se pratique dans les hôtels.
- Dans ces maisons, le concierge, je le. reèon-
nais, est presque toujours dans sa loge et le:
premier venu, en dehors de lui, et surtout sans
sa complicité, ne peut guère s'emparer d'une
lettre ne lui appartenant pas.
Mais tous les locataires sortant de chez eux
ou y revenant, passent par la loge et en pre-
nant leurs lettres, s'ils en ont, peuvent voir
celles de leurs co locataires.
Mais dans beaucoup do maisons, on pour-
rait presque dire le plus grand nombre, les
lettres restent éparses ou en tas sur une table.
le concierge, dans ces maisons, ne se déran-
geant pas pour les porter à chaque distribu-
tion ni même trois fois par jour.
Petits « potins »
Chaque locataire en passant regarde s'il n'y
en a pas pour lui et naturellement il ne se fait ;
pas faute de regarder s'il y en a pour son voi- ;
sin ou sa voisine. Souvent la causette s'engage
à ce sujet avec le concierge ou avec des co-lo-
cataires. On apprend ainsi que la petite dame
du premier reçoit assez souvent des lettres
timbrées de Fontainebleau où se trouve le jeune,
officier, fils du locataire du 2e.
Le concierge a ordre de ne remettre ces let-
tres qu'à Madame elle-même et chaque fois il
y a un petit pourboire.
La bonne du second reçoit des lettres de Ver-
sailles, etc., etc. ,
Il est arrivé parfois, disent les mauvaises
langues, que certaines lettres, lettres d'amour
ou d'affaires, se sont égarées ou ont été détour-
nées, soit par des concierges indélicats ou cu-
rieux, soit par des locataires tout aussi indé-
licats, soit encore par suite d'erreurs.
Je connais quelqu'un qui, demeurant dans
une très grande maison, au rez -do chaussée,
trouve tous les jours sous sa porte dés lettres
qui ne sont pas pour lui.
— C'était à croire, me disait-il, que le concierge
cherche à se débarrasser de ces lettres en les glis-
sant toutes sous ma porte. J'ai eu un moment l'i-
dée que c'était par paresse que le concierge agis-
sait ainsi. Je me trompais car plusieurs jours de
suite d'autres locataires m'ont rapporté des lettres
qui leur avaient été remises par erreur. Ces lettres
avaient du reste été ouvertes, toujours par erreur,
par leurs destinataires prétendus.
La surprime, Tâtonnement de notre provincial
sont donc -parfaitement justifiés et les Parisiens
éprouveraient les mêmes sentiments, si une
longue habitude, une espèce de tradition n'a-
vaient pour ainsi dire oblitéré leur jugement
sur ce sujet :
- Cela s'est toujours fait ainsi, dit-on, c'est donc
que cela doit se faire ainsi.
Au moins cette manière de faire présente-
t-elle quelques avantages. Nous examinerons
une autre fois la question à ce point de vue.
-
CONTRE LE LYNCHAGE
Boston, 19 juillet.
En vue de mettre, un terme aux atrocités que
l'on signale de divers côtés sur le territoire de
f FUnion M. T. Thomas Fortune, commissaire
L des Etats-Bnis à Hawaïet -aux Philippines, dans
la but d'y envoyer dos nègres d'Amérique, sug*.
gère de nommer un nègre tel quo BookorT.
Washington comme gouverneur d'une colonie;
et de lui donner une maison composée de per-
sonnes sympathiques.
11 est certain que les noirs le suivraient en
grand nombre et que l'horrible loi de lynch
recevrait de moins fréquentes applications.
voir à la 3* page
les Dernières Dépêches
cl© la nuit
et la Hevue des Journaux
du matin
AU VATICAN
Les derniers moments du pape
(De notre correspondant partfculler) [
Rome, 19 juillet. »
Le pape a passé une nuit très agitée. La, dé
pression des forces est eonstante. Pendant tout
la nuit, on a veillé au Vatic'an et informé con-
tinuellement par !e téléphone les hauts prélats
qui avaient quitté hier soir, très préoccupés, le
Vatican.
Le docteur Mazzoni est entré au Vatican à
8 h. 15.
Voici le bulletin qui a été publié, à 9 h.i
après la visite des médecins :
Le Pape a passé la nuit sanssonimcil et peu tran-
quille. Les forces continuent à rester déprimées.
Respiration calme et supe rficÍelle, 3i; pouls assez
régulier mais faible, 98 ; température, 36»3.
Signé : Docteurs MAZZONI, LAPPONI.
Le docteur Mazzoni est sorti du Vatican à
9 h. 15 ; il paraissait avoir perdu confiance.
A ceux qui l'interrogeaient, il répondait
« Le pape est couché ; il a passé une nuit agi-g
tée ; cependant il a pris quelque nourriture lir
quide. Ma visite a été assez brève car le Pape sa
montrait agité. »
Rome, 19 juillet, 10 h. 40 matin.
Le bruit court que l'état du Pape est très
grave.
Rome, 19 juillet, 10 h. 50 matin
Les cardinaux Vanutelli, grand pénitencier,
et Oréglia, camerlingue, viennent d'être, appelés
d'urgence au Vatican. Les cardinaux arrivent,
l'un après l'autre au Vatican. Le bruit persiste
que le Pape est dans un état très grave.
Rome, 19 juillet 11 h. 50 matin.
Le Pape est mourant.
Rome, midi 25.
Les cardinaux viennent de sortir du Vatican.
Il se confirme que l'état du pape est extrême-
ment grave. Les ambassadeurs viennent de
télégraphier dans ce sens à leurs gouverne-
ments.
Rome, 1 h. 10 soir.
L premier indice de l'aggravation de l'état de
Léon XIII, fut l'appel urgent adressé aux car-
dinaux Oreglia et Serafino Vannutelli d'aller
Vatican, appel qui provoqua une grande alar-
me. car ces deux cardinaux sont les premiers
appelés dès que le pape est mourant.
Vers 11 h. 112, le bruit de la-mort du souve-
rain pontife a couru, mais il a été ensuite dé-
menti.
Les journaux, dans des éditions spéciales,
confirment la gravité de l'état de 1 auguste
vieillard.
Les membres dit corps diplomatique se sont
rendu au Vatican, mais le-cardinal Rampolla
s'est excusé de ne pouvoir les recevoir, étant
très occupé»
Rome, 2 h. 10.
Le confesseur du pape se tient en perma-
nence dans l'antichambre. Le cardinal Ram-
polla est. deseendu deux fois pour rendre visita
au pape. Le cardinal Serafino Vannutelli,
grand pénitencier, qui doit donner l'abso
lution au pape mourant, est également au Va-
tican.
Rome, 2 h. 55;
Qn a$sure,quo le cardinal Oreglia prendra cet
après-midi, à 4 h., possession des Sacrés Palais
en sa qualité de camorlingue. -
(Voir la suite dans notre DEUXIEME EDITIONj
i j
L'ALLEMAGNE ET LE CONCLAVE
(De noire correspondant particulier) T'i
Berlin, 19 juillet.
Le bureau de la Wilhelmsstrasse répond in-
tentionnellement une note disant que l'Allema-
gne s'abstiendra de toute tentative en vue
d'exercer une influence sur le conclave.
Il est évident que le cabinet de Berlin ne sa
mettra pas en évidence mais il a tout préparé
pour faire marcher l'Autriche, qui a un droit
de vote.
Une correspondance très active a eu lieu avec
le jésuite Steinhuber dont l'influence est très
grande.
UN BATEAU EN FLAMMES
L'eau et le feu. — Nombreuses
victimes
Nijni-Novgorod, 16 Juillet.
Le bateau à vapeur Pierre-l" a brûlé hier
sur le Volga, à 12 kilomètres de cette ville.
Ls feu a pris au premier pont, où se trou-
vait de la matière filée, et pendant qu'il se pro-
pageait avec rapidité, le navire s'ensabla. On
s'empressa de mettre une chaloupe à l'eau,.
mais les passagers épouvantés s'y précipitèrent
confusément et l'embarcation chavira. Un
grand nombre de gens, dont on ne connaît pas,
encore le chiffre. se noyèrent.
11 y avait à bord du navire incendié beaucoup
de monde et une forte quantité de marchandi-
ses destinées à la foire de Nijni-Novgorod, où
la nouvelle de ce sinistre a provoqué parmi les
habitants une profonde émotion.
(Voir ta suite dans notre DEUXIEME EDITION,
flae Fêta bien Montmartroise *
On s'amuse sur la butte. — Un concours
musical original. — On couronne
un rosier.
On pouvait supposer qu'après avoir célébré
trois jours et trois nuits durant la fête na-
tionale, en un merveilleux élan d'enthousias-
me, les Montmartrois devaient voir se ralentir
leur patriotique entrain.
Il n'en est rien, et on a continué hier à fêter
la République à Montmartre. Il n'y a pas de
grande fête sans octave. D'octave, certes, il en
exista car ce fut, pendant trois heures, un dé-
luge de tierces, de quartes et autres conson-
nances et dissonnances, se résumant en un flot
montant d'harmonie pour se résoudre en des
accords parfaits, en raison du grand concours
de bigotphones organisé rue Pierre-Picard, à
l'angle de la rue Clignancourt.
Et qu'on ne se récrie pas, ce modeste instru-
ment ne laisse pas d'avoir sa valeur. Le vir-
tuose qui en connaît les ressources sait en
tirer des accents suaves et des sonorités impré-
vues. Toujours est-il que si l'on naît bigotpho-
niste, l'on ne devieat virtuose que grâce à des
études approfondies ; à d'assidus labeurs.
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